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  • il y a 4 jours
Avec Michel Barnier, ancien Premier Ministre et auteur de "Ce que j'ai appris de vous " (Calmann- Lévy)

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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-06-18##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Et notre invité ce matin, Michel Barnier, ancien Premier ministre,
00:11qui publie chez Calman Nevy, ce que j'ai appris de vous, chronique pour demain.
00:16Nous allons, bonjour Michel Barnier, nous allons évidemment parler de votre livre,
00:21ouvrir votre livre, qui est passionnant parce que vous êtes parti à la rencontre des Français,
00:26vous avez retenu ce que vous ont dit les Français, vous le traduisez et vous l'expliquez
00:32et vous nous racontez finalement votre parcours politique à travers ces rencontres avec les Français
00:38et vous faites des suggestions, on y reviendra.
00:42Mais, mais, je voudrais d'abord commencer avec l'actualité.
00:47La guerre Israël-Iran, Michel Barnier, les Etats-Unis hésitent à entrer en guerre, doivent-ils s'abstenir ?
00:54Doivent-ils s'abstenir ? Doivent-ils s'engager ?
00:59Ou doivent-ils s'engager ?
01:00M. Trump nous a habitués à des positions, à des sentiments qui changent.
01:07Je me souviens d'ailleurs de sa campagne électorale, qui n'est pas si lointaine,
01:11en promettant que plus aucun soldat américain ne serait engagé sur des fronts, surtout des fronts lointains.
01:18Donc je ne peux pas dire quelle sera sa décision.
01:20Je pense que l'influence américaine est très considérable, elle est très névralgique dans cette région,
01:25depuis longtemps, et qu'elle doit être utilisée pour ramener la paix, arrêter la guerre partout,
01:31et encourager tous les protagonistes à se mettre autour d'une table,
01:36y compris d'ailleurs l'Union Européenne le moment venu.
01:38– Bien, mais Michel Barnier, de son côté, Benjamin Netanyahou n'exclut pas de tuer le guide suprême iranien,
01:46Ali Khamenei. Doit-on, doit-il aller jusque-là ?
01:52Je complète ma question avec ce qu'a dit Emmanuel Macron,
01:56vouloir changer le régime en Iran par la force serait une erreur stratégique.
02:01Vous êtes d'accord ou pas ?
02:02– Personne ne sera mécontent, ou tout le monde sera heureux si le régime iranien change.
02:09C'est un régime théocratique, c'est un régime autoritaire,
02:12c'est une dictature qui oppresse les femmes, en particulier, et pas seulement les femmes,
02:17qui sont d'ailleurs en point d'un combat très courageux pour beaucoup d'entre elles, au risque de leur vie.
02:22Personne ne se plaindra que ce régime tombe.
02:26Est-ce qu'on le fait tomber par des interventions extérieures ?
02:29On a quelques exemples qui prouvent que ça ne marche pas toujours.
02:33La Libye ou l'Irak sont là, et peut-être même, d'une certaine manière, l'Afghanistan a un contre-temps.
02:39Donc, il faut faire attention à plaquer un changement de régime par la force ou une intervention militaire extérieure.
02:47Le changement de régime, il doit d'abord venir du peuple iranien.
02:49On n'en est pas loin, on n'en est pas loin, mais c'est d'abord cela qui compte.
02:52Voilà pourquoi je pense que...
02:53Vous êtes prudent, vous n'êtes pas partisan des solutions définitives.
03:01Je vais ajouter, Jean-Jacques Bourdinco, en Iran, les choses sont complexes.
03:05Ce n'est pas seulement quelques personnalités.
03:07Fût-elle le guide suprême qui compte ? On peut les éliminer.
03:13D'ailleurs, certains ont été éliminés par les services israéliens depuis quelques jours.
03:17Alors, c'est très complexe. Il y a des services, il y a une organisation militaire, il y a un système autocratique et autoritaire extrêmement puissant.
03:26Et donc, ça ne suffira pas d'éliminer...
03:29Ce serait une erreur stratégique ?
03:30Vous rejoignez Emmanuel Macron ?
03:32Je n'ai pas à rejoindre Emmanuel Macron, à ne pas le rejoindre.
03:34Non, mais d'accord, mais j'oublie Emmanuel Macron. Est-ce que ce serait une erreur stratégique ?
