- 23/07/2025
Benjamin Haddad, ministre chargé de l'Europe, était l'invité du Grand entretien, mercredi 23 juillet, sur France Inter.
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00:00Les Occidentaux, les Européens en particulier, peuvent-ils vraiment faire plier Vladimir Poutine ?
00:05Ici même, hier matin, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barraud nous annonçait préparer de nouvelles sanctions contre la Russie.
00:11Alors on va essayer d'en savoir plus dans ce grand entretien, alors qu'une nouvelle journée de négociation commence à Istanbul,
00:16sans grand espoir, disons-le, entre Russes et Ukrainiens.
00:19Nous sommes avec l'autre tête du Quai d'Orsay, le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad.
00:24Bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Comme d'habitude, les auditeurs dialoguent avec nous, au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:31Beaucoup d'autres questions à vous poser, notamment sur la guerre commerciale avec les Etats-Unis de Trump et sur le budget de l'Union Européenne.
00:37Mais pour commencer, dites-nous, quand ce nouveau paquet de sanctions sera adopté ?
00:42Le plus tôt possible. Il faut qu'on travaille avec nos partenaires.
00:45Vous savez que nous venons d'adopter coup sur coup le 17e et 18e paquet de sanctions de l'Union Européenne,
00:50largement sous l'impulsion de la France, et je voudrais rendre hommage ici au travail de nos diplomates,
00:56qui vise précisément à tarir les ressources que la Russie utilise pour son effort de guerre,
01:00notamment les ressources énergétiques.
01:01Le 18e paquet de sanctions qui est massif, vraiment sans précédent, adopté la semaine dernière,
01:06qui impose notamment un abaissement du prix maximal auquel la Russie peut vendre son pétrole,
01:12de 60 à 45 dollars, un embargo sur les importations de pétrole brut raffiné,
01:18ou encore de nouvelles sanctions sur la flotte fantôme, vous savez, ces navires sans pavillons
01:21que la Russie utilise pour contourner les sanctions.
01:26L'objectif, quel est-il ? C'est de mettre une pression maximale sur la Russie
01:30pour qu'elle se mette autour de la table des négociations.
01:31Donc on vous dit que le plus tôt possible, c'est une question de jour ?
01:34Là, on a commencé déjà à travailler effectivement sur le périmètre,
01:38il faut travailler après avec nos partenaires européens,
01:40et puis je voudrais rajouter aussi, parce qu'on a vu les Britanniques
01:43qui se sont aussi alignés sur ce 18e paquet de sanctions, c'est important,
01:46notamment sur la question du prix du pétrole, et travailler aussi avec les Américains.
01:51Nous sommes en lien avec notamment les sénateurs américains,
01:53je pense à Lindsey Graham, sénateur républicain,
01:55qui a proposé un paquet aujourd'hui complètement bipartisan,
01:58soutenu par 80 sénateurs, donc républicains comme démocrates,
02:01qui imposerait notamment des sanctions secondaires,
02:03c'est-à-dire des sanctions sur les pays qui aident la Russie à contourner ces sanctions.
02:08Vous savez, depuis déjà plusieurs mois, fondamentalement,
02:11vous voyez les Ukrainiens et son président, Vladimir Zelensky,
02:14qui disent « nous sommes prêts à un cessez-le-feu pour se mettre autour de la table des négociations »,
02:18c'est ce que demandent aussi les Européens et les Américains,
02:20c'est-à-dire trouver les moyens pour mettre fin à cette guerre d'agression sur notre continent.
02:23Le seul qui continue l'escalade sur le terrain,
02:26qui continue les bombardements contre les civils et les infrastructures,
02:28qui continue de refuser de s'engager dans la diplomatie de bonne foi,
02:31c'est Vladimir Poutine.
02:32Et donc il faut imposer un rapport de force sur le plan militaire et sur le plan économique
02:37pour pousser la Russie à se mettre autour de la table des négociations.
02:40Précisément, vous parlez de rapport de force, ça fait trois ans,
02:42plus de trois ans depuis le premier jour, en fait, quasiment,
02:45en 2022, février 2022, qu'on entend qu'il faut asphyxier, étouffer l'économie russe.
02:51On en est, vous l'avez dit, au 18e paquet de sanctions.
02:53Et on se demande si ces sanctions servent vraiment à quelque chose
02:57quand on voit les moyens engagés par la Russie sur le terrain.
02:59Mais vous savez, fondamentalement, il n'y a pas de solution magique.
