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La robotique humanoïde n’est plus de la science-fiction : elle devient un terrain d’affrontement entre les grandes puissances. Propulsée par l’IA et par des investissements records, cette nouvelle ère s’accélère à vive allure, avec la Chine en pole position. Derrière les prouesses technologiques, se jouent des enjeux de souveraineté, d’emploi, de sécurité… et d’influence globale. Jusqu’où ira cette course ? Et qui saura en maîtriser les règles ?
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00:00Dernier épisode de notre série enjeux du futur, on va s'intéresser aux humanoïdes,
00:09aux robots humanoïdes avec ses enjeux techniques, les enjeux d'accélération avec la Chine qui fait
00:15visiblement la course en tête, on va parler des investissements, tout ça avec deux grands experts.
00:21Thierry Berthier, vous dirigez le groupe Sécurité Robotique Intelligence Artificielle du Hub France
00:26IA, vous êtes chercheur, consultant en cybersécurité, cyberdéfense, vous êtes parti évidemment de
00:31plusieurs think tanks et conseils scientifiques, merci d'être avec nous. Et Laurent, vous êtes directeur
00:37du Tech Lab de Mines Nancy, porteur de chaire applications IA et robotiques en environnement
00:43complexe et également 5G. Vous êtes aussi maître de conférences enseignant à Mines Nancy, chercheur
00:49au LOREA, le laboratoire de recherche en informatique et ses applications que j'ai eu le grand plaisir
00:54de visiter d'ailleurs. Alors cette IA, intelligence artificielle, c'est le sujet qu'on aborde dans toutes
01:01les émissions depuis quelques années, j'ai envie de dire, et vraiment beaucoup en 2025. Vous voyez ça
01:07comme un parasite dans le sujet de la robotique humanoïde ou comme une chance ? Parce que moi,
01:14j'ai l'impression que de plus en plus, on voit l'IA comme un accélérateur justement dans le domaine de la
01:19robotique humanoïde. Est-ce que je me trompe ? Est-ce que j'ai raison ? Alors d'abord, merci de me recevoir.
01:24Oui, alors on va dire, la robotique humanoïde est une robotique très très complexe et c'est les
01:29progrès récents, on va dire, en IA. On parlait de renforcement, de l'apprentissage par renforcement.
01:34Par exemple, c'est ces techniques-là qui rendent les choses un peu plus faisables que les techniques
01:38classiques de contrôle. Il y a beaucoup d'articulations, beaucoup d'éléments à prendre en compte pour après les
01:44maintenir en stable. Donc effectivement, l'IA, c'est un accélérateur pour la partie robotique,
01:49à mon sens, humanoïde. Thierry, vous voyez ça comme un concurrent ou comme un accélérateur ?
01:54Alors, un complément en fait, un composant qui va rentrer dans le robot, que ce soit un robot qui
02:00vole, qui nage, qui rampe ou qui roule. Et vous pensez qu'on va avoir une révolution plus
02:07importante avec l'IA ou avec les robots ? Alors, mon avis personnel, c'est que la révolution qui
02:12arrive en robotique terrestre, aérienne et humanoïde, elle est beaucoup plus impactante,
02:20beaucoup plus importante que celle de l'IA générative, par exemple, dont on parle partout
02:24aujourd'hui. Tout simplement parce que la robotique…
02:26Parce que tout le monde s'en sert quand même de l'IA générative. Pour l'instant, on n'a pas encore de
02:28robot humanoïde à la maison.
02:30Voilà, mais ça arrive, ça arrive plus vite qu'on ne le pense. Et le robot, contrairement à l'IA
02:35générative, il agit sur le réel. Donc, il déplace des objets, il peut les transformer, il peut le casser,
02:40il peut les monter, il peut faire des choses. Donc, il va avoir une action sur le réel et ça, ça change
02:45tout finalement. C'est-à-dire qu'il va pouvoir commencer à adresser des métiers qui sont faits par des
02:52humains aujourd'hui. Et aujourd'hui, prenez chaque GPT, ce n'est pas lui qui va vous monter le meuble
02:56que vous venez d'acheter. On est bien d'accord. Alors que le robot humanoïde, peut-être que lui,
03:02dans quelques temps, il va savoir monter le meuble tout seul. Et puis aller chercher le colis à la poste,
03:07et puis aller chercher les enfants, et puis préparer à manger, et tourner la pelouse, et tailler la haie.
