La parole aux Français Week-End (Émission du 27/05/2023)
L'actualité vue par les témoins du quotidien dans #LaParoleAuxFrancaisWE
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00:00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans La Parole aux Français.
00:00:03 Emi Suki tend son micro au témoin de l'actualité.
00:00:06 Dans un instant, nous revenons sur les retrouvailles à venir d'Eya et de sa maman.
00:00:10 La fillette de 10 ans a été retrouvée au Danemark.
00:00:13 Son père, qui l'avait enlevée en France cette semaine, et son complice ont été interpellés.
00:00:18 Nous reviendrons sur ces cas de séparation qui sont venus parfois jusqu'à l'enlèvement d'enfants
00:00:23 et souvent dans un pays étranger.
00:00:25 Éclairage d'une association de protection de l'enfance, paroles aussi d'une médiatrice familiale.
00:00:31 Les chaises de surveillance baignade seront-elles vides cet été ?
00:00:34 Les maîtres nageurs-sauveteurs sont devenus une denrée rare, il en manquerait 5000 en France.
00:00:39 L'un d'entre nous détaillera cette situation extrêmement problématique,
00:00:43 surtout quand on sait que les noyades font chaque été 500 morts
00:00:46 et qu'un quart concernent des enfants de moins de 6 ans.
00:00:49 Les plus jeunes qui ont justement pris du retard dans leur apprentissage à cause de la crise sanitaire.
00:00:54 Puis en raison de la fermeture de nombreux établissements nautiques pour des raisons de coûts énergétiques.
00:00:59 Et puis nous évoquerons les soucis de santé de Céline Dion.
00:01:02 La star est contrainte d'annuler une nouvelle fois sa tournée mondiale
00:01:06 en cause des effets de cette maladie neurologique rare dont elle souffre.
00:01:10 Qu'est-ce que le syndrome de l'homme raide ? Une neurologue nous l'expliquera.
00:01:14 Et puis Fabien Lequeuvre sera également avec nous, spécialiste de la chanson française.
00:01:18 Avec lui, nous évoquerons ces annulations de concerts de nombreux artistes.
00:01:22 Car Céline Dion n'est pas la seule. Stromae, Jane Birkin, Big Flo et Olly
00:01:26 ont aussi fait part à une époque d'avoir été victimes d'épuisements.
00:01:30 Nous parlerons de ces sujets en compagnie.
00:01:32 Aujourd'hui, Dame Aurélie Bucaud.
00:01:34 Bonjour à Maurice qui fait le début de l'émission avec nous,
00:01:36 journaliste au service Police Justice de la rédaction.
00:01:39 Nous accueillons également Pierre Lelouch, ancien ministre,
00:01:42 et William Tait, président du cercle de réflexion Le Millénaire.
00:01:46 On entame nos discussions dans un instant.
00:01:48 Ce sera après le point sur l'essentiel de l'actualité fait par Adrien Fonteneau.
00:01:52 Le ministère de l'Intérieur suspend son projet de construction
00:01:58 d'un centre de rétention administrative dans la commune de la Trinité.
00:02:02 Un soulagement pour le maire Ladislas Polsky
00:02:04 qui craignait de vivre un cas similaire à celui de Yannick Moraes à Saint-Brévin.
00:02:09 Le maire de Nice, Christian Estrosi, a proposé au ministère de l'Intérieur
00:02:12 que sa commune accueille ce nouveau centre.
00:02:15 Mohamed Awas, joueur du 15 de France, a été placé vendredi soir
00:02:18 en garde à vue à Montpellier pour des faits de violence conjugale.
00:02:21 Déjà jugé dans une affaire de violence en Réunion,
00:02:24 le pilier de Montpellier avait déclaré vouloir tourner la page des erreurs de jeunesse.
00:02:28 En 2022, le rugbyman de 29 ans avait également été condamné à 18 mois de prison avec sursis
00:02:34 pour un braquage datant de 2014.
00:02:36 Et puis la Palme d'Or du 76e Festival de Cannes sera connue ce soir.
00:02:40 21 longs-métrages sont en compétition pour succéder au film Sans filtre,
00:02:44 de L'Oréal en passé.
00:02:46 C'est d'ailleurs son réalisateur Ruben Oslun qui préside le jury lors de cette édition.
00:02:50 Parmi les favoris, The Old Hawk de Ken Loach qui pourrait entrer dans l'histoire
00:02:54 en devenant le premier réalisateur primé trois fois à Cannes.
00:02:57 La mère d'Eya est donc en route vers le Danemark pour retrouver sa fille.
00:03:03 L'enfant de 10 ans, brutalement enlevé jeudi en France par son père,
00:03:07 a été localisé à une centaine de kilomètres au sud de Copenhague.
00:03:10 Son père et son complice ont été interpellés,
00:03:12 selon le procureur de la République de Grenoble.
00:03:15 La fillette va aussi bien que possible après de tels événements.
00:03:19 Elle a été placée en lieu sûr en attendant donc de retrouver sa mère,
00:03:23 en tout cas à Fontaine, près de Grenoble où la jeune fille était scolarisée.
00:03:29 C'est l'heure du soulagement, c'est ce qu'on pu constater sur place,
00:03:32 nos journalistes.
00:03:33 Mickaël Dos Santos et Sacha Robbin.
00:03:36 Pourquoi ce père de famille a-t-il enlevé sa fille ?
00:03:38 Peut-on justifier ce geste ?
00:03:40 Voici quelques-unes des interrogations qui reviennent ici à Fontaine
00:03:44 et au pied de l'immeuble où réside la petite Eya et sa maman.
00:03:48 La plupart des riverains et des voisins ne comprennent pas l'attitude de ce papa,
00:03:53 un homme qui n'a pas pensé, dit-on, au bonheur de sa fille.
00:03:56 Les affaires d'adultes restent des affaires d'adultes.
00:03:59 Les enfants n'ont pas à être mêlés à cela, nous a-t-on dit.
00:04:02 Voici en tout cas quelques-uns des témoignages recueillis en début d'après-midi.
00:04:05 Je pense quand même pour un père de famille, enlever sa petite,
00:04:09 si on pense vraiment à l'habitude, ça ne se fait pas quand même.
00:04:11 Parce que quand on pense au bonheur de la fille,
00:04:13 on fait en sorte qu'elle soit heureuse avec ou sans le papa, c'est malheureux,
00:04:16 mais il faut un équilibre pour l'enfant.
00:04:18 C'est inquiétant de se dire qu'on laisse nos enfants
00:04:22 et malheureusement que ça peut arriver devant nous, devant nos yeux.
00:04:25 Et on ne s'y attendait pas.
00:04:27 Comment elle a pu arriver là et comment ça s'est passé en fait ?
00:04:30 On ne comprend pas.
00:04:31 Je trouve que c'est inadmissible qu'on laisse un papa qui est dangereux,
00:04:36 qui est reconnu par rapport à ses faits, à ses gestes,
00:04:39 de s'approcher de sa famille complètement.
00:04:41 D'autres voisins et riverains nous ont, eux, dit
00:04:45 que la justice n'a peut-être pas réagi assez vite,
00:04:47 qu'elle aurait dû éloigner cet homme
00:04:49 alors que des menaces pesaient sur la petite Eya et sa maman.
00:04:53 Seule une voisine qui réside dans le même immeuble que la petite Eya et sa maman
00:04:56 nous a dit, elle qui était ancienne assistante sociale,
00:04:59 comprendre peut-être le désespoir de ce papa qui était privé de sa fille.
00:05:04 Pour en savoir un petit peu plus, on bénéficie des informations précieuses d'Amaury.
00:05:09 Beaucoup bonjour Amaury.
00:05:11 Finalement, ça se passe assez vite, contrairement aux critiques qu'on peut entendre,
00:05:14 évidemment, et on comprend que la population s'inquiète de la disparition d'un enfant.
00:05:18 C'est une coopération qui s'est mise en place et qui a été fructifiante sur cette affaire.
00:05:21 Tout à fait. Une enquête rondement menée.
00:05:23 On a eu d'ailleurs le procureur de la République de Grenoble
00:05:25 qui était ce matin à l'invite de ces news
00:05:27 et qui a pu s'exprimer tout au long de l'affaire.
00:05:29 Donc on a su tout ce qui se passait, j'allais dire presque en temps réel.
00:05:32 Donc effectivement, la petite Eya a été prise en charge par les services sociaux d'Ana.
00:05:36 Elle a pu s'entretenir avec sa mère et donc a priori, elle va bien.
00:05:40 Elle va prochainement être apatriée en France.
00:05:41 Ça, c'est évident.
00:05:43 Et puis les deux ravisseurs, dont le père d'Eya,
00:05:45 bien, ils ont été interpellés.
00:05:47 Donc à leur arrivée en fait au Danemark, ils ont pris un bateau.
00:05:49 Il venait d'Allemagne, serait passé par la Suisse, en fait,
00:05:52 après avoir passé la frontière française, Allemagne et puis, hop,
00:05:55 arrivé au Danemark, c'est à ce moment là que la police aux frontières danoises
00:05:59 les a interpellés sans incident.
00:06:01 C'est ce qu'a expliqué le procureur.
00:06:03 Alors eux deux, ils vont être rapatriés prochainement en France.
00:06:06 Alors leur extradiction peut se faire dans les prochains jours ou les prochaines semaines.
00:06:09 Ça dépend s'ils vont faire un recours devant la justice,
00:06:11 qu'ils pourront à ce moment là retarder leur extradiction.
00:06:13 Puis, je rappelle qu'il y a une information judiciaire qui a été ouverte en France
00:06:17 pour à la fois les violences aggravées puisqu'ils ont agressé la mère d'Eya,
00:06:20 mais aussi pour la soustraction d'un mineur par son ascendant, en l'occurrence son père,
00:06:25 et puis pour complicité puisqu'il y avait un complice dans l'histoire.
00:06:28 Alors pour cela, la soustraction par ascendant, c'est un an de prison avec 15 000 euros d'amende,
00:06:34 mais ça peut être aggravé.
00:06:35 En l'occurrence là, comme le père a enlevé sa fille en dehors de France, c'est aggravé.
00:06:38 Et donc c'est jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende par contre.
00:06:44 Et puis effectivement, le procureur de la République a souligné la très bonne coopération,
00:06:47 d'abord avec la police, puisque c'est d'abord la coopération qui s'est faite avec la police,
00:06:50 c'est la police danoise qui agit.
00:06:51 Puis maintenant, c'est au niveau judiciaire que ça va se poursuivre
00:06:53 avec ce mandat d'accord européen qui va permettre de ramener le père, son complice,
00:06:58 et la petite fille encore avant en France.
00:07:00 Le procureur qui a aussi précisé que finalement on a levé l'alerte enlèvement,
00:07:04 qu'ils avaient recueilli de nombreux témoignages,
00:07:07 mais que c'est une réelle enquête de police judiciaire qui a mené,
00:07:11 qui a fait réussir ces retrouvailles.
00:07:13 Tout à fait. En fait, finalement l'alerte enlèvement,
00:07:15 c'était, j'allais le dire, presque une mesure de précaution au départ.
00:07:17 On l'a fait, les enquêteurs se doutaient que le père,
00:07:21 qui est d'ailleurs, je rappelle, de nationalité tunisienne et suédoise à la fois,
00:07:24 et la petite fille qui est de nationalité franco-tunisienne,
00:07:27 se doutaient qu'il allait tenter de l'emmener en dehors de France
00:07:30 puisque Grenoble n'est pas loin de la frontière.
