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00:00Derrière les bombardements entre l'Iran et Israël, il y a deux hommes qui tiennent entre
00:06leurs mains les clés du conflit. D'un côté, Benyamin Netanyahou, premier ministre israélien,
00:11et de l'autre, Ali Ramenei, guide suprême iranien. Pour les deux dirigeants, ce conflit
00:15semble bien utile pour asseoir leur pouvoir et leur crédibilité dans leur pays. Pendant ce temps là,
00:19leur population subissent les bombardements, qui font des centaines de morts et des milliers de
00:23blessés, selon les différents bilans. Alors pour vous aider à comprendre les stratégies
00:27personnelles de Benyamin Netanyahou et de Ali Ramenei, mais aussi pour décrypter la place des
00:31Etats-Unis et des autres pays du monde dans ce conflit, on reçoit Amdam Mostafavi, tu es directrice
00:36adjointe à Libération et spécialiste du Moyen-Orient, ainsi que Sonia de Le Sage-Tolper,
00:40notre chef du service international. Pour commencer, est-ce que Sonia, tu peux nous faire un point sur
00:47ce qu'on sait du conflit aujourd'hui, le bilan, comment est-ce que tout ça se passe depuis vendredi ?
00:53Et on en est au quatrième jour de frappe. On a encore observé une nouvelle nuit d'échanges,
00:59donc après l'agression initiale israélienne depuis, c'est un jeu de ping-pong. On envoie des missiles et on renvoie des missiles et l'Iran renvoie des missiles, donc ça a continué cette nuit pour la quatrième nuit.
01:11Alors les bilans sont compliqués parce qu'ils ne sont pas forcément vérifiables, notamment côté Iran, mais les autorités iraniennes disent qu'on en est à 224 morts et à peu près un millier de blessés.
01:25On ne sait pas parmi ces morts quels sont les membres du régime exactement ou les agents du gouvernement et les civils.
01:33Et côté Israël, on est à 24 morts pour le coup civils et 380 blessés, c'est le dernier bilan qui est tombé il y a quelques heures.
01:41Merci beaucoup de regarder cette vidéo, j'espère qu'elle vous plaît. Si c'est le cas, abonnez-vous à la chaîne YouTube de Libération, on publie des entretiens comme ça chaque semaine.
01:48Sachez aussi que c'est une discussion qui est menée en direct sur Twitch, donc vous pouvez nous y rejoindre si vous voulez y participer. Et d'ici là, je vous souhaite un bon visonnage.
01:56On ne sait pas vraiment si c'est toujours des frappes visées qui ne concernent que des militaires, mais il y a aussi potentiellement des civils dans ces victimes.
02:05Officiellement, ce sont des frappes ciblées. La différence par rapport à d'autres fois où Israël a frappé, en Iran notamment, c'est que c'était toujours des zones hors des grandes villes, hors de Téhéran, dans des zones très identifiées comme étant des usines d'armement, etc.
02:25Et donc là, effectivement, il y a des frappes qui ont lieu au cœur de Téhéran. Ce qu'on ne sait pas, c'est effectivement si les immeubles visés, manifestement il y a des cibles dans ces immeubles,
02:37mais il y a vraisemblablement aussi des civils. Et puis par ailleurs, les dégâts collatéraux peuvent être compliqués.
02:43Et dans l'autre sens, l'Iran jusqu'à présent avait rarement réussi à faire passer ses missiles à travers le fameux dôme de fer qui protège le territoire israélien.
02:54Or, cette fois-ci, il y a effectivement eu plusieurs frappes, y compris assez à l'intérieur du pays, y compris jusqu'à Tel Aviv, qui ont donc passé les défenses aériennes.
03:05Hamdam, ces frappes, ces échanges de missiles entre Iran et Israël, d'un point de vue de politique interne, elles répondent aussi à des enjeux qui concernent les leaders des deux pays,
03:21donc Netanyahou et Ramenei. Pourquoi ? Quels sont les enjeux politiques internes pour Netanyahou et Ramenei ?
03:27Déjà, on peut s'interroger sur pourquoi Netanyahou lance à la base ces frappes à ce moment-là.
03:36Ça se regarde aussi du côté de sa politique intérieure, de sa situation à l'intérieur du pays et sa situation internationale.
