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  • 13/06/2025
Après avoir fait le tour du monde dans un avion à énergie solaire, Bertrand Piccard souhaite réitérer l’expérience en 2028 dans un avion à hydrogène. Son combat : rendre la décarbonation de notre société désirable. Dans quelle mesure la technologie peut relever ce défi ? Comment changer les comportements des individus ? Comment l’Europe peut encourager les mobilités durables… ? Ce sont les questions auxquelles répond le président de la Fondation Solar Impulse dans un grand entretien.

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Transcription
00:00Prêt pour l'impact, c'est le grand entretien de notre émission avec Bertrand Piccard.
00:08Bonjour, bonjour, je suis ravi de vous accueillir sur ce plateau.
00:13Pour vous présenter, c'est compliqué, aventurier, pionnier de l'aviation solaire,
00:16président de la fondation Solar Impulse.
00:18Il y a beaucoup d'autres titres dont je pourrais parler,
00:22mais je voudrais démarrer sur votre dernier défi,
00:25parce qu'il y en a eu beaucoup dans votre vie et il y en aura encore beaucoup,
00:29ou Climate Impulse, projet de tour du monde en avion hydrogène.
00:33Où en êtes-vous aujourd'hui ?
00:34Et puis surtout, pourquoi ça vous semble être un projet important ?
00:37Alors l'avion est en construction, j'ai Raphaël Dinelli, au Sable d'Olonne.
00:42On a à peu près fait 40% de la construction.
00:46Et ce n'est pas simplement un tour du monde avec un avion hydrogène.
00:49C'est le premier tour du monde, sans escale, sans émission.
00:54Donc en fait, ce qu'on essaie de faire, c'est le vol ultime,
00:56celui qui va vraiment marquer les esprits,
00:59parce qu'on verra qu'on peut faire mieux sans kérosène qu'avec du kérosène.
01:03Et alors, qui pose une question sur l'hydrogène, son utilisation, sa filière,
01:09parce que c'est vrai que c'est une filière qui est un peu chahutée en ce moment.
01:12Pourquoi ça vous semble une énergie d'avenir ?
01:15Alors, c'est chahuté comme tout ce qui est nouveau.
01:17Quand le premier téléphone portable est arrivé, c'était une valise à 15 000 euros.
01:25Et puis aujourd'hui, tout le monde en a dans sa poche.
01:28Et on croyait que ce serait juste une niche pour gens riches.
01:31Et ce n'est pas du tout ça qui s'est passé.
01:33Le photovoltaïque, il y a 25 ans, c'était 40 fois plus cher qu'aujourd'hui.
01:37On disait que ça n'avait aucun avenir.
01:38Aujourd'hui, avec hydrogène, c'est exactement la même chose.
01:40C'est-à-dire qu'en fait, comme toujours, il faut des pionniers qui montrent ce qui est possible.
01:47Et ensuite, l'industrie reprend, atteint la masse critique pour que le prix s'écroule.
01:53Et puis à ce moment-là, ça devient accessible pour tout le monde.
01:54C'est souvent ou toujours dans ce sens-là que ça se passe.
01:57C'est-à-dire qu'il y a d'abord des pionniers qui osent,
02:00et puis qui font naître l'idée dans le monde industriel.
02:05Moi, j'ai l'impression que ça a toujours été comme ça.
02:07L'industrie n'est pas là pour être pionnière.
02:09L'industrie est là pour engager des salariés, pour les payer,
02:14pour amener à la population ce dont elle a besoin,
02:17ou parfois ce dont elle n'a pas besoin, mais qu'on crée des envies.
02:20C'est un parti du débat, oui.
02:22Absolument.
02:22Mais si vous avez une grande entreprise qui invente quelque chose,
02:26c'est parce qu'il y a des pionniers à l'intérieur dans le département de recherche et développement
02:30qui commencent, mais souvent complètement sous les radars.
02:34Et une fois qu'ils réussissent à développer quelque chose,
02:37à ce moment-là, c'est repris.
02:38Ça fait partie de votre ADN ou de vos moteurs ?
02:42Vous avez besoin de vous lancer de nouveaux défis ?
02:44Je me suis posé la question après notre dernier entretien.
02:47Vous étiez déjà venu sur cette émission.
02:49Je me suis dit, oui, mais quand même, ce picard-là, c'est quoi son moteur ?
02:54Vous avez besoin d'avoir comme ça un défi supplémentaire devant vous ?
02:59Non, en fait, je ne m'ennuie pas du tout.
03:02Je peux être très contemplatif.
03:05Mais quand je vois que le monde pourrait aller beaucoup mieux que ce qu'il va,
03:10quand je vois le nombre de solutions qui existent,
03:12quand je vois l'éco-dépression actuelle,
03:16je me dis qu'il faut faire quelque chose.
