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  • 30/05/2025
À travers ce documentaire d'investigation, le réalisateur et journaliste Marc Wiese, laisse la parole à d'anciens banquiers, des lanceurs d'alerte et des experts financiers pour revenir sur les scandales qui ont ébranlé la sphère bancaire au cours des deux dernières décennies.

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Éducation
Transcription
00:00:00Je vais vous raconter une histoire.
00:00:13Une histoire qui va vous plonger dans le monde fou de Moneyland.
00:00:18Autrefois, les politiciens corrompus, les barons de la drogue et autres criminels
00:00:23avaient besoin de coffres forts pour cacher de l'argent.
00:00:26Mais ce n'était pas si simple.
00:00:28Plus ils avaient d'argent, plus les coffres forts devaient être grands.
00:00:33Ils se heurtaient à un problème de place.
00:00:38Alors, quelques petits malins ont eu l'idée de créer Moneyland.
00:00:43À Moneyland, le monde entier est un coffre fort.
00:00:47Il suffit d'appuyer sur un bouton et l'argent sale se transforme en argent propre.
00:00:53Bien sûr, tous les criminels ne sont pas assez intelligents pour savoir comment ça marche.
00:00:57Mais ce n'est pas indispensable.
00:01:00À Moneyland, il y a des opérateurs qui s'occupent de tout.
00:01:03Ils sont la face cachée de la finance.
00:01:07Vous n'avez jamais entendu parler de ces opérateurs ?
00:01:11Mais si, dans le monde normal, on les appelle les banquiers.
00:01:14Les types en costume sur mesure qui travaillent dans des tours et en poche des millions de bonus.
00:01:18Ce sont eux les opérateurs à Moneyland.
00:01:22Évidemment, toutes les banques ont été partie prenantes.
00:01:25Mais les héros de notre histoire se sont montrés particulièrement zélés.
00:01:30Ils sont devenus un peu les banquiers de référence à Moneyland.
00:01:34Vous ne me croyez pas ?
00:01:36Jugez par vous-même.
00:01:37Jugez par vous-même.
00:02:07Mais une bonne année pour qui, au juste ?
00:02:10Pour les actionnaires ?
00:02:11Pour les membres du conseil d'administration qui touchent des millions de bonus ?
00:02:16Alors que beaucoup d'Allemands subissent de plein fouet l'augmentation du coût de la vie,
00:02:20le patron de la banque, lui, a l'air satisfait.
00:02:23Nous avons eu plus de 5 milliards d'euros de bénéficier d'euros.
00:02:27Et nous avons eu notre développement stratégique de stratégie encore une fois.
00:02:31Quel volume d'opérations traitiez-vous à la Deutsche Bank ?
00:02:39En transactions individuelles ?
00:02:41Non, en général.
00:02:42Produits dérivés, tout.
00:02:44Oh là là !
00:02:47La plus grosse transaction était avec Morgan Stanley.
00:02:52Elle s'est élevée à plusieurs milliards.
00:02:53Une opération rapportée 1 milliard en une journée.
00:02:58Une seule opération.
00:03:00Alors, je dirais qu'en faisant une estimation approximative,
00:03:07Au fil des années, j'ai sûrement brassé 500 milliards.
00:03:19Et même sans doute beaucoup plus.
00:03:33Nombre de dirigeants politiques ont une position claire sur la Deutsche Bank.
00:03:37Aucune raison de s'inquiéter ?
00:03:58Examinons d'un peu plus près quelques exemples du passé.
00:04:02En 2011, à Londres, il y avait le LIBOR.
00:04:05Un indice qui fixait le taux d'intérêt auquel les banques se prêtaient de l'argent entre elles.
00:04:12Quelques banquiers n'ont pas tardé à se dire que ce serait bien utile de connaître ce taux à l'avance.
00:04:17Ils ont créé un groupe de discussion pour se concerter.
00:04:21Ce n'était pas légal, mais ça rapportait gros.
00:04:23Les banques ont gagné beaucoup d'argent.
00:04:25Le préjudice a été estimé à plus de 17 milliards de dollars pour l'économie mondiale.
00:04:35L'implication de la Deutsche Bank lui a valu une amende record de 2,5 milliards de dollars aux Etats-Unis.
00:04:40Il est frappant de constater que seuls les cadres moyens de l'abandon,
00:05:10et les banques ont été tenus responsables.
00:05:12J'ai commencé en octobre 1995.
00:05:23J'ai quitté J.P. Morgan pour ouvrir un petit service de courtage à la Deutsche Bank.
00:05:28A l'époque, il n'y avait qu'une centaine d'employés à New York.
00:05:31On ne savait pas grand-chose sur la Deutsche Bank.
00:05:38Sauf qu'elle avait la réputation d'être une banque solide et fiable.
00:05:42Exactement ce qu'on peut souhaiter.
00:05:44Et puis tout a changé.
00:05:52C'est devenu le Far West.
00:05:58Les activités de la filiale américaine de la Deutsche Bank deviennent de plus en plus suspectes.
00:06:04Elles enfreignent les lois et les règles de l'autorité de contrôle.
00:06:07Jusqu'au jour où les concertations sur le Libor sont rendues publiques.
00:06:11Un scandale.
00:06:12J'ai quitté la Deutsche Bank en 2008.
00:06:22Cinq ans après mon départ, la banque m'a informé qu'elle avait transmis mes coordonnées au FBI.
00:06:32Je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait.
00:06:35Mais pourquoi ?
00:06:36C'était complètement surréaliste.
00:06:38Deux jours plus tard, le FBI était à ma porte.
00:06:42Mon interrogatoire par le FBI a été un grand moment.
00:06:55Il devait bien y avoir 20 personnes.
00:06:57Des gens du FBI, du ministère de la Justice, des autorités de la concurrence, des services de la lutte anti-fraude, de l'agence britannique de surveillance des marchés financiers.
00:07:08La SEC, l'autorité américaine de surveillance de la bourse, était présente.
00:07:14Et aussi le régulateur des marchés à terme.
00:07:17Bref, c'était sérieux.
00:07:18Il y avait du monde et j'ai passé sept heures à essayer de répondre à leurs questions le plus sincèrement possible.
00:07:25Je ne me souvenais pratiquement plus de rien.
00:07:37Entre 2001 et 2008, j'ai dû consacrer une demi-heure au Libor.
00:07:44Une demi-heure.
00:07:45Vous pensez que quelqu'un est de votre côté, et puis vous vous rendez compte qu'il ne vous soutient pas du tout, mais qu'au contraire, il s'en prend à vous.
00:08:00Ça change votre vie pour toujours.
00:08:01Donc, j'ai été sous le choc du début à la fin.
00:08:09Il s'avérera plus tard que Matthew Connolly était innocent.
00:08:13Pendant des années, une peine de plusieurs années de prison plane comme une épée de Damoclès sur sa famille et lui.
00:08:24J'aurais pu écoper de plus de 30 ans de prison.
00:08:26Le FBI s'en lave les mains.
00:08:33Il veut juste faire tomber des têtes.
00:08:38Il avait besoin de faire porter le chapeau à quelqu'un pour montrer au monde qu'il traînait ses méchants banquiers devant les tribunaux.
00:08:47Je n'ai pas eu de chance, c'est tombé sur moi.
00:08:52Et la Deutsche Bank n'en avait rien à faire, tant que les gros bonnets étaient épargnés.
00:08:57Ça pouvait être n'importe qui sauf eux.
00:09:03Les tenants et les aboutissants de l'affaire restent flous.
00:09:07Mais un expert a son avis sur le sujet.
00:09:09Je vais vous parler brièvement de la méthode du bouc émissaire.
00:09:17Je trouve que c'est d'un cynisme insupportable.
00:09:19Et tout le monde devrait en penser autant.
00:09:23On rejette la faute sur quelqu'un et on le jette au lion.
00:09:26On élimine un problème en faisant payer l'amende aux actionnaires.
00:09:29Et on livre quelques personnes au ministère américain de la justice ou au service britannique de répression des fraudes qui peuvent les poursuivre en justice.
00:09:37C'est ce qui s'est passé avec le Libor.
00:09:39C'est arrivé aussi dans d'autres secteurs comme le marché des changes.
00:09:41Personne en haut de l'échelle n'est inquiété.
00:09:46Matthew Connolly a finalement été acquitté.
00:09:48La juge a déclaré qu'elle ne voulait pas faire de lui le bouc émissaire de toute l'industrie financière.
