00:0419h32 toujours avec Sarah Salman et Jules Torres.
00:08Nous en parlions à l'instant avec notre invité, Maëlle en a reparlé dans ses infos.
00:12Des individus qui s'en prennent aux forces de l'ordre, ça s'est passé la nuit dernière du côté de Limoges.
00:16J'ai de pierre, cocktail Molotov, des affrontements qui ont duré près de 3 heures.
00:2010 policiers blessés, Sarah Salman, on est sur un début de révolution là.
00:24On est sur un début de révolution, en réalité ce sont les événements qui se répètent
00:28parce qu'on ne fait rien pour que ça s'arrête.
00:30Notamment je pense à la justice pénale des mineurs, le code de justice pénale des mineurs de 2021
00:34qu'on nous a avancé comme étant une révolution qui reprend en réalité l'ordonnance de 45 et du moins sa philosophie.
00:41Ça veut dire que ça se base sur la pédagogie et non pas la répression.
00:44Donc on a eu en réalité beaucoup beaucoup de réformes, mais en réalité le résultat est le même si ce n'est pire
00:49puisque les sanctions sont souvent assez faibles et quand elles sont fortes, ça intervient malheureusement trop tard.
00:54Et on l'a vu je pense notamment à Clermont-Ferrand où un militaire a été tué hors service.
01:00La personne qui l'a tuée avait déjà été condamnée pour un crime cinq ans plus tôt alors qu'elle était mineure.
01:04Donc ça interroge quand même sur l'application et l'applicabilité de notre justice.
01:08Et des condamnations qui ne sont pas forcément appliquées, Jules Torres.
01:11Oui, ou des condamnations pas appliquées ou très faibles.
01:13On l'a vu après les émeutes urbaines de 2023, on l'a encore vu en Nouvelle-Calédonie en 2024.
01:19Il y a un reportage très intéressant qui est paru la semaine dernière sur France 5 sur les 100 jours de Gérald Darmanin en 2024 à Beauvau.
01:29Et c'était très intéressant de voir qu'à l'époque il était ministre de l'Intérieur et ils étaient en conseil de défense.
01:35Donc avec le président, non il n'y avait pas le président de la République mais il y avait Gabriel Attal, il y avait vraiment tout le gouvernement.
01:40Et à l'époque Gérald Darmanin est ministre de l'Intérieur et Éric Dupond-Moretti est garde des Sceaux.
01:45Et Gérald Darmanin, il y a eu 200 interpellations, aucune peine de prison prononcée pour des personnes qui dans ces 200-là avaient par exemple tiré sur des policiers.
01:54Et il se demandait comment c'était possible qu'en France aujourd'hui on puisse s'attaquer à un policier.
01:59Et finalement il remettait en question les décisions de justice.
02:02Et là c'est vrai que la scène elle est très intéressante et j'invite nos auditeurs à aller la regarder.
02:07On avait vraiment les deux visions aujourd'hui qui s'opposent.
02:10Non pas tout de suite, mais bien sûr vous restez avec nous.
02:13Mais voilà on avait vraiment les deux visions de le côté sécuritaire et le côté justice.
02:17Bon heureusement maintenant Gérald Darmanin est du côté de la justice et c'est vrai que depuis qu'il est arrivé on sent qu'il y a une volonté
02:23de plus de fermeté.
02:25C'est d'ailleurs ce qu'il a demandé après le fiasco de la finale du Paris Saint-Germain contre l'Inter où on a eu des heurts dans Paris.
02:32Et là aussi les condamnations n'ont pas été à la hauteur de la gravité des faits de violence.
02:37Ça n'a pas été le cas récemment, après le 14 juillet notamment.
02:41Puis on a vu qu'il y a eu une circulaire qui a été donnée aux magistrats pour qu'ils soient beaucoup plus fermes
02:46et que la réponse soit beaucoup plus connectée, adaptée à la volonté aujourd'hui des Français qui est vers plus de fermeté.
02:53Mais le problème c'est qu'il y a ce débat politique, il y a la réalité de la violence et ensuite il y a autre chose qui se met au-dessus.
