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  • 04/03/2023

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00:00 [Musique]
00:07 – Bonjour Christiane Lambert. – Bonjour.
00:09 – Les prix de l'alimentaire, les négociations sont terminées
00:11 pour fixer les prix de l'alimentation dans la grande distribution,
00:14 +10% environ, en moyenne, dans les semaines, les mois à venir.
00:19 Est-ce que les agriculteurs vont y trouver leur compte,
00:21 vont augmenter leur revenu ou pas ?
00:23 – Alors pour les agriculteurs, il y a dans la loi alimentation
00:26 une obligation de garder le prix payé aux agriculteurs.
00:29 C'est-à-dire que notre acheteur, dès lors qu'il a acheté à tel prix,
00:33 il ne peut pas revenir en arrière, ce qui était le cas auparavant.
00:36 Donc pour nous c'est bien, pour les industriels, eux c'est plus difficile,
00:40 ils n'arrivent pas à passer les hausses de cartons, d'emballages,
00:42 de salaires, de logistique, pour eux c'est plus difficile.
00:45 Mais pour nous, nous allons avoir un retour.
00:47 Par contre, les industriels demandaient une hausse de 15%
00:51 au regard de l'augmentation de toutes leurs charges, ils n'ont eu que 10.
00:55 Donc ce qui veut dire que ça va quand même coincer,
00:57 j'entendais ce matin par exemple que certaines usines
00:59 qui s'étaient mises à l'arrêt ne vont pas redémarrer.
01:01 - Mais vous dites donc ce matin, Christiane Lambert,
01:04 aux distributeurs, ou par exemple Edouard Leclerc
01:06 qui était sur ce plateau hier, bon ben merci,
01:08 vous avez fait ce qu'il fallait, vous nous avez entendus,
01:11 vous avez pris votre juste part.
01:12 - Alors c'est la loi qui leur impose, je peux vous dire qu'avant que la loi...
01:17 - Il y avait des négociations ardues, donc au final,
01:19 ils ont aussi fait du chemin.
01:21 - Ils ont fait du chemin, ils ont donné 10,
01:22 là où les industriels demandaient 15%.
01:25 Pourquoi demandaient-ils 15% ?
01:27 Chez les agriculteurs, la hausse de toutes les charges,
01:29 c'est +18%, +18%.
01:32 Sur deux années, ça fait +35%, on n'a jamais connu ça.
01:35 Le tiers, c'est comme si votre loyer augmentait de 30% en deux ans, imaginez.
01:39 Eh bien, il nous faut répercuter ces hausses jusqu'au bout.
01:42 C'est compliqué, je l'entends, tout le monde.
01:45 On est en économie de guerre, il faut le dire,
01:46 je crois qu'on ne le dit pas assez, et ça dure.
01:48 Personne ne sait combien de temps la guerre va durer,
01:51 combien de temps l'énergie va être chère,
01:53 combien de temps le blé russe va être bloqué dans les ports là-bas
01:55 au point qu'il ne peut pas venir.
01:57 Donc, ce qui est rare et cher, et tout augmente.
01:59 Et pour cette année, nous agriculteurs, en 2022,
02:02 nous avons eu des justes prix.
02:04 L'inquiétude pour 2023 commence,
02:06 parce qu'on voit bien que les distributeurs entre eux
02:08 se font une guerre féroce à nouveau.
02:10 Donc, d'un mot, vous avez pu vous préserver vos marges
02:12 en dépit de la hausse de vos coûts très importante.
02:14 On a pu répercuter une grosse partie de nos hausses de charges.
02:18 Alors après, en bout de chaîne, il y a la question du prix pour le consommateur.
02:21 Et je vous propose qu'on écoute, en effet, Michel-Edouard Leclerc,
02:23 qui était à votre place hier à la même heure.
02:26 Je l'aime quand même, mais bon, elle en fait trop dans le même registre,
02:29 parce qu'en fait, personne ne conteste, aucun distributeur ne conteste
02:33 le fait qu'après 10 années de déflation,
02:35 il faille donner plus de rémunération aux agriculteurs.
