Aiman Ezzat, directeur général de Capgemini, était l'invité d'Erwan Morice dans Good Morning Business, ce jeudi 31 juillet. Ils sont revenus sur les résultats semestriels de sa société qui accompagne les entreprises dans leur transformation numérique, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Cette saison, des publications semestrielles en pagaille cette semaine et parmi les groupes français qui publient un géant des services numériques, Capgemini.
00:06Nous sommes avec son directeur général. Bonjour Aïman Ezat.
00:09Bonjour.
00:09Merci d'être sur notre plateau. Capgemini, je le rappelle, vous accompagnez les entreprises dans leur transformation numérique.
00:16Vous publiez un chiffre d'affaires de 11 milliards d'euros sur la première moitié de l'année.
00:19Résultat supérieur à ce qu'attendaient les analystes. J'imagine que c'est une satisfaction.
00:24Oui, on renoue avec la croissance surtout. Et je pense que ce qui est important, après plusieurs trimestres de chiffre d'affaires en décroissance,
00:34c'est un secteur qui, après une forte croissance dans les années 21-22 post-Covid, qui a camévé un ralentissement depuis le milieu de 2023,
00:44et un ralentissement au niveau mondial. Et on est un peu à la peine en termes de croissance en tant que secteur depuis quelques trimestres.
00:51Donc, pour nous, avec la croissance, c'est évidemment quelque chose de positif.
00:55Plusieurs trimestres de trous d'air. Est-ce que vous regagnez en visibilité ?
00:59Parce que je voyais que vous ajustez vos prévisions de croissance avec une fourchette qui est un petit peu plus resserrée que dans les projections précédentes.
01:06C'est à cause de quoi ? C'est qu'il y a toujours de l'incertitude sur le marché ?
01:09Alors, il y a un environnement qui est stabilisé pour l'instant.
01:12Donc, depuis le début de l'année, malgré les discussions sur les tarifs, on n'a pas vu d'évolution dans notre environnement.
01:19Donc, ce n'est pas un environnement très porteur. C'est des faibles croissances.
01:23Mais en tout cas, il ne se dégrade pas.
01:24Et on démarre le troisième trimestre avec un environnement qui est similaire.
01:29Et pour le moment, on reste prudent, puisqu'au niveau géopolitique et au niveau économique,
01:35les discussions sur les tarifs et autres, on sait qu'il peut y avoir des soubresauts en cours d'ici la fin de l'année.
01:40Donc, on fait attention.
01:43Oui, vigilance. Vigilance aussi pour vos clients, d'ailleurs, qui sont aussi dans l'expectative.
01:48On a un manque de visibilité, on le sait, notamment dans les services, donc le cœur de votre activité.
01:54Est-ce que vous remarquez que certains de vos clients mettent le volet informatique innovation en stand-by
01:58pour se concentrer sur d'autres investissements ?
02:01Écoutez, pas vraiment.
02:02Mais il y a beaucoup de concurrence dans notre secteur, puisqu'il y a un marché qui a une faible croissance.
02:09Je pense qu'il y a toujours une augmentation des dépenses au niveau informatique, mais c'est plutôt l'orientation.
02:14Donc, il y a des réductions dans certains endroits pour pouvoir favoriser justement les investissements dans l'innovation, notamment dans l'IA.
02:22Et ensuite, c'est un peu le mix sectoriel qui va jouer.
02:25C'est-à-dire qu'on a des secteurs comme les services financiers, on est en bonne croissance,
02:30y compris par exemple tout ce qui est telco et médias aujourd'hui, on a une bonne croissance aussi au niveau mondial.
02:35Par contre, dans le secteur industriel, côté manufacturier, notamment l'auto, là, on souffre beaucoup.
02:41Oui, donc c'est vraiment une question sectorielle.
02:43Tout à fait. Aujourd'hui, c'est vraiment une question sectorielle.
02:45Vous publiez un résultat d'exploitation qui, lui, est en repli de 15%.
02:49Comment est-ce que vous expliquez cela ?
02:51Écoutez, on a un peu plus de frais de restructuration en ce moment, d'accord ?
02:55Parce que justement, on a une décroissance en Europe, il y en a moins de flexibilité,
03:00notamment à cause du secteur manufacturier, donc l'auto, l'aéro qui avait ralenti, mais pas uniquement.
03:06Et donc, ça met un peu de pression. Et évidemment, nous, nos coûts de personnel sont des coûts importants.
03:11C'est la plupart de nos coûts. Donc, on a des coûts de restructuration liés à des ajustements, notamment en Europe.
03:17Il y en aura encore sur la suite de l'année ?
03:19Il va y en avoir encore un petit peu sur le reste de l'année.
03:22Donc, sur l'Europe toujours ?
03:23L'Europe. Donc, en fait, on a une croissance des effectifs, mais elle est plutôt dans nos centres de délivrerie globaux,
03:31donc notamment en Inde, mais pas uniquement. Et de l'autre côté, on a une décroissance des effectifs en ce moment en Europe,
03:36parce qu'on a une décroissance du chiffre d'affaires en Europe.
03:392026, ça sera pareil ? Ou là, c'est un petit peu trop tôt pour se projeter ?
03:42On va essayer d'être optimiste pour 2026, mais c'est un peu trop tôt pour se projeter.
03:46On attend quand même de voir qu'est-ce qui se passe au niveau économique, puisque ça influe beaucoup sur les investissements de nos clients.
03:52Mais donc, la reprise ? Bon, on disait que certains secteurs se portent plutôt bien et il n'y a pas d'impact pour vous.
03:58D'autres, c'est plus difficile. Donc, le trou d'air n'est pas complètement passé.
04:03Vous arrivez quand même à vous projeter sur les prochains mois, sur les secteurs pour lesquels c'est plus difficile ?