03:01Ceux qui pensaient qu'on pouvait mettre fin à cette guerre en 24 heures
03:04n'ont pas vu que vous avez là une Russie qui, en effet, s'est adaptée,
03:08qui a mis toute son économie, tout son budget aujourd'hui dans son effort de guerre
03:13et dans la guerre d'agression contre l'Ukraine.
03:15Et à travers l'Ukraine, c'est bien sûr les démocraties européennes
03:18qui sont menacées par les opérations de sabotage,
03:21par les attaques cyber, par les opérations de désinformation.
03:24J'ai été ces derniers mois en Roumanie, en Moldavie,
03:26où on a vu des processus électoraux sur le continent européen
03:29qui ont été manipulés aussi par la Russie sur les réseaux sociaux comme TikTok.
03:33Donc on a une menace russe aujourd'hui qui s'est constituée.
03:38Donc effectivement, ça demande un effort considérable et permanent sur les sanctions
03:41pour adapter ces sanctions pour mettre la Russie sous pression.
03:44Un effort de réarmement des démocraties européennes,
03:46en plus du soutien qu'on apporte à l'Ukraine.
03:48Et un effort diplomatique, est-ce que vous croyez que les nouvelles discussions
03:52qui vont commencer aujourd'hui à Istanbul peuvent aboutir à quelque chose ?
03:58Ou comme à peu près tous les observateurs, vous êtes sans grand espoir ?
04:02Écoutez, c'est positif qu'il y ait des discussions.
04:04Et ça montre une fois de plus d'ailleurs la bonne volonté des Ukrainiens
04:07qui depuis le début, et le président Zelensky lui-même,
04:09a dit qu'il était prêt à s'asseoir autour de la table avec le président Poutine.
04:11Mais quand on entend aujourd'hui les demandes maximalistes et extravagantes de la Russie,
04:16que ce soit le désarmement de l'Ukraine,
04:17quand vous venez d'envahir un pays, vous demandez après à ce qu'il soit désarmé.
04:20La dénazification, on est toujours dans cette propagande absurde.
04:24Le renversement du président Zelensky, on voit bien que tout ça est inacceptable.
04:27Donc encore une fois, on n'est pas là dans une volonté sérieuse de la part de la Russie
04:32de négocier et d'aboutir à la paix.
04:35C'est d'ailleurs ce qu'entendent aujourd'hui les Américains.
04:37Nous, c'est le dialogue qu'on a eu avec les Américains depuis le début.
04:39Le président de la République, en parlant avec le président Trump depuis le début,
04:42a dit « nous, on est alignés, on veut trouver les voies d'une paix juste et durable en Europe.
04:47Mais aujourd'hui, celui qui s'y refuse, c'est bien sûr la Russie de Vladimir Poutine.
04:50Et donc, c'est tout l'effort aussi que nous avons fait en France
04:53avec nos partenaires européens et américains pour réaligner aussi les Américains et les Européens.
04:56Parce que je rappelle qu'il y a quelques mois, on nous disait
04:58« les Européens allaient être complètement écartés de la négociation,
05:01on n'aurait aucune influence, tout allait se gérer entre Russes et Américains au bout de 24 heures. »
05:05On voit bien aujourd'hui qu'il n'en est rien,
05:06que les Européens défendent leurs intérêts,
05:08que nous le faisons avec nos partenaires américains
05:10et bien sûr en soutien à l'Ukraine.
05:11C'est un mot sur Volodymyr Zelensky qui, après un vote au Parlement,
05:14va signer un décret aujourd'hui pour quasiment supprimer des instances anticorruption.
05:20Ça ne va pas dans le sens d'une adhésion à l'Union Européenne ?
05:23Non, vous avez raison.
05:24Et d'ailleurs, je partage l'avis de la Commission Européenne
05:26qui est d'hier être vivement préoccupée par cette décision.
05:29Il n'est pas trop tard pour les Ukrainiens, bien sûr,
05:31pour revenir en arrière.
05:32Quand on est candidat à l'Union Européenne,
05:35ça entraîne des exigences en termes de lutte contre la corruption,
05:37de préservation de l'état de droit,
05:39de respect des minorités, des oppositions politiques
05:43ou de l'indépendance de la justice.
05:44Donc on sera extrêmement vigilants sur ce sujet.
05:46Jean-Noël Barraud l'a dit lundi à Kiev à son homologue ukrainien.
05:50Je l'ai dit moi-même en mon homologue hier.
05:51Donc on est en dialogue avec les autorités ukrainiennes là-dessus.
05:54Encore une fois, il n'est pas trop tard pour revenir là-dessus.
05:56Mais je partage ce qu'a dit la Commission Européenne
05:59sur la préoccupation des Européens vis-à-vis de cette dernière décision.
