- 10/07/2025
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00:00Le 15 juillet, François Bayrou donnera ses grandes orientations, notamment budgétaires. Sur quelle piste se serait concentré l'ancien ministre du budget que vous êtes ?
00:07Je pense que le Premier ministre, d'abord, il doit faire acte de courage. Je pense que ce sera le cas. Il faut réduire la dépense publique.
00:17Mais oui, je lui fais confiance. Il a beaucoup travaillé là-dessus. Il a annoncé des propositions dès le 15 juillet. Il est une ministre tout à fait compétente qui est Amélie de Montchalin.
00:36Il faut faire un effort sur la durée. Moi, je pense que le gouvernement, aujourd'hui, il devrait prioriser totalement son action.
00:44Il y a deux actions prioritaires. Et le gouvernement ne devrait être composé comme ça. C'est l'action sur la souveraineté économique, dans laquelle il y a évidemment la souveraineté des finances publiques qui est fondamentale.
00:55Et puis, les affaires de sécurité. C'est deux sujets desquels découlent, au fond, un certain nombre de dysfonctionnements fondamentaux de notre société.
01:05C'est quoi un budget qui permet d'économiser 40 milliards, pour citer le chiffre qui est cité ? Ça ne suffira pas. Il faudra continuer l'année d'après.
01:13100 milliards, dit Pierre Moscovici, de la Cour des comptes.
01:15Oui, mais il a raison. Ça fait à peu près trois points de PIB, donc c'est absolument nécessaire.
01:20Donc, on en a besoin. On a un modèle social qui est hypertrophié et qui ne rend pas les gens heureux.
01:26Probablement, on veut couvrir trop de risques. Résultat, on ne couvre pas tout ce qu'on devrait couvrir.
01:31On a également un modèle d'investissement.
01:32On doit s'attaquer là-dessus, dans le dur.
01:34On doit s'attaquer à deux choses. S'attaquer, ce n'est pas un très bon terme pour un modèle social, mais on doit regarder deux choses de très très près.
01:41C'est évidemment l'assurance maladie. Il y a des propositions très fortes qui sont sur la table, d'ailleurs.
01:46Et puis, regardez, la sempiternelle question des retraites, où on refait sans arrêt le même débat.
01:53Voilà, je remarque que la gauche a accepté, finalement, enterriné l'idée qu'on puisse aller jusqu'à 62.
01:59Et puis, maintenant, elles ne veulent pas à 64. Ils ont toujours une réforme de retard.
02:03Donc, on verra bien, ils accepteront 64 l'année prochaine.
02:06Ou en 2030, quand ça sera le retard.
02:08Nous avons besoin, également, d'instituer une justice entre les générations.
02:13La première des justices, c'est de ne pas mettre sur le dos de ses enfants ou de ses petits-enfants un truc qui ne les concerne pas.
02:19Le modèle social ne les concerne pas. C'est une affaire de génération.
02:23C'est intergénération. Dans la même génération, on doit financer cela et, évidemment, faire en sorte que la répartition
02:31et l'équilibre de répartition entre les différentes catégories sociales ne soient la plus juste possible.
02:35Mais on ne le met pas sur le dos de nos enfants.
02:38Ça fait beaucoup de chantiers sur lesquels on va revenir dans un instant après une première pause.
02:43Avec le rappel de l'actualité, restez avec nous.
02:45Éric Wörth est l'invité politique d'Europe 1 Soir.
02:48Éric Wörth est notre invité politique d'Europe 1 Soir. Nathan Dover a une question pour vous.
02:52Oui, j'avais une question à vous poser. Dans cette politique budgétaire, comment on peut la mettre en œuvre ?
02:59Dans une situation où, d'une part, le gouvernement est assez fragile et où, de l'autre, ses conséquences sont extrêmement impopulaires.
03:05Là, toutes les enquêtes d'opinion, vous disiez qu'il y avait deux chantiers urgents.
03:08La sécurité et la souveraineté économique.
03:10Sur la sécurité, globalement, par exemple, Bruno Retailleau est à peu près suivi par les enquêtes d'opinion.
03:16Les Français sont à peu près d'accord dans la majorité.
03:18Les enquêtes d'opinion sur l'économie disent quand même que quand on demande aux Français de se serrer la ceinture,
03:23ça va être la conséquence concrète de 40 milliards d'économisés.
03:26Alors là, à la très grande majorité, ils disent non.
03:29Et évidemment, c'est toujours la même chose.
03:30On veut bien que les autres économisent, mais pas soi-même.
03:32Alors, comment on fait concrètement, même si vous avez raison sur le papier,
03:36mais pour mettre en œuvre cette politique, entre guillemets, d'urgence ?
03:39C'est très difficile quand on n'a aucune majorité.
03:42C'est déjà difficile quand on a une majorité.