03:18Moi, je suis frustré de voir qu'on n'avance pas assez vite,
03:22qu'on continue à détruire l'environnement alors qu'on pourrait le protéger,
03:25qu'on a toutes les solutions dans les mains.
03:28Mais c'est vrai que pour ça, il faut un autre narratif.
03:31Il faut un narratif d'écologie un peu plus spectaculaire,
03:34un peu plus fédératrice, un peu plus excitante, attrayante.
03:38Et l'aviation est un assez bon moyen de provoquer cette prise de conscience.
03:44Parce que les gens croient que l'aviation ne va jamais pouvoir être propre.
03:47Pas du tout.
03:49On peut y arriver, mais il faut le montrer.
03:51Et si on arrive à rendre l'aviation décarbonée, on pourra tout décarboner.
03:54Alors, cette question sur le moteur de Bertrand Piccard,
03:58elle se pose pour toute la famille Piccard.
04:01Il y a une bande dessinée qui est sortie intitulée
04:03« 1, 2, 3, Piccard, pionnier du ciel et des abysses »,
04:05signé Jean-Yves Duhoux.
04:08Il vous désigne, avec votre père, votre grand-père,
04:11comme une lignée de saventuriers.
04:13Vous approuvez le néologisme ?
04:15Oui, j'aime bien, parce que ce n'est pas que de l'aventure.
04:18Il y a le côté savant, il y a le côté scientifique.
04:21Moi, c'est ce que j'ai toujours vu autour de moi,
04:23et c'est ce qui m'a toujours inspiré.
04:25C'est des explorateurs scientifiques
04:26qui montrent comment améliorer la qualité de vie.
04:31Parfois, c'est en faisant rêver.
04:33Parfois, c'est avec des solutions extrêmement concrètes,
04:35très pragmatiques.
04:36Quand mon grand-père est monté dans la stratosphère en 1930,
04:40un de ses deux buts, en plus d'étudier les rayons cosmiques,
04:44c'était de prouver que l'aviation pouvait voler
04:46dans de l'air raréfié à très haute altitude,
04:48où il y aurait moins de résistance à l'air
04:49et donc moins de consommation de carburant.
04:52C'était déjà une préoccupation d'efficience énergétique,
04:56exactement ce que je fais maintenant
04:57avec la fondation Solar Impulse.
04:59Il a voulu aller, votre grand-père, très haut
05:00et très profond aussi, en inventant le batiscafe.
05:03Oui, il voulait en fait sortir le savant de son laboratoire
05:06pour aller dans l'élément qu'il voulait observer,
05:08plutôt que d'amener l'extérieur dans le laboratoire.
05:11Donc, le ballon stratosphérique retourné,
05:13c'est devenu le batiscafe,
05:14avec lequel mon père a plongé dans la fausse des Mariannes.
05:17C'est ça, dans la fausse des Mariannes,
05:18qui est le point le plus profond des océans.
05:20C'est le point le plus profond des océans,
05:22qui est d'ailleurs, c'est assez intéressant,
05:25il y a plus de gens qui sont allés dans l'espace
05:27qu'aux océans.
05:29On connaît très très mal l'océan,
05:31alors qu'on est une planète océanique.
05:33C'est vrai ?
05:33C'est un paradoxe de la recherche, de la science.
05:36Mais vous voyez, là aussi,
05:37il y a d'abord les pionniers qui y vont,
05:39et il a fallu 50 ans,
05:40après mon père,
05:42pour que quelqu'un y retourne.
05:46C'est très curieux.
05:49Je vous pose cette question,
05:49parce qu'il y a le sommet de l'océan
05:52qui se tient à Nice,
05:54organisé par les Nations Unies.
05:56Alors, on y a déjà consacré plusieurs émissions,
05:59avec des fondations qui y participent,
06:01avec Tara Océan,
06:03qui nous disaient,
06:04bon, il ne faut pas trop en attendre.
06:06Vous, qui avez été ambassadeur de l'ONU pour l'environnement,
06:09à quoi ça sert, quand même ?
06:11On parle de diplomatie de l'environnement.
06:13Pourquoi c'est quand même important, d'après vous ?
06:16Parce que, d'un côté,
06:18il y a une recherche de consensus
06:19qui n'aboutit pas.
06:23Donc, il y a un côté déceptif.
06:24Donc, il y a un côté déceptif.
06:26Et cette frustration
06:27pousse les acteurs bien intentionnés
06:30à créer des coalitions,
06:31qui ne sont pas des consensus.
06:32Il n'y a pas les 196 pays du monde.
06:34Mais il y en a 60.
06:36Et ça, c'est un des buts, aujourd'hui.
06:37C'est d'avoir 60 pays, ou plus,
06:40qui signent un accord
06:41pour protéger 30% des océans
06:44dans des zones marines protégées.
06:46Et ça, c'est déjà...
06:48C'est un point de départ.
