00:00Les services à la personne risquent d'être remis en cause par le gouvernement.
00:04Il y a un projet en cours avec le fameux crédit d'impôt.
00:07Cela concerne pourtant 26 métiers et on va en parler avec Maxime Hayach.
00:10Merci d'être avec nous.
00:12Vous êtes président du groupe Domia qui représente Shiva pour les services d'entretien
00:16et Acadomia pour l'éducation.
00:19Alors, est-ce que d'abord vous êtes inquiet de ce projet ?
00:22Bonjour Eric.
00:23Bien sûr que nous sommes inquiets.
00:25Nous sommes inquiets mais nous demeurons confiants.
00:27Inquiets parce que lorsqu'on veut modifier les taux de crédit d'impôt,
00:33ça crée beaucoup de perturbations et ça inquiète énormément nos clients d'une part
00:37mais également d'autre part tous nos intervenants qui savent que globalement
00:41le marché va être chamboulé et que le risque dans tout ça c'est le retour du travail noir.
00:46Donc oui, nous sommes inquiets.
00:49Alors, ça concerne beaucoup de métiers, je le disais,
00:50mais est-ce que c'est à l'état de payer pour le coach sportif, pour le jardinier, pour le chauffeur ?
00:56Bon, bien sûr, il y a les nounous et les auxiliaires de vie pour les seniors,
00:59mais pour les personnes âgées, mais certains métiers quand même, c'est limite, non ?
01:03Oui, certainement, mais c'est très très marginal et les métiers qui sont souvent caricaturés sont très très marginaux.
01:08En réalité, il y a quatre grandes familles de métiers.
01:10Il y a la garde d'enfants, l'éducation, l'entretien de la maison et l'accompagnement des personnes âgées
01:15et qui représentent les autres, ce sont des dérivatifs et bien souvent,
01:18ils ne sont même pas dans le périmètre ou ils le sont de manière abusive.
01:21En réalité, de quoi s'agit-il dans ces activités ?
01:24C'est une grande fierté française, il faut vraiment qu'on se le dise.
01:27Il n'y a qu'en France où il y a une économie avec 4 millions de consommateurs qui travaillent de manière officielle,
01:32il n'y a qu'en France où on a 2 millions de personnes qui sont des salariés,
01:36qui vivent avec des rémunérations qui sont plus que dignes,
01:39qui sont en augmentation constante, qui sont valorisées.
01:41Donc en fait, dans une économie finalement qui est en fait une économie traditionnellement au noir,
01:47en tout cas au noir dans les autres pays, en France elle n'est plus au noir, on l'a officialisé.
01:51Nous sommes des gens très responsables, on est bien conscients que si vous voulez que l'État paye 50%,
01:55on en est bien conscients, donc ça fait déjà une bonne dizaine d'années qu'on y dit
01:58bon ok, on voit ce que l'État donne à nos consommateurs.
02:03Et qu'est-ce que ça rapporte ?
02:04Et bien ça rapporte des cotisations sociales, ça rapporte de la TVA pour nos entreprises,
02:09ça rapporte de l'impôt société, ça rapporte des contributions qui finalement sont importantes.
02:13Et lorsqu'on somme tout ça, entre la différence entre le coût du crédit d'impôt et les recettes,
02:19directes et indirectes, et bien ça fait un bénéfice en termes de net, net,
02:23de l'ordre de 4 milliards d'euros pour l'État.
02:25Donc l'économie est vertueuse, c'est une économie qui marche.
02:28Il y a probablement des choses à améliorer naturellement, mais ça marche et ça crée beaucoup d'emplois.
02:32Alors donc vous leur dites quoi au gouvernement ?
02:35Je leur dis qu'il faut être extrêmement prudent.
02:36On a fait des choses qui sont vraiment remarquables depuis une trentaine d'années.
02:42Avec des ministres successifs, avec des mouvements, avec des gouvernements successifs,
02:45on a créé un cadre dans lequel il y a des services de qualité, dans lesquels il y a de l'emploi.
02:50Bien souvent ce sont des gens qui sont éloignés de l'emploi, qu'on a émenés vers nos métiers.
02:54Pour tous les Français, ce ne sont pas des services élitistes.
02:57Tout le monde, c'est des services qui sont pour tous les Français.
03:00Alors on va créer dans les 3 à 5 ans qui viennent, tenez-vous bien Éric, on va créer entre 300 et 500 000 emplois.
03:09Ce ne sera pas du coup, ce sera du profit pour l'État, parce que chaque euro de crédit d'impôt rapporte à peu près 1,50 euro dans les caisses de l'État.
03:16Donc moi je dis, écoutez, ne touchez pas, ça fonctionne.
03:20On participe à la lutte contre le travail noir, on participe au renflouement des caisses de l'État.
03:27Probablement qu'il y a des améliorations à faire dans l'ensemble de ces dispositifs.
03:31On peut probablement, il y a des poches d'économie à faire.
03:34Mais le dispositif...
