Michel Gondry pour Maya donne-moi un titre

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Transcript

00:00Et maintenant il est l'heure de recevoir notre invité, venu de la pop française et de l'animation, réalisateur de clips, il se fait une place au soleil dans les années 2000 avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind.

00:11Depuis il alterne les films des deux côtés de l'Atlantique en passant par la série télé et le documentaire.

00:16En 2024, après le livre des solutions, il poursuit sa veine autobiographique avec Maya Donne-moi un titre, un film d'annuation inspiré de ses relations avec sa fille.

00:25La suite sort au cinéma le 18 juin sous le titre Maya Donne-moi un autre titre.

00:30Bienvenue dans le cercle, Michel Gondry !

00:32C'est très heureux de vous recevoir. Vous allez bien ?

00:42Oui ça va. J'avais une question que j'écoutais de là-bas et je voulais poser une question aux critiques de films.

00:51Pourquoi quand vous n'aimez pas un film, ça vous met tellement en colère ?

00:55Parce qu'on aimerait aimer.

00:56Parce qu'on aime tellement le cinéma.

00:58Très important.

00:59Et voilà, et ça fait partie de nos échanges. C'est notre vie.

01:03Mais en tant que réalisateur, quand on reçoit une critique négative, ce qu'est normal, il faut faire avec, je ne suis pas obligé de les lire, mais il se passe deux choses.

01:13La première chose, c'est qu'on entend du mal de son travail, ce qui est normal.

01:19Mais la deuxième chose dont on ne parle pas, c'est que c'est le fait qu'on se dise que quelqu'un nous fait du mal et s'en fiche.

01:26Il y a un manque d'empathie.

01:29Moi je vous dis ce qu'on ressent en tant que réalisateur.

01:32Bien nous on est là pour que c'est l'inverse.

01:33On ressent un manque d'empathie de la part des gens qui écrivent des choses méchantes.

01:38Ça ne vous arrive pas, vous, d'être en colère après avoir vu un film ?

01:41Non.

01:41Jamais ?

01:42Non.

01:42Jamais ?

01:42Parce que déjà je sors, si je suis tout seul, ensuite, ça peut m'arriver, mais c'est une chose, mais je ne le dis pas publiquement.

01:52Mais la colère c'est très rare, en revanche, l'échauffement du débat, c'est quand même autre chose.

01:58C'est-à-dire qu'on n'est d'abord pas en colère contre les cinéastes, on est parfois en colère contre les copains

02:04quand on a l'impression de ne pas se faire comprendre ou de ne pas être d'accord sur un point qui nous paraît un peu important.

02:10Et moi je suis assez persuadée d'une chose, c'est que le jour où on arrêtera de s'engueuler sur le trottoir à la sortie des films,

02:17ça voudra dire que le cinéma a moins d'importance dans nos vies.

02:20Bon, je suis désolé d'avoir...

02:22Non, non, non, c'est hyper intéressant !

02:24Je vais parler de votre film.

02:26Oui, d'accord.

02:27Alors on va regarder un petit extrait de votre film, c'est un film dans le film, qui s'appelle La sortie scolaire,

02:33qui se passe avec la maternité, la marque.

02:35Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu avant qu'on lance l'extrait ?

02:38Alors, donc l'animation, on peut la faire sur plusieurs niveaux de détails et d'acharnements et de travail.

02:47et donc moi je propose des choses

02:50dans ce contexte

02:52qui sont assez simples

02:54et donc j'ai des retours

02:56très fréquents où les gens voient

02:57mes films et leurs enfants ont envie de se mettre

03:00à l'animation. Alors ça,

03:02ça me fait énormément plaisir parce que stimuler

03:04la créativité des gens, c'est une sorte

03:06de but que j'ai dans la vie.

03:08Là, en l'occurrence,

03:10ma fille était en maternelle dans le 18ème

03:12et j'ai proposé

03:14ou on m'a demandé de venir faire un petit atelier

03:16et donc j'ai montré des films

03:18que j'avais fait et

03:19j'ai eu cette idée, c'était que chaque enfant

03:22crée un personnage,

03:25alors on dirait un avatar

03:26de nos jours. J'avais

03:28fait des petits sacs avec des papiers de couleur,

03:30des choses comme ça, par exemple

03:32des pailletés, des petits diamants

03:34autocollants, des ciseaux, de la colle

03:36pour que tout soit à disposition.

