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  • 11/06/2025
Avec Eve Vaguerlant (enseignante, auteure de “Un prof ne devrait pas dire ça”) et Gabriel Lattanzio, professeur agrégé à Paris 1

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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-06-11##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Jean-François Aquili.
00:04Que faut-il faire, Mélanie, surveillante, tuée par un collégien, hier, un collégien de 14 ans,
00:12à Nogent, près de Chaumont, en Haute-Marne, localité de 3500 habitants.
00:18Nous ne sommes pas dans les grands ensembles, nous ne sommes pas dans les zones, vous savez,
00:22qui échappent au contrôle de l'État, la réponse est-elle sécuritaire face à la multiplication,
00:31pardonnez-moi de le dire ainsi, des couteaux, cette montée de violence des jeunes,
00:35que peuvent faire les enseignants et les personnels de l'éducation nationale
00:40face à ce phénomène de société qui va grandissant ?
00:45Je reçois mes deux invités, bonjour à vous, Ève Vagarlan, et bienvenue, vous êtes enseignante,
00:50vous avez notamment écrit, un prof ne devrait pas dire ça, aux éditions L'Artilleur,
00:54et vous avez toute une réflexion, effectivement, sur ce qui se passe dans le milieu scolaire.
00:59Avec nous également, soyez le bienvenu, Gabriel Latendio, bonjour à vous,
01:03professeur agrégé à Paris-1-Sorbonne, vous avez été, alors aidez-moi à le dire mieux que moi,
01:08un témoin de victime de violence en milieu scolaire, et vous avez enseigné au LILA.
01:13Oui, voilà, je passais la moitié de ma carrière dans le secondaire,
01:15aujourd'hui l'autre moitié dans le supérieur, et quand j'étais dans le secondaire,
01:18je servais un public lilasien, et la communauté que je servais,
01:21en fait, a été touchée par trois morts d'enfants, donc en 2018, 19, 21,
01:26moi j'ai alerté, voilà, c'est surtout ça, moi je porte ce message-là.
01:30Alors, les enseignants, les personnels de l'éducation sont en première ligne
01:34face à cette violence des jeunes, vous savez, on dit souvent,
01:37que fait l'école, ah, qu'est-ce qu'ils font les profs, ils ne réagissent pas, etc.
01:42Dans des établissements scolaires qui devraient être quand même,
01:44aujourd'hui, il faut le dire, Ève Vaguerlant, des sanctuaires.
01:48L'école devrait être, quand je dis l'école, ça va de la petite école jusqu'au lycée,
01:52des sanctuaires, on devrait pousser la porte de l'école,
01:55poser son cartable, être en sécurité, parler d'autre chose.
01:58Bien sûr, mais alors maintenant, on en est quand même très très loin du sanctuaire,
02:02on a eu, on voit, c'est terrifiant pour nous, les acteurs du système éducatif,
02:06parce qu'on voit tout le monde être touché,
02:08on avait eu des professeurs tués, des CPE menacés de mort,
02:13le proviseur du lycée Ravel, qui avait été menacé de mort l'année dernière aussi,
02:18tout le monde est visé, et là, c'est une surveillante, cette fois, qui meurt.
02:22C'est terrifiant, ces derniers temps, je m'étais un peu résignée à me dire
02:27que probablement, je n'arriverais pas à terminer ma carrière
02:29sans être frappée, giflée par un élève.
02:31J'y pensais à ça.
02:32Bien sûr, j'y pense, et maintenant, j'en viens à me dire
02:35que peut-être ça ne se terminera pas sans avoir été au moins menacé d'un couteau,
02:40tant le fléau se répand, donc je pense qu'on est...
02:44Et c'est consternant pour notre métier qu'il y a déjà du mal à recruter,
02:47et chaque actualité de ce type envoie des signaux désastreux,
02:50évidemment, pour la profession.
02:51Gabriel Atonzio, les professeurs, les encadrants,
02:55il n'y a pas que les enseignants, il y a le personnel en général de l'éducation nationale,
02:58est-ce qu'ils vivent aujourd'hui dans une forme de crainte au quotidien ?