02:39 Maintenant, il faut qu'elle assume aussi que cette loi
02:42 qui a donné plus de rémunération aux agriculteurs,
02:44 les consommateurs le payent.
02:46 Et vous savez, il n'y a aucun industriel,
02:48 il n'y a aucune coopérative agricole qui se paye des pages de publicité
02:51 pour dire "nous avons demandé à Leclerc d'augmenter de 25%".
02:55 – Michel-Edouard Leclerc, il s'adresse directement à vous.
02:59 En somme, ce qu'il dit, c'est que vous demandez des hausses de prix,
03:02 hausses de rémunération, mais qu'à la fin,
03:03 les Français payent plus cher à leur alimentation.
03:05 – Oui, et je ne conteste pas ce qu'il dit.
03:07 Pendant 10 ans, il a vendu moins cher, de moins cher, de moins cher.
03:11 Et depuis 10 ans, on a perdu 100 000 exploitations agricoles,
03:13 on a perdu 100 000 fermes.
03:15 Donc on est en France, un pays où la distribution très concentrée
03:18 a écrasé les prix et a habitué les Français à manger pas cher.
03:22 Donc c'est un choc aujourd'hui de dire qu'il faut payer
03:24 un petit peu plus cher son alimentation,
03:26 mais c'est nécessaire si on veut garder des agriculteurs
03:29 et surtout attirer des jeunes vers nos métiers.
03:31 On a 40% des agriculteurs qui vont quitter pour prendre la retraite
03:35 dans les 10 ans qui viennent.
03:36 Si on revient à des prix écrasés, comme ça a été le cas pendant 10 ans,
03:39 on ne gardera pas l'agriculture française.
03:41 – Donc vous dites, Christiane Lambert, ce matin, aux consommateurs,
03:43 aux Français, eh bien vous payez le juste prix de ce que vous mangez,
03:47 même s'ils ont l'impression, et en effet ça se ressent dans leur portefeuille,
03:50 que c'est cher pour eux et que l'inflation les impacte.
03:53 – Oui, je comprends, mais nous sommes en économie de guerre,
03:56 tout le monde doit faire un effort.
03:58 Il faut aussi hiérarchiser ses dépenses.
04:01 J'ai une fille qui commence dans la vie active,
04:03 elle a un salaire de débutante, on en parle,
04:06 et je vois bien que cette hausse des prix, je la constate.
04:09 Mais si on veut garder de la production en France
04:11 et ne pas importer nos fruits, nos légumes, nos viandes,
04:14 tout de l'étranger, forcément moins cher
04:16 parce que les salaires sont moins élevés, les contraintes sont moins élevées.
04:19 Moi je ne veux pas que l'agriculture vive le même syndrome que le textile.
04:23 Nous avons perdu toutes les industries textiles en France,
04:25 on est tous habillés, personne n'est tout nu,
04:27 mais il n'y a plus d'industrie textile en France.
04:29 Je ne veux pas qu'on perde l'agriculture de la même façon
04:31 parce que l'agriculture elle est sur tous les territoires français.
04:34 Qu'est-ce que seraient nos départements sans l'élevage,
04:36 et les prairies, et les vaches pour brouter, ou les moutons, etc.
04:39 – Mais vous, face à cela, Christiane Lambert,
04:41 face notamment au bas salaire et à l'inflation,
04:43 vous n'êtes pas pour un panier anti-inflation.
04:46 Pourquoi ?
04:47 – Nous avons contesté ce panier anti-inflation
04:49 parce qu'il va casser les prix à nouveau,
04:50 et surtout il va s'adresser à tout le monde, à vous, à moi, à vous.
04:54 Nous avons nous plus les moyens que les précaires
04:56 d'acheter notre alimentation au juste prix.
04:58 Voilà pourquoi nous, nous prenons depuis le début
05:00 un chèque alimentaire en irrescription des plus précaires.