03:39Ils m'ont tous fait un petit personnage

03:40de 10 cm. Ils m'ont envoyé

03:42tous les personnages à Los Angeles et là, je me suis

03:44éclaté parce que c'était

03:46pas mes personnages, c'est devenu eux.

03:49C'est-à-dire que, par exemple,

03:50il y avait un personnage

03:52qui était assez mal dessiné, qui était tout

03:54maigrelet et je le trouvais assez

03:56moche. Et je me suis dit,

03:58c'est pas parce qu'il ne me plaît pas que je ne dois

04:00pas le mettre en avant

04:02autant que les autres et finalement, le plus

04:04moche, il est devenu le personnage

04:05le plus ou moins principal. Un peu comme

04:08si on a un enfant un petit peu

04:10bizarre, on va lui donner

04:12plus d'amour.

04:14Alors, on va regarder l'extrait.

04:16Ça a duré une minute, on vient.

04:19Le conducteur,

04:21Brigitte et les mamans

04:22font bien attention à ce que tout le monde

04:24entre dans le bus.

04:28Clique la sirène, s'assied à la place

04:30du conducteur pour voir comment ça fait.

04:32Elle pousse tous les boutons.

04:34Soudain.

04:43Clique conduit en tournant le volant

04:45dans tous les sens.

04:46Le bus est parti sans les adultes.

04:52Tout le monde est content.

04:55À part à la maternelle, où c'est la panique.

04:57Ma fille !

05:02Mon fils !

05:03Mes enfants !

05:06Mon car !

05:08Le car roule maintenant dans une forêt

05:09d'arbres géants.

05:19Dans le car, ça secoue dans tous les sens.

05:25Certains sont malades.

05:26Ah, vous avez coupé avant

05:37que le car se remplisse de vomi.

05:38On aurait pu...

05:39Dans le car, non, pour les spectateurs.

05:41C'est une promesse !

05:42Après ça, ils ne vont pas voir le film.

05:44Mince !

05:45Non, mais là, je l'ai dit.

05:45Comme ça, ils iront encore plus voir le film.

05:47Là, c'est direct, c'est vendu.

05:49Alors, on va explorer maintenant

05:50votre cinéphilie sous l'angle

05:52de l'animation et de l'enfance.

05:53C'est le code génétique du sac.

05:54Vous êtes prêts ?

05:56Allons-y.

05:59Alors, vous avoir, c'est l'occasion de vous demander

06:02quels sont vos maîtres absolus de l'animation.

06:05Il y en a plein.

06:08Donc, en grandissant, assez rapidement,

06:13je me suis...

06:13Enfin, il y a eu un split, comme on dit,

06:15une fissure entre le côté américain,

06:18Walt Disney,

06:19où il y avait Tex Avery aussi,

06:20qui était encore différent,

06:22que j'adorais.

06:24Bon, les Aristochas, c'était un grand moment,

06:27ou Mère de l'Enchanteur.

06:28Et puis, il y avait les séries

06:30plutôt, qui venaient souvent des pays de l'Est

06:34ou un peu de l'Italie,

06:35et qui étaient plus en connexion avec l'enfance.

06:39Et, en fait, les séries des pays communistes,

06:44ou les dessins animés des pays communistes,

06:46ils étaient assez coincés

06:50par rapport aux messages politiques,

06:53mais le fond était plus libre et plus poétique,

06:57alors que les États-Unis, c'était le contraire.

07:00C'était que la surface avait l'air

07:02d'être complètement libérée,

07:03mais en dessous, il y avait les valeurs traditionnelles,

07:05la femme au foyer,

07:07l'homme qui va travailler dans les banlieues et tout.

07:09Et, justement, le dessin animé,

07:11ça permet pas mal de passer outre la censure,

07:16parce qu'il y a une sorte d'abstraction,

07:18et on peut faire passer beaucoup plus de choses.

07:20Et, finalement, malgré la censure communiste,

07:23il y a pas mal de choses qui sont, finalement,

07:25plus libres que dans les dessins animés américains.

07:30Donc, j'aimais beaucoup,

07:31parce qu'aussi, il y avait les textures,

07:33on voyait comment c'était fait,

07:34et ça a donné envie d'en faire.

