Cyberpunk : les lumières de la ville et du capitalisme tardif

Forum des images

23/05/2025

Cours de cinéma par Occitane Lacurie, critique et enseignante-chercheuse sur l'univers du cyberpunk, dans le cadre de la thématique 'Aux frontières de l'humain'.

Chaque vendredi à 18h30, les cours de cinéma du Forum des images, entrée libre.

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00:00:00Merci beaucoup Zeynep, merci pour cette invitation et merci pour ce très beau sujet qui est

00:00:14extrêmement vaste et on va beaucoup parler des dimensions babyloniennes du cyberpunk

00:00:20mais justement pour commencer sur ces dimensions babyloniennes, j'aimerais qu'on commence

00:00:25tout de suite par un extrait avant qu'on discute plus précisément.

00:01:25Cet extrait qui se joue derrière l'écran, c'est un extrait d'un film qui s'appelle

00:01:55Blade Runner de Ridley Scott et il me semble que la question de la reconnaissance dans

00:02:05le genre du cyberpunk est absolument centrale puisque le cyberpunk est un genre qui selon

00:02:09moi se reconnaît avant de se définir.

00:02:12C'est le résultat que j'ai tiré d'une toute petite enquête que j'ai faite exprès pour

00:02:16aujourd'hui sur un endroit où je passe beaucoup de temps qui s'appelle Reddit et sur le subreddit

00:02:24un subreddit plus particulier qui s'appelle Urban Hell donc enfer urbain et dans lequel

00:02:30j'ai recherché le tag cyberpunk et j'ai constaté qu'un certain nombre de caractéristiques

00:02:36amenaient certaines photographies à remonter le long de ma timeline pour me faire apparaître

00:02:41par exemple cette image d'une publicité en 3D de Shenzhen en 2022 ou bien une rue de

00:02:47Manille éclairée dans des couleurs acidulées à la nuit ou encore un faux soleil artificiel

00:02:55installé en haut de bâtiments à Varsovie.

00:02:57Je pourrais continuer avec la disparité qui peut exister entre les infrastructures routières

00:03:03de Chongqing et les bidonvilles qui les bordent et peut-être un dernier, cette ville cuison

00:03:13aux Philippines qui est assortie de cette antithèse high tech low life et cette antithèse

00:03:23là c'est une expression qui a été beaucoup utilisée pour définir sous la forme d'un

00:03:29slogan d'une devise la question du cyberpunk notamment dans ce livre là qui est une anthologie

00:03:36de nouvelles puisque vous savez que la science fiction s'est beaucoup publiée tout au long

00:03:41du second XXe siècle sous la forme de nouvelles et une anthologie qui s'intitule Mirror Shades

00:03:46publiée en 86 par Bruce Sterling, chez l'éditeur Bruce Sterling et c'est dans la préface

00:03:56que s'élabore une première définition du terme cyberpunk et ce mot valise en fait

00:04:02qui circulait de manière comme aujourd'hui on pourrait le dire des esthétiques sur internet

00:04:06de manière vernaculaire de manière communautaire et bien petit à petit va prendre corps prendre

00:04:10recherche pour décrire un genre littéraire et quelque chose de plus manifestement comme

00:04:14nous le prouve l'éréditeur que je vous ai montré juste avant et il me semble que cette

00:04:20dichotomie là high tech low life elle est tout de suite très évocatrice et elle fonctionne

00:04:26évidemment d'emblée très bien avec la séquence d'ouverture esquissée de Blade Runner que

00:04:34je vous ai montré au tout début puisque vous avez immédiatement l'image de ces buildings

00:04:39avec leur penthouse extrêmement coçu avec la pointe de la technologie qui côtoie quelque

00:04:45chose qu'on appellerait en français les bas fonds un espace interlope dans lequel se développe

00:04:50toutes sortes de modifications corporelles toutes sortes de drogues toutes sortes d'espaces

00:04:56mentaux et physiques extrêmement délaissés et ce délaissement il a une origine et un

00:05:02espace particulier c'est l'espace de la ville toutes les photos que je vous ai montré

00:05:05juste avant étaient des photos de situation urbaine et il me semble que c'est pas un hasard

00:05:10puisque il me semble que c'est dans les villes justement où la conjonction entre les penthouses

