- 11/06/2025
Dès sa première apparition dans Metropolis (1927), la figure de la gynoïde, la femme-robot, reflète à la fois les fantasmes et les peurs de son époque. D’une part, elle perpétue les stéréotypes de genre, d’autre part, elle remet en question certaines normes et limites sociales.
Cours de cinéma par Julie Rey-Jimenez, doctorante en études cinématographiques.
Enregistré au Forum des images le 6 juin 2025.
Dans le cadre de la thématique Aux frontières de l'humain, du 7 mai au 6 juillet 2025.
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00:00:00Merci aussi au forum pour l'invitation et pour cette super thématique aux frontières de l'humain,
00:00:16puisqu'elle va me permettre de venir vous parler de mon sujet de prédilection,
00:00:20qui sont les femmes robots, les femmes électriques, comme j'ai dit dans le titre, et donc les ginoïdes.
00:00:26Mon sujet, c'est vraiment sur la représentation du corps féminin robotique au cinéma.
00:00:35La première question que je vais poser, c'est qu'est-ce qu'une ginoïde ?
00:00:39Une ginoïde, c'est un robot humanoïde qui a l'apparence d'une femme ou qui possède des caractéristiques féminines.
00:00:46Le mot ginoïde est construit comme androïde, là où andros signifie homme, gine signifie femme.
00:00:51Cette figure, qui va sembler assez moderne, a pourtant des origines lointaines.
00:00:58De nombreux mythes et légendes font déjà apparaître des figures d'humains artificiels à travers l'histoire.
00:01:04On pense par exemple au golem, cet être fait d'argile dans la mythologie judaïque,
00:01:09qui peut être considéré comme un des premiers exemples d'hommes artificiels.
00:01:13Des premières femmes métalliques apparaissent dans la Grèce antique,
00:01:19avec le dieu du feu et de la métallurgie, Éphaïstos, qui va se créer des servantes en or.
00:01:24Ou de façon similaire, dans la mythologie finnoise,
00:01:27le dieu forgeron Ilmarinen va utiliser ses pouvoirs de création métallurgique
00:01:31pour façonner une épouse faite en or.
00:01:34Mais ce sera ensuite dans la mythologie grecque qu'on va pouvoir trouver la première origine
00:01:41du personnage d'une femme artificielle, qui est créée par un humain cette fois, et pas par un dieu.
00:01:47C'est évidemment le mythe de Pygmalion.
00:01:50Pygmalion qui était donc un sculpteur qui va tomber amoureux de sa statue galatée,
00:01:55qui représentait pour lui la beauté, la perfection et la pureté.
00:01:59Aphrodite, qui va être touchée par cet amour, va donner la vie à la statue galatée.
00:02:05Et donc ce personnage va représenter le modèle de la femme artificielle parfaite créée par l'homme.
00:02:12Et ensuite cet intérêt pour les êtres artificiels va aussi se retrouver dans la réalité,
00:02:18puisque dès le XIIIe siècle, l'inventeur et ingénieur turc Al-Jazari
00:02:22va commencer à créer des humanoïdes en automates, des automates programmables en forme d'êtres humains.
00:02:29Et donc la création d'automates va également se développer pendant tout le XVIIIe siècle,
00:02:36jusqu'à ce que les automates deviennent de vraies attractions populaires à cette époque.
00:02:40Au XIXe, ce sera donc la révolution industrielle.
00:02:45On va avoir de grands progrès techniques et la science va devenir comme une nouvelle religion.
00:02:51Et pour ça va également naître le genre de la science-fiction en littérature.
00:02:55Et très rapidement, en fait, va émerger la figure de la génoïde.
00:02:58Andreas Hussain va écrire que, alors que les constructeurs d'androïdes du XVIIIe
00:03:05ne semblaient pas avoir de préférence entre l'un ou l'autre sexe,
00:03:09il est frappant de voir comment la littérature ultérieure préfère les femmes machines aux hommes machines.
00:03:15Et donc ça, on va le voir dès 1817 avec la nouvelle L'homme au sable de Hoffman,
00:03:21qui raconte donc l'histoire d'un jeune homme qui va tomber amoureux d'une fille qui s'appelle Olympia,
00:03:26qui est la fille de son professeur de physique.
00:03:28Mais en fait, il va découvrir par la suite que c'est un automate auquel le professeur a donné vie.
00:03:34Ce récit va ensuite être un peu le pionnier de ce type d'histoire.
00:03:40Il va ensuite être adapté à plusieurs reprises dès les tout débuts du cinéma,
00:03:44notamment avec un film de Georges Méliès qui s'appelle Copélia, qui date de 1900,
00:03:49mais c'est un court-métrage qui a malheureusement disparu depuis.
00:03:52Et ce sera donc en 1927 que Fritz Lang va réaliser le premier long-métrage
00:03:57qui met en scène une génoïde avec donc Métropolis.
00:04:03Donc si j'ai pris le temps de faire cette historique de cette figure,
00:04:07c'est déjà pour vous montrer que les hommes rêvaient de femmes électriques bien avant le cinéma
00:04:12et que cette figure était déjà présente dans les imaginaires collectifs
00:04:16et était déjà rattachée à certains motifs, à certains types de récits,
00:04:20notamment celui de contrôler, de posséder le corps féminin.
00:04:25Pour ces naïs, ce sont des désirs masculins qui sont finalement patriarcaux,
00:04:33le désir d'inventer, de simuler, de posséder et de contrôler la femme ou le féminin.
00:04:39Donc la simple création d'un corps féminin artificiel serait donc une démonstration de pouvoir masculin.
00:04:45Donc de cette constatation vont émerger en fait plusieurs archétypes liés à la figure de la génoïde
00:04:53qui vont ensuite se développer à travers l'histoire du cinéma.
00:04:56Et donc j'en ai catégorisé quatre principaux.
00:04:59Le tout premier, c'est celui qui est encore le plus récurrent aujourd'hui,
00:05:02c'est celui de l'amoureuse.