07:36– Est-ce qu'il y a un grand film sur l'enfance pour vous ?

07:39Un film qui vous a marqué sur l'enfance ?

07:41– Oh oui, il y en a pas mal.

07:43D'ailleurs, à ce propos,

07:45ça devient de plus en plus difficile,

07:47voire impossible,

07:48de voir des enfants.

07:50Ils sont toujours floutés.

07:53Pas dans les films, évidemment.

07:55Mais je voulais quand même le dire,

07:56parce que ça m'énerve.

07:57– Ils vont les protéger.

07:58– Oui, ça les protège vachement.

07:59À ce moment-là, il faut mettre au feu

08:01tous les livres de Douano,

08:03ou de Willi Runis,

08:04parce qu'ils ont volé des photos d'enfants,

08:08et puis il faudra qu'on m'explique

08:09comment ça les protège.

08:11– Mais est-ce qu'il y a un enfant dans un film qui vous a…

08:15– J'ai pas fini de répondre à ma question.

08:16– Excusez-moi, Michel !

08:18– Je sens que vous voulez m'éloigner de ce sujet.

08:20Bon, allez-y, continuez.

08:22– Mais est-ce qu'il y a un film sur l'enfance ?

08:24– Ah oui, oui, c'est vrai.

08:25Alors, bon, alors, mais c'est banal, ce que je veux dire.

08:28Bon, évidemment, les 400 coups,

08:29il y a aussi le voleur de bicyclette,

08:33où c'est plutôt sur la paternité, en fait,

08:37la culpabilité.

08:39Il y a un truc que j'ai remarqué,

08:40c'est qu'on parle toujours du besoin.

08:44Oui, évidemment, il y a…

08:44Ah non, ça, c'est le voleur de bicyclette,

08:45je pourrais dire aussi le kid.

08:48Mais on parle toujours de chercher

08:50l'approbation de son père

08:51dans son travail, dans sa vie.

08:54Et en fait, l'approbation de son enfant

08:56est beaucoup plus forte.

08:58C'est-à-dire que les rares fois

08:59où mon fils a dit que mon film était bien,

09:02ça m'a bouleversé.

09:04Et mon père, il m'a dit une fois

09:06qu'un truc était bien.

09:07C'était le clip pour les Rolling Stones.

09:09Il m'a dit, « Rolling Stones, c'est géant. »

09:11Alors là, j'étais comme ça aussi.

09:13Alors, pour l'enfance,

09:15j'adore la Maurice,

09:16dans tout ce qu'il a fait.

09:18Moi, surtout…

09:19Le crin blanc, le…

09:21Oui, le crin blanc.

09:22Le ballon rouge.

09:24Le ballon rouge, j'aime moins

09:25parce que c'est sur la méchanceté

09:26entre les enfants et ça m'énerve.

09:27C'est comme je déteste…

09:28C'est très dur, le crin blanc aussi.

09:30Le crin blanc, c'est la méchanceté

09:32des adultes par rapport aux enfants.

09:34Et comme je déteste la guerre des boutons

09:35parce que c'est les enfants

09:37qui singent la société des adultes

09:39alors qu'ils ont de meilleures sociétés

09:42finalement entre eux.

09:43Mais il y a Zazie dans le métro aussi

09:44que j'adore.

09:45Est-ce qu'il y a un film à sketch

09:47qui fait partie de votre cinéphilie ?

09:51C'est dur, les films à sketch,

09:53mais quand on m'a demandé

09:55d'y réfléchir,

09:56j'ai pensé au nouveau monstre.

09:59Nouveau monstre.

10:00Nouveau monstre.

10:01Il y a les deux.

10:02Il y a les deux,

10:02les monstres et les nouveaux monstres.

10:03Ceux où ils donnent les baffes

10:04dans le train.

10:05Ah, ça, c'est mes chers amis, ça.

10:06Et vous disiez

10:07que vous n'aimiez pas la méchanceté.

10:08Il fait caca dans le pot d'un enfant

10:10et que la maman voit ça

10:11et elle hurle.

10:13Ça, pour moi,

10:14c'est du pur cinéma.

10:16Merci beaucoup.

10:17Votre film sort le 18 juin.

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