03:44En fait, ça veut dire que le courage politique, il est très peu remboursé ou de façon optimum par les électeurs.
03:51En général, ils vous dégagent.
03:53Ça ne donne pas nécessairement envie.
03:55Et quand on n'a pas de majorité, c'est encore pire.
03:57Je pense que le Premier ministre, il doit à un moment donné s'exonérer de ça.
04:01parce que sinon, on ne fait plus rien.
04:03Donc, il fait la proposition la plus claire, la plus propre possible,
04:08qui met d'abord sur les dépenses.
04:11J'espère qu'il y aura peu d'augmentation de contribution,
04:13puisque là, on est au cœur d'un taux de prélèvement obligatoire qui est déjà très élevé.
04:18Donc, ça ne peut pas être la solution principale.
04:19La solution principale, c'est une solution sur les dépenses.
04:25Que ce soit par un gel, que ce soit...
04:26On peut imaginer beaucoup, beaucoup de solutions.
04:29On verra ce qu'il dira.
04:30Mais il doit le faire clairement.
04:32Puis mettre quand même les partis politiques ou les groupes politiques
04:35qui composent l'Assemblée nationale devant leurs responsabilités.
04:38Je pense que tout gouvernement, quel qu'il soit, à un moment donné,
04:43aurait à affronter une réalité qui est celle de nos finances publiques.
04:47Alors certes, il y a eu sans doute un peu de laxisme pendant les 20 dernières années.
04:52Mais ce laxisme, il a été plusieurs fois applaudi par les Français,
04:56applaudi par la plupart des forces politiques.
04:58Dès qu'il y a une idée qui est de réduire tout cela, on vous accuse de tout.
05:01Le modèle social, il ne rend pas heureux.
05:04Il y a beaucoup de gens, probablement, qui ne sont pas suffisamment aidés,
05:07et d'autres qui le sont sans doute trop.
05:10Et là-dessus, regardez l'assurance maladie.
05:12Prenons la prévention.
05:13On a tout, on le voit tous, en fonction de son âge.
05:15On peut dépister le cancer colorectal, on peut dépister le cancer du sein, etc.
05:21On a des vaccins, tout ça est gratuit.
05:23Mais au fond, il n'y a pas de contrepartie si vous dites non.
05:26Si vous dites, je ne veux pas, vous n'avez aucune contrepartie.
05:29Il devrait y avoir des contreparties à cela.
05:31À partir du moment où vous avez une dépense collective,
05:34et donc des remboursements collectifs, et donc une gratuité au fond collective des soins,
05:39c'est très important de se dire qu'il y a un peu de citoyenneté à avoir.
05:42Et quand on vous dit, regardez quand même si vous n'avez pas un problème ou un début de cancer colorectal,
05:48c'est bien pour vous de pouvoir dépister cela.
05:50Et il faut mettre aussi de l'autorité.
05:55On peut discuter de tout ça, je vois bien des arguments contraires.
05:57Oui c'est ça, il faut mettre de l'autorité, parce qu'il y a le monde médical qui dit complètement autre chose.
06:01Le monde médical, il part du principe que les gens qui sont malades,
06:04peu importe combien ça coûte.
06:06Et donc on paye, c'est le système des ALD par exemple,
06:09les infections longue durée, dont parlait Philippe Ligier ici même à votre place hier ou avant-hier,
06:16qui disait que les ALD c'est 200 milliards,
06:19et qu'il n'y a pratiquement pas de traçage des ALD en fait.
06:2220% des Français sont en ALD, c'est-à-dire à 100%, c'est 5% des Allemands.
06:27Alors je ne dis pas que c'est l'idéal chez les Allemands, peut-être pas.
06:30Mais personne ne dit qu'il faut l'accès au soin.
06:31Il y a peut-être dans ces personnes des gens qui vont mieux et qui continuent à percevoir des aides.
06:35Aujourd'hui honnêtement il y a une médecine à deux vitesses.
06:37Je disais le contraire il y a 15 ans, mais je pense qu'aujourd'hui il y a une médecine à deux vitesses,
06:41parce qu'il y a moins de médecins, ben non mais je le constate.
06:44Il n'y a que si vous prenez la longue file d'attente d'un ophtalmo conventionné, etc.
06:49Si vous avez accepté de payer un peu plus, vous n'aurez pas accès à des soins meilleurs.
06:55Je pense qu'on a toujours accès aux meilleurs des soins,
06:58quel que soit ce qu'on est, ce qu'on gagne, etc.
07:02Mais l'accès même au diagnostic, à la rencontre avec un médecin et avec un spécialiste,
07:09aujourd'hui est extrêmement compliqué pour beaucoup de Français.
07:12Je le vois dans ma propre ville de Chantilly.