02:59Ça s'appelle le Conseil constitutionnel et on parlait tout à l'heure de la loi sur la justice des mineurs.
03:03C'est très bien, Gabriel Attal a voulu faire passer une loi qui honnêtement est plutôt dans le bon sens,
03:07même si à mon sens c'était une rustine par rapport aujourd'hui à la violence qu'il y a chez nos jeunes.
03:12Le Conseil constitutionnel a décidé de manière unilatérale de censurer, de vider de sa substance ce texte-là.
03:18Et résultat, on est allé chercher des lois de 1908 et de 1912 ou encore l'ordonnance de 1945 pour juger aujourd'hui une loi de 2025.
03:27Sauf que la jeunesse d'aujourd'hui, la violence d'aujourd'hui, ce n'est pas la même que celle de 1945.
03:31Oui et puis le Conseil constitutionnel, vous avez raison de le rappeler, dans sa décision du 19 juin 2025,
03:35a supprimé finalement l'essentiel, c'est-à-dire sur l'excuse de minorité, sur la comparution immédiate.
03:39Et c'était des mesures, finalement, de bon sens.
03:43Et c'est-à-dire qu'on se dit que si même Gabriel Attal, qui propose un texte, est censuré par le Conseil constitutionnel,
03:49je ne vois pas bien quelle marge de manœuvre on a en réalité.
03:51Et ça, on a quand même le sentiment que le Conseil constitutionnel a plus d'avantages réagi par idéologie que par bon sens et par justice.
03:58Vous écoutez Europe 1 sur le week-end 19h36, alors on le disait, les violences ont changé,
04:01ce ne sont plus forcément les mêmes qu'il y a 20, 30 ou 40 ans.
04:04D'ailleurs, on s'aperçoit que ce n'est plus forcément l'apanage des grandes villes.
04:07Les violences, c'est aussi les petites villes, Limoges, qui n'est pas réputée pour être une ville où il y a forcément beaucoup, beaucoup...
04:12Mais il n'y a plus de zones qui sont épargnées en réalité.
04:14La criminalité organisée touche toutes les communes de France, ça c'est un rapport qui nous l'a dit,
04:19et le narcotrafic touche 79% des communes françaises.
04:22Donc je ne sais pas si on se rend compte, mais en effet, elles sont toutes touchées.
04:26Il n'y a que les villes entre 0, entre 100 et 1000 habitants qui sont en réalité épargnées.
04:34Et bien sûr, il y a des villes rurales qui sont touchées, on l'a vu.
04:38Je n'ai pas l'impression que la ville de Crépole, où on a eu ce drame de la mort de Thomas, soit une grande ville.
04:45Et on a beaucoup d'exemples, souvenez-vous de Matisse à Châteauroux,
04:48enfin de plein d'exemples dans l'actualité qu'on a.
04:51Et en effet, aujourd'hui, on est amené à commenter des actualités terribles dans des petites communes.
04:57Et ça, c'est en réalité assez nouveau, assez neuf.
05:01Et ajouté à cela, on a aussi une explosion dans les grandes villes.
05:04C'est ça, si ça se calmait dans les grandes villes, on pourrait avoir une analyse un petit peu sociologique
05:09et de se dire pourquoi ça s'est déplacé.
05:10Le problème, c'est que ça ne s'est pas déplacé, c'est monté dans toute la société,
05:14et dans toute la société française, à part peut-être en Corse.
05:16Mais il y aura des raisons d'expliquer pourquoi ça ne monte pas.
05:20Donc, en effet, ça traduit quand même une réalité qui est celle de l'ensauvagement de la société.
05:26Ce qui est intéressant, c'est de voir que ce qui a changé, réellement, c'est l'âge, aujourd'hui, de ces délinquants.
05:31Effectivement, donc là, on y arrive.
05:32C'est une violence qui est plus importante.
05:34C'est-à-dire que là, ce n'est plus juste une bagarre pour un téléphone ou un regard.