04:08Typiquement, en 2026, est-ce que vous dites que ça va aller mieux ou c'est trop difficile ?
04:12Non, parce qu'en fait, on a quand même des effets de base.
04:15Donc, on a une décroissance assez importante depuis le milieu de l'année dernière dans l'automobile,
04:22notamment, pas uniquement, mais dans le secteur industriel.
04:25Et ça se stabilise. Donc, les effets de base, en 2026, devraient commencer à s'effacer.
04:32Donc, ça devrait aller mieux.
04:33Mais bon.
04:34Aymane, ça a un sujet très fort aussi et qui vous concerne pleinement.
04:38L'intelligence artificielle, bien sûr.
04:40Les entreprises, est-ce qu'elles investissent autant qu'elles le voudraient et qu'elles le pourraient,
04:46étant donné la situation difficile dans certains secteurs ?
04:49Est-ce qu'elles voudraient faire plus, mais elles sont contraintes de reporter certains projets ?
04:53Alors, je pense que tout le monde veut faire plus.
04:56Tout le monde y croit.
04:58Maintenant, tout le monde réalise ce qu'il n'est pas très simple.
05:00C'est-à-dire qu'il y a une différence entre la promesse de ce que peut apporter l'intelligence artificielle
05:05et la complexité de mise en œuvre derrière.
05:07Puisque c'est un changement pour l'ensemble de l'entreprise,
05:10un changement en termes de modèles opérationnels, de processus, de prise de décision, d'évolution de compétence.
05:19Et donc, il faut de la visibilité pour y aller ?
05:22Non, mais les gens y vont.
05:23Par contre, on voit que la complexité de mise en œuvre, c'est-à-dire que ça prend du temps,
05:26parce que ce n'est pas facile.
05:29Mais par contre, il y a beaucoup d'investissements, il y a beaucoup de promesses.
05:31Et avec deux ans et demi maintenant de maturité au niveau de tout ce qui est l'IA générative
05:36et maintenant les agents IA, on commence à comprendre aussi quelles sont les vraies poches
05:41en termes d'investissement qui permettraient d'amener de la valeur
05:45et quels sont les leviers sur lesquels il faut agir pour arriver à justement obtenir cette valeur.
05:50En tout cas, on sait que dans l'IA, il y a une course au talent, à la fois à la technologie aussi.
05:55Vous y participez d'ailleurs.
05:56Vous venez de racheter l'américain WNS pour 3,3 milliards de dollars.
06:01Dans quel objectif ?
06:02Alors, c'est ce qu'on appelle les opérations intelligentes.
06:04Donc, c'est un nouveau segment de marché.
06:07Parce qu'en fait, quand on regarde l'IA générative et les agents IA,
06:11il y a eu beaucoup de focalisation sur les aspects informatiques,
06:14la génération de codes, les tests, etc.
06:20Il y a de l'impact, mais beaucoup moins que ce que les gens attendaient aujourd'hui.
06:24C'est beaucoup plus compliqué.
06:26Parce que, par exemple, pour nous, on gère des environnements.
06:30On fait des améliorations sur les environnements existants.
06:32On est beaucoup moins dans la génération de nouveaux codes,
06:35d'applications sur des plateformes digitales.
06:39Donc, on voit moins d'impact.
06:41Par contre, là, on voit des impacts sur les processus métiers.
06:45Donc, on voit à des niveaux de micro-tâches,
06:48le potentiel de mettre des agents IA ou des assistants d'IA génératifs
06:52pour faire de l'hyper-automation.
06:53qui, non seulement, permet d'avoir une productivité,
06:56une amélioration de l'efficacité du processus,
06:59mais aussi d'améliorer significativement la compétitivité de ces processus.
07:03Donc, avec WNS, ce qu'on passe,
07:05c'est qu'on passe à l'échelle en termes de processus opérationnels,
07:08de gestion de processus opérationnels,
07:09notamment dans les métiers comme les services financiers,
07:12qui nous permet maintenant d'avoir un levier important
07:15en termes d'aider les entreprises
07:18à, justement, déployer l'IA et l'IA génératif
07:23sur leur processus métier
07:24et gagner en compétitivité de manière importante.
07:27Mais alors, comment est-ce que vous vous dites
07:28« ça, ça vaut 3 milliards » ?
07:31Ça fait partie des modèles de valorisation qu'on a.
07:33On voit les synergies.
07:34On a lancé des synergies à la fois de coût
07:36et en termes d'augmentation de chiffre d'affaires.
07:39Et au niveau stratégique, on voit aujourd'hui
07:41les opportunités sur lesquelles on travaille,
07:45qui sont de taille.
07:45C'est des opportunités de plusieurs centaines de millions d'euros
07:48qui, justement, requièrent cette plateforme opérationnelle
07:53nécessaire pour pouvoir se positionner sur ces opportunités.
07:57L'intelligence artificielle, ça représente combien
07:58de votre chiffre d'affaires aujourd'hui ?
08:00Alors, sur la partie IA générative et agent IA,
08:04qui est pas toute l'intelligence artificielle,
08:05ça correspond à plus de 7% de nos prises de commandes
08:09au deuxième trimestre.
08:12Avec quel objectif, à terme peut-être, sur l'année ?
08:15Petit à petit, ça va augmenter.
08:16Donc, on était à 5% au quatrième trimestre,
08:186% au premier trimestre.
08:21On est à 7%.
08:22Je pense que ça va pénétrer de plus en plus
08:25l'ensemble de nos métiers.
08:26Et accélérer.
08:27Et plus importante.
08:28Ça accélère.
08:29C'est un des leviers de croissance
08:30sur lesquels on compte, bien sûr.
08:31On comprend bien que vous êtes dans une industrie