Bruno Comby : «Le projet militaire et nucléaire iranien a été atteint durement. Pour autant, il n'est pas complètement démoli. [...] Le programme militaire iranien remonte a plusieurs décennies et il peut continuer. L'Iran balade tout le monde depuis 30 ans.»
00:00Oui, le projet militaire nucléaire iranien a été atteint durement. Pour autant, il n'est pas complètement démoli. Et il reste surtout de grosses incertitudes.
00:14En fait, comme souvent, tout le monde a un peu raison. On a eu d'abord la communication politique de Donald Trump qui a envoyé ses sept bombardiers chargés de 14 grosses bombes GBU pour pilonner Natanz et Fordo.
00:31Et de ce point de vue, c'est une réussite quasi totale. Ils ont délivré les 14 bombes. Les 14 bombes ont frappé à l'endroit prévu, ont explosé. Et cet avion est revenu intact. Succès militaire, bravo.
00:44Est-ce que ça veut dire qu'il n'y a plus de programme militaire iranien ? Non. Le programme militaire iranien remonte à plusieurs décennies et il peut continuer.
00:55La difficulté pour les commentaires, c'est l'incertitude. C'est qu'en fait, comme les Iraniens étaient prévenus, ils savaient que les sites allaient être frappés.
01:03Donc, ces matières enrichies d'une part et ces centrifugeuses d'autre part, qui pour eux sont précieux comme la prunelle de leurs yeux, sachant que ça allait être bombardé, évidemment qu'ils ont pris toutes les mesures possibles pour les mettre à l'abri.
01:17Et on ne sait pas dans quelles proportions. Alors, les matières, l'uranium déjà enrichi, c'est assez facile.
01:26Ça, ce sont les fameux 400 kilos dont on parle.
01:27Les 400 kilos.
01:28D'ailleurs, pourquoi 400 ? Pas 200 ? Pas 500 ? Pas 600 ? D'où vient cette information ?
01:32Ce chiffre-là vient de l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui, comme l'Iran a signé le traité de non-prolifération nucléaire, se rend régulièrement sur place, y compris dans le site de Fordo et de Natanz,
01:43pour voir, pour vérifier, pour compter les matières, pour vérifier que les caméras sont bien en place, pour faire ses mesures.
01:50Donc, l'agence y va régulièrement et Raphaël Grossi y a été personnellement. C'est comme ça qu'on connaît aussi bien aussi ce site.
01:58Mais ces 400 kilos, donc c'est la quantité officiellement déclarée par l'Iran et constatée par l'Agence internationale.
02:06Mais en réalité, c'est un minimum, puisqu'on sait qu'il y a eu un jeu de cache-cache et qu'il y en a sans doute un peu plus, sans qu'on sache combien, ni où.
02:15Ce qu'on sait, c'est qu'il y a des caméras qui ont été débranchées, des inspecteurs qui n'ont pas pu rentrer, des jeux de cache-cache avec des matières qui circulent et des centrifugeuses qui se promènent.
02:24Et donc, on ne sait pas combien ils ont d'uranium enrichi en plus, qui sont dans d'autres lieux, combien il y a de centrifugeuses en plus, qui sont dans d'autres lieux.
02:36Bruno Combi, par contre, vous posez une question un peu triviale. Est-ce que ça ne fait pas 15 jours que l'Iran balade tout le monde ?
02:42Il balade tout le monde depuis 30 ans. C'est un jeu de cache-cache et je vous confirme qu'ils sont très forts à ce jeu-là, puisqu'ils ont réussi à tromper, y compris les agences internationales,
02:52et en flirtant avec la limite par rapport à l'égalité sans cesse. Et ce jeu de cache-cache, ça dure depuis des années, des décennies. Ce n'est pas nouveau de cette semaine.
