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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:05Toujours avec Nathan Devers et avec Sébastien Ligné, et en effet Maël parlait d'Emmanuel Macron
00:10qui était la base militaire de Northwood pour traiter du sujet du nucléaire entre le Royaume-Uni et la France
00:16avec Kerstarmer, conférence de presse conjointe, on écoute le Président de la République Emmanuel Macron.
00:22Nous n'excluons pas la coordination de nos dissuasions respectives.
00:26Nous avons décidé pour cela d'établir une structure commune, le groupe de supervision nucléaire,
00:32qui sera chargé d'animer cette coopération.
00:34Ce sont des décisions fondamentales que nous avons prises aujourd'hui dans l'accord signé.
00:39Nos deux pays restent indépendants, souverains, mais nous nous donnons les moyens, lorsque nécessaires,
00:46d'œuvrer ensemble à la mesure de l'environnement nettement plus menaçant qui est devenu le nôtre.
00:51Bon, alors voilà un sujet sur lequel je me souviens, alors ce n'est pas tout à fait le même,
00:57mais c'est concordant, Marine Le Pen a tiré à boulet rouge en disant
01:00« Le nucléaire, c'est la France, le nucléaire, c'est la souveraineté,
01:04si on le partage, c'est le début de la chienlit ».
01:08Cependant, il y avait eu un projet de porte-avions communs entre la Grande-Bretagne et la France
01:15qui a été avortée pour des questions budgétaires.
01:18Nathan Devers, comment est-ce que vous recevez cette information ?
01:22Peut-être d'un nucléaire partagé entre le Royaume-Uni et la France.
01:27Je crois que quand Marine Le Pen avait critiqué,
01:30alors en effet ce n'était pas avec le Royaume-Uni, c'était à l'échelle européenne,
01:32mais c'était exactement la même question.
01:34Quand elle avait critiqué ce partage...
01:35Quand on partage, on partage.
01:37Quand on partage avec 1 ou avec 27, on laisse partager.
01:40Elle y voyait un affaiblissement de la France, un petit peu dans le genre...
01:44Affaiblissement de la souveraineté.
01:45Affaiblissement de la souveraineté en disant « on va partager le bouton nucléaire »,
01:47alors que ce n'était pas du tout un partage du bouton, c'est un partage de la dissuasion.
01:50Mais surtout, c'est l'inverse.
01:52À partir du moment où on dit que la dissuasion nucléaire française
01:56ne s'applique pas seulement à une menace que subit la France,
01:59mais qu'elle a une fonction parapluie, voire paratonnerre,
02:02et qu'elle protège d'autres puissances européennes, que fait-on ?
02:04Eh bien, on fait de la France une puissance protectrice pour d'autres puissances.
02:08Autrement dit, on augmente l'influence de la France.
02:11Et même, je vais même dire un gros mot, on donne à la France une dimension un peu impériale, entre guillemets.
02:16C'est-à-dire qu'on dit que dans l'Europe, le pays qui va devenir le leader sur ces questions-là géopolitiques,
02:21c'est la France, que la capitale de l'Europe, ça devient Paris.
02:23Donc c'est au contraire une augmentation considérable de la puissance française.
02:27Mais pour le voir, encore peut-il être un peu universaliste.
02:30Je pense que M. Ligny n'est pas du tout d'accord avec vous.
02:32Pas du tout.
02:33Mais non, parce que c'est la vision romanesque de Nathan Nevers,
02:36qui pense toujours qu'un partage se fait toujours dans des conditions extraordinaires,
02:41le bouton ne va absolument pas être partagé.
02:43Ce que Marine Le Pen pointait du doigt, je pense, a raison,
02:45c'est qu'à partir du moment où vous partagez une dissuasion,
02:48la question de l'utilisation de cette dissuasion devient de facto partagée.
02:53C'est-à-dire que croire que dans une Union européenne où tout est collectif,
02:57tout est fédéral, tout est décentralisé, tout est commun,
03:00où on vote à la majorité,
03:02croire que l'utilisation d'une dissuasion nucléaire ne deviendrait pas,
03:06au bout de quelques années, une question commune
03:09et qu'il ne serait de l'ordre que de la France de décider seul pour la sécurité de toute l'Europe,
03:15je pense que c'est illusoire.
03:16Évidemment que le bouton, pour reprendre votre expression,
03:19finirait par être partagé par tous.
03:21C'est très intéressant parce que les Américains ont en fait aujourd'hui la même réflexion.
03:27Alors pas sur le nucléaire spécifiquement,
03:29mais sur l'OTAN et sur l'impérialisme américain.
03:32Tout le discours de Trump consiste à dire,
03:34cet impérialisme finalement nous affaiblit, nous diminue, nous dissout,
03:38les pays qu'on protège ne payent pas forcément ce qu'ils doivent payer, etc.
03:43Moi je pense précisément l'inverse,
03:44c'est-à-dire qu'avec Trump, les États-Unis ont renoncé à leur fonction impériale
03:48et que là ce qu'on est en train de faire,
03:50mutatisme, mutandisme, et c'est exactement l'inverse.
03:53Mais est-ce que c'est vraiment souhaitable de devenir un empire ?
03:55Est-ce que la France doit avoir des fonctions impérialistes ?
03:58Non mais j'emploie volontairement un mot un peu gros,
04:01ne mettons peut-être pas ce mot sur la table, j'ai peut-être eu tort,
04:03mais en tout cas, que la France dise,
04:05maintenant c'est à nous de prendre le lead de l'Europe,
04:07notamment sur ces questions.
