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  • 30/05/2025
Anne Fulda reçoit Nicole Avril pour son livre «Octobre» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Nicole Avril.
00:03On est très heureux de vous recevoir.
00:05Vous êtes romancière et romancière bien connue.
00:07Vous avez écrit de nombreux livres à succès,
00:09notamment La Disgrâce, dont on avait beaucoup parlé,
00:11mais tant d'autres.
00:12Et là, vous venez de publier Octobre,
00:14un livre qui est paru aux éditions de l'Observatoire.
00:17Un livre qui est une lettre à votre mari,
00:20défunt, Jean-Pierre Elkabach,
00:21qu'on a bien connu ici,
00:24avec le choix délibéré
00:26d'écrire ses derniers moments.
00:28Alors, c'est un livre qui est émouvant
00:30et un livre qui rend hommage aussi
00:34à ce grand journaliste de la Ve République.
00:38Alors, je vais lire la première phrase.
00:41C'est la première fois que tu ne me liras pas.
00:43« Naguère, chacun de mes livres passaient par ton corps.
00:46Dès que j'avais écrit une vingtaine de pages nouvelles,
00:48tu les découvrais en lisant à haute voix.
00:50Le samedi, la plupart du temps,
00:51j'aimais ta voix, je les mets dans l'intimité,
00:53je les mets sur toutes les ondes. »
00:55Ce sont donc les premières phrases de votre livre.
00:58Alors, vous avez tenu à écrire ce livre,
01:02on a l'impression, et en décrivant les derniers moments,
01:06comme si vous vouliez vous convaincre
01:09parce que vous n'avez pas vécu un mirage.
01:11D'ailleurs, c'est dans un hôtel qui s'appelle
01:13« Le Mirage » que vous avez écrit ce livre à Tangier.
01:16« Oui, un hôtel où nous allions chaque année,
01:21où nous avons été très heureux.
01:25Mais l'ensemble de notre vie,
01:29qui a été longue ensemble,
01:31et qui a passé en effet comme un rêve,
01:35je m'en souviens toujours avec un tel bonheur
01:42qu'il y a la tristesse de la séparation, bien sûr,
01:49mais aussi l'incroyable chance que je ressens
01:53que nous nous soyons rencontrés
01:56et que nous ayons vécu tout cela ensemble.
02:02Donc, l'un modère l'autre.
02:06Et je crois que ces années passées ensemble
02:09embellissent tellement ce que je vis aujourd'hui.
02:14Alors, vous avez vécu plus de 50 ans ensemble.
02:17Vous racontez dans le livre, d'ailleurs,
02:19il y a eu plusieurs versions de votre rencontre
02:21qui est très romanesque, presque cinématographique.
02:24Vous, dans le bus, lui qui sort des studios de Cognac-Jé,
02:26vous n'auriez pas dû vous rencontrer.
02:28Alors, ce qui est intéressant,
02:29c'est qu'on vous a décrit comme un couple fusionnel,
02:31mais vous écrivez que vous avez veillé,
02:33l'un et l'autre, à conserver l'entièreté de chacun.
02:38Oui, on dit couramment qu'on est la moitié de l'autre.
02:45Nous avons toujours voulu être entiers
02:47parce que nous avions là aussi nos névroses
02:54qui étaient complémentaires.
02:56C'est-à-dire, pour lui, c'était son métier
03:02qu'il faisait avec une exaltation
03:06et toujours renouvelé
03:10et une avidité, une précision,
03:16beaucoup de travail.
03:18Il lui fallait beaucoup de temps pour cela.
03:20et moi, l'écriture.
03:23C'est-à-dire qu'on pouvait partager
03:25notre passion commune,
03:28mais nos passions professionnelles,
03:32qui étaient beaucoup plus, d'ailleurs,
03:34pour l'un et pour l'autre,
03:35qu'une profession, mais la vie elle-même.
03:38Alors, vous racontez un petit peu,
03:39au fil du récit,
03:41de ces derniers moments,
03:42qu'on sent qu'il y avait chez lui
03:43comme une forme d'inquiétude sourde,
03:46de quête intarissable,
03:48qu'il était toujours en recherche
03:50de la perfection, du scoop,
03:53toujours sur la brèche,
03:54qu'il dormait peu.
03:55Il était intranquille, en fait,
03:57Jean-Pierre Elkabach ?
03:58Oui, c'est une expression
04:02qui lui convient assez bien.
