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  • 05/06/2025
La commotion cérébrale au cœur d'un colloque hier à Paris. Objectif expliquer aux sportifs ce que c'est et surtout comment la prendre en charge. Le rugbyman montpelliérain, Paul Willemse, dont la carrière est suspendue après 6 chocs à la tête, a été invité à témoigner.

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Transcription
00:00Il est 7h45, la commotion cérébrale au cœur d'un colloque hier à Paris.
00:06Objectif, expliquer aux sportifs ce que c'est et surtout comment la prendre en charge.
00:10Le rugbyman Montpellierin Paul Villemcé, dont la carrière est suspendue après six chocs à la tête, a été invité à témoigner.
00:17On en parle ce matin avec un spécialiste montpellierin, membre de l'association Alerte Commotion,
00:23qui collabore étroitement avec le MHR, le club de rugby de Montpellier. Sébastien ?
00:27Le docteur Philippe Malafosse, bonjour.
00:30Est-ce que pour commencer, vous pouvez en quelques mots nous expliquer ce qu'est précisément une commotion cérébrale ?
00:35Alors c'est le terme précisément qui est un peu compliqué, car une commotion n'est pas précise justement.
00:41Il n'y a pas de lésion dans le cerveau, on peut faire autant de scanners, d'IRM et de radio, on ne trouvera rien.
00:46C'est un trouble du fonctionnement du cerveau qui a priori serait très limité dans le temps,
00:52bien que dans certains cas il puisse se prolonger.
00:55Mais suite à un choc donc ?
00:57Alors suite à un choc direct ou indirect, on peut avoir une décélération brutale,
01:01qui fait que le cerveau bouge légèrement dans la boîte crânienne et va se choquer lui-même.
01:06Est-ce que c'est forcément grave ?
01:09Alors, comment vous dire, les commotions cérébrales sont classées, dans notre classification médicale,
01:18dans les traumatismes crâniens dits bénins.
01:22Mais bénin ne signifie pas anodin.
01:24Ce n'est pas grave si c'est occasionnel, si c'est relativement léger, si c'est bien pris en charge,
01:30si les gens ne reprennent pas le sport trop rapidement.
01:33Par contre, le cumul des commotions est délétère.
01:37Le Grenelle, donc organisé hier à Paris par le syndicat des joueurs de rugby,
01:42c'est le signe que ça les préoccupe quand même, ça les inquiète.
01:46Alors non seulement ça les inquiète, mais il s'agit d'un syndicat.
01:50Et dans la semaine, j'ai lu dans la presse que du côté anglo-saxon,
01:54il y a 1100 anciens joueurs qui se sont regroupés pour traîner en justice leur fédération et leur club.
02:00D'accord, parce qu'on n'a pas suffisamment pris en compte ces traumatismes ?
02:06Parce qu'ils estiment qu'ils n'ont pas été suffisamment avertis,
02:09qu'ils auront les affaires reprendre trop tôt
02:11et que toutes les dispositions pour les protéger sur le plan santé cérébrale
02:17ne leur ont pas été données.
02:20Alors, on le disait, vous êtes un spécialiste de ce sujet.
02:24Vous collaborez avec le club de rugby de Montpellier.
02:26Qu'est-ce qui est fait précisément au MHR par rapport à ces commotions cérébrales ?
02:31Alors, dans le rugby en général, le MHR suit depuis 2016
02:36toutes les directives de la Ligue Nationale de Rugby
02:39avec une surveillance vidéo au bord des terrains.
02:42Pendant 7 ans, j'ai été au bord du terrain avec une tablette vidéo
02:45qui m'envoyait les 6 images de Canal+, en simultané,
02:48avec les ralentis et les boucles autant que j'en voulais,
02:51pour analyser l'effet de jeu sur le terrain
02:53et faire ressortir un joueur selon le protocole de commotion.
02:57En plus, spécifiquement au MHR,
02:59notre président, M. Altrad, est très intéressé par les neurosciences
03:04et il nous aide à avancer avec des éléments de recherche
03:10à l'aide d'ordinateurs, à l'aide de casques de réalité virtuelle
03:15qui vont essayer de déterminer un peu plus loin
03:18que ce que nous avons à l'heure actuelle,
03:22les symptômes d'une commotion.
03:23C'est ce qu'on appelle la photobiomodulation ?
03:25Alors la photobiomodulation, c'est encore autre chose.
03:28La photobiomodulation, c'est un traitement innovant
03:31qui serait a priori un des seuls traitements
03:34puisqu'il n'y a pas de traitement spécifique d'une commotion
03:36si ce n'est le repos.
03:38Et la photobiomodulation, nous l'avons expérimentée
03:41avec mon ami le neurologue Jean-François Sherman
03:43à l'hôpital Georges-Pompidou de Paris.
03:46Pendant une année, nous avons suivi et traité
03:4950 sportifs commotionnés, essentiellement de l'île de France,
03:55Racine 92 et Stade Français.
03:56Nous leur avons appliqué cette nouvelle technologie
03:58qui donne de bons résultats, des résultats prometteurs
04:02sur la récupération rapide des commotions cérébrales.
04:05Et vous travaillez aussi à la création d'un centre
04:07ophtalmologique, c'est ça, à Montpellier ?
04:11Parce que la commotion peut avoir des effets sur la vision.
04:14Voilà, donc j'ai la chance d'être enseignant
04:17à la faculté de médecine de Montpellier
04:18dans le diplôme d'orthopsie.
04:20J'ai fait faire pas mal de mémoires.
04:22J'ai fait reprendre tous les dossiers du MHR
04:24qui ont eu les commotions.
04:26Et on a calculé, on s'est rendu compte
04:28que 90% des commotions altèrent le système visuel.
04:31Ce en quoi nous avons rejoint les statistiques
04:34de la Ligue nationale américaine de football américain
04:37qui trouvaient 90 à 92%.
04:39Ce qui veut dire que si on arrive à avoir
04:42des moyens informatiques
04:44qui permettent d'analyser de façon fine
04:47la vitesse du mouvement des yeux,
04:49la précision du mouvement des yeux
04:51et le temps de réaction du mouvement des yeux,
04:53on peut suivre une commotion cérébrale
04:55et en tout cas un joueur
04:56avant de le remettre trop tôt sur le terrain.
04:58Parce que le vrai problème,
04:59ce n'est plus, entre autres dans le rugby,
05:01ce n'est plus tellement de diagnostiquer une commotion.
05:04Nous avons des moyens,
05:05deux médecins au bord du terrain,
05:06nous avons la vidéo, nous avons beaucoup de choses.
05:07Mais c'est de savoir à quel moment
05:10on va pouvoir redonner aux joueurs
05:12l'autorisation de reprendre la compétition
05:15dans les chocs.
05:16Et il se trouve que ce qui est grave,
05:18c'est l'accumulation de commotions.
05:20Et beaucoup de joueurs,
05:21vous avez parlé de Paul Williams tout à l'heure,
05:23ont des successions de commotions.
05:26Ce qui veut dire que vraisemblablement,
05:28quand ils ont repris,
05:29ils n'étaient pas à 100% de leur capacité visio-cognitive.
05:32Merci docteur Philippe Malafosse,
05:35spécialiste des commotions cérébrales
05:38et qui œuvre auprès notamment du club de rugby de Montpellier.
05:43Bonne journée à vous.

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