06:49C'est un point de départ.
06:49C'est déjà extrêmement intéressant
06:50d'aboutir à ça.
06:52Dans les conférences du climat,
06:53c'est la même chose.
06:55Il y a des pays,
06:56il y a des entreprises
06:57qui décident de lutter contre le méthane,
06:59contre la déforestation,
07:01contre les subventions aux énergies fossiles, etc.
07:03Donc, finalement,
07:04ça fait bouger un peu les lignes.
07:06Mais c'est vrai,
07:07beaucoup trop lentement.
07:08Il y a cet enjeu, effectivement,
07:09des aires marines protégées.
07:11Il y a l'enjeu de la pollution plastique,
07:12où, finalement,
07:13on se rend compte que
07:14toutes les solutions
07:16qu'on peut imaginer
07:16pour récupérer le plastique en surface,
07:18ce n'est pas grand-chose,
07:19parce que le plastique,
07:20il devient un micro-nanoplastique
07:21et il est en profondeur.
07:23Est-ce que là,
07:23il n'y a pas de solution technique ?
07:25Bien sûr qu'il y a des solutions.
07:26La plus grande partie du plastique
07:29qui arrive dans les océans
07:30arrive par des fleuves
07:31et par quelques grands fleuves
07:33de pays
07:35qui ne soignent pas leur plastique.
07:37Donc,
07:37c'est à l'embouchure de ces fleuves
07:38qu'on peut être ?
07:39C'est à l'embouchure de ces fleuves
07:40qu'il faut agir.
07:41En dernier ressort
07:43et pas dans l'océan
07:44où c'est trop tard.
07:46Mais par contre,
07:46en amont,
07:47ce n'est pas simplement
07:48mettre des barrages
07:49sur des fleuves
07:50pour récolter du plastique.
07:51C'est recycler le plastique.
07:53C'est faire des plastiques biodégradables.
07:54Il y a des plastiques
07:55qui existent
07:56pour des emballages alimentaires
07:57qui sont faits
07:57avec des protéines du lait
07:58issues des déchets
08:00de l'industrie laitière.
08:01Enfin,
08:01il y a énormément de choses.
08:03Quand vous voyez Carbios
08:04qui est capable
08:05de recycler perpétuellement
08:06tous les plastiques,
08:08vous vous dites
08:09que c'est ça
08:09qu'il faut mettre en place.
08:11Et c'est là
08:11que les gouvernements
08:12ont une responsabilité.
08:14On ne peut pas reprocher
08:14au gouvernement
08:15qu'il y ait du plastique
08:16dans les océans,
08:16mais on peut reprocher
08:17au gouvernement
08:17de ne pas rendre
08:18le plastique
08:19obligatoirement recyclable
08:21et obligatoirement recyclé.
08:24Et c'est là
08:24qu'il faut absolument
08:26obtenir des législations
08:27qui permettent
08:29d'implémenter
08:29les solutions
08:30qui existent.
08:31À la Fondation Solar Impulse,
08:32on en a identifié
08:331 600
08:34qui sont économiquement
08:36attrayantes
08:37pour l'économie
08:38et qui sont écologiques.
08:40Mais si les gens
08:40ne les connaissent pas
08:41et ne les utilisent pas,
08:43ça ne changera pas le monde.
08:44Mais le label
08:45de la Fondation Solar Impulse,
08:47c'est déjà
08:47un accélérateur de développement
08:48pour ces entreprises.
08:49Ça leur donne
08:50une visibilité mondiale
08:51d'une certaine façon.
08:52Oui, absolument.
08:53C'est très bien
08:54et on a beaucoup
08:54de success stories,
08:56des histoires à succès
08:57et on prime
08:59même chaque année
09:00des grands groupes
09:01qui utilisent
09:02ces solutions
09:02de start-up
09:03pour pouvoir
09:04améliorer
09:07leur empreinte
09:08sur l'environnement.
09:09Ça doit être généralisable.
09:11Oui, c'est ça.
09:12Et donc,
09:12pour que ce soit généralisable,
09:13il faut que les États
09:14s'en emparent.
09:15C'est ça,
09:15c'est ce que je comprends.
09:16Oui, vous savez,
09:16il y a des réglementations
09:17pour tout.
09:19Pour la vie en société,
09:21pour les conflits
09:22de voisinage,
09:23pour l'hygiène,
09:24pour la santé,
09:25pour la sécurité,
09:26pour les impôts,
09:27pour l'éducation.
09:28Et c'est ça
09:28qui permet de vivre
09:29en société.
09:30S'il n'y avait
09:30aucune réglementation,
09:32ce serait la loi de la jungle,
09:33ce serait le Far West.
09:34Alors, parfois,
09:34il y en a un peu trop,
09:35mais bon, ça c'est un autre...
09:36C'est vrai,
09:36mais parfois,
09:37on va trop dans l'administratif.