00:05:05Donc qu'elle soit l'épouse parfaite, la femme fatale, la demose en détresse ou l'objet sexuel,
00:05:10tous les regards vont être portés sur son corps, qui est très souvent hypersexualisé,
00:05:15qui est considéré comme parfait.
00:05:17Et très souvent, donc sa relation amoureuse ou sexuelle avec le protagoniste masculin
00:05:22va être au centre de l'intrigue.
00:05:25Le deuxième archétype qui est présent dès la mythologie, c'est celui de la domestique.
00:05:31Elle va souvent se décliner par des assistantes ou des servantes robotiques.
00:05:35Et elles ont donc très souvent pour but de servir, d'aider,
00:05:39mais également de tenir compagnie aux personnages masculins.
00:05:42Et elles seront donc toujours d'une posture subordonnée.
00:05:46Ensuite, on a un autre archétype qui va puiser ses origines dans la mythologie,
00:05:50avec le mythe des Amazones, mais qui va se populariser dans la science-fiction,
00:05:55au cinéma que dans les années 70.
00:05:57Et c'est donc l'archétype de la guerrière.
00:06:01Son artificialité va donc lui prêter une force qui est surhumaine.
00:06:04Elle va sembler être détachée des codes sociaux de genre,
00:06:09puisqu'elle n'est ni passive, ni dépendante de sa relation à un homme.
00:06:14Mais cependant, vu qu'elle peut présenter des exploits physiques,
00:06:19son corps va très souvent être regardé par la caméra,
00:06:23et très souvent hyper-sexualisé également.
00:06:26Et enfin, un archétype qui a émergé un petit peu plus récemment,
00:06:29mais qui est de plus en plus récurrent,
00:06:31c'est celui de la petite fille.
00:06:34Donc, elle est très souvent, au sein de ses histoires,
00:06:37la fierté de son créateur, qui va la considérer comme sa propre fille,
00:06:41et elle va également se distinguer par ses capacités hors normes,
00:06:44et par le fait qu'elle va représenter la jeunesse éternelle.
00:06:48Mais malgré cette apparente innocente,
00:06:50il va se cacher quelque chose de dérangeant,
00:06:53et on va explorer ça un petit peu plus tard.
00:06:55La figure de la gynoïde est d'autant plus riche et complexe
00:06:59qu'elle va incarner une sorte d'ambivalence.
00:07:04Puisqu'elle va émerger de ce besoin masculin de contrôle,
00:07:07elle va souvent perpétuer des stéréotypes de genre,
00:07:10mais d'autre part, de par sa nature inhumaine, voire post-humaine,
00:07:14elle va aussi remettre en question certains codes de représentation.
00:07:19Et donc, c'est ce qu'on va essayer de voir aujourd'hui,
00:07:20c'est-à-dire quels codes stéréotypés vont être imposés sur ces corps féminins robotiques,
00:07:26et comment la gynoïde peut à la fois les renforcer,
00:07:29mais également les questionner, les détourner.
00:07:33Et donc, une des premières questions qui a motivé ma recherche,
00:07:36c'est pourquoi finalement imposer un genre sur un genre artificiel ?
00:07:40Quelle est finalement la fonction du genre ?
00:07:43Donc, selon la grande théoricienne des études de genre Judith Butler,
00:07:47le genre est le premier élément qui va former notre identité,
00:07:50selon elle, une personne n'est définie qu'à partir du moment où elle a un genre.
00:07:58Donc, en quelque sorte, on ne peut être une personne
00:08:00qu'à partir du moment où on est une personne genrée.
00:08:03Le genre, ce serait une façon de stabiliser notre identité.
00:08:07Merci.
00:08:08Et donc, finalement, on peut se demander
00:08:10est-ce que ce qui sépare un ordinateur d'une personne,
00:08:14est-ce que ce serait finalement le genre ?
00:08:15Est-ce qu'un robot sans genre pourrait être considéré comme une personne ?
00:08:19Et donc, on peut rappeler qu'il serait totalement possible, en fait,
00:08:22de créer des robots qui sont asexués,
00:08:25mais que dans les films, c'est quelque chose qui n'arrive jamais.
00:08:28Très peu, on va dire,
00:08:29la grande majorité des films vont décider de représenter des robots
00:08:33qui entrent, en fait, dans cette dichotomie de genre
00:08:36entre masculin et féminin.
00:08:37Donc, le genre serait une sorte de nécessité sociale
00:08:40puisque c'est un peu la seule façon pour les humains
00:08:43d'interagir avec d'autres personnes.
00:08:46Butler, dans son travail, également théorisait le concept
00:08:49de performativité de genre
00:08:51qui soutient donc que le genre serait comme un rôle
00:08:54qu'une personne viendrait incarner.
00:08:56C'est un concept qui est très intéressant
00:08:57pour étudier la figure de la ginoïde en particulier
00:09:00puisque ces personnages vont devoir assumer
00:09:03d'autres performances d'identité,
00:09:06c'est-à-dire s'approprier et incarner des codes
00:09:09qui sont liés à différentes identités.
00:09:12Dans Ex Machina, par exemple,
00:09:14cette notion de performance et d'artificialité
00:09:17va être au centre des enjeux narratifs du film,
00:09:20notamment cette idée de performance d'humanité.
00:09:23En effet, le film va se centrer autour du personnage de Hava
00:09:27et celui de Caleb.
00:09:29Caleb est censé tester l'intelligence artificielle de Hava,
00:09:32qui est cette ginoïde qui a été construite
00:09:35par un milliardaire scientifique milliardaire.
00:09:38Pour cela, Caleb va devoir utiliser
00:09:40une variation du test de Turing.
00:09:42C'est un texte qui a pour but de juger
00:09:44la capacité à un ordinateur
00:09:46à se faire passer pour un humain
00:09:47et donc sa performance d'humanité.
