00:00Alors que l'on se prépare à partir en vacances, on va parler de la pollution des espaces maritimes.
00:05On en parle avec Simon Bernard. Merci d'être sur CNews.
00:08Vous êtes un jeune entrepreneur, 34 ans, officier de la marine marchande et président et cofondateur de Plastique Odyssée.
00:15Alors vous venez de signer avec l'UNESCO pour nettoyer 50 sites classés.
00:20Mais alors par lequel on commence ? Parce que quand on parle de pollution maritime, c'est quand même grave la question.
00:24Alors en fait, il n'y a que 51 sites classés au patrimoine mondial marin de l'UNESCO.
00:31Ça représente 0,5% de la surface terrestre, mais c'est 15% de la biodiversité, 20% du carbone stocké.
00:37Donc c'est par là qu'on commence.
00:39Alors ça paraît beaucoup, mais finalement c'est quand même accessible.
00:43On a commencé par Henderson, qui est une île du Pacifique.
00:45Et oui, j'ai vu ça, qui est la plus polluée du monde.
00:48Alors en termes de densité, c'est une des plus polluées, effectivement.
00:50Mais il y avait 10 tonnes, c'était une première étape.
00:53Là, la prochaine île à laquelle on va s'attaquer Aldabra dans les Seychelles, c'est 513 tonnes.
00:59Oui, c'est fou.
00:59Là, il y a une quantité.
01:00Mais celle en Erson, c'est une île qui se trouve en Polynésie.
01:03Ça se trouve à côté.
01:04On pense que c'est paradisiaque pourtant.
01:05Oui, alors ce n'est pas tout à fait la Polynésie.
01:07C'est une île qui appartient à Pitcairn, l'archipel de Pitcairn.
01:11Donc à mi-chemin entre l'île de Pâques et la Polynésie.
01:14C'est au milieu de nulle part.
01:14Et donc c'est au cœur des courants océaniques qui charrient les déchets plastiques.
01:19Alors si vous êtes dans l'hème de l'écho, c'est pour parler bien sûr économie.
01:23Le coût de la protection des océans, c'est comme si on allait nettoyer la mer avec une petite cuillère, si je puis dire.
01:29Parce qu'il y a tellement de pollution.
01:3019 tonnes de plastique jetées à la mer chaque minute, c'est ce que dit votre site internet.
01:35Oui, c'est ce que disent les études scientifiques.
01:38Bon, c'est difficile de savoir exactement combien de plastique l'humanité déverse.
01:42Mais globalement, c'est ça.
01:44Entre 10 et 20 millions de tonnes chaque année, c'est énorme.
01:47Mais comment ? Vous dites chaque année ou chaque minute ?
01:49Chaque minute, c'est 20 tonnes.
01:51Donc ça fait 10, 20 millions de tonnes.
01:54Non, mais c'est de la folie.
01:55Et alors du coup, vous avez mis au point des micro-usines que l'on va voir.
01:59C'est faisable d'avoir des petites usines comme ça qui sont mobiles en fin de compte, qui avancent sur la mer ?
02:04Alors le challenge, c'est plutôt d'avoir des usines dans des containers comme ça qui sont installées sur les côtes et qui permettent à des entrepreneurs locaux de créer une économie locale, de créer de l'emploi localement.
02:14Et donc de faire en sorte que ce plastique va avoir de la valeur qui va pouvoir être achetée.
02:18La collecte va être rémunérée.
02:19On va le transformer en produits finis qui vont se vendre localement.
02:24Et donc on va faire en sorte que ces plastiques ne soient pas laissés par terre.
02:27Donc vous créez en fait une économie autour du recyclage du plastique.
02:32Alors les bateaux ramassent le plastique et après le traitent sur les côtes.
02:35Alors l'idée, c'est que d'un côté, il y a des modèles rentables sur les côtes avant qu'il soit trop tard, avant que le plastique se retrouve dans l'océan.
02:42Donc ça, c'est ce qu'on fait avec les micro-usines.
02:44Mais à côté de ça, il y a des endroits sur Terre où ça coûte cher d'y aller et on ne pourra jamais être rentable en recyclant ce plastique.
02:50Donc c'est le cas de ces îles de l'UNESCO qui sont très éloignées.
02:53Ça coûte environ 10 euros le kilo.
02:54Ah oui, c'est ça.
02:5510 euros le kilo.
02:56Donc c'est beaucoup.
02:57Ça fait 10 000 euros la tonne.
02:58Donc on ne pourra pas trouver de modèle économique à l'heure actuelle si on n'a pas un modèle de crédit plastique ou de subvention.
03:08Pourtant, on a l'impression que ça existe.
03:09Toutes les aides pour le recyclage, on n'arrête pas d'en parler.
03:13Alors vous n'êtes pas content, j'imagine.
03:15Ce n'est pas suffisant ?
03:16Non, mais alors ce n'est pas dédié à ça du tout.
03:18C'est dédié à la collecte, on va dire, à financer des camions poubelles dans les rues.
03:22Mais pas à financer la dépollution, la restauration de ces derniers sanctuaires de biodiversité.
