Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 03/06/2025
Les Vraies Voix avec Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des magistrats.

Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a

##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2025-06-03##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:03Rien ne peut justifier ce qui s'est passé dans la capitale et dans le pays. Rien.
00:07Ça sert à quoi d'avoir Bruno Rutaillot mis à l'intérieur ? Qu'est-ce que ça a changé ?
00:11La situation est presque pire même que ce que nous avons connu il y a quelques semaines.
00:15Ceux qui pensent qu'il ne s'agit que d'une défaillance de l'aspect sécuritaire, de la réponse sécuritaire,
00:22se trompent, comme le Rassemblement National, comme ils trompent, je pense, les Français.
00:26Il est quand même assez étonnant en France que le droit de manifester, finalement,
00:31ne puisse pas se passer de manière correcte et dans la tranquillité pour les participants.
00:3895%, je le dis à la louche, de ces participants sont venus avec des intentions pacifiques.
00:44Donc je vous le dis, la réponse de l'État sera à la hauteur.
00:48On poursuivront, on puniront, on sera implacable.
00:51Du sursis, les premières peines prononcées contre les auteurs de violences ne sont plus à la hauteur.
00:57Et si Gérald Darmanin, après des heures, suite au sacre du PSG,
01:01le garde des Sceaux voudrait supprimer le sursis et les aménagements de peines.
01:05Alors parlons vrai.
01:06Est-ce que cet écart entre les peines prévues et les peines prononcées ne vous paraît pas surréaliste ?
01:11Et à la question « Violence après la victoire du PSG », pensez-vous, comme Gérald Darmanin,
01:15que les condamnations ne sont plus à la hauteur de la violence que connaît notre pays ?
01:18Vous dites-vous à 93%, vous voulez réagir ?
01:21Le 0826 300 300.
01:23Notre invité pour en parler, Aurélien Martinique, est avec nous, secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats.
01:29Monsieur le secrétaire général, merci en tout cas d'avoir accepté cette invitation sur Sud Radio.
01:33Philippe Bilger.
01:34Je vais essayer d'être bref, alors que le sujet proposé par Sud Radio pourrait susciter très long développement.
01:42D'abord, je suis frappé de voir qu'il me semble que c'est la première fois que, de manière aussi claire, sans équivoque,
01:50le garde des Sceaux et le Premier ministre considèrent que les condamnations qui ont été prononcées
01:57n'ont pas été à la hauteur des faits graves qui se déroulent depuis le 31 mai au soir.
02:03Deuxième élément, tant qu'on restera dans le système de la preuve individuelle,
02:10avec des prévenus qui disent qu'ils n'ont jamais été condamnés
02:13et qu'en réalité, ils ont été pris par une sorte de pression collective
02:19ou qu'ils voulaient impressionner les autres,
02:22eh bien on aboutit à des peines avec sursis et probablement relâchées
02:28et des sursis qui, peut-être plus tard, ne seront pas révoqués.
02:32Troisième élément, et j'ai presque fini,
02:36eh bien les mesures proposées par Gérald Darmanin sont tout à fait pertinentes
02:41et la dernière observation, c'est qu'il me semble que pour toutes ces violences collectives,
02:48il faut sortir de la preuve individuelle qui n'a rigoureusement aucune chance d'aboutir,
02:55il faut accepter de considérer que le groupe lui-même est co-auteur des violences.
03:01Sébastien Ménard ?
03:02Alors moi je ne crois pas du tout en fait à l'adaptation ou à l'interprétation de la loi.
03:09Désolé Philippe Bilger, moi je pense qu'en fait la problématique,
03:13elle est technique, elle est tactique, elle est terrain.
03:15Vous avez vu comme moi probablement sur les réseaux sociaux des vidéos diffusées par les jeunes
03:21où on voit des flics, on va les appeler comme ça, prendre à partie des jeunes.
03:26Alors ce n'est pas n'importe quel jeune, c'est des jeunes qui sortent de boutiques en train d'être pillés.
03:30Moi j'ai vu des fonctionnaires de police s'avater des délinquants, leur mettre des tartes, etc.
03:37C'est cette doctrine-là en fait qu'il faut appliquer.
03:39À un moment donné, on le voit bien, quand la police décide d'intervenir,
03:44ce n'est pas des manchots, ce n'est pas des lâches.
03:46On a des fonctionnaires de police qui sont extrêmement courageux, extrêmement préparés pour ça.
03:50À un moment donné, il faut s'interposer, il faut y aller.