03:42À l'intérieur, il avait pas mal de difficultés politiques au sein de sa coalition.
03:51Il a une coalition assez compliquée où il doit gouverner avec l'extrême droite, ce qui a beaucoup d'influence sur sa politique.
03:59On a pu le voir ces derniers mois.
04:01Et il se trouvait, en fin de semaine dernière, dans une situation politique assez compliquée.
04:07Sur le plan personnel, il est aussi en procès pour corruption.
04:11Et il y a par ailleurs, évidemment, la question de Gaza et de l'incompréhension mondiale qui monte, y compris auprès des pays alliés, sur les objectifs de guerre à Gaza.
04:23Et c'est vrai que cette guerre, aujourd'hui, a pour intérêt de mettre toutes ces questions, pour l'instant, au second plan.
04:32Pour lui, c'est quand même quelqu'un, on sait, Benyamin Netanyahou, qui a besoin de se nourrir, entre guillemets, pour se maintenir au pouvoir du fait qu'on soit dans une sorte d'état de guerre perpétuelle.
04:43Ça ouvre un nouveau front.
04:45Ça veut pas dire qu'il n'y avait pas forcément aucune menace iranienne.
04:48On ne le saura pas vraiment tout de suite, le vrai état de la menace iranienne.
04:52Mais en tout cas, en termes de timing, ça pouvait être intéressant, d'autant qu'on avait aussi la conférence de l'ONU qui arrivait sur la potentielle reconnaissance d'un État palestinien.
05:03Donc, on ne peut pas faire, c'est de la géopolitique, on ne peut jamais faire des liens de cause à effet direct.
05:08Les choses sont quand même souvent plus complexes.
05:11Mais en termes de timing pour Netanyahou, c'était quand même intéressant.
05:15Et surtout, une fois qu'il a lancé la guerre, la question, c'est quel est l'intérêt à la maintenir ?
05:20Parce que, bon, il a fait, entre guillemets, on peut estimer que la démonstration de force est faite,
05:25que le principal site nucléaire iranien, celui de Natanz, a été atteint,
05:31que dès vendredi, il avait quand même, les Israéliens avaient quand même touché les principaux personnages du commandement militaire iranien.
05:41On peut quand même se demander si c'est nécessaire de continuer, d'autant que tu le disais, il y a des victimes civiles.
05:48On sait que des immeubles d'habitation, des hôpitaux ont été touchés en Iran.
05:52Donc, avec tout ce que ça peut avoir comme conséquence sur la politique internationale.
05:55Côté iranien ?
05:56Alors, juste pour rebondir sur ça, dans le chat, on a une question,
06:0040 médias, qui dit « Voilà quatre jours que l'intervention du gouvernement israélien à Gaza n'est plus documentée sur les médias.
06:05Cette intervention continue-t-elle ? »
06:07J'ajoute à cette remarque le fait que, c'est vrai, en fait, du coup, on ne parle que des bombardements entre Iran et Israël.
06:17Derrière, on ne parle plus vraiment de Gaza.
06:20On en parle sur le côté, en fait, parce qu'on continue, notamment nous à Libération,
06:25on continue à faire un point tous les jours sur ce qui se passe effectivement à Gaza, etc.
06:28Mais c'est exactement le but recherché par Netanyahou, notamment, de détourner un petit peu la tension sur l'Iran.
06:36Par ailleurs, il y a aussi, et c'est ce que disait très bien Hamdam, il y a un côté d'enjeu intérieur.
06:42Tant qu'il est au pouvoir, il dispose d'une immunité qui fait que toute condamnation ne l'enverra pas en prison.
06:47Le moment où il quitte le pouvoir, il part en prison.
06:50Donc, il a intérêt à trouver à chaque fois des solutions pour se maintenir au pouvoir.
06:55Par ailleurs, sa coalition est effectivement très fragile.
06:57Et là, l'extrême droite qui permet à sa coalition de se maintenir ne va pas contester cette attaque contre l'Iran
07:04puisque l'Iran est vu comme l'ennemi suprême, celui qui avait des relais, le Hezbollah en Liban,
07:12qui avait des relais en Syrie, etc.