03:38Je vous ai dit ma position. Ma position, c'est que pour changer un régime, il faut mieux compter sur le peuple du pays concerné, même s'il doit être aidé ou accompagné ou soutenu.
03:47Ce ne sont pas des bombes et ce ne sont pas des interventions militaires qui changent les régimes de manière durable.
03:52Conclave des retraites, s'il y a accord...
03:54Orange, excusez-moi de terminer là-dessus.
03:57Allez-y.
03:57Notre solidarité avec Israël, qui a le droit à la légitime défense, comme c'était le cas après le 7 octobre et les attentats terroristes du Hamas, contre la menace iranienne qui était extrêmement claire.
04:09J'ai moi-même participé, comme ministre des Affaires étrangères, il y a quelques années, aux premières négociations sur l'accord iranien pour empêcher l'Irak ou l'Iran, ou pour conduire l'Iran à ne pas avoir la bombe atomique.
04:20Ça reste une question de sécurité et on peut comprendre la position israélienne.
04:23Alors Israël fait le sale boulot pour nous.
04:26Je vous dis ça parce que c'est Friedrich Merz qui a dit cela.
04:30Oui, je sais bien, je connais bien le chancelier allemand qui dit quelque chose que tout le monde pense.
04:34En tout cas, Israël fait ce qu'il faut pour sa propre sécurité et nous sommes, nous, Européens, et nous, Français, sur une ligne extrêmement claire, la sécurité et l'intégrité du territoire israélien n'est pas négociable.
04:45Conclave des retraites, question d'actu, on se retrouve le 23, si j'ai bien compris, syndicats, patronaux et syndicats de salariés.
04:56Parmi les mesures, il y a juste une question que je voulais vous poser.
05:00Ce matin, je recevais le président de la CFTC qui me disait que tout le monde était d'accord pour confier la gestion du régime général aux partenaires sociaux.
05:09C'est une bonne idée cela ?
05:10Moi, je pense, en effet, et j'ai parlé avec le président de la CFTC et d'autres syndicats avec lesquels je continue d'avoir des contacts depuis que j'ai quitté Matignon,
05:19que notre pays se porterait mieux si on fait davantage confiance aux partenaires sociaux.
05:23Vous le dites dans votre livre, d'ailleurs.
05:24Je le dis, je donne un coup de chapeau aux syndicats, ou bien ceux que j'ai connus en Savoie, dans des conditions parfois difficiles, où l'industrie était en cause,
05:33désindustrialiser notre pays qui est une grande faute au niveau national.
05:37Et quand je suis arrivé à Matignon, on m'a encouragé du côté du président de la République à publier tout de suite le décret,
05:44le fameux décret qui était prêt sur l'assurance chômage.
05:48Et j'ai dit, non, pourquoi vous ne l'avez pas publié avant moi ?
05:50Vous ne l'avez pas publié, je ne vais pas le publier.
05:53Je vais réouvrir ce sujet de l'assurance chômage dans le cadre du dialogue social.
05:57Et nous avons bien fait avec la ministre du Travail, Astrid Panossian, pour encourager les syndicats qui ont trouvé une solution.
06:03Et la même chose sur tous les sujets qui entourent la question des retraites.
06:06Il ne faut pas revenir sur l'âge de la retraite, je ne serai pas responsable.
06:09En revanche, il y a des tas de catégories de Français qui doivent partir plus tôt et dans de meilleures conditions.
06:15Les carrières longues, les femmes qui ont des enfants, la pénibilité qui est extrêmement importante.
06:20Tout ça, ce sont des sujets qu'il fallait, et le Premier ministre a bien fait, de les remettre dans le dialogue social.
06:24Bien. Nous sommes le 18 juin.
06:28Il y a 85 ans, le 18 juin, vous êtes gaulliste.
06:32Peut-être le plus gaulliste de tous les membres LR.
06:37Peut-être. Peut-être.
06:39Non, mais dans votre attitude, dans votre comportement, dans votre vie politique.
06:42Il y a beaucoup de gaullistes.
06:43Dans votre fidélité. Non, mais dans votre fidélité à de Gaulle.
06:46Bien sûr, ça reste ma principale fierté de m'être engagé quand j'avais 14 ans.
06:50Exactement.
06:50De Gaulle était plus en République.
06:51Ça paraît être, pour ceux qui nous écoutent, peut-être un temps absolument improbable.