00:05:17et les bas fonds entre le high tech et le low life se apparaît le plus brut de manière

00:05:23oui la plus brutale donc c'est pourquoi j'ai voulu intituler ce cours les lumières de

00:05:31la ville d'abord qui est aussi le titre d'un film un film de Charlie Chaplin qui

00:05:35évidemment n'est pas du tout un film cyberpunk mais il me semble qu'il faut une ville d'abord

00:05:41pour reconnaître le cyberpunk si on continue suivant ce petit chemin que je vous propose

00:05:45le chemin de la reconnaissance il faut d'abord un espace donc urbain au sein duquel peuvent

00:05:53se déployer ces espaces interlope et peut-être que donc je poursuis avec une première partie

00:06:04donc que nous allons dans laquelle nous allons essayer de voir qu'est ce qu'elles sont devenues

00:06:07ces lumières de la ville ces lumières de la ville telle que imaginé par Charlie Chaplin

00:06:13avec un autre extrait pour lequel on peut éteindre la lumière j'espère que celui-ci fonctionne

00:07:34vous avez sans doute reconnu qui vient du remake ou en tout cas du film qui poursuit le projet de

00:07:40Blade Runner de Ridley Scott et qui est Blade Runner 2049 qui est sorti en 2017 réalisé par

00:07:46Denis Villeneuve il me semble que cette lumière de la ville qui prend le la forme du corps d'une

00:07:51femme nous renseignent beaucoup sur la nature déjà de cette urbanité particulière qui est

00:07:56l'urbanité cyberpunk puisque les lumières de la ville ce sont pas les lumières d'un éclairage

00:08:01public non ce sont plutôt les lumières de la publicité d'une publicité bien particulière

00:08:05puisqu'il s'agit à l'intérieur de la diégèse du film d'une publicité pour une petite amie

00:08:10virtuelle qui va être celle du personnage interprété par Ryan Gosling tout au long du

00:08:16film et qui va lui être arraché jusqu'à ce que Ryan Gosling retombe sur cette publicité qui a

00:08:21les mêmes traits que sa petite amie virtuelle qu'il recroise voilà sous la forme d'une

00:08:28publicité donc déjà ça nous renseigne sur la nature évidemment des relations humaines sur la

00:08:34nature de ces villes donc comme je le disais qui sont éclairées non pas par la collectivité mais

00:08:40bien par les corporations les entreprises elles-mêmes et aussi sur une ville qui serait

00:08:45davantage faite par et pour les hommes pour des hommes solitaires des figures comme ça de Blade

00:08:51Runner puisque ce terme est peut-être devenu sous forme une sorte d'anthonomase et il me

00:08:59semble que le cet espace éclairé par des néons voilà est particulièrement inhospitalier pour

00:09:08cette figure là puisque comme on le voit là encore une fois dans le plan et dans l'échelle des plans

00:09:12qui se joue là l'homme l'être humain se retrouve tout petit par rapport à cette immense figure de

00:09:18femme qui n'est pas qu'une figure de l'amour perdu mais qui est aussi une figure d'une forme

00:09:22d'écrasement à un moment de la diégèse où tout va peut-être mal se finir finalement et cette idée

00:09:30d'une ville éclairée de toute part et qui est de nature à dévorer celles et ceux qui y flânent un

00:09:36peu trop imprudemment finalement elle peut remonter à un autre moment de l'histoire du cinéma on peut

00:09:41la faire remonter justement à un moment duquel émergent les lumières de la ville de Charlie

00:09:45Chaplin à un moment qui est la réflexion dans le 1er 20e siècle sur ce qu'est la vie moderne et

00:09:51ses dangers et potentiellement ses vices et je vous propose qu'on mette l'extrait qu'on vient

00:09:55de voir en regard avec un deuxième extrait

00:11:15alors peut-être que la ville de métropolis de frisland qui a un film de 1927 n'est évidemment

00:11:35pas une ville cyberpunk quoique peut-être que c'est quelque chose qui pourrait être hargué

00:11:39mais ce qui m'intéresse beaucoup dans cette séquence c'est la disproportion qu'on retrouve

00:11:45entre le corps humain le corps du scientifique qui va être au coeur de du récit dans dans

00:11:51métropolis et cette créature mi machinique mi saturnienne quelque part puisqu'elle dévore ses