09:39Mais les grandes règles
09:40de vie en société,
09:41elles sont importantes.
09:43Pourquoi on n'a pas
09:44la même vision
09:46pour la relation
09:47entre l'être humain
09:48et l'environnement ?
09:49Pourquoi est-ce qu'on permet
09:51de polluer
09:52les sols,
09:54l'air,
09:55les eaux,
09:56alors qu'il y a
09:56des solutions
09:57qui pourraient être
09:59implémentées
09:59pour qu'on ne pollue pas ?
10:01Et c'est là
10:02qu'il y a cette espèce
10:03de schizophrénie
10:05où d'un côté,
10:07on crée des aires marines
10:08protégées
10:09en sachant très bien
10:10qu'il y a des chalutiers
10:11qui raclent les fonds
10:13de manière illégale
10:14et qui détruisent ces zones.
10:16Et puis ensuite,
10:16on retrouve ce poisson
10:17issu de la pêche illégale
10:19dans les rayons
10:19des supermarchés.
10:21C'est une schizophrénie
10:21complète.
10:23C'est du laxisme.
10:24On n'applique pas
10:25les règles
10:25qu'on devrait appliquer.
10:27Donc, les gouvernements
10:28ont cette responsabilité-là.
10:30Maintenant,
10:31les entreprises
10:31ont la responsabilité
10:32d'utiliser des solutions
10:34qui sont beaucoup plus écologiques.
10:36C'est vrai.
10:36Il faut sortir...
10:37Vous voyez ce qu'il y a,
10:38en fait, pour résumer.
10:39Il faut sortir de ce clivage
10:41où on croit
10:42qu'il y a d'un côté
10:43l'écologie chère
10:44et rébarbative
10:44et de l'autre côté
10:45l'industrie polluante.
10:47Il peut y avoir
10:47une industrie propre
10:48et il peut y avoir
10:49une écologie
10:50qui est économiquement attrayante.
10:52Alors, ça rejoint
10:52à une question
10:53que votre prédécesseur
10:55à cette place,
10:56Laurent Daudet,
10:57le cofondateur de Lighton,
10:58a posé la semaine dernière.
11:00Lighton, c'est une pépite française
11:01de l'intelligence artificielle générative.
11:05On va l'écouter tout de suite.
11:06Ça rejoint, finalement,
11:07la capacité de convaincre
11:09les politiques
11:10mais aussi les industriels
11:11à agir.
11:12On l'écoute.
11:12Bonjour, Bertrand Piccard.
11:14Vous avez dit
11:14à plusieurs reprises
11:15que pour la transition énergétique,
11:19les technologies
11:19étaient déjà là
11:20et ma question est,
11:22c'est comment est-ce
11:23qu'on convainc
11:24les politiques
11:25et les industriels
11:26qui sont souvent
11:28face à beaucoup d'inertie
11:30de changer la société ?
11:31Quels sont les outils
11:32les plus utiles ?
11:34Les outils
11:34ou les arguments
11:35pour convaincre ?
11:36J'aime beaucoup
11:37cette question
11:37parce qu'elle montre
11:38l'importance
11:39d'un nouveau narratif.
11:40Jusqu'à maintenant,
11:41on n'a pas convaincu.
11:42Jusqu'à maintenant,
11:43on a donné une vision
11:44repoussante
11:45de l'écologie.
11:47Et pour convaincre,
11:48je crois qu'on doit
11:49beaucoup plus insister
11:50sur la rentabilité économique
11:52de ces solutions.
11:54En fait,
11:55si vous avez un cercle
11:56de tout ce qui est écologique
11:58et un cercle
11:59de tout ce qui est rentable,
12:01ce qu'il faut,
12:02c'est l'intersection.
12:04C'est là-dessus
12:04qu'on se focalise
12:05avec la Fondation Solar Impulse
12:06et c'est là-dessus
12:08qu'il faut se focaliser
12:09quand on parle d'écologie.
12:10Montrer ce qui est rentable,
12:11montrer ce qui crée des emplois.
12:13Et comment c'est rentable ?
12:15C'est rentable
12:16grâce à l'efficience.
12:17L'efficience,
12:19c'est ce qui permet
12:20de faire mieux
12:21avec moins.
12:22Contrairement à la sobriété
12:24où on obtient moins
12:25avec moins.
12:26Ce n'est pas la même chose.
12:27L'efficience,
12:27on obtient plus avec moins.
12:29Par conséquent,
12:30on gaspille moins,
12:31on a besoin
12:31de moins de ressources,
12:32de moins d'énergie,
12:34on produit moins de déchets
12:35et la marge bénéficiaire
12:37est plus haute.
12:38Donc,
12:38il faut vraiment viser
12:40cette augmentation
12:41de marge bénéficiaire
12:43grâce à la qualité
12:45plutôt que ce qu'on fait aujourd'hui
12:47qui est une quantité
12:48et qui produit
12:48beaucoup de déchets
12:49et de pollution.