06:57Oui.
06:57Mais je garde, Jean-Jacques Bourdin, la même capacité de m'indigner, de m'enthousiasmer.
07:02Et s'agissant de de Gaulle, ça a été la raison de mon engagement, parce que c'était le contraire d'un politicien.
07:06Est-ce qu'aujourd'hui, dans cette France que nous aimons tous, l'extrémisme peut détruire notre pays ?
07:15Je vous dis ça parce que vous citez, vous rappelez ce que disait Jacques Chirac.
07:19Évidemment, l'extrémisme est un poison.
07:21Il divise, il pervertit, il détruit.
07:24Est-ce qu'aujourd'hui, la France peut être détruite par l'extrémisme ?
07:27L'extrémisme de gauche ou l'extrémisme de droite, c'est-à-dire la capacité de se parler, parfois la violence, regardez la violence sur les réseaux sociaux,
07:37et pas seulement à l'enfer national, l'agressivité avec laquelle les gens se parlent, ça devient insupportable.
07:43Donc, toutes ces formes d'extrémisme et toutes les mauvaises idées que l'extrémisme porte, le racisme, l'antisémitisme, l'intolérance,
07:51ce sont des poisons pour la République et pour l'unité du pays.
07:55Un mot sur la politique. Est-il possible, en politique, de dire ce qu'on pense, comme le faisait si bien votre mère, Michel Barnier ?
08:04Elle m'encourageait, ma mère, qui est là-haut, quelque part.
08:07D'ailleurs, l'une des raisons du combat que j'ai engagé pour aider toutes les familles touchées par la maladie mentale,
08:15puisque c'était son combat pendant 35 ans,
08:17et donc c'est en pensant à elle que j'ai, comme premier ministre, décrété la lutte contre les maladies mentales,
08:22l'accompagnement des familles touchées par la maladie mentale devait être une cause nationale,
08:27et pas seulement une cause de communication.
08:29Mais le gouvernement actuel, Yannick Noder, notamment, vient de s'engager fortement sur cette question.
08:34Oui, je pense qu'il faut dire ce qu'on pense.
08:39Peut-être qu'on n'est pas obligé de dire tout ce qu'on pense,
08:41mais ne jamais dire le contraire de la vérité, ne jamais dire le contraire de ce qu'on pense.
08:44Et ma mère m'a dit un jour, tu ne m'empêcheras jamais, je raconte cette histoire dans mon bouquin,
08:48tu ne m'empêcheras jamais de dire ce que je pense.
08:51Et elle a ajouté une autre chose qui est importante, ne sois jamais sectaire.
08:55Elle n'avait pas tout à fait les mêmes idées que moi, c'est une chrétienne sociale très engagée, plutôt à gauche.
09:00Ne sois jamais sectaire parce que le sectarisme est une preuve de faiblesse.
09:03Quand on est sectaire, c'est qu'on n'est pas sûr de ses idées.
09:06Tu dois être sûr de tes idées.
09:07Donc j'ai essayé de suivre ce conseil maternel.
09:10Le 5 septembre 2024, au matin, c'est un jeudi,
09:14Emmanuel Macron vous dit, j'ai décidé de te nommer Premier ministre.
09:19Oui.
09:21Trois mois, un peu plus de trois mois, à Matignon, que regrettez-vous ?
09:25Quel est votre principal regret ?
09:27Mon regret, c'est de ne pas avoir eu le temps nécessaire pour agir,
09:31parce que dans le temps où nous sommes,
09:33quand on regarde l'état de notre pays,
09:35les fractures qui la traversent,
09:38les intolérances, on en a parlé,
09:40la colère, l'injustice aussi qui existe sur le terrain,
09:43le sentiment, pas seulement le sentiment,
09:44la réalité de l'injustice, sociale ou fiscale,
09:48et en même temps, Jean-Jacques Bourdin,
09:50les formidables énergies positives qui traversent ce pays.
09:53Hier, j'étais au salon du Bourget,
09:54j'ai rencontré des dizaines de chefs d'entreprise,
09:56de petites entreprises, 15 ou 20,
09:58qui sont dans les territoires ruraux, dans le Cher ou ailleurs,
10:01qui se battent, qui réussissent,
10:04qui créent des emplois, y compris en milieu rural.