05:03 Ceux qui sont ayant droit sociaux,
05:05 qui ont droit au chèque vacances et au chèque énergie,
05:08 il faut le cibler vers cela.
05:09 Si on fait la même mesure pour tout le monde,
05:11 celui qui gagne 8000 euros dans l'immeuble d'en face,
05:13 il va aussi aller acheter le panier à pas cher.
05:15 – Et si jamais c'est le panier inflation qui est mis en œuvre,
05:18 vous allez quand même en discuter, qu'est-ce qu'il faut mettre dedans ?
05:20 Des produits vrais, des produits bio ?
05:22 – On en a discuté et il n'adviendra pas.
05:24 – D'accord, alors ça c'est ce que vous nous dites ce matin,
05:27 vous avez eu cette assurance de Berceuse,
05:28 il n'y aura pas de panier anti-inflation ?
05:29 – Il n'y aura pas de panier anti-inflation,
05:31 mais par contre il a été demandé aux distributeurs
05:33 de faire marge zéro sur un certain nombre de produits.
05:37 J'entendais ce matin que Michel-Édouard Leclerc, très habile,
05:40 fait marge zéro sur le carburant, façon intéressante
05:43 de faire venir les clients davantage chez lui.
05:45 – C'était hier.
05:45 – Voilà, alors pardon, ça a été repris.
05:49 Qu'il fasse marge zéro sur un certain nombre d'autres produits,
05:52 c'est-à-dire qu'il applique la loi SRP+10,
05:54 parce qu'il n'a pas le droit de vendre à perte, il l'a fait longtemps.
05:56 – Mais sur le panier anti-inflation, en fait il y avait un peu un flou,
05:59 il y avait un dispositif annoncé à la mi-mars,
06:02 justement pour soutenir le pouvoir d'achat dans l'alimentaire pour les Français,
06:06 mais l'idée du panier anti-inflation n'avait pas été clairement rejetée.
06:08 Vous, dans les discussions que vous avez eues avec le gouvernement,
06:11 c'est que cette option n'est plus sur la table.
06:12 – Nous avons rencontré Bruno Le Maire pendant une heure
06:15 au Salon de l'agriculture avant-hier, Mme Grégoire était là,
06:18 le ministre de l'Agriculture était aussi à ses côtés,
06:21 et ce qui a été dit, il n'y aura pas de panier inflation.
06:23 Par contre, il demande aux distributeurs de faire l'effort de marger moins,
06:26 parce que quand même, un certain nombre de distributeurs,
06:29 vous avez vu la publication des résultats de Carrefour, côté,
06:32 voilà, il a gagné les parts de marché, il a augmenté ses marges,
06:34 c'est eux qui doivent faire l'effort.
06:35 – Mais sur le chèque alimentation, vous avez été entendus ou pas ?
06:38 Qu'est-ce que vous dit Bercy, qu'est-ce que vous dit Bruno Le Maire
06:40 que vous avez donc rencontré ?
06:42 – La difficulté, c'est que ce chèque alimentaire,
06:44 il avait été prévu à l'époque où nous étions à 2% d'inflation.
06:47 Aujourd'hui, tout est chamboulé, vous le voyez bien, dans tous les domaines,
06:49 nous sommes à 14% d'inflation alimentaire.
06:52 Je rappelle quand même que la dépense alimentaire,
06:54 c'est la quatrième dépense des Français, ce n'est que 13%.
06:57 Alors c'est 17-18% pour les plus précaires,
06:59 parce qu'ils y consacrent une part plus importante de leur revenu.
07:02 Premier poste de dépense, les loyers, ils ont augmenté 31% en 5 ans.
07:06 On n'en parle pas, mais c'est beaucoup plus que l'alimentation.
07:09 Deuxième poste, la mobilité, le transport, le carburant a eu jusqu'à doubler.
07:13 Troisième poste, la téléphonie.
07:14 – Est-ce que ça plaît pour le chèque alimentation ou pas ?
