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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Bonjour Norbert Fanchon.
00:01Bonjour Sophie de Montau.
00:02Vous êtes président du groupe Gambetta.
00:05Un très bon groupe.
00:06Vous allez m'expliquer un peu parce que moi je ne m'en sors plus du tout dans l'immobilier.
00:09Alors si le groupe Gambetta est un bailleur social et un promoteur privé,
00:15a priori c'est un peu contradictoire, mais ça ne fait rien,
00:19vous utilisez encore l'utilisation HLM.
00:23Donc il y a des HLM.
00:24Et entre nous, alors là ça n'a rien à voir,
00:26mais HLM, vous ne pensez pas qu'il faudrait changer le nom,
00:28parce que le HLM c'est le building qui est très laid,
00:32c'est l'énorme truc en banlieue, c'est pas beau,
00:36c'est un loyer modéré certes,
00:38maintenant c'est là qu'il y a des problèmes très souvent aux alentours.
00:42Et je me disais c'est drôle ce sigle,
00:46cette absence de modernité.
00:48D'abord vous parliez du groupe Gambetta.
00:50Oui pardon.
00:51Non mais je vous en prie.
00:52Mais j'essaie d'appréhender le groupe en général.
00:54Alors du groupe Gambetta.
00:55Donc on est une coopérative et effectivement on est une coopérative HLM.
00:58Mais on est avant tout une coopérative.
00:59Donc une coopérative ça veut dire que ce sont les salariés
01:01qui font la gouvernance de l'entreprise.
01:04Très bien.
01:04Et cette organisation en coopérative ça nous donne deux forces.
01:08C'est un, on réinvestit tout notre argent sur les territoires
01:10et on est maître de notre cash.
01:13Et ça dans une période compliquée c'est essentiel et déterminant.
01:16Quand vous dites les salariés, vous parlez de qui ?
01:18Les salariés qui travaillent pour l'entreprise.
01:19Qui travaillent pour l'entreprise.
01:20Ils sont actionnaires de l'entreprise.
01:22Et donc on est sur une destinée collective.
01:24Le groupe Gambetta est une coopérative qui a plus de 100 ans.
01:26Non parce que, et c'est là où on revient sur le sujet HLM,
01:29il n'y a pas de, et on n'est pas dans ce groupe,
01:32on n'est pas dans une destinée familiale, dans une valorisation du capital.
01:35On est dans une ambition, une ambition qui est de loger les Français.
01:39D'accord.
01:39Essentiellement en accession à la propriété.
01:41Vous avez rappelé qu'on était bailleurs et promoteurs privés
01:43mais de notre cœur d'activité.
01:44C'est de loger les gens en accession à la propriété.
01:48Et donc de loger un maximum de Français dans une période qui est compliquée.
01:52Et donc être une coopérative HLM, c'est on fait du logement.
01:55On fait du logement dans une dimension sociale et une vision du temps
01:59pour servir un besoin vital, le logement.
02:02Et est-ce qu'il est interdit lorsqu'on fait du logement social
02:06de gagner un peu d'argent et de faire beau ?
02:08Au contraire, une entreprise, c'est fait pour gagner de l'argent.
02:12Et quelle que soit l'entreprise, qu'elle soit HLM ou pas HLM,
02:15et quand on est coopératif, on doit gagner de l'argent
02:17parce qu'on dépend que nous-mêmes.
02:18On ne peut pas, comme je vous disais, on ne verse pas de dividendes,
02:20on n'a pas d'actionnaire qui va appréhender notre argent.
02:22Donc si on ne gagne pas de l'argent, si on ne développe pas l'entreprise,
02:26l'entreprise n'aura pas de collaborateurs, n'aura pas de banquier.
02:28Est-ce que vous faites de l'argent que vous gagnez ?
02:29On le réinvestit.
02:30On réinvestit 90% et on verse 10% en intéressement.
02:33Donc on a un intéressement plutôt généreux,
02:35mais on réinvestit dans les projets en faisant du patrimoine 90% de notre argent.
02:41Est-ce que vous considérez que votre secteur est en crise en ce moment ?
02:44Très clairement.
02:45Il est en crise depuis 2017 et je dirais presque dans une crise qui est voulue
02:49sur des mesures gouvernementales qui asphyxient jour après jour le secteur d'activité.
02:54On a d'abord une taxe sur le logement HLM qui s'appelle la réduction de la solidarité.
02:59Il y a une taxe sur les HLM ?
03:01Exactement. 3% des revenus depuis 2017 sont collectés par Bercy.
03:05C'est à peu près 40 000 logements en moins.
03:07C'est fou ça !
03:08C'est dingue hein !
03:09Au nom de quoi ? Alors qu'on fait du logement social ?
03:11Au nom qu'à l'époque, le livret A était trop bas et qu'on gagnait trop d'argent
03:15et donc il fallait rééquilibrer les caisses des HLM.
03:17Ce sujet maintenant, le livret A est à 2% et on n'a pas revu la taxe.
03:20Vous connaissez le principe de l'impôt en France.
03:23On a tué l'investissement locatif des particuliers.
03:26Une vieille politique en France depuis 1986,
03:28vous achetez un logement, vous pouvez défiscaliser.
03:30Le logement est tellement taxé, la France est tellement taxée,
03:33mais le logement en particulier, qu'il fallait aider les investisseurs.
03:36Le dispositif est tué au moment où les taux d'intérêt passent de 1 à 4%.
03:40C'était quand ça ?
03:41Les derniers logements, c'était fin d'année.
03:45Depuis, on a perdu 40 000 à 50 000 logements, 9 par an.