07:14Donc on a absolument besoin de détendre tout cela, de mettre un peu d'autorité.
07:19Là-dedans, ça peut ne pas plaire.
07:21Et voilà une piste, les délais de carence, tous ces IVI, les arrêts maladie,
07:25qui augmentent de 6 à 7% quand même sur les trois dernières années.
07:30Nous sommes le seul pays où il n'y a pas des...
07:31Et au fond, les arrêts de longues maladies ne sont en général pas des ALD.
07:36Ce ne sont pas les personnes qui ont des remboursements à 100%.
07:40On voit bien qu'il y a des trous psychologiques, il y a des burn-out, il y a tout ça.
07:43Il faut faire la classification de tout cela.
07:46Il faut à un moment donné accepter ça.
07:48Vous avez une question pour vous ?
07:49Oui, parce que depuis tout à l'heure, on se penche sur des propositions qui ne sont pas populaires.
07:53Mais pourquoi ne pas d'abord aborder les thématiques qui sont populaires ?
07:58Typiquement, il y a quand même un mot qui n'a pas été prononcé dans ces débats budgétaires,
08:01c'est la question de l'immigration.
08:03L'immigration, ce n'est pas qu'une question civilisationnelle ou de sécurité.
08:07C'est aussi une question économique.
08:08quand on sait que les aides sociales non contributives, donc le RSA, les allocations logement, les allocations vieillesse,
08:14qui sont allouées aux étrangers, c'est 15 milliards d'euros par an.
08:18L'AME, donc l'aide médicale d'État, c'est un peu plus d'un milliard.
08:21Le coût des détenus étrangers dans nos prisons, puisqu'on en a environ 25%, ça fait 700 millions d'euros par an,
08:27parce qu'un détenu, ça coûte de l'argent, environ 100 euros par jour.
08:30Tout cela, ce sont des dépenses qu'on pourrait éviter.
08:32Et je peux vous promettre que sur la question migratoire, la majorité populaire, vous l'avez.
08:37Si vous demandez aux Français demain, est-ce qu'il faut supprimer ou non l'AME, les sondages sont sortis,
08:41majoritairement pour.
08:42Est-ce qu'il faut demander d'abord aux étrangers, aux immigrés, de contribuer avant les Français ?
08:48Les Français sont majoritairement pour.
08:50Donc, est-ce qu'il n'y a pas aussi la question migratoire à aborder dans ce gouvernement et dans ce budget ?
08:54Réponse d'Eric Vert.
08:55Il ne faut pas non plus la prendre de manière caricaturale.
08:57C'est sûr qu'il y a aujourd'hui un nombre important d'immigrés.
09:00C'est certain qu'il y a probablement une opposition à un taux d'immigration qui est trop élevé.
09:09Et on le note et on le voit un peu partout.
09:12Donc, il faut mieux réguler, il faut mieux contrôler.
09:15Et notamment le regroupement familial.
09:18Et puis, tous les immigrés qui sont en situation irrégulière, il faut essayer.
09:21Bruno Retailleau essaye.
09:22Ce n'est pas simple sur le plan juridique,
09:24mais on doit pouvoir y parvenir à un moment donné, et si possible avec un consensus européen.
09:28Les Allemands sont en train d'ailleurs d'en prendre parfaitement conscience.
09:32Et il y a un accord en ce moment avec...
09:34L'AME, même si le Rassemblement National était au pouvoir, j'aimerais bien savoir ce qu'il ferait en réalité.
09:39Vous remarquerez quand même qu'il change.
09:40Oui, ils soigneraient quand même.
09:46Je vais autant vous dire qu'ils soigneraient quand même.
09:48Parce que c'est des hommes et des femmes.
09:50Parce qu'on est peut-être les seuls à vivre dans l'univers,
09:52et qu'on va quand même soigner un homme ou une femme qui est au coin de la rue et est malade,
09:55on ne lui demande pas tout de suite ses papiers.
09:57C'est une minorité dans l'utilisation de l'AME.
10:01Évidemment, quand quelqu'un est mourant sur le trottoir, on l'aide.
10:03Il faut mettre un peu du main-mise.
10:05Mais ce n'est pas des gens qui viennent se faire gratuitement refaire le nez en France,
10:10parce qu'ils ne trouvent pas bon.
10:11Il y en a tous les ans.
10:12Mais ça a été totalement documenté.
10:14Ce n'est rien sur le plan financier.
10:17Même pour une raison de santé publique.
10:18Ça a été extrêmement...
10:18Même pour une raison de santé publique, évidemment.
10:21Donc je suis d'accord pour qu'on resserre les choses.
10:23Bien.
10:24Mais attention aux présentations caricaturales et par fraudémagogie.
10:27Éric Wendwert, vous faites partie de ceux qui fréquentaient l'hémicycle.