07:18 – Il y a une hiérarchisation des dépenses aussi.
07:20 Tout comme il a été question de sobriété sur l'énergie,
07:23 et vous avez vu, les Français ont joué le jeu,
07:24 tout comme à l'instant, je viens d'entendre le conseil sobriété pour l'eau,
07:28 je l'entends aussi, eh bien il faut inciter les Français à mieux consommer.
07:32 Mieux consommer, ça veut dire aussi choisir des produits bruts.
07:36 Qu'est-ce qui augmente aujourd'hui ? Les produits traiteurs.
07:39 Avec des produits bruts, quand on cuisine un temps soit peu, même pas beaucoup,
07:42 c'est quand même moins cher, et surtout des produits frais,
07:43 parce que pour la santé, c'est quand même mieux.
07:45 J'ajoute que sur notre stand au Salon de l'Agriculture,
07:48 nous accueillons les banques alimentaires,
07:50 c'est inimaginable le nombre de visiteurs qui s'arrêtent
07:52 et qui demandent des conseils pour cuisiner, comment faire, etc.
07:55 Ils jouent un rôle extraordinairement important.
07:57 – Dans très court instant, puisque vous parlez justement du Salon de l'Agriculture,
08:00 vous savez un peu si les chiffres sont bons cette année ?
08:02 – Oui, il y a une très forte fréquentation,
08:04 samedi, dimanche, le week-end, ça a été très chargé, mercredi aussi,
08:08 et nous nous attendons pour ce week-end à nouveau à des allées bien pleines,
08:10 des familles très nombreuses, curieuses, des enfants…
08:13 – Donc plus que l'année dernière, Christiane Lambert, il y avait eu 500 000 visiteurs ?
08:16 – Non, il n'y en aura plus cette année.
08:17 Je pense qu'il n'y en aura plus cette année.
08:19 – Beaucoup de monde, et on va voir ce qui s'y dit,
08:20 notamment sur la sécheresse, sur l'usage des produits phytosanitaires,
08:25 il y a un plan éco-phyto aussi qui se profite de la part du gouvernement,
08:27 on va voir quel est votre avis là-dessus juste après.
08:30 Le Fil info, 8h41, Mathilde Romagna.
08:33 Une grève reconductible a commencé hier dans les centrales nucléaires,
08:37 avec des baisses de charges mais pas de coupures.
08:40 Les syndicats s'opposent à la réforme des retraites,
08:42 mais surtout à l'article 1 sur la fin des régimes spéciaux,
08:46 dont celui des agents d'EDF, article étudié dès ce matin par les sénateurs.
08:51 Une femme tuée en Gironde malgré deux plaintes déposées contre son ex-conjoint.
08:56 Elle a été retrouvée mortière, poignardée à Saint-Laurent-d'Ars,
08:59 c'est une information France Info.
09:01 Elle avait déjà porté plainte contre cet homme, déjà connu de la justice,
09:04 mais le parquet n'en a pas été informé.
09:07 Un nouvel élément, dans l'enquête sur la disparition de Leslie et Kevin dans les Deux-Sèvres.
09:11 Une deuxième personne a été mise en examen hier pour assassinat.
09:15 Première fois que la justice évoque officiellement cette piste,
09:18 le couple n'a plus donné signe de vie depuis fin novembre.
09:21 En football, en ouverture hier de la 26e journée du Ligue 1,
09:25 hier Nice et Auxerre se sont quittés sur un match nul, un partout.
09:28 A suivre aujourd'hui, le Derby du Nord, Lens reçoit Lille à 17h.
09:32 Et puis PSG-Nantes, c'est à 21h.
09:35 Alors hier, Christiane Lambert, vous avez accueilli au salon
09:47 le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti,
09:49 qui a annoncé que la majorité allait porter un texte de loi
09:51 pour éviter aux agriculteurs des faux procès
09:54 quand leur activité dérange le voisinage.