00:10:00Après mon procès, la juge a expliqué au tribunal que les hauts responsables avaient sans doute orchestré toute l'affaire au profit de la banque.
00:10:16C'était une déclaration extrêmement importante, parce qu'elle s'inscrivait en faux contre ce qu'ils avaient raconté aux gens pendant des années.
00:10:29Plusieurs banques étaient impliquées dans les manipulations des taux du Libor.
00:10:35Le tribunal américain est encore suffisamment intègre.
00:10:38Lorsque la juge a découvert le rôle de la banque d'Angleterre, elle a commencé à se poser des questions.
00:10:42Elle a dit « Je suis toujours méfiante quand on me demande d'envoyer en prison des gens qui sont en bas de la hiérarchie et que les personnes haut placées s'en sortent indemnes ».
00:10:53Puis elle a ajouté « C'est comme ça que ça se passe en général dans le milieu de la drogue et notamment dans les cartels.
00:10:58On s'en prend aux dealers de rue, mais par exemple, le cartel de Sinaloa au Mexique est épargné. »
00:11:04Est-ce que les banques sont devenues des organisations où le chef est à l'abri de poursuites judiciaires et où ses hommes de main peuvent le protéger en faisant le travail du procureur ?
00:11:22« Les personnes au poste clé n'ont pas de compte à rendre. Alors ça peut recommencer.
00:11:28Les cadres dirigeants ne sont pas incités à faire le ménage dans leur banque ni à changer leur pratique. »
00:11:35Un porte-parole de la Deutsche Bank nous a informé qu'entre 2013 et 2017, des règlements à l'amiable avaient été conclus avec différents organismes de contrôle, y compris dans le cas du LIBOR.
00:11:45Dans ce contexte, un litige a été résolu avec un ancien collaborateur en 2024.
00:11:50La banque ne souhaite pas commenter davantage cette affaire et indique simplement avoir amélioré et renforcé les contrôles dans les domaines concernés.
00:12:05Kanani comptait parmi ses clients les financiers d'Al-Qaïda et des talibans.
00:12:19Tous ont blanchi de l'argent de la drogue dans son immense organisation, qui détenait sans doute aussi des comptes à la Deutsche Bank.
00:12:35La DEA, l'Administration Américaine de Contrôle des Drogues, avait depuis longtemps Kanani dans le viseur.
00:12:44Pendant des années, elle a traqué le roi du blanchiment d'argent.
00:12:48Altaf Kanani était vraiment un sale type.
00:12:51Et il a fait affaire avec de très mauvaises personnes qui ont causé beaucoup de dégâts partout dans le monde.
00:12:55Il avait des contacts au Liban, en Iran, en Amérique du Sud et en Amérique centrale, en Australie.
00:13:02Ce n'étaient pas des hommes d'affaires classiques. Ils étaient impliqués dans toutes sortes d'activités.
00:13:07Vente d'armes, trafic de drogue, financement du terrorisme.
00:13:11Et c'est ça qui nous préoccupait le plus chez lui.
00:13:15Les cartels de la drogue et les organisations terroristes ont besoin de blanchisseurs comme Kanani.
00:13:21Et ces derniers ont recours au secteur financier pour leurs affaires.
00:13:25Mais ce système glaçant ne se résume pas à des virements de fonds.
00:13:29Il fait des victimes.
00:13:32Qu'est-ce qui rend les crimes violents possibles ?
00:13:41Qu'est-ce qui permet le trafic de drogue ?
00:13:43Si on ne peut pas blanchir l'argent, on ne peut pas non plus tirer profit de ces activités illégales.
00:13:51C'est pour ça qu'on utilise les angles morts de la finance.
00:13:53Pour lutter contre ces pratiques, il faut rendre pénalement responsables les gens qui occupent des postes clés dans les banques.
00:14:01Et si ça ne leur convient pas, ils n'ont qu'à changer de branche.
00:14:04On peut toujours les remplacer par d'autres personnes qui sont prêtes à assumer certaines responsabilités en échange d'un gros salaire.
00:14:09En 2015, les agents de la DEA lancent une opération secrète.
00:14:19Ils se font passer pour des membres d'un cartel et demandent à Kanani de blanchir 2 millions de dollars pour eux.
00:14:25Ce dernier accepte de les rencontrer au Panama, où il est arrêté.
00:14:29Les enquêteurs ont ainsi accès à son réseau d'entreprises qu'il a utilisé pour blanchir de l'argent.
00:14:42Quatre ans plus tard, les FinCEN Files secouent le monde de la finance.
00:14:47Le site d'information américain BuzzFeed a obtenu des milliers de fichiers sur les transactions suspectes de plusieurs grandes banques.
00:14:54Dans le cadre du consortium de médias d'investigation ICIJ, le quotidien allemand Zutdeutsche Zeitung analyse les bases de données et découvre un lien entre Altaf Kanani et la Deutsche Bank.
00:15:07Son réseau a effectué cinq virements sur un compte de la banque pour un montant total de 50 millions de dollars.
00:15:18Nous avons trouvé dans ces documents qu'une société écran était cliente de la Deutsche Bank.
00:15:24Cette entreprise du nom de Masaka a reçu les 50 millions du réseau Kanani.
00:15:36Et elle a ensuite été sanctionnée pour avoir aidé ce réseau à blanchir de l'argent issu du terrorisme, du trafic de drogue et d'autres activités criminelles.
00:15:46Le réseau Kanani a utilisé l'entreprise Masaka Trading basée à Dubaï, qui figurait alors sur une liste noire du gouvernement américain pour blanchiment d'argent provenant d'organisations terroristes.
00:16:04La Deutsche Bank n'a pas répondu à nos questions sur ces transactions financières.
00:16:09Elle a déclaré au sujet des FinCEN Files...
00:16:10En 2020, l'ICIJ a rendu compte d'une série d'affaires passées à partir des FinCEN Files.
00:16:18Celles qui concernent la Deutsche Bank sont connues des autorités de contrôle.
00:16:21Des enquêtes ont eu lieu et ont conduit à des accords réglementaires dans lesquels la coopération et les améliorations introduites par la banque ont été reconnues publiquement.
00:16:29Nous en avons tiré les conclusions qui s'imposaient.
00:16:31Certaines personnes les appellent les facilitateurs.
00:16:38Il ne s'agit pas juste de transférer des fonds d'un point A à un point B.
00:16:42On ne parle pas seulement de virement.
00:16:43Non.
00:16:43Il y a des crimes et des victimes derrière ces activités.
00:16:47Absolument.
00:16:49Au cours de ces dernières décennies, Londres est devenue une plaque tournante du blanchiment.
00:16:54La ville attire l'argent sans poser trop de questions sur sa provenance.
00:17:01Mais comment blanchit-on des millions de dollars au juste ?
00:17:08Un exemple le montre parfaitement.
00:17:11Le scandale du trading miroir en Russie.
00:17:14Le réseau Kanani utilisait aussi ce système de blanchiment, aidé en cela par la mafia russe.
00:17:22Tim Wiswell, le cerveau derrière cette affaire, était surnommé le magicien.
00:17:27Avec ses collègues de la filiale de la Deutsche Bank à Moscou, il transformait des roubles sales en dollars propres.
00:17:37En Russie, la Deutsche Bank a blanchi de l'argent pour des clients russes.
00:17:43Des investisseurs achetaient des actions en roubles, via un compte de la filiale russe,
00:17:48et il les revendait ensuite dans une autre monnaie, sur un autre compte de la banque, domicilié à Londres par exemple.
00:17:56Donc l'argent quittait la Russie pour la capitale britannique,
00:18:01et entrait de cette manière dans le circuit financier international.
00:18:04Plus il y avait d'éléments qui fuitaient sur cette affaire, plus nous, journalistes, faisions des recherches.
00:18:14Et plus il était clair qu'il s'agissait d'opérations de blanchiment pour des clients que la Deutsche Bank n'aurait pas dû avoir.
00:18:19Par exemple, la mafia russe, des membres de l'entourage de Poutine, des personnes qui finançaient le terrorisme,
00:18:33enfin des gens qui savaient que ces services existaient à la Deutsche Bank de Moscou,
00:18:38et qui se sont tournés vers cette banque pour en bénéficier.
00:18:40Au moins 10 milliards de dollars sont sortis de Russie avec l'aide de la filiale de la Deutsche Bank à Moscou.
00:18:57Un expert de la lutte contre le blanchiment d'argent a son avis sur ce type d'activité bancaire.
