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  • 23/06/2025
Constellations de satellites, lancements record, explorations massives : le New Space avance à toute vitesse. Mais derrière cet essor, une ombre grandit : celle des déchets spatiaux. Issues des restes de fusées ou de satellites, des milliers de débris flottent aujourd’hui en orbite, et menacent nos infrastructures.

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Transcription
00:00Deuxième épisode de notre série Enjeux du futur, la conquête de l'espace, mais comment va-t-on gérer les débris, ces déchets spatiaux ?
00:12Pour en parler, Aurélie Bakker, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Vous êtes experte, évidemment, dans le domaine spatial, mais vous étendez votre expertise dans l'intelligence artificielle.
00:22Vous êtes directrice France d'AICO, c'est comme ça qu'on prononce ?
00:25Exactement.
00:25Ok. Entreprise européenne spécialisée dans le développement de logiciels qui visent à rendre les missions spatiales autonomes.
00:32Et avec vous, Quentin Vaspiren, bonjour.
00:34Bonjour.
00:34Vous êtes ingénieur aérospatial, titulaire d'un doctorat politique publique, coordinateur du programme de sécurité spatiale de l'ESA, l'agence spatiale européenne.
00:42Alors peut-être déjà commencer par définir, nous dire ce que c'est, qu'est-ce qu'un débris spatial ?
00:48Alors un débris spatial, c'est un objet que l'homme a laissé derrière lui dans l'espace.
00:53Donc ce sont des satellites, des étages de fusée et des débris de fragmentation de ces objets.
01:00Donc ce sont vraiment les...
01:01Donc des bris, c'est à partir du moment où on n'utilise pas finalement l'objet qu'on a envoyé dans l'espace.
01:05Exactement. Donc on utilise l'objet pour diverses applications très utiles pour notre vie de tous les jours.
01:10Et à la fin de sa vie, si jamais on n'est pas assez sérieux pour le désorbiter de manière propre, il reste dans l'espace et devient un débris et peut se fragmenter.
01:18Principalement donc des satellites aujourd'hui ?
01:21Oui, principalement des satellites et des étages de fusée qui ont été abandonnés.
01:24D'accord. Donc ça veut dire que tout le monde ne fait pas ce qu'il faut, ne fait pas le nécessaire pour récupérer ces satellites une fois qu'ils sont mis hors service ?
01:33Alors oui, pendant très longtemps, on avait l'impression que l'espace était assez grand.
01:37Et on commence à se rendre compte de plus en plus que ces débris posent un danger croissant à des satellites critiques pour notre vie de tous les jours.
01:45Et donc typiquement, sur des satellites de l'Agence spatiale européenne, 10 ans en arrière, 15 ans en arrière, on avait rarement des alertes de collision avec des débris.
01:52Maintenant, on en a quasiment toutes les semaines.
01:54D'où les fragmentations, j'imagine.
01:56Voilà, exactement.
01:56On essaie d'éviter les collisions maintenant, c'est vraiment l'objectif.
02:03Ajouter des collisions, rajouter des débris, ça peut engendrer des problèmes.
02:08Et alors, ils ont quelle taille à peu près ces débris ?
02:11Alors, on a des débris de toute taille.
02:12On a encore des étages de fusée absolument gigantesques, de plusieurs mètres, des grands satellites.
02:17Mais la majeure partie des débris sont des débris de fragmentation, donc ils sont beaucoup plus petits.
02:21On est capable à l'heure actuelle, en orbite basse, de détecter des débris d'environ 10 cm.
02:25Et on estime qu'il y en a environ entre 40 et 50 000.
02:29Par contre, si on descend à une étape en dessous, donc entre 1 et 10 cm, on les estime à environ 1,2 million, sans être capable de les observer ni de savoir où ils sont.
02:39C'est assez impressionnant.
02:42Ces risques de collision, justement, vous dites qu'on essaye de les éviter.
02:46Comment est-ce qu'on peut savoir où se trouve un débris ?
02:49En fait, il y a des structures au sol qui sont spécialisées dans la surveillance de l'espace.
02:54Donc il y a des structures gouvernementales et étatiques.
02:57Il y a aussi des entreprises privées, en fait, qui développent des télescopes au sol et qui observent l'espace et qui font un catalogue.
03:04Et qui, du coup, permettent aussi de faire des alertes et de donner aux opérateurs de satellites les risques de collision.
03:12Il y a plus de risques de collision en orbite basse, je pense, aux nouvelles constellations.