03:04Je crois, enfin, il y a un phénomène de, pardonnez-moi,
03:07de violence adolescente qui est évident,
03:09qui se porte sur les enfants et qui peut se porter sur les adultes aussi.
03:12Je pense qu'il y a les deux.
03:13J'ai le souvenir qu'à chaque année,
03:16on avait un collègue qui a pu être plaqué contre un mur, bousculé, etc.
03:20Moi-même, j'ai été la cible de menace de mort à deux reprises,
03:22et la deuxième fois, c'est pour ça que j'ai quitté finalement mon poste.
03:25Parce que cette violence, elle a toujours, pardon les mois de vous couper,
03:26elle a toujours existé en réalité.
03:28Vous savez quoi ? J'ai un souvenir.
03:29J'ai été étudiant, j'étais pion.
03:31Il y a très longtemps de ça, il y avait de la violence.
03:34Il fallait intervenir physiquement, parfois dans les classes.
03:36C'était une zone un peu compliquée.
03:39Ça a toujours existé.
03:40Mais qu'est-ce qui a changé ?
03:41Ces dernières années, rien n'est inventé.
03:42Mais c'est une question de gradation, de gravité des actes,
03:45de l'âge auquel ces choses-là.
03:46Voilà, c'est ça.
03:47Que des personnes se frappent, bien sûr.
03:49Qu'un enfant de 14 ans porte une lame et s'en serve, c'est autre chose.
03:52Qu'il y ait du harcèlement, qu'il y ait des injures, etc.
03:56Bien sûr, ça c'est une espèce de permanence, on peut le regretter.
04:00Partie du problème, je crois, vous savez,
04:02c'est qu'il y a un peu des petits renoncements qu'on fait comme cela.
04:04Moi, quelque chose que j'ai découvert, je suis venu au métier,
04:06quand j'arrive au Lila, j'ai été surpris des renoncements du quotidien.
04:09C'est un pont Saint-Denis pour nos auditeurs, c'est la banlieue US de Paris.
04:12Voilà, et une ville où, par ailleurs, il y a toutes les classes sociales.
04:15C'est une ville qui est très, très, très mixte de ce point de vue-là.
04:17Et, en fait, moi, j'ai été assez surpris que dans les couloirs, par exemple,
04:20on est incapable de polisser, par exemple, une injure homophobe, etc.
04:23Parce qu'il y en a tellement que c'est un peu tout le temps.
04:25Donc, bon, ces choses-là, pourquoi on en est là ?
04:28Je pense que c'est aussi l'état de l'école et ce qu'on a choisi d'en faire.
04:30Si vous regardez la dépense en France par élève,
04:33si on retire ce qu'on dépense sur, par exemple,
04:34les cotisations de retraite des enseignants, etc.,
04:36en fait, on dépense tout de même moins pour nos jeunes.
04:38Ce n'est pas que ça, ce n'est pas qu'une question de facture.
04:40Il y a peut-être des problèmes culturels, il y a plein, plein de choses,
04:42je suis d'accord avec ça, mais il y a aussi, qu'est-ce qu'on fait de notre école ?
04:44Ève Vaguerlant, je voudrais faire avec vous deux
04:46une sorte de revue de ce qui a été
04:48mis sur la table
04:50de façon rapide, si je puis dire.
04:52Je ne sais pas si pour vous, c'est précipité ou pas,
04:54vous allez nous le dire.
04:56Allez, on va commencer pêle-mêle
04:57avec cette annonce qui est confirmée par Matignon
05:00ce matin, la vente des couteaux
05:02aux mineurs interdites
05:04dans les 15 jours, ça vous paraît
05:06être une mesure
05:07on va les égrainer toutes, il y en a plusieurs
05:10qui répondent partiellement
05:12oui, non, à ce qui se produit ?
05:14Comme vous le disiez, on égraîne des mesures.
