L'"année blanche" consisterait à donner autant aux collectivités en 2026 qu'en 2025, c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:006h48, retour de la matinale de l'économie. On va parler des déficits. Comment réussir à tenir la trajectoire de réduction ?
00:07Le gouvernement étudie le scénario d'une année blanche. Raphaël Lejambe, de quoi il s'agit ? Est-ce que c'est crédible ?
00:13Oui, l'année blanche c'est une idée simple que tout le monde peut comprendre et assez efficace mais qui n'est pas facile à mettre en œuvre.
00:21L'idée simple c'est qu'on bloque les dépenses au niveau de l'année précédente.
00:272025 c'est plus de 1700 milliards d'euros de dépenses publiques. Je pense qu'on a un petit peu de marge pour l'année prochaine.
00:33Donc on bloque les compteurs de l'État, des collectivités locales sans même les augmenter de l'inflation.
00:41L'année prochaine c'est 1,6% qui est prévu. C'est simple, c'est basique.
00:46C'est le scénario qui circule en ce moment dans les couloirs des ministères.
00:50On était parmi les premiers à vous en parler sur BFM Business.
00:53Le 26 mai, c'est une information officieuse jusqu'ici, mais le 26 mai la première réunion autour des finances locales a été l'occasion pour le gouvernement d'annoncer, d'avancer un peu plus clairement sur ce sujet auprès des collectivités locales.
01:07Pourquoi vous dites que c'est compliqué ?
01:09Parce qu'en réalité, si on prend uniquement la sphère de l'État par exemple, vous avez plusieurs ministères comme les armées, la recherche ou le ministère de la justice qui ont d'ores et déjà des lois de programmation pluriannuelles.
01:21C'est-à-dire qu'il est prévu que leur budget augmente sur plusieurs années, pour certains jusqu'en 2030.
01:26Les armées par exemple, c'était plus 3,3 milliards de dépenses cette année, ça sera encore plus de 3 milliards de hausses l'année prochaine.
01:35Donc dans ces cas-là, en cas d'année blanche, ça veut dire que vous devez trouver des économies sur les autres ministères, environ 5 milliards d'euros.
01:44Ça c'est pour l'État et pour les collectivités locales.
01:46Bon, on sait comment ça se passe chaque année, je ne vais pas vous refaire le dessin.
01:50Dès que ça arrive au Sénat, on limite les économies, on sait qu'on a du mal à faire plus de 2 ou 3 milliards d'euros, surtout en année pré-municipale.
01:59Donc à mon avis, l'année blanche, on n'y sera pas, ça rapporterait pourtant, là encore une fois, près de 5 milliards d'euros.
02:02Et pour la Sécu ?
02:03Alors ça, c'est l'enjeu numéro 1 alors.
02:05La Sécu, vous le savez, c'est le gros des dépenses.
02:08C'est plus de 22 milliards de déficit cette année, il a doublé en deux ans le déficit de la Sécu.
02:12Une trajectoire hors de contrôle, a encore rappelé la semaine dernière Pierre Moscovici à la Cour des Comptes.
02:18Il faut donc s'en préoccuper en priorité.
02:22Mais la Sécu, faire une année blanche, c'est quand même extrêmement compliqué pour deux raisons.
02:26Un, vous avez quand même une population qui croît, donc des dépenses de santé qui augmentent.
02:29Et puis surtout, une population qui vieillit.
02:32Donc là, le scénario du gouvernement, ça serait de limiter la hausse des dépenses de santé à hauteur de la croissance qu'on connaîtrait.
02:42L'année prochaine, en l'occurrence, 1,2% selon les dernières prévisions de la Banque de France,
02:49alors que l'objectif national des dépenses d'assurance maladie, l'ONDAM, est lui à 2,9%.
02:57C'est une marge passée de 2,9% à 1,2% seulement absolument énorme, qu'on n'a pas vue depuis plus de 10 ans.
03:05Ça rapporterait quand même 6 à 7 milliards d'euros d'économies sur la Sécurité sociale.
03:10Ça serait bien, mais pour l'instant, on n'a pas le début d'une idée.
03:13Vous avez vu les taxis, comme on bataille pour 300 millions d'économies étalées sur 3 ans.
03:19Il faudrait aussi une réforme de l'assurance chômage qui reste pour l'instant exclue.
03:23Et au moins, au moins, une désindexation de toutes les prestations, je peux vous dire que ce n'est pas gagné.
03:27Donc ce n'est pas gagné du tout.
03:28Merci beaucoup.