00:00Sud Radio, c'est à la une. Ce mercredi, un véhicule de patrouilleur a été percuté sur la 62 au nord de Toulouse.
00:06Depuis le début de l'année, c'est déjà la 24e fois qu'un fourgon d'intervention de Vinci Autoroute est heurté.
00:12Quand allez-vous percuter ? C'est le slogan choc de la campagne lancée par la société autoroutière.
00:17Bonjour Alain Pied.
00:19Oui, bonjour.
00:20Et merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:22Vous êtes patrouilleur et vous faites partie de ces hommes en jaune dont le fourgon a été percuté.
00:27C'était il y a deux ans. Vous étiez avec un collègue. Racontez-nous, que s'est-il passé ce jour-là ?
00:33C'était le 26 juin 2023.
00:36Oui, effectivement. Nous sortions d'un portail de service et dès que nous avons emprunté la bande d'arrêt d'urgence pour s'élancer,
00:44un fourgon, la personne qui conduisait, s'est endormie et nous a foncé droit dedans.
00:50C'était quelqu'un qui s'était un conducteur qui s'était endormi ?
00:54Affirmatif, oui.
00:55C'était donc sur l'autoroute A9. Le choc a été violent puisque votre fourgon est parti en tonneau, c'est ça ?
01:03Oui, tout à fait, oui.
01:05Vous vous souvenez de ce qui s'est passé à ce moment-là ?
01:07Oui, donc on n'a pas vu que la personne arrivait sur nous.
01:13On a fait les tonneaux et notre premier réflexe, comme on était coincé dans le véhicule, on a cassé la vitre pour s'extraire du véhicule.
01:23Et grâce à Dieu, comme on dit, on n'avait rien et puis on a pu protéger un peu la circulation qui venait assez vite.
01:31Vous êtes un miraculé à l'impié.
01:32Oui, tout à fait, oui.
01:35Et vous avez dit, vous avez gardé votre professionnalisme, puisque après avoir enchaîné une série de tonneaux, avoir été percuté par un fourgon, vous avez fait quoi ?
01:43Vous avez sécurisé les lieux, c'est ça ?
01:46Tout à fait, tout à fait. On s'est parlé avec mon collègue, lui aussi ça allait.
01:52Donc la première chose, c'était éviter le sur-accident.
01:55Donc on a gardé notre sang-froid, puis il fallait protéger les lieux pour éviter qu'un autre accident survienne.
02:02C'est un sacré réflexe quand même, une lucidité incroyable de faire cela après un tel accident.
02:09Oui, tout à fait, oui.
02:10Il faut garder la tête sur les épaules et foncer, comme on dit.
02:15Il faut être lucide, effectivement, pour faire face à ce genre de situation comme ça, comme vous l'avez vécu.
02:20On est formé, quand on est patrouilleur, à ce genre de situation ?
02:26Oui, tout à fait. Depuis à peu près trois ans, il y a une école qui s'est ouverte à Brive, des métiers de l'autoroute.
02:33C'est vraiment très encadré, donc là, on est vraiment formé à la perfection.
02:39Maintenant, tout ce qui peut arriver en face, ça, on n'est pas maître.
02:43Donc la négligence des personnes, ça, on ne peut pas le faire à leur place.
02:47J'imagine que ça laisse des traces, un accident comme celui-ci.
02:51Vous avez été longtemps choqué, il vous a fallu du temps avant de retourner, justement, sur l'autoroute.
02:58Oui, enfin, on a, sur le coup, très choqué.
03:01Après, bon, le lendemain, sur le lendemain, ça a commencé à s'atténuer, j'ai pu reprendre le travail.
03:06Moi, ça m'a permis de me changer un peu les esprits.
03:09Et puis, bon, c'est surtout que ça a marqué aussi ma famille, donc ma femme et mes deux enfants.
03:14C'est-à-dire, ils ont peur, j'imagine, pour vous, depuis ?
03:18Tous les jours.
03:19Tous les jours, on me dit qu'il faut faire attention, qu'il faut que je revienne vivant.
03:23Et voilà, c'est le mode à la maison.
03:26Est-ce qu'on a essayé, justement, ce que votre famille a essayé, de vous dissuader de continuer ce métier à l'un pied ?
03:35Ils ont, oui, ils ont essayé, mais bon, quand on aime ce travail, donc, on essaye de passer au-dessus.
03:42Et voilà, après, il faut rester toujours vraiment, vraiment attentif à ce qu'on fait.
03:48Et après, normalement, ça devrait bien se passer si les gens font attention.
03:52Qu'est-il devenu, cette automobiliste qui vous a percuté parce qu'il s'était endormi ?
03:56Est-ce qu'il était condamné ensuite ?
03:59Juste des simples amendes, parce qu'il y a eu une plainte de fête et il y a eu juste une simple amende.
04:06Une simple amende ?
04:07Et après, exactement.
04:08Ça peut sembler quand même assez surprenant ?
04:11Oui, c'est vrai.
04:12Même moi, le premier, j'ai été choqué parce que je pensais quand même qu'il allait avoir plus.
04:17Et non, une simple amende, je crois que ça doit être ça.
04:20À peu près 180 euros, deux fois 90 qu'il a eu.
04:23Ça paraît totalement aberrant.
04:26Alimpier, nous sommes à quelques heures d'un nouveau week-end de départ en vacances,
04:30week-end prolongé, qui plus est.
04:33Certains des auditeurs qui vous écoutent en ce moment-même vont prendre le volant.
04:37Ils sont peut-être déjà même sur la route.
04:39Quel message vous voulez leur adresser ce matin sur Sud Radio Alimpier ?
04:43Justement, penser aux vacances, c'est une chose.
04:47Mais penser à la route, c'est des gens qui y travaillent, c'est autre chose.
04:51Donc, soyez bien concentrés.
04:53Regardez bien la route.
04:55Si vous êtes fatigué, arrêtez-vous bien toutes les deux heures.
04:59Et normalement, ça devrait bien se passer.
05:01Donc, pensez à eux-mêmes déjà et aux autres usagers qui prennent la route et au personnel autoroutier.
05:09Un chiffre depuis 2002.
05:1130 patrouilleurs ont été tués lors de leur intervention.
05:15C'est un chiffre qui fait froid dans le dos et j'espère que ça va faire aussi réagir.
05:19Ça va provoquer un déclic chez certains conducteurs qui ne font pas de pause ou qui regardent aussi leur téléphone.
05:26Alimpier, un grand merci d'avoir accepté de témoigner ce matin sur Sud Radio.
05:30Je rappelle que vous êtes patrouilleur à Vinci Autoroute.
