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Dans cette archive du Journal de 20h de France 2, diffusé le 6 janvier 1999, Johnny Hallyday et Julie Gayet présentent le film Pourquoi pas moi ?. À travers cette interview télévisée, les deux comédiens partagent leurs impressions sur le tournage, l’histoire du film et leur collaboration artistique. Un moment rare et intimiste pour les fans de Johnny et les amateurs de cinéma français.
Transcription
00:00Bonsoir Julie Gaillet. Vous aviez oublié cette scène-là ? J'avais oublié. C'était un baiser de plus.
00:06Oui. Vous étiez posée, vous, la question avant, comme disait Carmen ? Non, mais j'aurais pu me la poser,
00:15mais c'est vrai que dans ma famille, on parle de ça plus ouvertement, je ne sais pas, on ne se l'est
00:20jamais vraiment posée, mais on aurait... Voilà. Je ne sais pas, un jour, on avait dit comment on
00:23sait si on aime une fille ou un garçon ? Et mes parents avaient dit, je ne sais pas, vous êtes
00:28attirée par les filles ou par les garçons ? Quelque chose d'assez naturel, mais je ne me
00:32suis jamais posé la question, j'ai tout de suite été attirée par les garçons. Et quand vous avez lu le
00:40scénario, quelle était votre première réaction ? Génial, c'est la première fois qu'on parle de
00:46l'homosexualité féminine comme ça. Beaucoup plus d'ailleurs, les femmes ont le rôle majeur quand
00:51même dans ce film, dans cette comédie. Exactement. Plus que d'habitude, c'est toujours, je ne sais pas,
00:55la cage aux folles ou beaucoup dans les films sur l'homosexualité, les garçons, qui ont
00:59d'ailleurs toujours ces traits, les grandes folles et tout ça, c'est... Ou alors, c'est
01:04des films très sérieux, beaucoup plus réalistes. Et là, c'est un mélange des deux. Et ça,
01:08j'ai trouvé ça génial. Je me suis dit, enfin, un film différent.
01:11Alors, on vous dit, tiens, l'un des pères, ce sera Johnny Hallyday. Alors, vous réagissez
01:16comment ? Parce que, moi, je suis la génération, c'est l'idole. Comment vous vous êtes retrouvée
01:21en face ? Comment vous êtes fait ? Je suis un peu comme aujourd'hui, le crac,
01:26les mains moites. Et puis, après, c'était mon père, quoi. Voilà, c'était le comédien
01:32et on était... C'est un bonheur, un bonheur. Mais c'est vrai, Johnny Hallyday, que quand
01:37elle vous annonce, vous... Non, mais quand on a fait ses films, surtout, bon, je pense
01:41que ça se voit sur ce film, on s'est vraiment beaucoup marré, quoi.
01:44Oui. Pendant le tournage ? Pendant le tournage, je parle même hors tournage, je veux dire,
01:50enfin, sur le plateau, quoi. C'était un bonheur de se retrouver tous ensemble.
01:54Mais vous, vous êtes complètement à contre-emploi, quand même, là-dedans, parce que vous êtes
01:57un symbole de virilité, de machisme, comme ça.
02:02Oui, mais ça, je suis content que Stéphane m'ait proposé ce rôle, parce que moi, je voulais
02:05absolument un rôle à contre-emploi. Je voulais pas faire un retour au cinéma. J'ai fait
02:13pas mal de films, un retour au cinéma. Et être employé comme j'ai été employé, c'est-à-dire
02:18proche de ce que les gens pensent que je suis en réalité dans la vie, c'est-à-dire
02:22Johnny Lee, tout simplement. Pour être crédible quand on a un nom connu dans un autre métier,
02:30quoique très proche, chanteur et comédien, c'est très proche, mais quand même chanteur,
02:35c'est difficile sur un écran d'être crédible quand on a un autre personnage à jouer.
02:42Donc la seule façon d'être crédible, c'est de faire quelque chose de complètement
02:44différent, de faire un rôle à contre-emploi.
02:46Vous êtes le père, peut-être le plus compréhensif, le plus sympa dans tout ça.