00:11:59propres enfants qui est Moloch qui est cette usine dans laquelle travaillent les robots les humains

00:12:05robots de la ville de métropolis mais il n'en demeure pas moins que dans la suite de la séquence

00:12:10la ville est représentée comme une utopie ou peut-être une dystopie scientifique au sein de

00:12:18laquelle la figure humaine devient finalement quantité négligeable toute petite qui se retrouve

00:12:24peut-être au volant d'un de ces avions qu'on voit circuler dans le ciel à la manière voilà de

00:12:28voitures volantes dans l'espace de la ville cyberpunk mais il n'en demeure pas moins que

00:12:32cette ville elle est complètement disproportionnée pour celles et ceux qui l'habitent et c'est ce que

00:12:41fait fritz lang dans métropolis c'est de prolonger une idée une idée assez ancienne une idée qui

00:12:45finalement issue du 19e siècle qui découle du moment où les masses laborieuses quittent les

00:12:51campagnes pour aller travailler en ville à les peupler les villes et travailler justement dans

00:12:56des usines qui deviennent cette créature monstrueuse à l'intérieur de métropolis et où la ville va

00:13:03acquérir petit à petit cette réputation sulfureuse voilà de lieu de tous les vices de lieu où

00:13:07finalement on peut se perdre non pas seulement uniquement sur le plan géographique mais aussi

00:13:13sur le plan pourquoi pas psychique et moral et c'est cet espace donc de la ville moderne avec

00:13:21aussi cette son électricité donc c'est ces éclairages omniprésents qui finalement deviennent

00:13:27devient une métaphore pour tout ce qui va concerner l'éblouissement l'hypnose le fantasme etc et c'est

00:13:34d'ailleurs un sport dans l'angoisse de l'ingénieur un texte qui appelle l'angoisse de l'ingénieur qui

00:13:38va identifier qui va dire que finalement dans les années 30 le roman gothique où les châteaux

00:13:43hantés ça ne fait plus peur ce qui fait peur c'est l'éclairage électrique c'est la froide lumière ou

00:13:49en tout cas la lumière partielle et partielle que jettent les éclairages publics sur l'espace

00:13:54urbain en en révélant que des parties et en dissimulant peut-être les dangers donc il semblerait

00:14:01que la ville cyberpunk réactive quelque chose de l'ordre de des angoisses modernes des inquiétudes

00:14:07modernes mais cette fois ci sur le plan post moderne dans des dimensions qui sont beaucoup

00:14:12plus importantes et beaucoup plus inquiétantes et il va falloir se demander qu'est ce qui qu'est

00:14:16ce qui a changé en fait entre le premier et le second 20e siècle qu'est ce qui fait que

00:14:20soudain cette ville elle ne grandit plus seulement sur le sur un plan positiviste c'est à dire

00:14:27conformément aux avancées vos désirs scientiste d'une époque mais sur un plan qui est de plus en

00:14:32plus anarchique et de plus en plus inquiétant et pourquoi pas de plus en plus dangereux et

00:14:37pour ça je crois qu'il faut se rappeler que la meilleure manière peut-être de regarder ces villes

00:14:45c'est peut-être sous une forme de maquette je vais sous forme de maquette donc je vous présente

00:14:57trois trois documents un qui est une planche donc de ghost in the shell la planche numéro 240 qui

00:15:05montre voilà la minutie avec laquelle il s'agit de représenter ces rues aveugles de la ville de

00:15:12tokyo ou en tout cas d'une ville inspirée de tokyo mais le travail de maquettiste qui a été

00:15:17nécessaire pour le plan d'ouverture de blade runner de 1982 comme vous le voyez là aussi

00:15:22extrêmement minutieux et toujours la même minutie dans les coups de pinceau qui s'est agi de tracer

00:15:28voilà sur les planches là encore de akira un film de 1988 un film d'animation de 1988 de

00:15:38katsuhiro otomo et dans tous dans ces cas-ci vous voyez que l'infiniment petit est là pour

00:15:45prendre en charge en fait cette nature monstrueuse et pourquoi pas métastable du sens au sens de

00:15:50métastase de la ville qui se met à grandir non plus suivant les longues avenues extrêmement

