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  • il y a 3 jours

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00:00Allez, à 13h33 on poursuit nos débats autour des violences et des débordements, des pillages qui ont suivi la victoire du Paris Saint-Germain et on va parler maintenant de ces peines qui ne satisfont pas à cause de cette fameuse loi de 2019.
00:12J'en profite pour vous glisser ce sondage CSA pour Europe 1 CNews et le journal du dimanche. 87% des Français se disent favorables à l'instauration de peines de prison ferme de 3 mois minimum réellement exécutées pour les agresseurs de représentants de l'État.
00:28Voilà, et je vous propose d'écouter maintenant Dominique-Henri Matagrin. Il est magistrat honoraire et ancien président de l'association professionnelle des magistrats et il juge la proposition des peines minimales par Gérald Darmanin inapplicable. Écoutez.
00:43Elles sont, on peut le dire, tout à fait banales par rapport à ce que l'on voit et qui n'est que l'application pure et simple de la loi et en particulier de la loi que M. Macron a fait voter
00:57alors que son ministre de la justice était Nicole Belloubet et que M. Darmanin était ministre.
01:03Et sans faire de polémique, je n'ai pas entendu dire qu'il eut démissionné pour protester contre cette loi.
01:09Des peines minimales, vous pensez que ça n'est pas possible en droit français ?
01:12Par rapport à la jurisprudence du Conseil constitutionnel et par rapport, disons, à la philosophie dominante de notre droit, ça pose un problème.
01:21Mais c'est quand même, effectivement, très risqué de voter une telle loi et je crains fort qu'elle ne soit censurée et que tout ça, en définitive, n'ait été que de l'agitation verbale.
01:34Voilà, de l'agitation verbale, Dominique-Henri Matagrin ce matin sur Europe 1, Jules Torres.
01:39Non mais tout a été dit. Le problème aujourd'hui de notre État, c'est qu'on a un carcan institutionnel qui vient souvent ne nous permet pas d'être beaucoup plus ferme et répressif.
01:50On l'a vu dans l'actualité plus ou moins récente, souvenez-vous de la loi immigration qui devait être beaucoup plus répressive.
01:55Le Conseil constitutionnel a décidé de censurer 35 articles et on a même censuré un dernier, il y a à peine deux semaines, l'article qui disait notamment qu'un demandeur d'asile qui pouvait troubler à l'ordre public n'a pas le droit d'être placé dans un centre de rétention administrative.
02:11Donc le problème, c'est qu'ils auront beau faire des propositions de loi, des projets de loi, tant qu'on aura des cours suprêmes, que ce soit le Conseil constitutionnel, le tribunal administratif, le Conseil d'État ou même des magistrats qui décident de ce qu'ils veulent dans ce pays, on n'arrivera pas à assurer la sécurité des Français.
02:28Bruno Retailleau dit, je connais parfaitement le temps qu'il faut pour faire passer des lois. Dans nos lois actuelles, on a de quoi condamner.
02:34Et il y a d'autres réponses à apporter, elles sont judiciaires, technologiques, comme l'utilisation de la reconnaissance faciale dans le cadre d'enquêtes judiciaires. Nathan Devers.
02:41Oui, alors sur le technologique, j'aurais juste un bémol, c'est que quand on parle de reconnaissance faciale et de toutes ces nouvelles technologies de façon plus large, on manipule des sujets extrêmement sensibles.
02:54Mais il évoque d'autres pistes en disant, voilà, il sait que changer la loi, ce sera long, ce sera difficile, mais ça peut s'enclencher quand même.
03:00Exactement, mais il faut toujours garder en tête que quand on introduit une nouvelle technologie, on le fait souvent dans un contexte d'urgence, et qu'après la nouvelle technologie, elle reste, elle se banalise.
03:08Et la question est de savoir, est-ce qu'on veut vivre, par exemple, je rebondis juste là-dessus, dans une société où il y a de la reconnaissance faciale, où elle est utilisée, c'est une question qui peut se discuter, et moi j'aurais beaucoup de réticence.
03:18Mais j'aimerais juste revenir sur ce sujet.
03:20Là, le problème, il est très simple.
03:22Nous avons des individus qui commettent des actes de délinquance violente, si la justice ne leur donne pas un signal dès le premier acte commis, en leur disant, là, cet acte-là, il faut casser la mécanique de la récidive que vous allez enclencher, ou qui risque de s'enclencher,
03:39eh bien la justice, là, n'empêche pas du tout ces individus de poursuivre un parcours dans la violence, et souvent c'est des parcours en crescendo.
03:46Donc je suis favorable, pour ma part, à ce qu'on réfléchisse vraiment activement en France, à faire des peines même parfois très courtes, mais qui montrent bien que l'individu, dès lors qu'il rentre dans la violence,
03:57l'État lui dit, et il n'y a peut-être pas que le répressif sur lequel il faut travailler, mais en tout cas sur le répressif, que l'État lui dise, ne rentre pas dans la violence.
