L'Heure des Livres : Patrice Franceschi

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Anne Fulda reçoit Patrice Franceschi pour son livre «Ephémérides» dans #HDLivres

Transcript

00:00 Bienvenue à l'Heure des Livres, Patrice Franceschi.

00:02 Bonjour, merci.

00:03 Alors, on connaissait l'écrivain, on connaît l'écrivain,

00:07 auteur de nombreux livres, "Mourir pour Kobané", "S'il n'en reste qu'une".

00:11 Vous m'avez souvent invité d'ailleurs.

00:13 On connaît aussi le navigateur, l'aventurier, le cinéaste,

00:18 mais vous êtes aussi poète, ça, on ne le savait pas.

00:21 Et vous venez de publier "Ephémérides" chez Plon.

00:24 Alors, se battre, se battre, et enfin quoi, rien que cela, et puis mourir.

00:29 Alors, ces quelques vers sont extraits de ce recueil,

00:33 et ce sont, nous expliquez-vous, des "Korouaï".

00:36 Alors, je dois dire que je ne connaissais pas les "Korouaï".

00:39 Est-ce que vous pouvez nous dire ce que c'est ?

00:41 Alors, en fait, j'ai toujours considéré que,

00:46 puisque c'est l'étonnement de départ,

00:47 qu'une vie sans poésie, c'est une vie amputée.

00:51 Et que, surtout avec l'aventure, il y a un mariage entre les deux

00:54 qui m'a toujours paru nécessaire, et j'ai toujours écrit de la poésie,

00:57 mais l'éditer, la faire lire, est beaucoup plus compliqué.

01:00 Et je remercie Plon, d'ailleurs, un de mes éditeurs, de le faire aujourd'hui.

01:03 Et dans la poésie, ce qui m'a toujours fasciné, c'est l'expression japonaise.

01:09 Les fameux haïkus, où il y a une capacité, une volonté,

01:14 de façon très abrégée, de dire quelque chose, de faire sentir quelque chose.

01:19 C'est 5, 7, 5 syllabes, 17 syllabes.

01:22 Et moi, il y a longtemps, il y a une trentaine d'années,

01:24 j'ai eu envie de m'inspirer de la poésie japonaise

01:27 pour inventer quelque chose de personnel.

01:29 Ces fameux korwai, je garde 17 syllabes, mais en quatre lignes, libres.

01:34 Et donc, tout ce recueil, c'est une succession de ces korwai

01:39 qui tentent chacun, ou bien d'exprimer une émotion, ou une idée, ou une description.

01:48 Et ça, pour moi, c'est très important pour éviter en même temps

01:51 ce qu'une poésie, parfois de l'époque romantique,

01:54 avait de trop plein de sensiblerie ou de sensibilité.

01:59 Ce que moi, je ne souhaite pas dans la poésie.

02:00 - Là, on va à l'essentiel. - Voilà.

02:02 Vraiment aller à l'essentiel.

02:03 Et on exprime encore une fois, ou bien des idées, ou bien des visions, des sensations.

02:10 Et c'est un...

02:11 Quand vous êtes... Ils ont tous été écrits,

02:15 c'est donc ces poèmes très courts,

02:17 ou bien au cours d'expédition sur le terrain, ou juste au retour.

02:22 Et j'ai mis très longtemps avant de décider de les publier,

02:24 simplement parce que je ne voulais pas que, comme les premiers recueils,

02:31 je voulais que ce soit fait par un grand éditeur.

02:35 Et qui ne fait pas souvent de la poésie.

02:38 - Oui, l'éditeur du Général de Gaulle.

02:40 Alors, ce livre est dédié... - En poète aussi.

02:43 - Ce livre est dédié à Toshiro Isoguchi, où il se trouve.

02:49 Un philosophe qui était déjà une référence dans votre précédent livre,

02:52 "Éthique du samouraï moderne",

02:54 qui était un petit manuel de combat...

02:57 - Pourtant de désarroi. - Pourtant de désarroi.

02:58 - C'était le sous-titre. - Mais a-t-il existé ?

03:01 - Non. Il faut laisser planer le mystère.