03:16Oui, absolument.
03:18C'est vraiment là qu'est la majeure partie de ces débris de 1 à 10 cm.
03:22Et ce sont des débris importants.
03:24On peut s'imaginer qu'un centimètre, c'est extrêmement petit.
03:26Mais en fait, ces débris en orbite basse se déplacent à environ 30 à 40 000 km heure.
03:31Donc même un débris d'un centimètre, s'il rentre en contact avec un satellite, ça libère à peu près la même énergie qu'une grenade militaire.
03:38Donc on a en orbite basse environ un million de ces grenades qui se déplacent à 40 000 km heure et qu'on ne peut pas détecter.
03:44Donc c'est vraiment préoccupant.
03:45Il y a des risques de répercussions sur nous, sur Terre ?
03:49Oui, absolument.
03:50En fait, on ne se rend pas compte, mais dans notre vie de tous les jours, on utilise les technologies spatiales pour utiliser un terminal de paiement par carte bancaire,
03:58pour retirer de l'argent à la banque, pour des transactions financières, pour le transport d'électricité, pour le transport de personnes.
04:03Tout cela est dépendant des services spatiaux, en particulier le positionnement ou la navigation, comme Galiléo.
04:09Donc si ces services, si ces satellites sont endommagés par des débris ou d'autres phénomènes dangereux dans l'espace,
04:16on pourrait avoir de gros problèmes et toutes ces infrastructures critiques qui pourraient s'effondrer sur Terre.
04:22Alors moi, j'avais noté un chiffre.
04:25Alors c'est très difficile justement de savoir à peu près quel est notre niveau de dépendance de ces satellites,
04:30mais dans le volet spatial du plan d'investissement France 2030, il s'est calculé qu'un Européen utilisait chaque jour une cinquantaine de satellites
04:38pour des activités quotidiennes.
04:41Oui, mais comme disait Quentin, la météo, même sur des applications plus business, comme l'agriculture de précision,
04:49la sécurité civile, la prévention des incendies, ce sont tous des sujets où en fait on utilise des satellites d'observation de la Terre
04:56qui sont sur les orbites basses, donc si on ne les a plus...
04:58Et donc là, demain, on fait face à un risque que l'un de ces satellites soit inutilisable et que ça perturbe notre vie quotidienne finalement.
05:06Donc il faut mettre en place des solutions.
05:08Alors j'imagine que vous allez m'en parler.
05:10On a des solutions.
05:11Oui, on a des solutions.
05:12Et je dirais même en fait le risque, il est encore plus grand que ça parce qu'il y a ce qu'on appelle le syndrome de Kessler.
05:17C'est un syndrome où les experts estiment qu'un risque, une collision, pourrait entraîner des réactions en chaîne
05:25et entraîner le fait que les orbites basses soient complètement inutilisables en fait.
05:30Et c'est ça le risque et c'est pour ça en fait qu'on développe des solutions pour éviter les collisions.
05:35Oui.
05:35Alors, peut-être avant de parler des solutions, qui sont les responsables ?
05:39Vous avez dit, certains qui s'en occupent bien, d'autres pas.
05:42Où sont les coupables ?
05:43Alors ils sont partout.
05:44En fait, ils sont partout et surtout dans le passé.
05:46Puisque tous les acteurs ont une responsabilité dans la population actuelle de débris,
05:52on a tous cru pendant longtemps que l'espace était assez grand.
05:56Mais depuis, je dirais 15, 20 ans, il y a eu une vraie prise de conscience
05:59et donc une montée en puissance des études sur la population de débris spatiaux,
06:04le fait de développer des nouvelles solutions.
06:06Et ce sur quoi on s'est vraiment accordé, c'est qu'il y a deux volets d'action.
06:10Le premier, c'est de ne plus créer de nouveaux débris avec nos missions futures.
06:13D'accord.
06:13C'est vraiment le plus important pour stabiliser la population de débris actuelle.
06:16C'est un peu comme la politique zéro carbone, là c'est zéro déchet.
06:19Zéro débris, c'est comme ça qu'on l'appelle exactement.
06:22Et le deuxième volet, c'est pour certains débris particulièrement dangereux,
06:26ça peut être des étages de fusée ou des gros satellites
06:28qui menacent de se fragmenter en des milliers de débris,
06:31essayer, eux, de les retirer de l'orbite de manière active.
06:34Donc nous, on travaille vraiment sur ces deux volets,
06:36mais je dirais que la priorité numéro un, c'est déjà d'arrêter de créer des débris.