03:29Et pourtant, c'est là qu'on retrouve le carbone stocké.
03:31C'est là qu'on retrouve la vie.
03:32Donc c'est par là qu'il faut commencer si on doit aller chercher cette pollution.
03:35Alors précisons que l'une des activités du groupe Lagardère,
03:38nous sommes dans les studios Lagardère, vous soutient, bien sûr,
03:42notamment avec les relais H.
03:43Donc là, vous avez mis en place un système de dons, de collecte.
03:47Oui, alors c'est vrai que c'est vraiment une très belle visibilité,
03:49surtout que c'était un mois un peu particulier.
03:52C'est le sommet de l'ONU Lunok sur l'océan, en juin à Nice.
03:57Et donc ça a été dans ce cadre-là une manière aussi de parler de l'océan,
04:00de parler de solutions positives,
04:02et puis d'essayer de collecter des fonds pour aller nettoyer ces îles.
04:06On vous voit là, il y a un monde fou qui travaille avec vous.
04:08Alors aujourd'hui, c'est une véritable entreprise, Plastique Odyssée.
04:10Aujourd'hui, on est 65,
04:12donc on a 35 personnes sur ce volet d'expédition scientifique,
04:16et puis 30 personnes sur cette start-up industrielle qui développe les usines.
04:19Et toujours en mer, enfin, combien de jours par an ?
04:22Alors moi, je pense 80% du temps à parcourir le monde sur ce bateau.
04:28Mais il y a des équipes partout dans le monde
04:30qui sont en ce moment même dans des usines au Sénégal ou aux Philippines.
04:33En France, comment juge-t-on aujourd'hui la qualité des eaux,
04:36par exemple de la Méditerranée, avec le réchauffement qui est réel ?
04:40En fait, le plastique, c'est une des pollutions qui est visible,
04:44même si elle est majoritairement invisible,
04:46mais globalement, on voit quand même cette pollution.
04:49Donc c'est une première pollution à laquelle il faut s'attaquer,
04:53mais il y en a plein d'autres.
04:54Et donc la Méditerranée, les autres mers, c'est une mer fermée,
04:57on retrouve des tas de pollution, on a entendu parler des brouges,
05:01un tas de pollution en réalité qui est moins visible.
05:05Et puis une pollution végétale, on parle des sargasses
05:07qui sont un fléau pour les Antilles.
05:11C'est quand même dramatique quand on sait que pour la France,
05:14qu'il y a ces îles, le tourisme est menacé.
05:17Oui, les sargasses, c'est pareil, ça fait partie d'un résultat
05:21de tous ces dérèglements, de toutes ces pollutions plus ou moins visibles
05:25et pour laquelle là, on n'a pas vraiment de solution.
05:27Et quand on a traversé l'Atlantique, on en a trouvé absolument partout.
05:31Donc pas uniquement dans les Caraïbes, tout du long aujourd'hui,
05:33tout du long de l'Atlantique, on retrouve des sargasses.
05:35L'éducation des populations, c'est ça en fait la solution ?
05:39Alors la solution, elle vient de pas mal d'endroits.
05:41Elle vient de tous les niveaux, à la fois politiques,
05:43puisqu'il y a le traité plastique qui va se négocier à Genève en août,
05:46où l'objectif est de réduire la production de plastique.
05:49Ça vient de là, ça vient de la sensibilisation de l'éducation des plus jeunes,
05:53des consommateurs pour changer nos habitudes,
05:56et puis aussi des industriels arriver à changer nos modes de production aussi.
06:00Donc il n'y a pas une solution universelle.
06:03Il est difficile de se passer du plastique,
06:05mais cette pollution, elle touche surtout les pays les plus pauvres en général,
06:07qui ont peut-être d'autres préoccupations que de protéger la mer.
06:11Complètement.
06:12Alors le changement climatique, la pollution plastique,
06:14ça touche globalement les mêmes personnes
06:16qui ont moins les moyens de se protéger de ça.
06:20C'est pour ça qu'on a essayé d'approcher ça
06:22avec un volet entrepreneurial économique en se disant
06:24si on arrive à créer de l'emploi,
06:27permettre à des gens d'en vivre,
06:28on va pouvoir régler cette pollution.
06:29Vous-même, vous êtes bénévole dans l'ensemble pour l'organisation ?
06:32Non, non, alors on est 65 salariés aujourd'hui.
06:35C'est ça, donc c'est une vraie entreprise qui vit de dons, d'aides et de subventions.
06:39D'ailleurs, 30 pays seulement polluent, 90% de la planète, 30 pays seulement.
06:44Alors oui, sans compter, c'est vrai que ce qu'on compte rarement aussi,
06:47c'est l'export des déchets.
06:48On sait que les États-Unis, par exemple, exportent des déchets
06:51qui se retrouvent dans l'océan
06:53parce qu'ils ont été sous-traités à des pays qui gèrent moins bien les déchets.
06:56Oui, bien sûr.
06:57Merci beaucoup, Simon Bernard, d'être venu sur ces news Plastique Odyssée.
07:02On le rappelle, en lien avec le groupe Lagardère