04:03Alors, avant de vous entendre, Jules Torres, on va écouter justement le frère d'un accusé qui était interrogé ce matin sur CNews, et il revient sur ses comparutions immédiates, et voilà, écoutez son discours, c'est assez, ça interpelle.
04:15C'est la première fois qu'il fait une bêtise dans sa vie, et je vais encore le répéter, je suis fan de football. Si vous êtes fan de football ou autre, au général, vous savez ce que c'est.
04:21Tout le monde est parti fêter, tout le monde était content d'aller fêter, j'y suis même pas allé pour vous dire.
04:25Je vais être honnête avec vous, je veux juste parler pour représenter tous les frères et sœurs de tous ces gens-là qui sont jugés, et dire que c'est très facile de mettre une caméra sur un instant T dans la vie de quelqu'un,
04:35mais la vie de quelqu'un, elle dure 20 ans, il a 19 ans, c'est pas ça. C'est tout ce que je veux dire, et c'est tout ce que j'ai à dire.
04:39Et je demande juste aux humains de faire preuve d'empathie et de ne pas juger sur un instant T le comportement de jeune pendant un instant.
04:45J'ai fait des erreurs dans ma vie, je sais que même des policiers ici ont fait des erreurs, on va pas me faire croire que mon petit frère il est pire que les gens dans cette pièce.
04:50Le ministre de la Justice, il plante ce qu'il veut, la jeunesse française et la majorité des Français ne sont pas d'accord avec ce monsieur,
04:55donc c'est tout ce que j'ai à dire, et je sais que la majorité des gens savent très bien qu'il y a de la nuance dans toute chose,
04:59donc ce que je demande aux autres c'est de faire de la nuance et d'en créer et de comprendre qu'il faut en avoir, c'est tout.
05:02Voilà, le frère d'un accusé, interrogé ce matin sur CNU, les bras m'en tombent, la culture de l'excuse, c'est pas de sa faute,
05:10il est jeune, il est insouciant, il venait pour parler de football, pour fêter le football.
05:14Comment lui reprocher ça ? Il a entendu ça pendant 40 ans.
05:17On a entendu ça de la part des responsables politiques, on a entendu ça de la part d'un certain nombre de ministres.
05:21Alors oui, aujourd'hui il y a un changement, mais pendant 40 ans, depuis la rangle de Bodo du syndicat de l'administrature,
05:27on vous dit que la prison c'est un mal absolu, que quelqu'un qui a pillé, quelqu'un qui a violenté,
05:33quelqu'un qui a agressé pour lutter contre la récidive, on doit pas l'envoyer en prison,
05:38parce qu'au contraire ça va ne faire qu'aggraver son sentiment de violence.
05:43Donc tout ça ne m'étonne pas, mais les français, ils veulent que tous les pillards,
05:47que tous les barbares qui ont profané cette fête, parce que ça devait être une fête initialement,
05:52eh bien ils veulent qu'ils aillent en prison, qu'ils bénéficient de courtes peines.
05:57Ça on ne le fait pas, le modèle italien le fait à merveille.
06:00Les prisons néerlandaises sont quasiment vides grâce à cela, en Espagne.
06:05Et je vous disais tout à l'heure que le problème c'est qu'on va tout à l'heure,
06:09je crois parler de la proportionnelle, de toutes ces lois qui ne servent objectivement à rien,
06:12qui ne sont pas du tout dans la priorité des français.
06:14À l'Assemblée nationale, il y a une proposition de loi du député Loïc Carverand sur les courtes peines.
06:19Qu'est-ce qu'on attend pour qu'elle soit inscrite à l'agenda de l'Assemblée nationale ?
06:24Qu'est-ce que le gouvernement fait pour attendre ?
06:26C'est une proposition de loi, ça peut être voté en 24 heures.
06:29Et pour le coup ça changerait beaucoup, beaucoup de choses en très peu de temps.
06:32Une attente de verre, sur ce qu'on vient d'entendre, ce frère d'un accusé,
06:35donc il se défend en évoquant plein d'excuses.
06:41Bien sûr, il ferait un bon avocat.
06:45Ce qu'il dit quand il dit qu'il faut mettre de la nuance dans toute chose, etc.
06:48J'entends quand même qu'il reconnaît les faits, qu'il n'est pas dans un déni.
06:51Mais ce que je trouve intéressant, c'est à supposer même que ce qu'il dit soit vrai.
06:54On ne connaît pas le frère après tout.
06:56Ça montre bien comment ça a fonctionné ces violences.
06:59C'est de la loi des meutes.
07:00C'est la loi des foules.
07:01Ça veut dire cet accusé, peut-être qu'il était là en effet pour faire la fête,
07:05qu'il n'a pas pris conscience de la gravité de son acte,
07:08qu'il a vu des foules célébrer la fête par la violence.