06:40Oui. Et aujourd'hui, arrêter de créer des débris, on sait faire ?
06:46On est au point sur ces techniques ?
06:48On travaille à cela.
06:50Et en particulier, l'Agence Spatiale Européenne,
06:53en partenariat avec de nombreux acteurs industriels et étatiques,
06:56a lancé ce qu'on appelle la stratégie zéro débris.
06:59Et l'idée, c'est de développer toutes ces briques technologiques
07:02qui vont permettre à nos futures missions, au-delà de 2030,
07:05de ne plus laisser de débris en orbite.
07:09Et pour ça, on a cette stratégie qui est une stratégie interne à l'Agence,
07:12où c'est des centaines de millions d'euros d'investissement sur ce sujet.
07:15Et on a un volet, je dirais, communautaire,
07:18où on a travaillé avec énormément d'acteurs, dont AICO,
07:21à un document qui s'appelle la charte zéro débris,
07:23qui a été créée par une quarantaine de partenaires
07:25et maintenant signée par 180 acteurs du monde entier,
07:28dont 20 États, pour s'engager à atteindre ces objectifs zéro débris d'ici 2030.
07:32Quand vous signez cette charte, vous vous engagez de quelle manière, très concrètement ?
07:38Nous, on est une entreprise privée, donc on développe des technologies
07:41et on s'engage parce que les technologies que l'on développe,
07:44qui sont basées sur l'intelligence artificielle,
07:46peuvent favoriser la gestion des satellites.
07:49Nos clients, ce sont les opérateurs de satellites,
07:51ceux qui sont au sol et qui font les manœuvres,
07:53entre autres pour éviter les débris.
07:55Donc nous, on met à disposition des technologies
07:57qui facilitent cette gestion-là.
07:58D'accord, c'est-à-dire que c'est via l'IA, via ces logiciels intelligents
08:03ou en tout cas plus autonomes,
08:05qu'on peut repérer justement des risques de collision et les éviter, par exemple ?
08:10Alors, il y a ça, il y a des opérateurs qui sont au sol qui font ça,
08:13des entreprises qui sont au sol, comme je l'ai dit tout à l'heure,
08:15qui cataloguent les débris.
08:17Et nous, on va prendre l'information et à bord du satellite,
08:19on va avoir des solutions qui vont prendre les décisions
08:22et qui vont assister les opérateurs pour savoir quand est-ce que c'est qu'il faut
08:25que le satellite se dévie de sa trajectoire pour éviter le débris.
08:29D'accord.
08:30Là, on parle d'initiatives européennes.
08:33On peut l'étendre aux États-Unis, on peut l'étendre à la Chine,
08:36on peut l'étendre jusqu'où ?
08:38Cette stratégie zéro débris ?
08:39Alors, cette approche zéro débris, cette charte zéro débris, est internationale.
08:44Ce n'est pas une charte européenne.
08:44Tout le monde l'a signée ?
08:45Alors, on a 33 pays dans le monde qui ont des organisations qui ont signé la charte.
08:50D'accord.
08:50On a même des grands opérateurs internationaux, tels qu'Amazon,
08:53qui est le grand concurrent maintenant de SpaceX sur les constellations.
08:56Donc, on a des signataires indiens, de Corée du Sud, du Japon.
09:01SpaceX l'a signé, par exemple ?
09:02Non, SpaceX ne l'a pas signé.
09:04Ça, effectivement, ça pourrait être important.
09:06Cela dit, ils ont participé à l'élaboration de la charte,
09:08ils se sont engagés sur certains points, mais le fait de le signer…
09:12Sur quoi ça bloque alors, pour eux, de leur côté ?
09:15Je ne suis pas en mesure de parler au nom de SpaceX.
09:17D'accord. Il y a une responsabilité, quand même, juridique sur les débris, aujourd'hui ?
09:22Oui, absolument.
09:23Donc, les débris sont sous la responsabilité de ce qu'on appelle l'état de lancement.
09:29Donc, lorsqu'on lance, par exemple, un satellite de Kourou, on le lance depuis la France,
09:33la France va être responsable de ce satellite ou de la fusée,
09:37et donc va devenir responsable des débris qui seront générés à partir de ce satellite.
09:42Et cette responsabilité, elle est tant juridique que financière,
09:45c'est-à-dire que si ce débris va impacter un satellite, par exemple, américain,
09:50l'État américain pourra demander compensation à l'État français.