05:16J'avoue que, oui,
05:18il serait peut-être temps, effectivement, qu'un mineur
05:20ne puisse pas s'acheter une arme blanche
05:22sur Internet. En fait, dans ce genre de situation,
05:24on propose des mesures.
05:26À chaque fois, je pense qu'avec un peu de bon sens,
05:28on se dit comment ça se fait que ça n'existe pas déjà.
05:30En fait, les autres mesures,
05:32on y reviendra, on verra.
05:33Il suffit d'ouvrir le tiroir de la cuisine,
05:36il y a un couteau dedans.
05:37Oui, mais là, maintenant, on a des choses
05:38qui se répandent, des types de couteaux,
05:40des types de machettes,
05:43il y a un couteau, j'ai oublié son nom,
05:46c'est autre chose que le couteau de cuisine.
05:47Franchement, qu'achètent les jeunes ?
05:49Donc, bien sûr qu'il faut interdire
05:50ce type d'art.
05:52Mais là, moi, ce qui me frappe,
05:53c'est qu'en fait, à chaque fois
05:54qu'il y a une actu de ce genre,
05:56on en parle énormément pendant quelques jours,
05:57chaque politique, il va de sa mesure qu'il propose.
06:01Jusqu'au prochain drame ?
06:02Oui, jusqu'au prochain drame.
06:03Ensuite, ça n'est pas forcément mis en place.
06:04Et surtout, en fait, moi, je pense
06:06qu'on a vraiment besoin maintenant
06:07d'une révolution morale, idéologique pour l'école.
06:11Un retour à la transmission,
06:13à la transmission de valeurs.
06:14En fait, des jeunes,
06:16la question, on peut les empêcher
06:17d'acheter des couteaux,
06:18on peut mettre des portiques,
06:19mais la question, c'est pourquoi un jeune,
06:20aujourd'hui, vient à l'école
06:21avec un couteau dans son sac ?
06:23Pourquoi un gamin de 14 ans
06:24tue un adulte
06:26pour une contrariété quelconque ?
06:28En fait...
06:29Quand vous dites retour aux valeurs,
06:30c'est-à-dire qu'elles ne sont plus transmises
06:32par qui ?
06:32Qui ne transmet plus sa valeur ?
06:33Personne.
06:34En fait, ils n'ont plus de cadre.
06:35Alors, nié à la maison,
06:36dans bien des cas,
06:37où on a des familles déstructurées,
06:39où l'autorité parentale
06:41a été remise en question.
06:43Ce qui est symptomatique,
06:44c'est que le collège s'appelle
06:44Françoise Dolto.
06:46C'est tout un symbole.
06:47En fait, Françoise Dolto,
06:49c'est toute cette idéologie
06:50qui nous a dit,
06:51pendant des décennies,
06:52qu'un enfant,
06:52il fallait le laisser libre
06:53et qu'il ne fallait pas le contraindre.
06:55On voit le résultat.
06:56L'école, c'est le règne du laxisme
06:57et de la démagogie.
06:58Et la société, par ailleurs,
07:00elle est complètement dérégulée
07:01pour tout ce qui est de l'accès
07:02au réseau,
07:04à la pornographie,
07:05à tout un tas de formes de violences.
07:07Moi, je rappelle que,
07:08quand même,
07:09depuis des années,
07:11quand vous dites
07:11que le numérique,
07:12ce n'est peut-être pas la panacée
07:13en matière d'éducation,
07:14vous passez pour un réac.
07:15Quand vous dites
07:16que le porno,
07:16c'est mauvais pour les jeunes,
07:17vous passez pour la catho,
07:19rabat-jouet, etc.
07:21L'année dernière,
07:21je disais encore,
07:22en salle des profs,
07:22il y a des couteaux
07:23dans les sacs des élèves.
07:24On me disait que j'exagérais.
07:26Voilà, ce déni,
07:27ce laxisme,
07:28il est très problématique.
07:30Gabriel Lattonio,
07:32là-dessus,
07:33il y a donc les couteaux,
07:35il y a les portiques,
07:36mettre des portiques,
07:37on voit ça aux Etats-Unis.