03:34Alors lesquels justement, il faut bien trouver 40 milliards ?
03:36Alors, moi je ne suis pas responsable des 40 milliards, je suis responsable de mon groupe et de notre...
03:42Chacun doit faire un effort, a dit le Premier ministre.
03:44Bien sûr, il a raison, ils ont complètement raison.
03:51On ne veut pas toucher le taux de 50%, parce que ce taux de 50%, c'est un indicateur, c'est un totem pour tous les consommateurs.
03:58C'est ce qui amène tous les gens à passer d'une économie illicite vers une économie réelle.
04:03Et ça, vous l'avez prouvé ça ?
04:05Ah ben bien sûr qu'on l'a prouvé, mais tout le monde le sait.
04:07Tout le monde le sait, ce qui est seulement ce qu'on peut imaginer, c'est de dire, je vais garder le profit en économisant.
04:13Et nous, ce qu'on dit, c'est que si vous changez les règles, si je vous dis, vous savez, votre taux, il est de 40%, qu'est-ce que ça veut dire ?
04:19Ça veut dire que je vous augmente votre prix de 20%.
04:21Vous savez ce qui se passera ? Il y aura 20% d'activité en moins.
04:25Donc en réalité, il faut être précis, il y aura 2,5 milliards d'économies, mais il y aura 2,5 milliards de recettes en moins.
04:31Alors ils ne toucheront pas à la nounou, ils ne toucheront pas à l'auxiliaire de vie pour les personnes âgées.
04:36Peut-être pour le ménage, non ? Vous ne pensez pas ?
04:38Oui, peut-être pour le ménage, peut-être pour l'éducation, et puis on va impacter ce qui marche, ce qui rapporte le plus d'argent.
04:45Pourquoi faire ? Pourquoi casser une dynamique ?
04:48Ce n'est pas là qu'il faut travailler.
04:49Je ne veux pas le dire en… Je ne veux pas avoir le sentiment de se détourner des problèmes de l'État.
04:55Je l'ai calculé, j'ai fait les études d'impact, on les a faites depuis 10 ans, combien on coûte, combien on rapporte.
04:59Maintenant, il y a des choses qu'on peut améliorer. Il y a probablement des économies, vous savez, le monde des services à la personne, il y a, pour faire simple, ça coûte à peu près 8 milliards d'euros à l'État.
05:12C'est beaucoup d'argent.
05:12Et vous dites, ça rapporte ?
05:14Le crédit d'impôt, dans son an, coûte 5 milliards, pour faire simple. C'est les chiffres de 2021.
05:20Et il y a 3 milliards d'exonérations, abattements divers et variés.
05:24C'est sur ces 3 milliards qu'il faut regarder, pas sur les 5 du crédit d'impôt.
05:28Donc, c'est sur ces 3-là qu'il faut chercher les poches d'économie.
05:32Et pourquoi il ne faut pas toucher le crédit d'impôt ? Parce que sinon, on perturbe le marché.
05:35Il ne faut pas perturber les consommateurs. On a changé les comportements.
05:39Pour vous, Shiva, ce serait catastrophique pour votre business. C'est la fin de votre modèle, en fait.
05:43Ce n'est pas la fin du modèle. Ce n'est pas pour moi que c'est catastrophique.
05:47C'est qu'on va devoir expliquer à nos personnels de maison qu'ils auront 20% d'activité en moins,
05:50et puis qu'ils ont une partie qui veut être payée au noir parce que les consommateurs leur proposeront.
05:55Pour moi, il y aura un peu d'activité en moins, on aura des résultats inférieurs.
06:01En fait, on a des métiers, on valorise des gens.
06:06C'est des gens qui, on les a mis, on les a formés, on les fait travailler,
06:09on leur donne des fiches de paye, on les ancre dans les territoires.
06:13Bref, on leur donne une dignité. C'est normal.
06:15Donc, on ne peut pas changer les règles. Il ne faut pas les changer.
06:18Et ça, il vous répond quoi, le Premier ministre ?
06:20J'ai bon espoir, si vous voulez, qu'on soit entendus.
06:22J'ai bon espoir qu'on travaille de manière concertée, je dis bien concertée comme on l'a fait jusqu'à présent,
06:27pour dire, Monsieur le Premier ministre, j'ai compris, j'ai compris que vous avez des problèmes.
06:31Je suis français, je suis citoyen, j'ai compris.
06:34Travaillons ensemble sur la piste d'économie, mais ne touchez pas à ce qui fonctionne.
06:37Et je suis légitime à le dire, parce que je suis le président du premier groupe français dans ce secteur-là.
06:42Donc, travaillons ensemble et nous allons aboutir à une solution qui satisfait tout le monde.
06:47Merci beaucoup d'être venu, Maxime Ayage.
06:49Merci, Eric.
06:50Ne touchez pas à Shiva et aux Zed.
06:52Et à tous nos confrères et à 2 millions d'intervenants et à 4 millions de consommateurs.