00:15:56ordonnées de la cité haussmannienne mais suivant une un agrandissement presque organique comme si

00:16:03on devait regarder au microscope un organisme en train de se développer de manière anarchique à

00:16:08la manière voilà de la division cellulaire c'est pour ça que je parlais de d'espace métastable et

00:16:13dans cette ville donc errer devient d'autant plus dangereux déjà rien que sur le plan géographique

00:16:19c'est le premier point mais aussi encore une fois sur le plan peut-être moral et ou psychique puisque

00:16:28comme vous le savez le la ville moderne c'est le site privilégié du poète aussi du poète romantique

00:16:35du poète qui est dans une démarche de protestation esthétique contre la modernité qui en fait déplore

00:16:43en même temps qu'il est fasciné l'accélération l'intensité de la vie qui se déploie autour de

00:16:50lui c'est Baudelaire par exemple quand il voit passer quand tout autour de lui enfin tout autour

00:16:55de lui la ville hurler quand il voit passer dans un éclair une femme un éclair qui est évidemment

00:17:02proche de la question de l'électricité de ces éclairages qui aveuglent les yeux du poète

00:17:06moderne et bien dans la ville cyberpunk finalement est-ce qu'il y aurait on pourrait se demander

00:17:12s'il n'y aurait pas la place pour un une forme de retour d'une forme de romantisme d'un personnage

00:17:18romantique qui serait là au coeur de cette ville et qui serait sans cesse dans une espèce de lutte

00:17:23à mort avec celle-ci pour à nouveau ne pas s'y perdre à nouveau conserver une forme de poéticité

00:17:32ou en tout cas de capacité à être un individu dans cette ville métastatique qui ne demande

00:17:37qu'à l'aspirer l'absorber et c'est dans un livre qui a été l'un des premiers qui s'appelle storming

00:17:45the reality studio puisque c'est le nom du collectif qui a constitué ce livre en 92 un

00:17:51des premiers à théoriser à essayer de théoriser tout cet ensemble de nouvelles d'esthétiques autour

00:17:56du cyberpunk il y a un des articles qui revient sur la possibilité d'un romantisme propre au

00:18:05cyberpunk qu'il que l'auteur istván je vais sans doute mal le prononcer césairie roné junior

00:18:11nomme cyberpunk and neuro romanticism et bien il postule l'idée qu'il y aurait une nouvelle

00:18:19figure romantique qui serait à même d'apparaître dans cet espace cyberpunk qui ne saurait et qui

00:18:25qui serait vous avez reconnu émaner plus ou moins du livre de william gibson qui est un livre qui

00:18:33s'intitule neuromanceurs en anglais ou neuromanciens en français mais en tout cas cette idée de

00:18:39neuromanciens neuromanceurs désigne l'activité de surfer le cyberespace de se déplacer dans

00:18:44le cyberespace librement ce que le corps ne peut pas faire dans la ville et les meilleurs les

00:18:49meilleurs surfeurs du cyberespace seraient en quelque sorte des virtuoses et c'est là qu'on

00:18:54retrouve une relation directe avec cette idée de geste artistique qui serait celui du poète

00:19:00qui serait qui serait ce peintre de la vie moderne pour reprendre un autre thème cher à baudelaire

00:19:05et cher à toute cette production littéraire et esthétique liée à la ville moderne c'est le peintre

00:19:11de la vie moderne c'est typiquement celui qui arrive avec quelques coups de traits de d'aquarelle

00:19:15ou de mine à représenter une scène fugace justement une certaine intensité de cette

00:19:23ville moderne et bien dans le cadre de la vie cyberpunk cette figure évidemment est obligée

00:19:27de s'adapter cette figure change un petit peu et on a affaire à quelqu'un qui va aller chercher

00:19:32plutôt du côté du roman noir du polar quelqu'un qui est capable qui n'a pas peur de prendre des

00:19:37coups qui n'a pas peur de déborder un petit peu et de dépasser les règles c'est pour ça que je

00:19:43vous ai mis un personnage d'un film de mamoroshi portant ce magnifique trench qui finalement en

00:19:49fait réussit à se hisser au dessus des enjeux et de la tourbe de cette ville finalement qui le

00:19:55ronge d'une certaine manière tout en y perdant quand même une part de son de son intégrité