07:14Donc, en fait, ça l'arrange parce que sa coalition, du coup, il n'y a plus de menace de l'extrême droite
07:19que l'extrême droite quitte demain la coalition.
07:21Et par ailleurs, dans l'opinion publique israélienne, il n'y a pas vraiment de remise en question de ces attaques
07:31parce qu'il y a cette menace nucléaire qui plane constamment et qui est vraiment perçue.
07:36Enfin, l'Israël et les Israéliens se sentent en première ligne par rapport à la menace nucléaire iranienne depuis des années.
07:42Donc, on comprend bien les enjeux de politique interne pour le leader d'Israël, Netanyahou.
07:49Mais de son côté, le leader de l'Iran, Ramenei, guide suprême, lui-même répond aussi à des enjeux de politique interne
07:57avec cette affaire et cette riposte dans le conflit entre l'Iran et Israël.
08:03Oui, c'est vrai. Tu peux te demander aussi pourquoi les Iraniens ripostent autant.
08:10Parce que bon, pareil, ils peuvent se faire attaquer, riposter une fois et puis se dire on s'arrête là
08:15parce que de toute façon, les Iraniens, quand même militairement, savent qu'ils n'ont pas la capacité d'être plus forts que les Israéliens.
08:24Donc, ça ne fait que rajouter des morts civiles chez eux.
08:28Donc, tu peux te demander pourquoi ils se maintiennent.
08:32Tout simplement parce que finalement, cette guerre, elle sert aussi des objectifs internes d'Ali Ramenei
08:37et qui, lui aussi, n'est pas dans la position la plus confortable qu'il soit.
08:42Sonia parlait déjà de la politique iranienne ces dernières années
08:47qui a constitué à avoir toutes ces espèces d'agents à l'étranger,
08:52le Hezbollah, le Hamas, les Houthis,
08:55tous ces groupes que l'Iran appelle axe de la résistance,
09:00qui sont en fait des affiliés de l'Iran.
09:02Eh bien, tous ces groupes, ils sont de plus en plus atteints.
09:05Et Ramenei, finalement, dans les alliés extérieurs, il en a de moins en moins.
09:09Intérieurement, il est aussi fragilisé.
09:11L'économie iranienne se porte mal.
09:13Il y a eu plein de révoltes ces dernières années.
09:18Voilà, il n'y a pas, comment dire,
09:20finalement, comme pour...
09:23Et les Iraniens, je l'avais dit l'autre jour, mais je le rappelle,
09:26les Iraniens, ils n'ont pas l'habitude d'avoir des bombardements chez eux.
09:28C'est un pays qui, depuis 30 ans, n'a pas connu de bombardements ou de guerres.
09:35L'intégrité territoriale des Iraniens et l'idée de se sentir en sécurité,
09:41c'est quand même quelque chose qui prévalait.
09:42C'est-à-dire qu'ils savaient qu'ils étaient menacés, etc.
09:45Mais quand même, l'hypothèse d'une frappe israélienne au cœur de Téhéran,
09:50Téhéran, c'est une ville ultra peuplée, ultra dense, ultra moderne aussi.
09:54Enfin, il faut vraiment s'imaginer tout ça.
09:57Tout ça, ça ne peut que faire taire la contestation en interne,
10:01servir les plus radicaux du régime qui disent de toute façon,
10:05parce qu'en fait, ça fait longtemps qu'il y a une tension en Iran,
10:07entre ceux qui veulent négocier, qui disent on peut négocier
10:10et en gros retrouver une place sur la scène internationale,
10:14et ceux qui disent ça ne sert à rien de négocier avec les occidentaux
10:16parce que de toute façon, ils vont nous la faire à l'envers.
10:18Donc là, tu imagines bien que ça accrédite plutôt la thèse
10:21de ceux qui disent ça ne sert à rien de négocier,
10:22d'autant que ça torpille aussi les fameuses négociations
10:26qui étaient en cours en ce moment à Oman entre Américains et Iraniens
10:29pour le programme nucléaire iranien.
10:31Voilà, ça fait taire un peu les oppositions dans chacun des pays.