10:31Souvent, votre taux d'absentéisme est quasi nul dans l'hémicycle.
10:37Et donc, Mme Braun-Pivet, qui ait dit qu'on n'échapperait pas à une hausse d'impôts,
10:43le gouvernement a beau, comment dirais-je, contredire cette information,
10:48mais ça sort bien de quelque part.
10:50Et vous avez, j'imagine, beaucoup de respect à Mme Braun-Pivet.
10:52Mme Braun-Pivet, d'abord, c'est une bonne présidente de l'Assemblée,
10:54mais je ne crois pas qu'elle ait d'informations particulières sur les arbitrages du Premier ministre.
10:59Je ne suis pas sûr.
11:00Moi, j'étais à Bercy cet après-midi.
11:02Elle a le droit d'avoir une vision économique.
11:04Mais elle a son opinion, évidemment, qu'elle a le droit, elle a même le devoir de l'avoir.
11:07Je pense que...
11:09On verra d'ailleurs, chacun fera la proportion dans les propositions qui seront faites par le gouvernement.
11:13Donc, vous vous dites qu'elle ne se base sur rien et surtout pas sur les informations de Bercy ?
11:16Non, mais c'est le Premier ministre qui va arbitrer le 15.
11:21Donc, évidemment, rien n'est dans l'air aujourd'hui.
11:26On verra le 15.
11:26Je vais vous poser la question autrement.
11:28Comment est-ce que vous avez pris sa déclaration ?
11:30Comment est-ce que vous, vous l'avez ressentie ?
11:31Mais quelle déclaration ?
11:32La déclaration d'Yael Brown-Pivé qui dit, de toute façon, on n'échapperait pas à des impôts.
11:36Non, mais ça dépend de la proportion.
11:38Évidemment que les impôts, il ne faut pas les augmenter.
11:40On en a plein, je n'arrête pas de le dire.
11:42Il y aura une proportion, peut-être.
11:44Je ne sais pas ce qui se passe sur l'impôt sur les sociétés.
11:46On y arrive.
11:47Non, je ne le dis pas.
11:49Vous le dites sans le dire.
11:51Oui, mais alors, je ne dis plus rien dans ce cas-là.
11:53Dans ce cas-là, je ne dis plus rien.
11:54Non, mais, qu'est-ce que vous voulez dire exactement ?
11:57Prenez l'exemple de l'impôt sur les sociétés.
11:59Une surtaxe d'impôt sur les sociétés, elle doit s'arrêter.
12:02Je verrai ce que le gouvernement fera.
12:04Moi, je pense qu'il faut évidemment l'arrêter.
12:06Vous avez eu aussi une surtaxe d'impôt sur le revenu,
12:10en fonction de la proportion de l'impôt par rapport au niveau de revenu.
12:15Il a été considéré qu'elle était pour l'année passée.
12:18Elle ne doit pas être conduite.
12:20On verra ce que fait le gouvernement.
12:22J'espère qu'il ne le reconduira pas.
12:24Ça va être une hausse d'impôt déguisée derrière des reconductions de hausse d'impôt extraordinaire.
12:28Non, mais il y a votre souhait.
12:30C'est une finasserie d'interviewers.
12:34Non, il y a votre souhait d'anciens ministres du budget.
12:38Et puis, il y a ce qui va se passer.
12:40Vous êtes lucide.
12:41Il n'y a aucune solution du côté de l'augmentation des impôts.
12:44Il n'y a aucune solution.
12:45Il n'y a aucune solution viable.
12:47Dans un pays qui est déjà très au-delà de toutes les normes de prélèvements obligatoires,
12:52j'y mets les cotisations sociales aussi à l'intérieur,
12:54il n'y a aucune solution du côté de l'augmentation des impôts.
12:58Les seules solutions, c'est le niveau de la dépense aujourd'hui qu'il faut combattre.
13:02Et je pense que le gouvernement, on verra la proportion.
13:05Il y aura peut-être une proportion d'impôts, il y aura peut-être une proportion de dépenses.
13:08On l'avait d'ailleurs vérifié.
13:10Mais en tout cas, chacun s'exprimera sur une copie qui sera une copie claire et précise.
13:15On vous invitera à ce moment-là.
13:15Et d'ailleurs, c'est pour ça que le Premier ministre décide le 15 juillet
13:18de dire un peu plus que ce qui a été dit en général.
13:22On dit toujours des trucs en juillet sur le...
13:25On sera là le 15 juillet.
13:25Jamais le Premier ministre.
13:26Donc le Premier ministre va le faire.
13:28On verra comment il traite le sujet.
13:30Je pense qu'il a compris parfaitement l'enjeu.
13:33D'ailleurs, il le dit depuis longtemps.
13:34Merci Eric Verde d'avoir été avec nous en direct sur...
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