06:03Puisque l'on parle de sanctions au sujet de l'Ukraine,
06:05Benjamin Haddad, cette fois au sujet de Gaza.
06:07Est-ce que l'Europe doit parler enfin d'une seule voix ?
06:10C'est ce que nous dit Marc sur l'application de Radio France,
06:12l'un de nos auditeurs qui nous interpelle.
06:14Est-ce que l'Europe doit enfin parler d'une seule voix sur Gaza ?
06:16Et je vais plus loin, est-ce que l'Europe doit sanctionner Israël ?
06:19Écoutez, je pense que c'est important pour les Européens
06:21de parler d'une seule voix et de rappeler les principes
06:23qui sont ceux que rappelle la France depuis les débuts.
06:26C'est-à-dire trouver les conditions d'un cessez-le-feu immédiat,
06:29la libération de tous les otages qui sont encore à Gaza,
06:32l'acheminement de l'aide humanitaire pour la population civile de Gaza
06:35et puis la relance du dialogue politique régional.
06:38Vous savez que la France travaille avec l'Arabie Saoudite
06:41à l'organisation d'une conférence pour relancer ce dialogue politique.
06:45Sur la solution à deux États, mais là je vous parle de l'urgence,
06:48on parle de famine aujourd'hui à Gaza.
06:50Votre collègue Jean-Noël Barraud, hier à ce micro,
06:52disait plus aucune justification militaire aux opérations militaires israéliennes à Gaza.
06:56La chef de la diplomatie européenne, on parle de l'Europe,
06:58qu'Aya Khalas dit que l'armée israélienne doit cesser de tuer des civils
07:02qui cherchent de l'aide humanitaire.
07:03Ça sont les mots, mais dans les faits, rien. Pourquoi ?
07:05Alors vous avez entendu, déjà je ne partage pas ce que vous venez de dire,
07:08vous avez entendu les propos très fermes en effet sur votre antenne
07:10hier du ministre des Affaires étrangères.
07:12Vous savez que la France a d'ailleurs été très impliquée
07:14dans l'acheminement de l'aide humanitaire
07:16ou encore dans le fait de soigner des civils qui ont été blessés à Gaza.
07:20Voilà, la Commission européenne a lancé un travail de révision
07:25de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël
07:28pour voir si l'article 2 qui repose sur les droits humains,
07:32les droits de l'homme, est respecté ou non.
07:35Et donc il y aura à la fin du mois une discussion
07:37pour savoir si cet article 2 est respecté ou non
07:39et à ce moment-là les conséquences qu'il faudra en tirer.
07:41La France a soutenu ce travail pour examiner cet accord d'association.
07:46Donc vous seriez favorable à remettre en cause, à suspendre cet accord ?
07:50En tout cas, il y aura une discussion sur ce sujet
07:52donc on verra ce que la Commission européenne aura à dire sur ce sujet.
07:55Mais encore une fois, moi je voudrais qu'à m'insister.
07:56Effectivement, vous avez raison de souligner l'urgence de la situation actuelle.
08:00Mais au-delà de ça, sur le rôle que joue la France,
08:03le Président de la République, notre diplomatie,
08:05pour relancer la solution à deux États.
08:07Parce que fondamentalement, c'est la voie d'un règlement politique durable.
08:11C'est de faire en sorte que nous puissions avoir
08:13la construction d'un État palestinien
08:16souverain, aux côtés d'un État d'Israël
08:18qui peuvent vivre côte à côte
08:19et qui peuvent être reconnus par leurs voisins.
08:22C'est le travail que nous faisons.
08:23Bien sûr, avec des conditions.
08:25Le désarmement du Hamas,
08:26le fait que le Hamas ne participe pas
08:27à la gouvernance de la bande de Gaza.
08:30La question des otages,
08:3249 dont 22 seraient toujours en vie.
08:33Bien sûr, je l'ai dit tout à l'heure.
08:35Mais je crois que c'est la responsabilité de la France
08:38et des Européens, vous l'avez dit,
08:39de travailler de façon durable
08:40à ce qu'on puisse trouver une solution politique pour cette région.
08:43L'actualité européenne, Benjamin Haddad,
08:45c'est aussi ce mur qui arrive dans 8 jours.
08:48Les droits de douane de 30%
08:49que Donald Trump promet de mettre en place
08:51au 1er août sur tous les produits
08:53en provenance des pays de l'Union.
08:55Où en sont les négociations ?
08:56Est-ce qu'il va y avoir un accord ?
08:58On verra ce qui se passera dans les prochains jours.
09:01Vous savez que la Commission européenne
09:02continue ses négociations avec les États-Unis.