10:35Il y a même des appels en interne, c'est assez intéressant
10:39parce qu'on voit bien, effectivement, c'est à la fois une démonstration
10:42d'un aveu de faiblesse et en même temps un appel à la cohésion au sein du pays
10:47en disant, à l'heure actuelle, ce matin il y avait une déclaration officielle
10:50en disant, aujourd'hui, toutes les divisions doivent être mises de côté
10:55et là, on est sur un seul front parce qu'on est tous ensemble,
10:58les Iraniens, victimes d'une attaque injuste, etc.
11:03Et en parallèle avec cette affirmation que nous, les Iraniens,
11:07sommes toujours prêts à nous asseoir à la table des négociations sur le nucléaire.
11:11D'ailleurs, on avait prévu de se retrouver dimanche à Oman et finalement,
11:15tout ça a été capoté par la faute des Israéliens.
11:18Donc, il y a une tentative de blâmer les Israéliens uniquement en oubliant
11:24derrière, effectivement, toutes les entourloupes sur le programme nucléaire iranien
11:28qui ne font aucun doute depuis pas mal d'années.
11:31Ce qui est intéressant aussi, c'est que tu vois l'opposition en exil iranienne
11:33qui est évidemment très opposée au régime, mais elle est aussi très opposée à la guerre, en fait.
11:39Ils disent, nous, on veut un changement de régime, mais on ne veut pas la guerre sur le sol iranien.
11:44Ça ne doit pas venir de l'extérieur.
11:46Il faut soutenir les gens qui, en Iran, veulent la démocratie.
11:49Et donc, tu as finalement cette union, même au-delà des clivages politiques.
11:56Vous l'avez dit toutes les deux, ce conflit, il survient en toile de fond des négociations
12:02qui se déroulaient déjà depuis plusieurs mois autour du nucléaire iranien
12:07et qui inclut notamment les États-Unis.
12:10Les États-Unis ont une place très importante dans ces négociations.
12:13Est-ce que ça signifie que Donald Trump aurait pu empêcher l'arrivée de cette guerre
12:16juste avant qu'elle survienne, puisque lui avait une place très importante
12:21dans ces négociations autour du nucléaire iranien ou pas ?
12:24Alors, il aurait pu, il n'y a aucun doute là-dessus.
12:26Maintenant, les Américains ont bien dit que ça avait été mis au courant de l'offensive
12:31ou de l'attaque israélienne.
12:34Après, à quel moment ont-ils été mis au courant ?
12:37Et clairement, en tout cas, on a un peu le sentiment depuis vendredi
12:41que Netanyahou a pris le dessus un petit peu sur l'autorité de Trump.
12:46Et Trump patauge un petit peu en disant, moi, je veux la paix.
12:50On discute dans tous les sens.
12:53Mais bon, il faut peut-être que les Israéliens continuent à taper un peu.
12:57Et en fait, hier, il a annoncé, enfin pas lui personnellement,
13:00mais la Maison-Blanche a annoncé qu'en fait, Trump avait posé son veto
13:05à l'élimination de Khameini justement par les Israéliens,
13:08qui laissant entendre que si les Israéliens voulaient,
13:11en fait, demain, ils pourraient éliminer Khameini et que c'était Trump.
13:15Donc, c'est une manière pour Trump, on ne pourra jamais le prouver,
13:18mais c'est une manière pour Trump de montrer qu'il est toujours dans le jeu.
13:22Mais en même temps, c'est un aveu d'impuissance absolue
13:26par rapport à ses grandes déclarations pendant toute sa campagne
13:28et depuis son arrivée le 20 janvier à la Maison-Blanche.
13:31Sur le côté, je suis le faiseur de paix, le pacificateur.
13:37Donc, on va faire la paix en Ukraine, on va faire la paix à Gaza,
13:40on va faire la paix au Moyen-Orient.
13:42Le résultat des courses, c'est qu'il y a la paix nulle part
13:44et qu'on a un front après l'autre qui s'ouvre.
13:47Et dans le même sens, le fait que Donald Trump n'agisse pas contre cette guerre,
13:52ça a surpris l'Iran d'une manière ou d'une autre.
13:55Les Iraniens se pensaient en position de force dans les négociations autour du nucléaire.
13:59Oui, en fait, les négociations, elles ont lieu depuis très longtemps,
14:03mais le dernier round actuel semblait quand même pouvoir déboucher,
14:09évidemment, avec l'envie de Trump de faire un deal absolument.