00:20:00mais tout de même qui arrive à composer avec cette ville et avec laquelle il fonctionne en

00:20:04miroir et c'est pour ça qu'il y a eu selon moi une espèce de fusion qui s'est faite au cours des

00:20:11années 80 entre la ville du film noir la ville cyberpunk et au coeur de celle ci le personnage

00:20:18du détective du détective au grand coeur du détective poète qui était qui est finalement

00:20:24un reflet de cet homme qui est complètement coupé en deux par la modernité coupé en deux par par ce

00:20:30à quoi il assiste dans l'espace urbain et d'ailleurs ce n'est pas qu'une question de

00:20:37littérature ce n'est pas qu'une question d'esthétique puisque ce nom de cyberpunk ce

00:20:42que cyberpunk parvenait à nommer du côté de la production littéraire et de la production

00:20:46cinématographique esthétique c'est quelque chose qui s'est petit à petit déplacé du côté des

00:20:50nouvelles méthodes qu'il était nécessaire d'employer pour apprécier la ville qui émergeait qui n'était

00:20:57plus la ville moderne et qui était donc bel et bien la ville post moderne donc je vous propose

00:21:00qu'on se déplace un tout petit peu vers un autre champ qui n'est autre que la géographie

00:21:04avec deux livres que je cite à titre d'exemple mais il y en a sans doute beaucoup d'autres le

00:21:14premier c'est city of quartz qui est un livre de 1990 qui est paru aux états unis donc sous

00:21:22la plume d'un géographe qui s'appelle mike davis et qui se propose d'excaver c'est le sous-titre

00:21:28excavating the futures in los angeles donc l'idée que on pourrait à partir de l'existant excaver

00:21:34les futurs l'avenir le développement au 21e siècle dans le 21e siècle approchant de la

00:21:41ville de los angeles et évidemment dans ce livre blade runner est abondamment cité et en fait les

00:21:47hypothèses cyberpunk les hypothèses urbanistique cyberpunk on pourrait dire servent comme ça de

00:21:52moteur théorique pour pour ce géographe un autre géographe français qui écrit en donc 2005 un

00:22:02texte qui parait aux presses universitaires de france qui s'appelle de new york à coruscant

00:22:06donc coruscant étant le nom de la ville monde de la ville planète à l'intérieur de l'univers

00:22:12star wars et qui lors de sa première apparition donc dans la prélogie celle qui sort donc entre

00:22:17les années 90 et les années 2000 et bien coruscant prend véritablement les traits de

00:22:23d'une ville cyberpunk c'est véritablement l'incursion du genre cyberpunk ou en tout cas

00:22:28l'absorption du genre cyberpunk par l'univers de star wars qui n'était pas nécessairement présent

00:22:33auparavant et pour cause puisque les trois premiers films évidemment sortent avant que

00:22:38véritablement on se retrouve au coeur de cette affaire là et donc ce géographe albert musée

00:22:45trouve dans coruscant une manière de penser les futurs possibles de new york de considérer

00:22:54que new york pourrait voilà au terme de son expansion finalement avoir partagé des traits

00:23:01communs avec coruscant alors évidemment ce sont dans les deux cas des textes qui sont de la

00:23:05géographie spéculative ou en tout cas de un peu comme ce qu'on pourrait faire en histoire de

00:23:09l'histoire contre factuelle évidemment mais je trouve qu'il est intéressant de constater que

00:23:13il y à faire le cyberpunk au delà du cinéma au delà de l'esthétique fini par nourrir devenir

00:23:20le nom d'un contexte d'un concept de sciences humaines qui permet de penser ce qui est en train

00:23:26d'arriver dans ce basculement vers le troisième millénaire aux villes et là je vous ai parlé

00:23:35donc de deux villes états-uniennes mais il faut aussi noter que vous l'avez sans doute noté dans

00:23:41différents films ou oeuvres que vous avez l'habitude que vous avez déjà rencontré que la ville

00:23:47cyberpunk elle est toujours aussi elle regarde toujours aussi du côté de mégapoles asiatiques

00:23:53de et souvent de mégapoles de la façade océanique asiatique dans même dans les dans dans le dans les

00:24:00différents exemples puisés sur reddit que je vous ai montré c'était le cas par exemple chonky

