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  • 04/07/2025
Comédie
Avec Arnaudy, Henri Poupon, Marguerite Chabert

Sujet du Film :
Cigalon, un grand chef, refuse de faire la cuisine pour des clients qu’il juge indignes de son talent, jusqu’au jour où une jeune rivale ouvre un restaurant à côté du sien.
Transcription
00:00Musique
00:30Musique
01:00Musique
01:30Les pieds et paquets seront près d'un dix minutes.
01:36Peut-être douze.
01:43Quatorze.
01:46Non, dix minutes.
01:48Et c'est tout.
01:53Bonjour, messieurs, dames.
01:54Bonjour, madame.
01:57Et messieurs, dames, va le boire un peu d'apéritif ?
01:59Ce n'est guère dans nos habitudes, mais cependant, cela nous permettra d'attendre.
02:03Attendre au quoi ?
02:04Attendre le repas.
02:06Et un bon repas et un copieux repas.
02:09Est-ce vous, madame, qui faites la cuisine ?
02:11Moi ? Oh non, c'est mon frère.
02:13Je vais le près me dire.
02:18C'est galant !
02:21C'est le cul blanc, le cul roussé.
02:24Et comment les fait-on cuire ?
02:26Qui ont ?
02:27Moi ?
02:27Oui, vous, comment les faites-vous cuire ?
02:30Je les mets à la broche.
02:31Bien habillés, dans une platine de lard.
02:34J'arrange bien mon feu de sarment.
02:36Je règle bien le tourne-broche.
02:39Et les petits oiseaux se mettent à fondre.
02:41Et le jus tombe sur des rôtis.
02:43Alors des rôtis à bien épaisse de pain de campagne.
02:46Quand ils sont bien à point,
02:48je prends tous les foies.
02:49Et avec ces foies écrasées,
02:51que je beurre mes rôtis et je serre avec une salade fraîche un peu fraquante,
02:56avec un petit coup d'ail sur le côté comme un plumet.
03:00Ça, c'est un réel.
03:02Ça me plaît beaucoup.
03:04Bon, donc nous mangeons des petits oiseaux.
03:07Vous en avez apporté ?
03:08Ah, pas du tout.
03:09Alors où c'est que vous en avez pas ?
03:11Eh bien, chez vous.
03:12Chez moi ?
03:13J'en ai pas, moi.
03:13Comment vous n'en avez pas ?
03:14J'ai pas une grille, j'ai pas un moineau, j'ai pas un zizi.
03:17Mais alors pourquoi vous nous parlez, les petits oiseaux ?
03:19Non, non, moi je ne vous parle pas.
03:20C'est vous qui me parlez.
03:21Moi, je réponds à vos questions, pas plus.
03:23Mais alors, qu'est-ce que nous allons manger ?
03:24Oui, qu'est-ce que nous allons manger ?
03:26Eh bien, oui, qu'est-ce que vous allez manger ?
03:27Eh bien, c'est à vous de nous le dire.
03:28Écoutez, monsieur, je ne suis pas sentier.
03:31Mais je peux vous dire une chose,
03:32vous mangerez ce que vous avez apporté.
03:33Et si nous n'avons rien apporté ?
03:35Eh bien, vous ne mangez rien du tout.
03:36Ah, c'est possible.
03:37Ah, malheureusement, c'est certain.
03:40Et vous avez faim ?
03:41Horriblement.
03:42Oui, mais vraiment faim, enfin, je veux dire,
03:44une grosse envie de manger.
03:45Si tu ne mange pas, je sens que je vais m'évanouir.
03:47Ah, ça me fait peine.
03:48Non, réellement, ça me fait peine, seulement,
03:50qu'est-ce que vous voyez ?
03:50Moi, je n'ai rien à vous donner,
03:51tout ce que j'avais été pour le chien.
03:53Mange, ma belle, mange.
03:54Oui, merci, monsieur, vous tenez bien un restaurant.
03:57Voyons, c'est écrit, voyons, restaurant, oui.
03:59Oui, oui, à vos clients.
04:00Qu'est-ce que vous leur vendez ?
04:01Oui, oui, oui, à vos clients.
04:01Qu'est-ce que vous leur vendez ?
04:03Ça, c'est pas bon, ça ?
04:12Dites-le que c'est pas beau.
04:15Même la centenaire, là.
04:16Qu'est-ce que c'est pas beau ?
04:18Eh oui, c'est beau, c'est très beau,
04:20mais nous avons faim.
04:21Écoutez, monsieur, vous êtes arrivé ici
04:23depuis dix minutes, vous ne parlez que de manger.
04:26Mais vous ne pensez donc à ça.
04:27Dans un restaurant, c'est bien naturel.
04:29Oui, mais ici, monsieur, ce n'est pas un restaurant véritable.
04:31Ici, c'est un paysage.
04:33Les clients mangent des yeux.
04:35Dites-moi, ça va vous faire une omelette ?
04:37Oui, madame, oui, oui, je sais faire une omelette.
04:39Seulement, je ne contendirai jamais à la servir.
04:43Une omelette, moi, un cuisinier ?
04:45Mais vous êtes aussi folle qu'une autre vieillarde, madame.
04:49Une poularde à la crème, oui.
04:51Une bisque des crevices, oui.
04:53Mais une omelette, oh, madame,
04:55je ne me dérange pas pour une omelette.
04:59Vous vous dérangez bien pour un boulet rôti ?
05:00Oui, autrefois, oui, aujourd'hui, non.
05:03Pour une bouillabaisse ?
05:03Autrefois, oui, aujourd'hui, non.
05:06Mais alors, aujourd'hui, pourquoi vous dérangez-vous ?
05:08Pour rien, je ne me dérange pas.
05:11Mais ne vous dérangez pas.
05:12Ah, donnez-moi des oeufs, j'irai faire une omelette.
05:15Une omelette, tout ça ?
05:16Dans votre cuisine.
05:16Non, mais, mais dites-le donc, vous plaisantez ?
05:19Laissez remplir quelqu'un dans ma cuisine ?
05:21Laissez toucher mes casserole par les mains d'un amateur ?
05:23Oh, non, madame, non.
05:25Je suis trop passionnément cuisinier.
05:27J'ai compris.
05:29Vous n'êtes pas, vous n'avez jamais été cuisinier.
05:32Je suis, monsieur.
05:33Je suis l'ancien chef cuisinier de l'hôtel de Noailles,
05:36du Splendide et de chez Oran.
05:38C'est moi, monsieur, qui ai retrouvé la recette
05:40du faisant farti à l'ancienne.
05:42Recette perdue depuis des siècles.
05:44Recette que j'ai rajeunie en incorporant dans la farce.
05:47Quinze gouttes de pèvre d'ail.
05:49Recette inscrite sous mon nom au livre d'or de la cuisine française.
05:52Et je ne suis pas cuisinier.
05:55Mais pendant trente ans, monsieur, moi qui vous parle,
05:58j'ai médité devant mes fourneaux.
06:00Et je fondais en méditant.
06:02Et je méditais en fondant.
06:04J'ai rôti l'oua de Mordira.
06:05Après la dinde de Noël et les bécasses de janvier
06:08et les alouettes d'automne,
06:10il avait chaud dans leur petit manteau de l'art.
06:12Mais il avait aussi chaud qu'eux.
06:14Et même plus, madame, et même plus.
06:16Parce que moi, je ne tournais pas.
06:17Je fusais toujours du même côté, toujours par devant.
06:20Et je ne suis pas cuisinier.
06:23Si nous étions au bain de mer,
06:25vous pourriez le voir, les deux fasses.
06:26Je suis tout plissé, tout ridé, tout rôti.
06:30J'ai le nombril, craquant comme une croquignole.
06:32Et vous venez me dire ici, sous mon platane,
06:35que vous ne suivez pas cuisinier.
06:38Oh, c'est dur, monsieur, ça.
06:40C'est dur.
06:41Oui, c'est dur.
06:45Il est peut-être cuisinier, qui sait.
06:47Tout ce que dit monsieur est très joli,
06:49mais il vaudra bien mieux qu'il donne des preuves.
06:51Des preuves ? Il vous faut des preuves, madame.
06:53Alors, nous sommes ici à la cour d'assises.
06:55Ah, vous voulez des preuves ?
