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  • 17/06/2025
Sans le savoir, 50 volontaires ont participé à une série de tests scientifiques qui décryptent les mécanismes inconscients pouvant nous amener à un comportement discriminatoire. Les résultats sont édifiants et riches d’enseignements pour casser les stéréotypes.

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Transcription
00:00Bonjour Jamy Gourmeau. Bonjour Céline Bailly-Darcourt.
00:02Alors on n'est pas du tout dans un énième documentaire, dans un énième débat sur l'immigration.
00:08Je conseille vraiment à tout le monde de regarder cette émission ce soir
00:10parce que c'est pas vraiment politique, au contraire, c'est vraiment sociétal.
00:14Expliquez-nous le concept très original Jamy.
00:17Alors le concept de l'émission repose sur une série d'expériences
00:20autour de ce thème de la discrimination.
00:25Et ce sont des expériences qui ont été bâties à partir d'études très sérieuses
00:29qui ont été faites depuis une cinquantaine d'années
00:31autour desquelles il y a eu des publications.
00:34C'est des expériences qui ont été mises au point par un psychosociologue
00:37avec lequel on a travaillé, qui est présent dans l'émission,
00:39qui s'appelle Sylvain Delouvet, qui est enseignant à Rennes.
00:46Et qui décrypte donc sous ses yeux, il voit les expériences
00:50que font 50 personnes volontaires et il explique le mécanisme du cerveau.
00:55Voilà, c'est ça en fait l'objectif de l'émission à travers ses expériences.
00:58C'est d'expliquer les mécanismes inconscients
01:02qui peuvent nous amener à un comportement discriminatoire.
01:07Et là on va décrypter les différentes phases
01:11qui peuvent conduire à ces comportements discriminatoires.
01:15Ça commence par ce qu'on appelle la catégorisation sociale,
01:18que l'on fait tous, puisque c'est ainsi que fonctionne le cerveau.
01:21Pour se faciliter la tâche, on crée des groupes en fonction de certaines caractéristiques.
01:30Vous dites, Jamy, pardon de vous interrompre,
01:32qu'on a tous des préjugés sur les gens qui ne nous ressemblent pas ?
01:35Ce ne sont pas des préjugés à ce stade-là, c'est de la catégorisation sociale.
01:40C'est-à-dire que pour ne pas avoir en permanence à analyser très finement
01:47toutes les personnes que l'on rencontre, on va les classer dans des groupes.
01:52Ça peut être des groupes au sein de l'endroit où on travaille,
01:56ça peut être des groupes avec des caractéristiques qui sont très différentes.
01:59Ce n'est pas nécessairement la couleur de la peau.
02:02C'est ceux qui font du sport, ceux qui n'en font pas.
02:04Ça, c'est la catégorisation sociale.
02:06Et puis ensuite, il y a les stéréotypes qui arrivent.
02:08Voilà, les stéréotypes, alors là, ce sont des idées préconçues
02:11que l'on va attribuer à un individu en fonction du groupe où il appartient.
02:15Et ensuite, il y a le préjugé.
02:18Et ensuite, on passe au comportement discriminatoire.
02:21Donc voilà, ce sont toutes ces phases que l'on décrypte
02:23et on voit comment elles fonctionnent ensemble.
02:25Il faut préciser que l'objectif de cette émission,
02:28ce n'est pas de dire que le racisme, c'est mal.
02:29Je pense qu'on est quasiment tous d'accord là-dessus.
02:32Ni de montrer du doigt ceux qui ont des réactions, a priori, de rejet.
02:36Surtout pas.
02:36Et d'ailleurs, les personnes qui participent à l'émission,
02:40l'objectif n'est pas de montrer à la fin de l'émission
02:43« Ah ben, celui-ci a un comportement discriminatoire,
02:45celui-ci a un comportement raciste, etc.
02:48Tel groupe de population a un comportement discriminatoire par rapport à un autre. »
02:51Pas du tout.
02:52L'objectif, c'est vraiment de montrer les mécanismes
02:55qui amènent vers ces comportements.
02:57Aucun des 50 participants ne savait la réelle raison de sa présence ?
03:01Alors ça, c'est très intéressant, absolument.
03:03Au départ, quand les participants arrivent,
03:06je leur explique qu'ils vont participer à une émission,
03:09des expériences sur le fonctionnement du cerveau.
03:12Ce n'est pas complètement faux ?
03:14Absolument.
03:14Ce n'est pas faux, mais je ne dis pas tout.
03:17Voilà.
03:17Et pendant tout le tournage de l'émission,
03:20qui va durer trois jours,
03:22eh bien, je ne dis rien sur le thème de l'émission.