07:38Oui, donc,
07:38c'est peut-être là
07:39qu'on arrive à un sujet
07:40de discussion tous les deux.
07:41Donc, c'est bien.
07:41Allez-y, réjouissez.
07:42Est-ce que c'est une question technique ?
07:44Vous avez raison de poser la question.
07:45C'est le truc qui est
07:45un petit peu à la mode.
07:46C'est comme ça que j'ai réagi
07:47à cela hier, évidemment.
07:49On entend revenir l'idée
07:50est-ce qu'il faut plus de portiques,
07:51présence des gendarmes,
07:52on a même dit
07:52est-ce qu'il ne faudrait pas
07:53un policier dans chaque école
07:53qui déambule ?
07:54Oui, non ?
07:55Voilà, technique,
07:56absolument pas,
07:57ce n'est pas la question.
07:57Le grand mystère,
07:58c'est qu'est-ce qui se passe
07:58dans la tête des jeunes ?
07:59C'est vraiment ça la vraie question.
08:00Et vous faites réagir.
08:02Oui, là-dessus,
08:03sur la question structurelle.
08:04En fait,
08:06qu'est-ce qui revient à l'école ?
08:08Est-ce que l'école, ici,
08:09subit quelque chose
08:10qui a lieu ailleurs
08:10ou est-ce que c'est
08:11une erreur, vous voyez,
08:13de méthode pédagogique
08:14qu'on a appris ?
08:14C'est dit régulièrement, ça.
08:16Il faut changer la méthode
08:17de l'éducation nationale.
08:18Je crois.
08:18Ce qui risque les professeurs,
08:19les syndicats, etc.
08:20J'espère qu'on pourra
08:21faire partie de la solution
08:22mais je ne suis pas sûr
08:23que ce soit très juste
08:24de dire que les choix éducatifs
08:25qu'on a faits
08:26sont tout à fait responsables
08:27du phénomène qui a lieu.
08:29C'est-à-dire que
08:29si on se dit,
08:30voilà, la violence reçue
08:31par notre collègue
08:32dont on pleure encore,
08:33la mort,
08:34pour qui on fera
08:35une minute de silence demain,
08:35j'espère que ce sera très beau.
08:37Si on dit que c'est un peu
08:38de notre faute quelque part,
08:39moi je trouve ça assez terrible.
08:40Je trouve ça très très dur
08:40pour les collègues.
08:41Vraiment, je ne pense pas
08:42que ce soit simplement
08:43un choix de
08:43on a fait le choix
08:44de la permissivité, etc.
08:46C'est trop simple.
08:47Moi, j'ai pu enseigner
08:48en fait,
08:49dans des situations très difficiles
08:50et d'autres qui le sont moins,
08:51des collègues de bonne volonté.
08:52On en voit partout
08:53et en réalité,
08:54on est assez surpris.
08:54Ceux qu'on pourrait croire
08:55comme étant permissifs
08:55ne le sont pas tant que ça
08:56en réalité.
08:57On subit des choses
08:58qui nous arrivent
08:58mais qui ne sont pas du fait
08:59de, ah, on a accepté
09:00un retard sur un devoir
09:01ou des choses comme ça.
09:02Je ne suis pas tout à fait
09:03convaincu de ce discours-là.
09:04Nous allons poursuivre
09:04cet échange,
09:05La Vérité en Face
09:06dans un court instant
09:07sur Sud Radio.
09:08Nous allons notamment
09:09aborder la question
09:11des écrans,
09:12des réseaux sociaux.
09:13A tout de suite.
09:14Sud Radio,
09:15La Vérité en Face,
09:17Jean-François Ackéli.
09:18Avec nos deux invités,
09:19Ève Wagerland,
09:20enseignante de lettres.
09:22Je ne vous ai pas fait préciser,
09:24tout à l'heure,
09:24vous enseignez le français.
09:26Lettre moderne.
09:26Lettre moderne,
09:27pardonnez-moi.
