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  • 06/06/2025

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00:008h moins le quart, vous les avez sans doute vu passer dans le ciel catalan hier,
00:054 Canadair ont fait des largages sur les aspres, notre invité Simon Colbeuk était donc dans l'un de ces avions.
00:11Bonjour Rémi Michelin, vous êtes photographe perpignanais, vous étiez installé où hier dans le Canadair ?
00:18Alors, la position où... j'étais dans le 4ème, le 44, et moi j'étais sur le strapontin du milieu.
00:25Donc dans le cockpit ?
00:26De toute façon, on ne peut être que dans le cockpit, on n'a pas le droit d'être à l'intérieur de l'avion,
00:31parce que ça bouge tellement que vous visitez l'avion constamment, donc il faut qu'on soit systématiquement attaché.
00:38Donc vous étiez véritablement aux premières loges, vous êtes parti hier matin de la base des Canadair à Nîmes,
00:43avant donc de suivre les largages dans les aspres.
00:47Racontez-nous le largage, les sensations que l'on ressent quand d'un coup, l'avion largue plusieurs milliers de litres d'eau.
00:54Alors, avant le largage, il faut prendre l'eau, donc il y a l'écopage.
00:58Et là, l'écopage, je pense que c'est la plus grosse sensation que le largage.
01:03Parce que l'écopage, comme là, dès qu'on est arrivé sur VINSA hier,
01:08donc on arrive, on est à 80 nœuds, à peu près 160 km heure,
01:12donc on voit le travail des pilotes où ils viennent, en fin de compte, ils viennent caresser l'eau.
01:16Au début, là, après, ils enfoncent l'avion, ils mettent les gaz, ils reprennent de l'eau,
01:22et là, c'est la guerre.
01:23Ça frappe de partout, ça tape, il y a des moments où on se dit,
01:25mais l'avion, il va se couper en deux, c'est pas possible.
01:27Tellement, c'est d'une violence, mais je ne peux pas dire une douce violence,
01:34mais on n'en est pas loin, parce qu'ils ont tellement une dextérité aux commandes,
01:38que leur savoir-faire contrebalance la puissance de la machine sur l'eau.
01:44C'est le moment le plus critique ?
01:46Les deux sont critiques, parce que si vous êtes en train de plonger sur le feu
01:51et que les trappes ne s'ouvrent pas, l'avion, lui, il est alourdi de 6 tonnes,
01:54donc il va au fond.
01:55Parce qu'il profite tout le temps du délestage des cas de soute
01:59pour pouvoir récupérer de la légèreté, de la puissance et repartir.
02:04Et évidemment, quand on vient écoper, se poser pour se charger en eau,
02:08il faut faire attention à tout un tas de paramètres,
02:10notamment les troncs d'arbre.
02:11Avant ça, c'est une vraie problématique.
02:12C'est ça.
02:14Ce qui est marrant, c'est que quand on est parti au début de Nîmes,
02:16avant de partir, on avait trois possibilités.
02:19Normalement, on devait aller écoper à Matemal,
02:20mais à Matemal, il n'y a pas assez d'eau.
02:22Donc ça, c'est bâché.
02:23Ensuite, il y avait une neuve-la-ra-eau, mais il n'y avait pas assez de vent.
02:26Alors, il restait Vinsa.
02:28Et c'est vrai que Vinsa, il y avait une alerte sur le tableau pour dire
02:30Meuf au tronc d'arbre.
02:31Et ce qui a sauvé la mission, c'est que comme le lac est tellement plein,
02:37il y a un flux continu d'eau qui amène tous les troncs d'arbre vers le bout du barrage.
02:42Et donc, on a pu écoper en toute sécurité.
02:44Mais c'est pour ça que les avions font toujours une passe à vide au début.
02:47Déjà, pour prévenir les gens.
02:49Attention, on va écoper là.
02:51Et visuellement, ils regardent s'il n'y a pas un bateau,
02:54ou comme là, des troncs d'arbre.
02:55Ou un baigneur qui pourrait s'être aventuré dans un endroit interdit.
02:58Vous l'avez dit, l'écopage, ça peut aussi se faire dans le département,
03:02au lac de Ville-Neuve-de-la-Raoult,
03:04qui est l'un des points d'eau les plus petits
03:06où les canadaires peuvent s'approvisionner.
03:08Ça, c'est spécial pour les pilotes que vous avez côtoyés.
03:11Déjà, son surnom, c'est la pastille.
03:13Donc, ça veut tout dire.
03:14C'est-à-dire que dès que vous arrivez,
03:16que vous commencez à mettre l'avion sur le redan,
03:18c'est-à-dire que c'est la partie où on va récupérer de l'eau,
03:21il y a 10 secondes pour prendre l'eau et redécoller.