00:19:04Ils opèrent tous au-delà des frontières nationales.
00:19:10Ils font tous passer chaque année des centaines de milliards de dollars à l'étranger.
00:19:15C'est de l'argent sale.
00:19:18Ils l'envoient au Liechtenstein, au Luxembourg, en Suisse, en Autriche, à Schipres, à Malte,
00:19:26dans les îles Caïmans ou dans les îles Vierges britanniques.
00:19:31À chaque fois, ils créent des holdings qui détiennent d'autres holdings
00:19:35en vue de dissimuler l'identité du véritable propriétaire.
00:19:40Mais l'argent transite par les banques.
00:19:44Et elles le savent.
00:19:46Que ce soit la Deutsche Bank ou ses principaux concurrents,
00:19:52tous savent qu'une grande partie de l'argent sale passe par les réseaux de banques correspondantes
00:19:58et les systèmes financiers qu'ils ont mis en place au-delà des frontières nationales.
00:20:03Ils en sont conscients.
00:20:09Et ils disent, oh, on suit les règles de conformité.
00:20:12On a des personnes qui s'assurent qu'on respecte les règles.
00:20:16Et après, ils vont faire un bon dîner et la conscience tranquille.
00:20:23C'est inacceptable.
00:20:24La Deutsche Bank a écopé d'une amende de 630 millions de dollars
00:20:35pour les opérations de trading miroir en Russie.
00:20:39Sa filiale moscovite a été fermée.
00:20:41Quand on regarde toutes les crises et les scandales,
00:20:54il y a des victimes et des gens personnellement responsables.
00:20:59Les victimes sont bien visibles.
00:21:03Lorsqu'il y a un grand scandale de blanchiment,
00:21:06de taux d'intérêt ou d'évasion fiscale,
00:21:08ce sont les citoyens qui paient.
00:21:12Ils ne s'en rendent peut-être pas compte,
00:21:14mais la croissance économique n'est pas aussi forte qu'elle le devrait.
00:21:18Elle pourrait l'être sans ce vol,
00:21:22cette escroquerie qu'une banque a aidée à organiser.
00:21:26Donc, les citoyens sont les premières victimes.
00:21:30Et on parle de millions de personnes.
00:21:32Dans le cas de la Deutsche Bank,
00:21:35il s'agit de scandales qui dépassent les frontières nationales
00:21:37et qui touchent les habitants de nombreux pays.
00:21:42Notre plus grande crainte concerne les scandales à venir,
00:21:47pas ceux du passé.
00:21:51Regardez donc le comportement de ces gens.
00:21:54Ils sont voraces.
00:21:55Et malheureusement, ça crée une culture délétère dans toute la banque.
00:21:59On se dit que la plupart du temps,
00:22:03on peut s'en sortir impunément
00:22:05avec des pratiques qui sont, à tout le moins,
00:22:08en marge de la légalité,
00:22:10sans même parler de déontologie.
00:22:14Quant aux amendes infligées à la banque,
00:22:16ce sont simplement des frais de fonctionnement.
00:22:21Pourtant, tout avait bien commencé.
00:22:23Après la Seconde Guerre mondiale,
00:22:25la Deutsche Bank devient la première banque d'Allemagne.
00:22:27L'implication de la Deutsche Bank,
00:22:41son influence sur l'ensemble de l'économie du pays
00:22:43et sur le gouvernement allemand,
00:22:46était sans précédent.
00:22:48Aucune banque au monde n'avait autant de poids
00:22:52et de pouvoir à l'échelle nationale.
00:22:54Et à l'époque,
00:22:59elle s'en est servie pour contribuer
00:23:01au redressement de l'Allemagne après la guerre
00:23:03et en faire une puissance économique internationale.
00:23:10La Deutsche Bank occupait le premier rang.
00:23:15Elle était le fer de lance
00:23:18du miracle économique allemand.
00:23:20La Deutsche Bank surfe alors sur la vague de prospérité allemande.
00:23:28Plus tard, les procès se multiplient.
00:23:31En 2015, des milliers de personnes poursuivent la banque en justice.
00:23:35À ce jour,
00:23:36elle a dû payer plus de 20 milliards de dollars d'amende.
00:23:38A l'hiver 2018,
00:23:44on découvre une autre opération de blanchiment dans le secteur financier.
00:23:49La plus grande que le monde ait jamais vue.
00:23:51200 milliards de dollars d'argent sale,
00:23:54dont une bonne partie est sans doute liée à des oligarques russes.
00:23:59Derrière cette affaire se cache un groupe danois,
00:24:01la Danske Bank.
00:24:02C'est un employé d'une petite filiale en Estonie qui dévoile le scandale.
00:24:11Le blanchiment d'argent n'a pas de frontières.
00:24:15Il n'y a donc pas de meilleur endroit pour en parler
00:24:17que le Parlement européen
00:24:19où vous tentez de trouver des solutions pan-européennes.
00:24:22Dans le cas du scandale de la Danske Bank,
00:24:27qui se chiffre à 200 milliards d'euros,
00:24:29il y avait au moins 10 banques impliquées,
00:24:31dont beaucoup étaient basées dans des pays européens.
00:24:36Merci de me donner la parole.
00:24:39La question de la protection des lanceurs d'alerte
00:24:41n'a rien à voir avec le fait
00:24:44qu'on aime les lanceurs d'alerte ou pas.
00:24:46Est-ce que vous vous souvenez de la règle
00:24:53selon laquelle il faut bien connaître son client ?
00:24:56Une banque doit vérifier les antécédents de ses clients
00:24:58et savoir avec qui elle fait affaire.
00:25:01Les dirigeants de la Danske Bank l'ont sans doute oublié.
00:25:05Jusqu'à ce que le lanceur d'alerte dévoile le scandale.
00:25:08Comment il a été facile de déceler cette affaire ?
00:25:22Incroyable !
00:25:23C'est l'employé de banque Howard Wilkinson
00:25:25qui l'a découverte et qui est devenu lanceur d'alerte.
00:25:28Il ne travaillait même pas dans le service compétent.
00:25:33Un collègue lui a juste demandé de donner un coup de main.
00:25:36Il a regardé les documents
00:25:38et en dix minutes, il a compris qu'il y avait un gros problème.
00:25:42Howard Wilkinson doit traiter pour un collègue
00:25:45un versement en espèce d'un montant de 30 millions de dollars.
00:25:49Il vérifie l'identité du client
00:25:51et constate qu'il s'agit d'une société écran
00:25:54basée dans le nord de Londres.
00:25:56Or, son chiffre d'affaires annuel s'élève à moins de 2 millions de dollars.
00:26:01Il retrouve le même schéma dans d'autres entreprises.
00:26:08Il dit aux personnes du service
00:26:10« Ça n'a pas de sens.
00:26:12Vous dites que ce compte est inactif.
00:26:14Mais une transaction de 100 millions de dollars
00:26:16vient d'être réalisée et vérifiée. »
00:26:19Il lui répond que tout est en ordre.
00:26:23Howard Wilkinson informe ses supérieurs hiérarchiques
00:26:25en Estonie et au Danemark.
00:26:27Le service de conformité de la banque
00:26:30décide alors de vérifier les clients.
00:26:38En l'espace de quelques mois,
00:26:40on découvre que la famille de Poutine
00:26:41aurait trempé dans cette affaire.
00:26:44Le service de renseignement russe
00:26:46et le crime organisé seraient également impliqués.
00:26:48L'exemple de Howard Wilkinson
00:27:10montre que les lanceurs d'alerte
00:27:12peuvent mettre au jour d'énormes scandales
00:27:14avec leurs informations privilégiées.
00:27:16peuvent-ils aussi aider à lutter
00:27:18contre le blanchiment d'argent,
00:27:20les cartels de la drogue
00:27:21et le financement du terrorisme ?
00:27:25Aux États-Unis,
00:27:26il existe une loi
00:27:27qui indemnise les lanceurs d'alerte.
00:27:36Depuis que la loi est entrée en vigueur en 2011,
00:27:40il y a eu 90 000 lanceurs d'alerte.
00:27:44Un chiffre inouï.
00:27:45Leur révélation porte sur la fraude fiscale,
00:27:48boursière,
00:27:49le blanchiment d'argent,
00:27:51le secret bancaire.
00:27:55Il s'agit littéralement
00:27:57d'une armée internationale en marche.