03:13D'ailleurs, j'ai envie de dire, preuve en est que l'IA, finalement, est une pré-révolution pour la
03:18robotique. C'est qu'on a vu sur scène le patron de Nvidia à VivaTech 2025 faire le show, finalement,
03:25non pas avec des IA, mais avec un robot. Donc ça, c'est un signe intéressant. Qu'en est-il techniquement ?
03:31Parce que je disais, on n'a pas encore de robot humanoïde à la maison. Parce que quoi ? Il y a des freins techniques ?
03:34Alors, pour moi, il n'y a pas... Il y a, bien sûr, des freins techniques qui sont liés au fait que,
03:40pour l'instant, on parle, par exemple, d'IA sur un robot humanoïde, on ne peut pas garantir le comportement
03:45d'un robot tel que ceux qu'on voit, même s'ils ont l'air sympathiques, etc., à la maison, ou même dans
03:52certains environnements industriels, si on a la même problématique que la cobotique, c'est-à-dire quels vont être
03:57les moyens d'interaction. Donc on peut l'avoir à la maison.
03:59Donc, cobotique, c'est la collaboration entre l'homme et la machine. Et donc là, si on a ce robot à la maison,
04:05en gros, actuellement, il ne faut pas forcément rester à côté. On ne sait pas trop ce qui va se passer.
04:09Et puis après, il y a aussi un challenge, on va dire, de coût. D'accord ? C'est-à-dire que ça commence à être
04:16moins cher. Alors, bien sûr, là, il y a une sorte de dumping, je dirais, qui est fait. Mais si vous voulez...
04:22Alors, l'ensemble des composants de ce robot-là sont encore relativement chers. Voilà.
04:27Donc, il n'y a pas un défi technique, mais il y a quand même un défi de baisse de coût encore sur les composants.
04:34Si, si, encore un défi technique, parce que pour les rendre vraiment conscients du contexte et qu'ils réagissent
04:38correctement, il y a quand même encore beaucoup de choses à leur apprendre.
04:39Et là, c'est l'IA.
04:40Voilà, c'est l'IA.
04:41Qui fait la différence.
04:42Les capteurs.
04:43Voilà, les capteurs.
04:44Les capteurs aussi.
04:45Et puis, des fois, les capteurs intégrés. Et justement, quand on parle de Nvidia, de ce genre d'entreprise,
04:49ils font maintenant, ils ont aussi beaucoup insisté sur la partie IA embedded. C'est-à-dire qu'ils ont des cartes
04:53qui permettent d'avoir beaucoup d'IA quand même embarquées dans des robots de petite taille.
04:56Ça, c'est aussi la nouveauté de ces dernières années.
05:00Alors, Thierry, vous avez rédigé un article pour la revue Diplomacy, qui fait donc un grand dossier spécial
05:06robotique humanoïde, là, pour cet été.
05:08Vous parlez d'un rendez-vous manqué de la France.
05:12Alors, malheureusement, moi, je n'aime pas être pessimiste, mais force est de constater
05:16qu'on n'est pas, malheureusement, aujourd'hui, on n'est pas dans la course.
05:19Et qu'il y a eu un rendez-vous manqué, quand on regarde notamment ce qui se passe en Chine
05:22et aux États-Unis.
05:23Elon Musk a déclaré il n'y a pas très longtemps que, rien que pour le marché américain,
05:27c'était 10 000 milliards de dollars.
05:29Le marché, la profondeur de marché du robot humanoïde.
05:32C'est-à-dire que, d'après Elon, chaque famille du monde aura un à deux à trois
05:38robots humanoïdes, comme on a un micro-ondes, comme on a un four, comme on a un réfrigérateur,
05:44comme on a une tondeuse, si on est en campagne, etc.
05:48Donc, avec une baisse des coûts.
