- aujourd’hui
Le cinéaste Paul Verhoeven est l'invité de Léa Salamé. Le réalisateur de "Basic Instinct" ou encore "Elle" et "Benedetta" publie ses Mémoires, aux éditions Les Forges de Vulcain. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-02-juillet-2025-3019536
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00:00Bonjour Paul Verhoeven, bienvenue sur Inter, on est très heureux de vous recevoir ce matin,
00:05vous êtes un des plus grands réalisateurs de cinéma, Robocop, Total Recall, Basic Instinct,
00:11Starship Troopers, Showgirls, Elle ou encore Benedetta, vos films sont inscrits au panthéon
00:17du cinéma mondial et vous sortez vos mémoires, une biographie remarquable, une somme de 800 pages,
00:23on va en parler dans un instant, mais d'abord je commence toujours par mes questions rituelles
00:27Paul Verhoeven, alors voilà, si vous étiez un mot de la langue française, parce que vous parlez un peu français,
00:34si vous étiez un écrivain et un vice, vous seriez qui, vous seriez quoi ?
00:45Donc un par un je réponds, c'est ça ?
00:52Oui, un mot de la langue française.
00:55Femme.
00:56Femme.
00:57Femme.
00:57C'est toi.
00:58C'est moi, oui, c'est moi.
00:59Femme.
01:00C'est toutes les femmes.
01:02Un écrivain.
01:04Nietzsche.
01:05Pourquoi Nietzsche ?
01:06Why Nietzsche ?
01:07Nietzsche ?
01:07Why ?
01:09Because he is...
01:12He attacks Christianity.
01:15Parce qu'il va contre la chrétienté.
01:17Et un vice.
01:18And a vice.
01:25Outside marriage, sex.
01:27Le sexe en dehors du mariage.
01:31François Truffaut disait, Paul Verhoeven, je fais des films pour réaliser mes rêves d'adolescent,
01:36pour me faire du bien, et si possible, pour faire du bien aux autres.
01:40Et vous, Paul Verhoeven, pourquoi faites-vous des films ?
01:44Je fais des films.
01:46Je fais des films.
01:49Parce que j'ai vu Julie Gim.
01:53Je sais, je sais que c'est un des films qui est un de vos chocs.
01:58Truffaut et Godard.
01:59C'était mes préférés quand j'étais jeune.
02:04C'est pour ça que vous faites des films.
02:07Parce que vous avez vu Julie Gim.
02:09Oui.
02:10Dans cette biographie...
02:12C'est plutôt Julie Gim.
02:15Oui.
02:16Oui, Julie Gim.
02:17Dans cette biographie, on apprend à mieux vous connaître.
02:20Parce que c'est vrai qu'on connaît vos succès planétaires.
02:22Mais on vous connaît moins, vous, l'homme, le cinéaste.
02:26Et dans cette biographie, au début du livre, vous dites
02:30« Filmer pour moi », c'est se lever tôt le matin et penser
02:34« Allez, aujourd'hui on va faire quelque chose dont on parlera encore pendant des années ».
02:38C'est ça qui vous motive fondamentalement ?
02:41La scène, le moment qui marquera l'histoire du cinéma ?
02:44Je n'ai jamais dit ça ?
02:45Non.
02:46Est-ce que c'est dans le livre ?
02:47Oui, c'est dans le livre.
02:48Il va falloir demander à l'auteur, parce que je ne me rappelle pas du tout d'avoir dit ça.
02:55En tout cas, dans ce livre, qui est co-écrit avec Rob Von Scheers,
03:01aux éditions Au Forge du Vulcain,
03:03c'est un journaliste néerlandais qui vous connaît bien,
03:05qui est votre ami depuis des années, qui vous suit,
03:08lui dit que vous êtes obsédé quand vous faites des films
03:12par l'idée d'avoir la scène, le moment qui marquera l'histoire du cinéma.
03:17Est-ce que ça, c'est vrai ?
03:19Parce que c'est vrai qu'il y a dans votre cinéma des scènes dont on se rappellera.
03:22Évidemment, le croisement de jambes de Sharon Stone dans Basic Instinct
03:26ou Robocop en Jésus qui marche sur l'eau.
03:29Est-ce que vous, quand vous faites un film, vous dites « je veux la scène » ?
03:36Non, ça arrive par hasard.
