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  • il y a 6 jours
Christophe Périllat, directeur général de Valeo, était l'invité de Sandra Gandoin dans Good Morning Business, ce vendredi 25 juillet. Ils sont revenus sur la rentabilité de la société qui s'avère meilleure malgré la baisse du bénéfice net et du chiffre d'affaires, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Le grand entretien, je reçois aujourd'hui Christophe Péria, directeur général de Valeo, bonjour.
00:05Bonjour.
00:05Valeo, équipementier qui fabrique des moteurs, des éclairages, de l'électronique pour les constructeurs automobiles.
00:11Vous êtes aussi de plus en plus investi dans la mobilité au sens large.
00:14On va y revenir, vous avez 106 000 employés présents dans 28 pays, 155 sites de production.
00:20Il faut savoir qu'un tiers des véhicules dans le monde est équipé d'une technologie d'aide à la conduite de Valeo par exemple.
00:26Ça montre un peu le poids de cette entreprise.
00:28Vous avez donc publié vos résultats semestriels hier.
00:32Le bénéfice net a chuté de 26%.
00:34Le chiffre d'affaires a reculé de 1,4%.
00:37Pour autant, la rentabilité est meilleure, Christophe Péria.
00:40Oui, il y a deux choses principalement dans nos publications d'hier.
00:43D'abord, des résultats qui progressent.
00:45Je vais les qualifier de bons résultats.
00:47Et puis, on continue à préparer l'avenir avec des prises de commandes qui sont élevées.
00:51Un effort d'innovation qui reste très important, très soutenu.
00:54Des commandes qu'on va voir qui se situent en Chine notamment.
00:57Le chiffre est tombé hier du marché européen de l'automobile qui trébuche en juin.
01:03Moins 7,3% de véhicules vendus selon les constructeurs.
01:07C'est ça en ce moment le contexte.
01:09C'est la réalité aujourd'hui.
01:11Les perspectives sont à la baisse chez tous les constructeurs.
01:15On le voit dans les publications de résultats ces derniers jours.
01:17Exactement.
01:17Le marché n'est pas bon.
01:18Et c'est ce qui rend finalement la lecture de nos résultats positifs.
01:22Parce que dans un marché qui n'est pas bon, avec un chiffre d'affaires, vous l'avez dit,
01:27qui a légèrement baissé de 1%, toutes choses étant égales par ailleurs, nos résultats progressent.
01:33Vous avez une marge brute qui progresse, un EBITDA qui progresse, vous avez une marge opérationnelle qui progresse
01:38et surtout une génération de cash flow qui double par rapport à les dernières.
01:43Donc ce sont vraiment d'excellents résultats qui montrent que Valeo progresse, Valeo améliore sa profitabilité
01:49dans un marché, vous l'avez dit, qui est plutôt déprimé, qui n'est pas bon et qui ne nous aide pas.
01:56Pour ce faire, vous avez réduit des coûts, vous avez été obligé de le faire, des coûts administratifs,
02:00des coûts d'investissement.
02:01La recherche et développement pourraient y passer aujourd'hui aussi, dans les mois qui viennent.
02:07C'est une condition sine qua non dans des phases comme ça pour rester solide ?
02:11Oui, bien sûr, c'est une condition sine qua non.
02:14Vous avez un marché qui n'est pas bon, un marché qui est en baisse et donc il faut s'adapter.
02:18Il faut s'adapter de manière permanente, de manière vraiment volontariste.
02:22Et ça se voit très bien, vous l'avez dit, l'ensemble de nos coûts baissent,
02:26nos coûts de personnel, nos coûts d'investissement, les coûts administratifs et commerciaux baissent.
02:31Il y a une chose qui ne baisse pas, c'est l'innovation.
02:33L'effort qu'on met sur l'innovation, parce que la voiture de demain, elle est très technologique
02:39et donc il faut absolument sauvegarder cet effort d'innovation, j'allais dire coûte que coûte,
02:44et c'est ce que nous avons réussi à faire.
02:45On est dans l'attente d'un accord sur les droits de douane entre les Etats-Unis et l'Europe.
02:49L'Europe qui a prévu un petit peu des mesures, si jamais ça ne se fait pas avant le 1er août.
02:54Est-ce que vous avez des inquiétudes à ce sujet ou pas réellement ?
02:56Vous n'êtes pas réellement exposé à cette décision-là entre l'Europe et les Etats-Unis ?
03:01Non, on n'est pas réellement exposé et pour une raison assez simple,
03:03c'est qu'on a un schéma industriel depuis toujours qui est un schéma local.
03:07C'est-à-dire qu'on n'a pas de produits finis qui sont sur des bateaux entre l'Europe et l'Amérique du Nord.
03:14On produit en Amérique du Nord pour l'Amérique du Nord, on produit en Europe pour l'Europe et on produit en Asie pour l'Asie.
03:21Et ça, ça nous préserve du risque que vous venez de citer.