09:04Moi, ce que je constate,
09:05c'est que déjà,
09:06ces menaces de droits de douane
09:07et les droits de douane
09:07qui sont déjà imposés par l'administration américaine,
09:10ils sont inacceptables.
09:10Et ils ne reposent en rien sur la réalité
09:13de la relation commerciale aujourd'hui
09:14entre les États-Unis et l'Europe.
09:16Et que la seule façon de pouvoir obtenir un accord,
09:19ce qu'on souhaite,
09:20nous, on ne veut pas une guerre commerciale,
09:21on ne veut pas de protectionnisme,
09:23on veut pouvoir trouver une désescalade,
09:24un accord qui serait dans l'intérêt de tous,
09:26c'est de montrer que les Européens peuvent se défendre
09:28et qu'on est capable d'assumer un rapport de force.
09:30Et justement, ça fait plus de 100 jours
09:31qu'il dure ses pourparlers.
09:33Là, on est à 8 jours du terme.
09:34Et vous dites, en fait,
09:36la Commission européenne n'a pas été
09:37à la hauteur de l'agression américaine ?
09:39Nous avons demandé à la Commission européenne, là,
09:41de faire des propositions
09:42pour avoir des contre-mesures,
09:45notamment sur les biens,
09:46mais aussi sur les services américains
09:48qu'on pourrait aller taxer
09:49s'il n'y a pas d'accord acceptable le 1er août.
09:52Ça veut dire des taxations sur des biens américains,
09:56il y a deux paquets de 20 milliards,
09:57puis de 72 milliards de biens venant des États-Unis
10:00qu'on peut aller taxer,
10:01mais on peut aller plus loin.
10:02Vous savez qu'il y a quelques années,
10:03on a créé un instrument
10:04qui s'appelle l'instrument anti-coercition.
10:06qui était plutôt destiné à la Chine.
10:08La France, qui, à l'époque, vous avez raison,
10:09était destinée à la Chine,
10:10qui viserait à élargir le champ
10:11des biens qu'on peut aller toucher,
10:14et notamment les services numériques,
10:16puisqu'on est importateur,
10:17on est consommateur
10:17de services numériques américains,
10:19et ça permettrait d'aller taxer
10:20les services numériques,
10:21de barrer l'accès à des marchés publics,
10:24de pouvoir saisir aussi
10:25des propriétés intellectuelles.
10:26Dans une négociation,
10:27il faut assumer un bras de fer.
10:28Les Européens, c'est 27 pays,
10:30c'est un grand marché unique intégré,
10:32c'est un test de crédibilité géopolitique
10:34pour l'Europe.
10:35Quel précédent est-ce qu'on en verra
10:37aux Etats-Unis,
10:38si demain, l'administration Trump
10:39veut aller plus loin
10:40et augmenter à nouveau les droits d'ouane,
10:42mais aussi à la Chine ou à d'autres,
10:43si on montre de la faiblesse
10:45dans cette négociation ?
10:46On est dans une question existentielle.
10:46Donc encore une fois,
10:47dans cette dernière semaine
10:48et dans les jours qui suivront,
10:50on est dans un test de crédibilité géopolitique,
10:52on est dans un test de puissance
10:53pour l'Union Européenne.
10:54On était ici avec l'ancien commissaire Thierry Breton
10:56il y a quelques jours,
10:56qui nous disait,
10:57si on fait moins bien que le Royaume-Uni,
10:58qui a, il y a quelques semaines,
11:00conclu un accord qui est déjà jugé
11:02très peu favorable aux Britanniques,
11:04si on fait moins bien à 27,
11:05c'est la porte ouverte
11:06aux anti-européens de tous bords.
11:09Il a raison,
11:09il a raison,
11:10parce que, encore une fois,
11:11vous avez là une compétence,
11:13les négociations commerciales,
11:14qui sont une compétence,
11:15ce qu'on appelle,
11:15exclusive de l'Union Européenne.
11:18Donc elle négocie au nom des 27.
11:20Ça nous donne des leviers,
11:21ça nous donne la possibilité
11:22d'imposer un rapport de force.
11:23On est un partenaire commercial
11:25de premier plan des Etats-Unis.
11:27Donc encore une fois,
11:27je crois que dans ce type de négociation
11:29face à l'administration Trump,
11:30si vous montrez de la faiblesse,
11:32vous poussez l'autre,
11:33au contraire,
11:33à durcir sa position
11:34et à escalader.
11:35Donc, je rappelle les fondamentaux
11:37qui est que nous souhaitons,
11:38une fois de plus,
11:39sortir de cette spirale protectionniste
11:41qui est dans l'intérêt de personne.