00:28:02Jusqu'ici,
00:28:04la loi américaine sur les lanceurs d'alerte
00:28:06est unique au monde.
00:28:07Aucun autre État ne s'en est inspiré.
00:28:09Au contraire,
00:28:12des pays comme la Suisse
00:28:13ou l'Allemagne
00:28:13protègent légalement
00:28:14l'industrie financière,
00:28:16mais pas les lanceurs d'alerte.
00:28:17La Suisse tire d'énormes profits
00:28:24de la corruption.
00:28:26Par conséquent,
00:28:27sa législation protège la corruption
00:28:30et envoie en prison
00:28:34les personnes qui veulent révéler
00:28:35les délits commis au sein du système bancaire.
00:28:38Voyons maintenant
00:28:42comment ça se passe en Allemagne.
00:28:45L'Allemagne s'y prend
00:28:46de manière un peu plus subtile.
00:28:50Sans faire du lancement d'alerte
00:28:51un délit,
00:28:53elle n'a pas de loi
00:28:54qui protège efficacement
00:28:55les lanceurs d'alerte.
00:28:57C'est la réalité.
00:28:59Mais il existe d'autres lois
00:29:01qui empêchent les entreprises
00:29:03d'attaquer en justice
00:29:04les lanceurs d'alerte.
00:29:05Et il y a des lois
00:29:07qui protègent les données
00:29:08des entreprises.
00:29:10En pénalisant
00:29:12la republication de données,
00:29:14l'Allemagne procède
00:29:15de la même manière
00:29:16que la Suisse.
00:29:17La Suisse le fait
00:29:19avec un bazooka
00:29:20et l'Allemagne
00:29:21avec une poignée de main.
00:29:22Nous sommes suivis
00:29:23des nouvelles de l'administration
00:29:25de l'administration.
00:29:25Les officiers ont juste annoncé
00:29:27que le plus grand bancaire
00:29:29a dit que le plus grand bancaire
00:29:29a dit que le plus grand bancaire
00:29:30a dit que les Etats
00:29:31a accusé de l'utiliser
00:29:32l'usage financier
00:29:33pour faciliter
00:29:35l'argent
00:29:35sur un grand billon
00:29:37dollar scale.
00:29:41La Danske Bank
00:29:42avait besoin
00:29:43d'un partenaire,
00:29:44d'une banque
00:29:45correspondante
00:29:46pour pouvoir injecter
00:29:47tout l'argent sale
00:29:48dans le circuit financier
00:29:49international.
00:29:51Devinez qui s'en est chargé
00:29:52pour elle ?
00:29:54Principalement la Deutsche Bank
00:29:55aux Etats-Unis.
00:29:56Dans le cadre d'une affaire,
00:30:08j'ai eu l'honneur
00:30:09de me rendre en Allemagne
00:30:10avec un lanceur d'alerte
00:30:11et de passer en revue
00:30:13les faits avec la police.
00:30:17Nous avons découvert
00:30:18que rien que dans l'affaire
00:30:19de la Danske Bank,
00:30:21la Deutsche Bank
00:30:22avait omis de signaler
00:30:232 millions
00:30:24d'opérations suspectes.
00:30:272 millions.
00:30:29Stephen Kohn
00:30:30a obtenu
00:30:30ces informations
00:30:31lors de réunions
00:30:32confidentielles
00:30:33avec la police
00:30:33criminelle allemande
00:30:34et d'autres services
00:30:36des forces de l'ordre.
00:30:37La Deutsche Bank
00:30:38n'a pas souhaité
00:30:39répondre en détail
00:30:39à nos questions
00:30:40sur les soupçons
00:30:41de blanchiment
00:30:42relatifs à la Danske Bank.
00:30:44Mais elle a écrit
00:30:45le 26 mars 2025
00:30:46Les observations
00:30:48faites en 2020
00:30:49par le DFS
00:30:50sur la Danske Bank
00:30:51en Estonie
00:30:51et la FBME
00:30:52ont révélé,
00:30:53tout comme notre enquête interne,
00:30:55divers manquements
00:30:55dans notre contrôle
00:30:56et notre surveillance
00:30:57des banques
00:30:57qui ont eu recours
00:30:58à nos services de clearing.
00:31:00Les employés de la banque
00:31:01n'ont pas délibérément
00:31:02facilité des activités illégales.
00:31:04La banque a remédié
00:31:05aux manquements constatés
00:31:06dans le déroulement
00:31:06des transactions.
00:31:07S'ils s'étaient fait prendre
00:31:10juste une fois
00:31:11et qu'ils avaient changé
00:31:12de comportement,
00:31:13on pourrait dire
00:31:14« Très bien,
00:31:15ils sont comme
00:31:15les autres entreprises. »
00:31:17Mais ils ont déjà été
00:31:18si souvent sanctionnés.
00:31:20À mon avis,
00:31:22ce n'est qu'une question
00:31:23de temps
00:31:23pour qu'une autorité
00:31:24gouvernementale intervienne
00:31:26et j'espère
00:31:27que ce seront les États-Unis.
00:31:29Ils finiront par leur infliger
00:31:30des sanctions si efficaces
00:31:32qu'ils sortiront du système.
00:31:34C'est ce qui devrait arriver
00:31:36à la Deutsche Bank.
00:31:36sauf s'il est responsable
00:31:39de l'institution
00:31:40et le gouvernement allemand
00:31:41qui les soutient
00:31:42comprennent qu'il en va
00:31:44de la survie du groupe.
00:31:48S'ils recommencent,
00:31:51tous les leviers
00:31:52pour exclure la banque
00:31:53du système économique mondial
00:31:55seront actionnés,
00:31:58à moins qu'ils ne fassent
00:31:59vraiment le ménage.
00:32:01Qui ne risque rien n'a rien.
00:32:03Certains banquiers sont joueurs,
00:32:05ils aiment flamber.
00:32:06Des experts de la finance
00:32:08dénoncent les placements
00:32:09à haut risque des banques.
00:32:10Par exemple,
00:32:11les produits dérivés,
00:32:13des instruments financiers
00:32:14qui permettent de spéculer
00:32:15à la hausse ou à la baisse
00:32:16sur le cours d'une action,
00:32:17d'une devise
00:32:18ou d'un indice boursier.
00:32:20Selon l'économiste suisse
00:32:22Marc Chenet,
00:32:23leur volume menace
00:32:24des entreprises entières
00:32:25et la stabilité économique
00:32:26des États.
00:32:27D'abord,
00:32:28les banques se concentrent
00:32:31sur leurs propres risques.
00:32:33Autrement dit,
00:32:34elles ne prennent pas en compte
00:32:35ou pas assez
00:32:36les risques systémiques.
00:32:38Je vais vous donner
00:32:39quelques exemples
00:32:40avec les produits dérivés.
00:32:44Il s'agit de contrats
00:32:45entre différents acteurs financiers.
00:32:47On doit garder en vue
00:32:48le panorama complet.
00:32:50Si on se focalise
00:32:51sur une seule banque,
00:32:53en l'occurrence,
00:32:54la Deutsche Bank,
00:32:54ça ne suffit pas.
00:32:57Il faut comprendre
00:32:57les liens entre la Deutsche Bank
00:32:59et d'autres acteurs financiers.
00:33:01Banques,
00:33:01fonds spéculatifs,
00:33:03etc.
00:33:05On se rend alors compte
00:33:06que c'est très risqué,
00:33:07très dangereux.
00:33:09Parce que ces banques
00:33:10sont too big to fail,
00:33:12trop grandes pour tomber.
00:33:14Elles sont d'importance systémique.
00:33:17Mais les dirigeants
00:33:18sont incités
00:33:18à prendre toujours plus de risques
00:33:20aux dépens du contribuable.
00:33:22Il s'agit de crédits
00:33:24default swaps,
00:33:25ou CDS,
00:33:26des produits dérivés spéciaux
00:33:28échangés à un énorme volume.
00:33:31Je me répète.
00:33:33Maintenant,
00:33:34je vais être plus concret
00:33:35en donnant un exemple
00:33:36de produits dérivés toxiques,
00:33:38les CDS.
00:33:41Une banque accorde
00:33:44un crédit
00:33:44de 10 millions de francs suisses
00:33:46à une entreprise.
00:33:47Que fait la banque ?
00:33:49Elle achète des CDS.
00:33:53Ces produits dérivés
00:33:55ne doivent pas forcément
00:33:56correspondre
00:33:57au montant réel du crédit.