03:54C'est ce qu'ils faisaient contre les gilets jaunes.
03:55Il faut donner des ordres clairs et avoir le courage de donner des ordres clairs.
04:02Je ne sais pas, moi j'ai quand même le sentiment qu'il y a des boutiques dans Paris qui ont été épargnées.
04:06Il y a quand même des grandes boutiques de luxe.
04:09Peut-être que des consignes y avaient été données.
04:11Sûrement d'ailleurs, il ne fallait pas que ça passe.
04:13Il ne fallait pas qu'il y ait une vitrine de cassé, il ne fallait pas qu'il y ait de pillage.
04:17Et quand on laisse aux fonctionnaires de police le soin de faire leur boulot,
04:21évidemment les manifestants reculent, les pillards reculent,
04:26et il y a moins de dégâts constatés.
04:28Mais quand on laisse les fonctionnaires de police regarder parce qu'ils n'ont pas l'ordre d'intervenir,
04:33voilà ce qui se passe.
04:33Moi j'ai vu à côté de mon bureau, parce que je travaille boulevard Haussmann,
04:37j'ai un salon de coiffure qui n'a rien demandé, qui a été pillé, totalement vandalisé.
04:43Il y a des voisins, etc., des gens qui bossent avec moi, qui avaient garé leur bagnole.
04:46Il n'y a plus de bagnole, il n'y a plus rien.
04:48Voilà, c'est-à-dire qu'eux aussi ont regardé le match, eux aussi avaient le droit de faire la fête.
04:51Est-ce que c'est normal ? Qu'est-ce qu'on dit à ces gens-là ?
04:53On va leur dire, ah mais non, mais là c'est normal,
04:56maintenant on va prendre, pardonnez-moi, Philippe Bigère, l'épreuve collective, machin.
04:59Mais ça suffit, on n'a pas besoin de ça.
05:01On a aujourd'hui un outil à disposition de l'État français,
05:07à savoir des fonctionnaires de police, des structures, des équipements, des machins.
05:11Il y a tout ce qu'il faut pour intervenir.
05:13Pourquoi n'intervenons-nous pas ?
05:15Il y a plusieurs choses à dire.
05:18Premièrement, nous restons pour l'instant en État démocratique.
05:23Il n'y a effectivement...
05:24Ce n'est pas démocratique de laisser des jeunes piller des magasins.
05:28Il y a d'une part la police qui fait son travail, qui fait ce qu'elle peut, la réalité.
05:34Et ensuite, il y a la réponse judiciaire, la réponse des magistrats.
05:37Et là, effectivement, on peut avoir le sentiment que la réponse n'est pas finalement adéquate
05:44par rapport au ressentiment général de la population.
05:48Et ce n'est pas qu'un ressenti.
05:49Et ce n'est pas qu'un ressenti, vous avez complètement raison.
05:53La réalité, c'est quoi ?
05:54C'est quel est le message qu'on envoie aux autres pour les prochains événements ?
05:59Moi, c'est ça qui me fait peur.
06:00Parce qu'au final, ces fameuses sursis, ces fameuses peines relativement faibles,
06:04malheureusement, qui doivent être traitées de manière individuelle,
06:08parce qu'elles ont probablement une réponse.
06:10Moi, ce qui me chagrine, c'est le peu, finalement, de personnes condamnées,
06:16le peu d'interpellations, même s'il y en a eu beaucoup,
06:19parce que la police, dans ces moments-là, est complètement débordée.
06:22Et j'espère qu'avec tout ce qui traîne sur les réseaux sociaux, les vidéos, etc.,
06:26que ça va continuer.
06:27La réalité, c'est qu'il faut traiter les choses de manière beaucoup plus profonde.
06:30Moi, ce que je pense, c'est que vous avez des gens qui viennent se défouler,
06:32qui se servent de ce type d'événements.
06:35Et là, c'est cocomitant, puisqu'aujourd'hui, on a Teddy Riner,
06:39qui est la personnalité choisie par le gouvernement,
06:41notamment pour traiter de la santé mentale.
06:42Moi, je pense qu'il y a un vrai sujet, d'un point de vue de la santé mentale,
06:47notamment en plus de la réponse judiciaire qui doit être apportée,
06:50parce qu'il n'est pas normal que, parce que certains viennent faire la fête,
06:55que d'autres viennent casser, piller, etc.
06:57Moi, je trouve ça scandaleux.
06:59Et je suis désolé de le dire, on a un garde des Sceaux,
07:02c'est comme s'il n'a jamais été ministre de l'Intérieur.
