Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1 Midi Weekend, l'Enaïc Monnier.
00:03Deuxième partie d'Europe 1 Midi Weekend, et après l'échec du conclave sur les retraites,
00:07la CFDT décline la proposition de François Bayrou de poursuivre les négociations.
00:12Cet échec est également celui de la stratégie, du dialogue prôné par le chef du gouvernement.
00:17Un gouvernement qui espérait encore hier matin un compromis dans les trois prochaines semaines.
00:22J'accueille dans un instant le politologue Jean-Christophe Gallien pour en parler.
00:26Mais avant cela, nous voyons avec vous, Jacques Serret, que François Bayrou se dit prêt à trancher.
00:31Peu importe si la CFDT ne veut plus participer aux réunions, François Bayrou veut aller au bout de son processus.
00:38Le gouvernement prendra ses responsabilités. Il y aura un texte.
00:41Qu'il y ait eu un accord préalable, ou qu'il y ait eu seulement les travaux préparatoires à un accord,
00:47si les organisations considèrent que ça n'est plus leur heure et qu'il faut trancher, on tranchera.
00:52Je n'ai aucun problème avec la décision.
00:56En attendant, le Premier ministre a gagné du temps.
00:59Nous avons montré que la démocratie sociale pouvait défricher le chemin.
01:03Et la motion de censure déposée par le Parti Socialiste ne devrait pas être adoptée par l'Assemblée,
01:08puisque le Rassemblement National ne la votera pas.
01:11Ainsi, François Bayrou peut désormais préparer le budget à la recherche de 40 milliards d'euros d'économies.
01:18Un enjeu où le risque de chute du gouvernement est beaucoup plus élevé.
01:22Jacques Serret du service politique d'Europe 1. Bonjour Jean-Christophe Gallien.
01:26Bonjour Lénaï.
01:26Tout ça pour ça, finalement, ce conclave ?
01:29Ça lui a permis, c'est vrai, je pense, de gagner du temps.
01:33C'est-à-dire que... et de peut-être mettre aussi les partenaires sociaux face à leur responsabilité
01:36dans un contexte où il voulait dépolitiser un objet très politique.
01:40Rappelons-nous quand même que ça avait été un long moment,
01:43une difficulté parlementaire en particulier,
01:45avec des parlementaires qui, peut-être à juste titre, ont déclaré à l'époque
01:49qu'on leur avait enlevé la possibilité de voter ce texte.
01:52Donc, en réalité, il a essayé de sortir, tout en gagnant du temps,
01:56en présentant une possibilité d'activer une activité gouvernementale classique
01:59et en détournant le regard sur ce dossier un peu brûlant
02:02et le donnant à des gens qui, finalement, n'ont pas finalement très envie de s'en emparer.
02:07Alors, c'est vrai que... est-ce que ça peut être une bonne stratégie politique pour les Français
02:12d'avoir un Premier ministre qui, finalement, joue la montre ?
02:16Alors, il joue la montre parce qu'il est assis sur une majorité qui n'existe pas.
02:21C'est-à-dire que c'est une minorité extrêmement faible, fragile,
02:24à l'intérieur d'une Assemblée nationale qui fabrique un ensemble de minorités.
02:28C'est-à-dire qu'il y a une incapacité aujourd'hui à trouver quoi que ce soit
02:31qui puisse fabriquer un socle commun, mais cette fois-ci majoritaire.
02:34Donc, de toute manière, il est obligé de jouer cette stratégie parlementaire
02:38qui ressemble à ce qu'était la Quatrième République
02:39et donc de trouver des moyens, des accords, du temps.
02:43C'est un moment particulier.
02:44Donc, là où c'est très différent par rapport à la Quatrième,
02:47c'est qu'il y a toujours l'ombre tutélaire du Président de la République qui est au-dessus
02:50et dont on voit bien aujourd'hui qu'il y a une forme d'agacement
02:53ou une forme d'anticipation d'une grande difficulté qui viendra sous peu.
02:57Alors, c'est vrai qu'on a l'impression de vivre un peu sans fin cette situation
03:00avec la censure du PS qui n'est pas suivie du Rassemblement National
03:04qui va attendre le budget.
03:05Ce sera à l'automne, Jean-Christophe Gallien.
03:08Effectivement, c'est un cercle vicieux.
03:12Oui, c'est ce sens d'instabilité.
03:13La dissolution a créé cette forme d'ingouvernabilité
03:16parce qu'il y a des choses qui se passent.
03:19Il y a des textes qui sont passés, qui ont été votés.
03:20Mais c'est vrai que les grands moments,
03:22les grands moments, en l'occurrence celui d'un vote éventuel,
03:25un travail sur les retraites,
03:27un travail sur le budget qui va venir derrière,
03:28on sent bien que c'est très difficile.
03:30Comment fabriquer quelque chose de durable ou de solide
03:32sur autant d'instabilité, autant de fragilité ?
03:35Donc ça, c'est un petit peu ce qui avait été proposé
03:38par François Véroux avec sa méthode,
03:39c'est-à-dire de mettre tout le monde face à ses propres responsabilités.
03:42Je vous le dis, il y a aujourd'hui trois forces,
03:44ou même un peu quatre, qui sont un peu en train de l'attaquer.
03:47C'est évidemment le RN qui ne le dit pas,
03:50mais qui le menace déjà pour le budget.
03:52Les gauches qui ont déjà dégainé.
03:53Et quand je dis les gauches, c'est une forme d'union qui s'est recréée.
03:56On voit bien que les filles et les verts étaient très rassemblés
03:59depuis un long moment.
04:00Les partis communistes se sont associés.
04:01Et puis le PS, finalement, il a réglé une partie de ses problèmes.
04:04Donc ensuite, il reste quoi ?