00:09:51Hava, dans le film, qui est un robot,
00:09:53doit se faire passer pour un humain aux yeux de Caleb
00:09:56mais également se faire passer pour une femme.
00:09:59En rajoutant la performance de genre
00:10:01dans ce test de Turing,
00:10:03le film va en fait faire un lien
00:10:04entre l'intelligence humaine et le genre.
00:10:09Les deux sont en fait des systèmes imitatifs
00:10:12et les frontières entre la femme et l'homme
00:10:14sont aussi floues et instables
00:10:15que la frontière entre l'intelligence humaine
00:10:18et l'intelligence artificielle,
00:10:20est écrit Jack Alberstam.
00:10:22Finalement, le genre comme l'intelligence humaine
00:10:24pourrait donc être simulé
00:10:26puisque c'est un comportement
00:10:28qui a été appris par imitation.
00:10:29Ces personnages artificiels
00:10:31vont donc mettre l'accent
00:10:34sur l'artificialité
00:10:36de ces types de distinctions.
00:10:39De même, quand un personnage artificiel
00:10:41va manifester un comportement
00:10:42d'attirance ou de séduction hétérosexuelle,
00:10:45ça va seulement mettre en lumière
00:10:47le caractère artificiel et performatif
00:10:50de l'hétéronormativité.
00:10:52C'est donc le fait que l'hétérosexualité
00:10:54soit considérée comme une norme.
00:10:55Je vais vous proposer à présent
00:10:58de regarder un extrait d'Ex Machina.
00:11:00C'est une des sessions
00:11:01où Caleb va donc tester Ava
00:11:03et on va se demander
00:11:04qui est-ce qui teste qui
00:11:06dans cet extrait.
00:11:08Donc on peut le lancer.
00:11:09Merci.
00:11:09Sous-titrage Société Radio-Canada
00:11:39God a fait un cours d'éternals et d'Éternals.
00:11:44Oui, c'est impossible.
00:11:46Oui, c'est impossible.
00:11:48Sous-titrage Société Radio-Canada
00:11:50sur lektor d'Éternals et d'Éternals.
00:11:50Oui.
00:11:51Oui, c'est impossible.
00:11:51Oui.
00:11:52Vous n'avez jamais été
00:11:53au-delà d'Éternals?
00:11:53No.
00:11:54Vous n'avez jamais été
00:11:55allé d'éternals ?
00:11:56Aux-titrage Société Radio-Canada
00:11:57Est-ce que vous nez
00:11:58n'avez jamais été
00:12:00à présent ?
00:12:00Vous n'avez jamais été
00:12:01au-delà d'Éternals
00:12:02de la maison ?
00:12:03Je ne vais y aller
00:12:04dès la maison ?
00:12:04Aux-titrage-il
00:12:05Aux-tit-tit-ut-le-z !
00:12:09Je ne suis pas sûre, il y a tellement d'options.
00:12:16Peut-être une petite pédagogie et une intersectionale dans une ville.
00:12:20Une intersectionale ?
00:12:21C'est pas une idée de l'idée.
00:12:24Non, c'est pas ce que j'étais expecting.
00:12:28Une intersectionale qui permet d'avoir un concentré, mais une vue de la vie humaine.
00:12:34Les gens qui regardent.
00:12:36Oui.
00:12:39Nous pouvons aller ensemble.
00:12:44C'est une date.
00:12:49Il y a quelque chose d'autre que je voulais te montrer.
00:12:52Ok.
00:12:54Vous allez penser que c'est stupide.
00:12:56Je ne pense pas, c'est ce que c'est.
00:13:01Alors, closez vos yeux.
00:13:05Ok.
00:13:09Et je pense que c'est plus tard.
00:13:14Ok.
00:13:15Pour que sia-t は aussi bruxemوع, très peu.
00:13:19Donc, on près de 4 fois.
00:13:23On est aussi.
00:13:23Il y a quelque chose de drowned.
00:13:25ым���abilir live.
00:13:25Nous devons être prudents.
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00:32:37qui est un remake américain du film d'animation japonais du même nom,
00:32:42qui est réalisé par Mamuro Oshii en 1995.
00:32:45Dans le remake en live-action, c'est l'actrice Scarlett Johansson
00:32:49qui va interpréter le rôle du personnage principal, le major Matoko Kusanagi.
00:32:55Pour avoir choisi une actrice blanche dans un rôle d'un personnage qui était à l'origine japonais,
00:33:00le film a été critiqué.
00:33:02Cette décision a été considérée comme perpétuant la pratique du whitewashing,
00:33:05qui est très répandue à Hollywood et qui consiste à privilégier des actrices blancs
00:33:11dans des rôles de personnages non blancs.
00:33:14Alors que le personnage du major Kusanagi dans le film originel
00:33:18était déjà une des rares représentations de génoïdes racisés au cinéma,
00:33:23le fait de subtiliser ce rôle à une actrice japonaise pour le donner à une actrice blanche
00:33:28pourrait être considéré comme une sorte de néocolonisation.
00:33:32Évidemment, plusieurs raisons pourraient justifier ce choix.
00:33:37La plus évidente est dans bien sûr que Scarlett Johansson est une star
00:33:41et donc elle serait moins choisie pour sa couleur de sa peau que pour sa célébrité,
00:33:46même si le lien entre célébrité et couleur de peau est aussi facile à faire.
00:33:50Et donc sans surprise, l'accent serait mis sur la capitalisation
00:33:53plutôt que sur l'intégrité de l'œuvre originale.
00:33:57Et la seconde raison, qui est notamment défendue par le réalisateur du film de 95, Mamoru Oshii,
00:34:04c'est que le major est un cyborg
00:34:06et donc que le corps qu'elle possède dans le film ne serait pas son corps originel.
00:34:11Il explique qu'il pourrait s'agir du ghost, de l'esprit d'une femme japonaise,
00:34:15dans la shell, le corps d'une femme blanche.