00:07:32 Mais l'alerte enlèvement a été faite pour que si finalement cet homme
00:07:35 décide de rester en France et de se cacher avec sa fille,
00:07:37 que les enquêteurs puissent avoir tous les renseignements.
00:07:42 70 messages ont été reçus par les enquêteurs, qu'ils ont filtrés,
00:07:45 qui permettront peut-être à postérieux déjà de comprendre le cheminement
00:07:49 du père et de sa fille et du complice en France avant de passer la frontière
00:07:52 puisque l'alerte enlèvement, c'est un dispositif national,
00:07:55 donc il n'agit pas réellement à l'étranger.
00:07:58 Réaction en plateau avant qu'on avance un peu plus loin
00:08:00 dans ces affaires de divorce compliqué, d'enlèvement d'enfants.
00:08:04 Pierre Lelouch, vous êtes souvent assez critique par rapport à l'Europe,
00:08:09 à la coopération de certains pays.
00:08:10 Là, on voit que ça a été très efficace.
00:08:13 Heureusement, alors qu'ils ont quand même traversé toute l'Allemagne
00:08:17 sans être vus par personne.
00:08:20 Peut-être pas, peut-être que les témoignages ont été dans ce sens en tout cas.
00:08:23 Non, oui.
00:08:25 On vous connaît critique en tout cas souvent sur ces questions.
00:08:27 La liberté de circulation fait qu'on peut effectivement circuler
00:08:30 Passer la frontière.
00:08:31 sans montrer le moindre papier que ce soit.
00:08:33 Là, ils ont pris un bateau, c'est peut-être une des causes qui fait que les...
00:08:37 Je n'ai pas le dossier sous les yeux,
00:08:39 mais la liberté de circulation permet ce genre de choses.
00:08:43 Ce qui est bien aussi, c'est qu'aujourd'hui,
00:08:46 notamment instruits par les attentats de 2015 en France,
00:08:49 qui ont montré à quel point la coopération était inexistante avec nos voisins belges.
00:08:54 On a mis en place tout un système maintenant de communication avec les polices.
00:08:58 Donc, ça fonctionne mieux.
00:09:00 Ça a permis de stopper ces gens au Danemark.
00:09:07 Ce genre de...
00:09:08 Vous savez, dans cette histoire, il y a la souffrance humaine d'une famille
00:09:12 qui a explosé, la souffrance de la mère, l'inquiétude de la mère, l'angoisse...
00:09:18 - Puis on parlera des traumatisations à l'enfant aussi,
00:09:19 d'avoir vu sa mère se faire attaquer à bombes latérales.
00:09:22 - Les gens, à un moment, ils pètent un câble, ils tuent.
00:09:25 Il y a un exemple qui vient de se produire.
00:09:28 Il y a un père de famille qui a littéralement massacré sa femme et ses enfants.
00:09:33 Donc, c'est très, très compliqué de savoir ce qui se passe dans la tête des gens
00:09:38 quand des drames pareils s'installent.
00:09:40 Après, s'agissant de la coopération avec les pays d'enlèvement,
00:09:46 c'est parfois très difficile quand les enfants franchissent la Méditerranée.
00:09:51 C'est très, très compliqué de les récupérer.
00:09:53 Là, heureusement, on est resté dans le cadre de l'Union européenne.
00:09:56 Les polices ont su travailler ensemble et on a une situation qui, à la fin, se termine bien.
00:10:02 Après, il va falloir s'assurer qu'il ne faut pas la peine de prison exécutée.
00:10:07 On ne recommence pas.
00:10:08 Les cadres d'élections dans ce genre de cas sont importants.
00:10:11 Un autre sujet.
00:10:12 William Tay, vous félicitez-vous aussi d'avoir mené à bien et plutôt rapidement.
00:10:16 Oui, plutôt rapidement.
00:10:18 C'est plutôt une bonne nouvelle.
00:10:19 Il y a trois remarques.
00:10:20 La première, c'est que quand on veut, on peut.
00:10:22 Donc, si par cas, on met des moyens, on a en capacité de faire quelque chose.
00:10:25 À quoi pensez-vous, William Tay ?
00:10:26 À plusieurs sujets, mais je pense que les parents doivent être satisfaits.
00:10:31 La petite doit retrouver sa mère aussi.
00:10:33 Donc, c'est une très bonne nouvelle.
00:10:34 Quand il y a des bonnes nouvelles, il faut s'en féliciter.
00:10:36 Il y a deux remarques additionnelles.
00:10:37 La première, c'est ce qu'a dit Pierre Lelouch,
00:10:39 c'est qu'il y a un problème de liberté de circulation en Europe.
00:10:41 C'est-à-dire qu'on a les frontières ouvertes, dit avec l'espace Schengen.
00:10:43 Donc, la question qui se pose, c'est est-ce qu'on développe Europol
00:10:46 pour en faire une sorte de FBI européen ?
00:10:48 Parce qu'aux États-Unis, vous avez des États dits fédérés
00:10:51 avec un État fédéral qui doit mener des enquêtes à travers tous les États dits fédérés.
00:10:55 D'où vous avez la libre circulation des personnes ?
00:10:58 Vous avez toujours des frontières nationales.
00:11:00 Est-ce qu'il ne faut pas, en plus, mettre une coordination avec un FBI européen
00:11:03 capable de pouvoir agir et soutenir les polices nationales ?
00:11:06 Le troisième point que je vois en termes de réflexion, c'est
00:11:09 est-ce que le droit est adapté à l'évolution de la société ?
00:11:13 Vous avez de plus en plus de divorces qui se sont prononcés.
00:11:15 Je crois qu'on a 45 % de mariages qui se terminent en divorce ou 50 %.
00:11:19 Donc, par conséquent, vous aurez de plus en plus de cas avec des enfants séparés.
00:11:23 Comment on fait pour attribuer la garde,
00:11:24 pour faire en sorte qu'on n'a pas ce type de cas répétés ?
00:11:27 Parce qu'avec l'individualisation des personnes, l'individu roi,
00:11:30 chaque personne ou chaque parent va se dire
00:11:31 « moi, je n'ai pas assez de garde de ma fille ou de mon fils.
00:11:34 » Et donc, du coup, des risques d'enlèvement sont supplémentaires.
00:11:36 Or, Dieu est garde à ces évolutions de société.
00:11:38 Comme la société est en train de changer et que le code civil qu'on a pris
00:11:41 n'est plus en phase avec notre société,
00:11:43 moi, je pense qu'il faut faire évoluer le droit,
00:11:45 qu'il soit plus en phase avec les nouvelles mœurs à jour.
00:11:48 Mais il a évolué sur le droit de la famille.
00:11:50 On est dans le partage de la garde.
00:11:52 Quand les gens sont un peu responsables, ça se passe bien.
00:11:55 Quand vous avez d'autres cultures, là, on a affaire à des gens,
00:11:58 le père est d'origine tunisienne,
00:12:00 le rapport à la femme et à l'enfant n'a rien à voir avec le code civil français.
00:12:05 Donc, si on a envie d'amener les traditions de l'autre côté de la Méditerranée,
00:12:11 ça donne ce genre de violence, malheureusement.
00:12:13 La femme n'a pas de droit.
00:12:15 Elle n'a pas de droit, elle peut être répudiée.
00:12:18 Le contrôle des enfants est au père.
00:12:21 Ça explique beaucoup de choses.
00:12:23 Il y a des mots clés comme ça.
00:12:24 On dit « il est suédois tunisien ».
00:12:26 Il est d'abord tunisien avec un droit de la famille,
00:12:30 même malgré Bourguiba, qui a importé en Tunisie beaucoup de droits français.
00:12:35 Le droit de la famille en Afrique du Nord,
00:12:37 il n'y a pas grand-chose à voir avec le code civil français,
00:12:40 où la garche partagée, en général, se passe bien.
00:12:43 Maintenant, si vous avez une réaction ultra machiste sur le thème
00:12:48 « la femme n'existe pas, je reprends l'enfant »,
00:12:51 ça peut emmener soit des drames, dans la famille turque,
00:12:55 où ça vient de se produire.
00:12:57 Le père tue, il tue, il y a un divorce, c'est normal.
00:13:02 Il tue la mère et il tue les enfants.
00:13:04 Là, on a un enlèvement très difficile.
00:13:07 Alors justement, je voudrais qu'on revienne sur ce sort d'enfant victime,
00:13:13 de séparation compliquée entre des parents,
00:13:15 balottée aussi entre plusieurs cultures,
00:13:17 c'est ce que vous évoquiez, plusieurs pays.
00:13:19 Le procureur de la République de Gondoble avait d'ailleurs confié
00:13:21 que les enquêteurs avaient d'abord privilégié la piste de la fuite vers la Tunisie,
00:13:24 puisque le père avait les deux nationalités, suédoise et tunisienne.
00:13:29 Pour en parler avec nous, on est connecté avec Annie Gourgues.
00:13:32 Bonjour, merci d'être dans notre émission.
00:13:34 Vous êtes présidente de La Mouette,
00:13:35 une association fondée il y a presque 40 ans
00:13:37 et qui travaille à la protection de l'enfance,
00:13:39 qui apporte aussi de l'aide et du soutien aux familles de victimes.
00:13:43 On pense donc à cette complexité induite par le fait,
00:13:46 dans cette affaire, qu'on est souvent à cheval sur deux pays.
00:13:49 Est-ce que ça, c'est un obstacle supplémentaire
00:13:52 pour l'aide que vous pouvez apporter ?
00:13:54 Oui, bonjour madame.
00:13:56 Mais on se réjouit quand même de toute cette mise en place en ce moment.
00:14:01 Ça fait à peu près une vingtaine d'années
00:14:03 que les pays commencent à travailler, plus particulièrement avec Europol.
00:14:09 Mais je pense à cet instant à combien de femmes
00:14:14 qui n'ont pas pu avoir élevé leurs enfants,
00:14:17 ni même les voir, ça fait des années pour certaines.
00:14:21 Et c'est là où il y a une avancée
00:14:23 et c'est là où, en tant que responsable
00:14:25 aux associations de défense et de protection d'enfants,
00:14:29 on peut se réjouir de ce qui s'est passé
00:14:33 et comment ça s'est arrêté aujourd'hui pour cet enlèvement parental.
00:14:37 C'est vrai qu'on a déjà évoqué plusieurs fois dans l'actualité
00:14:40 ces cas d'enlèvement d'enfants qui, il faut le rappeler,
00:14:42 sont quand même des cas minoritaires parmi le total de séparations.
00:14:47 Mais vous semblez dire qu'il y en a beaucoup.
00:14:49 Est-ce que vous avez une idée de la proportion que ça représente ?
00:14:52 En 2022, il y a eu 540 enlèvements parentaux en France.
00:15:00 Et c'est un chiffre qui est en augmentation ?
00:15:02 Aujourd'hui, nous en parlons parce qu'il y a eu alerte enlèvement,
00:15:06 même si ça ne marche qu'en France,
00:15:08 ça a quand même réveillé les consciences.
00:15:10 Mais c'est très souvent, très souvent qu'il y a des enlèvements parentaux.
00:15:16 Et malheureusement, c'est très souvent au détriment de la maman.