03:41Non ?
03:42Vous ne le cherchez pas ? Vous ne cherchez pas le moment ?
03:45Non.
03:46Non ?
03:47Ça vient ou je ne viens pas ?
03:48Ça vient ou ça ne vient pas ?
03:49Oui.
03:50Avant le cinéma, il y a l'enfance.
03:53Vous êtes née le 18 juillet 1938 à Amsterdam, il y a 86 ans.
03:57Votre père était instituteur, votre mère femme au foyer.
04:00La vie de famille est bouleversée quand la guerre commence
04:02et quand les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne.
04:05On est en 1940.
04:06Vous vous emménagez alors à la Haie
04:08et vous êtes confrontée à l'un des épisodes les plus marquants de votre enfance.
04:12Le 3 mai 1945, on est à la fin de la guerre, vous avez 6 ans
04:16et vos parents vont échapper à la mort dans un terrible bombardement.
04:21Vous pouvez nous raconter ce qui se passe à 6 ans ?
04:26C'est toute une histoire.
04:36Parce que les Anglais ont bombardé la ville par erreur.
04:42Ils n'ont pas envoyé les bombes là où ils devaient le faire.
04:52Ils allaient détruire.
04:57Et effectivement, tout ce qui s'est passé,
04:58tout ce qu'il y avait autour de notre maison a été bombardé.
05:02Et là où mes parents habitaient,
05:19juste cet endroit, ce petit carré de terre a été préservé.
05:23C'est juste grand comme deux fois la distance entre vous et moi.
05:31Et tout le reste était détruit.
05:33Bombardé, détruit et tué.
05:35C'est un miracle en fait.
05:36C'est un miracle qu'ils aient survécu.
05:39Et oui.
05:41Et oui, un miracle.
05:44Non, moi je n'y crois pas au miracle.
05:46Vous ne croyez pas au miracle.
05:46Mais tout de même, vous dites que c'est un événement fondateur
05:50de naître dans la guerre
05:52et d'avoir vu que vos parents avaient échappé à la mort.
05:57C'est quelque chose qui va vous marquer durablement.
05:58Oui, mais je ne pense pas qu'avoir dit
06:07que je pensais que mes parents allaient mourir.
06:11C'est comme ça que je le reçois maintenant.
06:13Je me rappelle être sur le chemin
06:14de l'autre côté de la ville.
06:22Je savais que mes parents avaient...
06:27Je les ai vus.
06:27Je me rappelle, ils avaient une brouette
06:29et ils allaient attraper, reprendre des choses
06:31dans la maison.
06:33Et là, la bombe est tombée.
06:36Les flammes sont arrivées.
06:38Et je savais que mes parents étaient là.
06:41Mais je n'ai jamais pensé qu'ils ne reviendraient pas.
06:44C'est par coïncidence qu'ils en sont sortis.
06:54Ce n'est pas quelque chose qu'on oublie.
06:57Mais ça s'est repassé.
07:03Dans ma maison, dans Pacific Palisades,
07:06il y a eu un incendie dans ma maison.
07:07Et de la même façon, je me suis dit,
07:11c'était comme en 1945.
07:16L'incendie est vraiment arrivée très proche de la maison.
07:26Récemment.
07:27De vous à moi.
07:28C'était vraiment comme la distance entre vous et moi.
07:37Et là, vous évoquez les incendies qui ont dévasté Los Angeles
07:40et notamment Pacific Palisades, où vous habitez.
07:43Vous parlez de ça.
07:45Ça, c'était il y a quelques mois,
07:46où vous avez littéralement vu le feu arriver sur vous
07:49et détruire.
07:50Vous pensiez vraiment qu'il allait détruire votre maison
07:52et que vous alliez mourir.
07:53et du coup, vous nous dites,
07:54ça vous a rappelé 1945
07:56et cette guerre
07:57où vous avez six ans
07:59et vos parents vont échapper à la mort.
08:04J'avais déjà vécu ça, vous voyez.
08:07La vie, les choses se répètent.
08:09Je n'avais pas du tout envie de fuir la maison.
08:17C'est le feu qui arrivait.
08:21Et on nous a obligés
08:23à sortir de la maison
08:25pour trouver un autre endroit
08:28où se réfugier.
08:31C'était plus ou moins la même chose.