09:28Et Gabriel Atoncio,
09:30vous, vous êtes
09:30professeur agrégé
09:31à Paris 1 à la Sorbonne
09:32mais vous avez été
09:33longtemps en secondaire.
09:36Absolument.
09:37Au Lila,
09:37en Seine-Saint-Denis.
09:38Vous, vous enseignez ?
09:39Je suis agrégé d'anglais,
09:39américaniste,
09:40histoire US.
09:41Histoire américaine.
09:42Donc très bien.
09:42Merci.
09:43Avec vous,
09:44Ève Wagerland,
09:45il y a cette annonce
09:47spectaculaire
09:48du président Emmanuel Macron
09:50hier soir.
09:51Il tient à terme
09:53tenté d'aller vers
09:55l'interdiction
09:56des moins de 15 ans,
09:58l'interdiction
09:58de l'accès
09:59aux réseaux sociaux.
10:00Est-ce que vous pensez,
10:01là aussi,
10:01on a parlé des portiques,
10:03on a parlé des couteaux,
10:04de l'achat de couteaux interdits,
10:05est-ce que vous pensez
10:06que c'est un début
10:06de commencement
10:07d'une amorce de solutions ?
10:09Oui, tout à fait.
10:11Ça fait un moment
10:11qu'on en parle,
10:13que les politiques en parlent,
10:14de cette question
10:14des réseaux sociaux.
10:16Ensuite,
10:16encore une fois,
10:18on jette la pierre
10:19sur les écrans,
10:20sur les réseaux sociaux,
10:21alors que je pense
10:21qu'on est dans un problème
10:22plus global.
10:24Et encore une fois,
10:25comme je le disais tout à l'heure,
10:26il y a encore un an,
10:27quand je parlais de ça
10:28en salle des profs,
10:28je disais,
10:29les moins de 15 ans,
10:29en fait,
10:29il ne faudrait pas
10:30qu'ils aient accès
10:30aux réseaux sociaux.
10:31On me disait,
10:32non mais ça,
10:32ce n'est pas possible,
10:33de toute façon,
10:34ce serait du fascisme.
10:36Atteinte aux libertés individuelles.
10:38A cette idéologie libertaire
10:40où pendant des décennies,
10:42on a cru que si chacun
10:42faisait ce qu'il voulait,
10:44tout irait bien.
10:44Donc vous ne voulez plus
10:45interdire d'interdire ?
10:48C'est ça,
10:48voilà,
10:49sortons de ça.
10:50Et juste pour répondre
10:51à ce que disait mon collègue
10:52tout à l'heure,
10:53sur le fait que l'école
10:56subirait davantage
10:57des choses extérieures
10:58à la société
10:59qu'elle n'en serait responsable,
11:00je pense qu'elle en participe.
11:03Alors elle subit
11:04d'autant plus
11:04qu'elle est faible,
11:05justement.
11:06Qu'est-ce qu'elle génère
11:07l'école à nos yeux aujourd'hui ?
11:08L'école génère
11:09des choses mauvaises,
11:10mais c'est vrai
11:11que plus elle va être faible
11:12et dans le laxisme,
11:14plus elle va devenir
11:15le réceptacle
11:16de tous les problèmes
11:16de la société.
11:17Et c'est ça qu'on voit
11:18aujourd'hui.
11:18Oui, mais attendez,
11:19c'est intéressant ce qu'on dit
11:20parce que tout à l'heure,
11:21je vous donne la parole,
11:22Gabriel Attenzio,
11:22vous disiez d'ailleurs,
11:23Gabriel,
11:24que quand vous passiez
11:26dans le couloir
11:27qui avait des propos homophobes,
11:30vous ne pouvez plus
11:30vous arrêter,
11:31il ne se passe plus rien.
11:32Vous imaginez,
11:33si vous vous arrêtez
11:33à chaque propos,
11:35à chaque,
11:35comment dirais-je,
11:36trouble dans les couloirs,
11:37qu'est-ce qui se passe ?
11:38C'est la révolution.