00:33:59Leur valeur peut être
00:34:00plus élevée,
00:34:01100 ou 1000 fois supérieure
00:34:02au montant du prêt.
00:34:04La banque peut acheter
00:34:05autant de CDS
00:34:06qu'elle le souhaite.
00:34:09Scénario numéro 1,
00:34:11l'entreprise rembourse
00:34:12les 10 millions de francs suisses.
00:34:14Scénario numéro 2,
00:34:15en raison de problèmes financiers,
00:34:20elle ne verse que 3 millions.
00:34:25La banque va alors
00:34:26activer l'assurance
00:34:27et empocher
00:34:2810 fois la différence,
00:34:30puisqu'elle a acheté
00:34:3010 CDS,
00:34:32soit 10 fois 7.
00:34:34Conclusion,
00:34:35la banque réalise
00:34:37nettement plus de bénéfices
00:34:38quand ses clients
00:34:38rencontrent des difficultés financières.
00:34:40Autrement dit,
00:34:44elle parie ici
00:34:45sur un défaut de paiement.
00:34:48La banque peut donc
00:34:50miser à la hauteur
00:34:51qu'elle souhaite
00:34:51contre le crédit du client,
00:34:53ce qui lui permet
00:34:54de dégager potentiellement
00:34:55d'importants bénéfices.
00:34:58Bref,
00:34:59elle tire profit
00:34:59de la défaillance du client.
00:35:01Et même une banque
00:35:02qui n'était pas impliquée
00:35:03dans le crédit
00:35:04peut acheter ses CDS.
00:35:05Dans le monde entier,
00:35:11des entreprises financières
00:35:12parient ainsi
00:35:13sur des volumes très élevés.
00:35:15C'est un gigantesque marché.
00:35:17En outre,
00:35:18ces transactions
00:35:19sont réalisées
00:35:20par ordinateur
00:35:20en quelques secondes,
00:35:21ce qui les rend
00:35:22pratiquement incontrôlables.
00:35:28En tant que cadre dirigeant
00:35:29de la Deutsche Bank,
00:35:31Pius Sprenger
00:35:32a travaillé
00:35:32une vingtaine d'années
00:35:33sur le marché
00:35:33des investissements
00:35:34et des produits dérivés.
00:35:36Il faisait partie
00:35:37de l'élite financière
00:35:38et connaît bien le secteur.
00:35:43Le marché
00:35:43est,
00:35:44comme son nom l'indique,
00:35:45une place de marché
00:35:46où des gens
00:35:47se rassemblent
00:35:48et crient.
00:35:50À New York,
00:35:50il y avait 500 à 600 personnes
00:35:52sur le parquet.
00:35:53Je trouvais ça génial.
00:35:55J'étais complètement emballé
00:35:56par l'ambiance,
00:35:57le brouhaha.
00:35:59J'ai plutôt la voix qui porte
00:36:00et ça a quelque chose
00:36:01de fascinant
00:36:02d'entendre
00:36:02pourquoi tu n'appelles
00:36:03pas ton client
00:36:04« Je dois absolument
00:36:05me débarrasser
00:36:06de cette position. »
00:36:08Un produit dérivé,
00:36:09c'est totalement différent.
00:36:10C'est comme un réacteur nucléaire
00:36:11qui tourne
00:36:12tranquillement
00:36:13dans son coin.
00:36:14Les traders bidouillent
00:36:15avec des modèles complexes.
00:36:17On ne sait pas
00:36:17ce qu'ils font exactement.
00:36:18Tout le monde dit juste
00:36:19que ce sont des types
00:36:20super intelligents.
00:36:22Ils n'ont pas besoin
00:36:22de communiquer
00:36:23avec qui que ce soit.
00:36:27Reste à savoir
00:36:28ce qui se passe
00:36:28en cas de problème
00:36:29et qui en supporte
00:36:31et qui en supporte
00:36:31le risque.
00:36:34Pour moi,
00:36:36le principal danger,
00:36:38et ça ne vaut pas seulement
00:36:39pour les produits dérivés,
00:36:41c'est d'avoir
00:36:42des positions à risque
00:36:44qui n'ont pas
00:36:44de prix de marché
00:36:45et qui reposent
00:36:46uniquement sur
00:36:47des modèles de risque.
00:36:49On peut rester assis
00:36:50dans sa chambre
00:36:51et pianoter
00:36:52sur son clavier.
00:36:53On se dit
00:36:53« Je crois qu'aujourd'hui,
00:36:56ça vaut tant.
00:36:58Le lendemain,
00:36:59on change d'avis
00:37:00et on tourne un bouton.
00:37:01Ah, aujourd'hui,
00:37:02ça vaut peut-être tant. »
00:37:04C'est là que réside
00:37:05le risque majeur.
00:37:07Et souvent,
00:37:09des milliards de positions
00:37:10peuvent être mal évaluées.
00:37:13Selon ces bilans,
00:37:15la Deutsche Bank
00:37:15détient toujours
00:37:16des produits dérivés
00:37:17à hauteur de billions d'euros.
00:37:20On se demande toujours
00:37:22où on peut vendre
00:37:22ces valeurs sur le marché.
00:37:24La plupart du temps,
00:37:26on n'y arrive pas.
00:37:27Je l'ai bien vu
00:37:28quand j'étais patron
00:37:29de la Bad Bank.
00:37:31J'ai essayé
00:37:32de vendre
00:37:33des produits dérivés
00:37:34complexes.
00:37:35Impossible.
00:37:39Après la crise financière,
00:37:41Pius Sprenger
00:37:42a dû liquider
00:37:43les mauvais actifs
00:37:44de la Deutsche Bank.
00:37:46Il sait combien
00:37:47les produits dérivés
00:37:48peuvent être dangereux.
00:37:52Les produits dérivés
00:37:53étaient de loin
00:37:54le plus gros problème.
00:37:56Je suis un trader
00:37:56expérimenté
00:37:57dans ce secteur.
00:37:58C'est ma spécialité.
00:38:00C'est pour ça
00:38:00que j'ai été embauché.
00:38:02En 1997,
00:38:03il cherchait
00:38:04un mathématicien diplômé.
00:38:05C'est mon domaine.
00:38:07Les positions dérivées
00:38:09complexes
00:38:09étaient un cauchemar.
00:38:12Il n'y avait pas
00:38:12de marché liquide
00:38:13pour ce type de produit.
00:38:16À côté,
00:38:17une séance
00:38:17chez le dentiste
00:38:18est agréable.
00:38:19c'est très difficile,
00:38:24voire presque impossible
00:38:25à faire passer
00:38:25aux clients,
00:38:27peu importe
00:38:27la manière
00:38:28dont on s'y prend.
00:38:31Il faut subir
00:38:33des baisses
00:38:33massives,
00:38:34d'énormes pertes
00:38:35comptables
00:38:36pour se défaire
00:38:37de ces positions.
00:38:38C'est comme
00:38:40une tumeur cancéreuse.
00:38:41l'économie-casino.
00:38:45On a ici
00:38:46un casino financier
00:38:47qui est soutenu
00:38:47par la plupart
00:38:48des responsables politiques.
00:38:52Pourquoi un casino ?
00:38:53Parce qu'il s'agit de Paris.
00:38:54Et sur quoi mis-t-on ?
00:38:55Sur des défaillances,
00:38:58des faillites,
00:38:59etc.
00:39:01De grandes institutions
00:39:02financières
00:39:02peuvent gagner
00:39:03de l'argent
00:39:03de cette manière.
00:39:05Mais c'est pire
00:39:06qu'un casino.
00:39:07Quand on va au casino,
00:39:09on est responsable
00:39:10de ces pertes.
00:39:12Si je perds
00:39:12100 francs suisses
00:39:13ou 100 euros,
00:39:14je paye
00:39:15et c'est fini.
00:39:17Quand les joueurs
00:39:17du casino financier
00:39:18perdent,
00:39:19ils ne veulent rien savoir.
00:39:22Ils appellent
00:39:22le contribuable.
00:39:23Passez à la caisse,
00:39:24s'il vous plaît.
00:39:25J'ai une facture pour vous.
00:39:26Ils ne veulent pas perdre.
00:39:32Le krach de 2007-2008
00:39:34et la crise économique mondiale
00:39:36montrent les conséquences
00:39:38possibles
00:39:38de ces jeux de la finance.
00:39:39Tout commence
00:39:41avec l'éclatement
00:39:42de la bulle immobilière
00:39:43aux Etats-Unis.