09:54Et donc, bien sûr, la France transfère cette responsabilité financière aux opérateurs
09:59via des processus de licence.
10:01Après, il faut être capable de tracer l'origine du débris.
10:04Ce n'est pas forcément évident de savoir que ça vient…
10:07S'il y a une collision et que l'opérateur n'a pas fait son travail pour éviter le débris
10:13et que du coup, ça crée une collision, c'est assez facile de savoir.
10:17Alors, si c'est une collision avec un débris, mais par contre, c'est vrai que quand c'est une collision
10:20entre deux satellites, un russe et un américain, comme en 2009,
10:24savoir si les débris sont russes ou américains est extrêmement complexe.
10:28Donc, vous avez parfaitement raison sur le fait qu'une grande partie des débris, déjà, ne sont pas observables.
10:31Même pour ceux qui sont observables, ce n'est pas absolument évident de savoir où sont les responsabilités.
10:38Et donc, historiquement, cette provision du droit international pour compensation n'a en fait jamais été appliquée.
10:43Bon. Alors, il y a un petit chemin à faire encore.
10:45Exactement.
10:46Il vous semble aujourd'hui que dans l'écosystème spatial français,
10:49on est plutôt en pointe sur ces sujets et cette préoccupation ?
10:53Oui, c'est des sujets qui sont vraiment d'actualité.
10:57Il y a des projets qui se montent, des collaborations qui se montent, dont Aïko fait partie,
11:00où on essaie de travailler sur l'ensemble de la chaîne de valeurs.
11:04Donc, des opérateurs qui sont au sol, des gens qui cartographient les débris,
11:08jusqu'à des acteurs comme nous qui développent des solutions à bord du satellite
11:13pour faire l'évitement de collisions.
11:15Donc, en fait, il y a une structuration de l'écosystème autour de ces sujets-là
11:18parce que tout le monde prend en conscience que c'est important
11:20et que derrière, il y a vraiment des potentielles conséquences financières très importantes.
11:26Et donc, parce qu'on entend que la France est plutôt pionnière sur ce sujet,
11:30vous allez me dire oui, c'est ça ?
11:34Oui, c'est très clair et c'est objectif.
11:37Mais est-ce qu'on n'en fait pas trop par rapport aux autres ?
11:39Parce qu'on a toujours un sujet de régulation.
11:43On nous dit toujours que l'Europe surrégule et du coup pénalise sa propre industrie.
11:48Là, on entend que, par exemple, SpaceX n'a pas signé cette charte.
11:52Voilà.
11:53Est-ce qu'on ne va pas un petit peu trop loin, nous, par rapport aux autres ?
11:56Alors, ce qu'on observe dans le monde entier, c'est vraiment un durcissement de ces réglementations.
12:00On voit ça au Japon, c'est des discussions qui ont lieu aux États-Unis
12:03et qui ont même été mises en œuvre par la FCC il y a plusieurs années.
12:07D'accord.
12:07Donc, il y a un vrai mouvement qui va vers une réglementation plus forte.
12:12Maintenant, la question qui se pose pour l'industrie, c'est attendre que la réglementation se durcisse pour s'adapter
12:17ou alors essayer d'arriver en amont, de développer des solutions
12:21qui permettront, quand la réglementation sera en place, d'être les plus compétitifs.
12:25Et justement, notre pari en Europe et en particulier de l'Agence spatiale européenne et ses États membres,
12:30c'est de dire que les réglementations vont arriver, on se prépare
12:34et avec de l'argent public à l'Agence spatiale européenne,
12:38on essaye d'aider notre écosystème européen à développer ces solutions.
12:42Comme ça, à l'horizon 2030, quand l'espace sera très réglementé,
12:46l'Europe sera vraiment en pointe sur ces solutions.
12:48Et donc, on n'aura même pas à protéger la compétitivité,
12:51mais on espère en avoir créé, avoir créé de la richesse via…
12:53Vous avez raison, parce que ça, c'est un point important, effectivement,
12:56parce que souvent, aux États-Unis, en fait, ils se préparent très, très fort en amont aux régulations
13:01et donc ils arrivent, voilà, ils sont prêts, ils sont bien armés,
13:05alors que nous, on attend la dernière minute.
13:07En tout cas, c'est aussi le discours que j'entends.
13:09Mais sur la partie française également,
13:10enfin, en collaboration entre les agences spatiales françaises et européennes,
13:14mais le CNES a aussi des activités où il finance de la recherche et du développement
13:17sur ces activités-là pour préparer les technologies du futur, en fait.