10:07Donc, notre pays est plein d'énergie positive,
10:09et il faut les rassembler, il faut les libérer,
10:10il faut les freiner, il faut arrêter de matraquer les gens sur le plan fiscal.
10:14J'entendais tout à l'heure votre reportage sur le jeune Nicolas,
10:19qui a un ras-le-bol.
10:21On doit comprendre toutes ces colères-là,
10:23et en même temps, on doit voir les formidables énergies
10:25qui sont contenues et qui sont prêtes à se libérer.
10:28Il faut du temps, il faut du courage.
10:34Vous avez manqué de temps.
10:35Parce que l'Assemblée nationale, telle qu'elle est aujourd'hui,
10:38depuis la dissolution, ne donne pas de temps.
10:40C'est une Assemblée où il n'y a pas de majorité.
10:43Le Parti Socialiste, je le raconte,
10:45m'a dit le lendemain même de ma nomination,
10:47on va voter la censure.
10:49Avant même que j'ai ouvert la bouche.
10:50Je n'avais pas de programme, pas de gouvernement,
10:52je n'avais pas encore dit quoi que ce soit,
10:54je leur propose de discuter avec moi,
10:56on vote la censure.
10:58Et puis, quelques temps plus tard,
11:00le Rassemblement National,
11:01pour des raisons qui n'ont rien à voir que le budget,
11:02quoi qu'il raconte aujourd'hui,
11:04a baissé le pouce.
11:06Et donc, quand l'extrême droite baisse le pouce
11:08en même temps que l'extrême gauche,
11:09ils mêlent leur bulletin ensemble,
11:11plus le Parti Socialiste, c'est fini.
11:12C'est plus possible.
11:13C'est fini.
11:13C'est mon regret.
11:14C'est ce qui menace d'ailleurs François Bayrou.
11:16Oui, et je souhaite pourtant de la stabilité,
11:18parce que l'instabilité,
11:21surtout si on faisait l'erreur de la proportionnelle,
11:23l'instabilité, c'est le manque de confiance,
11:25et c'est ce qui coûte très cher à notre pays.
11:27Les investisseurs, petits ou grands,
11:29les agriculteurs, les entreprises,
11:32ont besoin de stabilité,
11:33ont besoin de lisibilité,
11:34ont besoin de confiance.
11:35Donc, il faut que notre pays retrouve le plus vite possible,
11:38et au plus tard, en 2027,
11:39un président de la République
11:40et une majorité qui l'accompagne.
11:43Est-ce que vous avez été utile aux Français ?
11:46C'est une bonne question.
11:48J'espère avoir été utile.
11:50En tout cas, je suis sûr d'avoir été digne,
11:51parce que je l'ai toujours été
11:52dans ces fonctions politiques
11:54qui égligent de la dignité.
11:56J'ai essayé d'être sincère,
11:57de dire la vérité,
11:58d'impulser un certain nombre de méthodes.
12:01Les gens me disent dans la rue,
12:02on vous regrette,
12:03vous avez été digne,
12:04vous avez été sérieux.
12:06Je pense que,
12:07oui, d'une certaine manière,
12:09l'image que nous avons donnée à Matignon,
12:11je dis nous,
12:11parce que j'avais un gouvernement
12:12très solidaire,
12:14avec de fortes personnalités,
12:15comme Bruno Rotaillot,
12:16Annie Gennevar,
12:17et beaucoup d'autres.
12:19C'était une bonne équipe.
12:20Une bonne équipe,
12:21avec ce que M. Pompidou appelait
12:22une morale de l'action,
12:23une morale collective,
12:25et puis un très bon cabinet aussi.
12:27J'ai essayé de faire des choses,
12:29de lancer des choses,
12:30mais il faut du temps.
12:31Il faut du courage,
12:32j'en avais,
12:33et il faut du temps.
12:33J'ai lu votre livre,
12:36et j'ai rencontré beaucoup de Français,
12:40et des moments de votre vie,
12:41que j'ai découvert,
12:43reviennent sans cesse,
12:45vos trois priorités.
12:48L'Europe,
12:50l'agriculture,
12:51l'environnement.
12:52Sans cesse,
12:53tout au long du livre.
12:54Oui,
12:54parce que j'ai eu la chance
12:55d'être ministre de l'Environnement
12:58il y a très longtemps,
12:59et de montrer
12:59l'écologie punitive,
13:02l'écologie idéologique,
13:05que s'approprient les verts.