00:39:51C'était encore
00:39:52dans mon domaine
00:39:52de compétences.
00:39:54J'ai développé
00:39:55le secteur
00:39:55des produits dérivés
00:39:56pour les subprimes,
00:39:58les prêts hypothécaires
00:39:59à risque.
00:40:01Ça permettait
00:40:02aux fonds d'investissement
00:40:03de parier
00:40:03sur la poursuite
00:40:04de la hausse
00:40:05ou sur la chute
00:40:06de ces crédits.
00:40:07Des millions de maisons
00:40:09dont les crédits
00:40:09ne peuvent pas être remboursés
00:40:11sont vendus
00:40:11aux enchères.
00:40:12Et en coulisses,
00:40:14on mise sur la débâcle
00:40:15d'institutions financières
00:40:16via les CDS,
00:40:17les assurances
00:40:18de défaut de crédit.
00:40:20Deux grandes banques
00:40:21et le premier assureur
00:40:22au monde
00:40:22sont impliqués
00:40:23dans ces opérations.
00:40:24En 2008,
00:40:27Lehman Brothers
00:40:27a fait faillite.
00:40:29Quelle était
00:40:30la compagnie d'assurance ?
00:40:31AIG,
00:40:33qui a vendu
00:40:33énormément de CDS.
00:40:35À qui ça ?
00:40:36À Goldman Sachs
00:40:37et d'autres banques.
00:40:40Pourquoi AIG
00:40:43a vendu
00:40:43autant de produits dérivés ?
00:40:46Parce que la direction
00:40:47de la compagnie
00:40:48était convaincue
00:40:49que Lehman Brothers
00:40:49était trop importante
00:40:50pour tomber.
00:40:51Grave erreur.
00:40:56Lehman Brothers
00:40:56dépose le bilan.
00:40:58AIG doit couvrir
00:40:59les assurances
00:40:59de défaut de crédit.
00:41:01On a misé
00:41:02de grosses sommes
00:41:02sur la banqueroute
00:41:03de Lehman Brothers.
00:41:05La plus grande compagnie
00:41:06d'assurance
00:41:06frôle ainsi
00:41:07elle-même la faillite.
00:41:12Goldman Sachs
00:41:13a parié
00:41:13sur la faillite
00:41:14de Lehman Brothers
00:41:15et à l'inverse,
00:41:17AIG a parié
00:41:18sur le fait
00:41:18que Lehman Brothers
00:41:19ne coulerait jamais.
00:41:21C'est au responsable politique
00:41:25de décider
00:41:26si une institution
00:41:27est trop importante
00:41:28pour tomber ou pas.
00:41:30Monsieur Paulson,
00:41:31qui était alors
00:41:32ministre des Finances
00:41:33à Washington,
00:41:34a décidé que Lehman Brothers
00:41:36n'était pas
00:41:36d'importance systémique.
00:41:38Presque aussitôt,
00:41:39Lehman Brothers
00:41:40a fait faillite.
00:41:41Presque aussitôt.
00:41:45Qui est monsieur Paulson ?
00:41:47L'ancien directeur
00:41:48de quelle banque ?
00:41:50Goldman Sachs.
00:41:54De là,
00:41:55voir un lien
00:41:55de cause à effet.
00:41:58Pendant la crise financière,
00:42:02j'opérais surtout
00:42:02dans le domaine
00:42:03des subprimes.
00:42:06Je faisais des allers-retours
00:42:08entre Londres et New York
00:42:09et avec mon supérieur
00:42:11Greg Lippmann,
00:42:13on a développé
00:42:14les positions
00:42:14les plus rentables
00:42:15de la Deutsche Bank.
00:42:18On shortait
00:42:19les subprimes,
00:42:20c'est-à-dire
00:42:21qu'on misait
00:42:22sur la chute
00:42:23des prêts hypothécaires
00:42:24américains.
00:42:25Ça a été très payant
00:42:26pour notre secteur
00:42:27d'activité,
00:42:29un peu moins
00:42:29pour le reste du monde.
00:42:30Vous êtes en train
00:42:34de prendre
00:42:34une position
00:42:35contre la très sécurité
00:42:37que vous vendez
00:42:38et que vous n'êtes pas
00:42:39de problème.
00:42:41Et vous voulez
00:42:43que les gens
00:42:43vous confèrent ?
00:42:44Senator,
00:42:46I think people
00:42:46trust us.
00:42:47Why would people,
00:42:48I wouldn't trust you.
00:42:50If you came to me
00:42:51and wanted to sell me
00:42:52securities
00:42:52and you didn't tell me
00:42:54that you have a bet
00:42:55against that same security,
00:42:58you don't think
00:42:59that affects my thinking ?
00:43:00Senator,
00:43:01We have spent
00:43:03a lot of time
00:43:04going through
00:43:04all these documents
00:43:05and let me just explain
00:43:07in very simple terms
00:43:09what synthetic CDOs are.
00:43:11They are instruments
00:43:13that are created
00:43:14so that people
00:43:15can bet on them.
00:43:19It's the la-la land
00:43:20of ledger entries.
00:43:22It's not investment
00:43:24in a business
00:43:25that has a good idea.
00:43:27It's not assisting
00:43:28local governments
00:43:29and building infrastructure.
00:43:32It's gambling.
00:43:34Pure and simple,
00:43:36raw gambling.
00:43:39S'ensuit la crise
00:43:40économique mondiale.
00:43:41Partout,
00:43:43des banks
00:43:43s'effondrent
00:43:44et des États entiers
00:43:45doivent faire appel
00:43:46à des fonds
00:43:46de sauvetage.
00:43:48Le coût de la crise
00:43:49s'élève à environ
00:43:5016 billions de dollars
00:43:51dans le monde.
00:43:58Aucun dirigeant
00:43:58du secteur bancaire
00:43:59n'a été tenu responsable
00:44:01de cette catastrophe
00:44:02qui a plongé
00:44:03l'économie mondiale
00:44:04dans une récession
00:44:05et qui a coûté
00:44:06très cher
00:44:06aux contribuables
00:44:07allemands,
00:44:08français,
00:44:09britanniques,
00:44:10américains,
00:44:10dans le monde entier.
00:44:12C'était la faute
00:44:13des banquiers
00:44:14mais aucun dirigeant
00:44:16n'a été poursuivi
00:44:17en justice.
00:44:18Chez nous,
00:44:19quelques-uns ont perdu
00:44:19tout au plus
00:44:20leur titre de chevalier.
00:44:22La Deutsche Bank
00:44:23a ensuite parié
00:44:24sur le krach,
00:44:25ce qui lui a rapporté
00:44:25beaucoup d'argent.
00:44:27Mais votre service,
00:44:29qu'en pensez-vous
00:44:29aujourd'hui ?
00:44:30En tant que trader,
00:44:39c'était la bonne décision
00:44:41et si c'était à refaire,
00:44:42je le referais.
00:44:45Je crois à la force
00:44:46du marché libre
00:44:47et chacun devrait pouvoir
00:44:48décider de ce qui est
00:44:50bon pour lui.
00:44:52Pour moi,
00:44:53en tant que trader
00:44:54et pour la banque,
00:44:55c'était la bonne décision
00:44:56à prendre à ce moment-là.
00:44:57Rien qu'entre octobre 2008
00:45:02et octobre 2011,
00:45:03les pays de l'Union européenne
00:45:05ont accordé
00:45:054,5 billions d'euros
00:45:07d'aide et de garantie
00:45:08aux banques.
00:45:09Le sauvetage
00:45:10des banques allemandes
00:45:11a coûté à lui seul
00:45:12près de 300 milliards d'euros.
00:45:21Vous enchaînez les réunions,
00:45:23vous vous concertez
00:45:24avec vos experts,
00:45:25vous allez voir
00:45:26vos homologues
00:45:27dans d'autres pays
00:45:28où vous vous rendez
00:45:29aux rencontres
00:45:30qui sont organisées.
00:45:32Il y a eu des moments
00:45:33où j'ai eu l'impression
00:45:34d'être au bord du précipice.
00:45:46Recherche,
00:45:47développement,
00:45:47formation,
00:45:49programme d'intégration,
00:45:50infrastructure physique,
00:45:51il aurait mieux valu
00:45:52investir cet argent
00:45:53dans tous ces domaines
00:45:54qui sont aujourd'hui
00:45:55en déficit.
00:45:57après la crise financière,
00:46:03les réglementations
00:46:04sont fortement durcies
00:46:05pour les banques.