08:34J'avais un sentiment de déjà vu.
08:35L'histoire se répète, en fait.
08:39Et je me suis dit que tout allait s'arranger.
08:43Et c'est le cas.
08:46Personne n'est mort.
08:49Et notre maison est intacte.
08:52Une coïncidence.
08:53Une coïncidence, ce n'est pas un miracle
08:55parce que vous ne croyez pas au miracle.
08:58Non, je n'y crois pas.
09:01Enfant, on lit que vous êtes très bon à l'école.
09:04Vous voulez avoir 10 sur 10 partout.
09:05Très bon élève.
09:07Terriblement ambitieux, lit-on,
09:08dans le livre.
09:12Vous étiez ambitieux, enfant.
09:14Qu'est-ce qui a dit que j'étais ambitieux ?
09:15Mais c'est complètement faux.
09:20J'aime faire des films, c'est tout.
09:26Le cinéma, vous le découvrez, Paul Verhoeven,
09:29grâce à votre père instituteur
09:31qui ramenait le projecteur de l'école à la maison.
09:34Et un des premiers chocs de cinéma pour vous,
09:38on est en 1958.
09:39et c'est avec ça.
09:53Hitchcock, Vertigo.
09:57Hitchcock est au sommet de votre panthéon personnel.
09:59Pourquoi c'est un choc pour vous,
10:02quand vous êtes jeune et que vous voyez Vertigo ?
10:04Et une leçon de cinéma ?
10:07Non, je veux dire, une leçon de cinéma.
10:09Ah oui, une leçon, oui.
10:16J'ai étudié Hitchcock, pas seulement ce film.
10:22Mais aujourd'hui, je crois que je préfère
10:25L'amour aux trousses.
10:26Je pense que c'est un film qui survit mieux.
10:33Vertigo, sur froid, c'est une histoire
10:36complètement tarée.
10:37Mais qu'est-ce qu'il vous a appris, Hitchcock ?
10:39Comment monter ?
10:45Comment diriger les comédiens ?
10:48Tout.
10:50Il vous a tout appris ?
10:51Tout ce que vous avez appris,
10:53vous l'avez appris chez Hitchcock ?
10:54Truffaut et Godard.
10:56Truffaut et Godard aussi, un peu.
10:57Et puis Eisenstein.
10:58Eisenstein.
10:59Vous parlez de Truffaut et de Godard
11:01parce que vous avez passé,
11:03dans votre enfance,
11:04une année en France
11:05où vous étiez scolarisé à Saint-Quentin,
11:08dans le nord de la France.
11:10Et là aussi, vous découvrez Truffaut et Godard,
11:12vous découvrez Alain Rennais aussi
11:14et vous découvrez les films de Clouseau
11:18et Ingmar Bergman.
11:21Vous découvrez en fait le cinéma
11:23dans ces mois en France.
11:29Je n'ai pas décidé de devenir réalisateur.
11:36Il m'intéressait, c'était les films,
11:37vous pouvez voir.
11:41Au lycée.
11:43Qu'est-ce que vous retenez
11:44de ces mois en France ?
11:46Paris, c'est quoi pour vous ?
11:49C'est agréable.
11:55Toujours.
11:56Vous dites que c'est la culture.
11:57Vous étiez marqué par le fait
11:59qu'il y a cinq librairies par quartier à Paris.
12:02C'est un peu exagéré, je dirais.
12:18Mais c'était le sentiment que j'avais.
12:20Elles sont là.
12:23Et puis, elles ont un peu disparu,
12:25ces librairies.
12:25Et aux Etats-Unis,
12:28elles ont complètement disparu, les librairies.
12:31Mais bon, ici, il y en a encore.
12:35Alors, je suis fan.
12:38Pour la France.
12:39Pour la France.
12:39Il est fan de la France.
12:41Et puis, il y a vos études de cinéma.
12:42Paul Verhoeven,
12:43vos premiers films dans les années 60,
12:44dans votre pays natal,
12:45aux Pays-Bas,
12:46qui vont être des succès.
12:48Floris,
12:48Turkish Delice,
12:50Turkish Delice.
12:51Gros succès.
12:52Des millions d'entrées.
12:55Et puis, vous vous faites repérer
12:56par les Américains
12:57et notamment par Steven Spielberg
12:59qui vous appelle
13:00après avoir vu un de vos films
13:01et qui vous dit en substance
13:03« Les Pays-Bas sont trop petits pour toi.