04:05Il reste le bloc central,
04:06celui avec lequel il s'est associé,
04:08ensemble pour la République.
04:09Et je vous le redis, le président de la République,
04:10qui, à mon avis, est dans une démarche,
04:13vu ses déclarations,
04:15ses actes physiques,
04:17et ainsi de suite,
04:17on sent bien qu'il y a une envie, pas d'en finir,
04:20mais pas si lointaine que ça.
04:21Une forme de fin de règne.
04:23Alors, je vous fais réagir à la phrase de Marine Le Pen,
04:25parce qu'elle a appelé les parlementaires du Rassemblement National
04:27à se préparer, justement, aux prochaines batailles électorales.
04:31Ne procrastinez pas.
04:32Voilà ce qu'elle les a exhortés à faire,
04:34il y a quelques minutes, là.
04:35Vous voyez, c'est raccord avec une demande
04:37à laquelle je ne crois pas.
04:39C'est-à-dire que M. Barnier,
04:40Michel Barnier, a déclaré ce matin,
04:42ou hier, je ne sais plus,
04:43qu'il souhaitait,
04:45s'il y avait une motion de censure votée sur le budget,
04:47qu'il y ait une dissolution de l'Assemblée Nationale
04:48pour qu'on rejette, encore une fois,
04:50la possibilité pour les Français de choisir.
04:53Moi, je pense que le président de la République ne le fera pas.
04:55Je pense qu'il peut même anticiper le budget.
04:58On murmure ça et là,
04:59qu'il pourrait en finir, comme avec Mme Borne,
05:01changer de Premier ministre,
05:02pour éviter, peut-être, de changer de bord politique.
05:04Parce que si, à motion de censure,
05:06la seule alternative à la non-dissolution,
05:08c'est d'aller cette fois-ci.
05:09Ce que j'ai entendu, moi,
05:10dans sa petite musique personnelle,
05:11depuis quelques semaines,
05:12il est beaucoup plus tirant vers les gauches,
05:15c'est-à-dire sur la sécurité.
05:17Rappelez-vous, le brainwashing de la sécurité.
05:19Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
05:20Il n'y a pas d'insécurité dans ce pays.
05:21Il y a eu quelques sorties, pour le moins.
05:22Les positions diplomatiques.
05:24Qui posent question.
05:24Voilà, exactement.
05:25Qui posent question et qui vont flatter, finalement,
05:27le bord gauche de son propre ensemble pour la République,
05:30mais aussi même, peut-être, le Parti Socialiste.
05:31Donc, on voit bien qu'il y a quelque chose
05:33qui va se passer à la rentrée.
05:35Et François Béroux le sait, lui aussi.
05:37Sa malice politique,
05:39c'est qu'en étant le Premier ministre le plus impopulaire aujourd'hui,
05:41il est capable de naviguer, quand même,
05:42dans cette espèce de marécage parlementaire et politique
05:46qui est devenue notre politique à nous.
05:49Et cette instabilité politique, Jean-Christophe Gallien,
05:51est-ce qu'elle ne finit pas par rompre vraiment
05:53le lien entre les Français et ses dirigeants ?
05:55On voit des mouvements de protestation
05:57qui arrivent d'un petit peu partout.
05:58Je pense à la loi sur la souveraineté énergétique,
06:02par exemple, les agriculteurs,
06:04le mouvement des gueux dont on parle sur Europe 1, notamment.
06:07Moi, je vous suis totalement,
06:08parce que ce qui m'inquiète encore davantage
06:09que ces mouvements de réaction,
06:11c'est, non pas une passivité,
06:13mais la distance qui s'est créée.
06:14Je vous assure que,
06:15je le ressens très fortement ces derniers temps,
06:19le débat politique,
06:20alors qu'on est un peuple très politique.
06:22En général, on a envie,
06:23voyez ce que vous dites,
06:23ces luttes corporatistes,
06:25mais qui en même temps sont des luttes
06:26contre des injustices
06:27que les corporations,
06:29les associations,
06:30les secteurs d'activité,
06:31les gens eux-mêmes ressentent.
06:32Eh bien, il y a une espèce de distance qui se crée.
06:34On ne parle plus ni de personnalité politique,
06:36qu'elle soit d'opposition de majorité
06:38ou de minorité de gouvernement.
06:39Et puis, on ne parle plus même des partis,
06:41on ne parle plus de ces gens-là.
06:42Je pense même pour le Rassemblement National,
06:44voyez,
06:44où LFI,
06:44qui sont des gens plutôt actifs,
06:46le seul qui s'en sort presque là-dedans
06:48et qui continue à travailler jour après jour,
06:50qui est quasiment trompé dans sa manière de faire,
06:52c'est LFI avec M. Mélenchon,
06:54Rima Hassan,
06:55qui sont tout le temps d'un trait,
06:56qui créent les incidents,
06:58qui prennent d'après la parole.
06:59Vous voyez,
06:59les autres ont l'impression qu'ils n'existent pas.
07:00Et donc, finalement,
07:01les Français se détachent progressivement,
07:04vous avez raison,
07:05ils n'y croient plus
07:06parce que le temps est tellement instable,
07:07tellement incertain,
07:08tellement impuissant aussi.
07:10Et vous avez, au-delà de ça,
07:11des événements internationaux
07:12qui occupent tout l'espace.
07:14Si vous vous intéressez à qui,
07:15vous vous intéressez à Donald Trump aujourd'hui,
07:16à personne d'autre.
07:17Donc, c'est difficile,
07:18mais en même temps,
07:18ça crée cette distance dont vous parlez.
07:20Et cette ambiance un peu de cocotte minute.
07:22Merci Jean-Christophe Gallien
07:23de votre intervention
07:24dans les studios d'Europe 1.

Recommandations