13:06L'écologie,
13:07ça n'intéresse pas,
13:08ça n'est pas la propriété des verts,
13:10surtout ceux qu'on a aujourd'hui en France.
13:12Ça intéresse tous les Français,
13:13le fait qu'on va subir
13:14un degré et demi,
13:15ou deux degrés de plus,
13:16dans des régions,
13:17de ceux qui nous écoutent.
13:18Vous, le Savoyard,
13:19vous savez de quoi vous parlez,
13:21parce que c'est catastrophique
13:22pour ces régions-là.
13:24Oui,
13:24pas seulement.
13:25Un tiers de l'économie
13:26du département
13:27que j'ai l'honneur de diriger,
13:29la Savoie,
13:29repose sur la neige.
13:31Ça va tout changer,
13:32nos habitudes de cultiver,
13:34le temps des vendanges
13:34a été reculé de trois semaines,
13:36pêcher,
13:37on pêche plus les mêmes poissons
13:38dans les mêmes eaux,
13:39de nous transporter,
13:40de construire.
13:41Donc,
13:41il faut se préparer,
13:42ce n'est pas la propriété des verts,
13:44ça doit intéresser tout le monde,
13:45à condition que cette écologie
13:46ne soit pas punitive,
13:47qu'elle ne soit pas idéologique
13:48et que les mesures,
13:49on se les approprie,
13:50qu'on fasse ce travail
13:52contre le changement climatique
13:53avec les gens,
13:54pas contre eux ou sans eux,
13:55comme certaines lois punitives
13:56ont été votées.
13:57Heureusement,
13:58on est en train de revenir dessus
13:59à Bruxelles et à Paris.
14:01L'agriculture,
14:02j'ai eu le grand honneur.
14:03C'est un ministère formidable,
14:05difficile,
14:06de gens qui se lèvent très tôt,
14:07qui gagnent mal leur vie,
14:08qui font un métier vital,
14:09sans parler des pêcheurs,
14:11qui font aussi un métier dangereux.
14:13C'était mon grand honneur
14:14d'être ministre des agriculteurs,
14:16des agricultrices aussi,
14:17et des pêcheurs.
14:18Et donc,
14:19je suis marqué par ça,
14:21mais j'ai eu la chance
14:21de diriger un département,
14:22d'être ministre des Affaires étrangères aussi,
14:24et d'être commissaire européen.
14:26Donc voilà,
14:26les combats.
14:27Mais tout ça va ensemble.
14:28Tout ça, c'est la...
14:29Mais l'Europe,
14:30c'est notre combat.
14:31Vous êtes un Européen...
14:32Oui,
14:32mais pas fédéraliste
14:34et pas idéologique.
14:36Non,
14:36je crois que l'Europe
14:38doit respecter les peuples.
14:39De Gaulle disait,
14:39il ne faut pas que l'Europe
14:40broie les peuples
14:41comme une purée de marrons.
14:42On ne veut pas être broyant,
14:43on veut garder notre identité nationale.
14:45Donc c'est l'Europe en plus.
14:47C'est l'Europe avec le patriotisme.
14:49Oui, mais l'avenir de notre pays
14:50ne doit pas dépendre
14:51de Washington,
14:51de Moscou,
14:52de Pékin.
14:52Moi,
14:52je n'ai pas envie
14:53que l'avenir de nos enfants
14:54soit décidé à Washington
14:55ou à Pékin,
14:56comme ça en prend le chemin.
14:58Et ça,
14:58le seul moyen d'empêcher ça,
14:59c'est d'être à la table
15:00de ceux qui vont organiser l'ordre
15:01ou le désordre du monde.
15:03Il y a une dizaine de pays
15:04et nous ne sommes plus assez forts
15:06pour être à cette table durablement.
15:08On le sent en tant qu'Union Européenne
15:09appuyée sur ce qui est
15:10notre principal atout.
15:11Il n'y a que l'Europe qui peut empêcher
15:13cette mainmise sur le monde
15:16de respecter.
15:18C'est notre marché unique,
15:19450 millions de consommateurs,
15:2122 millions d'entreprises
15:22qui forment un écosystème.
15:24C'est la seule raison
15:24pour laquelle le président chinois
15:25ou le président américain
15:26nous respecteront.
15:27Donc gardons ça en plus,
15:29mais en plus de notre patriotisme,
15:31si je puis dire.