11:39C'est pas possible,
11:40effectivement,
11:40mais tout à l'heure,
11:42vous disiez,
11:42oui,
11:42on n'est pas responsable
11:43parce que c'est pas
11:44parce qu'on n'a pas puni
11:45un devoir de ranger,
11:46c'est ça.
11:46On est bien au-delà de ça.
11:47Là, hier,
11:48moi,
11:48je suis encore tombée des nues
11:50en entendant
11:51comment on nous a présenté
11:52le meurtrier
11:53de cette dame.
11:55On nous a dit,
11:55non, non,
11:56c'était un élève normal
11:57qui ne présentait pas
11:57de problème particulier.
11:58On est tous les deux,
11:59on a bien connu
12:00le système scolaire,
12:01il a eu deux exclusions
12:03en cours d'année.
12:04Alors, je suppose
12:04que c'était des exclusions temporaires
12:05ou alors une exclusion définitive
12:07avec sursis,
12:08ça existe encore.
12:09Le délire judiciaire
12:10est dans les cas.
12:11Pour vous, c'est le commencement
12:12de quelque chose
12:12qui dysfonctionne.
12:13Ça signifie,
12:14en fait,
12:14cet élève,
12:15c'est un élève perturbateur
12:16et violent,
12:17c'est clair.
12:17Deux exclusions dans l'année,
12:19il n'est pas normal.
12:21Alors, Gabriel,
12:22il faut attendre le procureur.
12:23C'est ce que j'allais dire,
12:24c'est quand même très piégeux
12:26de se prononcer
12:27sur ce qui s'est passé ici et là.
12:28On ne sait pas.
12:29Voilà,
12:29je ne pense vraiment pas
12:30sur les faits,
12:30je ne me prononcerai pas là-dessus.
12:32Sur la question de
12:32est-ce que les enseignants
12:33sont complètement déconnectés
12:34des problèmes ?
12:34Mais absolument pas.
12:35Alors, pas de chance
12:36si vous parlez à des collègues
12:37qui ne sont pas conscients
12:39de la gravité du problème.
12:40On parlait un peu des écrans,
12:41etc.
12:42Moi, je pense que c'est assez
12:42consensuel chez les collègues.
12:44J'ai l'impression,
12:44personnellement,
12:45de passer tout mon temps
12:45sur mon téléphone.
12:46Il me dit que j'y passe
12:473h45 par jour.
12:47Oui, mais est-ce que vous êtes
12:48sur TikTok et sur Instagram
12:49à regarder des vidéos ?
12:50C'est ça la question.
12:52Peut-être pas le même produit,
12:53mais la même plateforme.
12:54Non, mais Gabriel,
12:55vous pouvez passer votre journée
12:56sur un écran
12:56à lire des bouquins.
12:57Non, qu'on s'entende.
12:58Je ne dis justement pas
12:58que je le fais autant que les jeunes.
13:00C'est-à-dire que moi,
13:00je me suis rendu compte,
13:01je l'ai demandé à mes élèves,
13:02ils sont à 6h par jour
13:04niveau plancher
13:05et ça peut être beaucoup plus.
13:06C'est colossal.
13:06Ils y passent un temps
13:07absolument énorme,
13:09c'est un problème.
13:10Et cette idée de faut-il
13:11réglementer ces fois
13:12sur les réseaux sociaux.
13:12Est-ce qu'il faut interdire
13:13les RS, les réseaux sociaux
13:14avant 15 ans ?
13:15C'est la question
13:16qui est posée
13:17par les présents.
13:17C'est le début de la piste.
13:18Alors là, je suis le messager,
13:19pas l'auteur.
13:20C'est dans la pédopsychologie,
13:22il y a Jonathan Haidt aux Etats-Unis
13:23qui a écrit un chouette bouquin
13:24qui s'appelle
13:25The Coddling of the American Mind,
13:26comment on a cajolé
13:27l'esprit américain.
13:28Et il pose une question statistique,
13:29il remarque que depuis 2010,
13:31en gros,
13:31les jeunes femmes
13:32se font de plus en plus mal,
13:33troubles alimentaires,
13:35tentatives de suicide,
13:35malheureusement,
13:36évidemment, etc.
