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On vous raconte pourquoi les équipes dépendent entièrement de leurs sponsors, et quelle conséquence cela a.

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00:00Kofidis, Arkea BNB Hôtel, Decathlon AG2R La Mondiale, Groupama FDJ, UAE Emirates,
00:06si vous suivez le cyclisme, vous connaissez forcément ces noms.
00:09Ce sont ceux d'une partie des équipes au départ du 112ème Tour de France qui se déroule en ce moment.
00:13Une compétition qui brasse chaque année plus de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires,
00:17mais avec une grosse particularité, toute cette somme tombe dans les poches d'un seul acteur
00:21et cet acteur n'a rien à voir avec les équipes de cyclisme.
00:24Le risque c'est l'incertitude, l'incertitude du lendemain.
00:27Emmanuel Hubert, qui est le manager de l'équipe, cherche désespérément pour l'instant d'autres partenaires,
00:33mais ça menace 150 emplois.
00:35Ça peut paraître fou, mais on vous explique pourquoi le modèle économique du vélo professionnel est si particulier et si risqué.
00:44Le Tour de France, c'est LA compétition de vélo par excellence.
00:47Trois semaines de course, 184 coureurs, plus de 3000 km de parcours,
00:51troisième événement sportif le plus regardé à la télévision derrière les Jeux Olympiques
00:55et la Coupe du Monde de football, c'est le seul qui est organisé par un acteur privé et non une fédération.
01:00Son nom, Amaury Sport Organisation.
01:03Amaury Sport Organisation est une filiale du groupe L'Equipe.
01:08Virgile Caillet est déléguée générale de l'Union Sport et Cycle.
01:11Amaury Sport Organisation organise certes le Tour de France,
01:15mais aussi de très très nombreuses compétitions sportives.
01:18Ils organisent par exemple le Marathon de Paris, ils organisent Paris-Roubaix
01:22et ils organisent depuis de très nombreuses années le Tour de France,
01:26puisque le Tour de France a été créé par le journal L'Equipe,
01:31ou son ancêtre, puisqu'à l'époque ça ne s'appelait pas L'Equipe.
01:35C'est comme ça que, par extension, par héritage,
01:39ASO, qui est la branche événementielle du groupe Amaury, organise le Tour de France.
01:43Et ASO ne fait pas qu'organiser le Tour, il en gère le modèle économique au centime près.
01:49Imaginez qu'il s'agisse d'une fusée à trois étages.
01:51Deux étages plutôt classiques, semblables aux autres sports,
01:54et un troisième, qui vous allez le voir, est très particulier et propre au cyclisme professionnel.
01:59Premier étage de notre fusée, les villes qui accueillent payent.
02:02Comptez 120 000 euros pour être ville départ et 150 000 pour être ville arrivée,
02:06et ça, c'est sans les travaux éventuels à effectuer pour accueillir toute la logistique de la grande boucle.
02:10Dans le Tour de France, l'argent récolté venant des collectivités, c'est 10% des recettes.
02:16Deuxième étage de la fusée, les marques qui soutiennent la compétition.
02:19On connaît tous la caravane et son défilé impressionnant de saucisson cochonou ou de bonbons Haribo.
02:24Mais il y a aussi le sponsoring sur les maillots distinctifs.
02:26Un exemple, pour pouvoir avoir son logo sur le maillot jaune,
02:29la banque LCL paye son statut de partenaire majeur de la compétition,
02:32en versant à ASO chaque année la somme de 10 millions d'euros.
02:36Au total, le sponsoring représente 40% du chiffre d'affaires du Tour de France.
02:41Enfin, troisième étage de la fusée, et c'est ici que le cyclisme se démarque des autres sports,
02:46les droits TV.
02:47Il représente 50% des recettes du Tour de France,
02:49mais contrairement à d'autres sports dans le cyclisme,
02:52aucun centime de ce joli pactole ne retombe dans le budget des équipes.
02:55C'est l'une des grandes forces d'ASO,
02:57organiser et vendre lui-même son épreuve reine aux chaînes et annonceurs
03:00et capter 100% des retombées économiques.
03:03Donc certes, ce sont les équipes cyclistes qui font le spectacle en quelque sorte
03:08et qui pourraient revendiquer une partie des droits télé obtenus grâce à ce spectacle.