04:05Oui, il n'était jamais satisfait.
04:13Et depuis la mort de son père,
04:18qui s'est produit très tôt dans sa vie,
04:21puisqu'il n'avait que 12 ans,
04:22ça a été une telle révélation
04:28de la vanité des choses
04:33et de leur rapidité
04:35qu'il avait toujours l'impression
04:39que ça pouvait s'arrêter
04:41à n'importe quel moment
04:43et qu'il fallait remplir ce temps-là.
04:49Ce temps-là,
04:50en faire chaque minute,
04:52rendre chaque minute
04:54intéressante, passionnante, utile.
04:58Alors, c'est une facette
04:59que l'on connaît peu de lui.
05:00Vous dites qu'il était passionné de livres,
05:02qu'il avait besoin,
05:03qu'il était entouré de livres sans cesse,
05:04qu'il les dévorait,
05:06que même lorsqu'il est hospitalisé
05:09une dernière fois
05:10ou une avant-dernière fois,
05:11il veut avoir un livre avec lui.
05:13C'était une nourriture essentielle pour lui ?
05:15Absolument essentielle.
05:17Il a fait, du reste,
05:19une émission littéraire.
05:20C'est vrai qu'on le retient plus
05:23comme le violon des grands journalistes politiques.
05:25Oui, bien sûr.
05:26C'est vrai qu'il avait fait ça.
05:27mais il se nourrissait de livres.
05:32Il pouvait lire la nuit
05:36pour, là encore,
05:38la course contre le temps,
05:40des heures en pleine nuit.
05:45Il lisait, il relisait.
05:47C'était l'essentiel.
05:51Alors, est-ce qu'il était sensible
05:53ou est-ce que c'était dû
05:55à son métier de journaliste politique
05:56à la proximité avec les hommes de pouvoir ?
05:58Parce que vous dites, dans le livre,
05:59vous racontez comment Emmanuel
06:01et Brigitte Macron ont été présents
06:02d'ailleurs jusqu'au dernier jour.
06:04Ils étaient là.
06:06Est-ce que c'était quelque chose
06:07d'important pour lui
06:08de gagner la confiance
06:10d'être président de la République ?
06:13Moi, je pense que pour lui,
06:17c'était important
06:18le Jean-Pierre Elkabach
06:23qui était né à Oran
06:24et qui ne rêvait dans son enfance
06:29d'une seule chose,
06:30c'est de traverser la Méditerranée
06:32et de un peu partir
06:38à la conquête de Paris.
06:41Mais c'était surtout
06:42pour s'approprier
06:44le cœur de la France.
06:48Et il m'a semblé
06:50que dans les moments
06:52tragiques de sa disparition,
06:57la présence d'Emmanuel Macron
06:59était la représentation
07:03auprès de lui
07:05de ce qu'il avait toujours voulu
07:08atteindre.
07:09Non pas parce que c'était le pouvoir,
07:12mais parce que c'était
07:13le cœur de la France.
07:16Très bien.
07:16Et la présence d'Emmanuel Macron
07:18et aussi de sa fille
07:19qui s'appelle Emmanuel,
07:20qui était importante
07:21à vos côtés
07:22jusqu'à ces derniers moments.
07:24Dernière question,
07:24vous aviez écrit un livre ensemble,
07:25t'aisez-vous Elkabach,
07:27est-ce qu'il a souffert
07:28d'être parfois caricaturé ?
07:32Non, je ne crois pas.
07:34Pas caricaturé,
07:37d'autres choses
07:38qui ont été plus blessantes,
07:41mais non.
07:43Non.
07:43Mais peut-être d'avoir
07:46chaque fois tout à refaire,
07:48parce qu'il a été plus
07:51que caricaturé,
07:52il a été limogé
07:54sous tous les pouvoirs.
07:57Bien des fois,
07:57il a eu le chemin
07:59à remonter,
08:01ce qu'il a fait,
08:02mais enfin,
08:04c'était parfois difficile.
08:06En tout cas,
08:06je vous conseille vraiment
08:07de lire ce livre,
08:09ça s'appelle Octobre,
08:09parce que vous vous êtes rencontré
08:11en octobre,
08:11il est mort aussi en octobre.
08:12Et puis il a disparu en octobre.
08:14Merci beaucoup,
08:15Nicolas Avril.
08:16C'est donc un livre
08:17qui est publié à l'Observatoire.
08:18Merci beaucoup.
08:19Merci à vous.

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