15:32Je rappelle que vous avez négocié
15:33le Brexit
15:33pour l'Union Européenne.
15:36Et d'ailleurs,
15:36vous rappelez
15:38ce mot de Nigel Farage
15:40qui revient en politique,
15:41qui est même
15:42à la levant en poupe,
15:44il vous a dit
15:45après le Brexit,
15:46l'Union Européenne
15:46n'existera plus.
15:47Oui, parce que son projet,
15:49soutenu par des amis
15:50de M. Trump
15:51comme M. Bannon
15:52ou des réseaux russes,
15:53on sait bien,
15:54les influences étrangères
15:55qui ont soutenu le Brexit
15:55pour faire exploser
15:57l'Europe de l'intérieur.
15:58C'est ce que m'a dit Farage
15:59un jour,
16:00après l'Union Européenne.
16:01Je lui demandais
16:01comment va se passer
16:02la future relation
16:03entre votre pays,
16:04votre grand pays,
16:04que j'admire,
16:05que je respecte,
16:06l'Angleterre,
16:07et l'Europe.
16:08Il me dit après le Brexit,
16:09l'Europe n'existera plus.
16:10Donc ils veulent nous faire exploser,
16:12on ne va pas leur donner
16:12cet avantage,
16:14ces gens-là.
16:15Donc il faut se battre,
16:16mais il faut aussi changer l'Europe.
16:17Il y a trop de bureaucratie,
16:18il y a trop de règles tatillonnes,
16:21parfois on oublie les nations,
16:23donc il faut respecter.
16:24Il faut que l'Europe...
16:25On a besoin des nations
16:25pour combattre le nationalisme,
16:27voilà ce que je pense.
16:28On a besoin des nations,
16:29de leur identité,
16:30de leur culture,
16:31de leur langue,
16:3124 langues,
16:32il faut respecter les nations.
16:33C'est pour ça que l'Europe
16:34est compliquée,
16:34mais cette complexité,
16:36elle est le prix à payer,
16:37Jean-Jacques Bourdin,
16:38pour que l'Europe soit unie
16:39sans être uniforme.
16:41L'Europe unie sans être uniforme.
16:43Michel Barnier,
16:44transmettre les messages des Français,
16:46c'est aussi l'idée de votre livre.
16:50Je veux transmettre les messages des Français,
16:52écrivez-vous.
16:54Le message, c'est quoi ?
16:55C'est un enseignement,
16:56c'est un conseil,
16:57c'est...
16:58Ce que j'ai appris,
16:59ce que j'ai appris dans des rencontres
17:00avec des gens,
17:01des citoyens,
17:02les plus modestes,
17:03les plus humbles,
17:03sont souvent les plus passionnants,
17:05parfois plus intéressants
17:06que les chefs
17:07ou les chapeaux à plumes en haut.
17:09Je m'ai rencontré
17:10avec un pêcheur,
17:11avec des agriculteurs,
17:12avec des artisans.
17:13C'est des gens
17:14qui m'ont parlé franchement,
17:15qui parfois m'ont engueulé,
17:17mais qui m'ont dit des choses
17:18que j'ai comprises.
17:19Et j'ai compris aussi
17:20que les bonnes idées,
17:21elles ne viennent pas toujours d'en haut.
17:22Elles viennent du bas.
17:23Et quand on est en haut,
17:24quand on est ministre,
17:25par exemple,
17:25il faut écouter,
17:26parce que c'est comme ça
17:27qu'on agit.
17:27Pourquoi ?
17:27Parce que l'homme politique s'isole.
17:29Oui, le pouvoir isole.
17:31Le pouvoir isole.
17:32D'assurance,
17:32parfois d'arrogance
17:33dont il faut se méfier.
17:34Donc il faut revenir au peuple
17:36et recevoir des leçons d'humilité.
17:38L'arrogance,
17:40vous avez rencontré cela.
17:41Non, je vous dis ça.
17:42Je vous dis ça
17:43parce que
17:44je vais vous parler
17:45de deux présidents de la République.
17:47Valéry Gitter d'Estaing,
17:48on disait de lui,
17:50il ne comprend pas les Français,
17:51les Français ne le comprennent pas.
17:52Est-ce qu'on dit la même chose,
17:53vous pensez,
17:54d'Emmanuel Macron ?
17:56Oui, il y a un problème.
