Le juriste Amine Elbahi revient sur les défaillances de l'Etat sur l'insécurité : «Depuis 30 ans, il y a tout un volet qui échappe au contrôle du politique, l'organisation des politiques sociales.»
00:00Je m'étonne de notre capacité collective à nous émouvoir d'une situation que nous aurions déjà pu anticiper depuis 30 ans.
00:09Parce qu'aujourd'hui, l'émotion est portée uniquement sur le prisme sécuritaire.
00:15Mais depuis 30 ans, il y a tout un volet qui échappe au contrôle du politique et non pas au contrôle de l'État.
00:22Je m'explique. Ce contrôle-là, c'est l'organisation des politiques sociales.
00:26Oui, il y a évidemment un phénomène sécuritaire indéniable.
00:32Il y a aussi un aspect identitaire et je dirais même migratoire qui est totalement indéniable.
00:39Mais il y a un volet social qui n'est absolument pas pris en compte.
00:44Depuis 30 ans...
00:45J'ai l'impression que c'est le seul qui est pris en compte.
00:46Non, parce que depuis 30 ans, la politique sociale, la politique de régulation sociale, d'attribution des logements sociaux, échappe au contrôle du pouvoir politique.
00:57Ce sont des bailleurs sociaux, ce sont des préfets, parfois des hauts fonctionnaires, qui décident en lieu et place du politique qui doit être admis et qui ne l'est pas.
01:07Dans des commissions locales d'attribution de logement où on ne sait absolument pas sur quels critères ni selon quel degré de transparence telle et telle personne devrait être priorisée sur l'autre.
01:16On continue avec la loi d'Allot à devoir héberger, accueillir dans le parc locatif social des personnes que l'on doit exclure.
01:24Donc le préfet qui a la charge d'expulser des délinquants doit parallèlement les reloger au nom de la loi d'Allot.
01:30Le troisième point, c'est à ce problème-là s'ajoute le logement social à vie.
01:35Vous êtes délinquants, on vous expulse du parc social, vous êtes relogés.
01:39En réalité, vous détenez un bail à vie et vous ne pouvez jamais au fond...