00:15:21 Bien évidemment, la protection, c'est par rapport à l'enfant
00:15:26 et la maltraitance est subie par l'enfant.
00:15:29 Alors souvent, certains disent, vous savez,
00:15:31 un enlèvement parental, après tout, son père ou sa mère,
00:15:35 c'est une maltraitance incroyable pour un enfant
00:15:39 parce qu'il perd ses repères, il perd ses copains,
00:15:42 il ne va plus à l'école.
00:15:44 Très souvent, il n'est pas soigné justement
00:15:47 parce qu'on ne veut pas faire savoir qu'eux.
00:15:49 Les enlèvements parentaux, c'est un phénomène de société depuis des années.
00:15:54 Alors justement, le travail de votre association,
00:15:56 c'est justement la protection de l'enfance.
00:15:58 On imagine qu'il est extrêmement difficile de prévenir les enfants,
00:16:02 de les protéger de ce genre de situation et de violence
00:16:05 puisqu'ils sont agressés, enlevés par l'un de leurs parents,
00:16:10 en quelque sorte, l'une des personnes en qui il a le plus confiance au monde.
00:16:13 Comment on fait dans ces cas-là ?
00:16:16 C'est très difficile.
00:16:18 Vous savez, nous, nous accompagnons les enfants victimes de violences à la maison
00:16:23 où très souvent, nous sommes obligés d'expliquer à l'enfant
00:16:27 ce que papa ou maman a fait.
00:16:30 Elle n'a pas le droit, toi tu as le droit à la protection, à la sécurité.
00:16:35 Donc, nous allons au tribunal et elle sera punie.
00:16:38 C'est le langage que nous tenons avec les enfants.
00:16:42 Ses papas ou ses mamans, on l'aime quand même,
00:16:45 mais il faut expliquer qu'à un moment donné, on ne peut pas.
00:16:48 On ne peut pas, ce n'est pas parce qu'on est…
00:16:51 Je veux dire, le droit à l'enfant,
00:16:54 on pense souvent au droit à l'enfant,
00:16:58 mais on ne pense pas au droit de l'enfant.
00:17:00 C'est là où c'est mal aimé son enfant.
00:17:03 De venir, parce que j'entendais tout à l'heure
00:17:06 une des personnes qui sont avec vous,
00:17:11 qui disaient qu'il avait perdu la tête.
00:17:13 Mais non, c'est bien préparé,
00:17:15 c'est bien organisé un enlèvement d'enfant.
00:17:18 Il avait un complice, donc évidemment,
00:17:21 on comprend aussi que le plan était fomenté.
00:17:24 Il avait tout ce qu'il fallait pour pouvoir enlever de façon brutale,
00:17:29 bien évidemment, mais ça s'est préparé.
00:17:31 Ce n'est pas un coup comme ça où on en a le bol,
00:17:34 de ne pas voir son enfant, perdre les plans.
00:17:37 Non, on prépare l'enlèvement.
00:17:40 Merci beaucoup, Anne Higourg, d'avoir apporté votre éclairage.
00:17:45 Je vous rappelle que vous êtes présidente de l'association Lamouette,
00:17:48 qui agit dans le secteur de la protection de l'enfance.
00:17:52 Que voulez-vous réagir ?
00:17:53 Non, mais cette dame dit bien sûr que l'enlèvement a été préparé.
00:17:56 Il a trouvé un complice, une voiture, etc.
00:18:00 Ce qu'il faut voir, c'est ce qui amène à une décision de ce genre.
00:18:04 La souffrance qui est dans une famille, qui s'installe
00:18:07 et qui rend très difficile de se prononcer là-dessus
00:18:09 si on ne connaît pas les détails.
00:18:11 Donc, je n'essaie pas du tout d'excuser ce qui n'est pas excusable.
00:18:16 Mais je dis que malheureusement, ce genre de drame est fréquent.
00:18:19 540.
00:18:20 540 enlèvements parentaux.
00:18:22 Il y a tellement de violence dans les familles, c'est terrible.
00:18:25 Et quand il y a des états étrangers, bien souvent, on ne récupère pas l'enfant.
00:18:29 Il y a des pays...
00:18:30 Il y a des familles qui continuent de se battre après plusieurs années.
00:18:32 Vous ne récupérez pas l'enfant non plus.
00:18:34 Les gouvernements ne laissent pas repartir l'enfant.
00:18:36 Alors justement, pour tenter d'y voir plus clair,
00:18:38 on est à présent en ligne avec Daniel Ganancia.
00:18:40 Bonjour, vous êtes vous médiatrice familiale, ancienne juge aux affaires familiales.
00:18:45 Alors, on le disait, il y a plusieurs affaires de ce genre,
00:18:48 plusieurs centaines d'affaires de ce genre.
00:18:50 Encore une fois, je le rappelle, minoritaire dans les cas de dossiers de divorce,
00:18:53 même compliqués.
00:18:53 Quel est votre regard sur ces dossiers de séparation
00:18:56 qui se passent mal au point que l'un des deux adultes
00:18:58 décide d'enlever son propre enfant et souvent de l'emmener loin ?
00:19:03 Comment expliquons ce genre de comportement extrême ?
00:19:06 Alors, ce genre d'enlèvements qui sont effectivement hyper traumatisants
00:19:11 pour l'enfant qui se trouve arraché à son milieu, à un parent,
00:19:15 et souvent il y a des séquelles très graves,
00:19:18 mais ce qu'il faut bien comprendre,
00:19:20 c'est qu'un enlèvement c'est toujours la conséquence
00:19:23 d'un conflit violent entre les parents.
00:19:28 C'est la conséquence d'un conflit avec tous les ressentiments
00:19:33 et l'amertume et la rancœur que ça provoque entre les parents
00:19:38 et où il n'y a pas pu avoir de dialogue entre les parents
00:19:44 pour trouver une solution concernant leur enfant.
00:19:48 La plupart du temps, c'est effectivement un parent qui est frustré
00:19:54 parce qu'il n'a pas pu voir son enfant,
00:19:57 ou alors un parent maltraité qui enlève l'enfant,
00:20:01 mais la plupart du temps c'est la résultante du conflit des parents.
00:20:06 Donc, ce n'est pas l'enfant qu'il faut protéger,
00:20:10 bien sûr qu'il faut protéger l'enfant,
00:20:13 mais il faut protéger surtout la capacité des parents
00:20:19 de trouver des solutions entre eux pour que ça ne se passe pas.
00:20:24 Et la seule solution pacifique à ces conflits, c'est la médiation.
00:20:30 C'est la médiation familiale.
00:20:32 Je ne connais pas bien le cas de la petite Eya,
00:20:35 mais ce qui paraît évident parce que c'est le cas de tous les enlèvements,
00:20:39 c'est que ces parents n'ont pas pu se parler.
00:20:42 Ils n'ont pas pu se parler pour trouver une solution
00:20:45 pour que leur enfant vive paisiblement entre deux parents.
00:20:49 Parce que le premier besoin de l'enfant, bien sûr,
00:20:53 c'est que ses parents s'entendent,
00:20:54 mais aussi c'est d'avoir ces deux parents dans sa vie.
00:20:57 Or, en l'occurrence, il y a eu des circonstances que je ne connais pas
00:21:00 qui font que le conflit a été si violent entre les parents
00:21:05 que peut-être le père n'a pas eu d'autre prise sur la situation
00:21:11 que de montrer comme mesure de rétorsion à la mère
00:21:16 que lui aussi pouvait avoir des droits sur l'enfant.
00:21:19 Mais Danielle Gagnon, c'est-à-dire, pardon, mais là, en disant cela,
00:21:21 finalement, vous envoyez même une critique à votre secteur,
00:21:24 aux médiateurs et médiatrices comme vous,
00:21:26 des gens qui tentaient de trouver un terrain d'entente
00:21:29 et qui échouaient quand on en arrive à ces cas-là.
00:21:31 Non, non, non, je n'en vois pas.
00:21:33 Au contraire, je prône la médiation,
00:21:36 parce que je suppose que dans ce cas, il n'y en a pas eu.
00:21:40 Et la seule solution dans ces cas-là d'enlèvement d'enfant,
00:21:44 c'est que les parents aient pu justement tenter une médiation,
00:21:49 se parler, parce que qu'est-ce que c'est la médiation ?
00:21:52 C'est un processus de dialogue et de compréhension mutuelle entre les parents,
00:21:57 qu'on comprenne ce qui se passe, quels sont les besoins de chaque parent,
00:22:02 quelles sont les attentes.
00:22:05 Et lorsque l'un des parents se trouve vraiment très frustré,
00:22:10 la violence, c'est quand on n'a pas été entendu.
00:22:14 C'est quand le dialogue a échoué.
00:22:16 Madame, à quel moment vous intervenez ?
00:22:18 Pierre Lelouch a une question pour vous, Madame.
00:22:21 À quel moment vous intervenez dans la médiation ?
00:22:23 Après le jugement de divorce, comment ça se passe ?
00:22:26 Non, non, non. La médiation, c'est à tout moment,
00:22:31 et surtout avant, de préférence, évidemment, avant la justice.
00:22:37 Parce que la justice est impuissante à résoudre ces questions.
00:22:41 Mais qui déclenche cette médiation ?
00:22:42 Ça veut dire que les couples viennent vers vous
00:22:44 ou quelqu'un décide d'envoyer ce couple vers vous ?
00:22:47 Un couple vers vous.
00:22:49 Alors, effectivement, l'idéal, c'est que les couples viennent spontanément.
00:22:53 Mais ce n'est pas le cas.
00:22:54 Ils connaissent la médiation.
00:22:56 Ils connaissent l'existence de la médiation.
00:22:58 Mais d'abord, ils ne la connaissent pas, Madame.
00:23:00 Là, je suis dans un colloque de médiation
00:23:02 où notre ministre est venu justement soutenir la médiation,
00:23:07 parce que c'est la seule façon de résoudre...
00:23:09 Oui, mais Madame, la plupart des gens en ignorent même jusqu'à votre existence,
00:23:13 pendant des mois de vous le dire.
00:23:14 Et quand les gens sont sur le point de divorcer,
00:23:17 ils ne vont pas spontanément voir un médiateur.
00:23:19 Donc ma question, c'était, au moment où il y a le règlement du divorce
00:23:23 et des conditions de la garde,
00:23:25 est-ce que là, on vous appelle pour intervenir ou pas ?
00:23:28 Et est-ce que vous avez...
00:23:29 Alors, si vous êtes déjà dans le stade du judiciaire,
00:23:33 malheureusement, où le conflit a échoué,
00:23:36 bien entendu, ce serait le rôle du juge
00:23:39 de conseiller au parti d'aller en médiation.
00:23:42 Mais est-ce qu'ils le font régulièrement ?
00:23:45 Mais malheureusement, ils ne le font pas assez.
00:23:47 Il y a que vous, à assurer, et plus à insuffler.
00:23:50 C'est là le problème.
00:23:51 C'est ce que veut notre ministre.
00:23:52 C'est finalement en donnant la parole à Madame Galancier
00:23:54 et aux autres médiateurs qu'on favorise aussi un peu
00:23:56 la mise en lumière de ces métiers qui peuvent éviter des drapeaux.
00:23:59 C'est là le problème, quand vous avez un litige...
00:24:01 Absolument, c'est un métier essentiel pour la paix des familles,
00:24:04 parce qu'il n'y a que le dialogue qui peut résoudre de façon constructive.