00:24:04et même dans l'univers qui est celui de blade runner vous avez cette apparition de ci de là

00:24:11d'espaces typiques des mégapoles asiatiques parfois même des caractères comme des idéogrammes que

00:24:18vous pouvez voir là ça ça est issu de blade runner 2049 et ainsi que des espèces de marché couvert

00:24:26où des personnages voilà qui se trouvent censément à los angeles mais qui ne parlent pas anglais qui

00:24:33parlent une langue qui vient davantage d'asie alors ça on pourrait l'expliquer simplement par

00:24:39une voilà une une poursuite de la mondialisation transpacifique très simplement mais ce qui mais

00:24:49cette cette comment dire cette idée là elle a fait son chemin également dans les années 90 sous

00:24:56la plume de chercheurs et chercheuses nippo états-unien notamment autour de ce contexte de

00:25:02techno orientalisme l'idée que finalement le concept d'orientalisme qui a été finalement formulé par

00:25:13edouard saïd pour désigner cet orient qui habitait l'esprit des là encore des poètes des auteurs des

00:25:20peintres du 19e siècle qui était véritablement fasciné par l'opulence et la débauche d'or et de

00:25:28bijoux qui pouvait être celle de l'orient et qui le voilà s'en emparer dans leur tableau dans leur

00:25:34texte dans leur poème et bien l'idée que peut-être peut-être cette nouvelle opulence ce serait celle

00:25:40des néons ce serait celle des couleurs qui qui traverse la ville ce serait celle de cette nouvelle

00:25:45intensité que les auteurs et autrices surtout les auteurs de science-fiction iraient puiser du

00:25:51côté de ces mégapoles asiatiques réels ou imaginaires mais tel qu'elles étaient en train de

00:25:55se développer au tournant des années 80 et 90 tel que hong kong singapour tokyo et ainsi de suite et

00:26:04ça d'ailleurs c'est très visible dans aussi un moment de rencontre qui se fait au niveau du

00:26:08cinéma avec le cinéma asiatique et plus particulièrement le cinéma taïwanais et ou

00:26:16hongkongais par exemple quelques exemples rebels of the neon god de timing yang qui sort en 95 et

00:26:23dont toutes les pratiques sociales baignent voilà dans l'omniprésence d'écrans de supports lumineux

00:26:30et de quelques d'ensemble d'équipements et d'aménités qui paraissent complètement ultra

00:26:36modernes en fait de l'autre côté du pacifique ou bien pour n'en citer que quelques-uns fallen

00:26:44angels de wong kar-wai par exemple qui cette histoire de tueurs à gages amoureux mais qui

00:26:51pareil est toujours filmé avec cette espèce de de larges de plans larges comme ça qui déforme les

00:26:59visages en même temps que ça déforme l'espace urbain et évidemment un cinéaste que dont vous

00:27:06allez peut-être rester pour voir le film tout à l'heure il s'agit de shinya tsukamoto dont les

00:27:12films ont et plus précisément sur le rapport au corps ont largement inspiré là aussi toute une

00:27:18esthétique cyberpunk qui s'est développé chemin faisant et donc on peut pas nier qu'il ya une

00:27:24une porosité entre les villes une un mélange qui va se faire entre ces imaginaires et qui va se

00:27:32faire par emprunts mutations je dirais si je devais retenir quelques quelques éléments enfin emprunts

00:27:38mutations et et finalement disparition des bordures que ce soit celle du corps de l'esprit mais aussi

00:27:46de la ville et ça à la fin cela donne la ville par exemple tel qu'on peut la voir dans une séquence

00:27:56extrêmement fameuse de de ghost in the shell que je voudrais vous montrer

00:28:26par exemple

00:28:56c'est la plus fraîche dans la ville à la baisse des coûts c'est un bargain à deux fois le prix

00:29:26oui

00:29:56non

00:30:26non

00:30:56non

00:31:26Chut...

00:31:42Awww ! Out of ammo ?

00:32:26C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:29Parle !

00:32:33Et qu'est-ce que tu vas parler de ? Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:32:37C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:39C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:41C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:43C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:45C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:47C'est pas la peine de m'arrester, je ne parle pas à des putains de policiers !

00:32:49Parle !