00:46:06Ces dernières doivent ainsi
00:46:07augmenter leurs capitaux propres.
00:46:09Les responsables politiques
00:46:10veulent éviter à tout prix
00:46:12un nouveau krach.
00:46:12Les gouvernements ont demandé
00:46:22aux autorités
00:46:23de régulation
00:46:24de durcir les règles.
00:46:27Certaines réglementations
00:46:28en vigueur
00:46:28dans le système bancaire
00:46:30ont donc été revues
00:46:31à l'époque.
00:46:32On a sévi
00:46:33contre quelques-unes
00:46:34des pires dérives.
00:46:34De nombreuses pratiques
00:46:38qui étaient possibles
00:46:39au début des années 2000
00:46:41n'ont plus cours
00:46:42dans les banques
00:46:42parce qu'elles ont été
00:46:44réglementées
00:46:44ou qu'elles ont en grande
00:46:46partie disparu.
00:46:49Ou alors,
00:46:50elles sont bien plus restreintes
00:46:51et donc moins risquées
00:46:52pour tous
00:46:53que par le passé.
00:46:57Malgré tout,
00:46:58il y a encore beaucoup de choses
00:46:59qui n'ont pas vraiment changé
00:47:00depuis 2008.
00:47:01Mais de nouvelles réglementations
00:47:05peuvent aussi inciter
00:47:06à trouver de nouvelles failles.
00:47:08Et les banquiers sont doués
00:47:09en la matière.
00:47:13Il y a quelque chose
00:47:14qu'on apprécie particulièrement
00:47:16quand on est trader
00:47:17à Wall Street.
00:47:19On trouve que rien n'est plus beau
00:47:21qu'une réglementation complexe.
00:47:24Avec n'importe quelle réglementation
00:47:26complexe,
00:47:27on peut facilement faire du cash,
00:47:29gagner de l'argent.
00:47:29Il suffit de la comprendre.
00:47:32Comment évaluer une position ?
00:47:34Comment procéder ?
00:47:37Je suis en mesure
00:47:38de présenter un produit financier
00:47:40qui semble optimal
00:47:41avec votre modèle
00:47:42et rentable pour moi.
00:47:45C'est un jeu.
00:47:46Mais quelles sont les répercussions
00:47:48de la crise financière
00:47:49sur notre société
00:47:50outre son coût direct
00:47:51d'environ 16 billions de dollars ?
00:47:54On en subit encore
00:47:59le contre-coup aujourd'hui.
00:48:00Peut-être même plus.
00:48:05A l'époque,
00:48:05les États ont dû dépenser
00:48:07des milliards
00:48:08pour stabiliser
00:48:08le système financier.
00:48:13Leur endettement
00:48:14a donc explosé
00:48:15et on a fait des économies
00:48:17sur les infrastructures.
00:48:19On a réduit
00:48:20les prestations sociales
00:48:21dans de nombreux pays,
00:48:22y compris en Allemagne.
00:48:25Il ne faut pas
00:48:25se voiler la face.
00:48:27La montée en puissance
00:48:28des forces politiques
00:48:29extrémistes
00:48:29vient en partie de là.
00:48:32On peut établir
00:48:33un lien
00:48:33entre la crise financière
00:48:34et la situation
00:48:36dans laquelle
00:48:36on se trouve actuellement.
00:48:39Bien sûr,
00:48:41la crise financière
00:48:42n'est pas le seul facteur
00:48:43de la montée
00:48:43du nationalisme
00:48:44et du néofascisme
00:48:45dans le monde.
00:48:46Mais des études
00:48:47montrent clairement
00:48:47la corrélation
00:48:49entre crise économique mondiale
00:48:50et crise de la démocratie.
00:49:03On pourrait supposer
00:49:04qu'après le krach,
00:49:05les règles ont été modifiées
00:49:07pour éviter
00:49:07qu'une telle catastrophe
00:49:08ne se reproduise.
00:49:10Pourtant,
00:49:11en 2023,
00:49:12une grande banque helvétique,
00:49:14Crédit Suisse,
00:49:15est au bord du gouffre.
00:49:16Le 15 mars 2023,
00:49:20la Banque Nationale Suisse
00:49:21et la FINMA,
00:49:22l'autorité de surveillance
00:49:23des marchés financiers,
00:49:25ont publié une déclaration.
00:49:30En gros,
00:49:32elles ont dit
00:49:32que la situation
00:49:33était sous contrôle,
00:49:34qu'il ne fallait pas
00:49:35s'inquiéter,
00:49:35que Crédit Suisse
00:49:36avait les choses en main.
00:49:37C'est un peu dur,
00:49:43un autre dur dur
00:49:43pour la crise mondiale.
00:49:44Qu'est-ce que vous pouvez
00:49:45nous dire
00:49:45de l'outflos
00:49:47en wake de la crise mondiale ?
00:49:48So SVB, as you know, is a very recent thing which happened over the weekend and yesterday.
00:49:55So far it's pretty calm.
00:49:58We even saw material good inflows yesterday still.
00:50:02Also, you know, I had a client meeting which was very positive on that one.
00:50:06What do you find most difficult about your job?
00:50:10Is to make it understandable, I would say, you know, that we are absolutely doing the right things.
00:50:16That we need some time to get through.
00:50:20And this is what all my colleagues and I try to do, you know, to regain the trust of the bank over the next couple of months.
00:50:28Regagner la confiance, quelques jours plus tard, Crédit Suisse est en faillite.
00:50:34Le 19 mars 2023, une conférence de presse est organisée à Berne pour annoncer que la banque est en faillite, que c'est la débâcle.
00:50:44J'aimerais bien comprendre comment il est possible que des institutions comme la Banque Nationale ou la Finma déclarent que la situation est sous contrôle et que quatre jours plus tard, les mêmes personnes nous disent, non, malheureusement, il y a eu un problème.
00:51:03A vrai dire, les positions à risque de Crédit Suisse n'étaient pas très compliquées.
00:51:15Mais on voit par là qu'un mauvais placement et deux, trois événements fâcheux peuvent provoquer l'effondrement d'une institution vieille de 160 ans.
00:51:23Crédit Suisse est racheté par UBS, une autre grande banque suisse.
00:51:32Le gouvernement helvétique apporte plusieurs milliards de francs suisses de garantie.
00:51:35Même si on pense qu'une banque mérite de faire faillite, en pratique, il est très difficile de la laisser couler.
00:51:52Ça doit se faire de manière très contrôlée.
00:51:57C'est comme avec un réacteur nucléaire.
00:52:00Il faut l'arrêter, on ne peut pas le laisser entrer en fusion.
00:52:02Après la banqueroute de Crédit Suisse, la Deutsche Bank se met à vaciller.
00:52:09Les dirigeants politiques sont contraints de soutenir les banques.
00:52:11Après la crise financière, on nous l'appelait.
00:52:18Après la crise financière, on nous l'a promis.
00:52:42Maintenant, on a des règles solides.
00:52:45Les banques ont des fonds propres, elles sont fiables.
00:52:48Plus jamais on ne devra demander de l'argent aux contribuables.
00:52:52Et qu'est-ce qui se passe ?
00:52:53Elles partent de nouveau à la dérive.
00:52:55C'est inacceptable.
00:52:57Après le krach, les politiques ont fait cette grande promesse.
00:53:02Si les banques font faillite, elles seront liquidées en bonne et due forme.
00:53:05Il y a une feuille de route à suivre.
00:53:09Les banques sont tenues d'indiquer comment elles doivent être liquidées en cas de crise.
00:53:13Le projet est dans les cartons, il est sans cesse mis à jour.
00:53:17Il y avait bien une feuille de route.
00:53:20Mais on n'a pas osé la sortir parce qu'on ne savait pas trop ce qui pourrait se passer.
00:53:24Et qu'on craignait de déclencher une nouvelle crise financière.
00:53:27Une question reste en suspens.
00:53:32Qui a tiré profit de la chute de Crédit Suisse par le biais de produits dérivés ?
00:53:37En 2023, Crédit Suisse a fait faillite.
00:53:46Mais c'est une boîte noire.
00:53:48On n'en sait pas plus.
00:53:51Qui a vendu les CDS ?
00:53:53Il n'y a pas d'information publique à ce sujet.
00:53:54Comme pour AIG quelques années plus tôt.
00:53:57Aujourd'hui, on n'en sait rien.