03:15Mais aujourd'hui, le Tour de France est tellement incontournable pour toutes ces équipes,
03:20il apporte tellement d'exposition pour tous leurs partenaires
03:24que le rapport de force est ainsi.
03:27Pour se développer et survivre économiquement,
03:29les équipes de cyclistes n'ont donc qu'une seule source de revenus,
03:32mis à part quelques maigres primes après des victoires d'étape.
03:35Sept sources de revenus, ce sont leurs sponsors.
03:37Et à ce petit jeu-là, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.
03:40On pourrait dire qu'il y a un cyclisme à deux vitesses dans le cyclisme professionnel,
03:44entre les équipes internationales qui vont naviguer sur des budgets entre 40 et 60 millions d'euros,
03:49et puis des équipes plus « domestiques » comme certaines équipes françaises
03:54qui vont être plafonnées à des niveaux de l'ordre de 20 millions d'euros.
04:00L'équipe phare du peloton, UAE Emirates, celle de Tadej Pogacar,
04:03c'est 60 millions d'euros de budget financés par un fonds souverain Emirati.
04:07L'équipe de Primoz Roglic, l'autre star slovène du plateau,
04:10financée en partie par le géant autrichien de la boisson énergisante Red Bull,
04:14c'est 50 millions d'euros, colossal.
04:17En comparaison, une équipe de bas de tableau comme la française Arkea BNB Hotel,
04:20c'est trois fois moins.
04:21« Dans moins de trois ans, mon modèle est mort. UAE dépasse les 60 millions,
04:26moi j'ai un peu moins de 17 et je fais vivre 150 personnes. »
04:29Et en plus du personnel médical et du staff technique, un gros budget,
04:33ça permet aussi d'avoir du meilleur matériel, de plus grosses capacités de développement,
04:37notamment en faisant appel à des souffleries sur mesure, bref, deux mondes différents.
04:41« Ça se joue vraiment au millimètre. »
04:43Yann Duvert est journaliste aux échos en charge des sujets sport-business.
04:46« C'est de la R&D en fait, le cyclisme. Et donc, plus il y a d'argent, plus la performance va être de pointe.
04:5410 millions ou 5 millions d'euros, ça fait toute la différence sur une saison complète. »
04:57Surtout que l'autre particularité du cyclisme, c'est le budget illimité.
05:01Là encore, ce n'est pas la même situation dans d'autres sports.
05:03En Formule 1 par exemple, des budgets plafonnés ont été instaurés depuis 2021.
05:08Cette année-là, chaque équipe avait le droit de dépenser 145 millions de dollars maximum pour développer sa voiture,
05:14une somme passée depuis à 135 millions de dollars.
05:17L'objectif affiché, réduire les écarts entre grandes et petites écuries.
05:21Bon, il y a une limite quand même, c'est que dans ce budget plafonné ne sont pas compris les salaires des pilotes.
05:26Et ça, ça peut changer beaucoup de choses, car plus un pilote est bon, plus il est cher,
05:30et donc plus une écurie riche peut se le procurer.
05:32Cela a par exemple été récemment le cas pour Lewis Hamilton chez Ferrari,
05:35qui va toucher 120 millions d'euros de salaire sur deux ans.
05:39Pour ce qui est du cyclisme, les dépenses sans limite et la dépendance aux sponsors
05:42provoquent, en plus d'une inégalité entre les équipes, une inquiétude latente.
05:46Celle de savoir si l'on pourra finir la saison toujours debout.
05:49Le risque, c'est l'incertitude, l'incertitude du lendemain.
05:52Lorsqu'on n'a qu'un seul sponsor et qu'il a signé pour trois ans,
05:55effectivement, au début de la troisième année, on est dans l'obligation d'aller chercher
06:03soit un nouveau sponsor, soit d'espérer que ce sponsor renouvelle.
06:07Quand le partenaire s'arrête, tout s'arrête.
06:10Avec les salariés qui se retrouvent sur le carreau,
06:12on le voit avec Arkea et B&B Hôtel qui s'arrêtent en fin de saison.
06:16Emmanuel Hubert, qui est le manager de l'équipe,
06:18cherche désespérément pour l'instant d'autres partenaires,
06:21mais ça menace 150 emplois.
06:23Reste quand même un moyen simple et efficace d'aller soutenir ces petites équipes,
06:27aller sur le bord des routes et crier leur nom au passage du peloton.

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