En vue de la Convention des Nations unies sur l’Océan, le 9 juin à Nice, le Muséum national d’histoire naturelle fait voyager la Korrigane, son bateau laboratoire bas-carbone, en France. Il est venu sensibiliser les publics aux questions de protection de la biodiversité marine.
00:00L'invité de Smart Impact c'est Frédérique Schluss, bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Bienvenue, vous êtes la directrice générale déléguée à la recherche, l'expertise, la valorisation et l'enseignement au Muséum d'Histoire Naturelle.
00:16On va parler de préservation de l'océan à l'occasion de la conférence des Nations Unies sur l'océan qui se tient, qui démarre le 9 juin à Nice.
00:24Mais d'abord vous allez nous présenter la Corrigan, c'est un navire de recherche bas carbone du Muséum.
00:32Ça veut dire que le Muséum d'Histoire Naturelle fait de la recherche déjà, on peut commencer par dire ça, et beaucoup.
00:37Oui, bien sûr, il y a 16 laboratoires mixtes qui sont associés au Muséum.
00:43Donc on a effectivement beaucoup de chercheurs qui travaillent beaucoup évidemment sur la biogéodiversité passée, actuelle,
00:51et sur tous les impacts en fait que la biodiversité subit aujourd'hui.
00:57Oui, effectivement.
00:59Comment à travers ces expositions le Muséum d'Histoire Naturelle joue un rôle de sensibilisation sur cette thématique-là, mais sur les autres thématiques en général ?
01:08Alors en fait, toutes les expositions sont conçues avec des chercheurs.
01:11Il y a toujours un commissariat scientifique, et donc des chercheurs du Muséum, mais pas forcément uniquement des chercheurs du Muséum.
01:17Et l'idée c'est vraiment de transmettre les connaissances scientifiques, les dernières connaissances scientifiques, à l'ensemble des publics.
01:24Donc il y a des expositions, mais il y a aussi des vidéos, il y a aussi des podcasts, il y a aussi des livres.
01:29Il y a beaucoup de choses en fait, on essaye de toucher tous les publics.
01:32Avec une volonté de vulgarisation, ce qui n'est pas forcément évident quand on part d'une recherche scientifique qui peut être complexe jusqu'au grand public.
01:41Effectivement, ce n'est pas toujours facile, mais on est aidé aussi par des professionnels, qui sont des professionnels de la muséologie, pour faire ces expositions.
01:50Et donc on essaye de s'adapter à un discours qui soit accessible à tous, mais toujours très rigoureux.
01:56Alors cette Corrigan, ce bateau déjà, est-ce que vous pouvez nous le décrire ?
02:01Alors c'est un bateau qui fait 15 mètres environ, qui est chargé d'étudier les écosystèmes côtiers, qui est basé à Saint-Malo, puisque le muséum a aussi deux stations marines.
02:12Une station marine qui est à Dinard et la plus vieille station marine encore en activité qui est à Concarneau.
02:18Et donc ce bateau est basé à Saint-Malo, à côté de la station marine de Dinard et il a pour objectif de pouvoir inventorier les écosystèmes, les espèces de cette côte qui est extrêmement fragile,
02:31puisqu'il y a beaucoup d'impact aujourd'hui que subissent ces écosystèmes côtiers.
02:37Donc c'est un bateau qui cherche, qui sert à la recherche, à la sensibilisation aussi.
02:44J'imagine que cet objectif-là existe aussi.
02:47Alors beaucoup à la recherche, parce que c'est un bateau-laboratoire, un bateau-laboratoire bas carbone, parce qu'il fonctionne, c'est un prototype qui fonctionne sur un moteur hybride,
02:57donc avec électrique en grande partie.
03:00Et donc il y a un laboratoire aussi qui a été installé, il a été conçu spécialement pour faire de la recherche.
03:06Et donc on peut commencer à faire les premières études, les premiers inventaires de la biodiversité.
03:13Et puis pour l'analyse aussi moléculaire des différentes espèces.
