Fin annoncée du macronisme, cordon sanitaire LFI, soutien à Robert Ménard... Quelle est la feuille de route du président des Républicains, Bruno Retailleau, qui semble multiplier les provocations au risque de fragiliser le gouvernement. François-Xavier Bellamy, député européen et vice-président des Républicains est l'invité de RTL Matin. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Stéphane Carpentier du 25 juillet 2025.
00:027h47, merci d'être là. L'invité de RTL Matin ce vendredi en direct et en studio est le numéro 2 des LR,
00:09François-Xavier Bellamy, vice-président du Parti des Républicains, député européen.
00:13Bonjour à vous.
00:14Bonjour.
00:14François-Xavier Bellamy, le président Emmanuel Macron, a annoncé hier soir que la France va reconnaître l'état de Palestine.
00:20Ce sera en septembre, à New York, lors de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
00:23La France va donc imiter au moins 150 États qui l'ont déjà fait, l'Espagne, l'Irlande, la Norvège ces derniers temps.
00:31Est-ce que la France a raison de le faire ?
00:33Je ne comprends pas cette décision parce qu'elle est en contradiction totale avec ce que le président de la République lui-même disait il y a quelques semaines.
00:40Il y a trois mois, il y a trois mois, le ministre des Affaires étrangères et le président de la République avaient fixé quatre conditions pour reconnaître l'état de Palestine.
00:48Quatre conditions. La première, la libération des otages. La deuxième, l'éviction totale du Hamas de la bande de Gaza.
00:54La troisième condition, c'était que les États arabes qui entourent Israël reconnaissent également Israël.
01:00Et la quatrième, c'était le renouvellement de l'autorité palestinienne.
01:03Ce n'est pas qu'il manque une condition sur ces quatre, c'est qu'il manque les quatre. Aucune n'a été remplie.
01:08Moi, je crois évidemment, et nous défendons à long terme, la nécessité d'une solution à deux États.
01:13Il y a bien sûr la nécessité de voir reconnu le droit du peuple palestinien à vivre en paix, en sécurité, comme évidemment du peuple israélien.
01:24Et aujourd'hui, on ne peut que constater que malheureusement, cette décision sera soit parfaitement inutile pour atteindre cet objectif,
01:33soit même, ce qui est le pire, contre-productif.
01:35Et contribuera à mettre en danger ceux qui aujourd'hui sont en train de souffrir, les civils israéliens, mais aussi les civils palestiniens,
01:43qui sont victimes de la barbarie du Hamas, qui continue de les prendre en otage dans cette espèce de spirale de violence.
01:50Là, quand vous dites que c'est contre-productif, vous dites comme les Israéliens, comme les États-Unis, encore cette nuit.
01:55Je crois qu'on est très nombreux à regarder avec inquiétude, ne serait-ce que les réactions à cette décision.
02:02Je me souviens d'un Emmanuel Macron qui voulait organiser une coalition internationale anti-Hamas.
02:09Aujourd'hui, Emmanuel Macron est félicité par le Hamas.
02:13Emmanuel Macron est félicité par ceux qui ont déclenché, avec le 7 octobre, cette spirale de violence qui aujourd'hui est en train d'endeuiller de manière tragique toute cette région.
02:24Et je le redis encore une fois, en particulier, en pensant à tous les civils palestiniens qui sont pris en otage par cette folie meurtrière.
02:34Parce que pour que s'arrête ce conflit, il faudrait, et tout le monde le sait, que le Hamas commence par libérer les otages.
02:41Il aurait fallu que cette situation se résolve précisément par le désarmement du terrorisme.
02:49Et là, le risque majeur de cette décision, c'est qu'elle donne raison au terrorisme.
02:56Cette reconnaissance de l'État de Palestine, elle n'aurait pas eu lieu sans le 7 octobre.
03:02Et c'est la très grande gravité de ce choix qu'il pourrait finir par offrir à ceux qui ont décidé d'attaquer des civils israéliens seulement parce qu'ils étaient juifs,
03:13pourrait finir par leur donner raison.
03:15François-Xavier Bellamy, vous êtes opposé à cette décision d'Emmanuel Macron.
03:18J'imagine que votre chef de parti, le président des LR, Bruno Retailleau, pense comme vous.
03:22C'est une occasion de plus de ne pas être d'accord avec le président de la République, ça ?
03:26Mais vous savez, ce n'est pas une très grande surprise que Bruno Retailleau ait des désaccords avec le président de la République.