00:32:53Et qu'est-ce que tu vas parler de ? Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:32:55Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:32:57Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:32:59Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:01Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:03Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:05Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:07Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:09Tu n'as même pas l'air d'être d'accord avec ça !

00:33:18Les humains hackés par les fantômes sont si pathétiques, c'est une honte.

00:33:21Et ce pauvre bâtard a été hacké assez mal.

00:33:47C'est incroyable où vous avez le fugitif en train de courir dans la rue

00:33:50tandis que se reflètent les bâtiments, y compris sous ses pieds,

00:33:53et où finalement les limites de la ville se brouillent jusqu'à leur paroxysme

00:33:59au moment du combat final, lorsque finalement le ghost,

00:34:04le personnage de l'humain augmenté, devient partie de la ville elle-même.

00:34:12C'est-à-dire qu'elle devient elle-même une de ces métastases de la ville

00:34:15puisqu'elle déforme légèrement, à la manière d'une lentille,

00:34:18le paysage qui se trouve autour d'elle pour mieux s'en prendre à lui

00:34:22et pour finalement détruire littéralement son corps en brisant ses os.

00:34:26Mais aussi, et ultimement c'est pour ça que j'ai laissé la séquence jusqu'au bout,

00:34:30mais aussi son esprit, puisque même son esprit de ce fugitif-là ne lui appartient plus.

00:34:35Il a été hacké assez mal, donc il a été piraté jusque dans son esprit lui-même.

00:34:40Comme si tout au long de cette séquence, et il me semble que c'est pour ça

00:34:43qu'elle s'achève dans ce moment d'apothéose sur les toits avec les buildings à l'arrière,

00:34:48c'est pour ça qu'elle s'achève de cette manière-là.

00:34:51C'est-à-dire avec l'esprit qui a fini par devenir cette eau

00:34:55qui ne reflète plus que la ville elle-même.

00:34:58Ce qui nous amène vers notre deuxième partie,

00:35:04que j'ai intitulée en hommage à un film que vous connaissez toutes et tous,

00:35:09qui est Matrix des Sœurs Wachowski,

00:35:12qui est devenu l'emblème absolu de cette idée que l'esprit finalement

00:35:18est un prolongement non seulement du corps, mais surtout de la machine,

00:35:23et que lui aussi peut être hacké.

00:35:25Et ça, c'est peut-être le deuxième pendant de cette affaire-là du cyberpunk.

00:35:30C'est peut-être à ça qu'on reconnaît le mieux,

00:35:32outre la ville, outre l'espace, outre le paysage,

00:35:35ce moment cyberpunk dans lequel on peut se trouver.

00:35:39Il y a invariablement dans cette esthétique-là une frontière de l'humain

00:35:46qui est franchie, qui est celle de l'esprit,

00:35:48et qui finalement est corrélée étroitement avec cette ville métastatique

00:35:54dont je parlais tout à l'heure, puisque là encore finalement

00:35:57plus rien n'échappe en quelque sorte à la main du marché.

00:36:03C'est quelque chose qu'on peut très bien expérimenter,

00:36:06par exemple dans un jeu de rôle qui s'appelle Cyberpunk 2020,

00:36:14qui est un jeu de 88, et qui a donné lieu par la suite

00:36:18à une adaptation en monde ouvert jouable sur ordinateur

00:36:22qui s'appelle Cyberpunk 2077, et dont je vous ai mis un extrait du manuel,

00:36:28puisque vous avez ce personnage qui est extrêmement important,

00:36:31qui est finalement en miroir du personnage du mage

00:36:34dans un jeu de rôle plus heroic fantasy, qui est le net runner,

00:36:37et qui est celui qui finalement est capable de projeter son esprit

00:36:40plus loin que son corps, à ses risques et périls,

00:36:43puisqu'en fait, du net running en quelque sorte,

00:36:46ou de la neuromancie si on reprend le terme inventé par William Gibson,

00:36:51est fait également un marché, et c'est quelque chose

00:36:54qui est particulièrement visible dans un autre film de Mamoru Hoshi

00:36:58qui s'intitule Avalon, et qui est un film de 2001,

00:37:01et qui a la particularité, je vous le dis, et on reviendra là-dessus juste après,

00:37:05d'être un film nippo-polonais, qui est fait en collaboration étroite

00:37:10entre ces deux pays, et je vous montre tout de suite un extrait.

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