06:57Eh bien, vous en aurez.
06:58C'est donné ? Bien.
06:59Et voilà, ce n'est pas plus difficile que ça.
07:08Pieds et plaquets à la mode provençale.
07:27Pieds et plaquets à la mode provençale.
07:34Silence. Approchez votre oreille.
07:38Ecoutez.
07:42C'est le petit bouillonnement, à peine indiqué, mais continu,
07:46qui mitonne la tripe et ramollit la chair du pied de mouton.
07:52Il y en a dedans de la tripe fraîche,
07:54qui s'est envoyée et cuite par moi, du pied de mouton échaudé par moi,
07:58à une température spéciale et dont personne n'a le secret.
08:07Et maintenant, humez.
08:13Vous... humez ?
08:17Il s'en reste.
08:19Du grand retard.
08:20Aujourd'hui, j'en veux.
08:23Je fais un doucement spécial.
08:25Suis-je un cuisinier ?
08:27Vous êtes un cuisinier.
08:29Alors, chantez-les encore une fois.
08:32Encore une fois.
08:45Suis-je un grand cuisinier ?
08:47Vous êtes un grand cuisinier.
08:49Cet homme est un grand cuisinier.
08:51Inscrivez-le sur le livre d'or de la maison Cigalon.
08:55Cigalon est un grand cuisinier.
08:57Bien volontiers.
08:59Et j'ajoute, merci,
09:01vous voulez grandioses,
09:04caisses et paquettes, si vous voulez.
09:07J'en veux.
09:09Calme-toi, tu en auras !
09:11Allons à vous !
09:13C'est mon repas !
09:15Vous avez voulu voir, vous avez vu.
09:18C'est tout ce que j'ai pu faire pour vous.
09:20Vous n'avez pas la prétention de m'arracher mes tripes de la bouche ?
09:22C'est ma tactique.
09:29De servent de leçon.
09:31Oui, taxicoleuse.
09:39Vous allez manger devant nous.
09:41Si vous restez là, c'est parfait.
09:43À votre place, moi, je ne rentrerai pas.
09:45Ludovic, tu es un imbécile.
09:47Tu te trompes de chemin et tu nous mènes juste ici pour voir un cuisinier.
09:52Ah, voilà le grand reproche.
09:54Un cuisinier qui mange.
09:56Parce que pour ces messieurs dames,
09:58un cuisinier, ça n'a pas le droit de manger.
10:00Pendant 35 ans, je me suis coupé l'appétit,
10:03à goûter la mangeaille des autres.
10:05Et bien maintenant, c'est fini.
10:07Je ne marche plus.
10:09Maintenant, je m'assois à la meilleure table
10:12et je mange le meilleur plat.
10:14Un plat fait pour moi, spécialement.
10:17Oui, eh bien, monsieur, c'est répugnant.
10:19Je vais écrire au syndicat des restaurateurs.
10:20Je vais déposer une plainte.
10:23Une plainte circonstanciée.
10:25Le syndicat de la psychologie.
10:27Quoi, misérablement meurt ?
10:28Brut !
10:29Si tu n'étais pas si grotesque,
10:30tant pis, je ne rirais pas de toi.
10:32Qui ? Grotesque ? Moi, je suis grotesque.
10:34Grotesque de patience et de bonté.
10:37Grotesque d'avoir épousé madame,
10:39une femme méchante et bornée.
10:40Bien, mon enfant.
10:41N'écoutons pas l'embrute déchaînée.
10:43Oui, oui, c'est ça.
10:44Allez-vous-en.
10:47Oh, savez-vous ce que c'est, monsieur ?
10:49D'être rivé à une femme à carrière et à demi folle.
10:53Savez-vous ce que c'est, monsieur ?
10:55Que de manger des pieds paqués
10:58au milieu d'une bande d'imbéciles
11:00qui se foutent des calottes ?
11:02Eh bien, monsieur, c'est une chose intolérable.
11:04Et je ne peux pas la tolérer.
11:05Allez-vous-en.
11:08Allez-vous-en.
11:10Allez-vous dans un autre restaurant.
11:12Moi, j'entends qu'on me fiche à la paix.
11:14Car je ne demande rien à personne.
11:16Et j'ai bien le droit de me reposer chez moi.
11:18Surtout en dimanche. Allez.
11:19Bien, venez.
11:31Merci pour l'accueil charmant.
11:32Merci pour la bonne cuisine.
11:36Merci pour l'agréable journée.
11:39Nous nous vous enverrons tous nos amis.
11:42À bientôt.
11:44Oh, merci à vous.
11:54Les paquets sont extraordinaires.
11:57Tiens que toi pour les faire comme ça.
11:59Mon secret.
12:01Mon secret.
12:03Mon secret.
12:05Ah, tout de même, c'est triste.
12:07Je pensais que tant je serais mort,
12:09plus personne, plus jamais personne,
12:12ne pourra manger les pieds comme ça.
12:14Ton secret.
12:16Je comprends que tu le gardes.
12:18Mais quand même, tu pourrais le mettre sur ton testament.
12:21Non, non.
12:23Mon secret, c'est le degré de l'ébullition.
12:25Le numéro juste de ce degré.
12:29Et ça, je ne l'ai jamais dit à personne.
12:32Pas même à toi.
12:34Je ne veux pas le dire.
12:35Le secret mourra avec moi.
12:38Eh bien, tu n'as pas raison.
12:39Ça me fait plaisir de n'avoir pas raison pour une chose.
12:43Parce que comme j'ai toujours raison pour tout,
12:46ça me fera une petite faiblesse sympathique.
12:49Puis comme ça au moins, le bon Dieu aura quelque chose à me pardonner.
12:52Mme Stoff, qui s'amène ?
12:58Bonjour.
13:00Bonjour, Mme Stoff.
13:02Bonjour, Mme Stoff.
13:04Bonjour, Mme Stoff.
13:06Mlle, s'il vous plaît.
13:08Ah oui, pardon, excusez-moi.
13:10Alors, vous êtes montée faire un petit tour à la campagne ?
13:12Oui, je suis montée avec mon neveu, Virgile.
13:14Il vient du service militaire, lui.
13:17Eh bien, dis bonjour, Virgile, alors.
13:18Bonjour.
13:19On l'a pris au service militaire.
13:21Ils m'ont gardé pendant un an.
13:23C'est pénible.
13:25Seulement, ça vous a pas la vie.
13:26Ça vous est dégourdi.
13:28Ah oui, c'est pour ça qu'il avait dégourdi, oui.
13:30Asseyez-vous un peu, si vous avez le temps.
13:32Eh oui.
13:33Alors, cette blanchisserie, ça marche toujours.
13:36Il y aura toujours des linges sales, pas vrai ?
13:39Ça fait qu'il y aura toujours des blanchisseuses.
13:41Ah, mais pour moi, c'est fini.
13:42Qu'est-ce que vous nous dites ?
13:43Oui, oui.
13:44J'ai vendu mon petit magasin.
13:45Oui, oui.
13:46Je veux plus être blanchisseuse.
13:47Oh, et qu'est-ce que vous allez faire ?
13:49Je suis venue vous voir, vous, pour une question délicate.
13:54Assieds-toi, Virgile.
13:56Vous allez même prêter de l'argent ?
13:57Oh, non !
13:58Tant mieux, parce que je ne vous en prêterai pas.
13:59Oh, merci quand même, nana.
14:01De l'argent jamais.
14:03Voilà, je vous connais depuis longtemps, pas vrai.
14:05C'est pour ça que je suis venue vous dire ce que j'allais faire avant de le faire.
14:09Mais qu'est-ce que vous allez faire ?
14:10Comme je ne veux plus prendre de blanchisserie,
14:12il m'est venu dans l'idée d'ouvrir un restaurant.
14:15Un restaurant ?
14:17Bravo.
14:18Bravo.
14:19Une femme intelligente.
14:20Une femme qui va faire plaisir au monde tout en gagnant de l'argent.
14:24Et cette femme qui va ouvrir un restaurant,
14:27savez-vous à qui elle va s'adresser ?
14:29À moi.
14:30Ha, ha, ha !
14:31Si, alors, bravo, bravo, bravo !
14:33T'es !
14:34Elle est drôle.
14:35Oui, c'est vrai.