00:34:17Et donc pour moi, cette justification va encore plus incarner finalement une métaphore
00:34:23de ce qu'est le whitewashing, c'est-à-dire que ce sont des personnages racisés
00:34:26qui sont invisibilisés par des corps blancs.
00:34:29Et donc ça entraînerait encore une dissimulation de toute problématique raciale.
00:34:35Et en plus, le problème de représentation reste le même,
00:34:38c'est-à-dire qu'aucune actrice racisée n'a eu l'opportunité d'incarner un rôle principal
00:34:43et en tant que spectateur, on est encore et toujours confronté à des représentations racistes.
00:34:49Et donc le principe même du whitewashing va se baser sur le privilège blanc
00:34:54de changer temporairement de couleur, de se faire passer pour non-blanc,
00:34:59et donc d'assumer des rôles de personnages non-blancs.
00:35:03Et c'est historiquement un privilège qui n'est accordé qu'aux blancs
00:35:06et qui est puni s'il est effectué dans l'autre sens.
00:35:08Précédemment, j'ai déjà mentionné le parallèle qu'on pouvait établir
00:35:16entre performativité de genre et performativité d'humanité.
00:35:20Et en fait, on pourrait également créer un parallèle
00:35:21avec une sorte de performativité de blancheur.
00:35:25Puisque le concept de passing, c'est la capacité d'une personne
00:35:28à être considérée comme appartement à un groupe social différent du sien.
00:35:33Et à l'origine, c'était un terme qui était utilisé pour les personnes métisses
00:35:36qui passaient pour blanches.
00:35:37Et donc, le mot passer implique le fait de traverser une frontière
00:35:41pour assumer une nouvelle identité.
00:35:44Et donc, que ce soit un robot qui se fait passer pour un humain
00:35:47ou un non-blanc qui se fait passer pour blanc,
00:35:50en franchissant cette frontière,
00:35:52déjà, ça peut être quelque chose de dangereux,
00:35:54mais ça a permis également d'échapper à une forme d'oppression
00:35:57et d'accéder aux privilèges de cette nouvelle identité.
00:36:01Et donc, la grande majorité des ginoïdes au cinéma sont blanches.
00:36:07Donc, c'est une fée, c'est un fait, pardon, c'est une majorité qui est écrasante.
00:36:11Mais il va y avoir quelques cas qui sortent du lot.
00:36:14On va voir, par exemple, deux actrices latino-américaines,
00:36:17Anna Deharmas dans Blade Runner 2049
00:36:19ou Rosa Salazar dans Alita.
00:36:22La première étant cubaine et la deuxième péruvienne.
00:36:26Et donc, elles vont interpréter des rôles de ginoïdes.
00:36:28Mais bon, il est important de souligner que toutes les deux ont des teintes de peau claire
00:36:32et qu'elles passent, toutes les deux, pour blanches.
00:36:35Donc, on peut supposer que c'est sûrement, finalement,
00:36:37cette conformité à l'esthétique blanche
00:36:41qui fait qu'elle soit considérée comme belle
00:36:43et qu'elle ait le privilège, finalement, d'être représentée.
00:36:48D'autant plus que leur ethnie n'est pas particulièrement valorisée dans ces films-là
00:36:53ou considérée de façon très anecdotique.
00:36:56Dans Blade Runner, il y a juste à un moment donné ce panneau qui signale qu'elle est cubaine.
00:37:01Et dans Alita, son ethnie va presque être modifiée par les effets spéciaux
00:37:05puisque son visage sera donc totalement modifié numériquement.
00:37:10Et donc, en plus de ces quelques actrices qui passent pour blanches,
00:37:14il existe aussi quelques représentations de ginoïdes asiatiques.
00:37:17mais ça sera quasiment exclusivement dans des films qui sont japonais, coréens ou hongkongais.
00:37:24Donc, voilà, je vous ai mis I Love Maria, c'est un film hongkongais,
00:37:26Sayonara, un film japonais et Jung-hee, un film coréen.
00:37:31Et je pense que c'est aussi important de souligner
00:37:33qu'il n'existe aucune représentation de ginoïdes à la peau noire
00:37:38dans un rôle principal.
00:37:40Les seules qui existent, en fait, peuvent se compter sur les doigts d'une main
00:37:43et apparaissent que quelques secondes à l'écran
00:37:45dans des rôles secondaires ou tertiaires dans quelques films.
00:37:50Et donc, en fait, ce qu'on va remarquer surtout,
00:37:52c'est que les corps assisés vont très souvent être relégués
00:37:55à des rôles secondaires ou à de la figuration.
00:37:57On peut notamment remarquer, en fait, le motif récurrent
00:38:02des mégalopoles futuristes qui sont censés être multiculturels.
00:38:07On va retrouver ça dans de nombreux films de science-fiction
00:38:10et de nombreux films avec des ginoïdes,
00:38:12comme Heure, Blade Runner, Alita, The Creator, par exemple,
00:38:17où il y aura donc des mégalopoles.
00:38:20Et dans ces mégalopoles, souvent, les représentations vont se diviser en deux.
00:38:24Pour les classes sociales plus hautes,
00:38:25la richesse va être associée à la blancheur
00:38:28et à l'accès à la technologie.
00:38:30Et très souvent, cette classe plus haute
00:38:32va littéralement être placée plus haut.
00:38:36Et donc, ce motif-là de la ségrégation verticale des classes
00:38:39avec les riches en haut et les pauvres en bas
00:38:41a émergé, en fait, dans le film Métropolis
00:38:44et a été repris, en fait, depuis maintes fois dans la fiction
00:38:48et très souvent, en fait, dans les films avec des ginoïdes.
00:38:53Et ceux qui sont en bas, donc, sont très souvent
00:38:55les plus pauvres, les classes sociales inférieures
00:38:58qui sont très principalement composées de citoyens racisés.
