00:00Parlons santé à 7h38, les médicaments sans lien avec l'affection en longue durée, ALD, ne seront-ils plus remboursés à 100% comme l'a annoncé François Bayrou pour son budget 2026 ?
00:15On en parle avec notre médecin Daniel Simeka, bonjour Daniel.
00:18Bonjour Laurence, bonjour à tous.
00:20Alors dites-moi Daniel, avant de commenter cette annonce qui a d'ailleurs provoqué l'indignation, il faut peut-être quand même nous rappeler ce qu'est le fameux ALD, ce fameux dispositif d'affection longue durée.
00:31Racontez-nous, ça concerne quels patients, maladies, comment ça fonctionne ?
00:36Ce sont les maladies les plus graves et surtout les plus coûteuses.
00:41On pourrait prendre comme exemple le diabète, on pourrait prendre comme exemple les maladies cardiovasculaires, bien évidemment les cancers.
00:48Dans ce cas, effectivement, les traitements sont relativement coûteux et donc il est légitime que ces médicaments soient remboursés à 100%.
00:57ALD, c'est affection de longue durée.
01:00Il y a une liste de 30 maladies et puis il y a la possibilité aussi, lorsque des maladies sont nouvelles ou qu'il y a une association de plusieurs maladies, d'être hors de ces 30 affections.
01:13ALD, c'est affection de longue durée.
01:15Et lorsqu'on prescrit des médicaments, vous savez, les ordonnances sont bizones.
01:19Alors bizones, il faut expliquer aussi, parce qu'en fait, on ne se rend pas forcément compte, on ne regarde pas forcément de très près ces fameuses ordonnances.
01:26Les ordonnances ordinaires, avec le nom du médecin, etc., ce sont des ordonnances simples, mono-zones, avec une seule zone.
01:34Mais la plupart du temps, les ordonnances contiennent une espèce de double trait au milieu, horizontal.
01:41Au-dessus de ce double trait, on inscrit, on prescrit les médicaments qui sont en rapport avec l'affection de longue durée, donc qui seront remboursés à 100%.
01:52Et puis, quelqu'un qui est soigné pour un diabète, mais qui a un peu mal au dos et à qui on prescrit du doliprane, bien évidemment, ça n'a rien à voir avec le diabète.
02:01Donc, on va inscrire le doliprane, on va prescrire le doliprane dans la case du dessous, dans la deuxième zone.
02:07Et donc, dans ces cas-là, ces médicaments-là ne sont pas remboursés, bien sûr, à 100%.
02:12Mais ils sont remboursés, bien sûr, par toutes les mutuelles, puisque maintenant, il y a quand même une généralisation de l'assurance complémentaire.
02:22Et il faut rappeler, pour les gens qui sont à la CSS, ex-CMU, bien évidemment, que ce soit dans une zone ou dans une autre,
02:30ce n'est pas la même ligne au niveau de la sécurité sociale, mais c'est toujours la sécurité sociale qui rembourse la totalité.
02:36Oui, c'est ça. D'ailleurs, il parait que cette ordonnance est un véritable casse-tête pour de nombreux professionnels de santé et syndicats de médecins.
02:43C'est votre cas aussi, à vous, Daniel Isimeca ?
02:45Casse-tête, c'est beaucoup dire. Non, théoriquement, vous savez, cette mesure, c'est un peu réinventer la formule de l'eau tiède.
02:54On a fait ces ordonnances bisones précisément pour que les médicaments soient séparés.
03:01Mais après, bien évidemment, ça nous arrive de faire des erreurs. Et puis, il y a une question d'appréciation.
03:08Parfois, est-ce que ce médicament, il est vraiment complètement en rapport, un petit peu en rapport ?
03:15Un petit détail, c'est que de toute façon, globalement, ces 150 millions d'euros, je crois, avoir lu cela, qui sont escomptés et économisés,
03:26bon, de toute façon, ça sera remboursé par l'assurance complémentaire, par les mutuelles.
03:31Donc, ce qui est quand même à craindre, parce que les mutuelles vont avoir leur panier, vont voir leur panier un peu s'alourdir.
03:38Est-ce qu'elles vont en profiter pour augmenter les cotisations ?
03:41Et donc, du coup...
03:43Ah, ça serait l'effet pour vous, ça serait l'effet de cette annonce de François Bayrou ?
03:46C'est possible, parce que, de toute façon, ce que la Sécurité sociale va économiser, ça ne va pas être puisé directement dans la poche du patient,
03:58puisqu'il a une assurance complémentaire, ou la CSS avec ce CMU, mais l'assurance complémentaire, les mutuelles d'une façon générale,
04:06bien évidemment, peut-être ne vont pas supporter ce fardeau financier supplémentaire, sans rien dire, sans broncher,
04:15et seront certainement tentés d'augmenter les cotisations.
04:18Mais je ne suis pas spécialiste du sujet.
04:20En tout cas, il faut savoir que ça ne va pas changer grand-chose, et que théoriquement, si tout le monde faisait correctement son travail,
04:28il y a évidemment le médecin en premier, mais il peut se tromper, le pharmacien en deuxième ligne,
04:32puisqu'il y a le tiers payant, et donc, lui-même, le pharmacien, doit bien voir, au risque de ne pas être payé,
04:41ce qui est de l'ordre de la maladie exonérante, et ce qui ne l'est pas.
04:45Et puis, en troisième lieu, pardonnez-moi d'être un petit peu incisif,
04:49mais normalement, la Sécurité sociale devrait faire son travail, et ce problème ne devrait pas exister.
04:55Vous voulez dire qu'il ne fait pas suffisamment son travail, c'est ça, non, Daniel Siméga ?
05:01Non, si les ordonnances étaient traitées de façon suffisamment fine,
05:10comme il y a deux zones, et que chaque patient, on sait très bien quelle est sa maladie exonérante,
05:16et quels sont les médicaments qui rentrent en rapport avec cette affection,
05:19et ceux qui ne rentrent pas en rapport.
05:21Si tout le monde avait une attitude parfaite, peut-être que plus tard, avec l'intelligence artificielle,
05:28ça aidera tout le monde, mais en attendant, voilà, théoriquement, le problème ne devrait pas exister.
05:34Message bien compris, mon cher Daniel Siméga, merci beaucoup pour vos lumières, merci, à très bientôt.