14:36Ah, c'est la moindre des choses que je m'adresse à vous.
14:39Ah, oui.
14:40Tous les conseils que vous voudrez, vous avez,
14:42est précieux, hein ?
14:43Précieux.
14:44Parce que toute ma vie, j'ai pensé, moi, à cette question.
14:49S'il avait été journaliste, on aurait fait aller des articles.
14:52Eh, alors, voyons les choses d'un peu haut.
14:57Si c'est un restaurant de luxe, sur la Cadebière,
15:00n'est-ce pas ?
15:01Oui, alors ça, ça, c'est une affaire.
15:02Si c'est sur le port, ça n'est qu'une autre.
15:04Si c'est au quartier d'Handoum, alors là, c'est une nuance particulière.
15:08Ah, si c'est au chemin d'Echarpeux, alors là, c'est encore plus simple.
15:12Parce que je connais tout le monde, n'est-ce pas ?
15:14Je connais leurs goûts, leurs habitudes, la température,
15:16les odeurs, même le climat.
15:18Suivez-moi bien, hein ?
15:19Oui, très bien.
15:20Mais d'abord, en tout la première des choses.
15:23Dites-moi bien où c'est ?
15:25C'est ici.
15:27Comment ici ?
15:28Vous voulez nous acheter le restaurant ?
15:30Oh, non !
15:31Je veux en ouvrir un autre.
15:33Comment ?
15:34Ici, dans le village ?
15:36Dans le village de mon restaurant spécialité de conserve ?
15:39Pourquoi ça ?
15:40Un restaurant ?
15:42Un restaurant où on mange ?
15:44Un restaurant où on mange ?
15:45C'est !
15:47J'ai loué la maison de Toine.
15:49J'ai commandé les réparations à Marie-Due,
15:51qui commence le même à Thènes.
15:52Et c'est pourquoi je vous en parle.
15:54J'en ai entendu dire, tu sais, des choses dans ma vie.
15:57J'ai entendu des insolences, des impertinences,
16:00des calomnies, des cochonneries, des saletés.
16:03Mais une impudence aussi criminelle, ça n'a jamais !
16:06Non, ça allons le promettre !
16:08Oh, bonjour !
16:09Ah, bonjour !
16:10Ah !
16:11C'est galop !
16:12C'est beau !
16:13Oh, je...
16:14Oh, je...
16:15Je me coupe les pieds, les pieds, les pieds, les paquilles !
16:18Oh, voilà !
16:21Oh, mon coquin de mon Dieu !
16:23Ça va bien !
16:24Oh, oui !
16:25Reprends-y, Orange !
16:27C'est bien, là, là !
16:28Oh, nous ferez ça à nous !
16:30Oui !
16:31Notre ancienne blanchisseuse !
16:32Mais ne vous pensez pas, voyons !
16:34Vous emballez pas !
16:35Laissez-moi vous expliquer !
16:36Depuis quelques mois, je vois qu'il vient pas mal de monde par ici.
16:39Le dimanche, surtout.
16:41Et vous vous refusez toujours de servir les clients.
16:43Alors, qu'est-ce que ça peut vous faire que je les serve, moi ?
16:46Vous y perdrez rien, voyons !
16:48Tenez, je poserai même une condition à mes clients.
16:51Je leur dirai, je ne peux pas vous servir tant que vous n'aurez pas été refusés par Figalon.
16:55Et ils viendront tous chez vous se faire refuser.
16:58Je vous le promets.
16:59Je vous enverrai tous mes clients.
17:01Ah !
17:02Ces clients !
17:03Attention de blanchisseuse écurie !
17:04Elles croient déjà voir arriver les clients.
17:06Ce bon bon restaurateur !
17:09Oh, tenez !
17:11Ça me fait crever de rire, mon salle-salle-salle.
17:14Ça me fait rigoler.
17:15Oh, mais si vous rigolez, ça ne se voit pas beaucoup, hein !
17:17Et puis dites, c'est pas une écurie !
17:19Il ne faut pas dire que c'est une écurie, parce que ce n'est pas une écurie.
17:22Moi, j'ai été garde des écuries.
17:24Alors, une écurie, je sais ce que c'est.
17:26Toi, tu as le droit de confondre.
17:28Parce que pour un âne, une écurie, c'est un restaurant.
17:31J'ai une salle à manger de 20 mètres sur vie.
17:34Éclairage électrique.
17:36Et sur le derrière, une terrasse avec des tonnelles.
17:39Des tonnelles ?
17:41Oui, madame, des tonnelles pour les amoureux.
17:43Des tonnelles.
17:44Des tonnelles pour des amoureux.
17:47Ah, c'est du propre, ça.
17:49Ah oui, c'est du propre.
17:51Alors, en restaurant, on apporte son bistec.
17:53Il y aura une grosse lanterne aussi sur la porte.
17:55Ah, c'est joli, tenez ça.
17:57Ça nous manquait, parbleu.
17:59C'est une barterie de cuisine de 4000 francs.
18:01Et qu'est-ce qui fera la cuisine dans cette espèce de restaurant ?
18:06Moi ?
18:07Oh, non, ça, non, ça, c'est fou.
18:10C'est le délire des vieillards, ça.
18:13Il y a même plus de quoi se fâcher.
18:16C'est ça, ne vous fâchez plus.
18:18Malheureuse.
18:19Savez-vous la différence qu'il y a entre une daube cuite,
18:23dans une cocotte ou dans une marmise d'aubagne ?
18:26Je ne sais pas.
18:27Mais non, je ne sais pas.
18:28Et savez-vous faire, madame, le minestrone milanaise ?
18:31Je ne sais pas.
18:32Et la sauce comme berlan aux fumées de gibier.
18:35Et la queue de bœuf à roche-peau.
18:37Hein ? Répondez.
18:38Je ne sais rien de tout ça, moi.
18:40Oh, je reconnais que vous, vous savez tout faire.
18:42Oui.
18:43Seulement, vous ne faites jamais rien.
18:44Et puis, je comprends qu'un bon restaurant gagnerait bien sa vie.
18:48Et...
18:49J'en ouvre un, voilà tout.
18:50Le restaurant existe !
18:52Mais puisque vous ne voulez pas servir les clients,
18:54qu'est-ce que ça peut vous faire que je leur donne à manger ?
18:56Vous y perdrez pas un sou.
18:57Oui, madame, moi, je me fous des sou, parce que j'en ai.
19:01Mais c'est l'honneur qui est en jeu.
19:03Je suis restaurateur, madame.
19:05Que je restaure ou que je ne restaure pas, je ne veux pas de concurrence.
19:10Si vous avez la prétention d'ouvrir cette mangeoire, je vous ruine.
19:15C'est ce que nous verrons, monsieur.
19:17Moi, j'étais venue vous avertir dans politesse.
19:19C'est ça ? Une politesse ?
19:21De venir vous insulter chez nous ?
19:23Qu'est-ce qui vous insulte ?
19:24Comment ?
19:25Vous venez à notre table dite à midi, à l'heure des pieds paqués,
19:28pour nous porter une déclaration de guerre,
19:30et vous appelez ça une politesse.
19:32Mais dites-moi, madame, est-ce qu'on pourrait savoir
19:35également le jour et l'heure où vous les allumerez,
19:37les fourneaux de votre écurie ?
19:39Oh ! Je n'ai rien de caché.
19:41Ce sera vers le 10 juillet.
19:42Le 10...
19:43Dans deux mois.
19:44Dans deux mois, nous avons le temps de nous défendre.
19:45Et maintenant, filet !
19:46Ne restez plus ici une minute de plus.
19:48Je ne veux pas que vous me voliez mes secrets de cuisine.
19:50Sidonie, couvre vite les pieds paquets,
19:52pour qu'elle en sente pas odeur.
19:53Moi, je sais rien, je suis arrumé.
19:55Oh, retirez-vous, allez !
19:56Audacieuse, retirez-vous, je ferme tout de suite.
19:58Oh, vous n'aurez pas la peine de le fermer.
20:00Oui, c'est vous qui est madame, pas curé, dites-moi !
20:02Non, vous n'aurez pas la peine de le fermer.
20:03Un restaurant qui n'a jamais été ouvert.
20:05Jamais-je, c'est où ?
