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  • 03/03/2023
"Creed III" le nouveau film dérivé de la franchise Rocky est sorti mercredi dernier sur nos écrans français, et pour la première fois, Sylvester Stallone est absent du casting. Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Le Billet de Frédérick Sigrist dans le 5/7 (6h55 - date) Retrouvez tous les billets de Frédérick Sigrist sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-frederick-sigrist

Catégorie

😹
Amusant
Transcription
00:00 6h56, blockbuster Frédéric Sigrist ! Ce matin Frédéric, vous savez me parler, vous,
00:06 puisque vous voulez évoquer Creed III, la franchise dérivée de la saga Rocky !
00:10 Oui, et c'est aussi le premier épisode où Rocky, Sylvester Stallone, n'apparaît
00:15 pas, suite aux différents juridiques qui opposent ce dernier au producteur disparu
00:18 Irvin Winkler et ses ayants droit.
00:20 En gros, Stallone a beau avoir créé les personnages en 1976, Rocky Balboa, Adriel,
00:25 le beau frère Pauly, l'entraîneur Mickey et le cultissime Apollo Creed, il a beau avoir
00:29 écrit le scénario de quasiment tous les épisodes et avoir joué dedans, il n'est
00:33 pas propriétaire des droits de l'univers qu'il a intégralement créé.
00:36 Avant d'aller plus loin Laetitia, je dois vous dire que je ne suis pas neutre dans ce
00:40 débat d'un Rocky sans Rocky, car j'ai versé plus de larmes devant la saga du boxeur
00:44 italien que devant n'importe quel film, ever ! Moi, quand je vois Stallone avec sa
00:49 gueule cassée, qui traîne sa démarche un peu pâteau dans les ruelles de Philadelphie,
00:54 sur le thème de Bill Conti, cherchant à dire à Adrienne, timide vendeuse dans une
00:57 animalerie qu'elle est la plus belle femme qu'il a jamais vue, ça me met dans un état.
01:01 Et puis, ce n'est pas des petites larmes, c'est un mélange entre une rhinite et des
01:04 gaz lacrymo pendant une manif.
01:06 Mon visage n'a plus aucune espèce de dignité.
01:08 Vous me mettez devant un marathon Rocky, je vous résous la sécheresse à laquelle les
01:12 paysans français font face en ce moment.
01:13 Je ne suis ni catholique, ni juif, ni musulman, je suis rockiste.
01:17 On vous sent tellement nostalgique sur ce coup-là Frédéric !
01:20 Oui, mais je voulais accorder à Creed III le bénéfice du doute.
01:23 J'adore Michael B. Jordan, l'acteur qui joue Adonis, le fils d'Apollo Creed.
01:27 J'avais aimé le premier Creed de Ryan Coogler, qui faisait de Rocky cette figure de vieux
01:31 sage prolétaire, une sorte de mélange entre un film de Ken Loach et Christophe André
01:35 qui serait allé à la salle.
01:36 Même le moins bon Creed II, où Adonis s'opposait au fils de Draco, le terrible boxeur russe
01:41 de Rocky IV, m'avait cueilli dans ces scènes intimistes où Adonis découvre le handicap
01:45 de son nouveau-né.
01:46 Concerné par le sujet, les paroles de soutien de Rocky m'avaient fait autant de bien à
01:49 moi qu'à Adonis.
01:51 Mais me disais-je peut-être qu'après autant de films avec Rocky, il était normal qu'Adonis
01:55 Creed vole de ses propres ailes.
01:57 Après s'être approprié le nom de son père, Apollo Creed, il était peut-être normal
02:00 qu'il s'approprie la franchise de son père spirituel, Rocky Balboa.
02:03 Le problème, c'est que dans ce film réalisé par Michael B. Jordan lui-même, avec des
02:08 effets de mise en scène intéressants qui démontrent l'amour que ce dernier a pour
02:11 les animés japonais, on a droit à une histoire qu'on a déjà vue dans Rocky III.
02:16 On voit apparaître le personnage de Damian, un ami d'enfance d'Adonis, joué par
02:20 le charismatique et très très très intense Jonathan Majors.
02:23 Lui, quand il est à l'écran et qu'il prend un café, dans ses yeux, tu vois combien
02:27 le paysan colombien a été payé pour ramasser son grain de café.
02:30 Il ajoute un sucre, il te joue le diabète qui se développe.
02:32 Il est intense ! Il joue un boxeur prometteur issu des quartiers qui a passé 18 années
02:36 de sa vie en prison pour un crime qu'il n'a pas connu.
02:38 Et à sa sortie, il estime à juste titre qu'Adonis s'est approprié son rêve et
02:43 la vie qui va avec.
02:44 Et c'est bien là tout le problème de Creed III.
02:47 Parce qu'en trois films, Michael B. Jordan, tel le coucou qui s'installe dans le nid
02:51 des autres, campe un personnage qui finalement, squatte en permanence le rêve de ceux qui
02:55 l'entourent ou qui l'ont précédé.
02:56 Apollo Creed, Rocky et désormais Damian qui est le vrai héros de Creed III.
03:02 Et j'ai personnellement beaucoup de mal à m'attacher à Un Fils Deux, Beau Gosse,
03:05 Pété de Thune, qui contemple Los Angeles du haut de sa ville luxuriante mariée à
03:09 une star de la chanson incarnée par Tessa Thompson.
03:11 Film qui finalement ne consacre que la réussite et les signes extérieurs de richesse qui
03:15 vont avec, là où Rocky III les remettait en question.
03:18 Voir Rocky, sceptuagénaire, faire l'inventaire de son restaurant avec des mittens sous le
03:22 ciel gris et hivernal de Philadelphie, reste plus inspirant que tout le bling bling de
03:27 Creed.
03:28 Michael B. Jordan a appris beaucoup de Rocky, sauf une chose, on crée des grandes sagas,
03:32 non pas avec des winners incontestés, mais avec des perdants magnifiques.
03:36 Merci Frédéric Sigrist pour ce blockbuster.

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