04:08Si on regarde la relation avec la Russie,
04:11quand on parle de nucléaire, c'est plutôt de ce côté-là qu'on regarde.
04:13Quand on voit la manière dont l'Allemagne s'est un peu vendue à la Russie ces dernières décennies,
04:18l'Allemagne a été dans une logique stratégique qui n'était pas la bonne.
04:21Le pays qui a toujours, ou quasiment toujours,
04:24été sur une ligne de lucidité totale,
04:26de fermeté vis-à-vis de Vladimir Poutine,
04:27c'est-à-dire sur une ligne à laquelle aujourd'hui tout le monde donne raison en Europe,
04:30c'est la France.
04:31Le pays qui a toutes les raisons, même pour des raisons d'énergie,
04:34le pays qui a toutes les raisons de dire,
04:36maintenant c'est nous qui avons la bonne ligne,
04:38et les pays européens doivent se mettre, entre guillemets,
04:40au diapason de cette ligne.
04:42Donc c'est nous qui devons prendre le lead.
04:43Donc c'est nous qui devenons, entre guillemets,
04:45ce que j'ai appelé de façon un peu ironique,
04:46la puissance impériale de l'Europe au sein de l'Europe.
04:49Je crois que c'est la France.
04:50Et je crois que quand on est patriote,
04:51c'est ça qu'on doit souhaiter,
04:53et pas comme Marine Le Pen,
04:54que la France dise, finalement,
04:55on va renoncer à cette influence qui serait parfaitement légitime.
04:59Non, elle ne dit pas qu'on renonce à une influence,
05:01on dit qu'on garde la souveraineté.
05:04On partage certains points de vue, on va dire,
05:07conservateurs de la souveraineté unique.
05:12C'est quand on avait dit à l'époque que,
05:15de toute façon, même si on partagerait la techno,
05:18le chef de l'État français aurait lui-même
05:22la seule possibilité d'appuyer sur le bouton nucléaire.
05:25Et en fait, on sait bien que quand on partage un gâteau,
05:27après, ça se disperse.
05:29Il n'y a pas de possibilité de dire,
05:31en fait, vous devrez passer par mon aval
05:34pour appuyer sur le bouton nucléaire.
05:37Et de toute manière, la souveraineté européenne,
05:39c'est un non-sens.
05:39Ça ne fonctionne pas comme ça.
05:40C'est un mot, c'est un contresens.
05:43Ça aurait pu marcher à une époque.
05:44Oui, mais c'est terminé.
05:45C'est-à-dire que la souveraineté,
05:46elle est d'abord française,
05:47elle est d'abord nationale.
05:49Il peut y avoir une coopération,
05:50à la limite, militaire européenne.
05:51Même les Allemands sont revenus
05:53en rétablissement de contrôle aux frontières.
05:57Ça a été un signe, là,
05:58dans l'actualité très très récente.
06:00Imaginez la situation inverse.
06:03Imaginez une situation
06:04où ce n'est pas la France qui a l'arme nucléaire,
06:06mais l'Allemagne, imaginons.
06:08Et que l'Allemagne propose à la France
06:10de l'intégrer dans son parapluie nucléaire et militaire.
06:15Est-ce que vous verriez ça d'un bon oeil
06:16en tant que Français ?
06:17De voir que votre dissuasion et votre défense
06:20ne s'appliquera uniquement
06:23qu'à la bonne volonté d'un pays étranger.
06:25Justement, en inversant la situation,
06:28si l'Allemagne disait
06:29vous allez être sous notre parapluie nucléaire,
06:31ce serait un petit peu humiliant pour la France.
06:33Pour ça que j'ai parlé d'impérialisme.
06:35C'est-à-dire que là, ça revient à dire
06:36la France est un pays protecteur,
06:38il y a des pays protégés.
06:39Je ne dirais pas cela
06:40s'il s'agissait de dire
06:41est-ce qu'on va partager le siège de la France
06:43au Conseil de l'ONU.
06:45Là, en effet, on pourrait dire
06:46à partir du moment où on partage,
06:47on ne peut plus le reprendre, etc.
06:48Mais avec ce qui reste de l'ONU.
06:50Avec ce qui reste de l'ONU, oui.
06:51Vous avez raison d'ironiser.
06:53Mais en tout cas, je crois qu'il y a là...
06:55Parce qu'en fait, si on fait ça,
06:56ça revient à acter officiellement
06:57que la France a eu raison depuis le début
06:59sur toutes ces questions stratégiques.
07:01Elle a eu raison, depuis le général de Gaulle,
07:03de faire le nucléaire.
07:04Elle a eu raison d'avoir telle ou telle ligne
07:05vis-à-vis de Vladimir Poutine.
07:07Elle a eu raison de faire
07:08tel ou tel choix énergétique
07:10qui ne l'ont pas rendu
07:11dépendant de la Russie comme les Allemands.
07:14Et donc, les autres pays européens
07:15doivent être forcés
07:16de le reconnaître d'une manière ou d'une autre.
07:17On pourrait en discuter encore des heures.
07:19Moi, je remarque juste une chose.
07:20C'est qu'après, il y a des incarnations.
07:22Et en attendant,
07:23à la tête de l'Union européenne,
07:24vous avez Madame van der Leyen.
07:25Bon, voilà.
07:26Trois petits points.
07:27On en rediscutera une autre fois.
07:2819h30.
07:28D'accord.
07:28D'accord.
07:29...

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