14:12Tu pouvais te dire que, vu que côté ukrainien, Ukraine-Russie,
14:16il était loin d'avoir réussi à faire un deal,
14:18ça aurait été bien pour lui, sur la scène internationale,
14:21de réussir à faire un deal Iran-États-Unis sur la question du nucléaire.
14:26Les Iraniens qui ont vu justement, à mon avis, ce qui se passait pour les Ukrainiens,
14:30ont dû se dire qu'il fallait venir en étant un peu menaçant
14:34et pas en position de faiblesse.
14:36D'où cette annonce assez faux-folle de l'autre jour de jeudi,
14:41qui était de dire, on va continuer, on va ouvrir un nouveau site d'enrichissement du nucléaire,
14:45dans l'idée qu'il fallait arriver en position de force à la table des négociations dimanche,
14:50en disant, on a des vraies possibilités menaçantes.
14:54Évidemment, ce n'est pas comme ça que ça s'est passé,
14:57mais c'est aussi parce que ces discussions étaient en cours,
14:59parce qu'ils pensaient qu'ils montraient suffisamment les muscles,
15:03la capacité de nuisance pour ne pas être attaqués,
15:05et qu'ils ont été autant surpris par ce qui s'est passé.
15:08Et parce qu'il y avait un rendez-vous fixé dimanche pour des négociations,
15:11et que par ailleurs, il faut quand même rappeler que l'attaque israélienne en cours est totalement inédite.
15:16Ils n'ont jamais frappé avec cette ampleur-là,
15:20et dans ces lieux-là, en Iran aussi profondément,
15:24et de manière aussi extensive.
15:25Dans ces négociations géopolitiques, internationales,
15:30il y a différents pays qui y prennent part de manière générale,
15:34on a parlé des Etats-Unis.
15:35Vladimir Poutine aussi met son élan dedans ?
15:37Oui, alors Vladimir Poutine, un grand pacificateur reconnu devant l'éternel,
15:42a proposé ses services de médiation dans ce conflit.
15:46Alors, ce n'est pas ça qui est le plus étonnant,
15:48parce qu'il a un peu tendance à faire ça en général,
15:50quand ce sont des conflits qui ne sont pas à ses frontières.
15:54En revanche, là où ça devient plus surprenant,
15:56et où c'est même inquiétant,
15:57c'est que Donald Trump a dit,
16:00ah mais oui, effectivement, j'en ai même parlé,
16:02on a eu un appel avec Vladimir Poutine,
16:04et c'est une option à considérer.
16:06Donc, en fait, le président des Etats-Unis
16:09considère totalement possible l'éventualité
16:14que le président russe qui a ouvert,
16:16donc qui a envahi un pays souverain il y a trois ans,
16:20puisse servir de médiateur dans un conflit entre l'Iran et Israël.
16:24Donc, même l'ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence,
16:31a suggéré respectueusement à son ancien patron
16:34qu'il serait bon de peut-être pas se tourner vers Vladimir Poutine
16:37pour des conseils sur comment résoudre le conflit en cours.
16:41Et juste pour préciser, la Russie et l'Iran ont des liens assez poussés, évidemment.
16:45Je te parlais de l'Ukraine tout à l'heure.
16:47L'Iran a fourni énormément de drones pour permettre à la Russie d'attaquer l'Ukraine.
16:52Et dans le dossier du nucléaire, les Russes ont toujours joué un petit peu un rôle ambivalent,
16:56notamment en fournissant, en proposant souvent d'être médiateurs,
17:01d'héberger chez eux l'uranium enrichi.
17:03Donc voilà, là, c'est aussi l'occasion pour eux de faire réactiver cette...
17:07Et c'est intéressant parce que ce sont les deux...
17:09Les États-Unis sont le grand allié d'Israël et la Russie est le grand allié de l'Iran.
17:14Donc effectivement...
17:15Quelle est la position des autres pays dans le monde sur ce conflit ?
17:19Et est-ce qu'eux pourraient y prendre en part d'une manière ou d'une autre
17:21pour soit l'arrêter, soit le poursuivre et soutenir l'un ou l'autre participant ?