03:31Et moi, je suis étonné que tout le monde s'en étonne.
03:34Non mais, nous sommes rentrés dans ce gouvernement. Pourquoi ?
03:36Il faut le redire encore et encore.
03:38Nous ne sommes pas rentrés dans ce gouvernement parce que nous étions devenus macronistes.
03:42Nous sommes rentrés dans ce gouvernement parce que les macronistes ont perdu l'élection législative,
03:47que personne n'a gagné l'élection législative,
03:50et que par conséquent, il n'y a pas de majorité.
03:52Nous n'avons pas non plus gagné les élections législatives.
03:54Mais nous avons considéré que notre devoir, c'était de faire en sorte d'éviter à la France
03:59un gouvernement piloté par le nouveau Front populaire.
04:02Quand Jean-Luc Mélenchon, encore aujourd'hui dans sa réaction au sujet dont on parlait à l'instant,
04:05s'aligne sur le Hamas, c'est une surprise pour personne.
04:08Mais nous, nous voulons éviter que demain, ce soit cette gauche-là qui prenne le pouvoir.
04:11Mais pourquoi critiquer l'exécutif comme Bruno Retailleau l'a fait alors qu'il est au sein du gouvernement ?
04:17Même s'il ne pense pas comme lui, même s'il n'est pas macroniste,
04:19pourquoi le faire maintenant ? Est-ce que c'est vraiment utile ?
04:22Bruno Retailleau a simplement redit cette chose toute simple.
04:25Nous sommes là pour préparer l'alternance.
04:27Notre famille politique, la droite dont il a pris la présidence,
04:30elle n'a pas pour but d'offrir une succession au macronisme,
04:33mais une alternance à la France.
04:35C'est tout simple, mais ça mérite d'être dit.
04:37Parce que, manifestement, tout le monde au gouvernement ne l'avait pas compris.
04:41Nous sommes là pour défendre nos idées et pour défendre les Français et ce dont la France a besoin.
04:48Et ce dont la France a besoin, ça n'est pas de la continuité en 2027,
04:52mais c'est d'un changement profond.
04:54Et ça n'est pas une surprise.
04:55Nous avons été dans l'opposition pendant des années avec le macronisme.
04:58On s'est opposé sur ces questions internationales, bien souvent.
05:01On s'est opposé sur la politique énergétique, on l'a rappelé encore récemment.
05:05On s'est opposé sur la gestion budgétaire.
05:07Ce n'est pas nous qui sommes comptables de ces 1 000 milliards de dettes supplémentaires ajoutées depuis 7 ans.
05:11Donc maintenant, il faut apporter le changement que les Français attendent avec tellement d'impatience.
05:14Encore une fois, pourquoi le faire maintenant ?
05:16Pourquoi prendre cette parole alors qu'on est membre du gouvernement
05:19et pas n'importe quel ministère, ministre de l'Intérieur ?
05:22Ce n'est pas maintenant.
05:23C'était hier, c'est aujourd'hui.
05:25Et je suis désolé pour tous ceux qui s'en émeuvent, mais ce sera demain aussi.
05:27Ça veut dire quoi ? Qu'ils veulent quitter le gouvernement ?
05:29Non, encore une fois, de toute façon, dans ce gouvernement, nous sommes là pour assumer aussi nos désaccords.
05:36Et pardon de le dire, mais Bruno Retailleau...
05:37Est-ce qu'il fait ça pour partir ?
05:38Est-ce qu'il fait ça pour partir ?
05:40On a publié il y a quelques jours avec Bruno Retailleau une tribune
05:43pour rappeler notre vision de la politique énergétique
05:46et pour dire que pour nous, il faut arrêter de subventionner les éoliennes
05:49qui apportent à notre réseau une énergie intermittente
05:52qui est très compliquée à gérer
05:54et qui n'apporte rien, même du point de vue environnemental.
05:57Bon, eh bien, vous avez des ministres au gouvernement
05:59qui nous ont dit, je pense à Mme Panier-Runaché,
06:02je pense à d'autres grandes figures du macronisme comme Pascal Canfin,
06:05que nous étions le populisme trumpiste,
06:08que nous avions une vision complètement rétrograde des questions environnementales.
06:11Bon, qu'on soit en désaccord avec eux, c'est pas une surprise pour nous.