07:11Ils aient des vifrines entrées dans les magasins, pillées des magasins.
07:14Et justement, je reviens sur ce que disait tout à l'heure Jules,
07:16et je suis en désaccord là-dessus, vous disiez qu'ils ont un projet,
07:18ce n'est pas du nihilisme.
07:19Non, je trouve qu'il y a le nihilisme là, dans son expression la plus totale.
07:24Vous avez des foules, vous avez des meutes,
07:26pour qui célébrer une victoire d'un match pour lequel ils ne sont pour rien,
07:29parce que ce n'est pas eux qui ont marqué des buts,
07:31et ce n'est pas eux qui ont fait 5-0.
07:33Ils n'ont rien fait à part regarder un match se faire sous leurs yeux.
07:36Et quand ils célèbrent leur victoire,
07:37leur manière de le faire, c'est monter sur des voitures,
07:40casser des voitures, agresser des policiers,
07:43casser des vitrines, piller des magasins.
07:44C'est la culture du rien, quoi.
07:47Mais ce n'était pas des supporters.
07:49Ce n'était pas des supporters qu'on a vus.
07:51Ce sont des personnes qui, à chaque fois qu'on organise un événement,
07:55c'était le cas pour la Ligue des Champions en 2022.
07:57Oui, mais c'est un alibi le sport, c'est un alibi le foot.
07:59Mais non, mais même pas, parce que c'est, pardonnez-moi,
08:01ce qu'on a vécu hier, c'est le match retour des émeutes de 2023.
08:04C'est des pillards, des barbares,
08:06qu'on avait déjà vus par le passé,
08:08c'est également...
08:09On les a vus lors de la demi-finale.
08:10C'est l'autre génération, pendant la demi-finale,
08:12c'est l'autre génération des émeutes de 2005,
08:15mais en réalité, c'est simplement ce match retour.
08:17Ils veulent montrer que l'État est affaibli
08:20et que c'est eux qui contrôlent l'État.
08:22Et, pardonnez-moi, on parlait tout à l'heure
08:24du fait qu'on a organisé la parade,
08:25c'est une grande victoire pour eux,
08:27et c'est aussi la raison pour laquelle
08:28ils sont ressortis dans la rue le dimanche.
08:31C'est pour fêter cette victoire face à l'État.
08:33C'est pour ça que je vous dis que
08:33ce n'est pas du nihilisme qu'ils ont un projet,
08:35le projet, c'est d'affaiblir l'État,
08:37voire même de détruire l'État.
08:39Et ça, pardonnez-moi, c'est une croyance,
08:41donc ce n'est pas du nihilisme.
08:42Pour conclure, Nathan ?
08:43Je ne suis pas d'accord là-dessus,
08:45et je pense qu'il faut mettre une nuance.
08:46Que, par exemple, les gangs de narcotrafic
08:49aient un projet, et qu'ils veuillent détruire l'État,
08:53prendre de la puissance par rapport à l'État,
08:55ça, je signe là-dessus.
08:56Mais dans les violences qu'on a vues,
08:58moi j'en ai vu à ma toute petite échelle,
09:00depuis ma fenêtre,
09:00ce n'étaient pas les violences les plus intenses,
09:02ce n'étaient pas aux Champs-Elysées,
09:03mais j'ai vu comment une foule
09:04qui était en train de faire la fête
09:05est parasitée par une bande de gens
09:08qui arrivent,
09:09ça commence en jetant une poubelle sur des voitures,
09:11on monte sur des voitures,
09:13on jette des mortiers n'importe comment,
09:14et on voit bien cette mécanique-là.
09:16Et je pense que,
09:18alors peut-être qu'il y a parmi eux des trafiquants
09:20qui ont le projet que vous mentionnez,
09:22mais il y a aussi ce nihilisme,
09:24cette culture du rien,
09:25cette culture du vide
09:26qui pousse une foule à devenir une meute
09:31et qui pousse certains à rentrer dans cette logique-là.
09:33Et je pense que si cet individu
09:34était en effet inconscient de ce qu'il faisait,
09:36c'est tout à fait possible,
09:37et peut-être que le type est un brave gars dans la vie,
09:38mais c'est très illustratif de ce qui s'est passé
09:40ce dernier soir.
09:42Et très choquant, et lamentable.
09:4313h42, on reste ensemble avec Jules Torres,
09:44avec Nathan Devers,
09:45dans quelques instants,
09:46on va parler d'Edouard Philippe,
09:47qui critique,
09:48il étrie même le second mandat d'Emmanuel Macron,
09:50et qui évoque surtout un ticket avec Bruno Retailleau.
09:52Tiens, tiens, on en parle à tout de suite.
09:54De 13h à 14h,
09:55vous écoutez Céline Giraud sur Europe 1.
09:56Europe 1 Trésor

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