05:50Donc, il y a une profondeur de marché qui est énorme.
05:52Et puis, il n'y a pas eu d'anticipation, malheureusement.
05:55Aujourd'hui, on a zéro boîte qui est capable de construire aujourd'hui un robot humanoïde.
06:00Alors, on en a eu une merveilleuse.
06:03Moi, j'ai suivi depuis le début avec Bruno Maisonnier, qui a quand même lancé le premier
06:06robot humanoïde avec Nao, qui était absolument merveilleux.
06:10Bon, Aldébaran a été revendu aux Japonais.
06:12Et maintenant, c'est terminé, cette aventure.
06:14Qu'est-ce qu'on a raté ? Pourquoi on a raté une étape importante ?
06:19Alors, typiquement, on va dire que ça, c'est la problématique qu'on a souvent en France.
06:22C'est-à-dire qu'on a des très bonnes idées.
06:24Là, on a lancé le produit.
06:26Finalement, il était opérationnel.
06:27Avec certaines promesses, on parlait du coup des robots là, à terme, ils imaginaient
06:31effectivement un robot à 2000 euros.
06:32Donc, on peut imaginer que c'est la même chose qu'on va voir maintenant sur les futurs
06:35robots humanoïdes, mais c'était il y a longtemps.
06:37Donc, déjà, un, au niveau de tout ce qui était contrôle du robot, c'était plus compliqué.
06:40Il n'y avait pas toutes ces nouvelles méthodes d'IA.
06:43Et le coût de fabrication et la robustesse du robot était, on faisait, alors ce n'est
06:47pas un jouet, mais ce n'était pas quelque chose qui pouvait évoluer dans des environnements
06:51complexes où il y a même une maison, c'est complexe, il y a des choses au sol.
06:54Donc, c'était plus pour apprendre.
06:57Et après, quand il a fallu passer à l'étape suivante, personne n'a dit qu'on va investir
07:01pour en faire quelque chose d'industrialisable.
07:03Voilà, le Nao.
07:05Mais même les Japonais n'ont pas réussi.
07:07Ce n'est pas que la France, finalement ?
07:09Les Japonais, ils sont sur la ressemblance du robot avec l'humanoïde, avec l'humain.
07:16Les Japonais, ils sont sur des créneaux qui sont un peu différents, mais qui sont complémentaires
07:20de ce que la Chine, par exemple, fait.
07:22Pour en revenir à des baranes, c'est vrai que c'est dommage.
07:25Mais il y a des tournants aussi, il y a des responsabilités partagées.
07:29Nao et Pepper, ce qu'ils avaient fait, c'était des robots qui étaient trop petits, qui ne
07:31ne maîtrisaient pas forcément la marche.
07:33Parce qu'on peut dire, je fais un robot humanoïde, mais si en dessous, je colle deux roulettes,
07:37je triche.
07:38Ce n'est pas un vrai humanoïde, c'est un robot qui roule.
07:41Et même si je lui mets deux papattes, ça ne va pas suffire.
07:43Il faut marcher.
07:44Un robot humanoïde, c'est quand on maîtrise la marche, comme le robot de Boston Dynamics,
07:49comme Atlas, comme ces robots chinois, Unitry G1, qu'on voit aujourd'hui, qui marchent,
07:53qui marchent de mieux en mieux et qui courent maintenant.
07:55Donc voilà, c'est ça.
07:56Qui ont un équilibre très fort.
07:58Parce que j'ai eu le Nao, les gens de robots, ils avançaient très doucement.
08:02Moi, je me souviens qu'ils travaillaient surtout sur la précision de la pince.
08:06Ils imaginaient que ce robot pourrait jouer, par exemple, aux échecs avec nous demain.
08:09Vous avez évoqué le Boston Dynamics, avec ces robots chiens qui font un petit peu peur.
08:17Qui sont aujourd'hui les champions ?
08:19Ça, c'est américain.
08:19Qui sont les champions ?
08:20Vous avez évoqué la Chine.
08:21De toute façon, c'est ce qu'on disait.
08:23Entre Chine et Etats-Unis.