07:04Aujourd'hui, qui va s'exprimer ?
07:06Alors, je passe le fait qu'un garde des Sceaux puisse s'exprimer,
07:09critiquer des décisions de justice.
07:11Ça, c'est une chose.
07:12Mais la réalité, c'est que quand il a été ministre de l'Intérieur,
07:14a-t-il vraiment agi en la matière ?
07:16Parce que ce n'est pas nouveau.
07:17Et ça va continuer, malheureusement.
07:19Moi, c'est ça qu'il faut dénoncer.
07:20Et moi, j'ai de la peine pour tous ces commerçants,
07:23parce que, généralement, ça n'est pas LVMH qui a été attaqué ou quoi que ce soit.
07:30Ce sont des pauvres commerçants qui vont avoir des primes d'assurance
07:33qui vont exploser et qui vont probablement, pour certains d'entre eux,
07:37mettre la clé sur la porte.
07:38Et qui ont déjà subi plusieurs fois depuis.
07:40Exactement.
07:41Aurélien Martigny, secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats,
07:46voilà, état des lieux de ce qui se dit autour de cette table.
07:49Quand on voit, excusez-moi, quand on voit que, pour les pires,
07:51on risque 3 ans fermes et 45 000 euros d'amende,
07:54là, c'est 500 à 800 euros d'amende et de la prison avec sursis,
07:56la magistrature a anticipé la période des soldes ?
08:00Alors, non, mais simplement, d'abord, pour reprendre un peu les choses,
08:05il y a des comportements qui ont été intolérables
08:07et des gens qui viennent pour casser.
08:08C'est-à-dire que ce ne sont pas des supporters de foot,
08:10ce sont des gens qui viennent pour casser, pour piller.
08:12Ce sont des voleurs, des pilleurs.
08:14Ça, c'est un point, je crois, qui est contesté par personne.
08:16Deuxième élément, moi, j'ai eu à gérer,
08:19alors pas de cette nature et pas de cette ampleur,
08:21mais au parquet, des manifestations qui débordent avec des pillages.
08:26Je vais vous dire, le sentiment qu'on ressent,
08:27c'est un sentiment de frustration.
08:29C'est le sentiment majoritaire.
08:31Pourquoi ?
08:32Parce que bien souvent,
08:33et quand vous avez les caméras piétons des policiers
08:34ou de la vidéosurveillance,
08:36ce que vous constatez, c'est que ceux qui sont interpellés
08:38ne sont pas ceux qui sont les plus dangereux ou les plus actifs.
08:41Très clairement, moi, ce que j'ai constaté dans tous ces types de dossiers,
08:44c'est que ceux qui sont les plus actifs, ceux qui ont les boules de pétanque,
08:47ceux qui ont les cocktails Molotov, etc.,
08:49ceux-là, ils sont beaucoup plus rodés et ils ne se font pas interpeller.
08:52Et ceux qui se font interpeller, souvent, c'est le menu frottin,
08:56pardonnez-moi l'expression, mais c'est des gens beaucoup moins expérimentés
09:00qui se font interpeller.
09:02Et d'où les réponses judiciaires aussi,
09:03qui ne sont pas à la hauteur des agissements communs,
09:05parce qu'ils ne sont pas les plus actifs.
09:08Donc ça, ça rejoint aussi la question que posait Philippe Bigère
09:11sur la responsabilité collective.
09:13Sur le sursis simple, on a une vraie question.
09:16Moi, je ne veux pas le nier,
09:17parce que quand vous demandez à un prévenu
09:19qui a déjà été condamné à une peine du sursis simple,
09:22« Monsieur, avez-vous déjà été condamné ? »
09:24La réponse est toujours la même.
09:27« Non, je n'ai jamais été condamné. »
09:29Parce que j'ai été condamné du sursis simple.
09:31Donc, ça interroge sur le sens de la peine.
09:33Parce que si on condamne des gens
09:34qui n'ont pas la sensation d'être condamnés,
09:35on rate la cible.
09:36Mais la vraie question, c'est qu'est-ce qu'on fait
09:38de ces gens condamnés à du sursis simple ?
09:40C'est centaines de milliers de personnes.
09:42Est-ce qu'on les met en détention
09:43alors qu'on a 133% de surpopulation carcérale
09:47et que tout le monde alerte sur le risque
09:48que les maisons d'arrêt explosent à l'été ?
09:51Est-ce qu'on les met en prison ?