03:24C'est-à-dire qu'après, ils n'ont plus de butée.
03:25C'est-à-dire qu'après, ils terminent, vulgairement, quand ils en parlent,
03:28c'est sur les planches à voile.
03:29Donc, il faut qu'il y ait une ventilation naturelle
03:32qui se fasse par de la trame, en général.
03:35Je crois que c'est un minimum de 20 à 25 km heure
03:39pour que l'avion puisse avoir le plus rapidement possible
03:42de la portance pour pouvoir repartir.
03:44Et c'est risqué aussi parce qu'il y a souvent des curieux
03:46en cas d'incendie à Ville-Neuve-de-la-Raoult.
03:48On envoie souvent des gens qui vont sur la digue
03:50faire des photos pour être vraiment aux premières loges.
03:52Ça, ça peut vraiment gêner les pilotes.
03:54On en parlait hier avec l'équipage
03:57parce qu'on est venu effleurer l'eau à Ville-Neuve
04:00parce que j'avais besoin de faire mes images pour le livre.
04:03Et donc, il m'a expliqué, il m'a dit
04:05« Tu vois, à chaque fois qu'on vient là,
04:06on met des barrières pour empêcher les gens de venir. »
04:09On ne veut pas les empêcher d'admirer le spectacle.
04:11Enfin, ce n'est pas un spectacle de nous voir travailler.
04:14Mais le problème, c'est que nous, on a des points d'aboutissement
04:16à avoir au-dessus, sur le lac.
04:18Et ce qui se passe, c'est que les gens, ils nous font signe.
04:20Et naturellement, il y a un moment où notre regard est attiré vers ces gens.
04:24On perd notre point d'aboutissement.
04:25Et des fois, ça peut être catastrophique.
04:27Donc, on aimerait bien qu'il n'y ait plus personne sur cette digue
04:30quand on vient travailler.
04:31Rémi Michelet, notre invité aujourd'hui, avec ici, Roussillon, Simon Colboch.
04:34Il était dans l'un des quatre canadaires qui ont survolé les P.O. hier.
04:37Oui, dans l'un des cockpits, effectivement, sur un strapontin au milieu.
04:40Ce que vous nous avez dit.
04:41Comment vous avez travaillé hier avec votre gros appareil photo ?
04:44C'était possible ?
04:45Alors, je lui ai pris un petit, vous aviez.
04:46J'ai pris un petit, oui, oui.
04:48Parce qu'on ne peut pas agir de...
04:49Alors, le truc, c'est que comme on est en Noria,
04:52c'est-à-dire que la Noria, on vole 2, 3, 4, 5, 6, 7...
04:56C'est une formation.
04:57C'est une formation.
04:58C'est extrêmement précis.
04:59Ah oui, tout est codifié, c'est très précis.
05:01Et donc, vous avez un chef de Noria.
05:03Et donc, nous, moi, j'ai demandé à être dans le quatrième
05:06pour justement pouvoir prendre en photo le troisième, le second et le premier.
05:10Et donc, au début...
05:13Alors, ce qui m'a sauvé hier, c'est qu'il ne faisait pas beau.
05:16C'est-à-dire que pour gérer ma lumière,
05:19d'habitude, on a le ciel qui est très fort,
05:22l'intérieur, c'est très sombre.
05:23Travailler au flash, on les embête, ce n'est pas la peine.
05:26Et comme là, il ne faisait pas beau,
05:28je n'ai pas eu à gérer ma lumière.
05:31Et donc, j'ai des photos de fous,
05:33parce qu'on a fait des hippodromes au-dessus de Vinca
05:35en attendant le top du ministre.
05:38Et donc, en virage, là, j'avais les avions qui étaient tellement proches
05:43qu'il a fallu que je change deux fois d'optique.
05:46Mais ils ont l'habitude de faire ça.
05:48Là, c'est vraiment des surhommes.
05:51Vous aussi, vous avez l'habitude de voler avec des pilotes d'exception.
05:54Vous avez volé à de nombreuses reprises avec les pilotes de la Patrouille de France.
05:58Les Alpha Jet, là, ça va extrêmement vite.
06:01C'est vraiment une expérience différente, là, forcément, les Canadaires.
06:04Qu'est-ce qui vous a le plus surpris par rapport à la Patrouille de France ?
06:08Est-ce qu'on peut comparer les pilotes ?
06:11Disons qu'il y a pas mal de pilotes qui viennent de la Patrouille, déjà.
06:15Donc, on se connaît déjà.
06:17Et puis, c'est ce vol, le fait, déjà, de la mission.