09:56 Par exemple, des plaintes contrôlées.
09:58 "Champ du coq, il faut pas qu'on emmerde les agriculteurs", a-t-il dit.
10:01 Est-ce que c'est vous qui lui avez soufflé cette idée de texte de loi ?
10:05 - Ça fait déjà plusieurs années qu'il y a des procès absolument incroyables.
10:10 Hier, un avocat était là, il partait en heure éloire.
10:13 Une plainte de voisins pour meuglement nocturne de vaches.
10:18 Est-ce qu'on va devoir apprendre aux vaches à se taire la nuit, à ne pas meugler ?
10:21 Enfin, je crois que ce qu'il a surtout dit...
10:23 - Il y en a tant que ça, il y en a tant que ça des procès.
10:26 Parce qu'on se dit, est-ce que c'est pas une loi un peu gadget ?
10:27 - Non, non, c'est pas une loi gadget du tout.
10:29 On a vu aussi des voisins dans l'Oise demander à leurs voisins agriculteurs
10:34 de ne pas mettre de vache dans la pâture d'à côté, mais de la laisser sans vache.
10:37 Enfin, il y a beaucoup de gens qui arrivent à la campagne et qui voient un jardin d'Éden,
10:41 un endroit merveilleux.
10:42 Pas que des Parisiens, pas que des Parisiens, des citadins, des nouveaux arrivants.
10:46 La campagne, c'est le lieu du travail des agriculteurs, du bruit.
10:50 On moissonne le jour, la nuit, parfois, quand le temps le permet.
10:55 Le champ du coq, on va pas prendre au coq...
10:57 Il n'a pas le décalage horaire, le coq.
10:58 Il peut pas décaler son heure de champ.
11:00 Donc la question, c'est la tolérance.
11:03 La question, c'est la tolérance.
11:04 Moi, quand je viens à Paris quelques fois par semaine,
11:06 je me plains pas qu'il y a trop de bruit de voiture ou du gaz carbonique qui m'intoxique.
11:08 Je fais avec et puis après, je repars dans ma campagne préférée.
11:11 - Il n'y a pas que les voisins qui vous embêtent.
11:12 Il y a aussi le ciel, la sécheresse, sécheresse hivernale, un manque de pluie.
11:16 Évident, cet hiver, plus d'un mois qu'il n'y a pas eu de grosses précipitations.
11:19 Est-ce que vous êtes inquiète pour certains types de cultures déjà ?
11:22 - Oui, on est inquiet pour la totalité des cultures s'il ne pleut pas.
11:27 Alors, c'est très différent d'une région à l'autre.
11:29 J'avais hier des agriculteurs de Bretagne, d'exploitoucharentes, etc.
11:33 qui ont eu suffisamment d'eau.
11:35 Par contre, dans le Grand Est, en Provence, à la Côte d'Azur, il y a un vrai manque d'eau.
11:39 Sur les dix dernières années, nous avons 14% de pluie au moins.
11:43 Donc, comparaison décade-décade.
11:46 On voit aussi que les réserves sont insuffisamment remplies pour 40% d'entre elles.
11:51 40% d'entre elles, c'est beaucoup.
11:53 Alors, mars = giboulet.
11:54 - Tout va se jouer en mars ?
11:56 - Mars, c'est le point de bascule.
11:58 S'il y a de la pluie régulièrement en mars, il y a aussi beaucoup de neige dans certains endroits.
12:01 Donc, la fonte des neiges va alimenter les feuves.
12:03 Donc, ça va aussi permettre d'améliorer les choses.
12:06 Mais les agriculteurs ont déjà réagi.
12:07 Vous voyez, nous avons 6% d'implantations de cultures d'hiver en plus.
12:10 Les cultures d'hiver, c'est celles qu'on récolte plus tôt.
12:13 Elles sont moins exposées à la sécheresse de l'été.
12:15 Nous sommes inquiets beaucoup pour les prairies,
12:17 parce que l'année dernière, nous avons déjà eu sécheresse et canicules.