17:57Évidemment qu'il y a un problème.
17:58Parfois une animosité irrationnelle.
18:00Les Français ne le comprennent pas,
18:02selon vous ?
18:04Il ne se fait pas comprendre
18:05des Français ?
18:08Il y a sans doute
18:08un problème de cette nature.
18:11Le moment viendra
18:12d'examiner les raisons
18:13de cette animosité,
18:15encore une fois,
18:15souvent irrationnelle
18:16parce que le Président
18:17a une intelligence,
18:19a de l'audace,
18:20il a un engagement national
18:21et européen incontestable.
18:23Donc le moment viendra
18:24jeter son promise,
18:25donc je ne vais pas le juger.
18:26Non, mais il ne s'agit pas
18:27de juger,
18:27il s'agit de constater.
18:28Le constat n'est pas
18:31un jugement,
18:32il s'agit de remarquer
18:33ce qu'on vous dit,
18:35puisque vous écoutez
18:36les Français,
18:37sur Emmanuel Macron.
18:39J'ai rappelé dans ce livre
18:41l'interview
18:42que M. Giscard d'Estaing,
18:44alors pour ça,
18:44on remonte un temps assez loin,
18:46j'étais le plus jeune
18:46député français à l'époque,
18:47c'est un titre qu'on perd
18:48assez vite,
18:49d'être Benjamin.
18:50Il me demande
18:51de faire une émission
18:51de télévision avec lui
18:52pour la campagne de 81.
18:54Oui, oui, vous le racontez.
18:55Je lui dis,
18:55je vais poser les questions
18:56que je veux vous poser.
18:57Ça l'a heurté,
18:58comment ça ?
18:58Parce qu'il n'était pas
18:59habitué.
19:00Je lui dis,
19:00oui, parce que sinon
19:00ça ne sera pas crédible.
19:01Ma première question,
19:02c'était,
19:03dans mon canton de Bourg-Saint-Maurice,
19:05une agricultrice
19:06qui a voté pour M. Chirac
19:07et qui ne veut pas voter
19:08pour vous dimanche prochain.
19:10Il me dit,
19:10pourquoi ?
19:11Je lui ai demandé,
19:12pourquoi ?
19:12Parce qu'il ne nous aime pas.
19:15Est-ce qu'on pourrait
19:16entendre les mêmes mots
19:18dans la bouche d'un Français
19:20concernant Emmanuel Macron ?
19:21Parce qu'il ne nous aime pas.
19:22Je ne veux pas porter ce jugement.
19:24Je pense qu'on doit faire
19:25de la politique...
19:26Mais les Français pensent
19:27qu'Emmanuel Macron
19:28ne les aime pas.
19:29Peut-être qu'il y a ce sentiment,
19:31mais ce n'est pas forcément vrai.
19:32C'est à lui de s'expliquer là-dessus,
19:34ce n'est pas à moi de juger.
19:35Je veux dire simplement
19:36que faire de la politique,
19:37ça veut dire aimer les gens.
19:38Les respecter et les aimer.
19:40Les respecter et les aimer.
19:43Faire de la politique,
19:44vous allez continuer à en faire,
19:45Michel Bornier ?
19:46Je suis dans le débat politique.
19:49J'exprime mes idées,
19:50mes convictions.
19:51Ce ne sont pas toujours comprises,
19:52mais ça, c'est la démocratie.
19:54Depuis que j'ai 15 ou 16 ans,
19:55j'ai eu l'honneur
19:56d'être élu par des citoyens.
19:57J'avais 22 ans.
19:58Et je vous dis,
19:58je garde la même capacité
19:59de m'engager,
20:00de m'enthousiasmer,
20:01de m'indigner aussi.
20:03Tant que j'ai ça,
20:03je continuerai à participer
20:05au débat d'idées.
20:05C'est ce que je fais avec ce livre.
20:07Ce livre, ce sont des chroniques
20:08sur des moments passés,
20:09parfois très lointains.
20:10Mais les leçons que j'ai reçues,
20:11elles sont toujours là,
20:16que d'échouer seul,
20:18être humble,
20:20être passionné
20:20par la rencontre avec des gens,
20:23travailler en équipe,
20:25avoir de belles équipes,
20:26être remetté.
20:26On exergue plusieurs formules,
20:31plusieurs phrases.
