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00:00De retour pour la deuxième partie d'Europe, un midi week-end largement consacré au sommet qui se déroule en ce moment près de Paris sur la Nouvelle-Calédonie.
00:08Discussion sur l'avenir de ce territoire d'outre-mer plus d'un an maintenant après de violentes émeutes.
00:13Mais les premières réunions ne présagent pas pour l'instant de bonnes choses, pas de signe d'accord ne ressort entre indépendantistes et loyalistes.
00:21Il faut dire Antoine Bienvaux que le début de ce sommet, les espoirs étaient assez minces.
00:25Oui car les indépendantistes présents à Paris avaient prévenu dès jeudi qu'aucune signature n'interviendrait pendant ce sommet.
00:33Mais ils s'étaient néanmoins montrés intéressés par l'idée d'un état associé.
00:38Etat associé, cela voudrait dire concrètement que la Nouvelle-Calédonie accéderait à sa souveraineté tout en confiant certaines compétences comme la défense ou la diplomatie à la France.
00:48Emmanuel Macron serait prêt à examiner cette solution qui demanderait néanmoins du temps pour être mis en place côté loyaliste.
00:54En revanche, on refuse catégoriquement l'idée de l'état associé, préférant une période de stabilité longue, selon les mots de leur chef de file Sonia Bacchès.
01:03Si un accord est donc encore loin d'être conclu, Emmanuel Macron souhaite en tout cas une période de transition de 15 à 20 ans avant de décider de tout changement institutionnel.
01:13Le président veut ainsi laisser le temps aux deux parties de bâtir un projet commun avec leurs militants et de le valider ensuite par référendum.
01:21Un délai qui pourrait aussi, selon le président, aider la Nouvelle-Calédonie à redresser son économie, exsangue depuis les émeutes de l'année passée.
01:30Les précisions d'Antoine Bienvaux pour Europe 1 et pour poursuivre sur le sujet avec nous en studio.
01:34Christophe Bada, bonjour.
01:35Bonjour.
01:36Vous êtes membre de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nouvelle-Calédonie.
01:39Vous connaissez bien les problématiques liées à ce territoire français d'outre-mer.
01:44Ce sommet donc voulu par Emmanuel Macron, on l'a compris, patine, ça ne donne pas grand-chose pour le moment.
01:49Du point de vue des acteurs économiques que vous représentez, comment vous vivez ce sommet et ces blocages ?
01:56Alors sur la partie économique, on a au contraire de la partie politique...
02:00J'imagine que vous attendez de la stabilité, c'est ce que vous espérez ?
02:04Exactement. Au point où on en est, sur l'économie de la Nouvelle-Calédonie, on a envie de dire, sans vouloir être trop disruptif,
02:12que la partie politique n'est sans doute pas la plus importante.
02:14D'accord.
02:14On a déjà eu un pas très fort vers l'autonomie, l'émancipation avec l'accord de Nouméa,
02:20qui a transféré énormément de compétences à Nouvelle-Calédonie,
02:23qui aujourd'hui fait son propre droit civil, son propre droit commercial, son propre droit fiscal, son propre droit des assurances,
02:28enfin dans tous les domaines, à part la défense et la monnaie, il ne reste rien à l'État.
02:31Ce qui veut dire que l'État n'a littéralement aucun pouvoir en Nouvelle-Calédonie.
02:35Et bien cet accord de Nouméa, il a cassé 25 années de croissance économique forte,
02:39pendant lesquelles on avait entre 5 et 8% de croissance du PIB,
02:42et pendant lesquelles on n'avait que 2% de croissance de la dette du secteur public.
02:46À compter de la mise en œuvre effective de ces transferts,
02:49qui étaient censés nous rendre autonomes et émancipés,
02:53et bien la croissance économique s'est arrêtée,
02:55et la dette du secteur public a explosé à plus 14% chaque année.
02:5914% chaque année, ça veut dire un doublement tous les 5 ans.
03:02Finalement, les budgets de toutes les entités publiques étaient en rupture de trésorerie,
03:07puisque dans le public, on ne dit pas cessation de paiement, on dit rupture et trésorerie,
03:10bien avant les émeutes.
03:11D'ailleurs, il y a sans doute un lien à trouver entre un échec économique patent,
03:16qui est sans doute lié à un échec politique,
03:20et une forme de radicalisation des pensées et des expressions.
03:24Vous parliez des émeutes, justement.
03:26Il y a évidemment, j'imagine, pour vous, un avant et un après.
03:31Quelle est concrètement aujourd'hui la situation des entreprises en Nouvelle-Calédonie ?
03:36Je crois que les petites entreprises sont vraiment les plus impactées, les plus touchées.
03:40Quel est votre regard là-dessus ?
03:41Étant donné que nous avons pris les coups, aujourd'hui, on a plutôt envie de regarder vers l'avenir et sur les moyens de se redresser.
03:49J'ai été très étonné, ayant participé à la conférence économique, de voir la quantité d'acteurs, d'horizons très divers,
03:55des syndicats de salariés, des maires, des chambres consulaires, des entreprises, etc.,
04:01pointer unanimement dans la même direction, c'est-à-dire la volonté de reconstruire et la volonté de travailler ensemble.
04:08Donc, si on ne peut pas avoir un accord politique qui semble, vous avez raison, assez éloigné à ce stade,
04:12j'ai envie de dire que ce n'est peut-être pas le plus important aujourd'hui,
04:15parce qu'il semble qu'on puisse avoir au moins un accord économique qui redresse les choses.
04:21Quand on a un territoire qui a eu de la croissance pendant 25 années et qu'il a perdu à cause d'un accord politique,
04:28on est en droit de se demander si les accords politiques, c'est vraiment la solution dont on a besoin.
04:31On en est où aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie, économiquement ? Quelle est la situation sur place ?
04:38Il y a des gens qui commencent à avoir faim, il y a des entreprises qui ont tenu le coup aussi longtemps qu'elles le pouvaient,
04:43mais un an après les émeutes, sans réforme structurelle, des entreprises qui ne peuvent plus tenir le coup.
04:48Et celles qui le peuvent encore, elles doivent faire des business plans pour reconstruire, elles ne savent pas quoi mettre dedans.
04:53Donc c'est très très difficile de se projeter sans une réponse positive, au moins à la partie économique de ce sommet,
05:00qui elle serait une grande victoire.
05:02Un mot très rapidement sur le nickel, on sait que c'est un secteur stratégique pour la Nouvelle-Calédonie,
05:07où on en est dans ce domaine qui est très important ?
05:10On en est exactement au même endroit que sur le reste.
05:12Nous avons en Nouvelle-Calédonie les mines les plus riches du monde en matière de nickel,
05:15mais on a un système qui est tellement improductif que la totalité des usines qui les exploitent sont en faillite.
05:21Et donc si on arrive à trouver des moyens d'alléger la réglementation ou de la pointer vers le développement économique,
05:27eh bien on retrouvera une place stratégique pour un nickel qu'on pourra exploiter.
05:32Avoir un nickel qu'on ne peut pas exploiter, ça n'est pas stratégique.
05:34C'est très clair. Merci beaucoup Christophe Bada pour toutes ces précisions.
05:38Je rappelle que vous êtes membre de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nouvelle-Calédonie.
05:41Merci.

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