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Le revue mythique, qui a accueilli les plumes de Godard, Truffaut ou Chabrol, se relance, cinq ans après avoir frôlé le dépôt de bilan, rappelle Julie Lethiphu, la directrice générale des "Cahiers du cinéma".

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Transcription
00:00Et votre invitée média Céline Baïd-Arcourt dirige une revue mythique du 7e art.
00:04Les cahiers du cinéma franchissent une nouvelle étape en ouvrant leurs 70 ans d'archives.
00:09Bonjour Julie Letiffu.
00:10Bonjour Céline Baïd-Arcourt.
00:11Merci d'être avec nous.
00:13Les cahiers du cinéma sont effectivement une référence en matière de critique cinématographique.
00:17C'est donc un événement d'avoir enfin à disposition ces 820 numéros qui représentent 75 000 pages, toutes numérisées.
00:26Pourquoi avez-vous lancé cet ambitieux projet ?
00:28Alors pourquoi ? Pour rendre enfin accessible ce patrimoine, cette mémoire intellectuelle et patrimoniale exceptionnelle en France mais aussi dans le monde
00:36puisque je pense que les cahiers du cinéma sont la revue la plus connue dans le monde entier.
00:43Et donc voilà c'est aussi un projet qui s'inscrit dans le cadre de la relance aussi de l'entreprise des cahiers
00:49puisqu'en fait il y a cinq ans quand nous sommes arrivés l'entreprise était très endettée, elle était au bord du dépôt de bilan
00:55et donc il a fallu à la fois rationaliser les dépenses, se mettre la main un peu dans le cambouis
01:02mais aussi lancer un certain nombre de projets très importants et qui ont porté leurs fruits aujourd'hui.
01:07Je suis très très fière de dire que la revue est enfin à l'équilibre et ce n'est pas arrivé depuis des dizaines d'années.
01:13Nous ne perdons plus d'argent.
01:14Vous n'en gagnez pas non plus ?
01:16Alors on n'en gagne pas non plus évidemment et j'espère qu'on en gagnera bientôt mais déjà on revient de très loin
01:22et c'est quand même une grande satisfaction pour nous de pouvoir dire ça aujourd'hui sur votre plateau.
01:27Là avec cette numérisation vous espérez élargir votre public ?
01:30Oui oui tout à fait, on espère vraiment élargir notre lectorat et de le rendre...
01:34En fait aujourd'hui les archives vont être accessibles depuis nos sites internet
01:38à partir d'une liseuse dotée d'un moteur de recherche très très élaboré
01:42et on espère par là en donnant accès aux archives sur un smartphone ou sur un ordinateur
01:48notamment aux jeunes générations et aussi à un public plus international.
01:53C'était compliqué de remettre la main sur toutes ces archives, sur ces 70 ans d'archives, vous aviez tous les numéros ?
01:5974 ans très exactement.
02:01Encore mieux.
02:01Alors oui c'était compliqué.
02:03Oui c'était compliqué, je ne vais pas vous cacher qu'il manquait.
02:08Ah oui il y avait des numéros introuvables ?
02:09Il y avait des numéros introuvables et aujourd'hui je tiens à le redire,
02:13c'est qu'en fait toutes ces archives ne sont pas trouvables partout,
02:16elles sont trouvables dans très très peu de lieux en France, dans très peu de bibliothèques.
02:20Il faut être parisien pour avoir cette chance là.
02:23Et nous notre lectorat n'est pas que parisien et fort heureusement.
02:26Et donc oui c'était extrêmement compliqué et voilà il a fallu un travail d'équipe monumental.
02:34Et on est une équipe de moins de 10 personnes qui travaillons d'arrache-pied depuis 5 ans
02:38pour justement développer nos titres.
02:42Et voilà il a fallu aussi s'entourer d'un partenaire évidemment.
02:45Alors on va en parler mais juste une dernière question sur la manière dont vous avez dû dénicher certains numéros.
02:50Est-ce que vous avez dû en racheter à des particuliers qui avaient des numéros collecteurs ?
02:53Je peux en citer trois qu'on a dû racheter oui.
02:56Oui c'est vrai.
02:57Cher ?
02:58Non.
02:59Fort heureusement.
03:00Bon.
03:01Alors parlons justement de votre partenaire puisque cette numérisation elle a été rendue possible
03:05grâce à une filiale de Google Art et Culture.
03:09Comment ça s'est passé ?
03:10Pourquoi vous avez eu besoin d'eux ?
03:11Vous n'auriez pas pu faire tout ce travail sans eux ?