08:25Alors, on va dire que les Etats-Unis, ils ont peut-être commencé, on va dire,
08:29avec leurs grandes universités, puis les spin-offs, etc.
08:32Avant la Chine, on va dire, globalement.
08:35Nous, on a aussi d'ailleurs des chercheurs qui travaillent dessus,
08:37mais toujours sur des points un peu spécifiques.
08:39Ce n'est pas aussi généralisé que Boston Dynamics ou Ghost Robotics aussi,
08:44qui sort le chien, qui lui fait peur vraiment, le noir, là.
08:46Oui, c'est vrai, il fait encore plus peur.
08:48Mais qui est fait pour un marché.
08:50Par contre, on va dire, en Chine, ils vont très vite et ils ont, on va dire, un plan.
08:54C'était un peu la problématique.
08:55Ils décident qu'ils vont être le numéro un de la robotique,
08:59qu'il y aura des robots dans leur environnement, etc.
09:01Et derrière, ils font toutes les étapes et ils accélèrent s'il y a besoin.
09:03Ils investissent.
09:05Le gouvernement, déjà, d'un côté.
09:06Et puis après, effectivement, l'esprit, alors, je ne sais pas si on peut dire qu'il y a des start-up en Chine,
09:10mais bon, voilà, cet esprit est un peu là.
09:12Ce qui fait qu'eux, ils passent directement à l'échelle.
09:14Donc, les Américains ont fait un truc extrêmement pointu,
09:16financé globalement par la défense, on va dire, sur les esprits de défense.
09:19Et en Chine, c'est carrément, voilà, une initiative gouvernementale qui va dire,
09:22ben non, et puis là, ils se retrouvent avec 30, on avait dit 50, peut-être, entreprises d'humanoïdes.
09:26Donc, en fait, les Américains ont peut-être une petite avance sur certaines choses,
09:31mais les Chinois sont aussi, d'ailleurs, très, très forts.
09:33D'ailleurs, c'est une remarque que je fais souvent, c'est qu'on a, pendant...
09:36Il y a encore quelques personnes qui croient qu'on a de l'avance scientifique sur la Chine.
09:41Je pense qu'ils sont complètement torts.
09:43Ah oui ? D'accord.
09:46Pour revenir sur ce plan, cette vision chinoise,
09:50oui, il y a eu un plan, des investissements colossaux.
09:53Il y a 50 constructeurs aujourd'hui.
09:55Il y a les premières usines de niveau planétaire.
09:57C'est-à-dire, c'est des usines qui sont de la taille d'une ville française,
10:01qui intègrent tout, les matériaux, les capteurs, les caméras, les batteries.
10:05C'est un consortium d'usines, et vous faites une méga-usine pour produire des milliards de robots.
10:09L'idée, c'est évidemment que ces robots-là vont être diffusés partout,
10:13ils vont noyer le marché à des prix très faibles,
10:161000, 1500 dollars,
10:18et donc que tous les foyers du monde vont s'équiper de ces robots-là.
10:22Et justement, on parle de quel genre de robots, des robots qui font quoi ?
10:25Parce qu'il y a eu une grosse accélération sur les robots industriels en Chine,
10:28plus 27% en matière de production.
10:33Quelles sont les priorités fixées par la Chine en matière de robotique humanoïde ?
10:37Du civil et du militaire, évidemment. Il ne faut jamais oublier le côté militaire.
10:41Le côté militaire, pour l'évacuer tout de suite, c'est...
10:44Il y a déjà les drones aériens, les drones aéroterrestres.
10:47La zone de conflit entre deux grandes puissances,
10:50les 40 kilomètres qui bordent la zone de conflit,
10:53c'est une zone qui devient invivable pour un soldat humain.
10:56Donc, vous y rentrez, vous avez à une heure, vous avez 95% de chances de vous faire tuer.
11:01Donc, cette zone-là, elle devient invivable.
11:03Donc, l'idée qui est partagée par la Chine et les États-Unis,
11:06c'est de remplacer cette zone, dans cette zone,
11:08les opérateurs humains par des robots humanoïdes
11:10qui vont pouvoir monter dans les camions, sans changer le camion,
11:13qui vont pouvoir monter dans le matériel, remplacer l'humain.