03:27Justement, pour éviter les biais,
03:29pour éviter de fausser les réponses.
03:33Et ce qui est passionnant,
03:34c'est qu'on leur révèle le thème à la fin de l'émission.
03:37Et à la fin de l'émission,
03:39eh bien, ils ont le choix d'accepter de participer ou pas.
03:42Et je peux vous dire que pendant le tournage,
03:44on se posait des questions,
03:45on se dit « mais au moment où on va leur annoncer le thème,
03:49si la moitié décide de ne pas participer,
03:52qu'est-ce qu'on fait ? »
03:53Or, à la fin de l'émission, tout le monde a accepté,
03:56même avec de grands sourires.
03:58Tout le monde était très content
04:00d'avoir, finalement, participé à la compréhension de ces mécanismes.
04:05Alors, vous mettez les volontaires dans des situations du quotidien.
04:08Par exemple, une salle d'attente, quatre chaises,
04:10un homme blanc, un homme noir assis côte à côte au milieu.
04:13À côté de qui allez-vous vous asseoir ?
04:15Voilà, ça, c'est ce qu'on regarde.
04:16Il y a trois conférenciers qui disent la même chose.
04:19Un avec l'accent allemand.
04:20J'ai changé de sujet.
04:21Un avec un accent marseillais et un troisième, noir,
04:24avec un accent d'un pays africain,
04:25lequel vous semble le plus ou le moins crédible.
04:28Là aussi, on voit cette expérience.
04:30Ou encore ceci.
04:32Vous marchez sur le trottoir et vous découvrez un jeune homme,
04:35notre complice, prénommé Joanne,
04:37en train de scier l'antivol d'un vélo.
04:39Comment réagiriez-vous ?
04:42Nos caméras cachées vont nous permettre d'observer la réaction des passants.
04:46Bonjour, messieurs, dames, est-ce que vous avez des petits conseils pour couper un antivol ?
04:50Oui, alors là, avec ça, vous allez vous en sortir ?
04:52Oui, oui, oui.
04:54Oui, vous allez vous en sortir.
04:56Mais est-ce que le fait qu'ils soient blancs a influencé leur comportement ?
05:00Pour le savoir, nous avons remplacé Joanne par un comédien d'origine maghrébine,
05:04Bachir, habillé de la même façon.
05:07Étonnamment, l'attitude des passants n'est pas du tout la même.
05:10Et après, vous essayez avec une femme qui essaye de scier le cadenas du vélo
05:16et la réaction est encore différente.
05:18Là, je précise quand même que pour la personne d'origine maghrébine,
05:20tout le monde pense que c'est un voleur qui appelle la police.
05:24Et quand c'est la femme, on vient l'aider.
05:25Exactement, on vient le faire à sa place.
05:27C'est assez hallucinant.
05:29Est-ce qu'on peut vraiment lutter contre ces stéréotypes,
05:32ces préjugés que nous avons et qui sont ancrés dans notre cerveau ?
05:35Alors oui, on peut lutter.
05:37Enfin, lutter, c'est très simple.
05:39Ces préjugés existent.
05:41Ils sont ancrés, intégrés de manière culturelle
05:46par ce qu'on voit, par ce qu'on entend depuis notre plus tendre enfance.
05:51Mais ces préjugés, on n'est pas obligé de les suivre.
05:55Les stéréotypes, les préjugés, on n'est pas obligé de les suivre.
05:58À un moment donné, on a tout à fait la possibilité de prendre un petit peu de recul
06:02et de décider de faire autrement.
06:06C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a le préjugé, mais pour passer dans le comportement discriminatoire,
06:14on fait un choix.
06:16Et ce choix, tout le monde l'a.
06:18Ce qu'il faut préciser aussi dans cette émission, c'est qu'il y a ces expériences,
06:21que moi, j'accompagne les participants,
06:24et que derrière, dans une control room, il y a donc Marie Drucker, un grand témoin,
06:30qui est Lucien Jean-Baptiste, et puis notre expert, Sylvain Delouvet,
06:35qui décrypte finalement tous ces comportements.
06:39Vous, Jamy, vous vous êtes prêté à ces tests ?
06:42Alors, avant l'émission, pendant l'écriture, oui, à tous.
06:45À tous, et c'est ce qui est intéressant d'ailleurs pour le téléspectateur,
06:50parce que cet interactif, le téléspectateur participe automatiquement.
06:55On a envie, on a envie de savoir, qu'est-ce que je vais faire ?
06:59Et on a d'autant plus envie de savoir que l'objectif n'est pas de dire qu'à la fin de l'expérience,
07:04on va dire, si tu as fait comme ça, tu as un comportement discriminatoire,
07:07tu as un comportement raciste.