13:37Ça, ça montre
13:37une violence dirigée
13:38contre elle-même.
13:39Et chez les jeunes hommes,
13:40ce qu'on voit,
13:40c'est beaucoup de violence dirigée
13:41vers l'extérieur,
13:42vers d'autres, etc.
13:43Et ça, on le voit,
13:44c'est 2010.
13:44Alors, comment ne pas faire
13:45le lien avec Instagram,
13:46Facebook, etc.
13:47Évidemment que ça fait partie
13:48de l'explication.
13:49Il y a une question culturelle,
13:50bien sûr,
13:50c'est que est-ce qu'on a appris
13:52aux jeunes à gérer l'échec,
13:53la frustration, etc.
13:54Là-dessus,
13:54c'est d'accord.
13:55Et aussi,
13:56qu'est-ce qui se passe
13:56sur cet espace numérique
13:57qui est en dehors
13:58de toute supervision ?
13:59Interdire les réseaux,
14:00sincèrement,
14:00on trouvera toujours
14:01des façons par lesquelles
14:02on le contourne.
14:03C'est pareil,
14:04plein de sites sont interdits,
14:05les gens y vont.
14:06Mais la question,
14:13vous voyez, faire cela,
14:14moi je pense qu'il y a
14:14une partie de la solution
14:15qui sera technique.
14:16Les réseaux sociaux éducatifs ?
14:17Moi, mon grand rêve,
14:18c'est que l'éducation nationale
14:20cesse de croire
14:21que faire partie de l'école,
14:22ce n'est que de 9h à 17h.
14:24Ce n'est pas vrai.
14:25Quand on fait partie d'une école,
14:26on interagit avec d'autres élèves,
14:27même très tard la nuit.
14:28Dès lors,
14:28il faut occuper cet espace,
14:30il faut le surveiller aussi.
14:31Alors, un puits en ligne,
14:32à quoi ça ressemble,
14:32c'est très dur,
14:33mais qu'au moins l'éducation nationale
14:34se donne d'une très belle application
14:35et qu'il se soit
14:35un réseau social polissé.
14:37Très important.
14:38Oui.
14:38Eve Vaguerlan,
14:39je voudrais vous faire écouter
14:40ce qu'a dit ce matin
14:43un élu de la République,
14:46c'est Carl Olive,
14:48qui est l'élu de Poissy,
14:50qui était interrogé
14:51par Jean-Jacques Bourdin
14:52au sujet de la santé mentale
14:55de nos jeunes.
14:56Je regardais les chiffres,
14:57ils sont effarants.
14:58Entre 18 et 24 ans,
14:5920% de dépression en 2021,
15:0150% déjà touchés des étudiants
15:03avec des symptômes dépressifs.
15:06Et sur les collégiens,
15:07comme le collégien d'hier,
15:0924% d'idées suicidaires.
15:11Là, on est sur les racines du mal.
15:12Aujourd'hui,
15:13le coût de la santé mentale
15:15en France,
15:15c'est 163 milliards.
15:17Il est temps d'investir
15:18et ne pas considérer
15:19que c'est une dépense.
15:22C'est un investissement.
15:24Alors, Eve Vaguerlan,
15:26la santé mentale des jeunes,
15:28est-ce qu'il y a un sujet particulier,
15:31inquiétant aujourd'hui ?
15:33Quelque chose qui a changé ?
15:34Oui, tout à fait.
15:35Moi, je vois dans les classes,
15:36c'est-à-dire,
15:37quel que soit le milieu social,
15:38en fait,
15:38on a des enfants
15:39qui sont en perte de repère.
15:40Vous parliez des jeunes filles,
15:42effectivement,
15:43qui se scarifient,
15:43notamment, énormément,
15:45qui tournent une violence
15:46contre elles-mêmes.
15:47Donc, bien sûr,
15:48on a un problème
15:49de psychiatrie,
15:51de service de psychiatrie
15:52en France.
15:53Il faut leur donner des moyens.