00:54:00Quelle banque ou institution financière a acheté ces contrats qui misaient sur la défaillance de Crédit Suisse ?
00:54:07On l'ignore.
00:54:09C'est devenu encore plus opaque.
00:54:13Voilà la réalité.
00:54:15Il faut en avoir conscience.
00:54:19Reste à savoir dans quelles proportions ces transactions se déroulent aujourd'hui à l'arrière-plan.
00:54:23Pour cela, nous examinons les produits dérivés sur actions en Suisse à partir des chiffres officiels de la bourse suisse.
00:54:37Ici, par exemple, le groupe SIX, l'opérateur de la bourse de Zurich.
00:54:411er juillet 2024.
00:54:45Valeur nominale totale des positions ouvertes et contrats déclarés.
00:54:49Pour les equities, les dérivés sur actions, je vois ici un chiffre.
00:54:55211 millions de milliards de francs suisses.
00:54:59C'est le chiffre officiel de la bourse.
00:55:02Soit environ 260 000 fois le PIB de la Suisse.
00:55:06Le produit intérieur brut de la Suisse, multiplié par 260 000.
00:55:22Il y a quelques années, j'ai envoyé un mail au groupe SIX en posant deux questions.
00:55:271. Est-ce qu'il y a une erreur dans les données ?
00:55:302. Pouvez-vous m'expliquer ?
00:55:34Réponse, il n'y a pas d'erreur et pas d'explication.
00:55:39C'est une boîte noire.
00:55:41On ne sait pas ce qui se trouve à l'intérieur.
00:55:44Qui sont les acteurs ?
00:55:46BlackRock Suisse, UBS, la Deutsche Bank ? On l'ignore.
00:55:50Quand ça explose, il est trop tard.
00:55:52Et c'est toujours le contribuable qui paye.
00:55:53A l'époque, on connaissait les entreprises impliquées dans la crise financière.
00:56:02Aujourd'hui, de nombreux acteurs sont anonymes.
00:56:06Il n'y a pas d'informations publiques complètes sur l'identité des intervenants.
00:56:10On ne sait donc pas quels sont les risques.
00:56:13Dommage, on ne peut réglementer que ce qu'on connaît et voit.
00:56:16Les banques aiment dire que ces transactions sont sûres.
00:56:21Mais que se passera-t-il si la bulle des produits dérivés éclate ?
00:56:26Dans quelles mesures les mécanismes de sécurité opéreront-ils ?
00:56:29Et si jamais ils sont défaillants ?
00:56:33L'argent qui est généré à partir de modèles informatiques bien ficelés
00:56:39se traduit en argent sonnant et trébuchant pour les traders.
00:56:43Et quand ça tourne mal, c'est le contribuable qui paye avec de vrais euros ou de vrais dollars.
00:56:53Les résultats n'étaient peut-être pas au rendez-vous.
00:56:56Ça arrive avec des modèles complexes.
00:56:57Unser anspruch muss es sein, in der Mitte der Gesellschaft zu stehen
00:57:07und unsere Kunden in den Mittelpunkt unseres Handels zu stellen.
00:57:13Privatisation des profits, socialisation des pertes.
00:57:17Est-ce cela la responsabilité sociale dont parle la banque ?
00:57:21Est-ce cela être au cœur de la société ?
00:57:24L'art de la communication bancaire consiste visiblement à ne pas être trop concret.
00:57:44Je ne sais pas quelles sont les valeurs de la Deutsche Bank aujourd'hui.
00:57:54Quoi qu'il en soit, elle semble avoir le sentiment
00:57:58que tant qu'elle entretiendra ses réseaux politiques,
00:58:01tant qu'elle l'opérera en coulisses à Berlin auprès de la Bundesbank
00:58:04et des autorités de régulation,
00:58:07personne ne se mettra en travers de son chemin.
00:58:09Et elle est très douée sur ce point.
00:58:11C'est une banque qui a d'excellentes relations politiques.
00:58:15Et aussi longtemps que ce sera le cas,
00:58:17elle pourra se sortir de n'importe quelle situation.
00:58:22En 2019, la Deutsche Bank a entrepris une profonde restructuration
00:58:26et investit depuis plus de 6,5 milliards d'euros
00:58:29pour améliorer les contrôles, les processus
00:58:31et la formation de ses collaborateurs.
00:58:33Le résultat de cette transformation
00:58:35se reflète dans la puissance économique actuelle de la banque.
00:58:38Malgré toutes les sanctions et les scandales,
00:58:48aucun PDG de la Deutsche Bank n'a dû, à ce jour,
00:58:51rendre des comptes devant la justice.
00:58:54Certains experts estiment que c'est une erreur.
00:58:57Ils réclament un droit de recours contre les patrons de la finance.
00:58:59Pourquoi les dirigeants des banques sont-ils payés autant ?
00:59:12En théorie, parce qu'ils sont responsables
00:59:14de tout ce qui tourne mal.
00:59:17Aujourd'hui, si vous êtes à la tête d'une entreprise de construction
00:59:20et que des ouvriers meurent
00:59:22parce que vous négligez la sécurité sur les chantiers,
00:59:25vous pouvez être poursuivi pénalement dans ce pays.
00:59:27Donc, la direction de l'entreprise fait tout son possible
00:59:31pour éviter des accidents.
00:59:33Quelques années après l'instauration de cette responsabilité pénale,
00:59:36tout le secteur a évolué en matière de santé et sécurité au travail.
00:59:40Le nombre d'accidents mortels a sensiblement diminué.
00:59:43Eh bien, on pourrait faire la même chose avec les banques.
00:59:46Pourquoi n'y a-t-il pas d'infraction pour les hauts responsables
00:59:48qui n'empêchent pas la fraude et le blanchiment d'argent ?
00:59:51S'ils savaient qu'ils peuvent s'exposer à des poursuites pénales,
00:59:54au moins leur gros salaire serait justifié.
00:59:58Si les amendes sont assimilées à des frais de fonctionnement,
01:00:04c'est parce que les cadres supérieurs
01:00:05savent bien qu'ils ne seront jamais poursuivis en justice
01:00:09pour des actes criminels.
01:00:10Pour la direction de la Deutsche Bank,
01:00:16l'avenir s'annonce prometteur à Monelland.
01:00:21Ne faut-il pas imposer les mêmes règles morales aux banques qu'à nous tous ?
01:00:26Ou bien fait-on une exception dans leur cas,
01:00:28en les laissant mal agir et en leur infligeant tout au plus une amende ?
01:00:33Dans l'affaire de Matthew Connolly,
01:00:35la juge a fait cette comparaison intéressante.
01:00:36En général, c'est dans le milieu de la drogue
01:00:40qu'on s'en prend aux types qui sont tout en bas
01:00:42et pas à ceux qui sont tout en haut.
01:00:45Jusqu'où va-t-on si les banquiers considèrent les amendes
01:00:48comme des frais de fonctionnement
01:00:49et trouvent ces pratiques simplement de mauvais goût ?
01:00:53Ils envoient les avocats s'en occuper
01:00:55et rejeter la faute sur d'autres personnes
01:00:57pour faire disparaître le problème
01:00:58et donner l'impression que tout est réglé.
01:01:00S'ils raisonnent vraiment comme ça,
01:01:03s'ils estiment pouvoir disposer des gens
01:01:05comme bon leur semble,
01:01:07alors c'est une faillite morale.
01:01:11On ne veut pas que nos banques
01:01:12se comportent comme des gangs de narcotrafiquants
01:01:14et disent
01:01:15« Si vous, les petites mains, vous faites prendre,
01:01:17c'est le prix à payer dans ce métier. »
01:01:21Ça ne peut pas être
01:01:22« Zut, il vient d'y avoir une arrestation à Miami,
01:01:25mais notre réseau peut continuer comme avant. »
01:01:27Les banques doivent répondre aux mêmes exigences
01:01:30en matière d'intégrité que nous tous.
01:01:32Nous sommes tous égaux devant la loi.
01:01:35Peu importe qui on est,
01:01:36les mêmes règles devraient s'appliquer à chacun de nous.
01:01:49Ainsi s'achève notre histoire
01:01:51dans le monde fou de Monelland.
01:01:54Qu'est-ce que nous en avons retenu ?
01:01:57Nous pouvons seulement espérer qu'à l'avenir,
01:01:59les opérateurs de la finance mondiale
01:02:01ne seront plus au-dessus des lois.
01:02:04Sinon,
01:02:05nous pourrions à nouveau
01:02:06le payer très cher.
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