00:39:02Très souvent, finalement, la ville et la foule
00:39:04de corps non-blancs vont souvent, en fait,
00:39:08dresser le décor seulement, vont servir à créer
00:39:11une image stéréotypée d'une ville cosmopolite,
00:39:14mais elle va finalement servir seulement de toile de fond
00:39:17aux aventures des corps principaux, qui sont des corps blancs.
00:39:20Évidemment, il y a quelques exceptions, et c'est le cas
00:39:24dans The Creator, film de Gareth Edwards de 2023.
00:39:29Ce film va dépeindre un conflit mondial qui a été causé
00:39:32par les intelligences artificielles, où les États-Unis,
00:39:35qui sont anti-IA, vont combattre la Nouvelle-Asie,
00:39:38qui, elle, a choisi de vivre avec les IA.
00:39:40Donc, l'action se déroule majoritairement en Nouvelle-Asie,
00:39:44donc c'est censé être une région qui englobe
00:39:46toute l'Asie du Sud et l'Asie du Sud-Est.
00:39:49Et ici, les paysages, les foules et les corps racisés
00:39:52ne sont pas anecdotiques.
00:39:54Déjà parce que la grande majorité des personnages sont...
00:39:57Pardon.
00:39:58La grande majorité des personnages sont asiatiques,
00:40:01et en plus, ce sont des personnages robotiques.
00:40:04On peut le voir dans les rôles principaux,
00:40:06avec le personnage de Alphie, la petite fille
00:40:08qui est au centre de l'intrigue,
00:40:09comme les personnages secondaires,
00:40:10les alliés, mentors des protagonistes.
00:40:13Donc, c'est les images que je vous ai mis en haut, pardon.
00:40:17Mais c'est quelque chose qui se voit également dans la figuration.
00:40:21Et ça, ce sera les images que j'ai mis en bas.
00:40:23Donc, on va remarquer une volonté, en fait,
00:40:26de ne pas simplement utiliser les corps racisés
00:40:28comme une toile de fond,
00:40:30mais dans la mise en scène, on va voir
00:40:32que le film va vraiment accorder une importance
00:40:35à ces personnages, ne pas seulement montrer des foules,
00:40:38mais prendre le temps de créer des portraits,
00:40:40en fait, des gens qui composent ces foules,
00:40:42de prendre le temps de montrer ces individus.
00:40:45Et donc, c'est les images que je vous ai mis en bas.
00:40:47Et donc, ça sera finalement l'occasion
00:40:49de montrer, même très brièvement,
00:40:51mais des personnages robotiques
00:40:53comme on ne les avait jamais vus,
00:40:54des personnages racisés,
00:40:56parfois âgés,
00:40:57et avec des corps qui ne correspondent pas du tout
00:40:59en fait aux normes de beauté.
00:41:00Et donc, finalement, ça va m'offrir une transition parfaite
00:41:05pour parler d'un autre type de code
00:41:07auquel sont soumis les personnages de Ginoïde,
00:41:10c'est l'impératif de jeunesse.
00:41:12En effet, pour être considéré comme parfait,
00:41:15le corps féminin ne doit montrer aucun signe de vieillissement.
00:41:19Au contraire, il doit se rapprocher le plus possible
00:41:21du corps d'une adolescente
00:41:23pour être considéré comme beau.
00:41:25Margot de Mello écrit que bon nombre
00:41:27des signes de la beauté féminine
00:41:29sont en fait des signes de jeunesse.
00:41:31Des grands yeux, des lèvres rouges pulpeuses,
00:41:33des joues roses, des cheveux épais
00:41:35et une peau claire,
00:41:36qui sont donc tous des indicateurs de jeunesse
00:41:38chez les filles.
00:41:40Donc, plus que de considérer le corps jeune
00:41:43comme beau,
00:41:44il est considéré comme la norme,
00:41:46et donc, tout signe de vieillesse
00:41:47va être dissimulé, invisibilisé et stigmatisé.
00:41:51Et donc, cet idéal de jeunesse
00:41:54qui est évidemment inatteignable chez l'humain
00:41:56est possible pour un corps robotique.
00:41:59Et c'est pour cette raison
00:42:00que les génoïdes sont exclusivement représentés
00:42:02comme jeunes.
00:42:03Alors même que leur corps robotique
00:42:05n'est pas soumis à l'expérience du temps
00:42:07de la même façon que les humains le sont,
00:42:09les concepts de jeunesse et de vieillesse
00:42:11ne peuvent pas s'appliquer à leur corps,
00:42:13mais ils vont tout de même incarner
00:42:15la jeunesse éternelle.
00:42:18Et ça va être notamment le cas
00:42:20d'un des archétypes que j'ai mentionné plus tôt,
00:42:21qui est celui de la petite fille.
00:42:24Une des premières apparitions de ce type d'archétype
00:42:27apparaît dans le film d'animation japonais
00:42:30Metropolis, réalisé par Rintaro en 2001,
00:42:33d'après le film de Fritz Lang.
00:42:35Mais dans ce film,
00:42:36la génoïde originelle qui est Maria
00:42:38est transformée ici en une petite fille
00:42:40blonde aux grands yeux verts.
00:42:43Ces caractéristiques enfantines
00:42:45vont être mises en évidence
00:42:46dans toute la première partie du film.
00:42:48Elle a un visage rond,
00:42:50des grands yeux,
00:42:51une coupe courte,
00:42:52ses vêtements lui vont trop grand,
00:42:54elle est naïve, innocente, vulnérable,
00:42:56et elle va découvrir le monde
00:42:57pour la première fois.
00:42:59Mais quand elle va découvrir
00:43:00qu'elle est en réalité un robot,
00:43:02un robot qui est créé en plus
00:43:03par le dirigeant au pouvoir
00:43:04pour dominer les humains,
00:43:06elle va dévoiler son deuxième visage.