20:06Retirez-vous, au vipers !
20:07Je ne rouvrirai le restaurant.
20:08Le même nom comment ?
20:09À la même heure !
20:10C'était numéro 1.
20:11Le même nom !
20:12Le même nom !
20:13Le même nom !
20:14Le même nom !
20:15Le même nom !
20:16Le même nom !
20:17Le même nom !
20:18Le même nom !
20:19Le même nom !
20:20Allez, curie !
20:21Allez, curie !
20:22Oh, mais...
20:23Alors, Marc-Omer, regarde-toi,
20:25dans une glace, ça va !
20:26Il y a eu un stupide.
20:30Fermez pour cause de mise au point !
20:34Hum !
20:35Bien.
20:36Madame !
20:37Monsieur !
20:38Je voudrais vous parler.
20:39Monsieur, vous écoute.
20:40Madame, je s'irai pas.
20:41Je serai pas.
20:42Madame.
20:43Monsieur ?
20:44Je vais vous parler.
20:45Monsieur, je vous écoute.
20:46Madame, je serai pas.
20:47Madame, je serai pas.
20:48Monsieur.
20:49Je serai pas.
20:50Madame, je serai pas.
20:51Madame, je voudrais vous parler.
21:03Monsieur, je vous écoute.
21:05Madame, je tiens à vous dire que je suis prête.
21:07Prêt à quoi ?
21:08J'ouvre demain.
21:10Moi aussi, et je suis prête.
21:12Vous êtes prête à servir du saucisson, des olives, des anchois, de la salade,
21:16et peut-être de temps en temps, les jours de fête, un œuf sur le plat.
21:20Mais vous, vous êtes prête à réciter des recettes de cuisine sans jamais faire manger personne.
21:24Madame, j'ai une proposition à vous faire.
21:27Mais je préférerais vous parler à l'intérieur de la gargotte.
21:30Monsieur, le restaurant n'est pas encore ouvert.
21:34Et je ne veux pas qu'on me dévisage avant le jour de l'inauguration.
21:37Bon, je m'assois ici.
21:41Madame, écoutez-moi bien et asseyez-vous donc pour m'écouter.
21:45Vous êtes venus chez moi, dans mon village à moi, près d'un restaurant à moi,
21:53ouvrir une gargotte à vous.
21:56J'aurais pu me mettre en colère.
21:58Oh, c'est ce que vous avez fait.
22:00Vous avez failli vous étrangler.
22:01J'aurais pu vous étrangler, vous.
22:03Oui, je ne l'ai pas fait.
22:04Merci bien.
22:05J'aurais pu faire au celui qui ne s'en aperçoit même pas et qui en rit simplement.
22:09Oui, simplement.
22:10Et qui rit de le pas sans apercevoir.
22:12Eh bien, ça non plus, je ne l'ai pas fait.
22:15Votre ridicule entreprise, je l'ai prise au sérieux.
22:18Voilà la vérité.
22:19Oh, pour une écurie, vendredi 106 ans.
22:22D'âme, madame.
22:23Pourquoi?
22:23106 ans, d'âme.
22:25Mais passons.
22:26Je l'ai prise au sérieux, pas pour la chose et le même.
22:29J'ai été frappée par le formidable filot, par l'immense toucher que vous avez eue.
22:35Cette gargotte.
22:36Ce n'est pas une gargotte.
22:37Je vais te le dire, ce n'est pas une gargotte.
22:39C'est un défi.
22:40Ce défi, je l'ai relevé.
22:42Depuis deux mois, madame, je travaille le jour.
22:45Et la nuit, je passe.
22:47Et ce matin, dans mon restaurant remis en oeuvre, je me suis dit,
22:50Cigalon, cette femme audacieuse, tu vas l'écraser.
22:54Écraser?
22:54Oui.
22:55Et comment?
22:55Comme une punaise.
22:56Ah, mais ça c'est gentil.
22:58Oh, vous êtes poli.
22:59Ils n'ont pas à dire, vous êtes un bon jeune man.
23:01Et puis?
23:02Et puis, regardez autour de moi, les murs peints, les tables dressées, les fleurs dans les vases, un tourne-broche réglé comme les chronomètres de marine, et les grandes casserole de cuivre qui faisaient le garil sur le mur d'en face.
23:15Mais oui, madame, à tel point qu'en me promenant dans ma cuisine, je faisais des éclipses de casserole.
23:20Et ensuite, j'ai regardé le chef, là, dans son costume de grand cuisinier, la broche d'une main, l'arbre de l'autre, et je n'ai pu m'empêcher de dire,
23:28Voilà un chef qui a de l'allure.
23:31Vous avez envergé un chef?
23:32Non, je me regarde dans où, là.
23:34Et à ce moment-là, j'ai pensé,
23:36Si, allons, te voilà réveillée dans mon sommeil, te voilà rajeunie de dix ans, et ce triomphe, à qui le dois-tu?
23:44Au défi de ta voisine.
23:46Et cette voisine, tu vas l'écraser?
23:48Non.
23:49Pourquoi?
23:49Parce que tu ne le peux pas.
23:50Oh, pauvre, pauvre enfant, mais non, je ne veux pas t'écraser.
23:55Parce que je te dois des remerciements, au contraire.
23:57Oui, madame Toff, oui, oui, je vous remercie, madame, je vous remercie, oui, oui, je vous remercie.
24:02Non, à votre service, là.
24:04Oh, vous savez, c'est possible que vous ayez monté un joli restaurant, mais demain, vous verrez ma petite envergne.
24:09Plaisanterie, fantaisie, écurie, saucisson d'âne, non, donc je vous remercie.
24:14Et non seulement je vous remercie, mais encore...
24:15Encore quoi?
24:16Tenez-vous bien à votre service, ne pleurez pas et ne criez pas.
24:19Je vais vous faire une proposition extraordinaire, et je vous la fais, parce que je suis bon.
24:24Eh bien, vous gênez pas, faites-vous plaisir?
24:26Mais c'est à vous, Virginie, que je vous ferai plaisir.
24:30Virginie, je vous épouse.
24:34Oh, non, vous êtes un fou.
24:37Ah, peut-être, Virginie, bonheur.
24:39Vous parlez sérieusement?
24:41Sérieusement et raisonnablement.
24:44Et oui, envisageons, là, maintenant, les avantages de la combinaison.
24:48Cette gargote devient une annexe.
24:51Ils palmeront les jambes bons, les saucissons, nous rangerons les conserves,
24:54et dans une coin, nous mettrons deux ou trois tables,
24:56et ça pour les chauffeurs des grandes gammes,
24:58le personnel, enfin, les parapluies, les oiseaux, etc.
25:01Et nous triompherons dans ce restaurant que je vous le vois,
25:04car nous sommes fait l'un pour l'autre.
25:06Nous nous compléterons admirablement.
25:09Je combinerai les menus.
25:10Je pèlerai les patates.
25:11Je irai recevoir les clients.
25:12Moi, je laverai les parquets.
25:13Voilà, je ferai la conversation.
25:15Et moi, je ferai la vaisselle.
25:17Ce sera le couple idéal.
25:19Mais oui, je viens d'en parler à ma sœur.
25:21Elle est ravie de ça, parce que dans le fond, vous savez,
25:23elle vous aime bien.
25:25Mais moi aussi, Virginie, je vous aime bien.
25:28Première nouvelle.
25:28Non, pas première nouvelle.
25:31Rappelez-vous, cette jeune et fraîche blanchisseuse
25:33qui venait dans la vaste cuisine d'un grand hôtel,
25:37cherchait les tocs et l'établir le cuisinier
25:39pour nous les rendre blancs comme au neige.
25:41Un jour, un jeune rôtisseur l'invita à passer une journée à la campagne.
25:46Elle l'enfusa, catégoriquement.
25:48C'est mon plus joli souvenir d'amour.
25:51Virginie, donnez-moi votre main.
25:54Non.
25:55Non?
25:56Non.
25:56Pourquoi non?
25:57Si je comprends bien, alors vous ne voulez pas m'épouser?
25:59Non, de tout mon cœur.
26:00Mais malheureuse, venez voir mon restaurant.
26:02Non, monsieur.
26:03Oui.
26:04Maintenant, c'est à moi de parler.
26:05Ah oui, je comprends.