09:52Et si on ne les met pas en prison,
09:53est-ce qu'on les fait suivre par des agents de probation
09:55qui suivent actuellement 200 000 personnes,
09:58à peu près 250 000 personnes,
09:59milieu ouvert, milieu fermé,
10:00c'est-à-dire détenus et hors les murs de la prison ?
10:03On rajoute 300 000 personnes ?
10:04Et comment on fait ?
10:05Vous voyez, il y a vraiment une question de capacité de l'État
10:08quand même à réagir.
10:09Déjà, pardon de vous couper,
10:14mais déjà, ceux qui, oui,
10:16peut-être n'ont que du sursis
10:17et ce ne sont pas les plus méchants,
10:18enfin, ils étaient quand même là pour piller.
10:20Donc à ce moment-là, nous, on a vu qu'il y avait
10:21des gens qui avaient des CDI, des choses comme ça,
10:24qui ont quand même été pris la main dans le sac.
10:27Eh bien, qui payent ?
10:28Pardon de vous le dire ?
10:29Qui payent ?
10:30Qui remboursent ?
10:31Non mais complètement.
10:33Et pourquoi on ne le fait pas, ça ?
10:34Pourquoi on ne le fait pas ?
10:35Alors, je ne sais pas si ça n'a pas été fait.
10:37Franchement, je ne connais pas les dossiers.
10:38C'est un peu compliqué de se prononcer
10:39sur ce qui a été dit à l'audience
10:41à l'issue d'un débat contradictoire.
10:43Je ne sais pas quelles ont été les réquisitions du parquet.
10:45Je ne sais pas si un appel sera interjeté.
10:49En tout cas, ce qui est sûr,
10:50c'est qu'on a une double problématique.
10:53On a une problématique de maintien de l'ordre public
10:55qui est première, prioritaire.
10:57Il faut maintenir l'ordre.
10:57Et en même temps, il faut arriver à monter des procédures,
11:01c'est-à-dire à judiciariser des comportements
11:02de telle sorte qu'on arrive à des sanctions
11:04qui soient des sanctions palpables à l'audience.
11:07Et ça, c'est compliqué.
11:08Je vais vous donner un exemple.
11:10Moi, j'ai des policiers qui étaient sur le terrain ce week-end.
11:13On dit, vous savez, on a interpellé des gens.
11:17On les a menottés.
11:18On les a posés sur le trottoir.
11:19On attendait avec deux effectifs qui les gardaient.
11:22On n'a pas pu faire de remise OPJ.
11:24Il n'y a pas d'OPJ disponible.
11:26Donc, on les a démenottés.
11:27On les a laissés repartir
11:27parce qu'il a fallu qu'on rejoigne
11:29le dispositif de maintien de l'ordre.
11:30Donc, il y a aussi...
11:31Je dis ça.
11:33Je ne veux pas jeter l'oppre.
11:35Mais vous voyez, on a quand même derrière tout ça
11:37un problème de moyens et de capacité à traiter.
11:41Si on ne voit la question que sous l'angle
11:43d'affaiblissement des institutions
11:45en disant les uns font leur travail,
11:46les autres ne le font pas,
11:47je ne crois pas que ce soit ça.
11:48Je crois vraiment que le régalien en France
11:52n'est pas considéré à la hauteur
11:54qu'il devrait être.
11:56Et on en paye les conséquences.
11:58Est-ce que vous ne trouvez pas
12:00que les mesures de Gérald Darmanin
12:03et notamment les peines minimales
12:05pour, à partir du moment
12:08où la culpabilité est établie,
12:11sont assez habiles
12:13dans la mesure où
12:14elles pourraient ne pas susciter
12:16forcément
12:17l'hostilité des magistrats
12:20contrairement
12:22à ces peines planchées d'hier ?
12:25Je suis prêt à en discuter
12:26et l'Union syndicale des magistrats
12:28est prête à en discuter,
12:29très clairement.
12:30L'exemple des peines planchées,
12:31le problème,
12:32c'est que c'est un contre-exemple majeur
12:34parce que ce qu'on présente toujours
12:35comme la solution,
12:35les peines planchées
12:36qui ont fait un retour d'expérience,
12:38ça n'a pas fonctionné.
12:39Et pourquoi ?
12:40Parce que la même majorité
12:41qui faisait les peines planchées
12:42à l'époque,
12:43le même gouvernement,
12:43a fait en même temps
12:44l'aménagement des peines
12:45jusqu'à deux ans.
12:46Rendez-vous compte,
12:47deux ans d'emprisonnement ferme,
12:48on n'y allait pas.
