Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Après les trois mousquetaires, Martin Bourboulon s'attaque cette fois à une histoire vraie et très récente,
00:06celle de la prise de Kaboul par les talibans à l'été 2021.
00:1013 jours, 13 nuits est adapté du livre témoignage de Mohamed Bida,
00:14commandant de police affecté à l'ambassade de France à Kaboul lors de l'évacuation de la ville.
00:18Un récit haletant présenté hors compétition au festival de Cannes avec Roche Dizem,
00:22dans le rôle de ce policier qui a pris des risques fous pour sauver le plus de gens possible.
00:2720 ans après, les talibans font leur retour au pouvoir.
00:32Les gens qui sont dehors, je sais ce qu'ils vivent.
00:37C'est l'enfer.
00:40Il y a à peu près 300 personnes tassées devant la grille. Il faut ouvrir.
00:43Ouvrez les portes !
00:45Respecter les ordres, ça fait partie de notre métier, mais c'est aussi un choix de ne pas les respecter.
00:49Mon cher Roche Diz.
00:51Mon cher Antoine.
00:52Vous êtes là, cette fois-ci, dans la peau de Mohamed Bida, un militaire chargé de l'évacuation de l'ambassade de France
00:59au moment de l'arrivée des talibans en pouvoir en août 21 à Kaboul.
01:04Est-ce que vous vous souvenez d'ailleurs, précisément, de cet événement, au moment où ça s'est produit ?
01:08Comme tout un chacun, c'est-à-dire que je me souviens de ces gens qui s'accrochaient aux avions qui décollaient.
01:12Je n'avais pas les détails tels qu'on les découvre dans le film.
01:14En fait, le grand public ne connaît pas l'histoire réelle de cette évacuation.
01:19Mais oui, à part les images spectaculaires, je ne sais pas grand-chose.
01:23Comme le film est extrêmement documenté, on a l'impression même d'être sur une espèce de documentaire en temps réel.
01:29Est-ce que, par exemple, vous avez rencontré le Mohamed Bida, le vrai ?
01:32Bien sûr. Il est assez étonnant, dans la mesure où c'est quelqu'un qui aime être dans l'ombre.
01:39Quand on lit son livre, on se dit, c'est un dingue ce qu'il a fait, quoi, de prendre ces responsabilités-là,
01:44de vouloir évacuer un maximum de monde, dont les Afghans.
01:48Parce qu'évacuer les ressortissants français, occidentaux, c'était dans l'ordre des choses.
01:53Mais les Afghans qui avaient travaillé pour les Occidentaux étaient en danger de mort à l'arrivée des talibans.
01:58Et beaucoup de nations les avaient laissés sur place.
02:01Et lui, il s'est évertué à les sauver, à les évacuer au nez et à la barbe même de sa hiérarchie.
02:07Mais surtout, ce qui est important de préciser, quand même, c'est qu'on ne fait pas ça tout seul, évidemment.
02:12Il y a quand même aussi les soldats du GIGN qui l'accompagnent et qui le soutiennent.
02:17Et d'ailleurs, Mohamed Bida, il a fini par voir le film ?
02:20On l'a vu ensemble, on l'a découvert ensemble.
02:21Alors, quelle a été sa réaction ? Il a retrouvé la tension qu'il avait vécue pendant ces 30 jours ?
02:24Alors, c'est vrai, parce que je l'ai vu tout à l'heure.
02:26En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'à la fin de la Projo, on pleurait.
02:30Et donc, on ne s'est pas parlé.
02:32On s'est regardé, on s'est compris.
02:34Et là, il est venu me dire très gentil, il a dit, tu m'avais posé une question.
02:39Et je crois qu'il était très aimé par le film.
02:41Et surtout, il est assez frappé.
02:43Il m'a dit, je n'avais pas vu que tu m'avais percé à jour à ce point.
02:46C'est une interprétation, évidemment.
02:49Mais c'était assez touchant de la façon dont il me l'a dit.
02:51Est-ce que c'est agréable de jouer un héros de la vraie vie par rapport à un héros de fiction ?
02:56Même si Ébou Moulon et Mohamed Vidal insistent sur le fait que ce n'est pas un héros.
03:01Il refuse de se voir comme un héros.
03:02Oui, parce que lui-même ne se présente pas comme ça.
03:04Il a l'impression d'avoir juste fait son travail.
03:06C'est un vrai patriote.
03:07On lui confie l'Ambassade de France.
03:09Et bien, voilà, il s'agit de ne pas faillir à sa mission.
03:12Mais oui, c'est agréable.
03:14Mais à ceci près, c'était pour ça qu'on avait envie de lui apporter des imperfections.
03:20Pour que le public, lui aussi, puisse se projeter sur ce personnage.
03:24Sinon, c'est Tom Cruise.
03:25Donc, du coup, on rentre en ce qui est dans autre chose, qui n'est pas inintéressant non plus.
03:31Mais c'était important que chacun puisse s'y retrouver.
03:34Et je pense que ça lui donnait encore un peu plus de chair à ce personnage et un peu plus de crédit aussi.
03:38Justement, c'est la question que je me posais en regardant le film.
03:40Qu'aurait fait Tom Cruise ?
03:42Tom Cruise, je pense qu'il aurait pris les...
03:45D'abord, il aurait s'ébouillé tous les talibans avant de partir.
03:49Et puis, il aurait décidé tout tout seul et il aurait tout fait tout seul.
03:52Il l'aurait bien fait, surtout.
03:53Il est réfugié qu'on a laissé rentrer dans l'Ambassade.
03:55Ils sont maintenant sous la protection de la France.
03:57Qu'est-ce que tu diras s'ils sont exécutés ?
