00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03Nous recevons Olga Givernais qui est députée ensemble pour la République de la 3ème séquence de l'Ain,
00:08ancienne ministre de l'énergie.
00:10Olga Givernais, bonjour.
00:12Bonjour.
00:12Merci d'être avec nous.
00:13Merci.
00:14J'ai besoin de vous, on a besoin de vous pour comprendre.
00:17Je vais essayer de faire mon mieux.
00:18Bon, j'espère que vous allez nous aider parce que ça fait très longtemps que je suis journaliste
00:23et ça fait très longtemps que j'entends parler de simplification.
00:26Et à chaque fois qu'il y a une loi de simplification, c'est compliqué.
00:30Non, mais c'est quand même d'ailleurs un paradoxe.
00:32À chaque fois qu'on veut simplifier dans ce pays, c'est compliqué.
00:36Par exemple, la loi simplification qui a été votée au Sénat,
00:42qui est bien pour les salariés par exemple, parce que ça simplifie les fiches de paix.
00:49Et ça, c'est important.
00:51C'est important pour chacun d'entre nous.
00:53Les fiches de paix simplifiées.
00:54Eh bien voilà, que cette loi est à l'Assemblée nationale, on est d'accord.
00:59Et qu'à l'Assemblée nationale, eh bien tout est détricoté, si j'ai bien compris.
01:04Tout ce qui a été voté au Sénat est en train d'être détricoté à l'Assemblée nationale.
01:08C'est cela ?
01:09C'est ce qui se passe, oui, évidemment.
01:11Puisque ce texte est un texte du gouvernement, de ma majorité.
01:15C'est un texte qui prévoyait de simplifier la vie économique pour les entreprises et surtout pour les PME.
01:21Vous l'avez dit, simplification sur les feuilles de paix, simplification pour accéder au marché public et pouvoir avoir du travail.
01:29Et donc aujourd'hui, on se retrouve avec un texte qui partait avec 28 articles.
01:33Or, sur les 28 articles, qu'est-ce qui se passe ?
01:35Il y en a 8 qui sont supprimés, 13 qui sont complètement réécrits et dénaturés, le reste qui reste à peu près et surtout 87 nouveaux articles qui n'ont rien à voir avec les objectifs.
01:46Puisque l'objectif est de dénaturer toutes les avancées environnementales que nous avons faites et qui n'étaient pas présentes sur le texte initial.
01:54Donc, on se retrouve aujourd'hui avec un texte qui venait du gouvernement et donc qui bénéficiait notamment des études d'impact,
02:01qui permettaient d'anticiper évidemment ce que cette modification de loi pourrait faire.
02:06Ce texte, voter au Sénat, on est bien d'accord.
02:09Oui.
02:10Voter en première lecture au Sénat, prévoyer à la base, prévoyer des simplifications pour les PME, des simplifications pour les particuliers,
02:18et prévoyer aussi des avancées écologiques, si j'ai bien compris.
02:23Et notamment l'installation de ZFE, les fameuses ZFE.
02:27On est d'accord.
02:28Et puis voilà que ce texte est donc détricoté à l'Assemblée nationale.
02:33Plus de ZFE, ça a été supprimé.
02:36De nouveaux articles sont apparus.
02:38Vous dites, vous, je ne voterai pas aujourd'hui le texte qui est pourtant le texte initial du gouvernement.
02:45Tout à fait.
02:45Alors que vous soutenez le gouvernement, comment voulez-vous que les Français comprennent ?
02:49Et comment voulez-vous que nous-mêmes nous comprenions ?
02:51Nous avons un texte qui s'y dit, simplification de la vie économique, ça ne simplifie plus la vie économique.
02:57Les ZFE, les zones à faible émission, elles ont été faites bien avant, lors de la loi Climat et Résinence,
03:03elles ont été adaptées, parce qu'effectivement, dans leur mise en œuvre, elles étaient un peu compliquées.
03:07Et d'ailleurs, elles ne sont fléchées aujourd'hui que sur Paris et Lyon, et elles devaient être adaptées.
03:12Mais aujourd'hui, on a fait fi de toutes les avancées sur la qualité de l'air.
03:16Et nous sommes avec un texte qui n'a plus rien à voir avec l'objectif premier.
03:22Donc oui, nous assumons aujourd'hui, à cette étape de l'Assemblée nationale,
03:25puisque c'est une première lecture à l'Assemblée nationale, de voter contre.
03:29Il y aura d'autres étapes.
03:31Nous allons mettre des lignes rouges, et je tiens à rappeler que le groupe Ensemble pour la République,
03:36avec Sandrine Lefer et Gabriel Attal, nous avons signé une tribune en dénonçant ces reculs sur l'environnement.
03:42Et là, ce que nous sommes en train de faire, collectivement avec l'Assemblée nationale,
03:46c'est en fait de dire que l'économie et l'écologie doivent s'opposer.
03:50Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai.
03:51Nous pouvons avancer sur les questions environnementales,
03:54tout en simplifiant la vie des entreprises,
03:56et notamment, c'est des simplifications administratives.
04:00Des simplifications administratives,
04:01elles doivent permettre aux entreprises de pouvoir accéder à du travail plus facilement.
04:06– Alors, on va vous demander à vous et à tous les parlementaires d'avancer pour les Français,
04:11d'avancer pour les Français, parce que bon, moi je veux bien les ZFE, ok.
04:15Bon, si les ZFE ne sont pas supprimés, il y a peut-être d'autres alternatives.
04:21Par exemple, majorer le stationnement pour les véhicules les plus polluants,
04:25instaurer des péages urbains, pourquoi pas ?
04:28Ça existe dans d'autres grandes capitales européennes, pourquoi pas en France ?