03:49Pardonnez-moi, j'entends.
03:50100 000 logements par an en moins, je pense que c'est une crise.
03:53Il faut vraiment avoir des professionnels pour entendre ça,
03:56mais qui décide ?
03:58Moi, je suis fascinée.
04:00Qui décide de ce genre de choses ?
04:01Parce que, je veux dire, c'est un métier.
04:03Est-ce que vous êtes consulté, par exemple, vous et vos compères, si je puis dire ?
04:07Les fédérations professionnelles sont consultées et c'est le boulot des fédérations,
04:11mais en fait, qui est consulté ?
04:12Ça ne suffit pas.
04:12Oui, des professionnels suivant les ministres, on peut être plus ou moins consulté.
04:17Il y a des verticalités plus ou moins fortes.
04:18Mais le vrai sujet, c'est que Bercy regarde les dépenses sans regarder les recettes.
04:22Eh ben voilà.
04:22Vaste sujet.
04:23Et donc, on supprime d'abord les dépenses sans voir l'effet induit sur les recettes.
04:29Et c'est exactement ce qui se passe.
04:31Mais partout.
04:32Partout.
04:32Et notamment, vous avez le déficit des départements récents,
04:35parce que les départements étaient alimentés par les droits de mutation.
04:38Vous savez, quand vous vendez un logement ancien,
04:40les départements touchent ce qu'on appelle les frais de notaire.
04:43La grosse partie des 8% que vous versez aux notaires, en fait,
04:46part dans les finances des départements.
04:48C'est ce que disent les notaires.
04:48Et donc, quand on perd 400 000 transactions, c'est un tiers du marché,
04:53vous perdez 7 milliards d'euros de recettes pour les départements.
04:56Donc, c'est énorme.
04:58Et donc, on a un gouvernement, mais depuis 2017,
05:00donc on a des gouvernements, un président de la République
05:02qui ne veut pas soutenir l'immobilier.
05:04Et on a très clairement les conséquences dans les finances publiques.
05:07Vous avez l'impression qu'il y a un gouvernement, un président, un Premier ministre,
05:09qui disent non, on ne va pas soutenir l'immobilier.
05:11C'est pour moi des mesures qui sont mûries, réfléchies, assumées,
05:15mais qui arrivent au pire moment.
05:17C'est des mesures contracycliques.
05:18On prenait ces mêmes mesures en 2015, 2017,
05:21quand les taux étaient à 1, quand la liquidité était là.
05:24Ça passait, on se réorganisait.
05:26Mais quand on prenait ces mêmes mesures,
05:27et qu'en plus, elles sont successives,
05:29et que vous êtes à un moment où le prix de revient explose,
05:31où les taux explosent.
05:32Et on sait que tout ça rejaillit sur l'emploi,
05:34parce que toutes les entreprises que j'interroge,
05:36le problème est de loger les salariés,
05:38qui ne peuvent plus loger près de leur travail.
05:40Enfin, il y a des conséquences inouïes.
05:42Et dernier point,
05:44on était en train de...
05:46On ne parle que de ma prime rénov',
05:48dont le président de la République lui-même,
05:50on a l'impression que c'est sa prime rénov',
05:52personnelle, qui doit rénover quelque chose.
05:53Et donc, ma prime rénov',
05:56ça fait quelque chose pour vous ?
05:58On la supprime ou pas ?
05:59Nous, dans le 9...
05:59On la supprime, même, elle va revenir.
06:01Mais bon.
06:01Oui.
06:02Oui.
06:03Voilà.
06:03On est sûr.
06:04Les promesses n'engagent que ceux qui les croient,
06:06comme dirait Charles Pasqua il y a quelques années.
06:08Dans le 9, non.
06:09Parce qu'effectivement, le 9,
06:10nous, on dépend essentiellement des dispositifs
06:12sur la TVA réduite et sur le Pinel.
06:14Mais très clairement,
06:15si on ne met plus d'argent dans l'ancien,
06:16et c'était la politique voulue par le président de la République,
06:18vous avez raison de le rappeler, Sophie,
06:19depuis 2017,
06:20c'était l'ancien à la place du 9.
06:23Je fais un input sur l'ancien.
06:26Si on ne met plus de l'argent dans l'ancien,
06:27comment on peut espérer, nous, dans le 9,
06:28avoir un retour sur une aide
06:30pour faire revenir les investisseurs
06:31qui sont vraiment un moteur essentiel
06:33à la production de logements ?
06:35Donc, oui, moi, je suis embêté
06:37par la disparation de ma prime rénov'
06:38d'un point de vue social.
06:39Le sujet politique,
06:40on a quand même un président de la République,
06:42trois ministres,
06:42dans un même week-end
06:43qui interviennent sur le sujet,
06:44me posent difficultés.
06:45Et à qui le tour,
06:46si vous me passez l'expression,
06:47une fois qu'on a fait ma prime rénov',
06:48est-ce que ça sera le prêt à taux zéro ?
06:50Et ainsi de suite.
06:53Écoutez, quand j'étais jeune,
06:57on m'a appris la souhaitude du dirigeant
06:58dans des manœuvres,
06:59dans les manuels scolaires.
07:00Et moi, je l'ai découvert en trois ans
07:01où il faut comprendre une situation,
07:04l'anticiper,
07:04et puis prendre des décisions pas faciles
07:06et on se retrouve très seul.
07:08Oui, enfin, on n'est pas seul,
07:09on a les politiques.
07:11C'était le mot de la fin.
07:13Merci beaucoup et bon courage.
07:14Merci.

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