00:43:08Et on va donc remarquer
00:43:09un autre motif récurrent,
00:43:11lié au personnage de petite fille robotique
00:43:14qui est qu'il y a inévitablement
00:43:17quelque chose de dérangeant
00:43:18dans leur nature,
00:43:19quelque chose de monstrueux
00:43:21et que derrière leur apparence
00:43:23qui est innocente,
00:43:24il va toujours dissimuler une cruauté
00:43:26ou du moins un potentiel de violence.
00:43:30Et dans Métropolis,
00:43:31la petite Tima,
00:43:32quand elle va découvrir
00:43:33sa nature robotique
00:43:34et son devoir d'abandonner
00:43:36sa part d'humanité,
00:43:37elle va se faire dévorer
00:43:38par son désir destructeur de vengeance,
00:43:42elle va participer
00:43:43à l'anétissement de la cité
00:43:45et aussi s'auto-détruire au passage.
00:43:48Et donc cette dualité
00:43:49va s'afficher en fait sur son visage
00:43:51qui sera déchiré
00:43:53à moitié petite fille
00:43:54et à moitié robot.
00:43:57Et donc en effet,
00:43:58la figure de l'enfant robot
00:43:59va représenter
00:44:00quelque chose de profondément dérangeant.
00:44:03Le corps robotique ne change pas,
00:44:05il est définitif,
00:44:06alors que l'enfant
00:44:07c'est censé être
00:44:08un stade de transition,
00:44:10l'idée d'un enfant
00:44:10qui ne grandira jamais,
00:44:12qui est piégé
00:44:13dans son corps enfantin
00:44:14et inhumain,
00:44:15puisque le corps humain
00:44:16donc est censé évoluer.
00:44:19Et face à cette problématique,
00:44:20le film Alita Battle Angel
00:44:22va trouver une astuce
00:44:23pour faire changer de corps
00:44:24à sa protagoniste.
00:44:26Au début du film,
00:44:27on a le docteur Ido
00:44:29qui va trouver le buste d'Alita
00:44:30dans une décharge
00:44:31et c'est lui qui va décider
00:44:33de la rattacher
00:44:34à un corps métallique
00:44:35d'une petite fille
00:44:37qui était le corps
00:44:38qu'il avait fabriqué
00:44:39pour sa propre fille
00:44:40qui est décédée.
00:44:42C'est pour ça
00:44:43que ce corps-là
00:44:43est à l'apparence
00:44:44d'une jeune fille.
00:44:45Mais par la suite,
00:44:46lors d'un combat,
00:44:48ce corps sera abîmé
00:44:49et donc Alita
00:44:50sera par la suite
00:44:51transférée
00:44:52dans un autre corps robotique
00:44:53qui est censé être fait
00:44:54avec une nanotechnologie avancée
00:44:56qui va se reconfigurer
00:44:59pour former le corps,
00:45:01un corps plus adulte en fait,
00:45:03un corps avec plus de poitrine,
00:45:04une taille plus fine
00:45:05et des hanches plus larges.
00:45:07Un personnage
00:45:07dira même au docteur Ido
00:45:08à ce moment-là
00:45:09on dirait qu'elle est
00:45:10un peu plus âgée
00:45:11que vous ne le pensiez.
00:45:13Et finalement,
00:45:14dans la seconde partie du film,
00:45:16elle va être incarnée
00:45:16dans un corps plus adulte
00:45:18ce qui va signaler
00:45:19l'évolution du personnage.
00:45:21Alita va grandir
00:45:22physiquement
00:45:23autant que mentalement.
00:45:25Et en effet,
00:45:26au cœur du film,
00:45:27il y a finalement
00:45:27la quête identitaire
00:45:28de cette adolescente
00:45:30alors qu'elle grandit
00:45:32et entre dans l'âge adulte.
00:45:33et donc ce changement
00:45:34de corps est très rare
00:45:36en fait dans les films
00:45:38avec des robots
00:45:39ce qui va offrir
00:45:40une sorte de privilège
00:45:41en fait à Alita
00:45:42qui est un privilège
00:45:43donc rarement accordé
00:45:44au personnage robotique
00:45:45qui est donc celui
00:45:46de vieillir.
00:45:48Et donc en plus
00:45:49de devoir paraître jeune,
00:45:51le corps de l'aginoïde
00:45:52est également rattaché
00:45:53à l'image du corps valide.
00:45:56Donc le concept
00:45:57d'invalidité
00:45:58est donc construit socialement
00:45:59et la majorité
00:46:01des représentations
00:46:03vont incarner
00:46:03la norme
00:46:04qui est donc
00:46:05le corps valide.
00:46:07Margot de Mello
00:46:08écrit que la notion
00:46:09même de handicap
00:46:10n'a de sens
00:46:10que dans un contexte
00:46:12où le corps standardisé
00:46:13ou normal
00:46:14a déjà été défini.
00:46:15Si un corps normal
00:46:16est un corps
00:46:17qui a deux bras
00:46:17et deux jambes
00:46:18qui fonctionnent par exemple,
00:46:19un corps qui n'a pas
00:46:20ces caractéristiques
00:46:21est défini comme invalide.
00:46:23Donc le concept
00:46:24d'invalidité
00:46:25se construit
00:46:26par exclusion.
00:46:26tout corps
00:46:27qui ne correspond pas
00:46:28à la norme
00:46:29est considéré
00:46:29comme invalide.
00:46:31Donc c'est un problème
00:46:32qui vient de cette conviction
00:46:34fortement ancrée
00:46:35dans la société
00:46:35que tous les corps
00:46:36devraient se ressembler
00:46:37et fonctionner
00:46:38de la même façon
00:46:39ce qui est évidemment
00:46:40impossible.
00:46:41Et donc c'est intéressant
00:46:42de voir que
00:46:43malgré la richesse
00:46:44de représentations
00:46:45que pourrait offrir
00:46:46un corps artificiel
00:46:47ce type de personnage
00:46:49va encore être soumis
00:46:50à cette norme.
00:46:51Donc la norme
00:46:52pour les humains
00:46:52va être imposée
00:46:53sur les robots.