03:13Alors non non numériser 75 000 pages alors que nous sommes une équipe de 8 personnes
03:19dont 4 à mi-temps c'était quand même concrètement c'est l'histoire d'une vie.
03:23Donc du coup on n'avait pas ce temps-là devant nous.
03:26Après le partenariat avec Google Art et Culture qui n'est pas Google, je tiens à le préciser
03:31parce que je vois certains commentaires qui pensent que ça y est on est vendus aux grands méchants.
03:37Non c'est pas du tout ça.
03:38En fait Google Art et Culture c'est vraiment un laboratoire qui soutient 3000 institutions
03:43culturelles dans le monde dans 80 pays et leur mission c'est vraiment de préserver
03:47le patrimoine culturel mondial.
03:49Donc en fait on était vraiment sur les mêmes objectifs et c'est vraiment le fruit
03:54d'une rencontre avec leurs équipes et donc on a à la fois numérisé ces 75 000 pages
04:03donc 820 numéros et une cinquantaine de hors-série dans un centre de numérisation
04:08à Munich et aussi ils nous ont permis grâce à l'intelligence artificielle de créer
04:13des résumés de chaque numéro pour faciliter l'exploration et la découverte par les lecteurs.
04:20C'est comme des quatrièmes de couvres de livres en fait.
04:22Mais à qui appartiennent aujourd'hui alors les archives ? Est-ce au Cahier du cinéma ou à Google ?
04:27Merci de poser cette question.
04:29En fait aujourd'hui les archives restent la pleine et entière propriété des cahiers
04:33il n'y a absolument aucun sujet sur ce point.
04:36Alors vous disiez vouloir cédir un nouveau public.
04:38Allez-vous pour cela revoir votre ligne éditoriale qui est très exigeante, très pointue
04:42et qui exclut de fait une grande partie de la population qui pourtant aime le cinéma ?
04:47Alors on ne va absolument pas revoir notre ligne éditoriale.
04:50Je pense que ce qui fait la spécificité des Cahiers aujourd'hui c'est justement
04:53qu'elle n'a pas changé.
04:55Elle a à la fois énormément changé parce qu'elle a épousé évidemment des grands mouvements.
04:59Elle a énormément évolué.
05:00Elle s'est toujours adaptée à son époque.
05:03En fait il faut quand même comprendre que la beauté de cette revue aussi c'est que c'est un organisme vivant
05:07qui a toujours été à l'image de l'époque dans laquelle elle s'est conçue
05:13et qui a aussi l'empreinte des personnalités qui ont été à sa tête.
05:18Ce qui ne change pas c'est l'exigence en fait.
05:20Ce qui ne change pas c'est l'exigence parce que c'est aussi pour ça.
05:23C'est le contrat qu'on a avec nos lecteurs.
05:24On ne peut pas les décevoir.
05:25Par contre ce qu'on a fait et ce qu'on a fait sur notamment la plateforme de Google Arts et Culture
05:30c'est qu'ils nous ont permis d'avoir une page à nous.
05:33C'est-à-dire comme si on avait une vitrine, un petit musée des Cahiers
05:36pour nous permettre de faire la première exposition digitale des Cahiers en ligne
05:42et qui permet de découvrir l'histoire des Cahiers à travers cette décennie
05:47et à travers notamment leur couverture emblématique.
05:49C'est extrêmement bien fait.
05:50Je suis ravie que vous ayez pu le découvrir.
05:53Et aussi on a créé nous l'équipe des Cahiers une trentaine de petites histoires
05:58qui sont autant de portes d'entrée dans l'histoire de la revue
06:01et qui permettent justement à un public qui est peut-être moins cinéphile
06:04et plus éloigné du cinéma de découvrir les Cahiers autrement.
06:09Les Cahiers du cinéma ont eu des périodes très politisées,
06:12maoïstes, gauche radicale.
06:14Comment vous vous positionnez aujourd'hui ?
06:16Aujourd'hui, ce n'est pas une revue qui a une dimension politique forte.
06:21En fait, elle épouse en tout cas les sujets du moment
06:23et elle n'est absolument pas hermétique au mouvement que traverse la société.
06:29Bien au contraire, la rédaction est extrêmement connectée à ça
06:34et le cinéma de toute façon en est un miroir.
06:36Donc en fait, à partir du moment où on critique les filles,
06:38où on les analyse, on parle du monde.
06:41Et on est engagé.
06:42Et c'est une revue qui reste engagée.
06:44Merci beaucoup d'être venue sur France Info, Julie Letiffus.
06:47Directrice générale des Cahiers du cinéma.
06:50Merci à toutes les deux.

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