12:50Je suis d'accord avec vous,
12:51mais je vous écoutais
12:52à argumenter sur
12:53finalement
12:54la réglementation
12:56et le fait
12:57d'encadrer
12:58les pratiques
12:58pour qu'effectivement
12:59il y ait une protection
13:00de l'environnement
13:01plus importante.
13:02Est-ce qu'il n'y a pas
13:02un souci de temporalité ?
13:04C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
13:05on est plutôt,
13:06notamment en Europe,
13:07même s'il y a un retour
13:08en arrière
13:09sur le Green Deal,
13:10dans une phase
13:11où on est en train
13:12d'imposer ces réglementations
13:13pour faire changer
13:14la société
13:14et donc ça provoque
13:16ce backlash,
13:18ces votes aux Européennes
13:19où on pourrait parler
13:20des États-Unis aussi
13:21et donc ce souci
13:22d'acceptabilité
13:23dont vous parliez.
13:24Vous voyez ce que je veux dire ?
13:25Est-ce qu'on n'a pas commencé
13:26par mettre trop de règlements
13:28qui finalement
13:29créent aussi
13:30ce sentiment
13:31de la part d'une partie
13:32des Français,
13:33des Européens
13:33que l'environnement,
13:34il y en a marre ?
13:35Oui,
13:36complètement
13:37parce qu'on n'a pas présenté
13:38les solutions
13:39qui permettent
13:41de faire mieux.
13:42On a mis
13:43des réglementations.
13:44Par exemple,
13:45on augmente
13:45le prix du diesel
13:46mais on ne dit pas
13:48comment baisser
13:48la consommation.
13:50Par conséquent,
13:51on a une crise
13:51des gilets jaunes
13:52alors que la France
13:53avait une start-up
13:54qui proposait
13:55un système
13:55qui se posait
13:57sur les moteurs
13:58de voiture
13:58thermiques
13:59qui permettait
14:00de réduire
14:00de 20%
14:01la consommation.
14:02Ça coûtait
14:03600 euros.
14:04On aurait commencé
14:05par ça
14:05et ensuite
14:06on aurait monté
14:07le prix du diesel,
14:08il n'y aurait pas
14:08eu de gilets jaunes.
14:09Et tout est comme ça.
14:11Aujourd'hui,
14:11vous mettez des normes
14:13sur les émissions
14:14de CO2
14:14mais vous ne dites pas
14:15comment les atteindre.
14:17Il y a des systèmes
14:18aujourd'hui
14:18qui pourraient être imposés
14:20pour réabsorber
14:20la chaleur perdue
14:21des cheminées d'usines.
14:23Mais c'est toujours permis
14:24de perdre cette chaleur.
14:26Les data centers,
14:27on parle de l'importance
14:30du digital
14:30dans le changement climatique
14:32par augmentation
14:32de la consommation
14:33d'énergie.
14:33Mais si les data centers
14:35étaient tous construits
14:36à proximité des villes
14:37et qu'on utilisait
14:39leur chaleur perdue
14:40pour chauffer les villes
14:41ou faire de l'eau chaude
14:41sanitaire,
14:42on paierait l'énergie
14:43une seule fois.
14:46Elle produirait
14:46les data dans les data centers,
14:48de la chaleur
14:49pour les villes
14:50et ça diviserait
14:51le coût de l'énergie
14:51par deux
14:52pour chacun
14:53des deux utilisateurs.
14:54Donc vous voyez
14:55qu'il y a tout ce qu'il faut
14:56mais tant qu'on veut
14:57réglementer
14:58sans connaître
14:59les solutions,
15:00et bien forcément
15:01on se trouve
15:02bloqué
15:03devant l'incompréhension
15:04générale.
15:05Vous participez en ce moment
15:06au salon VivaTech,
15:08Bertrand Picard,
15:09est-ce que
15:10là vous écoutez
15:11depuis une vingtaine
15:12de minutes,
15:13vous êtes forcément
15:13technosolutionniste ?
15:15Absolument pas.
15:16Je voulais vous entendre
15:17là-dessus
15:18parce que c'est un peu,
15:18c'est une critique
15:19quand on dit
15:20quelqu'un
15:20qu'il est technosolutionniste,
15:21c'est-à-dire qu'il imagine
15:22que de toute façon
15:23le génie humain
15:23nous sauvera.
15:24Il n'y a pas que ça.
15:25Alors,
15:25il n'y a absolument
15:26pas de ça.
15:28Le premier critère
15:29pour sélectionner
15:30les solutions
15:32qui nous sont proposées
15:33à la fondation
15:33Solar Impel,
15:34c'est de savoir
15:34si elles existent
15:35aujourd'hui.
15:36Si elles sont là,
15:37maintenant disponibles.