26:06Vous ne me prenez pas au sérieux.
26:08Vous avez cru peut-être que je plaisantais.
26:09Que vous plaisantiez ou non, ça m'est égal.
26:11Je ne veux plus me marier.
26:12Ha!
26:13Des hommes, j'allais pas dessus la tête, alors.
26:15J'ai été mariée deux fois et même deux fois et demi.
26:17Et demi?
26:17Oui.
26:18J'ai eu deux maris et une faiblesse.
26:21Mon premier, il m'a pris mes sous.
26:22Mon second, il m'a pris mes sous.
26:24Ma faiblesse m'a vendu mes meubles.
26:25Alors vous comprenez que je les connais, les hommes.
26:27Oui, mais vous me comparez, moi, Sigalons?
26:29Oh, Sigalons, je vous compare.
26:30Et je vous trouve pire que les autres.
26:32Parce que vous, en plus, vous êtes fous.
26:34Je suis fous.
26:35Fous.
26:35Que vous êtes fous.
26:36C'est vous qui êtes fous.
26:37Oh, vous passez votre temps à vous admirer.
26:40Vous avez toujours tout de plus beau que les autres.
26:42Ah non, je ne pourrais pas vous supporter cinq minutes.
26:44Et puis, je comprends très bien la manœuvre.
26:47Et je sens parfaitement la vitesse du vent.
26:49C'est-à-dire?
26:50Mon auberge vous fait peur, monsieur Weyper.
26:53Vous savez très bien que le restaurant ne peut pas vivre ici.
26:55Et que l'auberge aura toute la clientèle.
26:57Alors, ça vous baisse tellement
26:58que pour supprimer la concurrence,
27:00vous seriez capable de m'épouser.
27:02Eh bien, je ne marche pas, monsieur.
27:04Rentrez vos discours.
27:06Allez faire des éclipses, si ça vous fait plaisir.
27:08Moi, je ferai des omelettes.
27:10Vous êtes saine de corps et d'esprit.
27:12Absolument.
27:12Et vous refusez d'épouser Sigalons?
27:15Oh, madame, laissez-moi vous dire.
27:16Laissez-moi, qu'est-ce que vous vous croyez?
27:18Vous vous prenez pour quelqu'un, par hasard?
27:19Mais laissez-moi vous dire.
27:20Un marteau qui vit sur les croix de sa sœur
27:22et qui touche par les casseroles de peur de se faire des amourgoules.
27:24Mais laissez-moi vous dire.
27:25Un méchant qui se met au travail pour ruiner l'honnête femme.
27:28Laissez-moi vous dire.
27:28Oui, je l'ouvrirai dans l'auberge.
27:30Et le jour de l'ouverture, j'aurai dix fois plus de client que vous.
27:32Laissez-moi vous dire.
27:33Venez, si vous faites la moitié de la recette,
27:35je suis prête à vous épouser.
27:36Mais laissez-moi vous dire.
27:37Quoi?
27:38Voyez!
27:39Adieu, madame.
27:47Avis, madame, temps,
27:49puissiez savoir au public
27:51et à la population du village.
27:53Ce dimanche prochain,
27:55elle fera l'ouverture de son auberge.
27:57Ce sera une auberge où l'on mange.
27:59Confort, sonnel, électricité,
28:02très modérée, qu'on se le dise.
28:07Madame, la guerre est déclarée.
28:12Madame, je t'étrangerai.
28:21Bonjour, chère madame, ta fille.
28:39Bonjour, monsieur inséciteur.
28:40Alors, il a du monde?
28:42Oh, pas le chat.
28:44Il n'y a plus que de trame.
28:45Un à midi, l'autre à une heure.
28:46Il doit être dans une colère folle.
28:48Il a vu tous les clients lui passer sous le nez.
28:50Et vous, que bien avez-vous?
28:52Dans les neufs sur la terrasse et cinq ici.
28:55Et c'est pas fini, j'espère.
28:57Parce que ceux qui sont sur la terrasse,
28:58c'est des excursionnistes.
29:00Ils m'ont commandé.
29:01Tout ce qu'ils m'ont commandé,
29:02c'est de l'eau filtrée.
29:03Voilà ceux du temps de midi qui arrivent là, hein?
29:22Oh, sur la tête une hostellerie, merci bien.
29:25Allons-en fête, il n'y a pas de guignoles,
29:26mais on doit y manger beaucoup mieux.
29:29C'est encore un coup de fusil, là.
29:33Allez-y, messieurs, allez à l'auberge.
29:37Allez manger l'omelette au pétrole,
29:40la grippe morte en cale et le saucisson d'âne.
29:43Rappelez-vous que dans le pays, il n'y a pas de pharmaciens.
29:46Et pour acheter de l'hélic-sir parégorique,
29:48il faut courir deux kilomètres à pied, au moins.
29:51C'est beau, carnaval.
29:52Cuisineur des regardeurs.
29:54Non, rien ne remplace le beurre.
29:57Pour faire la cuisine, il faut un cuisinier.
30:00On peut devenir blanc-fisseuse.
30:03Mais il faut naître cuisinière.
30:13Au fond, tu as raison.
30:14Vous savez que tu voyages, que tu changes d'air.
30:17Je ne peux pas, il n'y a pas de rhum.
30:19Alors, il te prendra l'impôt.
30:21Non.
30:22Non, je sais d'un endroit où je serai tranquille.
30:24Là, en prison.
30:26Ça peut-être.
30:27Parce que je vais te dire.
30:30En prison, les gardiens t'empêchent de sortir.
30:39Mais ils t'empêchent aussi les autres d'entrer.
30:41Alors, suppose que j'en prenne pour six mois.
30:42Quand je sortirai,
30:44voilà, plus à l'équilé.
30:45C'est possible.
30:46Mais d'entrer en prison quand on veut,
30:47c'est pas si facile que ça.
30:48C'est de même plus facile que d'entrer polytechnique, oui.
30:52Ça, peut-être.
30:53Mais pour entrer en fin, là où tu dis,
30:56on peut en sortir quand on veut.
30:58Tandis qu'en prison,
31:00tu en demandes pour six mois,
31:01on t'en colle pour cinq ans.
31:02Ça dépend de ton président.
31:03Mais ça dépend tout de même aussi du délit.
31:05Il y a un maximum pour toutes choses.
31:06Moi, je sais où je vais, moi.
31:08Moi, j'ai mon truc.
31:09Voilà la tir, hein.
31:11Non.
31:12Grimellerie.
31:13Qu'est-ce que c'est ?
31:13Tu vas manger dans un restaurant
31:15et après, la bonne vieille fille,
31:17tu dis, j'ai pas le rang.
31:19Et le patron appelle la police.
31:21Il te prend 15 jours avec ce fils.
31:23La première fois, oui, mais la troisième.
31:25Tu as déjà fait ça ?
31:26Et je vais le refaire aujourd'hui.
31:27Même si tu veux, je t'invite.
31:28Tu mangeras à l'oeil.
31:29Bon, je dirais que je t'ai invité.
31:31La police pourrait me te dire.
31:32Oui, mais le patron,
31:33avant d'appeler la police,
31:34il appelle tous ses garçons
31:35et la fête commence par des coups de poing dans la gueule,
31:38des grands coups de pied dans les fesses.
31:39Non, j'aime mieux ne pas être là.
31:41Mais sur les coups de deux heures au moins d'un,
31:42je penserai à ton pauvre petit derrière.
31:46Ça me fera de la peine, ça, je te le jure.
31:47J'aurai à peine à la force d'en rigoler.
31:50Ça rigole.
31:51Tu as choisi ton restaurant ?
31:53Non, mais j'ai choisi ma prison.
31:56J'aime bien Céledec.
31:57C'en est bien.
31:58Ah, pas si bien qu'à Melun.
32:00Tu sais.
32:01Ne parle pas des choses que tu connais pas.
32:03Tu es allé, toi, à la prison de Melun ?
32:04Non.
32:05Eh bien, Melun, c'est un palace.
32:06C'est peut-être encore mieux qu'à Fondé Neblot.
32:08Peut-être, mais...
32:10Qu'est-ce que se parleront pour le voyage, dis-donc pas ?
32:11Il me reste 50 ans de valeur.