12:20 Il n'y a pas de réserve d'avance de fourrage dans les élevages.
12:23 - Voilà, il n'y a plus de stock et on risque d'avoir du mal à remplir les stocks.
12:27 Qu'est-ce qui va se passer si on n'a pas assez de fourrage en France ?
12:29 - Eh bien, les animaux souffrent.
12:31 On cherche des alternatives au fourrage.
12:34 Et puis, certains ont déjà vendu un certain nombre d'animaux,
12:36 2, 3, 4, 5% de leurs vaches, pour passer le cap avec le fourrage dont ils disposent.
12:41 - Et pourquoi alors les mégabassines ?
12:43 Vous savez qu'elles font polémique.
12:45 Ces mégabassines, je le rappelle, sont des retenues d'eau
12:47 qui contiennent l'équivalent de dizaines de piscines olympiques.
12:50 Alors là, on se dit quand même que l'eau, il y en a moins, c'est encore plus précieux.
12:54 Et c'est comme une privatisation de cette ressource qui devient rare.
12:57 - Vous avez tout faux sur tous les mots.
12:59 Ce ne sont pas des mégabassines, ce sont des réserves d'eau hivernales
13:02 qui sont alimentées comment ?
13:04 En puisant dans des nappes phréatiques sur autorisation de la préfète de région.
13:08 Quand les nappes sont suffisamment remplies et qu'elles sont saturées,
13:10 qu'il risque d'y avoir de l'eau sur les sols,
13:12 les agriculteurs sont autorisés à pomper pour remplir leurs réserves.
13:16 Et ainsi, ils évitent des inondations de surface qui sont mauvaises,
13:20 y compris pour la végétation, et ils ont de l'eau pour l'été.
13:23 Et ce n'est pas de l'accaparement, ils ne mettent pas ça dans leur poche ou dans leur piscine,
13:26 ils mettent ça pour les cultures, pour votre alimentation.
13:29 Donc l'eau agricole, c'est de l'eau pour l'alimentation.
13:32 Et en quelque sorte, elle est restituée.
13:33 Quand vous mangez, pardon, mais vous restituez aussi quoi.
13:36 - Alors, tout prévêt que j'ai pu le dire.
13:38 - Donc comparé à des piscines olympiques, ça fait chic, c'est marrant,
13:41 mais vraiment, ce n'est pas la bonne comparaison.
13:44 - Tout de même, Christiane Lambert, ça pose quand même une question,
13:48 puisque l'idée, c'est de capter l'eau l'hiver pour en avoir l'été,
13:53 la capter l'hiver parce qu'elle est plus abondante.
13:54 Là, on voit en l'occurrence cette année que l'eau manque cet hiver.
13:58 Et d'ailleurs, Marc Fesneau, dans le journal Libération ce matin, dit
14:00 "Les années où on ne pourra pas remplir les mégabassines, on ne les remplira pas".
14:03 Est-ce que ça ne pose pas la question d'une forme d'anachronisme,
14:06 aujourd'hui, de ces processus ?
14:08 - Non, parce que les années où on peut les remplir, on les remplira,
14:10 et on maintiendra l'agriculture dans ces territoires.
14:13 Moi, ça ne me gêne pas de parler et de sobriété et de stockage.
14:16 D'ailleurs, c'est ce que nous avons dit au président de la République,
14:18 il l'a dit lui-même.
14:19 Le président a dit dimanche, madame la première ministre aussi,
14:22 il ne peut pas y avoir d'agriculture sans eau.
14:24 Il faut mieux gérer l'eau.
14:25 Et donc, stocker quand elle est abondante,
14:27 les réserves de Saint-Sauline et de Moselle-sur-le-Mignon sont pleines,
14:30 elles sont remplies aujourd'hui.
14:31 Dans cette région-là, il n'y en a plus, ils ont rempli.
14:34 Et donc, les éleveurs de bovins, de chèvres,
14:37 les cultivateurs vont pouvoir faire leur activité.