00:24:10 C'est quand les personnes se comprennent,
00:24:12 comprennent ce qui s'est passé entre elles,
00:24:14 que justement on peut trouver des solutions.
00:24:17 Sinon, la justice ne fait qu'aggraver les conflits.
00:24:20 Et donc les juges doivent être assez responsables
00:24:23 pour envoyer les partis dialoguer et trouver elles-mêmes des solutions
00:24:28 qui sont réellement des problèmes de relation entre parents.
00:24:32 On vous a entendu.
00:24:33 Merci beaucoup.
00:24:34 Malheureusement, on doit s'arrêter là, le temps file.
00:24:37 Merci beaucoup, Daniel Galancier, en tout cas,
00:24:39 de nous avoir fait partager votre éclairage sur cette affaire.
00:24:42 Ça vous fait réagir, Pierre Lelouch, bien sûr.
00:24:44 C'est paradoxal, vous venez de donner une question en droit civil,
00:24:47 quand vous avez un problème immobilier, par exemple.
00:24:49 Le juge va désigner un expert judiciaire.
00:24:52 Mais là, il y a une faiblesse du juge à ne pas assez prononcer la médiation.
00:24:56 Direct à la médiation, avant même de juger.
00:24:58 Le juge d'affaires familiales ne le fait pas.
00:25:00 Alors que pourtant, la médiation serait indispensable
00:25:03 pour s'assurer que la garde se fait correctement.
00:25:06 Allez, on continue.
00:25:07 Là, il y a un vrai sujet pour le garde des Sceaux.
00:25:09 On continue de débattre d'autres sujets dans un instant,
00:25:12 juste après la pub.
00:25:13 On reviendra sur les violences et agressions dans le centre-ville de Grenoble.
00:25:16 A tout de suite.
00:25:17 Il est 14h30, bienvenue si vous nous rejoignez,
00:25:23 avant de reprendre nos débats,
00:25:24 on s'arrête sur l'essentiel de l'actualité, résumé par Adrien Fontenot.
00:25:27 Kidnappé jeudi par son père et un complice en Isère,
00:25:33 et il y a 10 ans, a été retrouvé hier au Danemark.
00:25:36 Le parquet de Grenoble indique que la mère de l'enfant est en route pour Copenhague.
00:25:40 Le procureur Éric Vaillant précise également que la jeune fille
00:25:43 va aussi bien que possible après de tels événements.
00:25:46 Une information judiciaire a été ouverte
00:25:48 pour violences aggravées sur la mère de l'enfant,
00:25:50 ainsi que soustractions par ascendant et complicité.
00:25:53 La crainte d'une escalade dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine,
00:25:57 un décret a été signé pour transférer des armes nucléaires vers la Biélorussie.
00:26:01 Évoqué par Vladimir Poutine en mars dernier,
00:26:03 l'information a été confirmée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko.
00:26:08 Depuis la chute de l'URSS en 1991,
00:26:11 Moscou n'a jamais installé d'armes nucléaires hors de ses frontières.
00:26:15 Pas de concert de Céline Dion avant avril 2024.
00:26:18 La chanteuse canadienne annule une quarantaine de concerts prévus en Europe.
00:26:22 Atteinte d'une pathologie neurologique rare et sous traitement,
00:26:25 Céline Dion avait déjà annoncé en décembre
00:26:27 une première vague d'annulation pour le premier semestre 2023.
00:26:30 Le dernier concert de l'Astaire québécoise remonte à mars 2020.
00:26:34 C'était à Newark aux Etats-Unis.
00:26:36 Et commerçants, les restaurateurs de Grenoble s'inquiètent, ils redoutent,
00:26:41 d'essuyer de trop grosses pertes suite aux violences et aux incivilités
00:26:44 qui se multiplient dans la ville.
00:26:46 La dernière en date implique deux jeunes hommes jugés sur une moto
00:26:49 qui se sont livrés à un rodéo avant de percuter un salarié,
00:26:52 un client d'une brasserie.
00:26:54 Situation qui s'est ensuite envenimée.
00:26:56 On écoute les précisions de Corentin Briau.
00:27:00 Il est 18h05, le 20 mai dernier à Grenoble,
00:27:03 quand deux individus surgissent avec une moto électrique.
00:27:06 Devant la terrasse d'un bar, ils renversent alors un serveur.
00:27:09 Quelques secondes plus tard, ils font demi-tour et le percutent à nouveau.
00:27:13 C'est à ce moment-là que le gérant de l'établissement
00:27:16 plaque au sol l'un des deux agresseurs.
00:27:18 Il est alors roué de coups.
00:27:20 Le pilote, très agressif, sort un couteau et menace les passants.
00:27:23 Si l'un des deux mis en cause a été interpellé,
00:27:26 aucun blessé n'est à déplorer.
00:27:28 Ce genre de scénario, aux abords des terrasses et cafés grenoblois,
00:27:31 a tendance à se répéter.
00:27:33 Il y a quand même cette insécurité qu'on a tous.
00:27:37 Ce n'est plus un sentiment, c'est globalement une insécurité.
00:27:42 On a un bar-restaurant de qualité à Tapaz dans le quartier des étudiants
00:27:50 qui ferme maintenant vendredi-samedi.
00:27:53 C'est parce que c'est cette insécurité constante.
00:27:59 Depuis le 1er janvier 2023, 96 opérations de rodéo urbain
00:28:04 ont été relevées pour au total 20 interpellations.
00:28:08 La scène a été enregistrée par des caméras de surveillance.
00:28:12 Images qu'on va commenter avec Amaury Buco, spécialiste des questions de justice.
00:28:16 Vous allez aussi nous donner les dernières informations
00:28:19 en votre possession parce que vous en avez plus que ce qui a été dit dans ce récit.
00:28:22 J'ai pu m'entretenir avec des témoins de la scène.
00:28:25 Cette scène se passe samedi fin de soirée.
00:28:29 Les images de visualisation montrent qu'il y a autour de 17-18 heures.
00:28:33 Il y a deux personnes non casquées.
00:28:36 En plus, elles roulent sur le trottoir et dangereusement,
00:28:39 elles le font très près des terrasses de café.
00:28:43 Ce qui devait arriver, c'est que ces deux personnes ont percuté
00:28:46 un client âgé d'environ 70 ans,
00:28:49 qui les ont touchés à la main, qui avait un gros bleu apparemment,
00:28:52 et un serveur qui s'est, j'allais dire, tout naturellement,
00:28:55 permis de s'indigner en leur disant "Vous n'avez pas à circuler là".
00:28:58 C'est à ce moment-là que les personnes sur la moto décident de faire demi-tour
00:29:01 pour le percuter volontairement à deux reprises.
00:29:04 À ce moment-là, l'un des responsables du café décide d'agir. Il en a marre.
00:29:08 Il faut quand même se dire qu'en Isère, dont fait partie Grenoble, le département,
00:29:11 il y a eu trois rodéos particulièrement spectaculaires,
00:29:15 je ne sais pas si vous vous rappelez, mais notamment dans une galerie commerçante.
00:29:18 C'est un phénomène qui est de plus en plus dangereux.
00:29:21 Et donc, il décide d'intervenir et d'empêcher cette fois-ci la moto de repartir.
00:29:25 Il se jette donc sur la moto, sur le conducteur,
00:29:28 il fait tomber le conducteur et son passager.
00:29:31 Et à ce moment-là, les deux sont déjà à leur haut de cou et puis surtout,
00:29:34 le conducteur finit par sortir un couteau d'environ 20 cm,
00:29:37 c'est ce que nous a dit un témoin, pour les menacer tous
00:29:40 et évidemment pour quitter les lieux.
00:29:42 Alors finalement, la police a pu quand même interpeller le passager
00:29:45 qui est là sur les images, qui est un jeune homme de 16 ans,
00:29:48 déjà connu des services de police, qui a été placé en garde à vue.
00:29:51 Alors, à l'issue de cette garde à vue, il a été relâché.
00:29:53 Il a eu une convocation judiciaire pour le 5 juillet.
00:29:56 Et le conducteur serait une conductrice en réalité,
00:29:59 elle aussi très connue des services de police,
00:30:01 qui n'a pas pu être formellement identifiée et donc inquiétée par la justice.
00:30:05 Pas mal d'aspects qui font réagir.
00:30:08 D'abord, le premier père Lelouch, Grenoble, effectivement,
00:30:12 est devenu une capitale de la criminalité.
00:30:15 Ou des délits, en tout cas.
00:30:17 Le maire Écolot, qui se voit président de la République,
00:30:20 est une catastrophe pour cette ville.
00:30:22 Il ne tient pas sa ville ?
00:30:24 Non seulement il ne tient pas, mais il laisse faire, il justifie.
00:30:28 C'est lamentable.
00:30:30 Beaucoup d'amis dans cette ville, beaucoup de gens sont sortis,
00:30:33 souvent les cadres et tout ça.
00:30:35 Toute la Silicon Valley de Grenoble, qui fait la richesse de la région,
00:30:39 habite à l'extérieur de la ville.
00:30:42 La ville, maintenant, c'est d'un côté la dranguette,
00:30:44 de l'autre côté la drogue.
00:30:46 Et au milieu, une jeunesse complètement perdue
00:30:48 qui se croit toute liberté pour tout faire.
00:30:50 Et quand vous voyez un cas comme ça,
00:30:52 quelqu'un est appréhendé, immédiatement relâché,
00:30:55 on lui donne rendez-vous dans un mois ou un mois et demi,
00:30:57 histoire de voir s'il va venir, c'est une blague.
00:31:00 Bien sûr qu'il sait l'identité du conducteur ou de la conductrice dans Liberté.
00:31:05 Donc il se passe quoi ? Il passe qu'ils vont recommencer.
00:31:08 J'entendais l'autre jour, toute la France a entendu le président de la République
00:31:13 parler de décivilisation.
00:31:16 Le terme est très beau, mais si on en arrive là,
00:31:19 c'est que le contraire de décivilisation, c'est autorité de l'État.
00:31:23 Quand vous n'avez pas d'autorité, comme me disait mon vieux maître,
00:31:27 avec qui j'ai travaillé longtemps, Jacques Chirac,
00:31:29 quand il n'y a pas de lit jaune, il n'y a pas de lit jaune,
00:31:31 s'il n'y a plus peur du gendarme, les gens font n'importe quoi.
00:31:34 Ces jeunes-là, qui ont 15 ans, 16 ans, font n'importe quoi,
00:31:37 se comportent comme des mafieux en pleine ville.
00:31:39 Ils largent, ils ne veulent rien, ils veulent qu'ils s'arrêtent.
00:31:42 Et c'est les braves gens qui payent, et on est obligé de fermer les commerces,
00:31:46 et tout le monde vit dans la peur.
00:31:48 Tout ça parce qu'ils font exactement ce qu'on veut,
00:31:51 ce qu'ils veulent avec le soutien des bien-pensants, écolos du coin,
00:31:55 qui pensent que tout ça, finalement, c'est de l'expression culturelle.
00:31:59 Bon, laissons faire.
00:32:01 - Alors la passagère, celle qui aurait été identifiée,
00:32:04 mais pas assez formellement, elle, elle aurait 19 ans,
00:32:06 c'est juste pour donner quelques précisions.