13:22Parce qu'en fait, ça peut générer un nouvel écosystème.
13:25Mais c'est tout à fait le cas.
13:27Et c'est pour ça que l'écosystème français spatial est aussi dynamique aussi,
13:30parce qu'il y a de nombreuses actions et possibilités dans ces sujets-là.
13:38Alors, cette charte zéro débris,
13:41aujourd'hui, il vous semble que c'est vraiment un acquis sur lequel on peut se reposer.
13:46Quelle est la prochaine étape ?
13:49Alors, un acquis.
13:50Ce n'est jamais un acquis, puisque c'est un document qu'on a signé,
13:53mais il faut aller ensuite au-delà du document.
13:55Ce qui est très bien, c'est que les premières signatures ont eu lieu l'année dernière
13:58et on voit déjà des effets.
14:00Il y a énormément d'entreprises qui se sont engagées,
14:02il y a des nouveaux investissements qui ont été engagés.
14:04Ça fonctionne, mais c'est un travail de longue haleine.
14:08Donc, ne nous réjouissons pas trop vite et attendons de voir un résultat.
14:11Au-delà de ça, ce qu'on essaie de pousser à l'Agence spatiale européenne,
14:16c'est ce qu'on appelle l'économie circulaire dans l'espace.
14:19C'est vraiment un changement de paradigme.
14:21C'est les services en orbite, le recyclage en orbite,
14:26le manufacturing en orbite,
14:27toutes ces choses qui n'existent pas à l'heure actuelle.
14:30Une comparaison avec un autre secteur,
14:33dans l'espace, à l'heure actuelle, c'est comme acheter une voiture très chère,
14:36l'envoyer très loin dans un autre pays en payant un lancement qui coûte une fortune.
14:40Et ensuite, on l'utilise jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de carburant.
14:43Mais ce qu'on veut essayer de faire dans l'espace,
14:45c'est réparer la voiture, faire le plein de carburant.
14:48Ça paraît assez évident dans beaucoup d'autres secteurs,
14:50mais dans l'espace, on envoie un satellite qui coûte très cher,
14:52on l'utilise quelques années,
14:54et ensuite, la meilleure pratique est de le faire brûler dans l'atmosphère.
14:57Et donc, on essaie vraiment de changer ce paradigme.
15:00Alors, c'est beaucoup plus long terme,
15:02on vise plus les années 2040 pour ça,
15:05mais ça va être extrêmement important.
15:06Et on a déjà des acteurs, en France et à l'international,
15:09qui travaillent sur ces services en orbite,
15:11en particulier à l'Agence spatiale européenne.
15:13On a une mission qui s'appelle RISE,
15:15qui va aller faire de l'extension de durée de vie
15:17de satellites en orbite géostationnaire,
15:19donc des satellites qui pourraient coûter, par exemple,
15:20500 millions d'euros et être utilisés pendant 10 ans.
15:24Mais si on peut les utiliser 5 ans de plus,
15:26c'est un gain fondamental.
15:27Et vous voyez déjà des entreprises qui sont en pointe
15:29sur ces sujets d'économie circulaire ?
15:31Oui, il y en a un certain nombre en France et en Europe
15:34qu'il faut travailler sur ces sujets-là.
15:36Et il y a beaucoup de technologies qui sont aussi basées sur l'IA
15:38pour réussir à faire les approches,
15:41comment on va pouvoir s'accrocher aux satellites,
15:43comment on va pouvoir...
15:45Parce qu'il y a certains moments,
15:46en fait, on ne peut pas tout gérer depuis le sol.
15:48Les dernières phases d'approche ont besoin d'être,
15:50d'une certaine façon, autonomes.
15:52Donc là, il y a des technologies d'IA
15:54qui permettent d'analyser l'ensemble des informations
15:56et de prendre des décisions.
15:57Et la simulation avec les jumeaux numériques,
16:00ça fait partie aujourd'hui des outils ?
16:04Ça permet de faire les tests au sol
16:06et de valider l'utilisation des algorithmes
16:09avant de les utiliser dans l'espace.
16:11Merci beaucoup à tous les deux pour vos éclairages.
16:13Quentin Vespiren, je rappelle,
16:14vous êtes le coordinateur du programme de sécurité spatiale à l'ESA
16:17et Aurélie Bakker, directrice France d'Aïko.
16:20Merci encore.
16:21Merci à vous.

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