11:43Et il suffit de voir d'ailleurs
11:43les marchés obligataires américains,
11:45les prévisions de croissance,
11:47les entreprises qui tirent la langue,
11:48de nombreuses entreprises
11:49qui gèlent leurs investissements
11:50au ou vers les Etats-Unis,
11:52qui s'interrogent quand même
11:53sur le climat économique.
11:55Donc c'est dans l'intérêt de personne,
11:56à commencer par celui des Etats-Unis.
11:58Mais la meilleure façon
11:58de se faire entendre,
12:00de se faire respecter,
12:01c'est de montrer qu'on peut assumer
12:01un rapport de force.
12:02Mais j'entends ce que vous dites,
12:03la France dit,
12:04bras de fer,
12:05rapport de force,
12:06approche beaucoup plus politique
12:07que ce que la Commission a fait
12:08jusqu'à présent.
12:09Et c'est important
12:10parce qu'on parle de millions d'emplois
12:11qui sont en jeu
12:12sur le continent européen.
12:14Mais est-ce que des pays
12:14comme l'Allemagne,
12:15qui sont beaucoup plus dépendants
12:16des Etats-Unis
12:17pour leur commerce,
12:19jouent contre l'Union Européenne ?
12:20Non, moi j'étais en Allemagne
12:22la semaine dernière,
12:23à Berlin-et-Dusseldorf,
12:24j'ai rencontré à la fois
12:25mes homologues
12:26mais aussi beaucoup d'industriels.
12:28C'est vrai qu'on a des pays européens
12:29qui sont très exposés
12:30au commerce avec les Etats-Unis
12:32mais qui voient bien aujourd'hui
12:33qu'on a eu une escalade
12:35en fait de la part
12:36de l'administration Trump
12:38dans ses négociations.
12:39Qu'on est passé de 20
12:41puis à 10
12:41puis à 30%,
12:42qu'on a 50% de taxes
12:44sur l'acier et l'aluminium.
12:45Et on partage le même objectif,
12:47c'est ce que je vous disais,
12:48c'est d'aboutir à un accord.
12:49D'aboutir à un accord
12:50qui serait dans l'intérêt de tous,
12:51d'aboutir à une désescalade.
12:52La question c'est encore une fois
12:53comment est-ce qu'on s'en donne
12:54les moyens
12:55pour pouvoir y aboutir ?
12:56D'autres négociations
12:57qui commencent
12:58celles-là à Bruxelles,
12:59elles sont parties pour durer
13:01deux ans à peu près.
13:02Celles qui concernent
13:02le projet de budget européen
13:04pour la période 2028-2034.
13:07Principale inquiétude
13:08dans ce budget
13:08pour les agriculteurs
13:09sur la politique agricole commune
13:10qui d'abord est réduite
13:13dans ce budget
13:13et qui en plus
13:14serait variable.
13:17En tout cas,
13:18elle pourrait être renégociée
13:19au cours des années à venir.
13:21Grosse inquiétude
13:22des agriculteurs.
13:22Qu'est-ce que vous leur dites ?
13:24Déjà, je leur dis
13:24que la souveraineté alimentaire
13:27de l'Europe
13:27et donc la protection
13:28des agriculteurs,
13:29de ceux qui nous nourrissent
13:30et la protection
13:31de leurs revenus,
13:32c'est une priorité absolue
13:33de la France
13:33dans ces négociations.
13:34J'ai eu l'occasion
13:35d'en parler à plusieurs reprises
13:36aussi bien avec le commissaire
13:37Hansen à l'agriculture
13:38et le commissaire Serafine
13:39au budget
13:40que j'ai emmené d'ailleurs
13:40rencontrer des agriculteurs français
13:42dans le Doubs et dans le Jura
13:43il y a quelques mois.
13:44On a aujourd'hui
13:46les paiements directs
13:47de la politique agricole commune
13:48qui sont préservés
13:49et après effectivement
13:50il y a
13:51une flexibilité
13:54qui est donnée
13:54sur le reste
13:55avec la politique
13:56de cohésion.
13:57Je pense qu'il faudra
13:57être extrêmement vigilant
13:59à la fois sur les montants
14:00mais aussi sur l'architecture
14:02de la PAC
14:02pour que nos agriculteurs
14:04puissent avoir
14:04de la visibilité
14:04sur leurs revenus,
14:06sur ce dont ils ont besoin
14:07pour investir
14:08et donc il faudra
14:09aller plus loin.
14:10Vigilance ça veut dire
14:11que les revenus
14:12les subventions
14:13aux agriculteurs
14:14ne sont plus garanties ?