32:12Non, non, je vais prendre un taxi
32:14et je chercherai une hostellerie sur le bord de la route.
32:18Une hostellerie, tu sais ?
32:19La providence me l'indiquera.
32:23Ça ne sera pas la providence pour le patron.
32:25Oui, mais tant pis pour lui.
32:30Chauffeur !
32:35Ciao, Bicot.
32:37Ciao.
32:40Oh !
32:41Oh !
32:42Dans le restaurant où tu vas,
32:44si les garçons sont comme ça,
32:46il n'y va pas.
32:47Oui, ça va.
32:48Ah, ah !
32:49Ah, oh !
32:49Le pentadon a une grosse cloque !
32:59Oh, coquin de cloque !
33:00Oh, po de merde !
33:01Ah, parble de tournebroise,
33:06il a dit un pentadon de 30 francs.
33:09Et on régale encore.
33:11Celui qui le mangera,
33:12il s'en serait le chalou, alors.
33:14Celui qui le mangera,
33:15il semble pas trop pressé d'arriver.
33:17Il viendra, il viendra quand on fait fuir une volaille de haute naissance comme celle-là.
33:22Devant un beau feu de serment comme celui-là.
33:25Mais il se passe une chose mystérieuse.
33:27Cette rôtissante volaille envoie la nouvelle aux gourmets du département.
33:31Alors ils ouvrent autour de leur marine,
33:33ils flèrent le vent,
33:34ils partent et ils arrivent.
33:36C'est midi juste et ils sont pas encore arrivés.
33:39Maintenant, le prochain tram passe en bas une heure.
33:42Le prochain tram ?
33:43En quoi ça nous intéresse, les trams ?
33:45Est-ce que tu t'imagines
33:46qu'un véritable gourmet voyage en tram ?
33:48Oh, ma pauvre fille !
33:50Quand on est gourmets de la bouche,
33:52on est aussi gourmets des fesses.
33:54On ne va pas se les meurtrir sur une banquette de bois.
33:56Celui qui doit manger cette volaille,
33:58il ne peut venir qu'en automobile.
34:00Ici, il en passe pas deux par mois.
34:03Oui, il en viendra l'une aujourd'hui.
34:05Tiens, écoute, la voiture.
34:30Regardez-vous.
34:37C'est un gourmet.
34:40Monsieur !
34:41Monsieur !
34:42Monsieur le comte !
34:44C'est moi qui vous appelez, monsieur le comte ?
34:45Monsieur le comte, vous allez commettre une erreur.
34:48Une erreur indigne d'un homme comme vous.
34:50Je ne vous connais pas, mais je vous devine, n'est-ce pas ?
34:53Monsieur le comte, vous êtes monté tout seul à la campagne
34:56pour faire un bon repas.
34:58Exactement.
34:59Mais alors ne me pas confondre.
35:00Allez, suivez-moi, venez par ici.
35:02Bonheur !
35:03Vous pouvez leur reculir,
35:04dites-moi, vous en êtes honte,
35:05de venir approcher les gens du rapport,
35:06comme vous le savez.
35:07Non, ne faites pas tant tant, monsieur le comte.
35:08C'est ma blancheuseuse.
35:09Venez par ici, venez par ici.
35:11Non, il n'ira pas.
35:12Mais non, il n'ira pas.
35:13Oh, doucement, doucement.
35:14Mais, mais, ne touchez pas, monsieur le comte.
35:17Gargotière, d'abord, qu'est-ce que vous lui voulez ?
35:19Est-ce que vous avez la prétention de lui cuisiner un repas ?
35:21Mais bon, fait de mal.
35:22Mais vous croyez que c'est à force de faire au cuir du linge sale
35:24que vous sauriez faire à la cuisine ?
35:26Mais, monsieur le comte,
35:27la cuisine, mais que c'est faire une blanchisseuse ?
35:29Une sauce à eau de javel,
35:30des lessives de ravioli,
35:32griller les bistecs sur le fer à repasser ?
35:34Non, écoutez, monsieur le comte,
35:36il vaut mieux vous faire blanchir chez moi
35:38que vous nourrir chez elle.
35:39Ne pas confondre.
35:40Suivez-moi, monsieur le comte.
35:41Non, il n'ira pas, il n'ira pas.
35:43Écoutez, monsieur le comte,
35:44il ne vous fera pas manger.
35:44Allez, essayez pas faire la cuisine.
35:46Comment vous m'insultez ?
35:47Éclices !
35:48Ceci s'en donne !
35:49C'est parce que vous êtes habillé en guignol
35:50que vous croyez d'impressionner, monsieur ?
35:52Pour les voir, monsieur,
35:53je ne vous fais pas de scandale.
35:53Venez chez moi, vous voyez.
35:55Il y a du monde qui aura qui qu'à la venez, vous venez.
35:56Mais non, il n'ira pas.
35:58Et puis vous avez eu tort de sortir
35:59avec cette cuillère, madame Toppy.
36:01Mais ça a une peste,
36:02l'huile de foie de morue.
36:03Mais ça sent la graisse de ma gomme.
36:05Non, écoutez, monsieur le comte,
36:06ne reniflez pas ça,
36:08ça va vous gâter votre palais.
36:09Allez, venez, suivez-moi.
36:10Merci, monsieur le comte.
36:11Mergile, écoute, regarde ce qu'il nous fait,
36:13ce malhonnête, là.
36:14Il nous emmène de plus pour que lui, là.
36:15Qu'est-ce qu'il y a, tante ?
36:16Tu vois, monsieur, ben, il venait chez nous.
36:17La vérité, il est vu.
36:18Et ce grand malhonnête, là,
36:20il s'est précipité pour nous dans l'arraché de la porte.
36:22Oh, mais c'est une affaire, qu'il ira loin.
36:24Il y a déjà un témoin, alors.
36:25Moi aussi, j'ai l'ai vu.
36:26Ce monsieur est allé rentrer à l'auberge
36:27et quand l'homme statue, il s'est précipité sur lui.
36:29Faites bien attention.
36:30Il y a deux témoins.
36:32Et nous avons au moins douze témoins
36:33qui sont témoins que nous avons deux témoins.
36:35Vous, monsieur, dites la vérité.
36:37Vous avez l'intention de venir chez nous ?
36:38Mais oui, parfaitement.
36:39Il voulait venir chez vous.
36:41Seulement, dès qu'il a mis le pied sur le seuil de la porte,
36:43ça lui a pris le mal au cœur.
36:44Alors, il veut venir chez moi.
36:45Il ne veut rien du tout.
36:47Il dit rien, alors.
36:48Écoutez, monsieur, ce cigalot, il est riche comme un sortier.
36:51Et il prétend manger le pain dans la bouche d'une beuve, de chère.
36:54Allez, allez, venez.
36:54Moi, j'ai besoin des clients.
36:56Vous venez.
36:56Je vous soignerai bien, vous verrez.
36:58Vous êtes pauvre ?
36:59Je ne suis pas pauvre, pauvre.
37:00Je ne suis pas riche, riche.
37:02Moi, je travaille pour vivre.
37:03Moi, je travaille pour l'art.
37:08Eh bien, réflexion faite, je vais chez lui.
37:11Mais, il va chez le plus riche.
37:13Mais il a raison.
37:14Quand un cuisinier a fait fortune, c'est que c'est un bon cuisinier.
37:17Ben, le bon Dieu le punira.
37:19Il peut déboutonner ses boîtes à l'enavance.
37:21Ça ne se passera pas comme ça.
37:22Mesurons la correctionnelle.
37:23À la courte partie.
37:24Monsieur de voilée, étendeuse de bras de ligne,
37:27estresseuse de chemise.
37:29Craque-le à l'enavance du dimanche.
37:31Ne pas confondre.
37:32Monsieur le Conte n'a pas confondu.
37:36On s'envoie à la public.
37:38On va tout le monde.
37:39Ne plant pas, Tante, ne plant pas.
37:41Le repas, puis moi, je vais manger chez vous.
37:43Et vous mangez mieux que l'autre.
37:45C'est l'emmener, ce qui est sur le feu.
37:51Je pense que je veux confier son chapeau.
37:52Vesquerre, Vesquerre.
37:54Allons, allez, madame du Vesquerre.
37:55Vite, vite, vite.