06:22C'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont dans la panade
06:24et les avions arrivent pour aller sauver des maisons à cause du feu et compagnie.
06:30Et puis ensuite, l'avion, au début, je me dis,
06:33purée, l'avion, il a l'air pataud, il a l'air...
06:35Mais en fin de compte, il est super agréable aux commandes.
06:39Les pilotes me disent, c'est un avion qui ne décroche jamais.
06:41C'est-à-dire qu'on peut lui demander ce qu'on veut.
06:43L'avion, il ne va jamais nous faire un coup de Trafalgar.
06:48Et puis, c'est ce travail de pouvoir voler.
06:50Là, quand je suis parti en Corse, là, on était à six Canadaires
06:53en train d'arriver à Ajaccio.
06:56Il y en avait partout.
06:57Et puis, d'un seul coup, par magie, tout le monde rentre dans le champ.
07:00Ça paraît coupé au même moment.
07:02C'est fabuleux.
07:03Il y a un moment, je ne peux pas continuer à vous le raconter.
07:05Il faut le vivre.
07:05On l'entend, ça a l'air d'être l'une de vos plus belles expériences professionnelles.
07:10Moi, j'avais trois rêves.
07:11C'était faire du Concorde, l'APAF et les Canadaires.
07:14Donc, j'ai pu faire les trois.
07:15Donc, voilà.
07:15C'est bien.
07:18Vous avez pu discuter, évidemment, avec ces pilotes ces derniers mois.
07:24Qu'est-ce qu'ils vous disent des Pyrénées-Orientales ?
07:26Alors, pour eux, c'est vraiment une zone placée en rouge à cause de la sécheresse qu'on a connue depuis deux, trois ans.
07:33Et pour vous dire, c'est que, pareil, sur le transit pour venir, là, tiens, tu vois, là, je suis venu, là.
07:39Miast, je suis venu, là.
07:40Je suis venu, là.
07:41Je suis venu, là.
07:41On dirait qu'ils connaissent le département par cœur.
07:43Voilà.
07:43Parce qu'ils viennent souvent.
07:44Et puis, malheureusement, alors, c'est pareil, aussi, en parlant, il y a la tempête de 1999 qui a mis beaucoup de bois par terre.
07:53Donc, ça, ça les fait un peu peur, parce que le jour où ça va prendre, ça peut être aussi compliqué.
07:58Bon, on sait que l'ONF travaille dessus, mais il y a vraiment des points comme ça, là, avec Castelnou, là, le feu où ils ont joué.
08:08Il y a cinq, six ans, ils étaient déjà venus, là.
08:10Voilà.
08:11Donc, pour eux, les Pyrénées-Orientales, c'est vraiment un point marqué au rouge.
08:16Vos photos, vous en êtes visiblement très, très heureux.
08:18On pourra les voir quand ?
08:19Alors, moi, je sors un livre au mois d'octobre.
08:21Voilà.
08:22Un livre qui rend hommage.
08:23Alors, à savoir qu'il n'y a pas que le Canadair.
08:25Il y a aussi le DASH qui fait un travail extraordinaire.
08:27Donc, lui, c'est un avion de ligne qu'on a transformé en bombardement.
08:29Beaucoup plus fin, effectivement.
08:30Beaucoup plus fin.
08:32Et lui, son travail, c'est de balancer du retardant, des barrières de retardant sur le feu.
08:37Donc, là, ça fait 20 ans que la Sécurité civile en a un, en nom, et 30 ans pour le Canadair.
08:43Donc, la Sécurité civile m'a demandé de faire un livre pour jumeler ses deux anniversaires.
08:48Les 20 ans du DASH et les 30 ans du Canadair.
08:50Merci beaucoup, Michelin.
08:52Merci beaucoup.
08:54On a hâte de voir vos photos, effectivement.
08:57Vos photos sur la Patrouille de France avec le Canigou était déjà magnifique.
09:00On a hâte de voir, effectivement, ce livre sur la Sécurité civile.
09:03Là, si vous voulez, j'ai l'écrou parce que ça fait 15 ans que je n'étais pas revenu les voir.
09:06Et là, donc, moi, j'ai grandi dans mon métier de photographe.
09:09Et donc, j'ai une autre vision.
09:10Et en fin de compte, comme on se connaît avec les pilotes,
09:13eux, ils m'emmènent un peu plus loin avec eux.
09:15C'est ça qui est important.
09:16Et ça sort donc cet automne, vous nous avez dit, ce livre.
09:19Merci d'avoir été notre invité.
09:20Merci à vous.
09:20Avec grand plaisir.
09:21Rémi Michelet avec.

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