13:06Viens travailler à Hollywood. »
13:08Comment vous réagissez
13:09quand Spielberg vous appelle
13:11et vous dit ça ?
13:12J'y suis allé.
13:14Ben oui.
13:14Et j'ai amené
13:20un nouveau projet de film.
13:22Speters.
13:23Et ça, c'était
13:26la fin de ma relation
13:27avec Spielberg.
13:28Pourquoi ?
13:29Ben, voyez le film
13:32et vous saurez.
13:34Mais quand Spielberg vous dit
13:35« Ton pays est trop petit pour toi »,
13:37comment vous réagissez ?
13:39Mais c'était vrai.
13:41Les Pays-Bas,
13:42c'était trop petit pour vous.
13:43Il vous fallait Hollywood.
13:44You had to go to Hollywood.
13:46Non.
13:47Non.
13:48Non, I didn't.
13:49I did.
13:51You did.
13:51Non, mais j'étais quand même.
13:54C'était comme une tentative.
13:56Essayons.
13:57Parce que c'était difficile
14:00de trouver de l'argent en Hollande.
14:01Les gens aimaient bien les films.
14:04Mais les gens qui distribuaient l'argent,
14:08les subventions,
14:09les journalistes,
14:10là, ils étaient complètement anti.
14:12En tout cas,
14:12vous avez bien fait de partir à Hollywood.
14:15Vos premières années hollywoodiennes
14:17vont être énormes.
14:18Trois premiers films d'affilée,
14:21trois immenses succès au box-office.
14:23Robocop,
14:24Total Recall
14:24et Basic Instinct.
14:26Est-ce que vous avez eu un vertige ?
14:29Eh, Showgirls !
14:30Alors, Showgirls qui a été...
14:32Parce que là, c'était la fin.
14:33Là, c'était la fin.
14:34Ben, ça...
14:35Presque.
14:36C'est pas la vraie fin.
14:37Showgirls, ça a été un bide,
14:40mais le film est culte aujourd'hui.
14:43Ben oui, parce qu'ils avaient tous tort.
14:46Ben oui, ils avaient tort,
14:47et c'est vous qui avez raison, évidemment.
14:49Avec de la dynamite,
14:51et en même temps,
14:52auquel il était impossible
14:54d'apporter des réponses.
14:56On n'est évidemment pas dans la psychologie.
14:58On n'explique rien d'anticipé,
15:00rien n'est prévisible.
15:02Donc, tout le tournage du film
15:04a été un peu comme un happening
15:05dans le sens que, voilà,
15:07chaque jour, chaque scène,
15:08chaque moment présent
15:10apportait son lot
15:12à la fois de révélations
15:14et de mystères.
15:17Parce que plus on avance,
15:18plus on en sait,
15:19moins on en sait.
15:19C'est un peu comme dans un film
15:20de Clos Chabrol.
15:27Comment c'était le tournage
15:28avec Isabelle Le Père ?
15:30Isabelle Le Père ?
15:31Wonderful.
15:33Extraordinaire.
15:33Parce que j'ai vu quelque chose
15:39que je n'avais jamais vu au cinéma.
15:42Elle a ajouté.
15:44Elle a apporté
15:46quelque chose que moi,
15:47je n'avais pas du tout pensé.
15:49Elle a ajouté aux scènes.
15:53Et moi, j'étais là.
15:57Comme ça.
15:58Stupéfait.
16:01Elle est allée.
16:01Qu'elle soit allée,
16:02qu'elle aille aussi loin.
16:05Ce n'était pas dans le scénario.
16:07Je ne vais pas demander.
16:08Mais elle l'a fait.
16:10Et elle l'a fait plusieurs fois.
16:11Elle vous a impressionné ?
16:13J'étais complètement stupéfait.
16:17Et moi, je suis un grand fan d'Isabelle.
16:21Elle est géniale.
16:26Jamais on n'a eu le moindre problème.
16:28On a discuté.
16:32Et puis elle l'a fait.
16:33Et même plus.
16:35Plus.
16:35Plus.
16:35Elle a ajouté les choses.
16:37Ce film n'aurait pas fonctionné
16:41avec quiconque d'autre.