37:56Prenez bien soin du chapeau de monsieur le Conte.
37:58Monsieur le Conte veut manger.
38:02Et bien manger.
38:03Et bien manger.
38:05Un apéritif.
38:06Comment ?
38:06Je dis un apéritif.
38:08Non, pas d'apéritif.
38:09Dieu ça nous.
38:10L'apéritif, ça gâte la boucle.
38:12Des hors d'oeuvres.
38:14Pas de hors d'oeuvres non plus, non ?
38:15Ce sont des amuse-gueules.
38:17Ça ne sert qu'à couper l'appétit.
38:18Un gourmet.
38:20Enfin, j'en vois un.
38:21Alors, monsieur le Conte, veut-il s'en rapporter à moi ?
38:25Ou veut-il lui-même choisir quelque chose ?
38:29Je m'en rapporte à vous, mon bon ami.
38:30Composez vous-même le menu qui convient à cette saison, à cette belle journée.
38:35Et bien ma figure.
38:36Très bien.
38:37Très bien.
38:37Pour le prix ?
38:39Pour le prix, il n'a aucune espèce d'importance.
38:41En fait, aucune.
38:43Magnifique.
38:44Je ne suis pas intéressé, monsieur le Conte, non.
38:46Seulement, ce qui faut à un artiste, c'est la liberté.
38:48La liberté de composer une oeuvre d'art selon son goût, son instinct et ses provisions.
38:56Monsieur le Conte ne regrettera rien.
38:59Merci, monsieur le Conte, de cette marque de confiance.
39:01Mais j'en suis bien sûr.
39:02Monsieur le Conte ne saura pas voler.
39:05J'en suis encore plus sûr, mon ami.
39:07Je vais y aller à l'automobile.
39:22Si charmant, il est dingueux.
39:24De la mauvaise, ok ?
39:26Mais non, vous levez sur tous tes cochons.
39:28Mais non, tante, mais non.
39:30Écoute, il n'a qu'un seul client.
39:32Tandis que nous, on en a 15.
39:33Qu'est-ce qu'il mange ?
39:34On va en amour, on bat.
39:35Tu meurs, je m'en fous.
39:37Au vu qu'il n'y aura pas ici.
39:39Qu'est-ce qu'ils vont me payer ?
39:40Dix francs chacun ?
39:42C'est des clients pour la tranche de saucisson, deux oeufs sur le plat, une cotonette, un bout de gruyère.
39:47C'est de rien du tout, ça.
39:48Tandis que l'autre.
39:50Hé, pleure pas, tante, pleure pas.
39:52C'est ce qu'il a dû commander, celui-là.
39:54C'est à l'homme, on a jetté deux tas de viande, ça alors ?
39:56Eh bien oui, mais qu'est-ce que tu veux ?
39:58Petit, oh petit, écoute, dis-ci.
40:09Dis-ci.
40:13Tout petit, j'ai envie de te surveiller le monsieur qui mange chez ces galons.
40:16Et chaque fois qu'on lui changera de place, il vient d'envie de me le dire.
40:18Eh, allez, dépêche-toi, cours.
40:20Tu as tort, tante, tu as tort.
40:29Ça va t'augmenter ton chagrin, ça va te faire du mal.
40:32Et puis cet homme, ne t'imagines pas qu'il va manger pour mieux la france.
40:36Il a beau être distingué, il a quand même pas qu'à traversure.
40:43Gouyabès provençal, au poisson de roche.
40:48Un kilo de rascasse.
40:50Des capelans, de la Baudroie,
40:52roucaux, Saint-Pierre et quelques cigales de mer.
40:56Ces poissons, monsieur le comte,
40:57quand on les a mis dans la marmite,
40:59ils remuaient la queue tous ensemble.
41:00On aurait dit des applaudissements.
41:02Applaudissements mérités.
41:03Oh, bien sûr.
41:11Qu'est-ce que c'est que ça ?
41:12Un malgache ?
41:14Non, non, t'as le curieux.
41:15Oh, mon petit, oh, non, non.
41:17Viens, viens, approche, approche vite.
41:19Regarde, tu vois une chose rare.
41:22Tu vois un bon repas,
41:23mangé par un faim gourmet.
41:25Réussite admirable.
41:27Regarde bien,
41:29et souviens-toi.
41:33Et puis...
41:34Merci, monsieur le ventre.
41:35Je vais préparer la suite.
41:36Merci.
41:37Merci.
41:39Merci.
41:41Merci.
41:42Merci.
41:43Merci.
41:43...
42:12...
42:21De la bouillabaisse.
42:22Vergil !
42:23Oh, Vergil !
42:24Il mange de la bouillabaisse.
42:26De la bouillabaisse ?
42:27Alors, c'est un parisien.
42:29Pardon, c'est un parisien.
42:30Je l'avais bien vu, moi.
42:31Quelle est grosse, cette bouillabaisse ?
42:33Il y en a quatre ansiettes.
42:34Pleine de poissons picards.
42:35Pardon, c'est des rafcasses.
42:37Il mange de la bouillabaisse avec des rafcasses.
42:39Il va y compter ça au moins 40 francs.
42:41Pour un parisien, ça en vaut 40 francs.
42:44Bon, il va falloir la diction.
42:45C'est la voilà.
42:46Pourquoi faire ?
42:47Je vais la faire à la diction, moi.
42:48Je vais voir combien il nous a volé.
42:50Bouillabaisse, 40 francs.
42:53Et qu'est-ce qu'il voit ?
42:54Du vin blanc.
42:55Il y a de la cire sur le boulot.
42:57C'est un cire rouge.
42:58Ça y est, c'est du cacheté.
43:00Nous aurions pu lui vendre du cacheté.
43:02Et vous ne l'aurions pris, nous n'en avons pas.
43:04Mais nous avons de la cire.
43:06Quand on a de la cire, on a du cacheté.
43:09Cacheté, 12 francs.
43:1212 francs.
43:13Écoute, petit.
43:14Tu vas retourner chez tes galons, eh ?
43:15Tu t'approcheras du monsieur qui mange.
43:17Bien, bien près de lui.
43:18Et redis le fort pour voir si c'est bon.
43:20Allez, cours.
43:21Il y aura dix sous pour toi.
43:22Dépêche-toi.
43:2320 cachetés, 12 francs.
43:26Et c'est pas fini, eh ?
43:32Le cadon, rôti à la broche.
43:34Légèrement vaporisé avec les victimes de fines herbes.
43:38Rôti foie gras.
43:40Le Toulouse, rôti cigalons.
43:42Salade doucette des prêts.
43:44Et après, musique de scène.
43:46Sidonie, va la chercher.
43:48La musique ?
43:49Oui.
43:50Attendez.
43:51Vous allez voir ça.
43:52Il est à point, hein ?
43:54Qu'est-ce que vous dites de ça, hein ?
43:55Ha, ha !
43:56Et vous, elle ?
43:57Viens tout de suite.
43:59Hé !
44:00Suivez du grand blanc.
44:02Dites-moi, ça doit coûter cher une volaille comme ça, hein ?
44:05Ah, oui, ça.
44:06Si vous la mangez toute, vous la compterez soixante francs.
44:09Je crois que je la mangerai toute, hein ?
44:11Ho, ho !
44:12Ho, ho !
44:13Mais je la mangerai toute !
44:15Ho, ho, ho !
44:16Soixante francs.
44:17Ho, ho, ho !
44:19C'est la première fois que je vois un client aussi joyeux
44:22quand on lui annonce les prix.
44:24Hé !
44:25Moi, le dimanche, rien m'amuse, vous savez.
44:28Voilà.
44:29Il a la musique de scène.
44:31Etaviste ?
44:32Approchez.
44:37C'est un petit Bourgogne, monsieur le comte.
44:40Pas très chargé.
44:42Métraillé.
44:43Très chantant.
44:45Quinze ans de cave.
44:47Il ne fait pas beaucoup de bruit.
44:50T'inquiète.
44:51Il n'est pas très en dehors.
44:54Mais il a une âme.
44:57C'est un vin qui chante et qui danse sur sa chanson.
45:03Il va vous danser sur la langue.
45:05Il va vous caresser la lèvre comme un baiser.
45:08C'est un vin.
45:09C'est un vin.
45:10C'est un vin.