03:58Mais c'est nous que les talibans vont exécuter, putain !
04:01Qu'est-ce que tu comprends pas ?
04:03Tu crois qu'on a assez d'hommes ?
04:05Qu'on a assez de munitions ?
04:06Tu crois qu'on sera capable de leur faire face s'ils décident de prendre l'Ambassade d'assaut ?
04:12C'est toi qui nous as foutus dans cette merde.
04:15Mais personne, tu m'entends ?
04:16Personne va risquer sa vie parce que t'as pris de mauvaises décisions.
04:18Je te comprends.
04:21Mais si j'étais pas sûr de pouvoir évacuer tout le monde,
04:23je tiendrais à notre discours, crois-moi.
04:25On peut pas les laisser.
04:26On a pas le choix.
04:27Pour mener à bien sa mission,
04:29Mohamed est un homme qui désobéit.
04:31Ça, c'est il désobéit aux ordres.
04:34Ou il anticipe.
04:35Enfin bon, il sait pas ce qu'on lui dit.
04:37C'est une philosophie dans laquelle vous vous retrouvez, vous ?
04:40Je sais pas si j'aurai ce courage.
04:42En fin de compte, quand je réfléchis, je suis assez docile.
04:45J'aime bien écouter les indications qu'on me donne.
04:48Je pense que ça correspond aussi à une personnalité.
04:51J'ai une forme d'admiration pour ça,
04:53pour les gens qui me désobéissent.
04:54Pour de bonnes raisons, évidemment.
04:56Je sais pas si j'ai ce courage-là.
04:57Évidemment, l'éternel dilemme,
05:01la question qu'on se pose, c'est
05:02qu'est-ce qu'on aurait fait dans cette situation ?
05:04Parce que la question, c'est de savoir qui on sauve
05:06et qui on laisse aux mains des talibans.
05:08Vous l'avez mûri aussi, ça ?
05:12Bien sûr.
05:12En tournant le fil.
05:13Mais ce qui est intéressant, c'est que la question se pose pas vraiment.
05:15Si on sauve tout le monde, on sauve personne.
05:17Et ça, c'est assez rare pour le noter.
05:23C'est-à-dire que c'est pas toujours le cas.
05:26Mais quand un pays a...
05:29Là, la France, elle a été assez glorieuse sur cet épisode-là.
05:34Donc c'était intéressant de souligner.
05:35C'est-à-dire qu'on critique parfois la France dans l'histoire, etc.
05:39Là, en l'occurrence, c'est le seul pays
05:41qui a offert une sécurité à des gens qui étaient en danger.
05:45Donc le cinéma, parfois, permet aussi de rappeler
05:50des faits ou des événements comme ça, historiques.
05:53On voit aussi dans le film que, très rapidement,
05:56pour ne pas dire immédiatement,
05:57les talibans s'en prennent aux artistes.
05:58Oui.
05:59Voilà, c'est les premières victimes.
06:01J'imagine que c'est une résonance particulière
06:03quand on est acteur et qu'on joue ça.
06:05Forcément.
06:06Surtout que les Afghans qu'on avait sur le film
06:08étaient des artistes dans leur pays.
06:10Oui.
06:10Donc ils connaissent ça.
06:11Ils ont encore les stigmates de cette époque.
06:13Ils ont des cicatrices.
06:15Et il y en avait un qui nous racontait
06:17que c'est d'être déguisé en femme
06:18pour pouvoir échapper aux mains des talibans.
06:21Forcément.
06:22Et on sait aussi, en quittant ce pays,
06:26ce qu'il en est advenu.
06:28Notamment pour les femmes.
06:32Oui.
06:32Il y a quelque chose à la fois passionnant et terrifiant.
06:36Passionnant parce qu'on est dans l'histoire.
06:38Et terrifiant parce que l'actualité, c'est ça.
06:40C'est ce pays qui est de nouveau aux mains des talibans.
06:42Et on sait que les femmes,
06:45et pas seulement les femmes,
06:46mais surtout les femmes,
06:48sont privées de toute forme de liberté.
06:50Donc on est dans un film
06:51qui raconte ce qui se passe aujourd'hui.
06:53Je vous demandais ce qu'aurait fait Tom Cruise.
06:55Mais je ne peux pas faire l'économie de l'autre question.
06:57C'est que vraiment pensez Bruce ?
06:59Est-ce que c'est un film qui peut lui plaire ?
07:01Mais on peut trouver une analogie
07:03entre Mohamed Bida et Springsteen.
07:05C'est-à-dire que Springsteen,
07:05qu'est-ce qu'il a gagné aujourd'hui
07:07à se dresser contre Trump ?
07:08Il a tout pour lui.
07:10Donc il n'a que des coups à prendre.
07:11Et il y va.
07:12Enfin, il remonte encore plus dans mon estime
07:15parce qu'il pourrait se contenter
07:17de faire sa tournée,
07:18qui est la sienne actuellement.
07:20Il a son public, il a son succès.
07:22Enfin, il a tout pour lui.
07:23Mais malgré tout, c'est plus fort que lui.
07:25Il faut qu'il revienne
07:26à cette forme de justice qui lui est chère,
07:28à cette amérique qui lui est chère,
07:29qu'il a tellement chanté, raconté dans ses chansons.
07:32Et je l'ai rarement vu aussi offensif que ça.
07:35C'est bon.
07:35C'est la première fois.
07:37Donc, gloire à lui.
07:40Gloire à lui.
07:41Évidemment, gloire à lui.
07:42Merci, Roger.
07:42Merci, Antoine.
07:43Merci, Antoine.
07:44Merci, Antoine.