16:49Ce serait une histoire
16:50sadomasochistique affaire
16:50avec un homme qui vous a violé.
16:55Ce n'aurait été que ça.
16:56Et parce qu'on y croit.
16:57C'est incroyable,
16:58mais on y croit.
17:01Et elle a rendu ça plausible.
17:03Et c'est vrai que le film
17:04est extraordinaire.
17:06Et sa prestation est extraordinaire.
17:09C'est quelque chose au-delà de tout.
17:11Il faut revoir elle.
17:13Il a 6 ou 7 ans.
17:14Le film, il n'a pas vieilli.
17:20Grâce à elle.
17:23Parce que ce qu'elle fait,
17:24il n'y a rien d'exagéré dedans.
17:27Elle apporte encore plus
17:29de réalité, de vérité
17:31que moi, j'aurais osé.
17:32Et c'est vrai.
17:32Et c'est une vraie étude
17:33sur la sexualité
17:35et le pouvoir.
17:37Je suis un grand fan.
17:41On l'a entendu ce matin.
17:42On termine par les impromptus.
17:43Je vous pose des questions
17:44courtes.
17:45Vous répondez rapidement.
17:48En 2017,
17:50lors de la première élection
17:51de Donald Trump,
17:51vous aviez dit
17:52si Trump arrive au pouvoir,
17:53je quitte les Etats-Unis.
17:54J'ai dit ça ?
17:59Ça, oui, vous l'avez dit.
18:00Vous ne l'avez pas fait.
18:03Non.
18:06Je n'ai pas dit ça non plus.
18:07J'ai dit à mon épouse,
18:12on va voir comment ça se passe.
18:15Peut-être que ce ne sera pas si mal.
18:16Et on y habite toujours.
18:21Pacifique Palisade,
18:22malgré les incendies,
18:23les incendies,
18:25c'était pire que Trump.
18:25que ce président.
18:32C'est complètement différent.
18:35Mais bon.
18:40Je réfléchis toujours
18:43à partir ou pas partir,
18:44mais je travaille sur un nouveau film.
18:45Un film politique aux Etats-Unis.
18:47Avec mon scénariste
18:50de Robocop
18:51et Starship Troopers.
18:54Il s'appelle Young Senna.
18:55une fille évangéliste
18:58qui aime le sexe.
19:01Encore ?
19:01C'est comme Benedetta
19:03qui était une religieuse
19:04qui aimait le sexe.
19:10Elle croit en Dieu, elle.
19:14Et vous, vous allez le faire quand
19:15votre film sur Jésus ?
19:17Le film sur Jésus.
19:21J'ai le sentiment, aujourd'hui,
19:24que ce serait douloureux
19:35pour les gens.
19:37Pour le public.
19:39Je ne sais pas si c'est ça.
19:40C'est partant de faire un film
19:41aiderait
19:44qui que ce soit
19:45là-dessus.
19:46Pour moi, en tout cas.
19:47je doute que faire un film
19:53sur...
19:55Peut-être que
20:01quand je deviendrai
20:02vraiment vilain, méchant.
20:07Alors là, dans mon film,
20:09je raconterai, je dirai aux gens
20:10ce que c'est que la vérité
20:11de la religion.
20:11Pour moi, la retraite
20:13ressemble à la mort,
20:14disiez-vous, à Libération
20:15il y a quelques années.
20:17Pas de retraite pour vous,
20:18jamais.
20:19Pour moi ?
20:22La retraite ?
20:22Non, non, je veux faire
20:25Young Sinner, ce film.
20:27Vous préférez François Truffaut
20:28ou Jean-Luc Godard ?
20:29Jean-Luc Godard ?
20:31Au bout du compte,
20:37je pense que
20:39Godard m'a beaucoup inspiré.
20:42Mais je crois que
20:45le meilleur film,
20:46c'est Julie Jim.
20:47Julie Jim,
20:49c'est aujourd'hui,
20:51encore, toujours,
20:52un fantastique film.
20:54Et tout est bon.
20:55Le montage,
20:57la musique,
20:58l'histoire
21:01et les acteurs.
21:06Et bien sûr,
21:07elle, la comédienne.
21:08Jeanne Moreau.
21:09Vous préférez Martin Scorsese
21:11ou Steven Spielberg ?
21:14Scorsese.