14:15Alors ça veut dire
14:16qu'aujourd'hui
14:17il y a eu
14:18des revenus
14:19d'investissement
14:20pour l'agriculture
14:21ainsi que les revenus
14:22de la cohésion
14:22qui sont mélangés
14:24et moi je crois
14:24que ça ne donne pas suffisamment
14:25de visibilité
14:26et de clarté
14:27à nos agriculteurs
14:29donc il faudra revoir
14:29la copie
14:30c'est un travail
14:30que nous faisons
14:31avec la commission européenne
14:32vous l'avez dit
14:33on est au début
14:34d'une négociation
14:35qui sera longue
14:36de deux ans
14:37où il vous faudra
14:37un budget européen
14:38ambitieux
14:39pour investir
14:39dans la compétitivité
14:40et l'innovation
14:41du continent
14:42dans le réarmement
14:43la défense
14:44et le spatial
14:45et bien sûr
14:45dans la souveraineté alimentaire
14:46on se battra
14:47pour chaque centime
14:49de la politique agricole commune
14:50encore une fois
14:50c'est l'avenir
14:51de la souveraineté alimentaire
14:52du continent européen
14:53qui est en jeu
14:53Vous parlez de centimes
14:54on parle de milliards
14:552000 milliards
14:56dans ce budget quasiment
14:57plusieurs pays
14:58Suède, Autriche, Pays-Bas
14:59Allemagne
14:59ne veulent pas
15:00de ce budget
15:01et disent
15:02pas question de payer plus
15:03pour l'Europe
15:03à l'heure où
15:04les pays
15:05dans leurs budgets nationaux
15:07sont contraints
15:08de faire des économies
15:08justement la France
15:09cherche 44 milliards
15:10rien que pour l'année prochaine
15:11Est-ce qu'elle est d'accord
15:12pour payer plus ?
15:14Sur l'Union Européenne ?
15:14Sur l'Europe ?
15:15Écoutez déjà
15:16la question fondamentalement
15:17avant de parler des montants
15:18c'est qu'est-ce qu'on veut faire
15:19et où est-ce que l'Europe
15:20a une valeur ajoutée ?
15:21Je crois qu'on est dans un moment
15:22de bascule géopolitique
15:23où on a besoin
15:24d'une Europe
15:24qui se donne les moyens
15:25d'agir
15:26et qui se donne les moyens
15:26d'investir dans sa souveraineté
15:28et dans son autonomie stratégique
15:29ça veut dire
15:30investir dans sa défense
15:31on le fait au niveau national
15:32vous avez vu que
15:33sur les deux mandats
15:33d'Emmanuel Macron
15:34nous aurons doublé
15:35le budget de défense
15:36de la France
15:36et le président de la République
15:37a annoncé récemment
15:38une accélération
15:39pour 2026-2027
15:41face aux menaces
15:42auxquelles nous sommes confrontés
15:43sur notre continent
15:44il faut le faire bien sûr aussi
15:45au niveau européen
15:46pour soutenir une industrie
15:47de défense européenne
15:48autonome
15:49dans le spatial
15:49qui est un enjeu quand même
15:51de souveraineté
15:52que ce soit la protection
15:53des données privées
15:54l'accès aux orbites basses
15:56quand on voit le rôle
15:57que joue Starling
15:57par exemple
15:58en Ukraine
15:58le soutien à l'innovation
16:00je pense à l'intelligence artificielle
16:02au quantique
16:02sur tous ces sujets-là
16:03nous avons besoin
16:04d'un budget européen
16:06que la France
16:07ambitieux
16:08d'Emmanuel Macron
16:09soit favorable
16:10à plus d'intégration européenne
16:12une Europe plus forte
16:12ce n'est pas nouveau
16:13c'est
16:13comme on dit
16:15l'ADN politique
16:17d'Emmanuel Macron
16:18depuis 8 ans maintenant
16:19mais si je vous pose
16:21la question
16:21des financements
16:22c'est parce que
16:23politiquement
16:23c'est sensible en France
16:24le Rassemblement National
16:25dit
16:25on nous demande
16:26de faire des économies
16:27donnons-moi à l'Union Européenne
16:28et d'ailleurs
16:29quand on veut
16:29on peut
16:30la preuve
16:31la France a négocié
16:32une ristourne
16:32pour sa participation
16:34sa contribution
16:34à l'Union Européenne
16:35pour 2026
16:36moi je vois
16:37le Rassemblement National
16:38qui à chaque tournant
16:40sur chaque débat
16:40trouve une façon
16:42de faire de l'europhobie
16:43et trouve une façon
16:44en réalité
16:45de proposer quoi
16:46un Frexit déguisé
16:47quand il parle
16:48de rabais en rabais
16:49on a vu les débats
16:49qu'il y a eu
16:50avec la Grande-Bretagne
16:50à l'époque
16:51qui était rentré
16:51dans cette logique transactionnelle
16:52avec l'Union Européenne
16:53pour finalement
16:54décider de quitter
16:55l'Union Européenne
16:56on a besoin
16:56d'une France
16:57qui est influente
16:57au sein d'une Europe forte
16:58qui se donne les moyens
16:59de se défendre
17:00sinon
17:01quelle est l'alternative ?