06:14Ils ont fermé Fessenheim,
06:15ils voulaient fermer la moitié du parc nucléaire français,
06:18ils ont rouvert la centrale à charbon de Saint-Avold,
06:20on a passé notre temps à dénoncer ces décisions,
06:22on sait qu'on est en désaccord avec eux,
06:24on n'a pas été se plaindre, qu'ils nous aient critiqués,
06:26c'est normal, ça fait partie de la réalité de ce gouvernement,
06:29et ce qui compte encore une fois pour nous,
06:30ce qui compte pour les Français qui nous écoutent,
06:32c'est pas ces petites turbulences politiciennes,
06:34c'est qu'on puisse préparer l'avenir,
06:35un projet d'alternance et de changement,
06:37parce que c'est de cela que la France a besoin.
06:39Bruno Retailleau a été recadré deux fois,
06:40donc par le président Macron,
06:42et hier soir par François Bayrou,
06:44il était à Matignon,
06:44vous savez ce que les deux hommes se sont dit ?
06:46Vous avez eu un échange au téléphone,
06:47vous avez des infos ?
06:48Non, mais encore une fois...
06:49Si, peut-être quand même.
06:50Non, non, mais la vérité,
06:52j'ai aucun doute sur le fait que...
06:54Bruno Retailleau, vous savez,
06:55et je pense que c'est ce que les Français reconnaissent en lui,
06:57c'est un homme libre,
06:58nous avons été dans l'opposition pendant des années,
07:00quand c'était évidemment difficile de croire
07:04que le macronisme triomphant,
07:06un jour donnerait lieu à ce bilan-là.
07:10Nous, nous n'avons jamais varié dans notre analyse,
07:11ce n'est pas maintenant qu'on va changer d'avis.
07:13Il reste au gouvernement, il n'a pas envie de partir.
07:15Tant que le gouvernement permet d'être utile à la France,
07:18et tant que, typiquement,
07:20sur le sujet du ministère de l'Intérieur,
07:22qui est celui qu'il préoccupe aujourd'hui,
07:24tous les jours,
07:25il peut agir pour lutter contre l'immigration irrégulière,
07:28renforcer la sécurité des Français,
07:30garantir que l'État soit capable d'agir face aux violences
07:33qui sont en train de toucher nos centres-villes
07:35un peu partout en France aujourd'hui.
07:37Tant qu'il est capable d'agir,
07:39il restera bien sûr pour être utile aux Français.
07:41Il prépare l'avenir, en fait,
07:42il sera candidat à l'Élysée pour 2027 ?
07:44Mais ce qui est sûr,
07:45c'est qu'on prépare une alternance pour le pays,
07:47que lui soit candidat,
07:48ce sera sa responsabilité de le dire,
07:50s'il le veut.
07:50Mais pour l'instant,
07:51ce qui compte,
07:51c'est de construire le projet
07:52qui permettra de réunir les Français demain.
07:54Dites-nous,
07:54c'est très agité dans votre camp en ce moment,
07:56avant deux années capitales sur le plan électoral
07:59avec les municipales et les présidentielles,
08:00il y a un duel à venir
08:01entre Michel Barnier, LR,
08:03et Rachida Dati, LR,
08:04pour une législative partielle à Paris cet automne.
08:07D'ailleurs, elle est toujours LR, Rachida Dati ?
08:09Rachida Dati, vous savez,
08:11quand j'étais candidat aux Européennes,
08:13ma campagne a commencé par le fait
08:14qu'elle a quitté notre formation politique
08:16pour rentrer au gouvernement,
08:17et elle a fait toute la campagne européenne
08:19avec Valérie Haillet,
08:21avec Gabriel Attal,
08:22avec le grand Macroniste.
08:23Donc, quand elle dit
08:24qu'elle a toujours été fidèle
08:25à notre famille politique,
08:27c'est, me semble-t-il,
08:28dans le souvenir que j'en ai,
08:30comme ancien candidat à l'élection européenne,
08:32pas exactement mon expérience.
08:33Mais encore une fois,
08:34ce n'est pas ce qui intéresse le plus les Français.
08:36Ce sera qui, votre candidat, du coup ?
08:38Pour les élections municipales,
08:39on verra demain,
08:39et pour les élections législatives,
08:41je serais très heureux
08:41de soutenir Michel Barnier,
08:42qui sera un excellent candidat
08:44dans cette circonscription.
08:45Est-ce que c'est bon,
08:46cette droite qui se déchire
08:47à l'approche de ces deux grands rendez-vous ?