15:38Si elles sont
15:39à un stade
15:39trop précoce
15:40de développement,
15:41elles ne sont pas
15:42labellisées.
15:43Parce que sinon,
15:44ça devient un alibi
15:44pour ne rien changer
15:45aujourd'hui
15:46en se disant
15:47on aura les solutions
15:48plus tard.
15:49Je suis totalement contre.
15:50Et ce que je remarque,
15:51c'est que la plupart
15:51des solutions techniques
15:52qu'on nous propose,
15:53c'est des solutions
15:54qui ont de bon sens.
15:55C'est juste du bon sens.
15:56Mais ce bon sens
15:57est permis par de la technique.
15:59Ce n'est pas atteint
16:02par des sacrifices,
16:04par une réduction,
16:06par une décroissance économique.
16:08Parce que si vous voulez
16:09vraiment dégoûter
16:11le monde politique
16:12et industriel
16:13de toute l'écologie,
16:14il faut lui parler
16:15de décroissance.
16:17Ça, c'est catastrophique.
16:18Et c'est intéressant
16:18parce qu'on retrouve
16:19d'ailleurs dans la bande dessinée
16:20en 2-3 Picard
16:21dont vous avez parlé
16:22tout à l'heure,
16:22ce moment où en 1972,
16:26mon père,
16:26qui était écologiste
16:27convaincu,
16:28expliquait que la seule
16:29manière d'éviter
16:30l'effondrement
16:31de l'humanité,
16:32c'était de réduire
16:33la consommation,
16:34l'investissement,
16:36la production,
16:37dans tout cas 50%.
16:38Et il concluait,
16:41en disant,
16:42on sait ce qu'il faut faire,
16:43mais on ne peut pas le faire
16:44parce que personne
16:44n'acceptera de le faire.
16:46Eh bien, aujourd'hui,
16:47on n'a plus besoin
16:47de décroissance.
16:48On n'est plus en 1972.
16:49On est en 2025.
16:53Et quand je dis
16:54qu'on n'a plus besoin
16:54de décroissance,
16:56c'est qu'on n'a plus besoin
16:57de diminuer l'économie.
17:00Ce qu'il faut diminuer,
17:01ce qu'il faut décroître,
17:02c'est le gaspillage,
17:03c'est l'inefficience,
17:05c'est la démesure.
17:07Ça, oui,
17:08mais ça ne veut pas dire
17:09qu'on décroît l'économie.
17:11On peut augmenter l'économie
17:12grâce à l'efficience,
17:14grâce à toutes les solutions
17:15qui existent
17:15pour protéger l'environnement.
17:17C'est-à-dire qu'en fait,
17:17l'écologie devient le noyau
17:19du développement économique.
17:20Oui, et on rentrera
17:21ou on re-rentrera
17:22dans les limites planétaires
17:23parce qu'il est là, l'enjeu.
17:25Mais forcément...
17:25C'est le discours qui dit
17:26que la croissance,
17:27elle ne peut pas être infinie
17:27puisque les limites planétaires
17:28ne sont pas...
17:29Mais quelle croissance
17:30ne peut pas être infinie ?
17:31La croissance économique
17:33ou la croissance de production
17:35et la croissance de consommation.
17:37Bien sûr que la croissance
17:38de production et de consommation
17:40n'est pas possible à long terme.
17:42Mais la croissance économique,
17:44elle est tout à fait possible.
17:47Simplement parce que les gens
17:49qui prônent la décroissance
17:50confondent le chiffre d'affaires
17:51et le bénéfice.
17:53Vous pouvez baisser le chiffre d'affaires
17:55en augmentant le bénéfice
17:57si vous êtes dans la qualité,
17:59si vous êtes dans la circularité,
18:01si un produit,
18:02au lieu d'être jeté
18:03est repris dans le circuit
18:05en créant des emplois,
18:07en créant des nouveaux débouchés économiques,
18:09vous augmentez l'économie
18:10mais vous n'augmentez pas la production.
18:13Et c'est ça qu'il faut comprendre aujourd'hui.
18:16Je vais m'appuyer sur une citation récente.
18:19Vous donniez une interview
18:20au magazine Science et Avenir,
18:22c'était au mois de mars dernier.
18:22Il faut sortir de l'idée
18:23que la décarbonation,
18:25c'est cher et sacrificiel.
18:26Il faut montrer qu'en modernisant,
18:28on sera plus compétitif.
18:29Ce sera mieux pour la santé,
18:30la qualité de l'air.
18:31C'est aussi une question de coût.
18:32On aura moins de gaspillage financier,
18:33d'énergie et de ressources.
18:34Ça rejoint ce que vous venez de nous dire.