00:32:07 Et alors ce qui est intéressant aussi, c'est que j'ai appris
00:32:09 par une source policière que ce jeune homme de 16 ans,
00:32:11 qui a été interpellé, son père est également connu des services de police.
00:32:14 Donc là, ça montre aussi, ça pose la question de l'exemple
00:32:17 dans la famille éventuellement de l'éducation.
00:32:19 - Et de quoi ils vivent ?
00:32:20 Moi, j'aimerais bien qu'il y ait une enquête, qu'on dise aux Français,
00:32:23 dans cette famille-là, qui travaille, qui bénéficie des aides, des RSA,
00:32:27 des allocations, machin, logement, rentrée scolaire où ils ne vont pas.
00:32:31 - On suivra l'enquête puisqu'on suivra ça au mois de juillet aussi.
00:32:34 - À chaque fois qu'on donne les noms, le pédigré,
00:32:37 combien dans les comptes et comment ils vivent.
00:32:39 - On revient à cette... - Parce que c'est ça qui est insupportable.
00:32:41 - On revient à cette situation des... - Vous voulez arrêter les civilisations ?
00:32:43 - Oui. - Ben, il faut les reciviliser.
00:32:45 - C'est à l'état de, oui, effectivement, de jouer son rôle.
00:32:48 On revient sur aussi ce qu'on peut dire, cette sous-gérante aussi,
00:32:51 du Barbaracé, qui dénonce aussi un climat délétère,
00:32:53 un environnement très peu propice au bon fonctionnement de ce commerce
00:32:57 et qui dit qu'ils vont devoir désormais fermer le vendredi soir,
00:33:00 le samedi soir, qui sont des soirs où ils font du chiffre,
00:33:03 parce qu'ils sont trop exposés à ce type d'agression.
00:33:06 - Oui, ça concerne Grenoble, ça concerne Nantes,
00:33:09 ça concerne Bordeaux, ça concerne Marseille, ça concerne Lille,
00:33:12 et chacun fera le lien avec l'identité et la couleur politique du maire en question.
00:33:16 - C'est sûr. - Qu'est-ce qui se passe ?
00:33:17 C'est qu'en fait, le maire en question de Grenoble décide,
00:33:20 au nom de ne pas vouloir stigmatiser, ne pas vouloir s'attaquer aux violences.
00:33:24 C'est ce que dit également Grégory Doucet, le maire de Lyon.
00:33:26 C'est-à-dire que pour éviter de stigmatiser une partie de la population
00:33:29 parce qu'on a un doute sur l'origine et sur le pédigré du profil,
00:33:33 comme l'a rappelé Pierre Lelouch, des personnes qui font du rodeo,
00:33:35 en tout cas de l'origine sociale à minima de leur quartier de provenance,
00:33:39 on ne veut pas les stigmatiser.
00:33:40 Mais en refusant de les stigmatiser, en refusant de lutter contre les violences,
00:33:43 l'autorité de l'État démissionne de son pouvoir.
00:33:46 Et comme l'autorité de l'État démissionne, c'est quelqu'un qui s'empare du pouvoir.
00:33:49 Si ce n'est pas l'État qui gère, si ce n'est pas les policiers qui assurent l'ordre,
00:33:52 qui est-ce qui assure l'ordre ?
00:33:53 C'est la loi des gangs et c'est les cahits qui décident.
00:33:55 Il n'y a même pas d'ordre assuré là, c'est juste...
00:33:58 C'est eux qui décident comment ça va se passer, c'est-à-dire qu'eux vont venir,
00:34:02 ils vont dire "si vous n'êtes pas d'accord avec nos rodeos, on va vous poignarder,
00:34:05 on va vous agresser".
00:34:06 Et qu'est-ce que vont faire les commerçants s'ils ne peuvent pas se défendre eux-mêmes ?
00:34:09 Parce que s'ils se défendent eux-mêmes, c'est eux qui iront en prison,
00:34:12 au contraire des personnes qui viennent faire du rodeo,
00:34:14 et du coup c'est eux qui tiennent le territoire,
00:34:16 et c'est eux qui vont tenir les routes de Grenoble.
00:34:18 Si le pouvoir politique refuse de démissionner,
00:34:20 ça va être les gangs qui vont décider ce qui va se passer.
00:34:22 Et ce qui se passe à Grenoble, c'est la même chose qui se passe à Nantes,
00:34:25 c'est les mêmes scènes qu'on répète tous les jours et toutes les semaines.
00:34:28 La question essentielle, il y a deux questions qui vont se poser,
00:34:31 c'est un, comment on fait au niveau national pour reprendre le contrôle
00:34:34 de tous nos territoires, donc ça, ça se pose,
00:34:36 et aussi, est-ce qu'il ne faut pas responsabiliser les maires sur la question de la sécurité ?
00:34:40 Parce qu'on ne peut pas laisser les maires de Grenoble...
00:34:43 Ils ont plusieurs à le réclamer aussi.
00:34:44 Oui, mais eux, ils font toujours à peu près la même tactique,
00:34:46 c'est-à-dire qu'ils disent "on retire les effectifs,
00:34:48 on retire les moyens nécessaires aux caméras de vidéosurveillance
00:34:51 pour alimenter des toilettes non genrées, je ne sais pas quel politique,
00:34:54 mais est-ce qu'il ne faut pas donner une partie de la compétence de sécurité municipale aux maires
00:34:58 pour que les maires soient déjugés responsables,
00:35:00 en vue des élections municipales, de la sécurité de leur ville ?
00:35:03 La reprise du contrôle de nos villes, d'où nos rues, est devenue une priorité nationale.
00:35:12 C'est lié à la question de la drogue, c'est lié directement à la question de l'immigration,
00:35:16 je pèse mes mots, à la ghettoïsation.
00:35:19 Mais on le sait déjà en plus, ça fait des années qu'on...
00:35:22 Au lieu d'envoyer des grands mots comme "des civilisations",
00:35:25 je trouve que le mot est bien choisi, mais en face, il y a le mot "autorité"
00:35:29 qui veut dire une série de politiques publiques extrêmement fermes,
00:35:33 dont je ne vois pas la couleur malheureusement.
00:35:36 Après la pénurie de médecins, d'infirmières, d'enseignants,
00:35:41 voici celle des maîtres nageurs sauveteurs.
00:35:44 Alors que la saison touristique commence à peine,
00:35:46 ils sont déjà devenus une denrée rare.
00:35:48 Certaines piscines sont contraintes d'ouvrir avec des dérogations
00:35:51 pour pouvoir faire travailler des surveillants de baignade à la place des maîtres nageurs.
00:35:55 On va d'abord regarder le reportage tourné à Angers de Michael Chahyou
00:35:57 avant de nous entretenir avec l'un de ces maîtres nageurs sauveteurs.
00:36:00 Il y a 4 piscines en fonctionnement à Angers,
00:36:04 mais il manque 10% de l'effectif pour faire tourner les structures à 100%.
00:36:08 La pénurie de maîtres nageurs a des conséquences très concrètes.
00:36:12 On est obligés de fermer sur certains créneaux publics,
00:36:14 des ouvertures le soir notamment,
00:36:16 certaines soirées qu'on est obligés de réduire un petit peu.
00:36:18 Le dimanche après-midi, là où on fermait à 19h, on ferme à 17h.
00:36:22 Le Covid a fait beaucoup de mal aux piscines publiques.
00:36:24 Elles sont restées fermées de longs mois.
00:36:26 À la reprise, de nombreux maîtres nageurs avaient quitté la profession.
00:36:30 Nous avons pas formé de maîtres nageurs pendant un certain temps,
00:36:32 pendant 2-3 ans.
00:36:33 Et puis peut-être que le métier intéresse moins,
00:36:36 moins d'intérêt pour le métier, travailler le week-end, travailler les soirs.
00:36:39 Les gens vont surtout s'entraîner le soir ou voir le matin.
00:36:42 Donc ça peut être des plages horaires entre 6h et 21h parfois
00:36:45 pour ceux qui font le plus d'horaire.
00:36:47 Sans parler d'un salaire à moins de 2000 euros en début de carrière.
00:36:50 Il a fallu réduire les heures d'ouverture, mais pour la ville d'Angers,
00:36:53 il était nécessaire de continuer à remplir une mission de service public essentielle,
00:36:58 l'accueil des scolaires.
00:37:00 Par rapport à la pénurie des maîtres nageurs, on priorise les cours des enfants.
00:37:03 On a deux générations quasiment qui n'ont pas pu assister aux cours de natation
00:37:07 et apprendre à nager à cause de la période Covid.
00:37:09 Et aujourd'hui, il y a des choses à rattraper.
00:37:12 Et de rappeler que chaque été, on comptabilise 500 décès par noyade en France.
00:37:17 Et pour approfondir le sujet, on accueille Hugues Leblanc.
00:37:21 Bonjour, vous êtes co-ordinateur du syndicat national professionnel
00:37:24 des maîtres nageurs sauveteurs.
00:37:26 On a entendu dans ce reportage quelques-unes des explications avancées
00:37:30 pour expliquer cette pénurie.
00:37:32 L'absence de formation, les horaires, le salaire.
00:37:34 Est-ce qu'on a tout cerné ou vous en voyez d'autres ?
00:37:38 Non, non, bonjour à tous.
00:37:41 Merci pour cette invitation.
00:37:43 Les percussions, moi j'ai la chance de pouvoir côtoyer,
00:37:47 dans le cadre des certifications des maîtres nageurs sauveteurs toute l'année,
00:37:50 entre 500 et 600 professionnels,
00:37:52 qu'ils soient directeurs de piscine, chefs de bassin ou simples maîtres nageurs
00:37:55 sur les bords des piscines.
00:37:57 Les problèmes vont au-delà de tout ça.
00:37:59 C'est vrai qu'il y a, notamment par rapport à ce qui a pu être stigmatisé
00:38:04 de certains fonctionnaires qui ne faisaient pas les 1 607 heures
00:38:08 dans le cadre de la loi de août 2019,
00:38:10 qui a été mise en avant par certains élus,
00:38:12 que certains fonctionnaires maîtres nageurs sauveteurs,
00:38:15 entre autres, ne faisaient pas les 1 607 heures.
00:38:17 Voilà, on est dans un débat totalement démagogique.
00:38:20 Et donc les 1 607 heures étaient faites.
00:38:23 Par contre, c'est une profession, ça a été dit dans votre reportage,
00:38:26 c'est une profession d'intérêt public qui travaille le week-end,
00:38:29 les jours fériés, en nocturne, en horaire décalé.
00:38:32 Et comme toutes ces professions prévues,
00:38:34 notamment dans la loi ouvrie sur les 35 heures,
00:38:37 comme toutes ces professions, il y a des majorations,
00:38:40 notamment pour les personnels qui travaillent dans des établissements
00:38:43 qui sont ouverts 7 jours sur 7.
00:38:45 Et remettre en cause tout ça, c'est aussi toucher sur leur vie familiale,
00:38:50 leur vie sociale.
00:38:52 Et donc, à un moment donné, ils se détournent,
00:38:54 effectivement, grandement de la profession.
00:38:58 On entendait dans le reportage que certains établissements nautiques
00:39:00 font travailler des surveillants de baignade au lieu de maîtres nageurs.
00:39:04 Quelle est la différence ?
00:39:06 Alors, quand on parle de surveillants de baignade,
00:39:08 en fait, aujourd'hui, on galbaude un petit peu tout.