45:11C'est un vin.
45:12Un vin.
45:15Un vin.
45:17Un vin un vin.
45:18Un vin un vin des Turtles ...
45:24Un vin.
45:25Un vin.
45:31Un vin Leeds du Musicent.
45:34Deux.
45:35Un vin ridiculous.
45:36Peu importe.
45:37Cincy.
45:39Tante, un pentadon !
45:49Rien que ça, il a eu coté moins 50 francs.
45:51Oh !
45:52Et dire que nous aurions pu y faire un pentadon.
45:55Allez, tante, sois raisonnable.
45:57Tu sais bien que des pentadons, nous n'en avons pas.
45:59On aurait pu y avoir un perro, hein ?
46:00Mais le quoi ?
46:01Avec le perroquet.
46:02Qu'un c'est plumé, qu'un c'est cuit,
46:04du moment que t'en parlent plus.
46:05Qui sait qui peut voir la différence ?
46:07Un pentadon, c'est une tante francs.
46:10Adam, je vous fais remarquer que depuis un quart d'heure,
46:12nous attendons sur la pierre.
46:14Vous attendez ? Et qu'est-ce que vous attendez ?
46:16Quoi ? Vous en mangez, vous, les pentadons ?
46:18Qu'est-ce que vous croyez que pour dix fois,
46:19on va se mettre à vos genoux, non ?
46:20Vous croyez que je gagne beaucoup
46:22sur ma panche de saucisseur ?
46:23Ha !
46:24De m'en voir ce qu'il fait, elle va, Vergine !
46:25Va vite !
46:26C'est peut-être un choix aux deux olives noires, hein ?
46:29Même quand j'étais dans un grand restaurant,
46:31je n'ai jamais raté le fond des assiettes de la veille
46:33pour faire la farce des ravioles.
46:35Et des cannellonnes, ça, je n'en ai jamais fait.
46:38Pourquoi ? Qu'y a-t-il de particulier dans les cannellonnes ?
46:41Ben, les cannellonnes, monsieur le comte,
46:43c'est un morceau de pâte carrée.
46:45On y roule dedans comme si vous rouillez une cigarette
46:47tous les rebus de la semaine, les viandes gâtées,
46:49les épinards et grilles, les saucisses crevées,
46:51enfin, tout ce qu'il faudrait y jeter, n'est-ce pas ?
46:53En somme, n'est-ce pas ?
46:54Les cannellonnes, c'est une cigarette de bordille.
46:57Et c'est commode ?
46:58Parce que ça nettoie la cuisine.
47:00Ça détruit les restes.
47:01Au lieu de les jeter dans la rue, on les jeter dans les clients.
47:03Ah, mais moi, je n'ai jamais fait ça.
47:05Tandis que j'étais infâme mère sans fille.
47:07Ha !
47:08Ah, ils ont dû en manger, des cannellonnes.
47:10Ah, t'es !
47:11Allez, au petit.
47:12Viens vite, écoute-moi.
47:14Tu vas aller chez la mère toi, tu vas compter le nombre de clients,
47:17tu vas voir ce qu'ils mangent, et puis tu reviendras me le dire, hein.
47:20Il y aura 20 sous pour toi.
47:22Donnez-moi d'abord.
47:23Ah, tu es un méfié à toi.
47:25T'as raison, t'es.
47:26Voilà.
47:27Et bien, je suis déjà allée.
47:28Ah, ha, ha, ha.
47:29Il y a plein de pulsions mises sur la terrasse.
47:31Ouais, bon.
47:32Qu'elle me vole les étures qui disent ça, ça ne me fait rien.
47:35Elle a peut-être la quantité.
47:37Moi, j'ai la quantité.
47:39Et qu'est-ce qu'ils ont commandé ?
47:40Qu'ils ont filtrés.
47:41Des buveurs d'eau ?
47:42Ha, ha, ha.
47:43Ça, alors, c'est bien fait.
47:45Et pour manger ?
47:46Ils vont t'apporter le manger.
47:47Ils vont t'apporter le manger ?
47:49Oh, ça, alors, ça, c'est trop beau.
47:52Bonne précaution.
47:53Ah, madame Toffy blanchisseuse.
47:55Vous avez cru de me couper l'herbe sous les pieds ?
47:58Vous avez cru d'humilier Sigalange ?
48:00Le bon Dieu, madame, vous a puni.
48:02Tiens.
48:03Encore vingt sourires pour ça.
48:05Ça vaut bien.
48:06Ça, ça, oui.
48:07Voilà, tiens.
48:08Et dites-moi, vous m'avez l'air d'en vouloir pas mal à cette dame, hein ?
48:11Bien.
48:12Auriez-vous le mauvais caractère ?
48:14Oh, amie fidèle, serviteur patient.
48:17Seulement, si tu me piques, je te repiques.
48:19Hein ?
48:20Oui.
48:21Et qu'entendez-vous par pliquer ?
48:23Eh bien, répliquer, n'est-ce pas ?
48:25Ça veut dire répondre, se défendre.
48:27Et pliquer, ça veut dire attaquer.
48:29Alors, si tu me piques, je te repiques.
48:31En somme, vous ne pardonnez rien.
48:32Non.
48:33Moi, la méchante, c'était des autres.
48:34Je ne peux pas la supporter.
48:36Les coups de traître comme celui de cette infâme mère Toffy,
48:38je ne sais pas.
48:39Ça m'a meilleure de moi.
48:40Ah, ça me rend fou.
48:41Alors, fou.
48:42Fou, fou.
48:43C'est embêtant.
48:44C'est même inquiétant.
48:46Non, enfin, vous.
48:48Tout de même, vous n'auriez pas jusqu'au bout.
48:51Comment ?
48:52Vous ne seriez pas capable de tuer quelqu'un.
48:54Ah, je ne sais pas.
48:56Franchement, non, franchement, je ne sais pas.
48:59Peut-être.
49:00Enfin, ne parlons pas de ça, je ne sais pas.
49:02Maintenant, les fromages, les folies, la pine et le tigar.
49:06C'est à plus.
49:07Qu'est-ce que vous y tenez ?
49:09Je ne sais pas.
49:10Je ne sais pas.
49:15Monsieur l'Instituteur, je vous jure
49:16que quand ce monsieur s'est avancé là de ma porte,
49:19il était un client.
49:20Je vous jure que je l'ai vu dans tes yeux.
49:22Et toi, Virgile, tu ne l'as pas vu ?
49:24Pour ça, on peut dire qu'il était décidé.
49:26Il nous a fait du regard de client.
49:28Il marchait comme un client.
49:30Et il avait faim, je l'ai vu.
49:32Malgré cet air extrêmement clientesse,
49:34il n'est pas rentré ici.
49:36Et non.
49:37Donc, on ne peut pas dire que Cigano
49:39vous ait réellement volé quelque chose.
49:41Et cette addition de 200 francs,
49:42ce n'est pas une bonne ?
49:43Il m'a volé 200 francs.
49:45Il n'en prend pas le droit, c'est l'enfant.
49:47C'est sûrement les mangeurs dont il est prêt.
49:49Vas-y, Virgile, va.
49:50Portez-y, on a dû la voir.
49:51C'est le capel de tétard.
49:57Et maintenant, monsieur le comte,
49:58comme c'est la première fois que vous venez ici,
50:00je vais vous demander de me faire un grand honneur.
50:03C'est celui de venir visiter Magui.
50:05Mais tout l'honneur sera pour moi, mon bon ami.
50:11C'est par ici, monsieur le comte.
50:13Tu et moi, je suis parti.
50:21C'est la fine.
50:22Qu'est-ce que j'y fous pour la fine ?
50:23Pour la fine, foutez-moi ce que vous...
50:25C'est pas important.
50:26Pardon, monsieur le comte.
50:27Ne faites pas attention.
50:28Ma soeur ne sait pas.
50:29Elle parle au hasard.
50:30Elle est un peu...
50:31Pour la fine, ne la compte pas sur l'addition.
50:33Si monsieur le comte le permet, c'est moi qui l'offre.
50:37C'est d'autant plus logique que vous offrez tout le reste alors.
50:40Il offre quoi ?
50:41Vous l'aurez pas.
50:42Vous l'aurez pas ?
50:43Ha !

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