20:33Celle-là, par exemple,
20:34on nous pardonnera
20:35beaucoup de choses,
20:36mais pas une, la faiblesse.
20:38Ça, c'est une phrase de Goldamer.
20:40De Goldamer.
20:41C'est une grande dame.
20:42C'est une première ministre d'Israël.
20:44Et je pense qu'il faut
20:46pas être faible.
20:47Et les Français
20:48n'attendent pas de...
20:50Alors, qu'est-ce qu'ils attendent
20:51pour 2027, Michel Barnier ?
20:52Ils n'attendent pas
20:53qu'on soit faible,
20:53qu'on fasse de la démagogie.
20:54Je rappelle aussi
20:55cette phrase de M. Le Pen,
20:56le père,
20:57qui était le comble
20:58de la démagogie,
20:59qui disait
20:59« Vos idées sont les miennes ».
21:00On ne le dit pas ça
21:02des hommes politiques.
21:02Les Français sont intelligents.
21:04Le peuple est intelligent.
21:05Plus intelligent
21:05que certains hommes
21:06ou certaines femmes politiques
21:07ne le pensent.
21:08Ils sont prêts à attendre des choses.
21:09Ils savent bien
21:10que la situation est difficile,
21:11qu'il va falloir faire des efforts
21:12tous ensemble.
21:13À condition qu'ils voient
21:14le sens de ses efforts.
21:15Et donc, la clé
21:16pour un homme politique,
21:17c'est pas forcément
21:18de plaire ou d'être aimé.
21:20Ça, c'est mieux
21:20si on est aimé.
21:21Mais en tout cas,
21:22d'être respecté
21:22par les citoyens.
21:23Que les gens se disent
21:24« Tiens, on n'est pas d'accord
21:25avec lui, mais on le respecte. »
21:26C'est toujours ce que j'ai essayé
21:27de créer comme relation
21:29avec les Français
21:29dans ma vie politique.
21:30Alors, Michel Barnier,
21:31justement, vous allez continuer.
21:33Vous allez continuer.
21:34La présidentielle de 2027,
21:35vous y pensez ?
21:37Tout le monde y pense.
21:38C'est la clé
21:39pour retrouver de la stabilité.
21:41Comment ?
21:42C'est votre question,
21:43Jean-Jacques Brunin,
21:44c'est de dire
21:44« Est-ce que vous serez candidat ? »
21:45Je ne vais pas vous dire ça aujourd'hui.
21:46Mais je sais bien.
21:47J'ai bien compris.
21:48Parce que les Français
21:48ont d'autres choses en tête
21:49et d'autres soucis.
21:50En revanche,
21:51ce que je conseille,
21:52c'est, et vous voyez bien
21:53qu'il y a une chose
21:54dont la France ne manque pas
21:55actuellement,
21:55c'est de candidat au président.
21:56Il y en a.
21:57On en est à 30.
21:58Je dis ça comme ça,
22:00mais oui.
22:00Une trentaine.
22:02Il y a une chose
22:02dont je suis sûr,
22:03c'est que chaque candidat
22:04devra se poser
22:05trois questions.
22:07Est-ce que je suis à la hauteur ?
22:09Est-ce que j'ai le bon projet
22:10pour la France ?
22:12Est-ce que je suis capable
22:13de rassembler au-delà,
22:14bien au-delà de mon camp
22:15pour que le pays bouge ?
22:17Donc là,
22:17c'est une question
22:18auxquelles peut-être
22:18je répondrai,
22:19mais le moment venu.
22:20Bien sûr.
22:20Non, mais bien sûr.
22:21Bien sûr.
22:22Expérience et autorité,
22:24ce sont les deux mots clés
22:25en 2027,
22:27vous pensez,
22:27pour l'élection présidentielle ?
22:29Oui,
22:30mais pas seulement.
22:31Il faut dire la vérité.
22:33Il vaut mieux le dire
22:33en ayant l'expérience
22:35des hommes et des femmes
22:37et des choses
22:37et en même temps,
22:38la vérité est un sujet important,
22:40une exigence importante
22:42de dire la vérité au champ.
22:44Merci, Michel Barnier.
22:45Ce que j'ai appris de vous,
22:48chronique pour demain
22:49chez Calman-Névy.
22:50Merci beaucoup.
22:51Merci.
22:52Vous êtes sur Sud Radio,
22:538h56.
22:54Merci.

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