00:39:11 En 1951, on a créé une profession, par le biais de l'État-providence,
00:39:15 comme les infirmiers et autres, qui avait comme objectif majeur
00:39:19 d'apprendre à nager au plus grand nombre,
00:39:20 pour éviter que les gens n'aient pas d'autonomie aquatique et se noient.
00:39:23 Et on voit les catastrophes aujourd'hui que ça peut engendrer sur les tout-petits.
00:39:26 Et puis, assurer des surveillances, mais de manière réfléchie,
00:39:30 d'anticiper les situations à risque, etc.
00:39:32 Avec toutes les dérèglementations qui sont apparues depuis les années 2000,
00:39:36 suite à ce qu'a dit, donc, dans 1990, le Conseil économique et social,
00:39:40 en fait, on manquait de mettre un genre de sauveteur en France,
00:39:43 les dérèglementations amènent à des situations où on appelle
00:39:46 les gens qui travaillent en piscine par plein de noms différents.
00:39:49 On n'ose plus dire les choses simplement.
00:39:52 Un surveillant de baignade, logiquement, dans les textes en France,
00:39:56 ce sont des personnes qui travaillent pour surveiller notamment les CLSH,
00:39:59 les colonies de vacances et autres, lorsqu'ils se baignent ou lorsqu'ils vont à la mer.
00:40:03 En réalité, au bord du bassin, ce sont les maintenanceurs-sauveteurs
00:40:06 qui coordonnent les secours, qui vérifient avant toute ouverture
00:40:09 que tout soit bien pour la sécurité des baigneurs.
00:40:12 Et de plus en plus, aujourd'hui, des collègues BNSSA viennent
00:40:15 en renfort de surveillance parce qu'on manque, effectivement,
00:40:18 cruellement de professionnels en France.
00:40:20 Mais ce sujet-là, vous l'avez à la justice, vous les avez dans les EHPAD,
00:40:25 dans les hôpitaux, vous les avez partout aujourd'hui.
00:40:27 - Et c'est pour ça qu'on vous donne la parole aujourd'hui,
00:40:29 parce que vous venez vous ajouter malheureusement à cette triste liste.
00:40:32 Alors on va rappeler que la noyade est la première cause de mortalité
00:40:35 par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans.
00:40:38 Il y a ce chiffre. 500 décès chaque été, tout âge confondu,
00:40:42 4 décès par jour en moyenne et le quart de ces noyades
00:40:45 concernent des enfants de moins de 6 ans.
00:40:48 Hugues Leblanc, je voulais vous poser la question là-dessus,
00:40:50 parce que justement, parmi ceux qui subissent les conséquences
00:40:52 de cette pénurie, il y a justement les plus jeunes,
00:40:54 ceux qui ont aujourd'hui, on va dire 9-10 ans,
00:40:56 et qui, en raison de la crise sanitaire notamment,
00:40:58 ont pris du retard dans leur apprentissage.
00:41:01 On sait que depuis, certaines piscines avaient été fermées aussi
00:41:04 en raison d'un coût énergétique trop important.
00:41:06 Ce sont les plus jeunes, les plus à risque,
00:41:08 et qui sont les premières victimes aussi de ce retard dans leur apprentissage.
00:41:12 - Oui, tout à fait. Moi, personnellement, j'ai encore une de mes filles
00:41:16 qui est tombée en plein dans ce temps, ce décalage sociétal.
00:41:20 Oui, aujourd'hui, effectivement, c'est les tout-petits,
00:41:24 mais regardons bien ce qui est mis dans les statistiques
00:41:27 de Santé publique France, on parle aussi des plus âgés,
00:41:29 il n'y a pas que les plus petits.
00:41:31 Par contre, ce qui touche au niveau de l'affect le plus,
00:41:34 c'est les drames des moins de 6 ans.
00:41:37 Moi, quand j'ai commencé à travailler il y a 30 ans,
00:41:39 on apprenait un âgé de moyenne section jusqu'à CM2
00:41:42 dans ma collectivité locale.
00:41:44 Aujourd'hui, quand ils ont la chance de venir à la piscine,
00:41:47 8 séances dans l'année de grande section à CE2, c'est déjà très bien.
00:41:51 Voilà, donc une évolution sur 30 ans démontre bien qu'aujourd'hui,
00:41:54 la natation scolaire n'apporte plus ce qu'on attendait d'elle
00:41:58 vis-à-vis de la population, pour donner notamment l'autonomie aux enfants,
00:42:02 l'autonomie aquatique, pour pouvoir se sauver,
00:42:04 et puis plus tard, pourquoi pas sauver les autres.
00:42:06 Moi, je pense souvent, quand j'échange avec les professionnels
00:42:09 en certification quinquennale, l'exemple du passage touté.
00:42:14 À un moment donné, on va pas mettre des gendarmes ou des policiers
00:42:18 ou des personnels des collectivités locales
00:42:20 pour encadrer les enfants qui passent les passages toutés.
00:42:23 On passe par une éducation, qui passe par l'école,
00:42:25 qui passe par les parlants, par la famille,
00:42:28 pour faire en sorte que les enfants apprennent à traverser en toute sécurité.
00:42:32 Eh bien, nous, c'est un peu plus complexe que ça,
00:42:34 mais en donnant notamment la possibilité aujourd'hui à des bénévoles
00:42:39 de prendre en charge notamment le milieu scolaire,
00:42:42 à la place des professionnels maîtres-nageurs-sauveteurs,
00:42:45 toute personne s'en sait et comprend bien
00:42:47 qu'on est en train de mettre un sparadrap sur une grosse hémorragie.
00:42:51 On en parlera en plateau dans un instant.
00:42:53 J'avais une dernière question pour vous, puisqu'on parle de 5000 maîtres-nageurs
00:42:56 qui manquent aujourd'hui.
00:42:57 Faisons un appel à Candidature,
00:42:59 que votre intervention puisse servir à quelque chose.
00:43:01 Quelles sont les qualités à présenter pour postuler ?
00:43:03 Quels sont les profils recherchés pour ce métier ?
00:43:06 En fait, leur profession avant était alimentée essentiellement
00:43:11 par des gens qui étaient issus de la filière aquatique,
00:43:13 qui soient de la FFN, la FFSSM, la 2F2S,
00:43:16 qui sont des fédérations de sauvetage, de nage avec palme,
00:43:19 de plongée ou de natation sportive.
00:43:21 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, les jeunes n'intègrent plus ces formations
00:43:25 parce que justement, ils ont ce manque de reconnaissance financière.
00:43:28 Mais il n'y a pas que ça.
00:43:29 Regardez les vidéos qui ont été faites par le ministère des Sports
00:43:33 pour lutter contre les noyades dans le cadre de l'aisance aquatique.
00:43:35 À aucun moment, la ministre des Sports de l'époque n'a parlé des maîtres-nageurs sauveteurs,
00:43:38 alors que c'est le public majoritaire professionnel
00:43:42 qui apprend à nager au français en France, ce qui est quand même un comble.
00:43:45 Alors qu'il paraît que le dossier est arrivé sur la table du ministère
00:43:48 chargé des Sports et des Jeux Olympiques.
00:43:49 Ça veut dire qu'il y a peut-être un espoir ? Vous en avez un ?
00:43:51 Quand on voit le discours qui a été fait en conclusion des États généraux
00:43:56 à l'INSEP le 10 février, moi je signe en bas de la page
00:43:59 les cinq thèmes mis en avant par la ministre des Sports.
00:44:04 Super.
00:44:05 Par contre, le 10 mars, on s'aperçoit que notamment,
00:44:08 l'AFNOR édite des normes volontaires qui anticipent des textes qui n'existent pas
00:44:15 et qui donnent la possibilité à de jeunes BNSSA,
00:44:17 on est tous maîtres-nageurs BNSSA à l'origine,
00:44:19 mais on est loin de connaître notamment l'anticipation des risques
00:44:22 dans les ERP-Piscines, dans la coordination des scores.
00:44:25 Et on donnerait à ces jeunes BNSSA la possibilité d'avoir
00:44:28 une autonomie totale pour la surveillance.
00:44:30 Donc on répond aux manques cruelles de professionnels dans les piscines
00:44:33 par rapport aux lobbies qui gèrent les piscines,
00:44:35 notamment les piscines privées, mais on ne résout pas,
00:44:37 et loin de là, le problème de la qualification des personnes.
00:44:40 Et je prendrai une image toute simple, c'est exactement le même problème
00:44:44 que dans les hôpitaux, on a du mal à trouver des médecins,
00:44:47 à trouver des infirmiers, et donc on donne de plus en plus
00:44:50 de prérogatives à des gens qui n'ont pas les qualifications requises
00:44:52 pour soigner les gens ou accompagner les personnes âgées dans les EHPAD.
00:44:56 Et il ne faut pas brader la formation, les qualifications,
00:44:59 c'est ce qu'on comprend de vos propos.
00:45:01 Merci beaucoup Hugues Leblanc d'avoir apporté votre vécu,
00:45:04 bon courage pour ces futurs recrutements, on espère que vous trouverez les candidats.
00:45:08 C'est vrai qu'on ne peut pas s'empêcher de faire le parallèle
00:45:10 avec les autres métiers qui commencent à nous manquer cruellement,
00:45:13 et ça touche même les bords de piscines.
00:45:16 Ah oui, mais bon…
00:45:17 Enfin, en disant sur l'état du pays.
00:45:18 On va espérer que la diffusion de ce sujet permettra
00:45:21 de créer des vocations, surtout à un an des Jeux Olympiques.
00:45:24 Non, à chaque fois on a à peu près les mêmes sujets sur les métiers dits de première ligne.
00:45:27 C'est-à-dire qu'il y a une inadéquation entre les conditions de travail,
00:45:30 le salaire, les responsabilités que vous avez.
00:45:32 C'est-à-dire que la plupart des personnes considèrent,
00:45:34 ils font un arbitrage qui est plutôt rationnel,
00:45:36 est-ce que ça vaut le coup de faire ce métier-là,
00:45:38 alors que je bénéficie d'un certain niveau de vie,
00:45:40 et est-ce que j'ai l'air d'avoir toutes ces responsabilités ?
00:45:42 Moi, par exemple, quand j'ai fait les recherches dessus,
00:45:44 quand vous êtes maître nageur, vous risquez jusqu'à 5 ans de prison
00:45:47 et 75 000 euros d'amende en cas d'accident.
00:45:49 C'est-à-dire, est-ce que ça vaut le coup d'aller faire ce métier-là
00:45:52 pour 2 000 euros par mois et le fait d'avoir des conditions de travail qui sont difficiles ?
00:45:55 Peut-être qu'avant le risque juridique, judiciaire,
00:45:57 il y a aussi peut-être ne serait-ce que la valorisation aussi du métier.
00:46:01 Vous faites un arbitrage avec l'accumulation de toutes ces données.
00:46:03 Vous dites, pour ce salaire-là, est-ce que ça vaut le coup de prendre autant de risques,
00:46:07 d'avoir une vie familiale qui est difficile,
00:46:10 dans la mesure où vous devez travailler les jours fériés, les week-ends, etc.
00:46:13 Et je pense que de plus en plus de personnes se disent,
00:46:15 est-ce que ça vaut le coup ?
00:46:17 Surtout qu'on a parlé des problèmes générationnels.
00:46:19 Ce n'est plus du tout, vis-à-vis des plus jeunes, les mêmes arbitrages qui sont pris.