05:37C'est-à-dire que vous pouvez mourir pour un mauvais regard, pour un téléphone.
05:40Donc, c'est aussi une gradation de la violence, en plus d'un rajeunissement de celle-ci.
05:44C'est-à-dire que vous, Guillaume, quand vous étiez jeune, vous régliez vos différences.
05:48Mais il est jeune.
05:49Avec vos poings, avec vos pieds.
05:51Maintenant, on sort un couteau.
05:52On sort des armes.
05:53C'est ça qui est terrible.
05:54Et Sarah Salman aussi, quand elle était jeune.
05:56Vous pensez que j'étais à l'époque de l'âge de pierre, où on n'avait pas de couteau et d'armes ?
05:59Non, je ne date pas avec des armes.
06:00Par contre, vous le dites, Jules, avec juste titre, ils sont jeunes, de plus en plus jeunes.
06:05Et pour cela, justement, à Nîmes, depuis plusieurs mois, ville de taille intermédiaire,
06:09certains quartiers en proie à une augmentation de fusillades, d'importance violente.
06:13Et donc, le maire de la ville LR, Jean-Paul Fournier, qui a décidé d'instaurer ce couvre-feu pour les mineurs,
06:18dont certains quartiers à partir de lundi, ça va durer 15 jours.
06:22C'est un pansement, c'est une rustine, le mot que vous employez ?
06:25C'est exactement ça, c'est exactement une rustine.
06:27En réalité, il faut l'utiliser.
06:29C'est d'ailleurs ce que bon nombre de maires d'Édile ont fait le soir du 14 juillet,
06:33pensant que ça pouvait aider.
06:35Bon, visiblement, il n'y a pas eu de sieste co-sécuritaire, donc ça a pu marcher.
06:39Le problème, c'est que je n'ai pas l'impression que dans certaines villes que la République ne contrôle plus,
06:44le couvre-feu soit respecté, qu'il serve à quelque chose.
06:47On l'a vu pendant le Covid, on l'a vu pendant les émeutes.
06:50Il faut mobiliser absolument des forces de l'ordre pour pouvoir aller aller au contrôle et tout ça.
06:53Vous avez ramené le mineur chez ses parents, vous lui dites quoi ?
06:55Si les parents sont démissionnaires, oui, c'est aussi le problème.
06:57Je ne sais pas, bonjour madame, il faudrait que votre enfant...
07:01Moi, je trouve que vraiment, ça ne sert pas à grand-chose, si ce n'est permettre de dire qu'on l'a fait.
07:05On mesure gadget, alors ?
07:07Oui, un peu.
07:08Non, on mesure complètement gadget, mais malheureusement, ça nous montre aussi l'impuissance du politique.
07:15C'est ça, redonner l'échec.
07:15Oui, le politique ne peut rien faire, encore moins les maires,
07:19puisque les maires, ils ne peuvent pas tout contrôler dans leur vie.
07:23Ils ont des très petites prérogatives, notamment sur ces sécurités.
07:27En gros, ils ne peuvent qu'armer leur police municipale, mettre des caméras de vidéosurveillance
07:30et instaurer des couvre-feu.
07:33Mais quand on en est arrivé à instaurer des couvre-feu, c'est qu'on n'est plus capable de rien faire.
07:39Et que l'État a complètement démissionné.
07:41Oui, d'ailleurs, il y a même des maires de gauche qui commencent à changer d'avis,
07:44qui étaient vraiment farouchement opposés à la vidéosurveillance, à l'armement de la police municipale,
07:49et qui maintenant disent, finalement, peut-être que ce serait une bonne chose.
07:52Donc, ils sont quand même rattrapés par la réalité.
07:53Ils font pour des raisons extrêmement électoralistes.
07:55On sait qu'en mars prochain, il y a les municipales qui arrivent.
07:57Et évidemment, il y a un désir de sécurité dans toute la société.
08:00Quand vous regardez tous les sondages qu'on fait, par exemple, les sondages CSA qu'on fait pour CNews,
08:03Europe 1 et LJDD, les électeurs de gauche, notamment les écologistes et les socialistes,
08:07sont massivement favorables à ce qu'on arme davantage notre police, à plus de fermeté.