02:51Et pourtant le plus macho, puisque je suis quand même un touréador un peu sur le retour.
02:56Mais comme j'aime profondément ma fille, et que je l'aime profondément et que je cherche
03:04à la comprendre, disons que la tolérance vient avec ça. C'est ce qu'on a voulu. Je pense
03:09que Stéphane, surtout notre metteur en scène, a voulu montrer dans ce film. C'est un film
03:15sur l'amour et la tolérance.
03:16Mais honnêtement, il y a 20 ans, il y a 30 ans, on n'aurait jamais pu faire ce genre
03:20de film. La tolérance a progressé.
03:22Non, c'est vrai. Il y avait des tabous. Il y avait des tabous qui se sont quand même
03:24effondrés depuis 20 ou 30 ans. C'est vrai qu'on n'aurait jamais pu faire un film sur
03:29l'homosexualité, homme ou femme, comme ça, même en en rigolant comme aujourd'hui.
03:34Vous-même, vous avez progressé.
03:36C'est quand même une comédie. Il ne faut pas oublier une chose, c'est un thème sérieux,
03:39mais traité en comédie quand même.
03:40Mais vous-même, personnellement, l'homme, vous avez progressé dans la tolérance à l'égard
03:44d'une sexualité différente ?
03:46Vous savez, j'ai beaucoup d'amis qui sont hommes ou femmes qui sont homosexuels.
03:50Moi, ça ne me dérange pas parce que ce sont les gens les plus touchants et en général,
03:58les gens les plus... Comment dire ? Ce sont les gens qui sont les plus sincères.
04:04Julie Gaillard, quelle est la leçon que vous tirez de ces personnages ?
04:06Vous êtes plusieurs femmes à assumer votre sexualité, à le dire très ouvertement
04:11et à le dire dans une vraie joie quand même. Bon, il y a un petit peu de larmes,
04:14mais il y a une vraie joie dans tout ça.
04:15On l'assume. On a l'air en tout cas de l'assumer, mais en fait, pas vraiment.
04:18Je pense que ça reste... Eva, c'est quand même une dragueuse ici.
04:22Elle drague comme ça. Vous verrez, c'est quand même pas par hasard à mon avis.
04:26Parce qu'il doit y avoir quelque chose d'un peu...
04:29Et je pense que c'est ça, le dire à ses parents et vraiment l'assumer.
04:33Ça, c'était un truc... Je pense que c'est important et c'est pas facile et évident.
04:37Donc, en fait, elle est touchante.
04:39Moi, c'est ce que j'aime dans ce film, c'est aussi...
04:40C'est une comédie vraiment et en même temps, on sent que c'est pas facile.
04:46Je crois quand même ce qui est important, c'est que pour un acteur,
04:51de jouer un rôle d'homosexuel, que ce soit homo ou femme,
04:54quand on ne l'est pas, surtout, c'est de jouer...
04:57Et c'est pas jouer la folle, quoi.
04:59C'est pas jouer la folle traditionnelle, comme on voit des fois des clichés dans des films
05:02qui sont même à la limite de sa friche de ridicule.
05:05C'est ça qui est important.
05:06Comme même un homosexuel, un vrai,
05:09de jouer un rôle d'un homme qui n'est pas du tout homosexuel.
05:14C'est ça d'être quelqu'un d'autre.
05:16Alors, je dois dire, il est parfait naturel quand vous lui annoncez.
05:19Il est là ?
05:20Il fait des chutes.
05:22Oui, ça tourne, ça tourne.
05:26Qu'est-ce qui m'arrive, là ?
05:27Merci pour ce film qui sort donc aujourd'hui sur les écrans.
05:30Je voudrais revenir plus sérieusement,
05:31parce que je pense que vous êtes, vous aussi, touché par la mort de Michel Pratucciani.
05:34C'était quelqu'un que vous estimiez beaucoup.
05:35Oui, bien sûr, oui.
05:36Je ne le connaissais pas personnellement, malheureusement,
05:39mais tout ce que je peux dire, c'est que dans le jazz,
05:42et surtout dans la musique,
05:43c'était un très grand musicien,
05:45et il va nous manquer à tous.
05:46Merci beaucoup.

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