00:46:23 Quand vous prenez la génération que celle qui a connu Pierre Lelouch ou celle qui était avant moi,
00:46:27 ils n'ont pas les mêmes a priori que la génération dite Z.
00:46:30 La génération dite Z, que vous regardez les sorties de grandes écoles, les sorties d'école, etc.,
00:46:34 privilégie le bien-être par rapport au salaire et à la carrière professionnelle.
00:46:39 C'est-à-dire que pour ces personnes-là, est-ce qu'ils vont aller vers ce métier-là
00:46:42 en connaissant leur priorité qui est le bien-être alors que vous devez travailler le week-end et les jours fériés ?
00:46:46 Ce n'est pas le cas, c'est le cas de beaucoup d'autres métiers.
00:46:49 Pierre Lelouch, vous nous avez confié être moniteur de plongée.
00:46:51 Vous connaissez bien ce métier. Vous pourriez prêter main forte au secteur ?
00:46:55 Quand on fait de la plongée, on apprend le sauvetage, oui, bien sûr.
00:46:58 C'est un monde de passion. Les gens qui font ça adorent l'eau, adorent la mer.
00:47:05 Ils viennent du sport en général, comme vous le disiez.
00:47:07 Oui, ils adorent la transmission aux enfants.
00:47:09 C'est ça qui est merveilleux dans ces métiers.
00:47:11 Encore faut-il les récompenser.
00:47:15 Ce n'est pas seulement la fiche d'alerte à Malibu.
00:47:18 À hauteur du service rendu, parce que sauver quelqu'un de la noyade, ce n'est pas rien.
00:47:22 Bien sûr, c'est un vrai sujet.
00:47:24 Comment on sauve les gens, comment on comporte dans l'eau quand quelqu'un a un accident,
00:47:28 comment on les sort, quels sont les gestes à prendre, comment on organise les secours.
00:47:32 Ça ne s'improvise pas. Il y a une formation qui est assez longue et il faut être en forme physiquement.
00:47:37 Ça s'adresse aussi à des jeunes, par définition, et c'est mal payé.
00:47:42 Les horaires sont ceux qui ont été mentionnés.
00:47:46 Ça mériterait une vraie revalorisation, sachant que ce n'est pas seulement qu'il y a tous ces noyés.
00:47:54 C'est impardonnable d'avoir un pays qui ne sait pas nager, avec plusieurs centaines de morts par an
00:47:58 parce qu'ils vont à la plage ou dans les piscines.
00:48:00 Les gens meurent parce qu'ils ne sont pas formés à la natation.
00:48:04 C'est impardonnable d'avoir un pays développé comme la France.
00:48:07 Mais au-delà de ça, je crois que c'est une vraie mission d'enseignement
00:48:11 qui devrait être récompensée et honorée comme telle,
00:48:15 plutôt que considérée comme un truc sans importance.
00:48:20 Ça a énormément d'importance.
00:48:22 Quand les enfants n'ont pas accès à la piscine, qu'ils n'apprennent pas à nager,
00:48:27 ils vont manger quelque chose dans leur vie d'adulte.
00:48:30 Ils ne sauront pas gérer leurs propres gosses à la plage.
00:48:33 C'est un sujet important.
00:48:35 Ce n'est pas du tout anecdotique, la formation des Français à l'eau, au sport aquatique.
00:48:40 Ça permet de renforcer cet apprentissage aux yeux de tout le monde.
00:48:43 Et comme le suggérait Hugues Leblanc, former aussi à pouvoir sauver quelqu'un d'autre.
00:48:49 On en revient au premier geste de secours, qu'on devrait tous apprendre à l'école
00:48:52 et répéter chaque année, comme ça se fait dans des pays nordiques, on cite très souvent.
00:48:57 Mais on n'en est pas encore là.
00:48:59 On a de nombreux efforts à faire encore en France sur ce sujet-là.
00:49:02 On interrompt encore quelques minutes et puis après la pub et après le rappel des titres d'Adrien Fantenot,
00:49:07 nous reviendrons sur ces annulations de concerts.
00:49:10 Céline Dion, une nouvelle fois, doit interrompre sa tournée.
00:49:13 On se penchera sur la maladie dont elle souffre et sur ces annulations que font de nombreux artistes en France.
00:49:20 À 15h, il est temps de faire un point sur l'essentiel de l'actualité.
00:49:26 Je passe la parole à Adrien Fantenot.
00:49:30 Deux jours après le triple homicide à Dreux, un homme de 46 ans a été interpellé ce samedi dans les Yvelines
00:49:37 suite à l'appel d'une employée d'une boutique de téléphonie.
00:49:40 L'homme est suspecté d'avoir tué son ex-épouse ainsi que ses deux enfants.
00:49:44 Placé en garde à vue, il va être entendu par la police judiciaire d'Orléans sur l'effet d'homicides volontaires aggravés.
00:49:50 Le pèlerinage de Chartres débute aujourd'hui en ce week-end de Pentecôte,
00:49:54 point de départ ce matin de l'église Saint-Sulpice dans le 6e arrondissement de Paris.
00:49:58 Objectif, parcourir les 100 kilomètres jusqu'à la cathédrale de Chartres.
00:50:02 Et cette année, Notre-Dame de Chrétienté, l'association qui organise ce rassemblement, bat même un record.
00:50:07 16 000 pèlerins, dont 1 400 venus de l'étranger, sont attendus tout au long du week-end.
00:50:12 Et puis scène de fête à Marseille sur le Vieux-Port hier soir.
00:50:15 Ils étaient des centaines à célébrer les 30 ans de la victoire de l'Olympique de Marseille en Ligue des Champions.
00:50:20 Une liesse sous forme d'hommage au président du club de l'époque, Bernard Tapie, disparu en octobre 2021.
00:50:25 À ce jour, le club fosséen est toujours le seul vainqueur français dans la plus grande compétition européenne.
00:50:31 Une fois n'est pas coutume, nous allons parler de Céline Dion sur ce plateau.
00:50:36 Je suis impatiente de vous entendre, messieurs, sur ce sujet inédit pour nous.
00:50:41 Des millions de fans, en tout cas, ont du mal à digérer la nouvelle.
00:50:44 Céline Dion a donc annoncé annuler une quarantaine de concerts prévus en Europe, et c'est ce jusqu'en avril 2024.
00:50:49 La chanteuse canadienne avance des raisons médicales.
00:50:53 Un coup dur alors qu'elle n'est plus montée sur scène depuis mars 2020.
00:50:57 On écoute les précisions de Mathilde Couvillère-Flornois.
00:51:00 Des millions de fans ont été déçus hier après-midi.
00:51:05 L'annonce est tombée via un communiqué publié sur les réseaux sociaux de la star.
00:51:09 Céline Dion annule sa tournée en Europe pour raisons médicales.
00:51:12 Je suis tellement désolée de vous décevoir encore une fois.
00:51:15 Je travaille très fort pour retrouver mes forces, mais les tournées peuvent être exigeantes et difficiles, même quand on est à 100%.
00:51:21 Bien que cela me brise le cœur, il vaut mieux tout annuler maintenant, jusqu'à ce que je sois vraiment prête à remonter sur scène.
00:51:28 Je veux que vous sachiez que je n'abandonne pas, et que surtout j'ai très hâte de vous revoir.
00:51:33 La chanteuse québécoise souffre depuis 2021 d'une pathologie neurologique rare, appelée syndrome de la personne raide,
00:51:40 l'empêchant parfois de se mouvoir et entraînant de fortes douleurs.
00:51:43 Céline Dion devait faire le tour de l'Europe en commençant par Amsterdam en août.
00:51:47 Elle devait également se produire sur scène à Paris à la Défense Arena le 1er septembre pour six dates dans la capitale.
00:51:53 Les organisateurs ont assuré que les billets vendus pour les 42 dates seront remboursés.
00:51:58 On va s'arrêter quelques instants sur cette maladie neurologique rare, le syndrome de la personne raide.
00:52:10 Et pour mieux la comprendre, on va interroger le docteur Donia Majou.
00:52:14 Bonjour, merci d'être dans notre émission aujourd'hui.
00:52:17 Alors de quoi parle-t-on lorsqu'on évoque ce syndrome de la personne raide ? De quoi s'agit-il ?
00:52:23 Bonjour Barbara, c'est une maladie neurologique...
00:52:25 Ah, c'est dommage. Ça, c'est peut-être la seule chose qu'on avait comprise dans cette attitude.
00:52:33 On va rappeler notre neurologue.
00:52:38 On tente de la rappeler quand même, je préfère, pour faire un point médical avant qu'on évoque la tournée de Céline Dion.
00:52:45 Elle est revenue, docteur Majou. Je vous repasse la parole en espérant que vous la gardiez un peu plus longtemps.
00:52:52 Oui, alors le syndrome de l'homme raide ou de la personne raide, ça atteint une personne sur un million.
00:52:57 Ça donne des raideurs au niveau du rachis, une difficulté de mobilisation, des contractions, réflexes ou par des stimulations.
00:53:03 Vous imaginez pour une chanteuse comme Céline Dion, avec le bruit, l'émotion de la scène et tout, ça peut réveiller ses symptômes.
00:53:09 C'est une maladie qui n'a pas de traitement actuellement. On fait des traitements symptomatiques pour aider la décontraction musculaire.
00:53:15 Mais sans problème, elle est très fluctuante, donc imprévisible.
00:53:18 Ça veut dire qu'on ne sait pas à quel moment cette raideur va envahir le corps et c'est donc incompatible avec une série de concerts comme pour Céline Dion.
00:53:26 Tout à fait. Elle a la raideur qui est là, mais à des moments où elle va être moindre.
00:53:30 Elle va lui permettre d'être capable de faire des choses.
00:53:34 Mais le souci, surtout, c'est qu'elle travaille dans un milieu sonore, avec des bruits, avec des émotions, et ça peut donner des poussées de contraction.
00:53:41 Et ça, on ne peut pas le contrôler à part des traitements vraiment symptomatiques.
00:53:46 D'où la fluctuation de la désorganisation des choses et les annulations en dernières minutes comme ça.
00:53:51 On parle de plus en plus souvent de ces maladies auto-immunes.
00:53:54 Pourquoi est-ce qu'on a l'impression qu'elles ne sont plus répandues aujourd'hui ?
00:53:57 Alors, on sait que l'un des facteurs de stress, certaines prédispositions génétiques peuvent donner les maladies auto-immunes.
00:54:04 C'est tout simplement nos propres anticorps qui, à un certain moment, ne vont plus reconnaître certains de nos organes ou de nos signaux.
00:54:11 Comme dans cette maladie, par exemple, l'anticorps qui est généré va attaquer les facteurs de la décontraction musculaire.
00:54:18 Il y en a de plus en plus, certes.
00:54:20 Alors, c'est très varié.
00:54:22 Les causes environnementales, les causes génétiques, les causes toxiques.
00:54:25 Pour cette maladie, on n'a pas beaucoup de précisions à part le type d'anticorps qui a été déjà décelé.
00:54:31 Pas de traitement, nous dites-vous ? Pas d'espérance de se débarrasser complètement de cette maladie ?
00:54:36 Est-ce que, selon vous, Céline Dion remonterait un jour sur scène ?
00:54:39 Je pense que là, vu les avancées scientifiques, un jour quand même, on aura des traitements qui peuvent avancer.
