Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 07/07/2025
Dans son édito du 07/07/2025, Paul Sugy revient sur l'affaire Boualem Sansal. 

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00On a appris vendredi que Boilem Sansal ne serait pas gracié par le président algérien et resterait en prison.
00:05Mais depuis trois jours, aucune réaction du Quai d'Orsay ni de l'Elysée n'ont été publiées pour s'émouvoir du sort de l'écrivain, Paul.
00:13Oui Romain, pas une déclaration, pas même un communiqué, encore moins une petite phrase allusive ou même un tweet, silence radio.
00:20Et vous savez quoi ? Ça va durer au moins jusqu'à mercredi, c'est ce que me confirmait l'Elysée.
00:24Ce silence qui a même été imposé à Bruno Retailleau, qui pourtant trépignait de dire tout le mal que lui inspirait ce maintien en détention de Boilem Sansal.
00:32Ce silence donc est le choix de l'Elysée, de la diplomatie française, qui tous deux se cramponnent à l'espoir qu'une grâce humanitaire pourrait avoir lieu.
00:40Alors pourquoi la date du mercredi 10 juillet ? C'est parce que ce sera la date limite pour que Boilem Sansal se pourvoie en cassation auprès des juridictions algériennes.
00:49Il a d'ores et déjà décidé de ne pas le faire sur le conseil de son avocat, maître Pierre Cornu-Gentille.
00:54Mais donc à partir du moment où la date limite du pourvoie en cassation est expirée, on sort du temps judiciaire pour revenir dans le temps politique.
01:01C'est du moins l'analyse que font le Quai d'Orsay et l'Elysée.
01:05Cette analyse supposerait que le pouvoir algérien aurait voulu mettre en scène tout à la fois l'intransigeance et l'impartialité de sa justice,
01:11qu'elle serait indépendante du pouvoir, ce dont évidemment tout le monde à Paris sait que c'est pourtant faux.
01:16Mais donc il faudrait attendre la fin de la procédure pour obtenir une éventuelle clémence du président Tebboune.
01:22En fait, chez les diplomates, on est même convaincu qu'une solution diplomatique comme celle-ci est quasiment acquise.
01:27On n'en saurait tout simplement pas la date, ça dépendrait du bon vouloir du régime.
01:31Voilà pourquoi on s'en tient à la prudence.
01:33On ne veut pas avoir un mot plus haut que l'autre et on rechigne à engager un bras de fer
01:36en méprisant solennellement les courageux membres du comité de soutien à l'écrivain
01:41qui, eux, ne s'embarrassent pas de précautions empoulées pour dire à voix haute ce que chacun sait au plus haut de l'État,
01:46à savoir que la justice algérienne est aux ordres d'un pouvoir dictatorial
01:50qui a sacrifié Boilem Sansal à une opinion publique polarisée, elle, par l'islamisme et par la détestation de la France.
01:56Autrement dit, l'Elysée s'en tient à la méthode douce face à Alger,
01:59même si pour l'heure cette méthode douce n'a pas vraiment fait ses preuves.
02:02Ah bah oui, pour l'instant ils sont bredouilles, ça fait depuis le 16 novembre que Boilem Sansal est incarcéré
02:06et effectivement cette méthode diplomatique n'a absolument pas porté ses fruits.
02:11Les mêmes qui ont promis plusieurs fois depuis lors qu'on serait sur le point d'avoir des bonnes nouvelles,
02:15que la diplomatie a ses raisons, que la raison ignore et que surtout brusquer les Algériens ne sert à rien,
02:20eh bien nous prient encore d'attendre un petit peu que par miracle le régime d'Alger fasse preuve d'un peu de mensuétude
02:24à l'égard d'un prisonnier dont on rappelle qu'il est très âgé et surtout atteint d'un cancer.
02:29On a donc tout entendu, il y avait même des scénarios très précis qui étaient divulgués en off,
02:34comme on dit à la presse, au détour du mois de mars-avril,
02:38pour dire que l'Allemagne peut-être pourrait intermédier avec une libération pour motif médical
02:43qui passerait par l'entremise de l'Allemagne,
02:44où le président algérien avait été lui-même soigné quatre ans plus tôt pendant le Covid.
02:48On a entendu parler d'une intermédiation espagnole, d'une libération humanitaire,
02:51éventuellement même d'une libération en Algérie, mais avec interdiction de quitter le territoire.
02:55Tout ceci s'est écroulé comme un château de cartes et, au passage,
02:59cette attitude de la prudence la plus extrême de la diplomatie française
03:03à l'égard du régime algérien a peut-être jeté Boualem Sansal dans la gueule du loup.
03:09Il y a un an, un journaliste français, on l'a appris très récemment,
03:12Christophe Glez, a été emprisonné en Algérie.
03:14Et silence radio, on n'en a pas entendu parler, la famille a été priée de se taire
03:18et de ne pas aller sur les plateaux de télévision.
03:20Si Boualem Sansal l'avait su, peut-être qu'il n'aurait pas décidé de retourner en Algérie
03:23lorsqu'il a été incarcéré à la sortie de l'avion.
03:27Bon, si la diplomatie ne fonctionne pas, il ne reste plus que l'épreuve de force avec l'Algérie, Paul.
03:31Oui, mais pour l'instant, Emmanuel Macron s'y est toujours refusé,
03:34probablement parce que cela perturbe aussi le chemin mémoriel qu'il avait commencé
03:38il y a une dizaine d'années de cela, en parlant de la colonisation française en Algérie
03:42comme d'un crime contre l'humanité.
03:44Depuis, il n'a cessé de se fourvoyer sur la question algérienne.
03:47Des très bons connaisseurs de l'Algérie me soufflent même qu'Emmanuel Macron,
03:52ses conseillers et les diplomates français sont en réalité très mal renseignés
03:56et qu'ils ont assez peu de capteurs sur ce qu'est vraiment le régime algérien.
04:00Le président Tebboune est un président relativement affaibli par rapport à son opinion.
04:03Il ne peut pas compter sur le soutien de l'armée comme ses prédécesseurs pouvaient le faire.
04:07Et donc, il a besoin de s'appuyer plus que tout sur ce sentiment antifrançais
04:11qui, avec l'antisémitisme et la cause palestinienne,
04:15sont un petit peu le triptyque qui structure l'opinion algérienne.
04:18Boilem Sansal en prison lui rapporte toujours plus que Boilem Sansal libre.
04:22Et donc, pour obtenir sa libération, il n'y a désormais, semble-t-il,
04:25qu'un rapport de force conséquent que la France pourrait engager.
04:27Mais encore une fois, au plus haut de l'État, on s'y refuse toujours.

Recommandations