15:56Il y a peut-être
15:56des méthodes aussi
15:57à revoir.
15:58Mais, encore une fois,
15:59tout ça s'inscrit
16:00dans un mouvement idéologique
16:02qui en est, je pense,
16:02en grande partie responsable.
16:03Tout à l'heure,
16:04vous évoquiez ce livre.
16:06Moi, je pense toujours
16:06à la culture du narcissisme
16:08de Christopher Lach,
16:09qui est encore plus ancien,
16:10je crois,
16:11dès les années 70.
16:12Il nous explique qu'en fait,
16:14et tout à l'heure,
16:14on parlait de Françoise Zolto,
16:15ces jeunes
16:16à qui on ne met
16:18aucune contrainte,
16:19en fait,
16:20aucun cadre.
16:21Ils ont besoin d'un cadre.
16:23Et en fait,
16:23ça les laisse désemparés,
16:24ça les laisse perdus
16:25si on est toujours complaisants,
16:28si on les dorlottent.
16:29Et Christopher Lach disait,
16:30ça fait des individus fragiles
16:32psychologiquement,
16:33ce narcissisme, en fait.
16:35On croit leur faire plaisir
16:36en étant sympa avec eux,
16:38et en fait,
16:39on crée des individus fragiles
16:40qui ensuite ne supportent
16:41aucune contrainte,
16:43aucune contrariété,
16:44qui explosent.
16:44Moi, c'est ce qu'on voit
16:45chez les jeunes,
16:46en fait,
16:46c'est que dès qu'on les contrarie,
16:47ils explosent,
16:48ils perdent leurs moyens,
16:49et ils ne sont jamais responsables
16:51de rien non plus.
16:51Vous me dites besoin d'un cadre.
16:52Il faut conclure,
16:53également,
16:54avec vous,
16:54Gabriel Atoncio,
16:55vous êtes d'accord
16:56avec ce constat,
16:57le cadre...
16:57Presque.
16:58Je trouve que dans les commentaires
16:59récents,
16:59pas que ici,
17:01évidemment,
17:01mais c'est qu'on dit beaucoup
17:02voici ce que les jeunes
17:03ne doivent pas être.
17:04Ça ne suffit pas.
17:04Ce dont on a besoin,
17:05c'est de contre-modèles.
17:06Vous savez,
17:06dans l'univers mental
17:07de la jeunesse,
17:08notamment masculine,
17:09ce qu'il manque,
17:09c'est comprendre
17:10des façons heureuses
17:11d'être un homme,
17:12autrement dit,
17:12être généreux et responsable
17:13des plaisirs et des bonheurs
17:14d'autrui.
17:15C'est ça qu'il manque.
17:15Plutôt de leur dire
17:16ne sois pas violent,
17:17ça ne suffit pas.
17:17Il faut leur démontrer
17:18une façon d'être
17:19qui est souhaitable.
17:20C'est très important.
17:21Et ce sera le mot de la fin.
17:22Merci à tous les deux,
17:22Ève Vagarlan et Gabrielle Latoncio.
17:25J'étais avec deux profs ce matin,
17:26ça me plaît ça, moi.
17:28Pour un fils de prof,
17:29c'est plutôt un cadeau même.
17:30On pourrait passer des heures
17:31avec vous
17:32à essayer de comprendre
17:32ce qui se passe
17:33et vous reviendrez
17:35sur l'antenne de Sud Radio.
17:37Allez,
17:38une petite annonce quand même
17:39pour notre jeu
17:40à l'occasion
17:41de la fête des pères.
17:43Vous savez,
17:43sur Sud Radio,
17:44ce bracelet de la collection
17:45Lettre de la marque Le Vent
17:47à lafrançaise.com.
17:48Deux gagnants,
17:49Jean de Paris
17:50et William de Toulouse.
17:52Bravo à tous les deux.
17:54Allez, dans un instant,
17:55sur Sud Radio,
17:56Valérie Expert
17:57et Gilles Gansman
17:58pour les médias.
17:59Merci.

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