03:18Donc on peut commencer, les scientifiques qui sont à bord peuvent commencer à travailler sur le bateau.
03:22C'est-à-dire que ce n'est pas seulement des échantillons qu'on emmène ensuite dans un labo, c'est ça l'idée ?
03:25Non, non, il y a des microscopes, il y a tout ce qu'il faut pour pouvoir travailler.
03:28Et puis le fait qu'il soit hybride fait qu'il n'avance pas très très vite.
03:34Et ça c'est un atout ?
03:35Et c'est un atout parce que ça permet de travailler sur le bateau le plus rapidement possible, une fois que les spécimens ont été collectés.
03:41Je parlais de sensibilisation parce qu'il a fait un passage à Paris, ce bateau, cette Corrigan, c'était à la mi-mai.
03:50Dans quel cadre ?
03:52Alors ce bateau est venu pendant trois jours à Paris, sur la Seine, au pied de la Tour Eiffel, en face du Musée de l'Homme,
03:59qui est aussi un site du Muséum National d'Histoire Naturelle.
04:02Et l'idée c'était de sensibiliser aux questions de l'océan.
04:06Et donc il y a eu conférences de presse, invitations aussi d'un certain nombre de personnalités.
04:12Des écoles sont venues aussi pour parler de ces grandes questions qui vont être abordées dans le cadre de l'UNOC,
04:18donc la conférence des Nations Unies sur l'océan à Nice en juin.
04:21Avec ce constat, c'est l'Office français de la biodiversité qui nous dit que 33% des récifs coralliens,
04:28des requins, des espèces associées et un tiers des magnifères mamins sont menacés.
04:33En 30 ans, on parle de la disparition de 50% des récifs coralliens.
04:37Est-ce que cette tendance, elle a tendance à s'aggraver ?
04:42Ou alors, parce qu'il y a quand même des efforts internationaux dont on parle notamment ici,
04:46ces efforts ont permis de stopper l'hémorragie ?
04:49Ça dépend. En fait, quand il y a des efforts réels qui sont faits,
04:54on voit qu'il y a une réapparition, une augmentation de cette biodiversité.
04:59On peut prendre l'exemple du thon rouge en Méditerranée,
05:02où il y a eu des interdictions de pêche pendant plusieurs années.
05:05Et là, on voit le thon rouge réapparaître en Méditerranée.
05:08Mais c'est vraiment lié à des programmes spécifiques.
05:12Et donc, globalement, ça a quand même tendance à décliner, la biodiversité.
05:16Mais ce qui est rassurant, c'est que quand on s'en occupe,
05:18en quelque sorte, la nature, je simplifie, mais la biodiversité reprend ses droits relativement vite.
05:24Il y a quand même une capacité de régénération qui est assez bluffante.
05:28Et donc, ça donne encore plus d'importance à ce rendez-vous du 9 au 13 juin à Nice,
05:35la France et la ville de Nice, qui accueille la 3e conférence des Nations Unies sur l'océan.
05:39Pourquoi il est crucial, ce rendez-vous ?
05:40Oui, il est crucial parce que l'océan, c'est quand même la vie, c'est l'origine de la vie.
05:44Déjà, nous sommes tous sortis de l'océan, la première faune et flore est sortie de l'océan.
05:51Et puis, parce que l'océan, c'est aussi indispensable dans le climat, absorbe le CO2, produit de l'oxygène,
05:57c'est une biodiversité extrêmement riche.
05:59Il y a quand même beaucoup de populations qui dépendent de cette ressource qu'est l'océan.
06:03Et puis, j'irai aussi parce que l'océan, c'est plein d'émotions quand on regarde ce qui se passe sous l'eau,
06:10quand on voit du haut d'une falaise ces espaces maritimes.
06:14Donc, c'est indissociable de notre vie en tant qu'humain.
06:19Quelle place, quel rôle va jouer le Muséum d'Histoire Naturelle dans le cadre de cette conférence des Nations Unies ?
06:25Vous y serez ? Vous allez participer à des événements, des tables rondes ?