12:49On n'allait pas en détention.
12:50Pourquoi ?
12:51Parce que le risque,
12:52c'était de générer
12:53une surpopulation carcérale.
12:54Et donc moi,
12:55je pose une question,
12:55si l'objectif,
12:56c'est d'incarcérer plus,
12:58où mettons les gens ?
13:00C'est quand même une vraie question.
13:01On demande aux magistrats,
13:02vous n'êtes pas assez sévères,
13:03alors qu'ils le sont,
13:04de plus en plus.
13:05Et d'ailleurs,
13:05les prisons craquent,
13:06c'est bien que les magistrats
13:06incarcèrent de plus en plus.
13:08Mais si on doit encore
13:14en cinq ans,
13:16rendez-vous compte.
13:17Donc,
13:17si on a besoin
13:18de places de détention,
13:19il faut les faire.
13:19Ou alors,
13:20il faut que le politique
13:22dise qui on sort de détention,
13:24qui on sort de prison
13:25et qui on y met.
13:26Mais vous voyez,
13:27c'est une question de fond.
13:28On ne peut pas simplement dire
13:29la justice est la crise.
13:30D'ailleurs,
13:31c'est faux
13:31si on compare
13:32aux autres pays européens.
13:33Allez,
13:330826 300 300,
13:34c'est un autre Philippe
13:35qui est avec nous.
13:36Rebonsoir Philippe.
13:37Oui,
13:38j'écoute avec attention.
13:40Je crois que les gens
13:41sont rationnels.
13:42Je crois que même,
13:43à part les fous,
13:44bien sûr,
13:44on est tous conscients
13:46des avantages
13:46et des inconvénients
13:47des situations
13:49qu'on provoque.
13:50Donc,
13:50ces jeunes
13:51qui ont pillé des boutiques
13:52savent très bien
13:53qu'ils ne risquent
13:54pas grand-chose.
13:55Alors,
13:55effectivement,
13:56on nous dit
13:57qu'il n'y a pas
13:57de place de prison.
13:58Alors,
13:58il va falloir se poser
13:59la vraie question.
14:00Par exemple,
14:01faut-il que des étrangers
14:02qui sont en prison
14:03continuent à être
14:05emprisonnés en France ?
14:06Et cette question-là
14:06n'a pas été traitée.
14:08Il y a,
14:08je crois,
14:08plus de 20 000 personnes
14:09qui sont en attente
14:10du jugement en prison.
14:11Des places de prison,
14:12on peut en trouver.
14:13mais il y a d'autres décisions
14:14à prendre
14:14qui ne sont pas prises actuellement.
14:16Mais en tout cas,
14:17si on laisse les choses
14:18de cette manière,
14:19on a une explosion
14:19de la violence
14:20sur ce fait précis,
14:21mais on a une explosion
14:21de la violence.
14:22Je notais ce matin
14:23qu'il y a 20%
14:24d'augmentation
14:24des incidents
14:26dans les transports
14:26en commun.
14:27On est une société
14:27qui va de plus en plus mal.
14:29Je ne sais pas
14:30si c'est la répression
14:31qui va la changer,
14:32mais en tout cas,
14:32on ne peut pas laisser
14:33les choses continuer
14:34sur ses devoirs.
14:35Ça, c'est clair.
14:35La responsabilité
14:39des parents,
14:40Aurélien Martigny.
14:42Quand on voit
14:42qu'à Nantes,
14:43par exemple,
14:43un gamin de 12 ans
14:45a attaqué un bus,
14:46que faisaient
14:46les parents ce soir-là ?
14:48Alors,
14:48très clairement,
14:49moi,
14:50j'ai été chef
14:50d'une section
14:50des mineurs au parquet.
14:51La responsabilité
14:52des parents,
14:53elle est majeure
14:53dans bien des passages
14:54à l'acte délinquant
14:55des mineurs.
14:56Mais il faut distinguer
14:57les cas.
14:58C'est-à-dire que
14:58vous avez effectivement
14:59des parents
14:59qui sont dépassés,
15:02c'est-à-dire
15:02qu'ils n'y arrivent plus,
15:03et des parents
15:03qui ne veulent pas.
15:04Et sur les parents
15:07dépassés,
15:08il faut les aider.
15:09Je vais vous prendre
15:09un exemple très simple,
15:10mais pour vous faire comprendre.
15:11Je pars d'un cas
15:12un peu plus loin.