08:12À plus de fermeté, d'ailleurs, dans la justice, ils reconnaissent aussi une sorte de laxisme dans le système judiciaire.
08:18Alors, évidemment, il y a une déconnexion avec les politiques nationaux que l'on peut voir.
08:21Marine Tondelier et Jean-Luc Mélenchon ne sont pas forcément sur cette ligne-là.
08:25Et Olivier Faure, non plus.
08:27En réalité, il y a la réalité du terrain.
08:28Oui, mais voilà, c'est ça.
08:29C'est qu'il y a la réalité du terrain.
08:31Et il y a des électeurs.
08:31Et les électeurs de ces villes-là, on pense à Grenoble, on pense à Lyon, on pense à Bordeaux.
08:36Là, on va bientôt avoir à Bordeaux des armes létales pour les policiers municipaux.
08:40Ça fait des années que l'opposition la demande.
08:41Ça fait des années qu'il y a des collectifs de riverains et de commerçants qui le demandent
08:45parce qu'ils ont envie de se sentir en sécurité.
08:47et que dans ces villes-là, l'explosion de l'avluence, ça a explosé depuis que les écologistes ont pris ces villes.
08:55Donc voilà, c'est électoraliste.
08:57C'est bien, c'est bien.
08:59Mais on doit aller encore plus loin et avoir un débat national de grande envergure.
09:02Jules Thores, une dernière question.
09:04On a une petite minute encore.
09:05Est-ce que le triptyque prévention, éducation, justice, ça marche encore ?
09:09Moi, je l'entends depuis des dizaines d'années.
09:10Vous faisiez référence à mon âge.
09:11Non, mais il n'y a pas de souci.
09:13C'est un propos caractéristique.
09:16Mais il n'y a pas de souci.
09:17Donc justement, moi, ça fait des décennies que j'entends ça.
09:19Oui, il faut plus de prévention, plus d'éducation.
09:22Et plein de choses qui ont été faites comme ça directement dans les quartiers.
09:24Mais force est de constater que décennie après décennie, ça empire.
09:27La prévention n'a absolument pas fonctionné.
09:29Aujourd'hui, on n'écoute plus personne.
09:31Les consignes qui sont données par le gouvernement ne sont plus écoutées
09:35parce que le gouvernement est lui-même impuissant.
09:37L'éducation n'a jamais été aussi mauvaise.
09:41On a des élèves qui sortent de l'école sans savoir ni lire ni écrire.
09:44Donc je ne vous explique même pas quand on leur demande un minimum de respect,
09:49un minimum de respect d'autrui.
09:50Le respect n'a jamais été aussi faible dans notre pays.
09:52C'est d'ailleurs pour ça que la confiance interpersonnelle en France
09:55est le taux le plus bas d'Europe,
09:57contrairement aux pays d'ifrugaux comme le Danemark ou la Suède,
10:00qui sont autour de 60% de confiance interpersonnelle.
10:03C'est-à-dire, est-ce que vous faites confiance à votre voisin ?
10:05En France, c'est à peine 20% entre 18 et 19 selon les années.
10:09Donc il y a ça.
10:09Et la dernière question, c'était la justice.
10:12La justice est considérée par 80% des Français comme extrêmement laxistes,
10:15pas assez ferme.
10:16Donc non, en effet, ce triptyque-là n'a pas du tout fonctionné
10:20et ce sera un des sujets des prochaines années.
10:21Jules Thorez, Sarah Salman,
10:23maize éditorialiste d'Europe 1 Soir Week-end
10:25pour ce samedi soir Europe 1, 19h42.
10:27Juste après le journal permanent,
10:29nous parlerons de la justice qui a suspendu cette semaine
10:31plusieurs arrêtés municipaux anti-Burkini,
10:33comme celui du maire de Mandelieu.
10:35On fera également un premier bilan sur la baignade dans la Seine
10:38et croyez-le ou non, ça plonge pas mal à Paris.