03:25Maintenant, il y a un sujet de droits de douane, il y a un sujet de tarifs,
03:27parce qu'il y a des tarifs pas seulement entre l'Europe et les Etats-Unis,
03:30il y a des tarifs entre le Mexique et les Etats-Unis.
03:33Il y a beaucoup de pièces dans ce secteur-là.
03:36Malgré tout, cette attente a fait chuter le dollar et c'est là que ça impacte un peu votre chiffre.
03:40Vous avez abaissé votre objectif de chiffre d'affaires ajusté pour 2025.
03:45C'est un impact négatif qui est lié aux effets de change, en fait.
03:48Exactement. On a la moitié de notre chiffre d'affaires en euros et la moitié de notre chiffre d'affaires dans toutes les autres devises.
03:55Et toutes les autres devises ont décroché par rapport à l'euro d'une quinzaine de pourcents depuis le début de l'année.
04:01Donc mécaniquement, vous avez une baisse de notre chiffre d'affaires pour cette raison-là.
04:07Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que quand on a un chiffre d'affaires en dollars, on a des coûts en dollars.
04:12Donc ça n'impacte pas la profitabilité.
04:14Ça impacte le chiffre d'affaires, mais pas la profitabilité de l'entreprise.
04:17Dans ce contexte difficile de discussion entre les Etats-Unis et l'Europe,
04:21vous vous tournez très officiellement vers la Chine,
04:24où les prises de commandes, vous l'avez dit, ont énormément progressé.
04:28On parle de quelle ampleur ?
04:30On parle de trois fois les ventes sur les constructeurs chinois.
04:34Donc c'est vraiment considérable.
04:36Vous avez aujourd'hui un essor des constructeurs chinois qui est très important.
04:39Ils représentent déjà 24% de la production mondiale.
04:44Ils représentent deux tiers de la production chinoise,
04:46mais ils représentent 24% de la production mondiale.
04:48La Chine, c'est le premier marché du monde.
04:50Et c'est l'endroit où se produit le plus de voitures,
04:54à peu près une voiture sur trois dans le monde.
04:55Donc être présent auprès des constructeurs chinois, c'est extrêmement important.
05:00On a une vraie démarche volontariste pour les convaincre de nos technologies,
05:05de notre compétitivité.
05:06Et à ce titre, le premier semestre, je pense que c'est un très bon semestre,
05:09puisqu'on prend beaucoup de commandes avec ces constructeurs chinois, trois fois nos ventes.
05:13Dernièrement, Valeo a été sélectionné par un constructeur chinois
05:16pour équiper sa prochaine génération de véhicules
05:18avec le nouveau système d'affichage tête haute panoramique développé par l'entreprise.
05:23Un grand constructeur chinois de véhicules électrifiés a par ailleurs choisi
05:27le module électronique de puissance 501 de Valeo
05:29pour ces groupes motopropulseurs électrifiés.
05:33C'est assez technique, ces systèmes-là,
05:36mais comment justement on fait la différence en tant que fabricant européen
05:40pour être choisi par les constructeurs chinois ?
05:43D'abord, on est en chinois en Chine.
05:45Vous savez, il y a quelques années, on avait plus de 200 expatriés en Chine.
05:48On en a moins de cinq aujourd'hui.
05:49Donc on est vraiment chinois en Chine.
05:50L'ensemble de nos équipes sont chinoises, nos usines sont chinoises,
05:54nos fournisseurs sont chinois.
05:55On a des centres de R&D là-bas.
05:57La Chine, pour nous, c'est 18 000 personnes.
05:59C'est 35 usines et on a 4 000 personnes en recherche et en développement en Chine.
06:04Donc réussir en Chine, c'est d'abord être chinois.
06:06De la même manière qu'on est américain aux États-Unis,
06:09de la même manière qu'on est européen à Paris.
06:11Donc on a fait un vrai travail pour être chinois en Chine.
06:15Et donc on parle à nos clients chinois comme parlerait un équipementier chinois.
06:22Et on les convainc par la technologie et on les convainc par la compétitivité de nos offres.
06:26Produire localement.
06:27Vous avez notamment une usine du futur à Shenzhen que vous avez là-bas.
06:31Qu'est-ce que vous y produisez ?
06:33Et elle ressemble à quoi cette usine de demain, cette usine 4.0 ?
06:37C'est une usine digitale, on va dire.
06:39Donc d'abord extrêmement automatisée.
06:40Vous avez un tableau de bord, on appelle ça le Lighthouse.
06:44Donc un tableau de bord qui vous permet de savoir à tout moment
06:47tout ce qui se passe sur chaque ligne de production, sur chaque machine, sur chaque usine.
06:51Vous avez beaucoup d'intelligence artificielle à l'intérieur de l'usine
06:54pour la rendre beaucoup plus performante.
06:56Et puis on y a introduit il y a quelques mois nos premiers humanoïdes.