14:40 Donc, il faut faire ces réserves-là.
14:42 Vous savez que la France a moins de réserves d'eau
14:44 que les Pays-Bas ou le Danemark.
14:45 Ça ne vous interroge pas ?
14:46 – Parce qu'on irrigue aussi beaucoup moins.
14:48 – Eh oui, nous n'avons que 6% de terres irriguées,
14:51 là où d'autres pays irriguent beaucoup plus.
14:52 Donc, en France, nous avons une polémique, mais qui nous plombe,
14:55 mais comme sur d'autres sujets, la France est le pays des polémiques,
14:57 vous le savez bien, regardez ce qui s'est passé sur le nucléaire,
14:59 regardez ce qui se passe sur tous les sujets.
15:01 – N'hésitez pas à rentrer dedans parfois.
15:02 – Le français est ronchon, le français est ronchon,
15:04 l'écologiste français est radical, et donc on arrive à des aberrations.
15:08 En France, on ne stocke que 1,7% de l'eau de pluie.
15:11 En France, on n'utilise que 2% des eaux usées.
15:15 L'Espagne, 25%, l'Italie, 32%, Israël, 85%.
15:18 – Et le gouvernement a annoncé un plan d'ailleurs.
15:19 – Ça s'inspire des pays plus au sud.
15:21 – Christiane Lambert, juste avant de parler des pesticides,
15:22 qui est un autre sujet de polémique,
15:25 la sécheresse, est-ce qu'elle aura un impact sur les prix des fruits et légumes ?
15:29 – Oui, bien sûr.
15:30 – Ils vont beaucoup m'augmenter ?
15:31 – Bien sûr, mais s'il n'y a pas d'eau, si on ne stocke pas d'eau,
15:34 on produira moins et ça sera plus cher.
15:36 En Bretagne, l'année dernière, les haricots verts et les flageolets
15:39 qui ont été semés n'ont pas pu être irrigués, il n'y a pas d'irrigation.
15:43 Et donc il y a 50% des haricots verts qui n'ont pas levé.
15:46 Donc on va manquer de 50% de haricots verts.
15:47 – Et là, vous avez déjà une augmentation,
15:49 un pourcentage d'augmentation prévisible pour les fruits et légumes ?
15:53 – Eh bien déjà, certains se tournent vers les haricots verts du Kenya,
15:56 qui ne sont pas faits dans les mêmes conditions,
15:57 qui n'auront pas un bilan carbone génial.
15:59 Mais ce qui montre bien, et merci de le dire ainsi,
16:02 si on n'a pas d'eau, si on produit moins, les produits seront plus chers.
16:05 Donc il faut faire un choix aussi.
16:06 Mais produire suffisamment, c'est éviter aussi d'avoir ces manques
16:10 qui font que l'alimentation sera plus chère.
16:12 Vous savez, vous connaissez le dicton,
16:13 produire moins, c'est produire de la faim.
16:15 Et produire moins pour nous, c'est produire de l'inflation.
16:17 – Est-ce que vous répétez ce matin que c'est la même chose pour les pesticides,
16:20 qu'il y en a besoin pour soutenir un niveau de production ?
16:23 Il y a le plan éco-phyto du gouvernement qui se profile,
16:26 qui doit notamment garantir des alternatives avant chaque interdiction,
16:30 interdiction jugée parfois abrupte, Emmanuel Macron l'a dit lui-même,
16:34 dans votre sillage, parfois il n'y a pas d'alternative possible ?
16:37 – Alors quand il n'y a pas d'alternative possible,
16:39 ce que nous avons dit à la ministre et le plan que nous avons demandé,
16:42 c'est une programmation pluriannuelle des alternatives au phyto.
16:45 – Mais ça, ça n'a pas été fait.
16:46 Les néonicotinoïdes qui font en parler, insecticides tueurs d'abeilles,
16:49 c'est ce que disent les scientifiques.