00:54:44 Les traitements restent pour le moment symptomatiques.
00:54:46 En France, on a beaucoup de centres, notamment à Montpellier, à Paris, aussi à Marseille, qui travaillent là-dessus.
00:54:52 Et puis, je pense qu'elle est bien entourée de ce côté-là.
00:54:55 Reste tout simplement la fluctuation de la maladie qui est plutôt imprévisible.
00:54:59 Eh bien, merci beaucoup, docteur Majout, de nous avoir apporté ces précisions sur cette maladie neurologique rare.
00:55:08 Céline Dion n'est pas la seule à devoir interrompre sa tournée.
00:55:12 C'est pour ça que je voulais avancer un petit peu sur ce sujet.
00:55:15 On sait que Stromae a aussi évoqué des raisons de santé.
00:55:19 Jane Birkin a fait part de la même annonce.
00:55:22 Alors, les causes de ces annulations sont évidemment bien différentes, mais la multiplication de ces annonces nous interpelle.
00:55:27 Et c'est pour ça qu'on a voulu avoir Fabien Lequeuvre avec nous, spécialiste de chansons françaises.
00:55:31 Bonjour, merci de participer à notre émission.
00:55:34 Alors, c'est assez inquiétant, toutes ces annulations, encore une fois, si elles sont différentes.
00:55:38 Est-ce qu'on peut se poser la question, Fabien, de quel mal frappent nos artistes ?
00:55:43 Ce n'est pas un nouveau mal, en fait, Barbara.
00:55:46 C'est-à-dire que ce sont, malheureusement, le mal du siècle et même du siècle dernier.
00:55:52 Beaucoup d'artistes ont toujours été touchés par ça.
00:55:55 Alors, c'est vrai que cette année, c'est un peu en cascade entre Big Floyd Hawley, entre Jane Birkin, entre Stromae, entre Angel, bien sûr, on l'avait oublié.
00:56:03 Et puis, L'Homme Pâle aussi, bien sûr, qui lui a été aussi…
00:56:09 Ce qu'on appelle, en fait, c'est ce fameux burn-out.
00:56:13 C'est-à-dire que les gens, quand ils arrivent souvent à la trentaine, en fait, ils ont eu le succès, l'argent, la reconnaissance, le pouvoir, d'une telle ou telle manière.
00:56:23 Il y a un côté un peu intouchable quand on est comme ça, artiste.
00:56:26 Et en même temps, c'est déséquilibrant, parce que vous savez, le succès, c'est ce qu'il y a de pire dans la vie, finalement.
00:56:31 Il y a la maladie d'un côté, il y a la fatigue.
00:56:33 C'est vrai que Big Floyd Hawley, que vous avez mentionné, on reconnue avoir dû faire une pause par épuisement.
00:56:38 Est-ce qu'il y a trop de pression aujourd'hui sur les épaules des artistes ?
00:56:41 Vous l'avez dit, Barbara, c'est trop de pression.
00:56:43 C'est-à-dire que c'est des calendriers, des agendas qui sont remplis d'une année sur l'autre, pratiquement.
00:56:48 Et ça demande une force physique, mais une force mentale.
00:56:53 On oublie de le rappeler, parce que nous ne sommes que des êtres humains.
00:56:56 Et c'est extrêmement complexe quand on est stromaé, quand on lui annonce, mettons, à peu près 80 dates à assumer sur scène, 2 heures tous les soirs.
00:57:06 C'est très compliqué. Vous commencez par une vingtaine de dates et à la 25e, vous jetez l'éponge.
00:57:10 Parce que ce sont des machines de guerre énormes, parce que ça rassemble des centaines de milliers de personnes
00:57:16 dans les stades, dans les Zéniths, dans les arenas, etc.
00:57:20 Et c'est très compliqué. Vous savez, les bravos et la reconnaissance comme ça publique, ça donne une espèce de vertige.
00:57:26 Le succès, c'est formidable. On n'aime pas quand il s'en va.
00:57:30 Et puis il y a une espèce de descente, c'est une forme de drogue.
00:57:33 La dépression, c'est une chose d'un côté, ensuite la maladie avérée, c'est encore autre chose.
00:57:39 Est-ce que là, on incrimine aussi les producteurs, peut-être, qui programment de trop nombreuses dates ?
00:57:43 Alors on se réjouit que les concerts aient repris du poil de la bête.
00:57:47 Tout le monde est plus ou moins responsable, mais il n'y en a pas un responsable.
00:57:51 Il y a le producteur, il y a l'artiste, parce que ça demande, ça leur demande une santé de sportif,
00:57:56 pour monter sur scène, pour affronter tous ces kilomètres, ces voyages en avion, en train, en voiture.
00:58:01 Attention, ça demande quand même une vraie, vraie force de tempérament et une santé mentale.
00:58:06 On oublie souvent, on en parle beaucoup en ce moment d'ailleurs, mais c'est très important.
00:58:10 On a peut-être oublié aujourd'hui les suicides de John Elidé, les tentatives de suicide, Dieu merci, de John Elidé en 1966.
00:58:16 En septembre, je l'avais, un spectacle, on va dire, à la fête de l'UMA, à ce moment-là, à la rentrée 66.
00:58:23 Le suicide de Dalida en 67, le suicide de Maï Grande, qui malheureusement, la deuxième fois quand même, a réussi.
00:58:29 En 75, et puis tous ceux qui ont fait des tentatives ou qui avaient cette espèce de mal-être, qu'on n'appelait pas encore le burn-out à l'époque.
00:58:36 L'année 60-70, je pense à Michel Delpech, à Michel Poelnaereff ou John Elidé.
00:58:41 Une carrière, c'est jamais linéaire, on n'est jamais droit dans un succès.
00:58:44 Il y a toujours une espèce de dansy qui vous conforte ou pas.
00:58:48 Soit vous avez un bon entourage familial, un très bon entourage amical, ou cette solitude.
00:58:54 Moi souvent, je parlais avec des grands artistes, vous savez quand vous êtes adulé par 10 000 personnes comme ça tous les soirs,
00:58:59 et que votre chauffeur vous redépoche chez vous, en bas de chez vous, à Neuilly, à Paris, peu importe,
00:59:03 vous rentrez dans votre appartement, vous êtes tout seul, vous avez simplement une personne ou deux à côté,
00:59:08 c'est un vertige qui est troublant et on peut à un moment donné avoir cette faiblesse mentale.
00:59:13 Alors il faut aider nos artistes, il faut mieux les épauler, c'est vrai qu'on parle beaucoup de ces sujets,
00:59:17 du burn-out en entreprise, ça touche aussi nos artistes.
00:59:20 Merci en tout cas beaucoup Fabien Lecaf de nous avoir apporté votre éclairage de spécialiste de la chanson française.
00:59:27 Un mot sur Céline Dion alors qu'annule ses concerts et la maladie et ce burn-out, ça vous inspire quoi comme réflexion ?
00:59:32 Il y en a plusieurs, moi j'adore Céline Dion, c'est une des meilleures chanteuses,
00:59:36 avec Mariah Carey, Margrethe Whitney Houston, donc c'est une des meilleures,
00:59:39 moi je l'ai grandi avec parce qu'en fait, comme je suis né dans les années 90, j'ai grandi avec le Titanic,
00:59:43 et là j'apprends à jouer du piano et une des premières chansons que j'apprends à jouer c'est My Heart Will Go On du Titanic.
00:59:47 On en apprend des choses.
00:59:49 Donc j'adore Céline Dion, je trouve que c'est fantastique.
00:59:51 Le lien avec la plongée.
00:59:53 Pas mal, il est fort.
00:59:54 On apprend pas mal de choses aujourd'hui.
00:59:56 En plus, ça fait un lien avec les différents points, évidemment sa maladie touche,
01:00:01 et c'est une maladie rare, ça pose une question aussi sur le traitement des maladies rares en France et dans l'Union Européenne.
01:00:06 En France, ça touche 3 millions de personnes, donc 80% des maladies rares sont d'origine génétique.
01:00:10 Donc est-ce qu'il ne faut pas lancer un grand programme de recherche sur l'éradication des maladies dites génétiques dans l'Union Européenne plutôt que...
01:00:16 Il perd pas le nord, même sur Céline Dion, il arrive à ramener au sujet politique et lui tient à cœur.
01:00:20 Plutôt que de faire des réglementations sur la banane, les institutions européennes doivent se concentrer dessus.
01:00:24 Ensuite, après le commentaire qui a été fait sur les différents artistes, c'est normal en fait.
01:00:30 Aujourd'hui, quand vous êtes artiste, ça demande des prestations hors normes physiquement de le faire.
01:00:34 En termes de rythme, en termes de nombre de tournées, Céline Dion, c'était 42 tournées.
01:00:38 En termes de déplacement et quand vous devez tenir trois heures sur scène en bougeant partout, en dansant en même temps, en chantant en même temps.
01:00:43 C'est un marathon.
01:00:44 C'est difficile.
01:00:46 Donc, et j'ajouterais un point qui est nouveau, même s'il y a eu beaucoup de cas d'artistes dépressifs dans les années 70, 80, 90,
01:00:52 actuellement c'est les réseaux sociaux.
01:00:54 Donc, si vous voulez garder vos chanteurs, si vous voulez garder vos artistes préférés,
01:00:57 arrêtez de leur mettre une pression dingue sur les réseaux sociaux, de les insulter ou quoi que ce soit.
01:01:01 Pour les protéger.
01:01:02 Sinon après, ils sont capables de s'arrêter maintenant et après vous n'avez plus que vos yeux pour pleurer.
01:01:05 Vous aimez Céline Dion, Pierre Deluc ?
01:01:07 Non, c'est très intéressant comme... Je ne sais pas si on a le temps, vous arrêtez là, on n'a plus le temps.
01:01:12 Mais dites, dites, dites.
01:01:13 Il y a plein de choses dans cette conversation qui sont intéressantes.
01:01:16 Je voyais hier le spécialiste de la voix en France, qui s'appelle Jean Abitbol, qui vient de faire un livre, un nouveau livre sur le sujet.
01:01:24 Alors, on dit qu'il a soigné Céline Dion.
01:01:26 Il est sûr que quand on malmène le corps et les cordes vocales comme ça sur des tournées pareilles,
01:01:32 il ne faut pas s'étonner si ça peut causer des accidents.
01:01:35 Donc, il faut effectivement faire attention.
01:01:38 À tous les niveaux.
01:01:40 La voix, la santé, le mental.
01:01:42 C'est ce que disait Monsieur Cove, tout à fait juste.
01:01:44 C'est une industrie.
01:01:45 C'est des orchestres à déplacer, c'est énormément d'argent, c'est beaucoup d'argent en jeu.
01:01:50 Donc, l'artiste là-dedans, en fait, il est l'objet.
01:01:53 Et en même temps, sans lui, rien n'est possible.
01:01:55 Donc, c'est le professionnel.
01:01:57 Une dernière réflexion un peu ironique, c'est que moi, j'observe les burn-out chez les artistes, pas beaucoup chez les politiques.
01:02:05 Et là où il n'y a pas de problème de retraite...
01:02:08 On s'arrête là-dessus.
01:02:09 Merci beaucoup.
01:02:10 Allez, à suivre Lionel Rousseau.
01:02:12 À demain.
01:02:13 A demain !
01:02:14 ♪ ♪ ♪