21:16Bergman ou Fellini ?
21:17Ah, ça, c'est dur.
21:21Pour moi,
21:23ils sont tous les deux
21:26très importants.
21:27et j'ai vu tous leurs films.
21:31Les deux ?
21:32Oui.
21:35La Dolce Vita,
21:39pour moi,
21:40c'est un des meilleurs films
21:45jamais réalisés.
21:4650 ans de mariage,
21:47plus de 50 ans de mariage
21:48avec votre femme.
21:50C'est quoi le secret ?
21:51D'avoir l'esprit ouvert
21:57un peu, quand même.
21:58Elle l'a.
21:59Elle a l'esprit ouvert.
22:01Bien sûr.
22:04Vous savez,
22:05on est hollandais.
22:09On est dans la réalité.
22:10Ce n'est pas comme les Français
22:11qui pensent que...
22:12Ouh là là !
22:13C'est que des mots.
22:15Nous, on parle trop, nous, non ?
22:17Vous parlez trop beaucoup, non ?
22:18Oui.
22:21Voilà.
22:22Je ne dirais pas ça.
22:25Mais c'est vous.
22:26Moi, je l'ai dit.
22:27Moi, je l'ai dit.
22:28Donc, je suis d'accord.
22:29Vous, les hollandais,
22:29vous allez à l'essentiel.
22:33Voilà.
22:33Mais j'aime la France.
22:38Donc, c'est clair.
22:39La dernière fois que vous avez pleuré,
22:40Paul Verhoeven ?
22:44À la mort de David Bowie.
22:48C'est la dernière fois que vous avez pleuré.
22:49C'était il y a 10 ans.
22:52Pourquoi ?
22:53J'ai utilisé beaucoup de sa musique
23:01dans mes films.
23:03Et quand je voulais
23:08éventuellement changer les paroles,
23:10il m'a dit
23:11OK, pas de problème.
23:13Tu fais ce que tu veux.
23:14Au téléphone, oui.
23:15Au téléphone.
23:18Mais j'ai finalement eu le sentiment.
23:21C'était un type tellement chouette.
23:26Je l'aimais.
23:27Je ne l'ai jamais eu au téléphone.
23:37Donc, pas tant que ça.
23:40Mais j'étais tellement fan.
23:43Brian Ferry aussi.
23:46Je ne me rendais pas compte
23:52de sa mort.
23:53Il nous a laissés comme ça.
23:57Avec cette dernière chanson.
23:58C'était un chanson.
23:59Et il savait que la mort arrivait.
24:02Et qu'il serait...
24:03Quand la loi me sortirait,
24:04il serait décédé.
24:09Et moi, je n'y ai cru que
24:10quand l'annonce est sortie,
24:14et oui, j'ai pleuré.
24:17C'est comme ça.
24:21Ça m'est tombé dessus.
24:21Et effectivement,
24:22il a mis en scène
24:23sa propre mort
24:24dans Lazarus,
24:25alors qu'il savait
24:26qu'il était condamné,
24:27dans son dernier album,
24:29dans son dernier clip,
24:30où il finit dans un tombeau.
24:32Il a mis en scène
24:33sa propre scène.
24:41Oui, oui,
24:41c'était une sorte d'euthanasie,
24:42je crois.
24:43Il savait exactement
24:45quand ça allait se passer.
24:48Et il savait
24:49que le nouvel album,
24:50allait sortir
24:52à sa mort.
24:53C'est fantastique.
24:56C'est dingue.
25:01Et j'ai trouvé
25:02que c'était tragique,
25:02extrêmement tragique.
25:04Quel type, bien.
25:05Merci beaucoup
25:06d'avoir été avec nous.
25:08Merci beaucoup.
25:09Merci beaucoup.
25:11C'était marrant.
25:12Le film,
25:13vous voyez, je bug.
25:14Le livre s'appelle
25:15donc,
25:15c'est une biographie
25:16écrite par votre ami
25:17Rob Von Scherz
25:18aux éditions
25:19aux forges de Vulcain,
25:21Paul Verhoeven,
25:22tout simplement
25:23un des plus grands cinéastes.
25:25Vivant,
25:25merci infiniment.
25:27Merci.
25:27Merci.
25:28Merci.
25:28Merci.
25:30Merci.
25:30– Sous-titrage Société Radio-Canada
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