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00:007h12 sur Europe 1, votre invité ce matin, Alexandre Lemaire, c'est Benoît Perrin, directeur de l'association Contribuables Associés.
00:07Et bonjour Benoît Perrin.
00:08Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:09Il aura bien gardé le secret, François Bayrou, sur les choix budgétaires qu'il doit annoncer tout à l'heure.
00:14Ses ministres ne sont pas au courant, Emmanuel Macron non plus n'a pas les détails, c'est dire cette tension qui règne.
00:20Il y a quelques conseillers qui seraient dans la confidence.
00:23Alors il est probable en tout cas que François Bayrou annonce une année blanche.
00:27Ça veut dire en particulier un gel des dépenses publiques au lieu de leur laisser suivre l'inflation.
00:34Cette année blanche, dans le scénario idéal, elle permettrait de faire plus de la moitié du chemin sur les 40 milliards recherchés.
00:41Ça veut dire 24 milliards d'économies.
00:43Je dis dans l'idéal parce que dans la réalité ça serait certainement moins.
00:46Alors ce qu'il faut comprendre effectivement c'est que chaque année la dépense publique en fait elle progresse naturellement.
00:49Si le législateur ne fait rien, vous avez un certain nombre de prestations qui sont indexées sur l'inflation.
00:53Et donc du coup je pense aux RSA, je pense à l'allocation de rentrée scolaire, je pense aux allocations logement qui sont donc indexées sur l'inflation.
01:00Donc du coup comme il y a toujours un peu d'inflation tous les ans, cette dépense publique augmente.
01:04De la même manière, les fonctionnaires comme une partie de leur rémunération est basée sur leur ancienneté, mécaniquement ça augmente.
01:09Bref, tout un dispositif de dépense qui, si on ne fait rien, augmente automatiquement.
01:14Donc là l'enjeu de François Béroud sur cette histoire d'année blanche, c'est de se dire voilà, aujourd'hui en 2025 nous avons 1700 milliards de dépenses.
01:23Il faut exactement bloquer ce chiffre à 1700 milliards de dépenses pour 2026.
01:27Le seul sujet qui se pose c'est effectivement le périmètre, comme vous l'avez très bien dit.
01:31Soit on gèle la partie prestations sociales, donc on désindexe ces prestations sociales sur l'inflation.
01:37Soit on désindexe les retraites, soit on désindexe l'argent qu'on donne aux collectivités locales,
01:44ou alors on désindexe le budget qui sont attribués classiquement au ministère.
01:49Donc vous avez pas mal de boutons.
01:51Donc cette année blanche en fait, le périmètre va être défini tout à l'heure, on ne sait pas tellement.
01:54Ce qui est certain c'est que cette année blanche elle est efficace.
01:57C'est-à-dire que ça permettrait effectivement de faire la moitié du chemin.
01:59Alors il y a beaucoup de choses qui sortent du chapeau effectivement ce matin dans la presse,
02:02notamment tous les ventailles des possibles, dans lesquels peut-être François Bayrou va puiser.
02:06Vous parliez des dépenses sociales effectivement Benoît Perrin.
02:09C'est vrai que quand on peut décréter un gel des dépenses, mais on ne peut pas décréter un gel de la démographie.
02:13Or là quand on parle des dépenses de santé, mécaniquement elles sont voulées à augmenter.
02:17Alors c'est ça qui est très compliqué, c'est que sur dépenses sociales,
02:20notamment sur la santé, quand vous avez effectivement une population qui vieillit,
02:22vous avez aussi mécaniquement les dépenses de santé qui augmentent.
02:27Néanmoins, une fois qu'on part du principe qu'effectivement que mécaniquement ça doit augmenter,
02:30on est je crois en droit de se poser la question de comment faire pour quand même maîtriser cette augmentation.
02:35Aujourd'hui on voit que le déficit de la sécurité sociale, qui est à peu près entre 15 et 20 milliards cette année,
02:40est notamment en grande partie produit justement par le déficit de la santé.
02:44Pourquoi ? Parce qu'en fait on voit qu'en fait il n'y a plus de pilotage de l'argent qui est consacré à la santé aujourd'hui,
02:50et donc du coup des mesures assez saines, plus un vieillissement de la population,
02:55et bien on se dit qu'effectivement il faut qu'on arrive à trouver des levées pour maîtriser en fait cette évolution.
02:58Et parmi les pistes évoquées, vous avez les jours de carence,
03:01vous savez aujourd'hui dans la fonction publique vous n'avez qu'un seul jour de carence,
03:05dans le privé il y en a trois, donc l'idée ça serait peut-être d'harmoniser.
03:09Les affections longue durée également ?
03:10Exactement, les affections longue durée qui sont extrêmement coûteuses,
03:13donc là il s'agirait peut-être de revoir cette liste justement des affections longue durée.
03:17Il y a aussi cette idée de faire en sorte en gros que vous ayez des arrêts maladie qui soient mieux maîtrisés,
03:24parce que là aussi on voit que depuis un certain nombre d'années, notamment depuis le Covid,
03:27on a une explosion en fait de la dépense qui sont liées aux arrêts maladie.
03:31Donc là voilà, l'idée c'est de trouver des petits leviers un peu partout
03:33pour essayer de maîtriser cette évolution de la dépense publique.
03:37L'année blanche, elle peut concerner aussi les recettes Benoît Perrin,
03:40c'est-à-dire que dans ce cas on gèle le barème de l'impôt sur le revenu,
03:45or là vous dites attention à l'effet pervers sur le budget des Français eux-mêmes en fait.
03:49Alors exactement, l'année blanche, on vient d'en parler des économies du budget,
03:52mais c'est aussi des recettes augmentées en quelque sorte.