17:27Alors là, à l'heure actuelle, il y a une sorte de concert, d'appel au calme et à la retenue
17:32et à faire cesser ce conflit parce qu'en fait, il faut quand même rappeler qu'en général,
17:37finalement, globalement, pour l'état général de la planète, de l'économie de la planète,
17:43c'est jamais... les conflits sont jamais la meilleure solution.
17:46Là, en l'occurrence, il y a notamment des questions de pétrole,
17:50de beaucoup de navires qui passent pas loin de l'Iran et pas loin d'Israël.
17:55Donc, en fait, il y a un vrai enjeu là-dessus de ne pas entraîner un choc pétrolier,
18:02une crise économique supplémentaire qui viendrait ajouter au drame en cours un petit peu partout.
18:08Il se trouve que là s'ouvre... enfin, s'est ouvert hier soir au Canada le G7,
18:16cette espèce de réunion au sommet des sept grands pays les plus industrialisés.
18:21Il se trouve que l'Inde y est aussi invitée.
18:23C'est le premier G7 auquel participera Donald Trump.
18:28On devait parler pas mal d'Ukraine.
18:30Et là, ce conflit s'est invité et va être évidemment au cœur des discussions
18:35qui vont durer trois jours dans l'Ouest canadien.
18:40Donc, effectivement, c'est un...
18:43Mais la vérité aussi, c'est qu'au-delà des déclarations,
18:48il n'y a pas et non pas...
18:49Les autres pays n'ont pas un poids fondamental sur ni Israël ni sur l'Iran.
18:54Donc, effectivement, les deux pays qui peuvent sans doute faire changer de braquet,
19:02on va dire, tant Israël que l'Iran,
19:05ce sont en tête les États-Unis.
19:07Et effectivement, la Russie peut peut-être avoir un rôle à jouer là-dedans.
19:11Au sein de ce G7, si je ne me trompe pas,
19:14il y avait aussi la question de la reconnaissance de la Palestine
19:17ou c'était pour un autre contexte ?
19:20Non, alors, ce n'était pas là.
19:22Il y avait une conférence qui était organisée à l'initiative de la France,
19:26d'Emmanuel Macron,
19:28en collaboration avec l'Arabie saoudite,
19:29qui devait avoir lieu demain, mardi,
19:32à New York, au sein de l'ONU, des Nations Unies,
19:36et où la question de la reconnaissance de la Palestine devait être abordée.
19:40Tout ça a été très varié un petit peu.
19:44C'est-à-dire, au début, on avait un peu l'impression,
19:46et Emmanuel Macron avait plus ou moins laissé entendre
19:49qu'il y aurait une reconnaissance à cette occasion-là de la Palestine,
19:53pas seulement la France,
19:55mais peut-être avec, effectivement, le Canada,
19:57avec le Royaume-Uni, voilà.
19:59Entre-temps, la situation a un peu évolué
20:02et il se trouve que l'attaque d'Israël sur l'Iran
20:08a entraîné l'annulation de cette conférence
20:12au grand, bien sûr, plaisir de Netanyahou
20:15qui n'avait aucun intérêt ni aucune envie d'avoir cette conférence,
20:18d'avoir des chefs d'État et de gouvernement
20:20qui discutent, voire qui évoquent,
20:22voire qui annoncent la reconnaissance de la Palestine.
20:25Un mot aussi, peut-être, Sonia a commencé à l'évoquer
20:28sur la disruption mondiale que ça peut engendrer.
20:35On n'en a pas beaucoup parlé pour l'instant,
20:37ça commence à émerger,
20:38mais les Iraniens, ils ont encore des capacités
20:40de nuisance importantes,
20:42notamment s'ils se mettaient à fermer le détroit d'Hormuz
20:45qui est, en fait, au sud de l'Iran
20:48et par lequel transite une grande partie du pétrole mondial.
20:50Donc là, tu pourrais voir arriver d'autres acteurs,
20:54notamment les Chinois, par exemple,
20:55qu'on entend, qui ont condamné, etc.,
20:57mais qui n'ont pas encore vraiment pris la main sur le sujet
21:00et qui, si jamais les gardiens de la Révolution,
21:03donc les Iraniens, se mettaient à bloquer ce passage,
21:08pourraient intervenir.