00:46:55Ils sont donc
00:46:56contraints
00:46:56aux deux bras
00:46:57deux jambes
00:46:58que mentionne
00:46:58ici cette citation.
00:47:01Alors même
00:47:01qu'en robotique
00:47:03finalement
00:47:03la bipédie
00:47:04pour un robot
00:47:04n'est pas du tout
00:47:05naturelle.
00:47:06En fait c'est très difficile
00:47:06à faire marcher
00:47:07un robot
00:47:08sur deux pieds.
00:47:10Donc voilà
00:47:10et finalement
00:47:10il n'y a rien
00:47:11de naturel
00:47:11pour un robot
00:47:12à avoir deux jambes.
00:47:15Et donc
00:47:16c'est sûrement
00:47:16pour cette raison
00:47:17que dans le film
00:47:18Sayonara
00:47:18on va avoir
00:47:20une représentation
00:47:20qui va questionner
00:47:21en fait
00:47:22ce concept de norme
00:47:24mais aussi
00:47:24les concepts
00:47:24de maladie
00:47:25de soins.
00:47:27Le film va se construire
00:47:27autour de deux personnages
00:47:29Tania
00:47:29une jeune femme
00:47:30atteinte de leucémie
00:47:31et sa ginoïde de compagnie
00:47:33Léona
00:47:34qui est en fauteuil roulant.
00:47:36Donc de façon purement pratique
00:47:38le choix
00:47:38d'avoir mis Léona
00:47:39dans un fauteuil roulant
00:47:40c'est lié au fait
00:47:41qu'elle a une mobilité
00:47:42très limitée
00:47:43puisque
00:47:44ce personnage
00:47:45n'est pas interprété
00:47:46par une actrice
00:47:47mais par
00:47:48ce qu'ils appellent
00:47:48une actrice robot
00:47:49elle s'appelle
00:47:51Géminoïde F
00:47:52et donc
00:47:52c'est un robot
00:47:53télécommandé
00:47:53ses membres
00:47:55sont immobiles
00:47:56elle ne peut pas
00:47:56se lever
00:47:57elle ne peut pas
00:47:57bouger
00:47:58elle peut seulement
00:48:00son visage
00:48:01est télécommandé
00:48:01pour qu'elle puisse
00:48:02ouvrir la bouche
00:48:03et bouger
00:48:04donc changer
00:48:05d'expression
00:48:05du visage
00:48:06dans le film
00:48:07pourtant
00:48:08elle est montrée
00:48:08comme très autonome
00:48:09elle a un fauteuil
00:48:11roulant électrique
00:48:12qui sera finalement
00:48:13comme une sorte
00:48:14d'extension
00:48:15de son corps
00:48:15robotique
00:48:16face à elle
00:48:17on va donc
00:48:18avoir le corps
00:48:19malade de Tania
00:48:20qu'on va voir
00:48:21évoluer à travers
00:48:22le film
00:48:23notamment avec
00:48:24plusieurs scènes
00:48:24qui la montrent
00:48:25dénudée
00:48:25et on va voir
00:48:26son corps
00:48:27qui est de plus
00:48:27en plus maigre
00:48:28et donc le film
00:48:29va finalement
00:48:30interroger
00:48:30ce que signifie
00:48:31prendre soin
00:48:32parce que ça va
00:48:33être le personnage
00:48:34qui est immortel
00:48:35mais qui est
00:48:35dans un fauteuil
00:48:36roulant
00:48:36qui est censé
00:48:37s'occuper du personnage
00:48:38qui est mourant
00:48:39mais qui est valide
00:48:40donc les concepts
00:48:42de maladie
00:48:43d'invalidité
00:48:43sont montrés
00:48:44comme poreuses
00:48:45et la question
00:48:46qui prend soin
00:48:47de qui
00:48:47est montrée
00:48:48comme plus complexe
00:48:49qu'il n'y paraît
00:48:51cependant
00:48:52à un moment
00:48:52dans le film
00:48:53le film va tenter
00:48:56de justifier
00:48:57pourquoi Léona
00:48:58est dans un fauteuil
00:48:58roulant
00:48:59Tania va s'excuser
00:49:00de ne pas avoir pu
00:49:01faire réparer
00:49:02les jambes de Léona
00:49:03et donc finalement
00:49:04en qualifiant
00:49:05l'invalidité
00:49:06de Léona
00:49:07comme quelque chose
00:49:08qui pourrait être réparé
00:49:09le film va s'ancrer
00:49:10dans cette tendance
00:49:11à considérer
00:49:12la technologie
00:49:13comme quelque chose
00:49:14qui pourrait soigner
00:49:15voire réparer
00:49:16le corps invalide
00:49:18et effectivement
00:49:19de nos jours
00:49:20avec le développement
00:49:21des implants auditifs
00:49:22des pacemakers
00:49:23et des prothèses
00:49:25en tout genre
00:49:25le corps humain
00:49:27est effectivement
00:49:28de plus en plus
00:49:29réparable
00:49:30grâce à la technologie
00:49:31mais ça pose
00:49:32tout de même
00:49:32de nombreuses questions éthiques
00:49:34et Noparc va écrire
00:49:35que l'idée
00:49:36que n'importe qui
00:49:37pourrait être réparé
00:49:38réduit l'effort
00:49:39consacré à l'inclusion
00:49:41et à long terme
00:49:42entraîne une discrimination
00:49:43lorsqu'une personne handicapée
00:49:45ne peut
00:49:45ou ne veut pas
00:49:46avoir d'implant technique
00:49:47donc le fait
00:49:50qu'une personne invalide
00:49:51puisse être réparée
00:49:53ne fait qu'accentuer
00:49:55la croyance
00:49:56comme quoi
00:49:56il lui manque
00:49:57quelque chose
00:49:57finalement
00:49:58et donc
00:50:00cette volonté
00:50:01de réparer
00:50:01les corps handicapés
00:50:03pour également
00:50:03être perçue
00:50:04comme une tentative
00:50:05d'uniformiser