11:16Et si ces gens-là, ces robots se font tuer...
11:18Vous dites déjà des gens.
11:19Voilà.
11:20Si ces robots se font détruire dans la zone, ce n'est pas grave,
11:23il n'y a pas de sang qui coule.
11:25Ça se remplace et on économise le sang humain.
11:28Donc, ça, c'est sur l'aspect militaire.
11:29L'aspect civil, c'est la profondeur de marché.
11:32Elon Musk parle de 10 000 milliards de profondeur de marché
11:35sur le marché américain, sur la Chine, sur l'Asie, sur l'Afrique.
11:38Avoir des opérateurs dans les champs, pour l'agriculture,
11:41avoir des opérateurs dans les usines, etc.
11:43La profondeur de marché est sans commune mesure
11:46avec ce qu'on a vu jusqu'à présent.
11:47Donc, ce sont les nouveaux travailleurs, en fait, qu'on nous prépare.
11:50Alors, aujourd'hui, vous nous avez dit, l'Europe a raté le coche,
11:54la France l'a raté, une certaine attentise,
11:57on a un problème d'investissement.
11:58Quels sont les grands obstacles ?
12:01Pour réussir sur ce marché ?
12:04Effectivement, déjà, il faut de la volonté et un plan.
12:07C'est-à-dire qu'il faut décider qu'on veut faire partie de la course.
12:12Et après, il faut mettre...
12:12Là, je suis plutôt rassurée.
12:14Je me dis, à l'investissement aujourd'hui, au niveau européen,
12:17on a Bruno Bonnel.
12:17Bruno Bonnel, c'est un convaincu de la robotique.
12:20Alors, déjà, ce n'est pas lui qui prendra toutes les décisions.
12:23Donc là, justement, on peut repartir,
12:24que ce soit en France ou en Europe.
12:25Après, il y a cette problématique de, on va dire,
12:27dissémination des équilibrages des votes entre les différents acteurs.
12:33Ce qui fait qu'on va dire, on va peut-être investir sur la robotique humanoïde,
12:36mais il faudra aussi faire, entre guillemets, plaisir à d'autres éléments.
12:40Et même quand on va faire de la robotique,
12:41finalement, on va dire, il y a 27 pays,
12:43ou il y a tant de pays, il y a tant d'universités, etc.
12:45Mais on ne va pas dire, on prend les meilleures des universités,
12:48on les met ensemble.
12:48On va dire, on va donner un peu à toutes les universités
12:50et on va essayer de gérer un projet commun.
12:52Et ça, c'est...
12:52Ça, ce n'est pas la bonne méthode ?
12:53Pour des choses très rapides, sur du long terme,
12:57c'est ce qu'il y a de mieux.
12:58Mais par contre, quand on veut vraiment dire,
13:00si on se dit, dans deux ans, on veut avoir attrapé le retard,
13:02ou trois ans, voilà.
13:03Et d'ailleurs, un exemple, j'ai vu qu'il y a une boîte chinoise,
13:05en un an, ils ont déjà un robot humanoïde.
13:09Mais bon, je ne sais pas quels ont été les moyens
13:11qui ont été mis derrière,
13:12mais en un an, ils ont réussi à en refaire un nouveau.
13:13Et quelle pourrait être la stratégie pour l'Europe,
13:17pour se différencier, finalement,
13:19si on arrive un peu tard ?
13:20Il faudrait qu'on trouve un moyen de se différencier.
13:22Le problème, c'est qu'en France, on n'a pas d'argent.
13:23Premier problème.
13:24Deuxième problème, le peu d'argent qu'on a,
13:25on le saupoudre, sous forme de subvention.
13:29Le troisième problème, c'est qu'on n'a pas eu de plan.
13:31On en parlait tout à l'heure.
13:32Mais il y a des organismes.
13:34Le haut commissariat au plan, c'était fait pour ça.
13:37Lui, il n'a pas vu le sujet.
13:39Et je pense qu'il ne le voit toujours pas.
13:41Donc, c'est très difficile.
