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Dans son édito du 29/07/2025, Jacques Serais revient sur les droits de douanes américains. 

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Transcription
00:00Vous revenez ce matin sur l'accord commercial passé entre les Etats-Unis et l'Union Européenne.
00:05Les produits européens exportés aux Etats-Unis seront donc taxés à hauteur de 15%.
00:09Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'est pas Marine Le Pen ou encore Jean-Luc Mélenchon
00:14qui s'indignent forcément le plus de l'accord commercial conclu avec Washington.
00:19Non, ce sont les macronistes eux-mêmes.
00:21En 24 heures, on a vu une véritable fronde contre Ursula von der Leyen,
00:26la charge la plus spectaculaire, celle de François Bayrou.
00:29C'est un jour sombre, assène le Premier ministre, un jour sombre que celui ou une alliance de peuples libres
00:35rassemblées pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts se résout à la soumission.
00:41Une charge explosive, loin d'être isolée.
00:43La députée européenne Valérie Ayet regrette-t-elle aussi cet accord et vise la présidente de la Commission européenne ?
00:50Nous sommes un géant économique mais un nain politique,
00:54écrit celle qui incarnait encore récemment le projet européen du macronisme
00:59comme une tête de liste aux dernières élections européennes.
01:02Une séquence qui en dit long, comme si cet été 2025 devait être l'été du retournement de veste.
01:09Pourquoi Jacques, où voulez-vous en venir ?
01:10Eh bien, ce ne serait pas risible si ces critiques ne venaient pas de ceux-là même
01:15qui applaudissaient hier Ursula von der Leyen.
01:19Qu'à lorsque l'on regarde dans le rétroviseur, les archives sont cruelles.
01:22En octobre 2023 par exemple, il y a moins de deux ans,
01:26qui était l'invité d'honneur du campus du parti Renaissance pour lancer la campagne des européennes ?
01:33Dans le mille, la présidente de la Commission, invitée vedette devant 3000 militants marcheurs.
01:38A l'époque, Renaissance vantait la stature d'Ursula von der Leyen, son autorité,
01:43sa capacité à incarner l'Europe face au populisme.
01:47Elle apparaissait d'une certaine manière comme la caution européenne du macronisme.
01:52Valérie Ayet et ses collègues eurodéputés du groupe Renew se sont appuyés sur elle
01:57pour se faire élire en 2024.
01:59Et le 10 juillet dernier, il y a moins de trois semaines,
02:03l'ancienne ministre allemande de la Défense pouvait encore compter sur leur soutien.
02:06Malgré des désaccords apparus ces derniers mois, comme sur le Mercosur,
02:11les macronistes ont voté contre la motion de censure qu'il a visée.
02:16Ils l'ont protégée, préservée, pour aujourd'hui finalement dénoncer son manque d'ambition face aux Etats-Unis.
02:23Elle doit bien avoir encore quelques soutiens au sein du parti présidentiel.
02:26Oui, bien sûr.
02:27Prenez Stéphane Séjourné, l'ancien ministre des Affaires étrangères.
02:31Vous vous souvenez, c'est l'ex-patron de Renaissance,
02:34le prédécesseur de Gabriel Attal comme secrétaire général du parti.
02:37Aujourd'hui, il est vice-président de la Commission européenne
02:40et il se montre plutôt satisfait de l'accord conclu.
02:43La protection des intérêts européens a été notre seule boussole.
02:47L'accord permet d'éviter une guerre commerciale
02:50dont les conséquences économiques auraient été désastreuses, explique-t-il.
02:54Ce qui est intéressant de souligner, c'est que Stéphane Séjourné
02:57est infidèle de la première heure d'Emmanuel Macron.
03:00C'est son homme de confiance au cœur du réacteur européen,
03:04le maillon essentiel de son influence à Bruxelles.
03:07Justement, le président de la République n'a pas réagi à cet accord si critiqué.
03:10Absolument.
03:11Silence radio à l'Élysée.
03:13Car un silence pesant, mais avec le recul pas si surprenant.
03:17Car le palais ne s'attendait pas à ça,
03:19pas à ce que ses propres troupes tournent le dos aussi ouvertement
03:23à Ursula von der Leyen, et surtout pas à François Bayrou, pas lui.
03:26Alors même que la France, comme les autres puissances européennes,
03:29avait fixé ses lignes rouges à la Commission européenne
03:31et qu'elles avaient été respectées sur l'agriculture comme sur l'aéronautique,
03:36rien sur le fond qui justifie une rupture.
03:39Et pourtant, le mot a été lâché.
03:41Soumission.
03:42Un mot emprunté au lexique souverainiste,
03:45tandis qu'Emmanuel Macron, lui, continue de jurer fidélité à l'Europe.
03:49Bref, c'est une rupture de ton, et peut-être même plus.
03:52Les prochaines heures nous diront si le chef de l'État vient corriger François Bayrou,
03:57mais désavouer son Premier ministre pourrait lui coûter cher,
04:01car son propre camp n'assume plus son amitié avec Ursula von der Leyen.
04:06Finalement, pour l'exécutif, le problème n'est peut-être pas l'accord passé avec Donald Trump.
04:11Le vrai problème, c'est ce que ça révèle, une faille,
04:15celle d'un pouvoir qui ne sait plus sur qui compter,
04:19ni à Bruxelles, ni dans son propre camp.
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