17:02Vous nous voyez aujourd'hui
17:03aller en rang dispersé
17:04face à la Russie
17:05de Vladimir Poutine
17:06face aux Etats-Unis
17:07de Donald Trump
17:08face à la Chine
17:09on a besoin aujourd'hui
17:10d'une Europe
17:10qui se donne les moyens
17:11d'agir sur la scène internationale
17:13et donc
17:14moi je vois une fois de plus
17:15que les vieilles obsessions
17:17anti-européennes
17:18du Rassemblement National
17:19ressurgissent
17:21à chaque tournant
17:21et c'est ce qu'on voit
17:22aujourd'hui
17:22dans ce débat budgétaire
17:23Un mot aux entreprises
17:24puisque dans ce budget
17:26l'Europe cherche aussi
17:28des recettes
17:29et il y a un projet
17:30de taxes
17:30sur les grandes entreprises
17:32qu'est-ce que vous leur dites
17:34on ne touche pas
17:35aux entreprises
17:35au niveau national
17:36dans le budget
17:37mais on veut bien
17:38les faire payer plus
17:39au niveau européen ?
17:40Alors c'est encore une fois
17:41vous l'avez dit
17:42le début des négociations
17:43qui vont être long
17:44on a besoin de ressources propres
17:45pour l'Union Européenne
17:46précisément
17:46parce que si on veut
17:47un budget plus ambitieux
17:48il faut que l'Union Européenne
17:50soit capable aussi
17:50de dégager des ressources propres
17:51je pense que ces ressources
17:52doivent essentiellement
17:53peser
17:54non pas sur
17:55les ménages
17:56ou les entreprises
17:57européennes
17:57mais plutôt sur des acteurs
17:59extérieurs
17:59que ce soit
18:00la création d'un Estat européen
18:01c'est-à-dire faire payer
18:02les touristes
18:03qui viennent en Europe
18:03comme c'est le cas
18:04pour ceux qui vont
18:04aux Etats-Unis
18:05ou au Royaume-Uni
18:07que ce soit une taxe
18:08sur les services numériques
18:09américains
18:10ou encore une taxe
18:11sur les petits colis
18:12voilà
18:12c'est plutôt les propositions
18:13que nous avons faites
18:14aujourd'hui
18:15au commissaire européen
18:15j'en viens à la politique française
18:17Benjamin Haddad
18:18est-ce que vous êtes à l'aise
18:19à l'idée de rester au gouvernement
18:20avec une collègue
18:21Rachid Haddati
18:21ministre de la Culture
18:22renvoyée en correctionnel
18:23pour corruption et trafic d'influence
18:25mais j'espère quand même
18:26qu'on a encore
18:27la présomption d'innocence
18:28dans notre pays
18:29et moi d'ailleurs
18:30je voudrais ici
18:31réitérer mon amitié
18:32et mon estime
18:33envers Rachid Haddati
18:35qui fait un travail formidable
18:36il y a l'estime
18:36il y a l'exemplarité
18:37pendant des années
18:39mise en examen
18:40signifiait démission
18:41Monsieur
18:42moi j'ai toujours eu une règle
18:44quel que soit
18:45le parti politique
18:46la personnalité
18:47que ce soit
18:48de mon camp
18:49d'un parti opposé
18:50de ne pas commenter
18:51et de ne pas m'ingérer
18:52dans des procédures judiciaires
18:54je pense que c'est ma responsabilité
18:55en tant que politique
18:57et moi
18:59vous savez
18:59je l'ai soutenu
19:00pour qu'on fasse l'union
19:01autour d'elle
19:02pour la mairie de Paris
19:03c'est quelqu'un qui a Paris
19:04chevillé au corps
19:05qui
19:05parle à beaucoup
19:07de parisiens
19:08qui a
19:10l'expérience
19:12l'énergie
19:12pour pouvoir
19:13mener cette campagne
19:15qui est une excellente
19:16ministre de la justice
19:17et donc
19:18donc pas de problème
19:20vous restez avec elle
19:20sans problème au gouvernement
19:21mais pour moi
19:23encore une fois
19:23je veux dire
19:23il y a quand même
19:25la présomption d'innocence
19:26dans ce genre de sujet
19:27elle appartient aussi
19:28politiquement à un parti
19:29dont le
19:30nouveau patron
19:31ministre de l'intérieur
19:32Bruno Retailleau
19:33n'a pas de mot assez dur
19:34dans l'hebdomadaire
19:35valeurs actuelles
19:36contre votre parti
19:37le parti présidentiel
19:38renaissance
19:39je rappelle que LR
19:41est censé appartenir
19:42au fameux socle commun
19:43du gouvernement
19:44Bruno Retailleau
19:46dit que le macronisme
19:46n'est ni un mouvement politique
19:48ni une idéologie
19:49qu'il s'achèvera
19:50avec Emmanuel Macron
19:51et qu'il alimente
19:52l'impuissance
19:53vous pouvez continuer
19:54à travailler avec
19:55Bruno Retailleau également ?