13:42Et aujourd'hui, quand bien même on voudrait monter une start-up,
13:45on prenait cet exemple tout à l'heure,
13:46c'est ce que je mettais dans l'article,
13:47on voudrait monter une start-up de robotique.
13:49Alors, sans être politiquement correct,
13:51il faudrait, un, commencer par acheter tous les robots chinois.
13:54On les achète, on les démonte, on s'en inspire.
13:57Quand je dis on s'en inspire, je mets des guillemets.
13:59Puis, on essaye de faire un robot made in France.
14:02Et en attendant, pour faire ça, on va chercher des financements.
14:05Et le problème, l'obstacle numéro un,
14:06c'est qu'on va se confronter à des fonds d'investissement
14:08ou des investisseurs qui vont dire
14:09« Non mais attendez, ok, vous cherchez combien de millions ? »
14:12Mais comment vous allez être compétitif
14:15avec des robots qui coûtent déjà 1 000 dollars ?
14:16Qui seront prêts dans 3 ans ?
14:19Qui seront en retard peut-être sur les robots chinois ?
14:21Et que…
14:22Il faut peut-être qu'on se spécialise sur une niche, un type de robot qui peut avoir…
14:25C'est pour ça que la situation est compliquée.
14:27La situation est compliquée.
14:29Elle n'est pas complètement désespérée.
14:30Parce que je pense qu'il y aura sûrement un sursaut au moins européen.
14:34Mais c'est très difficile.
14:35Parce qu'on sera les consommateurs.
14:37On va être coincés entre les consommateurs…
14:38Comme dans le numérique.
14:39Entre la consommation de robots américains et de robots chinois en masse.
14:43Et on sera au milieu.
14:44Et peut-être qu'à un moment donné, il y aura un plan souverain sur cette robotique
14:48qui visera à faire monter un ou deux…
14:51Si vous aviez justement un argument pour qu'on passe justement de consommateur à producteur,
14:56qu'est-ce qui peut nous convaincre aujourd'hui, européens, d'investir dans la robotique humanoïde ?
15:01C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
15:02C'est-à-dire que si on n'est pas nous-mêmes souverains, par exemple, sur la production de ce genre de robots,
15:06même indépendamment de la volonté ou pas du robot de faire des bêtises à un moment ou à un autre,
15:12on sait très bien que tout élément comme ça informatique, déjà, peut être arrêté.
15:17Les robots américains sont souvent sur un modèle où, en gros, il faut payer des licences
15:20pour avoir, je ne sais pas, l'OS qui tourne et les mises à jour.
15:24Donc, on va être extrêmement dépendants.
15:26Donc, ça, c'est vraiment un gros problème.
15:28Et après, la deuxième chose sur laquelle nous, on est très fort en Europe,
15:31c'est tout ce qui est, on va dire, normalisation, certification.
15:35Et donc, là, on parle de robot.
15:36Je vous disais, si vous prenez même le G1, etc.,
15:40si un moment, il fait un geste un peu déplacé,
15:43ça, vous prenez dans la tête un robot avec des bras assez durs.
15:47Et donc, ça peut faire très mal.
15:48Et donc, en fait, nous, en Europe, on peut aussi, entre guillemets,
15:51maintenir l'excellence dans la sûreté ou dans le fonctionnement
15:55et rajouter les briques qui nous permettront de ne pas risquer
15:59et que ces robots, à un moment, deviennent des briques
16:00qu'on ne pourra pas utiliser.
16:03Et donc, il y a une niche sur le robot, on va dire, de qualité.
16:07Sécure.
16:07Sécure, oui.
16:08Et c'est un peu l'angle mort, j'ai l'impression,
16:10dans les sujets de souveraineté qu'on adresse aujourd'hui.
16:13Donc, merci beaucoup d'être venus en parler tous les deux.
16:15Thierry Berthier, du Hub Francia,
16:17et Laurent Charietta, du Lauria.
16:20Je ne sais plus qui citer ou Tech Lab, tout ce que vous voulez.
16:23Merci encore pour vos éclairages.
16:24Merci beaucoup.
16:25Merci beaucoup.
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