03:03 Dans "Éthique du samouraï moderne", qui a été publié je crois en 2019,

03:07 par Grassey,

03:10 c'est un traité d'éthique moderne,

03:13 comme petit manuel de combat, pourtant désarroi.

03:15 C'était vraiment ça.

03:18 Mais je voulais qu'il commence,

03:20 pour ne pas non plus trop se prendre au sérieux parfois,

03:23 comme un roman, et avec un personnage central.

03:26 Celui qui dira les choses, qui était Toshiro Isoguchi.

03:28 Donc, on est encore dans le Japon,

03:30 mais l'intégralité de "Éthique du samouraï moderne",

03:34 comme d'une certaine manière tous les courts poèmes d'éphémérides,

03:39 sont plutôt de nature stoïcienne.

03:42 Ils sont plutôt de la Grèce antique.

03:43 Et le mariage de la Grèce antique et du Japon

03:47 était pour moi, dans "Éthique du samouraï moderne",

03:49 le fait essentiel pour dire notre modernité.

03:53 Donc, effectivement, j'ai voulu dédier ce recueil de poèmes,

03:59 de poésie éphéméride à un personnage qui n'a pas existé.

04:03 C'est un personnage de roman qui est Toshiro Isoguchi.

04:06 Et que les livres se renvoient les uns et les autres,

04:09 des petits messages ou des clins d'oeil.

04:11 La poésie, c'est aussi ça.

04:13 - Alors, le désarroi moderne, il est toujours de mine.

04:16 La poésie, c'est un moyen efficace d'y échapper.

04:18 Et vous-même, quels sont les poèmes que vous aimez lire ?

04:23 - Alors, c'est un moyen avec l'aventure,

04:26 en tout cas, qui est pour moi la réponse la plus importante

04:28 à l'absurdité des choses du monde et de la vie,

04:31 liée à la poésie.

04:32 Pour moi, ça permet de vivre doublement.

04:35 Je pense d'ailleurs, ce n'est pas que pour moi.

04:37 Je pense encore une fois qu'une vie sans poésie

04:39 est une vie amputée, il manque quelque chose.

04:41 Et quand je parle de poésie,

04:43 ce n'est pas forcément la poésie au sens poétique,

04:46 mais aussi le sentiment poétique des choses.

04:48 Par exemple, vous regardez un paysage ou quoi,

04:51 ou bien vous avez une volonté, un désir,

04:53 une envie de voir derrière ce paysage,

04:56 la poésie qu'il peut exprimer,

04:59 pour la ressentir sans forcément écrire un poème.

05:01 Ça, c'est le sentiment poétique.

05:03 Ça peut inhibiter tout le monde en toutes circonstances.

05:05 Je dirais en tout lieu, c'est une manière de voir la vie.

05:07 Et à ce moment-là, ça peut vous réconcilier

05:09 avec le désarroi du monde ou avec, en tout cas,

05:11 la médiocrité qui peut vous entourer.

05:13 - Juste dernière question, donc rapidement,

05:15 vos poètes favoris ?

05:17 - Alors, par exemple, quand on me le demande,

05:20 je préfère Verlaine à Rimbaud.

05:22 C'est très difficile de dire pourquoi.

05:24 Et je considère que de grands poètes,

05:27 comme Victor Hugo,

05:29 ne sont pas oubliés en tant que poètes,

05:32 car leur dimensio romanesque masque leur immense poésie.

05:35 La Chanson des aventuriers de la mer dans La légende des siècles,

05:38 c'est un poème de 6-7 pages extraordinaire.

05:41 Voilà, donc, mes Clément Marot

05:44 et quelques autres, et Ronsard.

05:47 Donc, en restant, je ne veux pas citer,

05:49 si je pourrais citer Léon Paul Farr,

05:51 je peux citer des modernes extraordinaires,

05:54 mais si on prend les géants de tout cela,

05:57 je viens de les citer.

05:59 - En tout cas, je vous conseille de lire "Ephémérides".

06:01 C'est paru chez Plon.

06:03 Merci Patrice Pantrzewski.

06:05 Vous pouvez picorer, vous pouvez en lire un, deux, trois...

06:07 - Comme toute poésie. - Comme toute poésie.

06:09 Merci beaucoup. - Merci, Anne.

06:12 Sous-titrage Société Radio-Canada

06:15 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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