04:32– Évidemment, moi j'habite dans l'Ain, je suis à la Francière avec Genève,
04:36c'est un sujet qui revient régulièrement sur la table aussi,
04:40et on se rend compte que ça contraint d'aller dans les grandes métropoles.
04:44Il faut faire attention quand même.
04:45Moi je suis pour une écologie sociale libérale,
04:47c'est-à-dire qu'il faut quand même prendre en compte les impacts que ça peut avoir sur la population,
04:52et donc de pouvoir les accompagner.
04:54Quand on contraint l'accès à une ville avec son véhicule qui est très âgé,
04:59eh bien ça ne nous permet plus d'aller travailler par exemple.
05:03Donc il faut faire des mesures d'accompagnement.
05:04– Donc il faut trouver des solutions, il faut être intelligent quand même.
05:07– Les mesures d'interdiction, on n'est pas pour du tout,
05:09et on est capable même de se dire, les ZFE, on a pu les faire évoluer
05:14pour pouvoir être plus dans l'esprit de ce que nous souhaitons.
05:17– Alors les ZFE ne vont pas polluer tout le reste du texte,
05:20parce que la simplification, c'est ce qui se passe.
05:23– C'est ce qui se passe en fait.
05:24Mais pas que, mais pas que.
05:25Quand je vous dis qu'il y a 87 autres articles qui sont pratiquement incompréhensibles,
05:29parce qu'on y est allé à la machette sur les suppressions d'organismes.
05:33– Vous savez pourquoi ? Parce que ce sont les jeux politiques qui prennent le dessus
05:36sur le bien-être des citoyens.
05:38– Évidemment, on est dans une période où tout le monde est très fébrile,
05:43on approche de la date potentielle d'une dissolution, les oppositions…
05:47– Vous y croyez à la dissolution, vous, Olga Givernais ?
05:49– Écoutez, c'est une possibilité, elle est arrivée une première fois.
05:53À partir du 8 juillet, le président de la République récupère ce droit,
05:58et je ne vais pas parler à sa place, c'est une possibilité qu'il a entre les mains.
06:02– Vous vous préparez ?
06:02– Écoutez, alors moi je reçois, je vais vous dire, encore ce week-end,
06:05des textos d'entreprises qui me proposent de m'accompagner dans les prochaines élections,
06:10qui pourraient être les municipales ou les législatives.
06:13Donc c'est qu'il y en a bien qui sont en train de se préparer à cela.
06:16Écoutez, moi je suis sur le terrain.
06:18Ce qui me rassure en fait, c'est qu'au niveau national, c'est le bazar.
06:21On ne peut pas le dire autrement.
06:22– Ah bah ça c'est un bazar politique, oui, ça c'est sûr.
06:24– Heureusement qu'on n'est pas en état si centralisé que ça,
06:26et que les territoires, eux, ils avancent.
06:29Nous continuons d'avancer sur l'implantation,
06:32notamment dans le cadre des zones d'accélération des énergies renouvelables.
06:35C'est mon sujet, les énergies, vous le savez.
06:38Et donc les Français n'attendent pas finalement au niveau national.
06:42Mais c'est vrai que c'est déprimant.
06:44Si je reviens sur la loi simplification,
06:46est-ce que vous avez vu un seul acteur économique
06:48se positionner ces derniers jours pour le soutenir ?
06:50Non, il n'en parle même plus, il ne s'en approprie même plus.
06:54Ni les bénéfices, ni les désavantages.
06:56– Mais parce que les citoyens comme les patrons de PME sont échaudés.
07:02– Évidemment.
07:02– Pardon, mais la simplification, ça n'a jamais marché.
07:06– La simplification d'abord, elle doit venir de l'État.
07:08– Il y a tellement de jeux politiques là.
07:10Ça va donner quoi ?
07:12Vous allez aller en commission mixte paritaire avec ce texte.
07:15– Tout à fait, bien sûr.
07:15– Bon, c'est donc le texte du Sénat qui sera repris en CMP.
07:18– Tout à fait.
07:18– On est bien d'accord.
07:19– Si il est voté contre, nous avons annoncé que nous votions contre,
07:23comme nous ne savons pas exactement ce qui va se passer parmi les autres groupes.
07:29Voilà, et c'est pour ça d'ailleurs que nous avons décidé de ne pas nous abstenir.
07:32– Oui, c'est-à-dire qu'on n'y comprend plus rien.
07:33La simplification est compliquée.
07:36– Je vais vous dire réellement mon sentiment.
07:38La simplification, elle doit venir de l'État intérieur en premier lieu.
07:41C'est-à-dire que quand nous faisons une loi,
07:43et qu'elle doit être mise en œuvre, il faut que ce soit simple.
07:46Et pour l'instant, ce n'est pas le cas, et c'est notre devoir aussi,
07:49de contrôle de l'action du gouvernement et d'évaluation des politiques publiques,
07:52de faire en sorte que la loi ne doit pas être trop bavarde,
07:55mais aussi que dans sa mise en œuvre, il n'ait pas besoin de formulaire à outrance.
08:00Parce que, tiens, je tiens à le rappeler, on nous accuse de faire trop compliqué,
08:03mais toutes les formulaires à remplir, les normes administratives,
08:08elles sont en fait du niveau de l'État, et donc du niveau de décret du gouvernement.
08:12– Donc on pourrait simplifier par décret.
08:14Donc moi, j'ai essayé à mon niveau, en tant que ministre de l'Énergie,
08:18de simplifier, effectivement, au travers de l'action des administrations et de l'État.
08:23– Merci, Olga Giverdeil.
08:24– Merci à vous.
08:24– Merci d'être venue nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio,
08:28les 7h21, rappel des titres de l'actualité avec vous, Laurie Leclerc.