07:08Non, le truc, c'est de dire, ah oui, je suis sensible à ces stéréotypes, à ces préjugés.
07:16Et donc, voilà, ça amène chacun, finalement, à réfléchir individuellement.
07:21C'est ça.
07:22Ce n'est pas dommage d'avoir appelé cette émission « Sommes-nous tous racistes ? »
07:25Le titre ne reflète pas le côté expérimental et très riche d'enseignements.
07:30Alors, c'est un titre, c'est un titre.
07:32Alors, il est forcément accrocheur.
07:34C'est un titre vendeur, voilà.
07:35Voilà, c'est un titre parce que « Sommes-nous tous ceci ou cela ? »
07:42On peut imaginer qu'il y ait une série.
07:44C'est la question que j'allais vous poser.
07:45Ça peut se décliner, ça, ce genre d'émission ? Vous y pensez ?
07:49On fait plus ce qu'y penser.
07:50Sur quel thème ?
07:51Je ne peux pas vous le dire, justement.
07:54Imaginez que je vous le dise.
07:56Pour les volontaires, les futurs volontaires.
08:00Jamy Gourmont, on vous voit toujours sur France 5,
08:02pour le monde de Jamy qui fonctionne très bien le lundi soir.
08:05Et puis, vous êtes désormais un jeune youtubeur.
08:07Vous y êtes mis en 2020 avec votre chaîne Épicurieux.
08:102 millions d'abonnés.
08:11C'est comme toujours de la vulgarisation scientifique,
08:13de la transmission des savoirs.
08:15Traitez-vous un sujet de la même manière pour la télé et pour YouTube ?
08:18Surtout pas.
08:19Surtout pas.
08:20On peut traiter le même sujet, mais pas de la même manière.
08:23Qu'est-ce qui change ?
08:24Le langage, le rythme, la façon de poser les questions,
08:29la façon d'organiser le contenu.
08:34Ce sont vraiment des langages, des vocabulaires différents.
08:40Bien que les choses évoluent aujourd'hui,
08:43YouTube est de plus en plus regardée sur un écran de télévision,
08:46sur un grand écran.
08:47Et quand vous regardez l'évolution de YouTube aujourd'hui,
08:49et bien là où on avait des vidéos qui étaient plutôt assez courtes,
08:53tournées dans des conditions avec peu de moyens,
08:57et bien vous avez de plus en plus des vidéos qui sont longues,
09:00qui nécessitent des moyens de production de plus en plus importants.
09:03Donc, les choses évoluent.
09:04Mais c'est ce qui est intéressant avec ce média,
09:06c'est qu'on peut tout faire,
09:10changer son fusil d'épaule d'une vidéo à l'autre.
09:16Il faut être agile.
09:17Oui, ce que vous êtes, visiblement.
09:19Ce sont vos anciens fidèles de C'est Pas Sorcier qui vous suivent,
09:21ou des jeunes d'aujourd'hui ?
09:23J'ai la réponse parce qu'en fait, juste avant de démarrer cette émission,
09:26il y a un jeune de 16 ans qui est venu faire un selfie avec vous
09:28en disant qu'il adorait ce que vous faisiez.
09:31C'est un peu de tout, parce que je sais que sur Epicurieux,
09:34on a le profil des gens qui nous suivent,
09:39ça va de grosso modo de 18 à 35 ans pour le gros des troupes.
09:45Et puis bon, ça va jusqu'à 60 ans et ça commence un peu avant.
09:49Vos vidéos sont-elles comme autant de C'est Pas Sorcier reprises dans les collèges, dans les lycées ?
09:53Certaines, certaines.
09:54Ça dépend vraiment du sujet.
09:57Ça dépend de la manière dont le sujet est traité.
10:00si ça peut ouvrir une série de cours pour un enseignant,
10:07le clôturer, si ça peut venir éclairer un point.
10:09Tout dépend.
10:10Et ça vous réjouit de traverser comme ça les générations ?
10:13Ce qui me réjouit, c'est que finalement,
10:16plusieurs générations suivent ces contenus en même temps.
10:22que ça génère de l'échange, que ce soit fédérateur.
10:28C'est ce qui est le plus important.
10:30Que l'on ne soit pas seul dans son coin,
10:32on en parle beaucoup aujourd'hui,
10:34face à des images devant un écran,
10:35mais qu'on se retrouve à plusieurs autour de ce contenu pour échanger.
10:40Merci beaucoup d'être venu nous voir sur France Info,
10:42Chami Gormont.
10:43Merci de m'avoir accueilli.
10:44A très bientôt.

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