16:51 – Non, ce n'est pas ce que disent les scientifiques.
16:53 Alors, arrêt brutal des néonicotinoïdes, c'est la justice européenne.
16:56 – Ça fait des années que ça dure quand même, que c'est sur la table
16:58 et un débat au niveau européen.
17:00 – Deux secondes, les autres pays ont des dérogations, la France n'en a aucune.
17:04 – Il y a dix pays sur les 27 en Europe qui ont une dérogation,
17:07 la France en a eu, et là ça a changé.
17:09 – Barbara Pompili, sous le gouvernement Hollande,
17:12 a interdit totalement les néonicotinoïdes, c'est dans la loi,
17:15 donc nous ne pouvons rien faire.
17:16 – Il y a eu des dérogations, jugées illégales désormais par…
17:19 – Non mais attendez, si vous voulez faire des questions et des réponses,
17:20 je peux peut-être vous expliquer ce qui s'est passé.
17:24 Interdiction totale en France, ça n'existe dans aucun autre pays.
17:26 L'Allemagne va, l'Allemagne, ministre vert, pays présenté comme vert,
17:30 c'est le pays qui a le plus de dérogations.
17:32 L'Allemagne va produire des betteraves, traitées au néonicotinoïde,
17:36 nous allons importer son sucre.
17:37 Est-ce que vous trouvez ça normal ?
17:39 – Vous vous dites, il faut qu'on continue en France…
17:41 – À avoir des dérogations quand il n'y a pas de solution,
17:44 c'est la raison pour laquelle nous voulons une programmation
17:46 des alternatives intelligentes, s'il n'y a pas de solution,
17:49 on garde le produit un an, deux ans, on garde le produit un an, deux ans,
17:53 quitte à réduire le dosage possible, utilisable par l'agriculteur,
17:58 on réduit les impacts, mais on ne supprime pas brutalement.
18:01 Vous savez, à force de supprimer les moyens de production
18:04 à l'agriculture française, on est en train de vivre une catastrophe,
18:08 on importe de plus en plus, on produit moins et on exporte moins.
18:12 L'agriculture se tire une balle dans le pied.
18:14 Les chiffres sont dramatiques, on importe 60% de nos fruits,
18:17 on importe 45% de nos légumes, 29% de notre viande.
18:20 Est-ce qu'on veut devenir une agriculture sans agriculteur et sans production ?
18:25 Non. Donc je pense qu'il faut de la raison.
18:27 Il y a eu trop d'idéologies en France, on a vu ce que ça donnait sur le nucléaire.
18:31 Pardon, regardez-moi, j'écoute les auditions de M. Hulot, de Mme Borne, etc.
18:35 à l'Assemblée.
18:36 Et oui, mais on prend des décisions sous l'émotion ou sous le harcèlement
18:40 d'un certain nombre d'écologistes les plus radicalisés,
18:43 ceux qui n'ont qu'un slogan "décroissance, décroissance, décroissance".
18:46 – Défense de la biodiversité aussi, vous répondez.
18:48 – Mais la biodiversité, monsieur, elle n'est pas liée qu'à ça.
18:51 Pardon, aujourd'hui nous travaillons sur la biodiversité et les abeilles,
18:54 la raison pour laquelle elles meurent, c'est aussi d'autres raisons,
18:57 des problèmes sanitaires aussi, c'est un peu plus compliqué
19:00 de l'attribuer qu'à un seul phénomène.
19:02 – On est déjà très en retard, on a deux minutes de retard déjà
19:04 par rapport à l'horaire habituel.
19:05 – Mais j'ai question et réponse, fallait me laisser répondre plus vite.
19:07 – On vous a bien entendu, Christiane Lambert.
19:09 Merci à vous Présidente de la FNSEA, Premier Syndicat Agricole Français.
19:13 D'ailleurs je précise que vous allez bientôt passer la main,
19:14 dans un mois c'est la fin de vos deuxièmes mandats
19:16 et vous ne vous représentez pas.

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