03:55Et ça, ça serait je crois vraiment un scandale, c'est vraiment une espèce de petite bombe sociale.
04:01Le gel de l'impôt sur le revenu, il n'a pas été fait depuis 2013,
04:04donc depuis le dernier gouvernement Jean-Marc Ayrault.
04:08Donc ça fait très longtemps en fait qu'automatiquement, ce barème est indexé sur l'inflation.
04:13Si on revient dessus, donc en un, ça fait très longtemps qu'on ne l'a pas fait,
04:15et deux, ce serait une augmentation d'impôt.
04:17Pourquoi une augmentation d'impôt ?
04:18Déguisé en fait.
04:19Déguisé, exactement.
04:20Et donc ce ne sera pas présenté comme tel, ce sera présenté dans une espèce de package,
04:23en disant oui, on s'est une année blanche.
04:25Mais alors on en s'est surtout sur la baisse des dépenses.
04:26Exactement.
04:26Mais en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que le gel de l'impôt, c'est une augmentation d'impôt déguisé.
04:30Vous avez des gens qui ne payaient pas d'impôt qui vont rentrer dans l'impôt,
04:33et des gens qui payaient des impôts à une certaine tranche,
04:36qui vont basculer, qui vont aller dans une tranche supérieure.
04:38Mais quoi qu'il en dise, pour arriver à ces 40 milliards,
04:40François Bayrou, il devra aller chercher aussi du côté des recettes.
04:43On évoque par exemple, une taxe anti-optimisation sur le patrimoine des plus riches,
04:48Benoît Perrin, parmi les nombreuses possibilités.
04:50Alors ça, c'est une recette qu'on utilise à peu près tous les ans,
04:52dès qu'on a un petit problème budgétaire,
04:54on se dit, il faut qu'on taxe les ménages les plus égés,
04:56les plus égés, et les grosses entreprises.
04:59Donc là, l'idée, ça serait effectivement de prolonger ce qui a été fait l'année dernière,
05:02parce que je rappelle que l'année dernière,
05:04l'effort budgétaire était d'à peu près 30 milliards,
05:06et sur ces 30 milliards, vous aviez à peu près 80%
05:09qui étaient des augmentations d'impôts,
05:10notamment basées justement sur la taxation des foyers avec des revenus les plus importants.
05:16Donc là, on se tourne encore une fois vers cette solution de facilité,
05:19et je crois qu'il faut faire très attention,
05:21parce qu'en fait, le problème de la France, c'est qu'on dépense énormément,
05:24on a une dépense publique qui est monstrueuse,
05:26et tant qu'on ne questionne pas en fait ce que paie l'État,
05:32eh bien, on ne sortira pas de ce problème-là.
05:33Aujourd'hui, soit on considère qu'il y a un problème de recettes,
05:35soit on considère qu'il y a un problème de dépense.
05:37Moi, je pense qu'il y a un énorme problème de dépense,
05:38puisqu'encore une fois, l'État français dépense énormément d'argent,
05:42et tant qu'on ne se pose pas la question de que doit faire l'État...
05:45Vous avez vu les annonces d'Emmanuel Macron sur la défense,
05:47sanctuarisé !
05:49François Bayrou aurait aimé, il aurait préféré que Emmanuel Macron
05:53ne chiffre pas à la veille, à l'avant-veille de ses annonces à lui,
05:56la rallonge budgétaire prévue pour la défense.
05:59Je rappelle, 3 milliards et demi de l'année prochaine,
06:01en plus, 3 milliards encore en plus en 2027,
06:04à cela s'ajoutent les annonces de Donald Trump, Benoît Perrin.
06:07Livraison d'armes américaines à l'Ukraine,
06:10mais l'OTAN va payer la note.
06:11L'OTAN, autrement dit, en partie la France.
06:14Je crois qu'il faut rappeler un peu le contexte,
06:15effectivement, le contexte de François Bayrou,
06:16il n'a pas tellement de chance, en quelque sorte.
06:17Il a une croissance qui est faible.
06:19Il a une Assemblée nationale qui n'est pas conquise à sa cause.
06:22On a la pression des marchés.
06:23Il faut quand même rappeler que, vendredi dernier,
06:25la France a emprunté à 30 ans à des taux égaux à ceux de 2011.
06:31Donc, on emprunte au niveau de l'Italie sur des taux à 5 ans.
06:36Donc, autrement dit, on a une vraie pression des marchés
06:38qui regarde vraiment avec attention, en fait,
06:39la trajectoire budgétaire de la France.
06:41On a évidemment les organisations internationales qui nous regardent.
06:43Le FMI a encore rendu un rapport il y a quelques jours
06:46pour dire qu'effectivement, il faut absolument redresser les finances françaises.
06:49Et là, le dernier, en quelque sorte,
06:50caillou dans la chaussure de François Bayrou,
06:52c'est ces 3 milliards et demi
06:53qu'il doit trouver dans le budget
06:54sans pour autant avoir recours à la dette.
06:57Et là, ça veut dire que,
06:58si on a plus 3 sur le budget de la Défense,
07:01il va falloir trouver moins 3, quelque part,
07:02dans le cadre de cette logique de cette année blanche.
07:04On va rester sur cette image.
07:05Vous avez parlé de tenailles, effectivement, budgétaires,
07:07mais aussi politiques,
07:08pour l'avenir proche de François Bayrou.
07:10Nous serons donc fixés à partir de 16h.
07:12Tout à l'heure, les annonces très attendues du Premier ministre
07:15pour cette recherche d'économie budgétaire l'année prochaine.
07:17Benoît Perrin, merci.
07:18Merci beaucoup.
07:18Directeur de l'association Contribuables Associés sur Europe 1.

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