00:00Europe 1 Trésor la suite, sur Europe 1 avec vous c'est Léline Giroux et aujourd'hui Raphaël Saint-Ville et Gilles-William-Honkel-Madelle.
00:05Slip de bain et crème solaire les amis, la saison de la baignade dans la Seine ouvre demain et c'est l'aboutissement de plusieurs années de travaux et de dépollution du fleuve.
00:14Mais l'addition est salée, on peut le dire, 1 milliard 400 millions d'euros.
00:18A ce prix-là, boire la tasse vaut de l'or à Paris, mais est-ce bien raisonnable ?
00:22Eh bien pas vraiment selon les Parisiens rencontrés par Laura Legault.
00:25Lorsqu'elle apprend le montant investi, Florence qui travaille dans un hôpital public bondit et reste stupéfaite.
00:32Pour elle, cette somme est démesurée.
00:331,4 à mon avis, ça pourrait être mis ailleurs. Honnêtement, je pense qu'il y a autre chose à faire que nettoyer la Seine pour se baigner un mois dans l'année.
00:41Un avis partagé par Anne, 89 ans.
00:43C'est complètement tabérant au moment où le gouvernement est de faire des économies. En plus c'est l'argent de nos impôts.
00:50La retraitée habite à Paris depuis 30 ans. Appuyée sur sa cannelle montre autour d'elle tout ce qui aurait pu être rénové grâce à cet argent.
00:57Il y a des trottoirs à refaire, il y a des passages piétons à refaire, il y a des quantités de choses dans les rues qui sont à refaire.
01:02Et là, je trouve que c'est complètement absurde.
01:05Investir dans les voiries et dans les services publics, Arthur lui regrette un manque de bon sens des politiques.
01:10Par exemple là, on vient de se taper une vague de chaleur, on s'est rendu compte que nos hôpitaux n'étaient pas équipés pour y faire face, nos écoles non plus.
01:16Malgré le milliard d'euros dépensés pour dépolluer la Seine, l'eau n'inspire pas confiance à Arthur. Il n'y mettra pas un orteil.
01:23On sent la colère des parisiens Raphaël Steinville, l'indignation aussi.
01:27Je rappelle que ce plan d'assainissement a été jugé obligatoire pour permettre la tenue de certaines épreuves, des Jeux olympiques, de natation et de triathlon.
01:36Elle était dernière, mais fallait-il s'obstiner quand on sait que la mairie de Paris a une dette de près de 10 milliards d'euros ? C'est dingue !
01:44Déjà, il y a ça, mais c'est vrai, vous avez raison, il faut revenir à ce projet initial, à cette idée portée par Emmanuel Macron, Anne Hidalgo,
01:55qui voulaient absolument rendre baignable la Seine. C'est là où on voit que l'hubris conduit à des folies.
02:02Effectivement, les Parisiens ont raison, il y a des urgences.
02:06Oui, des crèches, des hôpitaux, des écoles, des logements.
02:10Il y a la question de la sécurité à Paris. Il faut bien réaliser que ces 1,4 milliard d'euros qui ont été dépensés pour dépolluer la Seine ne garantissent pas pour autant que la Seine soit baignable.
02:23Les intempéries suffisent à modifier la qualité de l'eau.
02:29Et ça va coûter de l'argent aussi, parce qu'on en parlait tout à l'heure, le trafic des péniches est perturbé, il y a des enjeux commerciaux, et ça va coûter de l'argent.
02:37Ça va coûter de l'argent, et encore, si seulement les Parisiens pouvaient se baigner dans la Seine, mais la Seine, c'est dangereux.
02:44Il y a trois spots identifiés au bord de la Seine.
02:46La Ville de Paris et la Fédération Française de Natation ont annoncé qu'il faudrait pouvoir passer un test avant de pouvoir se baigner dans la Seine.
02:54Donc vous voyez que ça va limiter à quasiment rien.
02:58On va compter les baigneurs sur les doigts d'une main, avec des risques qui ne sont pas seulement ceux liés à ce fleuve, mais des risques sanitaires,
03:05parce qu'on sait que la Seine, quand bien même on aurait fait des efforts pour la dépolluer, il y a toujours des bactéries qui traident.
03:11Honnêtement, je ne prendrais pas ce risque.
03:12C'est une aberration pour vous, Gilles-William Gaudadelle ?
03:15Je vais un peu pondérer tout cela.
03:19Enfant, je me suis baigné dans la Seine, du temps où elle était encore propre.
03:25Je dois dire que c'est un plaisir extraordinaire de se baigner en rivière.
03:28Ah oui, en rivière, d'accord.
03:30Non, c'était vers la Seine-Maritime, c'était à Mui.
03:34Ah oui, mais là on vous parle de la piste de la Seine à Paris, dans la capitale.
03:38D'accord, mais le plaisir de se baigner, je me permets d'ouvrir cette parenthèse, le plaisir perdu de se baigner dans les rivières...
03:46À quel prix ?
03:47J'y venais, je sens bien monter votre colère financière, une fois que je vous ai dit ça, pour vous narguer, effectivement, parce que moi je me suis baigné, je dois reconnaître que je ne mettrai pas le prix maintenant, je ne paierai pas aussi cher pour aller me baigner à nouveau.
04:04Donc ça n'a aucun sens, et à fortiori à Paris, et puis les temps ont changé, il y a des bactéries, etc.
04:11Mais la folie est tellement généralisée dans la manière dont la capitale gère les finances...
04:1910 milliards d'euros de dettes.
04:21Pourquoi voulez-vous qu'il fasse une exception, tout d'un coup raisonnable en ce qui concerne cela ?
04:28Pardon de vous le dire, la gestion parisienne se caractérise par sa déraison.
04:33Oui, mais est-ce que ce n'est pas un caprice, une obsession d'Anne Hidalgo aussi, qui en avait fait une de ses priorités ?
04:39Oui, je pense que c'est une pause, ce n'est pas un caprice.
04:42Ça y ressemble quand même, parce qu'il y a eu quand même...
04:45Quand elle sera partie, elle pourra dire, je pense, qu'elle imagine qu'elle pourra le montrer sur son CV que grâce à elle maintenant, j'essaye de découvrir quelque chose de raisonnable dans la déraison.
04:58C'est un rêve ancien, il faut se souvenir que Jacques Chirac lui-même avait promis qu'il pourrait se baigner dans Paris lorsqu'il en était maire.
05:08Donc finalement, on était à la poursuite de ce rêve, mais un rêve pour quoi ?
05:12Pour laisser une trace infime dans l'histoire.
05:15Honnêtement, Paris mérite mieux que de pouvoir se baigner dans la Seine.
05:20Il y a des monuments à sauver, peut-être même des monuments à bâtir pour laisser une trace dans Paris.