06:30Ce sera quoi le rôle du Muséum ?
06:31Alors, on va y être de plein de manières différentes.
06:33On va y être, vous parliez de diffusion tout à l'heure, il y a une exposition dans la gare de Nice.
06:38On va être très présents au niveau du grand public pendant toute cette période.
06:44On va aussi participer juste avant ce grand sommet des Nations Unies.
06:48Il y a une conférence internationale qui réunit des milliers de chercheurs.
06:52Donc, on va participer à cette conférence scientifique internationale qui va ensuite délivrer des messages adressés aux décideurs.
07:00On va être là aussi pendant le cadre de l'UNOC, de toutes ces grandes réflexions internationales.
07:07Parce qu'il y a des enjeux sur lesquels on travaille beaucoup.
07:11Voilà, qui sont cette pêche durable, qui sont la question des pollutions plastiques, qui sont la question des aires marines protégées.
07:18Donc, on va être... Et puis la place de la science, bien sûr, pour appuyer la décision.
07:22Oui, alors c'était la question que j'allais vous poser.
07:24Parce qu'il y a sans doute pas mal de frustrations chez les scientifiques.
07:30Je vois votre réaction. La réponse est oui.
07:34Qui sont là pour éclairer les scientifiques et qui ne sont pas forcément entendus.
07:38Et malheureusement, si on parle de réchauffement climatique, depuis des décennies, on peut remonter 50 ans en arrière.
07:44Oui, effectivement, on n'est pas vraiment entendus.
07:48Mais on garde notre engagement pour pouvoir continuer à produire de la connaissance et des messages qui sont associés.
07:56Donc là, la science, avec ce grand congrès scientifique, elle est quand même au cœur de l'appui aux décisions politiques.
08:03Et puis, il va y avoir aussi, on l'espère, une plateforme intergouvernementale qui va faire le lien entre science et décideurs.
08:11Qui est un peu... Alors, c'est vraiment caricaturé l'équivalent du GIEC.
08:16Mais qui serait un GIEC de l'océan, qui s'appelle l'IPOS, ce panel international pour un océan soutenable.
08:23Et donc, voilà, si on pouvait arriver à ça aussi, ça nous permettrait de faire un lien qui puisse nous permettre de donner des messages, de délivrer des messages.
08:32Oui. Je reviens à la Corrigan qui est revenue et qui est repartie à Saint-Malo.
08:36Oui, qui est repartie et bien arrivée.
08:38Tout va bien, on est rassuré. Elle ne sera pas à Nice pour la conférence des Nations Unies.
08:42Mais je crois qu'une de ses premières missions d'envergure, c'était en novembre 2024, le long de la côte d'Emeraude.
08:48Alors, c'est sûrement trop tôt pour donner des résultats.
08:51Mais il y avait combien de scientifiques à bord ? Comment on travaille sur ce bateau, en fait ?
08:54Alors, sur ce bateau, on travaille avec un nombre quand même restreint de scientifiques.
08:59Parce que c'est un bateau de 15 mètres. On peut accueillir 7-8 scientifiques.
09:04D'accord.
09:04Il y a aussi des marins qui sont présents, évidemment, et qui connaissent leur travail.
09:08Parce qu'il faut avoir des marins expérimentés pour vous mettre au plus près des écosystèmes, au plus près de la côte.
09:15Il y a des plongeurs sous-marins aussi.
09:16Et ce travail qui avait été lancé au mois de novembre, ça fait partie d'un grand programme de recherche pour pouvoir inventorier la biodiversité et, en parallèle, faire un séquençage de l'ADN complet des espèces.
09:33Et donc, il fallait aller chercher des espèces et commencer à préparer les matériaux pour le séquençage complet qui est parti ensuite au Génoscope.
09:41Merci beaucoup, Frédéric Schlouz, et à bientôt sur Bismarck for Change.
09:46Bon sommet de l'océan à partir du 9 juin à Nice.
09:51On passe tout de suite à notre débat et cette question, comment se porte le commerce équitable ?