18:36Et vous avez annoncé
18:37avec la fondation Solar Impulse,
18:40mais aussi la Société d'encouragement
18:43pour l'industrie nationale,
18:44SANE et Moving On,
18:45le lancement d'un fonds de dotation
18:47pour accélérer les mobilités durables
18:50en Europe.
18:51Pourquoi il faut ce fonds de dotation ?
18:53Et puis surtout,
18:54quel est l'objectif
18:54ou l'ambition de ce fonds ?
18:56L'ambition,
18:57c'est de travailler en écosystème
18:58plutôt qu'en silo.
18:59Aujourd'hui,
19:01on a des silos partout.
19:02Alors,
19:02on a le silo des constructeurs de voitures,
19:04on a le silo des utilisateurs de voitures,
19:06on a le silo des réglementations,
19:07on a le silo de l'écologie.
19:09Et puis,
19:10il n'y a pas de transversalité.
19:13Ce qu'il faut,
19:13c'est mettre tous les acteurs
19:15en discussion
19:16et surtout en action.
19:18Je vous donne un exemple.
19:20Si on a des voitures électriques en ville,
19:22qui en profite le plus ?
19:24La qualité de l'air,
19:25donc le budget de la santé publique.
19:27On pourrait très bien imaginer
19:29que le budget de la santé publique
19:30serve à mettre des bornes
19:32de recharge électrique
19:33dans les villes
19:34pour baisser les cancers,
19:36les bronchites chroniques,
19:38les crises d'asthme aiguë,
19:39etc.
19:40Ça,
19:41c'est un exemple.
19:41Il faudrait que les finances publiques
19:42aient un peu mieux
19:43qu'elles ne vont aujourd'hui en France.
19:45Mais bref.
19:46Mais pas forcément.
19:48Aujourd'hui,
19:48le budget de la santé publique
19:49est colossal
19:50parce qu'il y a énormément de causes
19:52pour être malade.
19:54Si vous agissez sur ces causes,
19:55vous avez moins de maladies.
19:56Mais là aussi,
19:57il y a la temporalité.
19:58C'est-à-dire que l'argent
19:59qu'on dépense aujourd'hui,
20:01il fera des effets
20:02sur la baisse des maladies respiratoires
20:04dans quelques années.
20:05Ça va très vite.
20:07C'est beaucoup plus rapide
20:08que quelques années.
20:10Il y a un autre exemple aussi
20:11où il faut mettre les gens
20:12tous ensemble
20:13autour de la table.
20:16Une voiture électrique,
20:17elle roule 5% du temps en moyenne.
20:19Le reste du temps,
20:20elle peut être branchée
20:21sur le réseau,
20:22accumulée dans ses batteries
20:24de l'énergie solaire
20:25ou éolienne
20:26quand il y en a assez.
20:27Et puis le soir,
20:28elle peut être déchargée
20:29sur sa maison
20:30au moment où il y a
20:30un pic de consommation
20:31auquel on répond d'habitude
20:33par des centrales à gaz
20:34ou l'importation
20:35d'électricité charbonnée allemande.
20:37Oui, il y a des bornes intelligentes
20:38qui font ça.
20:39On a reçu plusieurs entreprises
20:40qui sont sur ce canal.
20:41Oui, elles commencent à faire ça
20:42mais c'est toujours interdit.
20:44Si vous mettez
20:46les énergéticiens,
20:48les producteurs de bornes électriques,
20:51les producteurs de voitures électriques,
20:53la santé publique,
20:54le législateur, etc.,
20:56vous avez la possibilité
20:57d'absorber grâce aux batteries
20:59des voitures électriques
21:00la plus grande partie
21:01des pics de production.
21:03Et donc vous pouvez produire
21:04moins d'énergie
21:05parce que cette énergie
21:06va circuler beaucoup mieux.
21:09Ça, c'est quelque chose
21:10qui est absolument fondamental.
21:12Et alors on vous répond
21:12le réseau ne peut pas absorber ça.
21:15Mais ce n'est absolument pas vrai.
21:16Une entreprise
21:16comme Schlinger Electric,
21:17qui est une entreprise française
21:19dans l'efficience énergétique,
21:21est capable d'isoler
21:22le bâtiment du reste du réseau
21:24et ce bâtiment-là
21:26va pouvoir profiter
21:27des batteries de voitures électriques
21:29au lieu d'acheter
21:30des batteries neuves
21:31qu'on met dans sa cave
21:32pour accumuler de l'énergie.
21:34C'est complètement idiot.
21:34On a des batteries deux fois.
21:37Pourquoi ?
21:37Alors là,
21:39la décroissance de la bêtise,
21:41la décroissance du gaspillage,
21:42la décroissance des doublons,
21:44ça je suis totalement pour.
21:46Bien sûr que ça,
21:47il faut décroître.
21:48Avec l'idée que ça,
21:50c'est sur la mobilité,
21:51on pourrait avoir
21:52d'autres secteurs d'activité,
21:53la construction,
21:55l'eau, l'énergie
21:55qui fonctionnent
21:58de la même façon.