07:01Donc on a deux humanoïdes qui sont au travail dans cette usine
07:04parce qu'on veut comprendre cette technologie,
07:07on veut comprendre l'impact que peuvent avoir les humanoïdes demain
07:10dans le monde industriel.
07:12Donc c'est dans cette usine un peu phare
07:14qu'on a mis les deux premiers robots au travail.
07:18Il y a quand même 3200 personnes qui travaillent.
07:20Par ailleurs, ça n'empêche pas qu'il y ait du monde qui travaille chez vous en Chine.
07:25Hier, les représentants de l'Union Européenne et du Conseil Européen
07:29ont rencontré les autorités chinoises dans un contexte politique assez tendu.
07:32David Baradé disait sur ce plateau,
07:34ce n'est pas au niveau politique que les relations se font finalement,
07:37c'est au niveau des entreprises.
07:39Est-ce que vous êtes d'accord ?
07:40Et est-ce qu'au niveau des entreprises, finalement, ça se passe plutôt bien ?
07:43L'ambiance n'est pas si tendue que ça dans le business ?
07:45L'ambiance n'est pas tendue au sens où on a beaucoup de business en Chine
07:48et on se développe très bien en Chine.
07:51On a des constructeurs, des clients qui sont chinois,
07:54on a des fournisseurs qui sont chinois.
07:55Donc il y a des interfaces dans tous les sens.
07:58Vous savez, moi je plaide sur ce sujet un peu politique.
08:00Je plaide pour un contenu européen minimum sur les voitures européennes.
08:04De la même manière que finalement la Chine a réussi à construire une industrie automobile chinoise
08:11en faisant en sorte que l'ensemble de la valeur ajoutée de la voiture,
08:14pas seulement l'assemblage de la voiture,
08:16mais toute la valeur ajoutée,
08:18donc tous les équipementiers, tout l'écosystème soit en Chine.
08:21De la même manière, je pense que c'est très important
08:23que l'ensemble de la valeur ajoutée de la voiture en Europe reste en Europe.
08:28Et ce n'est pas une position, je pense, qui heurte du tout la Chine.
08:31Les tarifs, les droits douaniers ne sont pas agréables pour la Chine
08:37qui proteste contre ça et je pense qu'ils ont raison.
08:40Par contre, avoir des constructeurs chinois en Chine,
08:42avoir des équipementiers chinois en Chine,
08:44avoir une compétition en Europe qui soit une compétition forte,
08:48ça c'est très bien, avec un contenu européen minimum pour les voitures,
08:52comme le font les autres plaques géographiques.
08:55Pour terminer, il nous reste une minute.
08:57Vous avez lancé en 2022 votre plan Move Up.
08:59Il se termine cette année en 2025.
09:01Est-ce que quand vous l'avez lancé il y a trois ans,
09:03vous aviez une idée de ce qui allait se passer dans le secteur ?
09:05Ça va très vite, ça bouge très vite.
09:08Est-ce que vous aviez une idée ?
09:09Puis c'est quoi la suite ?
09:10Oui, on avait une idée, c'était la voiture de demain.
09:13Quelle sera la voiture demain ?
09:15Elle sera électrique, électrifiée.
09:17Elle sera autonome, en tout cas de plus en plus assistée,
09:20elle sera connectée.
09:21Et ça c'est l'idée vraiment qui a sous-tendu
09:24tous les efforts qu'on fait dans l'entreprise depuis dix ans
09:27pour se préparer à cette énorme transformation technologique.
09:30On n'a pas changé d'un iota.
09:32C'est-à-dire qu'on n'a pas changé notre effort d'innovation.
09:33On continue à travailler sur ces produits de demain
09:35et ces technologies de demain.
09:37Et c'est couronné, récompensé par beaucoup de prises de commandes.
09:41Ce qu'on n'avait pas anticipé,
09:43c'est qu'on voyait un marché qui allait continuer à monter,
09:45il n'a pas monté.
09:47Il y a eu la crise des semi-conducteurs,
09:48il y a eu la crise de l'inflation.
09:50Beaucoup de crises.
09:50Il y a maintenant les droits de douane.
09:52Il y a eu une multitude de crises.
09:54Et ce qui fait finalement la progression de Valeo
09:56pendant cette période absolument remarquable.
09:58On n'est pas très content des 4,5% de marge opérationnelle
10:03qu'on a publié hier
10:03parce qu'on sait qu'on a un potentiel beaucoup plus élevé que ça.
10:07Mais quand on regarde le chemin parcouru,
10:08on voit que c'est un chemin parcouru qui est assez remarquable
10:11dans un contexte qu'on n'avait pas totalement anticipé.
10:14Mais on a anticipé le long terme.
10:16On a anticipé ce qu'il faut faire
10:18pour préparer l'entreprise au défi de demain.
10:20Merci beaucoup Christophe Perriat
10:22d'être venu sur ce plateau,
10:23directeur général de Valeo
10:24dans la matinale de l'économie.

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