15:13Quand vous avez
15:14des délais très importants
15:15pour divorcer un couple,
15:16et qu'au lieu de le divorcer
15:18en 4 mois,
15:18vous le divorcez en 8,
15:19le risque,
15:20c'est que les gens
15:20restent ensemble
15:21en attendant des décisions
15:22et finissent par taper dessus
15:23parce qu'ils n'en peuvent plus.
15:25Ça va engendrer
15:25des violences conjugales.
15:26Et donc,
15:26vous allez poursuivre,
15:27finalement le mari,
15:28pour des violences conjugales.
15:29Et puis,
15:29l'enfant qui aura assisté
15:31aux violences conjugales,
15:32il va être traumatisé.
15:34Simplement,
15:35les services de l'AZE,
15:36le juge va dire
15:36je veux qu'il soit pris en charge
15:37tout de suite
15:37pour avoir un suivi psychologique.
15:40Mais au lieu de être pris en charge
15:41à un mois,
15:42ça sera 6 mois.
15:43Et puis donc,
15:43comme la mise en charge
15:44ne se met pas en up,
15:45celui-ci va tomber
15:46dans la délinquance,
15:46etc.
15:47Oui,
15:47mais il faut arrêter de dire
15:49qu'il n'y a que des gens
15:50de par exemple divorcés
15:51qui...
15:52On l'entend ça aussi.
15:54Ce que je dis,
15:55c'est que
15:55les moyens alloués
15:57à la justice,
15:58ils ont des conséquences
15:59en cascade.
15:59C'est ça que je dis.
16:00Et que,
16:01vous voyez,
16:01je parle d'une décision
16:02parce que c'est une décision
16:03que j'ai vécue
16:04professionnellement.
16:06Mais quand la justice
16:07n'a pas les moyens
16:07d'intervenir rapidement
16:08et surtout
16:09de faire exécuter
16:10ces décisions rapidement,
16:12alors on se retrouve
16:12dans une situation
16:13où elle n'est plus efficace
16:14et quand la justice
16:15n'est plus efficace,
16:16on arrive à ces situations.
16:17En fait,
16:18on est tout le temps
16:19dans la culture
16:19de l'excuse.
16:20Il y a toujours une excuse
16:21en fait.
16:22Il y a toujours un truc
16:22qui ne va pas.
16:23Une explication.
16:24Une explication.
16:25Oui.
16:25Il y a 4 fois moins
16:26de procureurs en France
16:27que la moyenne européenne
16:27et 2 fois moins de juges.
16:28Vous me dites
16:29qu'on peut faire aussi bien
16:30avec 4 fois moins
16:30et 2 procureurs
16:32et 2 fois moins de juges.
16:32Non, non, mais je ne parlais
16:33pas de vous.
16:33Je parlais des parents.
16:35Non, mais vous voyez,
16:36c'est quand même fondamental.
16:38Cette question,
16:38elle est fondamentale.
16:39Quand on compare
16:39aux autres pays
16:40qui n'ont pas notre taux
16:41de circulation carcérale
16:42alors qu'ils incarcèrent
16:43comme nous,
16:44donc ils ont plus
16:44de places de prison,
16:46ils ont 4 fois plus
16:46de procureurs,
16:472 fois plus de juges,
16:48vous me dites,
16:48bah oui,
16:48la justice,
16:49ça marche mieux ailleurs.
16:50Mais ce n'est pas
16:51que les lois sont meilleures ailleurs.
16:53On n'a pas de plus mauvais
16:54parlementaire
16:54que dans d'autres pays européens.
16:56On consacre moins de moyens
16:58à la justice.
16:58On préfère mettre
16:59des moyens ailleurs.
17:00C'est un choix politique.
17:01Il faut en assumer
17:01les conséquences.
17:03Merci en tout cas
17:04mille fois d'avoir accepté
17:05notre invitation.
17:06Aurélien Martin.
17:06C'est toujours un plaisir
17:07de vous avoir,
17:07secrétaire général adjoint
17:09de l'Union syndicale
17:10des magistrats.
17:11Vous restez avec nous
17:12dans un instant.
17:12Le qui sait qui qu'il a dit.
17:13Ça va nous détendre
17:14un petit peu tout de suite.
17:15Sud Radio,
17:17c'est votre opinion qui compte.
17:18Je vous écoute
17:19depuis des années,
17:20tous les matins,
17:21dès que je pose le pied,
17:24j'habille mon Sud Radio.
17:25Sud Radio,
17:26parlons vrai.

Recommandations

1:30
À suivre