00:50:06en fait
00:50:06les corps
00:50:07pour se rapprocher
00:50:09encore
00:50:10de ce corps idéal
00:50:11et donc finalement
00:50:12ça pourrait être
00:50:13un peu considéré
00:50:13comme une forme
00:50:14d'eugénisme
00:50:15et de plus
00:50:17cette idée
00:50:17selon laquelle
00:50:18la technologie
00:50:19pourrait réparer
00:50:20le corps humain
00:50:20se trouve
00:50:21de façon récurrente
00:50:22dans les films
00:50:23avec des cyborgs
00:50:23puisque c'est une idéologie
00:50:25qui se rapproche
00:50:26du transhumanisme
00:50:27et c'est le cas
00:50:29dans l'univers
00:50:29des films
00:50:30Ghost in the Shell
00:50:30le remake
00:50:32notamment s'ouvrant
00:50:33avec une citation
00:50:34qui dit
00:50:34le progrès technologique
00:50:36permet aux humains
00:50:37de s'améliorer
00:50:37grâce à des parties
00:50:38cybernétiques
00:50:39et donc voilà
00:50:40c'est notamment
00:50:41ce qu'on peut voir ici
00:50:41la protagoniste
00:50:43qui se fait donc
00:50:43réparer
00:50:44grâce à la technologie
00:50:45donc ensuite
00:50:50un autre
00:50:50un autre impératif
00:50:52qui va être imposé
00:50:53sur le corps féminin
00:50:54ça va être celui
00:50:55de la reproduction
00:50:56et de la maternité
00:50:57en effet donc
00:50:58les capacités
00:50:59de menstruer
00:51:00de tomber enceinte
00:51:01d'accoucher
00:51:02et d'allaiter
00:51:02ont historiquement
00:51:04été utilisées
00:51:05pour définir
00:51:05mais également
00:51:06restreindre
00:51:07et opprimer
00:51:07les corps
00:51:08des femmes
00:51:08mais cependant
00:51:10plus que de détacher
00:51:11les corps
00:51:13de ces impératifs
00:51:14reproductifs
00:51:15les films
00:51:15avec des génoïdes
00:51:16vont très souvent
00:51:17nier
00:51:17cette capacité
00:51:18cet aspect
00:51:20ayant été
00:51:20éliminé
00:51:21supprimé
00:51:22totalement
00:51:22de leur corps
00:51:23c'est à dire
00:51:25que lorsque l'homme
00:51:25construit le corps
00:51:26de la femme
00:51:27il va en quelque sorte
00:51:28supprimer
00:51:29tout ce qui le dégoûte
00:51:30le corps robotique
00:51:31n'est plus encore
00:51:32qui va saigner
00:51:33qui va suinter
00:51:33tout ce qui était
00:51:34transgressif
00:51:35en quelque sorte
00:51:36tout ce qui posait
00:51:37problème
00:51:37est éliminé
00:51:38du corps
00:51:39quand il est
00:51:39construit
00:51:40par l'homme
00:51:41Iris Bré
00:51:42va remarquer
00:51:43cette tendance
00:51:43à invisibiliser
00:51:44certains aspects
00:51:45du corps féminin
00:51:47au cinéma
00:51:47elle écrit
00:51:49que s'approcher
00:51:50des fluides féminins
00:51:51semble être encore
00:51:52une expérience
00:51:52taboue
00:51:53sur nos écrans
00:51:53les sécrétions
00:51:55vaginales
00:51:55le sang des règles
00:51:56le lait maternel
00:51:57demeurent invisibilisés
00:51:59tout comme la grossesse
00:52:00l'accouchement
00:52:01et l'avortement
00:52:01sont des expériences
00:52:03qui demeurent hors champ
00:52:04dans le cinéma dominant
00:52:06et donc
00:52:07les corps féminins
00:52:08des ginoïdes
00:52:09va finalement servir
00:52:10de justification
00:52:11en fait
00:52:11à l'absence
00:52:12de représentation
00:52:14de ces fluides
00:52:14et de la grossesse
00:52:15et de l'accouchement
00:52:16mais donc
00:52:18elles ne peuvent pas
00:52:19se reproduire
00:52:20et donc la question
00:52:21va se poser également
00:52:22de leur naissance
00:52:22et en fait
00:52:23dans la majorité
00:52:24des cas
00:52:24on va remarquer
00:52:25que ce soit
00:52:26Rothwang
00:52:27d'un métropolis
00:52:28Nathan
00:52:30dans
00:52:30Ex Machina
00:52:32ou le docteur Goldfoot
00:52:33ce sont très souvent
00:52:34des hommes
00:52:35qui vont contrôler
00:52:36en fait
00:52:36la naissance
00:52:37des corps féminins robotiques
00:52:38et également
00:52:39le processus
00:52:40de reproduction
00:52:41dans ces films
00:52:43le pouvoir
00:52:43reproductif
00:52:44est retiré
00:52:46de la femme
00:52:47pour être transféré
00:52:47sur l'homme
00:52:48et quand ce n'est pas
00:52:50directement
00:52:51un créateur masculin
00:52:52ce sera parfois
00:52:53la technologie
00:52:54qui va posséder
00:52:55donc ce pouvoir
00:52:55reproductif
00:52:56dans le film
00:52:58I am mother
00:52:58qui traite
00:52:59la question
00:53:00de la maternité
00:53:00dès son titre
00:53:01on va avoir
00:53:02un personnage
00:53:03féminin robotique
00:53:04qui porte
00:53:04le nom de mother
00:53:05qui joue
00:53:06le rôle de la mère
00:53:07pour une jeune humaine
00:53:08prénommée daughter
00:53:09et donc je vais vous proposer
00:53:11qu'on regarde un extrait
00:53:12c'est la scène
00:53:13d'introduction du film
00:53:14de la mère
00:53:28de la mère
00:53:29...
00:53:59...
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