21:58C'est l'idée.
21:59On est en train
21:59de développer
22:00un écosystème comme ça
22:02sur l'efficience énergétique
22:03qu'avec la Commission européenne
22:05parce qu'aujourd'hui,
22:06les gens continuent
22:07à confondre l'efficience
22:08et la sobriété
22:09au point qu'il y a des politiciens
22:11qui sont contre l'efficience
22:12parce qu'ils croient
22:12que ça va baisser
22:14le fonctionnement économique.
22:15Voyez jusqu'où ça va.
22:16Il faut au contraire
22:17montrer que l'efficience
22:18est une manière
22:18de stimuler l'économie
22:20en baissant la pollution.
22:21Sur cette fondation
22:23Solar Impulse,
22:24vous en êtes à 1600 solutions.
22:27C'est ce que vous nous disiez
22:28tout à l'heure.
22:29Vous continuez
22:30de prospecter
22:32en quelque sorte
22:33et de remplir cette mission ?
22:37Tout à fait.
22:37Et puis maintenant,
22:38on a ouvert
22:38à encore deux autres secteurs
22:40parce qu'on avait
22:41les solutions techniques
22:42et puis on nous disait
22:42oui, mais vous ne faites
22:43que de la technique.
22:44On a ouvert
22:45à des secteurs
22:46de comportement
22:46et des secteurs
22:48de législation.
22:49quelles législations
22:51permettent
22:52le meilleur impact ?
22:53Quel comportement
22:54permet le meilleur impact ?
22:57Et là,
22:57on n'est pas dans la technique
22:58mais on n'est pas non plus
22:59dans le sacrifice.
23:01Alors justement,
23:01on va terminer là-dessus.
23:02Le comportement,
23:03ça rejoint ce dont on parlait
23:04tout à l'heure
23:04sur l'acceptabilité
23:06de la transition environnementale.
23:08C'est-à-dire que
23:09c'est trouver
23:10les bons mots,
23:11les imaginaires,
23:12les récits
23:13pour le rendre acceptable
23:16ce virage.
23:17Mais ce qu'on voit,
23:17c'est qu'il faut innover
23:18aussi là-dedans.
23:19C'est ça ce que je veux dire.
23:20Mais bien sûr,
23:20il y a des tas de choses
23:21qu'on peut innover
23:22dans le comportemental
23:23sans sacrifice.
23:25Mais il faut quand même savoir
23:26que si on mettait
23:27toute l'humanité
23:29dans un comportement parfait,
23:32on aboutirait
23:32à peu près
23:33à 25%
23:34du but
23:35qu'on doit atteindre.
23:36Parce que
23:37même si
23:37un citoyen
23:38a envie
23:39d'énergie renouvelable,
23:40a envie
23:40de produits bio,
23:42a envie
23:42de consommation
23:43locale
23:44qui ne vient pas
23:44de l'autre bout du monde,
23:45etc.,
23:45c'est pas ça
23:46qu'on lui propose.
23:47On lui propose
23:47tout l'inverse.
23:50Et par conséquent,
23:51il faut aussi
23:51que les réglementations
23:52permettent
23:54d'implémenter
23:55les solutions
23:56qui existent
23:56pour que le citoyen
23:57puisse y avoir accès.
23:59C'est ça
24:00qui est fondamental.
24:00Donc,
24:01là aussi,
24:01c'est un écosystème.
24:03On doit avoir
24:03l'État,
24:04on doit avoir
24:04les entreprises,
24:05on doit avoir
24:06les consommateurs
24:07et on doit avoir
24:08les écologistes
24:09qui poussent
24:11pour qu'on y arrive.
24:12Et j'ai un profond respect
24:13pour les écologistes.
24:14Mais ce que je leur demande,
24:16c'est de ne pas parler
24:17de buts
24:19qui sont repoussants
24:20pour la population
24:22et pour le monde
24:22économique et politique
24:23parce que sinon,
24:24on arrivera
24:25à un effet de balancier inverse.
24:28Et je demande
24:28aux écologistes
24:29de crier
24:29solution,
24:30solution,
24:31solution
24:31plutôt que
24:32problème,
24:32problème,
24:33problème.
24:34Parce que
24:34c'est pas
24:35en déprimant la population
24:36en parlant de problèmes
24:37qu'on aboutira
24:38à quoi que ce soit.
24:39C'est en la motivant
24:40en parlant de solutions
24:41et en montrant
24:42les solutions.
24:43Et là,
24:43il y aura
24:43un écosystème vertueux
24:45entre l'écologie
24:46et l'économie.
24:48Merci beaucoup
24:48Bertrand Picard
24:49et à bientôt
24:50sur Bsmart4Change.
24:51On passe tout de suite
24:52à notre rubrique
24:53Startup.

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