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  • 03/06/2025
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, la proportionnelle pourrait dynamiter le gouvernement ?
00:05Et provoquer le départ de Bruno Retailleau, oui, c'est ce qu'a voulu faire croire le ministre de l'Intérieur
00:10dans une étonnante mise en scène hier dans la cour de Matignon,
00:13à pression d'abord ce pur moment de comédie politique.
00:16Le Premier ministre François Bayrou accueille pour le consulter le nouveau patron des Républicains,
00:21Bruno Retailleau, qui est aussi son ministre de l'Intérieur, chargé des élections donc,
00:25flanqué de celui qui, devant les militants LR, l'accusait de se diluer dans le macronisme,
00:30Laurent Wauquiez, finalement battu à plate couture,
00:33pour dire ensemble, au premier, tout le mal possible de son cheval de bataille historique,
00:38ce changement de mode de scrutin que Bayrou défend depuis 30 ans.
00:42Baroque !
00:43Retailleau affiche son opposition absolue et laisse planer le doute sur son maintien au gouvernement.
00:47Wauquiez se dit consterné par le rendez-vous qu'il vient d'avoir.
00:50Dans un pays, dit-il, en proie à l'excès de dépenses publiques, d'insécurité, d'immigration,
00:56mais où la priorité du Premier ministre est le changement des règles électorales.
01:00C'est là qu'on se dit que quelque chose cloche dans le raisonnement.
01:02Pourquoi dites-vous ça ?
01:03Laurent Wauquiez n'a pas tort de pointer le côté un peu dérisoire de ce qu'il appelle un tripatouillage électoral.
01:09En regard des défis à relever et des crises qui nous assaillent,
01:13la proportionnelle présente un intérêt, disons, inversement proportionnel.
01:17Mais alors, c'est sur ce sujet que le ministre le plus en vue du gouvernement choisirait de claquer la porte
01:21pour retourner la saillie de Wauquiez.
01:24La dépense publique, l'insécurité, l'immigration explose.
01:27Et la priorité de Retailleau, au point d'en faire un casus belli,
01:30serait de ne rien changer au mode de scrutin.
01:32Vous ne croyez donc pas à sa démission ?
01:34Pas sur ce motif, non, personne ne le comprendrait.
01:37Bruno Retailleau s'est offert à peu de frais une démonstration d'unité avec son ex-rival.
01:41Il a donné des gages à ses troupes.
01:43Il est vrai, très opposé à la proportionnelle.
01:45Ce théâtre ne devrait pas nous dispenser du débat de fond.
01:48Qu'est-ce que la vie publique aurait à gagner ou à perdre avec un autre mode de scrutin ?
01:53Il ne suffit pas de prétendre, comme le fait à l'air,
01:55que la proportionnelle rendrait le pays encore plus ingouvernable,
01:58alors qu'il l'est déjà si largement,
02:00et que le scrutin majoritaire a montré ses limites dans un paysage désormais coupé en trois.
02:04Pas plus qu'il ne suffit de se proclamer gaulliste pour refuser le changement.
02:09D'ailleurs, de quel De Gaulle parle-t-on ?
02:11Il y en a plusieurs ?
02:12Oui, avant le fondateur de la cinquième, le De Gaulle de 1958,
02:17il y eut celui de 1945 qui fit le choix de la représentation proportionnelle.
02:23Et pas par principe, juste pour éviter aux partis de gauche de s'allier avec le PCF
02:28et pour ne pas donner la victoire législative aux communistes.
02:32De Gaulle l'a écrit explicitement dans une lettre à Michel Debré en 1946.
02:37Un choix purement opportuniste donc,
02:39comme le serait demain la proportionnelle qui viserait à empêcher
02:43une majorité absolue de députés Rassemblement National.
02:46C'est pour cela qu'il faut que le débat ait lieu,
02:48qu'il nous permette de faire la part des intérêts de chaque boutique
02:51et de l'intérêt général.
02:52Patrick Cohen
02:53Sous-titrage Société Radio-Canada

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