19:56dans une coalition
19:57on peut avoir
19:57des sensibilités différentes
20:00des expressions différentes
20:01c'est normal
20:01moi je vois des coalitions
20:02politiques partout
20:03en Europe
20:04mais il faut qu'on se respecte
20:06moi je suis fier
20:07profondément fier
20:08d'avoir rejoint
20:08Emmanuel Macron
20:09dès le début
20:09qui a répondu
20:10à une aspiration
20:11profonde
20:12des français
20:13une aspiration
20:13qui existe toujours
20:14aujourd'hui
20:14précisément
20:15de mettre de côté
20:16les petites querelles
20:17partisanes
20:18les logiques d'appareil
20:19pour mettre ensemble
20:20les gens qui voulaient
20:20travailler pour l'intérêt général
20:22qui voulaient réformer le pays
20:23et on a réformé le pays
20:24et on a fait baisser le chômage
20:25à son plus bas historique
20:26depuis 40 ans
20:27on a fait revenir
20:28les investissements
20:29j'en suis fier
20:29et je crois que
20:31ce qu'il a créé
20:32perdurera
20:33au-delà de lui
20:35en tout cas je ferai partie
20:36de ceux
20:36qui continueront
20:37à faire perdurer
20:38cet héritage
20:39ce n'est pas ce que pense
20:40donc Bruno Retailleau
20:41est-ce que sa présence
20:42au gouvernement
20:43est bien cohérente ?
20:45je vous ai dit
20:45on peut avoir des coalitions
20:47avec des expressions
20:49différentes
20:49mais encore une fois
20:50il faut qu'on respecte
20:52là d'où on vient
20:52l'histoire de chacun
20:54l'identité de chacun
20:55et puis je pense aussi
20:56qu'il se trompe
20:57je crois que
20:58ce que nous avons construit
20:59ces dernières années
21:00autour d'Emmanuel Macron
21:01n'était pas
21:02un accident
21:03n'était pas lié
21:04à des circonstances particulières
21:06en 2017
21:06ou en 2022
21:08je crois encore une fois
21:09que les clivages
21:11avaient changé
21:12que les aspirations politiques
21:13sont différentes
21:14encore une fois
21:15la volonté
21:16de pouvoir mettre
21:17les gens autour de la table
21:18pour pouvoir travailler
21:18obtenir des résultats
21:19avoir une logique
21:20d'intérêt général
21:21plutôt qu'une logique
21:22uniquement partisane
21:24et moi je me reconnais
21:25toujours dans ça
21:26je suis fier
21:26d'en faire partie
21:27et puis je voudrais
21:28rajouter quelque chose
21:29vous savez
21:30je pense que les français
21:32n'attendent pas de nous
21:32qu'on soit là
21:34dans l'élection présidentielle
21:35de 2027
21:35il nous reste deux ans
21:36c'est ce que fait Bruno
21:37deux ans pour agir
21:38deux ans pour réformer
21:40deux ans pour travailler
21:42deux ans pour trouver
21:42des solutions pour les français
21:43au niveau national
21:45au niveau européen
21:46regardez tous les enjeux
21:46dont nous avons parlé
21:47la Russie
21:48les questions de compétitivité
21:49le soutien
21:50à nos agriculteurs
21:52les droits de douane
21:53sur tous ces sujets
21:54il faut qu'on apporte
21:54qu'on mette de la responsabilité
21:56qu'on apporte des solutions
21:57et qu'on agit jusqu'au bout
21:58jusqu'à la dernière minute
22:00Benjamin Haddad
22:00ministre délégué
22:01chargé de l'Europe
22:02merci beaucoup
22:02merci
22:03merci
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