21:10D'autant que de l'autre côté,
21:11tu as aussi de l'autre côté de la péninsule arabique,
21:14tu as le détroit de Badal-Mandeb
21:16qui, lui, est soumis justement au contrôle des outils iraniens.
21:21Donc, ils ont quand même cette capacité
21:24à perturber pas mal le commerce mondial.
21:28Mais en perturbant pas mal le commerce mondial,
21:30le risque est aussi qu'ils touchent leur économie
21:33qui est déjà exsangue.
21:36Il y a des grèves, d'ailleurs, de camionneurs, etc.,
21:39régulièrement parce qu'économiquement,
21:41l'Iran est vraiment, notamment en raison des sanctions,
21:45mais pas seulement.
21:48Donc, en fait, ils n'ont pas non plus intérêt.
21:49C'est pour ça que je pense que cette option-là,
21:52qui est effectivement un levier assez fort
21:54dans d'éventuelles négociations en coulisses
21:56sur un arrêt des combats, etc.,
21:59enfin, ou des frappes plutôt,
22:02pèse, mais en même temps,
22:04il faut vraiment qu'il y ait une réflexion
22:06qui devra être approfondie
22:09sur l'intérêt et le risque, dans ce cas-là,
22:11de pression très forte, notamment des Chinois,
22:13sur ne pas fermer ce détroit
22:15qui est crucial pour le commerce mondial, effectivement.
22:18Aujourd'hui, qui pourrait avoir le pouvoir
22:19d'arrêter ce conflit et ces bombardements ?
22:22Celui qui a sans doute le plus de leviers,
22:25notamment sur Israël,
22:26ça reste quand même Donald Trump et les États-Unis,
22:29je dirais.
22:29À l'heure actuelle,
22:30celui qui peut vraiment forcer Netanyahou
22:35à arrêter cette offensive,
22:37c'est Donald Trump,
22:38parce que s'il déclare
22:40qu'il arrête de livrer des armes,
22:42enfin, ou tout ça,
22:43évidemment, en coulisses,
22:45où il leur dit maintenant, c'est bon,
22:46ça s'est terminé,
22:48et c'est probablement ce qui va se passer.
22:49On va avoir à un moment donné,
22:51dans probablement les 48 heures
22:53ou 72 heures à venir,
22:55à un moment donné,
22:56on va avoir une annonce officielle
22:58de Netanyahou disant
22:59nous considérons que nous avons atteint
23:01nos objectifs
23:01et nous avons affaibli durablement l'Iran,
23:05nous n'avons pas détruit
23:06tout son arsenal nucléaire
23:07ou ses capacités nucléaires,
23:09mais nous avons retardé
23:09leur développement
23:10pour au moins une dizaine d'années,
23:11si ce n'est plus.
23:12Donc, on considère
23:13qu'aujourd'hui,
23:13on arrête
23:14et ce sera sans doute
23:15sous la pression,
23:16notamment des États-Unis.
23:17Et on peut supposer que,
23:18enfin,
23:19il est quasiment certain
23:20que si les Israéliens arrêtent,
23:21les Iraniens arrêtent,
23:22puisque les Iraniens
23:23ne peuvent pas arrêter,
23:24puisqu'ils sont en train
23:24d'une démarche
23:25de riposte systématique
23:26et de ne pas perdre la face
23:27en étant les premiers
23:29à s'arrêter.
23:31Donc, voilà,
23:32si les Israéliens
23:33annoncent qu'ils ont
23:33atteint leur objectif
23:35et qu'ils arrêtent
23:35d'envoyer des missiles,
23:36je pense qu'on peut penser
23:37que les Iraniens
23:38arrêteront de riposter.
23:39Je voulais juste rappeler aussi
23:40la question du changement de régime
23:42et Hamdam l'a touché.
23:44Évidemment,
23:44la question qui se pose derrière,
23:46c'est est-ce qu'Israël
23:47cherche à faire tomber
23:49le régime des Mola,
23:49comme on les appelle en Iran ?
23:52Israël se défend
23:53d'avoir cet objectif-là.
23:55Et la question qui se pose
23:57derrière,
23:58on peut dire que ce régime
24:02est un régime abominable,
24:03mais...

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